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suite d'entiers naturels définie par la relation de récurrence : u_n = u_(n-1) + u_(n-2) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
En mathématiques, la suite de Fibonacci est une suite de nombres entiers dans laquelle chaque nombre est la somme des deux nombres qui le précèdent. Elle commence par les nombres 0 et 1[1] puis se poursuit avec 1 (comme somme de 0 et 1), 2 (comme somme de 1 et 1), 3 (comme somme de 1 et 2), 5 (comme somme de 2 et 3), 8 (comme somme de 3 et 5), etc. Les termes de cette suite, i.e. les nombres apparaissant dans cette suite, sont appelés nombres de Fibonacci.
La suite de Fibonacci est répertoriée comme suite A000045 de l'OEIS.
Elle est liée au nombre d'or, noté φ (phi), qui intervient dans l'expression du terme général de la suite. Inversement, la suite de Fibonacci intervient dans l'écriture des réduites de l'expression de φ en fraction continue : les quotients de deux termes consécutifs de la suite de Fibonacci sont les meilleures approximations du nombre d'or.
La suite de Fibonacci est définie par , et la relation de récurrence pour . Le tableau suivant donne les 15 premiers termes de la suite de Fibonacci :
F0 | F1 | F2 | F3 | F4 | F5 | F6 | F7 | F8 | F9 | F10 | F11 | F12 | F13 | F14 | F15 | ... | Fn |
0 | 1 | 1 | 2 | 3 | 5 | 8 | 13 | 21 | 34 | 55 | 89 | 144 | 233 | 377 | 610 | ... | Fn – 1 + Fn – 2 |
Dans cet article, nous avons fait commencer la suite à avec , comme le fait Édouard Lucas[1]. D'autres auteurs font débuter la suite à 1[2] : , etc. Le nombre Fn s'appelle parfois le n-ième nombre de Fibonacci[2] (bien qu'il soit techniquement le n+1-ième si on commence à 0).
Dans la branche des mathématiques concernant la combinatoire, les mathématiciens indiens s'intéressent à des problèmes de lexicographie et de métrique. Le mètre āryā (en) est composé de syllabes pouvant être brèves (de longueur un mātrā, cf. alphasyllabaire) ou longues (de longueur deux mātrās). La question est de savoir comment peuvent s'alterner les brèves et les longues dans un vers de n mātrās. Ce problème apparaît très tôt en Inde, sous le nom maatraameru (montagne de cadence), dans le travail du grammairien du sanskrit, Pingala, auteur du Chhandah-shastra (l'art de la Prosodie), vers 450 ou 200 av. J.-C. Le mathématicien indien Virahanka (en) en a donné des règles explicites au VIIIe siècle. Le philosophe indien Acharya Hemachandra (c. 1150) (et aussi Gopala, c. 1135) ont revisité le problème de manière assez détaillée[3].
Si la syllabe longue L est deux fois plus longue que la syllabe courte C, les solutions sont, en fonction de la longueur totale de la cadence :
Le nombre de cadences fait apparaître les termes de la suite de Fibonacci. En effet, une cadence de longueur n peut être constituée en ajoutant C à une cadence de longueur n – 1, ou L à une cadence de longueur n – 2. Ainsi, le nombre de cadences de longueur n est la somme des deux nombres précédents de la suite.
Si on note Sn, le nombre de manière d'alterner les brèves et les longues dans un vers de n mātrās, cette remarque conduit naturellement à la relation de récurrence suivante : , formule explicitement donnée dans l’œuvre de Virahanka[4].
La suite doit son nom à Leonardo Fibonacci qui, dans un problème récréatif posé dans l'ouvrage Liber abaci publié en 1202, décrit la croissance d'une population de lapins : « Quelqu’un a déposé un couple de lapins dans un certain lieu, clos de toutes parts, pour savoir combien de couples seraient issus de cette paire en une année, car il est dans leur nature de générer un autre couple en un seul mois, et qu’ils enfantent dans le second mois après leur naissance. »[5]
Le problème de Fibonacci est à l'origine de la suite dont le n-ième terme correspond au nombre de paires de lapins au n-ième mois. Dans cette population idéale, on suppose que :
Notons Fn le nombre de couples de lapins au début du mois n. Jusqu’à la fin du deuxième mois, la population se limite à un couple ; on note F1 = F2 = 1.
Dès le début du troisième mois, le premier couple de lapins atteint l'âge de deux mois et engendre un second couple de lapins ; on note alors F3 = 2.
Plaçons-nous maintenant au mois n et cherchons à exprimer ce qu'il en sera deux mois plus tard, soit au mois n + 2 : les Fn + 2 couples de lapins sont formés des Fn + 1 couples du mois précédent et des couples nouvellement engendrés.
Or, n'engendrent au mois n + 2 que les couples pubères, c'est-à-dire ceux qui existaient déjà deux mois auparavant, qui sont en nombre Fn. On a donc, pour tout entier n strictement positif :
On choisit alors de poser F0 = 0, de manière que cette relation soit encore vérifiée pour n = 0.
On obtient ainsi la forme récurrente de la suite de Fibonacci : chaque terme de cette suite est la somme des deux termes précédents ; pour obtenir chacun de ces deux termes, il faut faire la somme de leurs termes précédents… et ainsi de suite, jusqu'à ce que ces deux termes soient les deux termes initiaux, F1 et F0, qui sont connus.
Il existe plusieurs façons d'obtenir une expression mathématique du n-ième terme de la suite de Fibonacci.
Le calcul du n-ième terme de la suite de Fibonacci via la formule de récurrence requiert le calcul des termes précédents. Au contraire, une expression fonctionnelle de la suite de Fibonacci est une expression où le calcul du n-ième terme ne présuppose pas la connaissance des termes précédents. Binet a redécouvert une formule en 1843[6], qui avait déjà été obtenue par de Moivre[réf. nécessaire] en 1718 et par Euler en 1765[7]. Cette expression fonctionnelle s'appelle la formule de Binet :
(Ces calculs restent valables pour n entier négatif quand la suite est prolongée comme ci-dessous.)
Quand n tend vers +∞, Fn est équivalent à . Plus précisément, φn tend vers l'infini et φ' n tend vers zéro car .
En fait, dès le rang n = 1, le deuxième terme est assez petit pour que les nombres de Fibonacci puissent être obtenus uniquement à partir du premier terme :
Il existe d'autres démonstrations de la formule de Binet, telles que la transformation en Z et la technique des fonctions génératrices.[réf. nécessaire]
Remarquons qu'une fois découverte, cette formule se démontre aussi par récurrence (y compris pour n entier négatif).
De la relation , on déduit et ; ceci permet d'écrire la forme matricielle :
En appliquant le déterminant, on obtient simplement l'identité de Cassini (propriété 5 ci-dessous) : .
Et en calculant de deux façons , on obtient (propriété 2 ci-dessous) : .
En développant par rapport à la première colonne le déterminant d'ordre n :
on obtient Dn = Dn – 1 – abDn – 2.
Comme , si ab = –1, on obtient : Dn = Fn + 1 d'où, pour :
Comme l'avait déjà remarqué Johannes Kepler[8], le taux de croissance des nombres de Fibonacci, c'est-à-dire , converge vers le nombre d'or φ.
En effet, puisque la suite Fn est équivalente à (cf. supra, section Expression fonctionnelle), la suite est équivalente à , qui est donc sa limite.
En fait plus généralement, toutes les suites vérifiant la même relation de récurrence que la suite de Fibonacci (cf. infra, section Suites de Fibonacci généralisées) satisfont cette propriété, sauf celles commençant par a et aφ'.
Il a été démontré que la somme est un nombre transcendant, voir la suite A105393 de l'OEIS.
Fn+1 est égal au nombre de suites finies d'entiers égaux à 1 ou 2 dont la somme est égale à n (ou compositions de n formées des entiers 1 ou 2) [13]. Par exemple car . On peut donc interpréter Fn+1 comme :
Démonstration : les compositions de n se terminant par 1 sont obtenues en ajoutant 1 à la fin d'une composition de , celles se terminant par 2 sont obtenues en ajoutant 2 à la fin d'une composition de , donc le nombre de compositions de n vérifie . De plus, (la composition vide), (la composition (1)), ce qui montre la relation.
Fn+2 est égal au nombre de jeux de pile ou face de longueur n qui ne contiennent pas 2 "pile" consécutifs.
Démonstration : pour former un jeu de longueur n qui ne contient pas 2 "pile" consécutifs on peut commencer par 0, et continuer avec un jeu de longueur n – 1 du même type, soit commencer par 1, 0 et continuer avec un jeu de longueur n – 2 du même type, donc le nombre de tels jeux vérifie ; De plus, ( jeu de longueur nulle), ((1) et (0)), ce qui montre la relation.
On en déduit que Fn+2 est aussi le nombre de parties de ne contenant pas 2 entiers consécutifs.
Le calcul des nombres de Fibonacci est souvent donné en exemple pour introduire des notions d'algorithmique, comme dans le chapitre 0 du livre Algorithms de Dasgupta et al.[14] ou alors dans le problème 31.3 laissé en exercice dans Introduction à l'algorithmique de Cormen et al.[15] ou l'exercice 2 de la section 1.2.8 de TAOCP, qui est précisément consacrée aux nombres de Fibonacci.
Calculer les nombres de Fibonacci à partir du nombre d'or est une possibilité très pratique. Néanmoins, la précision de calcul de la racine carrée génère des erreurs d'arrondis pour des valeurs assez grandes dépendant du système utilisé[16]. En général, on obtient les bonnes valeurs jusqu’à F71 = 308 061 521 170 129, sur ordinateur ou sur calculatrice.
Notons[réf. nécessaire] qu’au-delà de F79, les calculs dépassent les possibilités de calcul en notation entière, et sont alors représentés en notation scientifique. Les premiers chiffres significatifs sont alors de nouveau bien représentés par cette formule.
Voici le détail d’un exemple d'application faisable à partir d'une calculatrice : le calcul de F50.
Le nombre d’or vaut et d'après la formule de Binet, est l'entier le plus proche du réel , qui le dépasse à peine. Compte tenu de l'ordre de grandeur de ce réel, le théorème des accroissements finis permet de s'assurer que pour le calculer à 0,5 près par défaut, 1,618 033 988 749 89 est une approximation suffisante de φ.
On trouve que le réel (1,618 033 988 749 89)50/√5 est à peine inférieur à l'entier 12 586 269 025, d'où
si bien que
Voici la mise en œuvre récursive naïve qui suit la définition de la suite de Fibonacci.
// entrée : un nombre entier n // sortie : le terme de rang n de la suite de Fibonacci fonction fib(n) si n = 0 renvoyer 0 sinon si n = 1 renvoyer 1 sinon renvoyer fib(n - 1) + fib(n - 2)
Ce n'est cependant pas une façon judicieuse de calculer la suite de Fibonacci, car on calcule de nombreuses fois les mêmes valeurs. Le temps de calcul est exponentiel en n, à moins d'employer une technique de mémoïsation.
On calcule le n-ième terme de la suite de Fibonacci en mémorisant deux termes consécutifs de la suite. On commence avec les deux premières valeurs a = 0 et b = 1, puis on remplace répétitivement le premier nombre par le second, et le second nombre par la somme des deux.
fonction fib(n) (a, b) ← (0, 1) pour i de 1 à n (a, b) ← (b, a + b) renvoyer a
L'algorithme réalise n additions. On peut montrer que le n-ième terme de la suite de Fibonacci s'écrit avec O(n) bits. Comme l'addition de deux nombres sur n bits est linéaire en n, l'algorithme est en O(n2)[14]. De manière équivalente à l'algorithme ci-dessus, on peut écrire une fonction récursive terminale, c'est-à-dire où la dernière opération effectuée par la fonction est un appel récursif. Voici un algorithme récursif terminal[17] pour calculer la suite de Fibonacci.
fonction fib(n, a, b) si n = 0 renvoyer a sinon si n = 1 renvoyer b sinon renvoyer fib(n - 1, b, a + b)
L'appel à fib(n, 0, 1)
lance le calcul pour la valeur de n
donnée. Les paramètres a
et b
sont des accumulateurs : la valeur de a
est Fn et celle de b
est Fn + 1. Le temps de calcul est à chaque fois proportionnel à n. Par contre, l'espace mémoire occupé n'est a priori plus constant. Pour les langages qui réalisent l'optimisation d'élimination de la récursivité terminale, la mémoire occupée est constante.
En Haskell, on peut définir la suite de Fibonacci comme un stream (une liste infinie qui est évaluée de façon paresseuse[18])[19].
fibs = 0:1:zipWith (+) fibs (tail fibs)
Le calcul du n-ième terme s'effectue avec :
fibs !! n
Comme vu ci-dessus,, on écrit un algorithme qui utilise l'exponentiation rapide pour calculer , afin d'en déduire le n-ième terme. Si on considère les additions et multiplications de nombres comme des opérations élémentaires, en coût constant, l'algorithme est logarithmique en n. En comptabilisant la complexité des additions et multiplications, on peut montrer que la complexité de cet algorithme est en O(M(n) log n), et même O(M(n)), où M(n) est la complexité de l'algorithme utilisée pour réaliser une multiplication de deux nombres sur n bits (voir exercice 0.4 dans [14]).
La série génératrice de la suite de Fibonacci[20] donne une série entière dont le rayon de convergence vaut 1/φ (d'après le théorème de Cauchy-Hadamard ou plus simplement, la règle de d'Alembert). Pour tout complexe z de module strictement inférieur à 1/φ, la série correspondante (absolument convergente) est égale à (donc à , où les coefficients binomiaux sont nuls pour k > m).
En particulier, pour tout réel k > φ, .
La suite de Fibonacci présente de remarquables propriétés. Leur recherche et leur étude font l'objet de publications régulières, notamment par l'association d'universitaires « The Fibonacci Association » dans sa revue « The Fibonacci Quarterly », consultable en ligne[21]. Certaines de ces propriétés, que l'on peut démontrer à partir de la formule de Binet, ou par récurrence ou encore à l'aide de l'expression matricielle de la suite, sont indiquées dans cette section. Nous donnons également quelques propriétés liant la suite de Fibonacci et la suite de Lucas (Ln ) définie par la même relation de récurrence mais avec pour initialisation L0 = 2 et L1 = 1, et pour laquelle l'analogue de la formule de Binet est : .
Propriété 1 : , ou encore : .
Propriété 2 : .
Propriété 3 : .
Propriété 4 : (identité d'Ocagne).
Propriété 5 : (identité de Catalan) et (identité de Cassini[13],[23]).
Propriété 6 : La suite de Fibonacci est à divisibilité faible[24] : [25].
On peut aussi démontrer cette propriété par la proposition 4 (par récurrence sur |k|), ou par un calcul explicite du quotient (en particulier, ).
Propriété 7 : Pour tout entier naturel n différent de 4, si Fn est premier, alors n est premier.
Propriété 8 : La suite de Fibonacci est même à divisibilité forte[26] : , où ∧ désigne le PGCD de nombres entiers.
Propriété 9 : . En particulier :
Propriété 10 : .
Propriété 11 : La suite de Fibonacci possède plusieurs propriétés de récurrence additive forte, notamment : [28].
La suite vérifie en outre : pour ; voir la suite A088305 de l'OEIS.
Propriété 12 : (somme finie car les coefficients binomiaux sont nuls si k < 0 ou si k > n – 1 – k).
Cette propriété se déduit immédiatement de l'expression de la série génératrice (voir supra). On peut aussi la démontrer par une récurrence d'ordre 2 sur n[22] :
Cela signifie que, dans un triangle de Pascal, les nombres de Fibonacci s'obtiennent en sommant les termes situés sur une diagonale (du bas vers la droite). Les termes de ces diagonales sont d'ailleurs les coefficients des polynômes de Fibonacci ; ainsi, et .
Propriété 13 : .
Cette propriété découle du développement binomial de la formule de Binet[29] ; on a d'ailleurs une formule analogue pour les nombres de Lucas : .
Propriété 14 : La suite définie par vérifie.
Propriété 15 : La factorisation des polynômes de Fibonacci permet d'exprimer les (pour n ≥ 1) sous forme de produits trigonométriques[30] :.
Une première approche de la question de la divisibilité de Fn par un entier a consiste à étudier la suite des restes de Fn modulo a : cette suite (rn) vérifie (dans Z/aZ) la même récurrence (rn+2 = rn+1 + rn) et est donc périodique de période au plus a2 (les longueurs des périodes en fonction de a forment la suite des périodes de Pisano, suite A001175 de l'OEIS) ; on en déduit que pour tout a, il existe n inférieur ou égal à a2 tel que Fn (et donc Fkn) soit divisible par a. Plus précisément, l'étude de cette récurrence dans le corps Z/pZ (où p est un nombre premier) amène à des formules analogues à la formule de Binet, d'où l'on déduit finalement (selon que 5 est ou n'est pas un carré modulo p ; voir la loi de réciprocité quadratique) que est divisible par 5, et que si p est premier autre que 5, est divisible par p si p est de la forme 5m + 1 ou 5m + 4, et est divisible par p sinon. Des résultats plus précis peuvent d'ailleurs être obtenus ; ainsi, dans le premier cas, est divisible par p si (p – 1)/2 est pair[31]. Enfin, si p > 2 est premier et divise Fn, pk divise , et 2k+1 divise (si k>1) ; ces derniers résultats sont des conséquences du lemme de Hensel[32],[33] ; les mêmes méthodes permettent d'obtenir des résultats analogues pour les nombres de Lucas[31],[34].
Un nombre premier de Fibonacci est un nombre de Fibonacci qui est également premier.
Les sept plus petits nombres premiers de Fibonacci sont[35] 2, 3, 5, 13, 89, 233 et 1 597, et les indices n correspondants sont 3, 4, 5, 7, 11, 13 et 17 (sauf pour , ces indices sont nécessairement premiers[36]) .
On découvre au fil des ans des nombres de Fibonacci premiers de plus en plus grands, mais on ignore toujours s'il en existe une infinité.
Tout entier positif se décompose de manière unique en la somme de nombres de Fibonacci d'indice supérieur ou égal à 2, les indices successifs de ces nombres ayant une différence supérieure ou égale à 2 lorsqu'ils sont rangés dans l'ordre.
La plupart des êtres vivants sexués sont issus de deux parents, de sorte que leurs ancêtres à la ne génération, supposés distincts, sont au nombre de 2n. Mais les hyménoptères sont tels que les femelles sont issues de deux parents, et les mâles sont issus d'une mère seulement. Il en résulte que leurs ancêtres à la n-ième génération sont constitués :pour les femelles, de Fn mâles et Fn + 1 femelles,pour les mâles, de Fn – 1 mâles et Fn femelles. Cette forme de reproduction asexuée décrit exactement la reproduction des abeilles. Récemment, une analyse mathématique et historique du contexte de Fibonacci et sa proximité de la ville de Béjaïa, une grande source de cire à l'époque (la version française du nom de cette ville est Bougie), a suggéré que ce seraient en fait les apiculteurs de Béjaïa et la connaissance de la reproduction des abeilles qui, plutôt que la reproduction des lapins, auraient inspiré la découverte de Fibonacci[39].
En poésie, un fib est un petit poème, sorte de haïku, dont le nombre de pieds des premiers vers correspond aux premiers nombres de la suite (1, 1, 2, 3, 5, 8).
Il existe plusieurs façons de généraliser la suite de Fibonacci : étendre aux indices négatifs, modifier les valeurs initiales, modifier les coefficients de la relation de récurrence ou modifier le nombre de termes (ou ordre) de la relation de récurrence. Si on modifie tout à la fois (initialisation, récurrence, ordre) on arrive à l'ensemble général des suites à récurrence linéaire. Un bon nombre de propriétés se généralisent au cas où le polynôme minimal de la suite récurrente linéaire définit un nombre de Pisot. Ces propriétés ont été étudiées en lien avec la théorie des automates finis (sur les mots finis et les mots infinis) dans la thèse d'État de Christiane Frougny sur la représentation des entiers et des réels en base Pisot, sur une suggestion de Marcel-Paul Schützenberger.
La suite est étendue aux indices négatifs et Knuth parle de nombres de negafibonacci[40]. La formule de récurrence les définit aussi de proche en proche :
Ainsi, autour de 0, la suite est :
F–6 | F–5 | F–4 | F–3 | F–2 | F–1 | F0 | F1 | F2 | F3 | F4 | F5 | F6 |
−8 | 5 | −3 | 2 | −1 | 1 | 0 | 1 | 1 | 2 | 3 | 5 | 8 |
On remarque, sur ces premières valeurs, que
ou plus synthétiquement :
On peut le démontrer pour tout entier n, par la formule de Binet ci-dessus, ou directement par récurrence.
On appelle suite de Fibonacci généralisée toute suite définie par la même relation de récurrence que la suite de Fibonacci, mais dont les termes initiaux sont différents de 0 et 1[réf. nécessaire]. Sur le modèle de la démonstration donnée plus haut (voir section Expression fonctionnelle), une telle suite un) est encore de la forme αφn + βφ'n où φ est le nombre d'or et . Elle est donc équivalente à αφn, sauf si α = 0 (ce qui ne se produit que si ), si bien que (comme la suite des quotients de la suite de Fibonacci) la suite converge vers φ.
Parmi ces suites de nombres, il faut signaler les nombres de Lucas obtenus en choisissant comme initialisation : et . Cela donne la suite 2, 1, 3, 4, 7, 11, 18, 29,… On trouve parfois une initialisation et qui ne consiste qu'à décaler la suite d'un rang. Ces nombres interviennent dans la résolution d'équations diophantiennes. Ils sont très liés à la suite de Fibonacci par la relation suivante : pour tout entier n > 0 (voir Propriétés, Propriété 9).
Ce sont les suites où la relation de récurrence a changé et est est devenue[réf. nécessaire]
Elles sont de deux types, notés X = U et X = V, selon que l'initialisation est U0 = 0 et U1 = 1 ou qu'elle est V0 = 2 et V1 = P.
La suite de Fibonacci et la suite des nombres de Lucas sont les suites U et V de Lucas de paramètres P = 1 et Q = –1.
Ce sont des suites dont la relation de récurrence est d'ordre [41]. Un terme est la somme des termes qui le précèdent :
Parmi ces suites, on distingue la suite de Tribonacci (récurrence d'ordre 3) et la suite de Tetranacci (récurrence d'ordre 4). Selon ce nouveau classement de suites, la suite de Fibonacci est une suite de 2-bonacci.
La suite de Fibonacci apparaît sous de nombreuses formes biologiques[42], comme la ramification des arbres, la disposition des feuilles sur une tige, les fruits de l'ananas[43], la floraison de l'artichaut, le déroulement des feuilles de fougères, la disposition d'une pomme de pin[44], la coquille de l’escargot et la disposition des nuages lors des ouragans. Quant aux marguerites, elles ont le plus souvent un nombre de pétales issu de la suite de Fibonacci.
Chez les Astéracées, dans les inflorescences en capitule, la disposition des fleurons sur le réceptacle forme des spirales régulières, dextres et sénestres, qui suivent les règles de la phyllotaxie dans lesquelles on peut retrouver la suite de Fibonacci[43].
Les abeilles domestiques ont une reproduction haplodiploïde : un œuf non fécondé donnera un mâle et un œuf fécondé donnera une ouvrière ou une reine. Ainsi, un mâle aura une mère, quand les ouvrières et reine auront une mère et un père. Par conséquent, le pedigree d'un mâle est constitué d'un parent, de deux grands-parents, de trois arrière-grands-parents, de cinq arrière-arrière-grands-parents, etc. ; il s'agit d'une suite de Fibonacci[45].
Dans son tableau Parade de cirque, peint en 1887-1888, Georges Seurat emploie les premiers termes de la suite : un personnage central, deux personnages à droite, trois musiciens, cinq banderoles ou cinq spectateurs en bas à gauche, huit à droite, treize en tout[46].
Le Corbusier et son Modulor, une mesure harmonique à l'échelle humaine applicable universellement à l'architecture et à la mécanique.
Mario Merz, Suite de Fibonacci, commande publique artistique, 1994, Strasbourg.
Dans le jeu Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots, la suite de Fibonacci apparaît en tant que petite comptine chantée par la petite Sunny.
Dans le jeu Watch Dogs, la suite de Fibonacci est introduite dans l'algorithme de Bellwether, capable de transmettre un message subliminal à travers le système ctOS.
Dans le jeu Elite sur BBC Micro, les développeurs ont utilisé la suite de Fibonacci pour permettre au jeu de tenir dans 22 ko. Le jeu génère donc aléatoirement la galaxie, mais il peut ensuite la générer exactement de la même façon lorsqu'une partie est sauvegardée puis rechargée.
Le jeu de société « 4.6.Suite » (jeu de cartes) est basé sur les suites numériques et notamment sur les suites de Fibonacci.
En méthodologie scrum, la suite de Fibonacci est utilisée pour chiffrer les développements lors du planning poker.[réf. nécessaire]
La suite de Fibonacci peut servir à mémoriser des conversions de milles américains en kilomètres[réf. nécessaire]. En effet, 1 mi = 1,609 km, or le nombre d'or φ ≈ 1,6 et Fn + 1 ≈ φFn donc on peut utiliser la formule approchée : Fn mi ≈ Fn + 1 km, éventuellement multipliée par une constante[Laquelle ?].
Par exemple, 3 mi ≈ 5 km (en réalité 4,8 km), donc 6 mi ≈ 10 km, 5 mi ≈ 8 km donc 10 mi ≈ 16 km et 50 mi ≈ 80 km, 8 mi ≈ 13 km.
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