Né à Nancy le , Émile-Victor Prouvé est issu d'une famille modeste: son père est dessinateur en broderie et sa mère est lingère[1]. Il intègre l'école de dessin de Nancy de 1873 à 1877 avant de s'installer à Paris où il étudie à l'École des beaux-arts dans l'atelier d'Alexandre Cabanel[2]. Il se consacre d'abord à la peinture et au dessin, puis s'ouvre en autodidacte à d'autres disciplines comme la sculpture et la gravure, mais aussi à d'autres matières comme le bois et le métal. Il termine ses études en 1882 et expose pour la première fois avec son tableau Portrait de Madame Gallé et ses filles au Salon de la Société nationale des beaux-arts[3].
Tout en vivant à Paris, Victor Prouvé continue d'entretenir des liens avec sa ville natale. Il conçoit des décors de verreries et de meubles pour Émile Gallé. Ces objets d'art sont exposés à l'Exposition universelle de 1889 et à celle de 1900. Son amitié avec Émile Gallé, ainsi qu'avec Louis Majorelle, l'amène peu à peu à s'intéresser aux arts décoratifs et à l'Art nouveau. Il participe par exemple à la décoration des Magasins Réunis de Nancy (édification des deux grandes cariatides à l'entrée de la bijouterie notamment) dont le style Art Nouveau ne se déploie réellement qu'en 1906[4]. Ce grand magasin nancéien, conçu par Eugène Corbin, a pour but, entre autres, de promouvoir le talent des artistes de l'École de Nancy. Eugène Corbin sollicite même Jacques Gruber et Victor Prouvé pour la réalisation de modèles de lingerie, broderie et bijoux. Cependant, Victor Prouvé, qui tient à son indépendance artistique, en fournira peu[5].
Les musées de Nancy conservent de nombreuses œuvres de l'artiste dans leurs collections. On en trouve également quelques-unes à Paris au Petit Palais et au musée d'Orsay.
La Vie, 1897, huile sur toile marouflée, escalier d'honneur de l'hôtel de ville d'Issy-les-Moulineaux.
Séjour de paix et de joie ou La Régénération de l'humanité, 1898-1907, huile sur toile marouflée, salle des fêtes de la mairie du 11earrondissement de Paris.
E. Chaton, Historique du 2ebataillon de chasseurs à pied (1914-1918), préface du général Vuillemot, commandant le IVe corps d'armée, ancien commandant de la 11edivision d'infanterie, dessins et illustrations de Jean Droit, Victor Prouvé, Henri Marchal et du lieutenant M. Bessan, Impr.-éditeurs-Berger-Levrault, Paris, 1922[8].
L'estampille «École de Nancy», vers 1901, timbre sec[9].
Affiche de l'Expositions d'art lorrain (5eexposition du au ). Henri Royer, Petitjean, Renaudin, Bussière, Jacques Grüber (galerie d'art de la Maison des Magasins réunis), Royer & Cie (Nancy), 1910[10].
Dessins et estampes
Étude de femme les yeux fermés, avant 1907, pastel et fusain, Paris, Petit Palais.
Menu de mariage d'Eugène Corbin et Jeanne Blosse, impression photomécanique, papier vélin, 18,1 x 24,9 cm, n° inv. 2006.0.5684, Palais des ducs de Lorraine - musée lorrain, Nancy, 1905
Le Baiser (1897), lithographie.
Charles Sadoul, eau-forte et aquatinte.
Étude de femme les yeux fermés (avant 1907), pastel et fusain, Paris, Petit Palais.
Menu de mariage d'Eugène Corbin et Jeanne Blosse illustré par Victor Prouvé
La Mort du cygne (1905) , piano à queue d'après un dessin de Victor Prouvé, musée de l'École de Nancy.
Publications
«Charles de Meixmoron de Dombasle», [discours de réception à l'Académie], in: Mémoires de l'académie de Stanislas, 1921-1922, p.LXXXVIII-CXIIIlire en ligne sur Gallica.
Victor Prouvé est nommé chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur par décret du , promu officier du même ordre par décret du , puis élevé au grade de commandeur, toujours du même ordre, par décret du [12],[13].
Philippe Bouton-Corbin, Eugène Corbin: collectionneur et mécène de l'École de Nancy, président des Magasins Réunis-Est, inventeur du camouflage de guerre, Nancy, Association des amis du musée de l'École de Nancy, , 101p.
Expositions d'art lorrain (5eexposition du au ). Henri Royer, Petitjean, Renaudin, Bussière, Jacques Grüber - Prouvé, Victor (1858-1943). Illustrateur, lire en ligne sur Gallica.
Roselyne Bouvier et Philippe Thiébaut, «Victor Prouvé et les arts appliqués», [Exposition. Nancy. Galeries Poirel. 1999. L'École de Nancy, 1889-1909], dans Art nouveau et industries d'art, 1999, p.194-201, ill.
Anne-Laure Carré, Victor Prouvé. 1858-1943, catalogue des expositions éponymes présentées à Nancy, du au , Paris/Nancy, Gallimard/Ville de Nancy, 2008, 299p. (présentation en ligne).
Collectif, Victor Prouvé (1858-1943), Gallimard, Paris, 2008, 306 p., 463 ill. (ISBN9782070120703) —
Edmonde Charles-Rouxet al., Victor Prouvé. Voyages en Tunisie (1888-1890). Dessins, aquarelles, huiles, [catalogue d'exposition], Éditions Serpenoise, Metz, 1999, 95p.(ISBN2876924129).
Martine Mathias, «Victor Prouvé. L'effort de guerre», Le Pays lorrain, 2002, no4, p.265-270, ill.
Jean-Paul Midant, L'Art nouveau en France, Les Éditions du Carrousel, Paris, 1999, 174p.(ISBN978-2841900855).
Émile Nicolas, «L'œuvre éducative de Victor Prouvé», La Revue lorraine illustrée, 1930, no2, p.65-83, ill.
Blandine Otter, «La réception des reliures de l'École de Nancy au salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de Paris en 1893», [Colloque international, perception de l'Art nouveau. Art Nouveau et écologie], Bruxelles, 2010, Article intégral en ligne.
Blandine Otter, «Victor Prouvé et l'art de l'estampe», Arts Nouveaux, publication annuelle de l'Association des amis du musée de l'École de Nancy, 2016, no32, p.38-47.
Étienne Martin, Bijoux Art Nouveau, Nancy 1890-1920, éditions du Quotidien, Strasbourg, 2015. Un chapitre est consacré aux bijoux créés par Victor Prouvé (p.20-29).
Concernant des reliures créées et exécutées par Victor Prouvé, voir: Étienne Martin, «Saint-Just Péquart (1881-1944), bibliophile lorrain», Le Pays lorrain, 2010, no91, p.251-256.
Virginie Cadot, Jean-Adolphe Chudant, de la peinture aux arts décoratifs (1880-1929), Éditions universitaires européennes, 2013 (ISBN978-613-1-58518-0).
«Victor Prouvé. Le maître de l'Art nouveau à Issy», [catalogue d'exposition], Issy-les-Moulineaux, musée français de la Carte à jouer, 2022.