Yves Navarre, né le à Condom et mort le à Paris, est un écrivain français, cofondateur en 1976, avec Marie Cardinal, du Syndicat des écrivains de langue française.

Faits en bref Naissance, Décès ...
Yves Navarre
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Yves Navarre (à gauche) avec Jean Le Bitoux, 1981.
Biographie
Naissance
Décès
(à 53 ans)
Paris 4e
Nom de naissance
Yves Henri Michel Navarre[1]
Nationalité
Formation
Activité
Père
Autres informations
Distinction
Œuvres principales
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Il a obtenu le prix Goncourt pour Le Jardin d'acclimatation en 1980 et le prix Amic de l'Académie française en 1992 pour l'ensemble de son œuvre.

Biographie

Après des études de lettres modernes (anglais, espagnol) à l'université de Lille, Yves Navarre est diplômé de l'École des hautes études commerciales du Nord (Edhec), promotion 1964. Durant les premières années de sa vie professionnelle, Yves Navarre travaille dans la publicité comme concepteur-rédacteur, notamment à Publicis. Il devient même directeur de création chez BBDO (1969-1971) ; il y engage un jeune rédacteur qui fera son chemin, Thierry Ardisson.

Yves Navarre, dont une thématique récurrente de l'œuvre est l'homosexualité, disait vouloir mettre l'emphase sur une sensualité plutôt qu'une sexualité.

Navarre commence à publier en 1971, initiant une prolifique carrière avec Lady Black, dont le personnage principal se travestit à l'occasion (c'est Jean-Louis Bory qui recommande son manuscrit à Flammarion et chez l'éditeur, c'est Paul Otchakovsky-Laurens qui annonce à Navarre l'acceptation de son texte).

Les Loukoums[2], histoire d'une maladie (de type IST) frappant certaines personnes vivant à New York, le fait connaître en 1973.

Il enchaîne alors les parutions, souvent autour du thème de l'amour entre deux hommes (Le Petit Galopin de nos corps, 1977 ; Portrait de Julien devant la fenêtre, 1979).

Il s'essaie également au théâtre avec des pièces comme Il pleut, si on tuait papa-maman, Dialogue de sourdes, La Guerre des piscines, Lucienne de Carpentras (où l’on retrouve l’un des personnages principaux des Loukoums, Lucy Balfour) ou encore Les Dernières Clientes.

Son roman Le Jardin d'acclimatation, histoire d'un jeune homme de bonne famille envoyé à l'internement et à la lobotomie parce qu'homosexuel, reçoit le prix Goncourt en 1980.

En 1984, un accident vasculaire cérébral le contraint à un repos forcé de plusieurs mois. Cependant, dès 1986, une nouvelle distinction littéraire, le prix 30 millions d'amis (ou Goncourt des animaux), récompense son roman Une vie de chat (Albin Michel).

Navarre devient le porte-parole de François Mitterrand pour les homosexuels en 1981 et 1989[3], mais il se sent incompris comme romancier et snobé par le milieu littéraire parisien.

À l'automne 1989, il part donc vivre à Montréal[4] (Québec). Il y situe son roman Ce sont amis que vent emporte (1991), dans lequel un couple d'artistes (Roch et David, l'un sculpteur, l'autre danseur) lutte contre le sida.

Réalisant bientôt que le Canada n'est pas la terre promise qu'il espérait, l'écrivain rentre à Paris[5] et y retrouve les problèmes qui l'avaient incité à s'expatrier. En 1992, il reçoit le prix Amic de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.

Il avait écrit, dans Biographie, qu'il sortirait « de la gueule du loup par la gorge du loup ». Mais accablé de soucis (entre autres, financiers, car ses droits d'auteur, depuis longtemps sa seule ressource, sont devenus très modestes), complètement déprimé, il se suicide aux barbituriques le . Le titre d'un dernier recueil de nouvelles (publié à titre posthume, en 2006), Avant que tout me devienne insupportable, résume bien l'état d'esprit dans lequel il a commis son geste.

Un roman inédit de l'auteur, Pour dans peu, a été publié en aux éditions H&O.

Son Journal inédit (extraits) paraît en 2024.

Postérité

On peut citer cet extrait d'un article[6] toujours actuel de l'écrivain et critique Patrick Besson :

« On lit (Navarre) comme on téléphone à un ami rigolo et ronchon : pour entendre le son de sa voix fatiguée raconter toujours les mêmes choses sans intérêt, sauf pour lui et nous. Il est grand temps de retourner dans cette maison abandonnée de presque tous les lecteurs et éditeurs : le propriétaire y habite toujours. Il n'a pas vieilli, puisqu'il est mort. »

Fonds d'archives

Des fonds d'archives d'Yves Navarre sont conservés en France et à l'étranger.

En France

  • La bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence détient des documents liés à l'écrivain lorsqu'il était étudiant à l'Edhec, une correspondance de jeunesse et quelques nouvelles et poèmes de la même époque.
  • La médiathèque centrale Émile-Zola à Montpellier a reçu en les archives de l'écrivain légué par l'Association des amis d'Yves Navarre et les éditions H&O. Ce fonds rassemble des tapuscrits, des bons à tirer, des romans, des photos, des revues de presse et de la correspondance[7].

À l'étranger

Les amis d'Yves Navarre

L'association Les amis d'Yves Navarre, créée en 2016, s’attache à faire connaître l’œuvre d’Yves Navarre grâce à des éditions d'ouvrages inédits[9], des colloques internationaux[10] (5e colloque[11],[12] à l'Institut de France en 2021) et la publication des Cahiers Yves Navarre[13],[14]. Elle travaille sur les archives, dont la création du Fonds national d’archives Yves Navarre (Médiathèque centrale de Montpellier)[15].

Œuvres

Romans

  • Lady Black, Flammarion, 1971 ; réédition, H&O, coll. « H&O Poche », 2011 (ISBN 978-2-84547-225-9)
  • Evolène, Flammarion, 1972
  • Les Loukoums, Flammarion, 1973
  • Le Cœur qui cogne, Flammarion, 1974
  • Killer, Flammarion, 1975
  • Plum Parade : vingt-quatre heures de la vie d'un mini-cirque, Flammarion, 1975
  • Niagarak, Grasset, 1976
  • Le Petit Galopin de nos corps, 1977, Robert Laffont ; rééd. avec une préface de Serge Hefez, Béziers, H&O, coll. « Classiques H&O poche », 2005, 256 p. (ISBN 2-845-47109-2))
  • Kurwenal ou la Part des êtres, Robert Laffont, 1977 ; rééd. H&O, coll. « H&O Poche », 2009 (ISBN 978-2-84547-171-9)
  • Je vis où je m'attache, Robert Laffont, 1978
  • Portrait de Julien devant sa fenêtre, Robert Laffont, 1979 ; rééd. H&O, coll. « H&O Poche », 2006 (ISBN 978-2-84547-135-1)
  • Le Temps voulu, Flammarion, 1979 ; rééd. H&O, coll. « H&O Poche », 2010 (ISBN 978-2-84547-211-2)
  • Le Jardin d'acclimatation, Flammarion, 1980 ; rééd. H&O, coll. « H&O Poche », 2019 (ISBN 978-2-84547-343-0)
  • Biographie, Flammarion, 1981 (la première de couverture précisant qu'il s'agit d'un roman)
  • Romances sans paroles, Flammarion, 1982
  • Premières Pages, Flammarion, 1983
  • L'Espérance de beaux voyages, Flammarion, 1984
    • 1 : Été/automne
    • 2 : Hiver/printemps
  • Phénix, le paysage regarde, illustré par Jean Dieuzaide et Lucien Clergue, P. Montel, 1984
  • Louise, Flammarion, 1985
  • Une vie de chat, Albin Michel, 1986 ; rééd. en 2013
  • Fête des mères, Albin Michel, 1987
  • Romans, un roman, Albin Michel, 1988
  • Hôtel Styx, Albin Michel, 1989
  • Douce France, Québec, Leméac, 1990
  • La Terrasse des audiences au moment de l'adieu, Montréal, Leméac, 1990
  • Ce sont amis que vent emporte, Flammarion, 1991
  • La Vie dans l'âme, carnets, Montréal, Le Jour / VLB, 1992
  • Poudre d'or, Flammarion, 1993
  • Dernier dimanche avant la fin du siècle, Flammarion, 1994
  • La Ville Atlantique, Leméac/Actes Sud, 1996
  • Dialogue de sourdes, Nice, La Traverse, 1999
  • La Dame du fond de la cour, Leméac/Actes Sud, 2000
  • Avant que tout me devienne insupportable, H&O, 2006
  • Pour dans peu, H&O, 2016

Théâtre

  • Théâtre, 3 tomes, Flammarion, 1974, 1976, 1982
  • 1978 : Les Dernières Clientes, mise en scène Louis Thierry, Studio des Champs-Élysées
  • 1981 : Freaks Society, mise en scène Jacques-René Martin, théâtre Comédie de Paris

Autobiographie

  • Un condamné à vivre s'est échappé, textes, entretiens et poèmes, avec Pierre Salducci, Hull [Québec], Vents d'Ouest, 1997

Journaux intimes

Adaptations

Récompenses

Citations

« La tendresse tue. L'absence de tendresse assassine. »

« Toute création vraie est un suicide que personne ne regarde. »

 Ce sont amis que vent emporte

« Je sortirai de la gueule du loup par la gorge du loup. »

 Biographie

Notes et références

Liens externes

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