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Château de Petit-Bourg

château français situé à Évry-Courcouronnes De Wikipédia, l'encyclopédie libre

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Le château de Petit-Bourg était un château d'habitation français situé à Évry en pays Hurepoix, sur la rive gauche de la Seine, dans l'actuel département de l'Essonne et l'actuelle région Île-de-France. Il est aujourd'hui détruit, il ne reste que quelques bâtiments des communs ainsi que l'emprise de l'ancien jardin qui descend jusqu'au fleuve. Il était situé sur la route royale entre Paris et Fontainebleau.

Faits en bref Période ou style, Type ...
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Situation

Le château de Petit-Bourg était situé dans la commune d'Évry-sur-Seine dans la région d'Île-de-France. Il était construit sur la rive gauche de la Seine à la hauteur de l'actuelle écluse à l'emplacement de l'actuel parking de la résidence du petit-bourg, face à l'actuelle allée Louise Bathilde de Bourbon, qui était alors l'allée d'honneur.

Histoire

Résumé
Contexte

Début du XVIIe : André Courtin et Jean Galland

Le premier château connu sur le site, au bord du plateau dominant la Seine, en vue de la forêt de Sénart, fut commencé au début du XVIIe siècle pour André Courtin, chanoine de Notre-Dame de Paris et achevé vers 1635 pour Jean Galland.

En 1647, le domaine est célébré avec beaucoup de points forts, il est voisin du château de Frémont, et devait être composé sans doute assez dans la même veine :

"Le petit Bout a appartenu cy-devant à Me André Courtin, qui y avoit basty une belle maison, laquelle a esté parachevée par le sieur Galand, Greffier du Conseil, qui y a employé tous les artifices possibles pour l'enrichir de quantité de statues, de Jardins, Fontaines, Cascades, et autres ornemens, pour la rendre signalée entre celles de son voisinage"[1].

Milieu du XVIIe : l'abbé de la Rivière, évêque de Langres

Vers 1650, Mgr Louis Barbier de La Rivière (†1670), évêque de Langres, le fit agrémenter de jardins dessinés par François Mansart. Jules Hardouin-Mansart y aurait travaillé vers 1662.

Vers 1650, il est nommé dans son portrait gravé : "Monsieur l'abbé de la Rivière, seigneur de Petit-Bourg, conseiller du roi en son Conseil d'Etat, chancelier des ordres de sa Majesté"[2].

La maison et le jardin, qui est magnifique, servent de lieu de repos des membres de la Cour, sur la route entre Paris et Fontainebleau.

Le 25 juillet 1664, le cardinal Chigi passe à Petit-Bourg et Soisy-sur-Seine. Il y eut un quiproquo sur le lieu de logement entre Petit-Bourg et Soisy, ce qui donne des informations sur l'absence de bac pour traverser le fleuve :

"Le xxb.e [25] [juillet 1664], au matin S.E. l’envoya quérir par un valet de pied du roy et lui dit qu’Elle iroit au lieu de Corbeil coucher à Soisy et à Petit-Bourg. Ce changement arriva sur des lettres de M. de Lionne [secrétaire aux Affaires Etrangères] ; l’ordre fut envoyé au mesme temps au pourvoyeur du roy ; S.E. entendit la messe, à la fin de laquelle Elle fit publier qu’Elle donnoit à toute l’assistance dix années d’indulgences In articulo mortis à tous les Chanoines de la S.te Chapelle de Vincennes, et un corps Saint. Elle partit sur les trois heures. Le s.r de Chantelou arriva à cinq heures du soir à Soisy, où il sceut que les Maréchaux des logis du roy avoyent marqué, et qu’il estoyent passez de l’autre costé de la rivière pour marquer encore Petit-Bourg. Il se mit en chemin pour y aller, et trouva quelques camériers de S.E. sur le bord de la rivière, où il n’y avoit que deux ou trois petits bateaux qui passoyent ceux qui vouloyent, n’ayant vu aucun bac, il jugea qu’il estoit impossible que S.E. logeast à Petit-Bourg, les charrettes des officiers du roy estant deça de la rivière, et ne pouvant passer sans bac, outre qu’un équipage grand comme celui de M. le légat et de sa suite n’eust peu passer dans les restes du jour et toute la nuit, quand il eust eu deux ou trois bacs, ainsi il envoya prier le s.r de Pafsevent, maréchal de Logis [f. 22] du roy, qu’il peust conférer avec lui. Il ne vint qu’a une ou deux heures de là à cause du grand tour qu’il faut faire pour aller au chasteau et revenir. Lui ayant parlé, il dit que c’estoit un écuyer de M. de Langre qui lui avoit dit précisément que M. le légat logeroit à Petit Bourg, et quoy qu’il eust jugé qu’il estoit comme impossible, il s’y en estoit allé faire les logis. Le pourvoyeur et le boulanger du roy s’y estoyent aussi rendus qui eurent à descharger leurs charrettes, et faire passer leurs provisions en bateau. S.E. qui estoit arrivée à Soisy à sept heures, ne pût pour cela souper qu’entre neuf et dix. [26 juillet, samedi. Soisy et Petit-Bourg] Le xxbi.e [26] M. de Langre vint le matin voir S.E. avant qu’Elle entendist la messe, et s’en retourna à Petit-Bourg. Après-disner M. de Montausier alla à Fontainebleau ; S.E. y dépescha aussi, l’abbé Castillion puis Elle se fut promener à Petit-Bourg."

Le 18 août 1666, la famille royale quitte Fontainebleau pour aller terminer la belle saison au château de Vincennes. Elle y arrive après avoir couché à Petit-Bourg dans la maison de l'évêque de Langres, Louis Barbier de La Rivière.

1695 à 1707: Mme de Montespan

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Plan général du chateau de Petit-Bour - dessin - fait par A. Larüe - btv1b53043399c, en 1696

Le 24 mai 1695, la marquise de Montespan fait l'acquisition du château de Jacques Feron, seigneur de La Ferronays, et procède à des réaménagements. Elle aurait chargé André Le Nôtre de dessiner de nouveaux jardins. Cette terre était destinée à ses petits-fils Louis-Marie et Gabriel-François. En réalité, c'est son fils le duc d'Antin qui l'occupera.

Un plan des jardins est dressé en 1696, il décrit de manière précise la totalité du domaine, avec l'ancien château, le petit parterre, les bassins réservoirs pour alimenter la cascade située en contrebas, les différents bosquets et déjà la grande terrasse basse proposée certainement par André Le Nôtre. La grande cascade de Petit-Bourg était particulièrement visible depuis la Seine ou le quai de halage situé en face : elle devait impressionner de nombreux visiteurs, et tous les gens qui allaient de Paris à Fontainebleau en passant par le trajet fluvial.

1707 à 1736 : Le duc d'Antin et son château princier par Lassurance

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Gravure représentant le château de Petit-Bourg et ses jardins, vers 1710. Etat avant la reconstruction du château par le duc d'Antin

À sa mort en 1707, son fils le duc d'Antin, hérita du château et fit refaire les jardins, puis entre 1716 et 1722, il entreprit de le faire entièrement reconstruire par l'architecte Pierre Cailleteau dit Lassurance. Le nouveau château de Petit-Bourg fut une résidence véritablement princière, chef-d'œuvre de Lassurance. Les meilleurs décorateurs du temps y avaient travaillé. On remarquait particulièrement le cabinet en galerie de l'appartement du roi (angle du pavillon du Midi, à l'étage) et le grand salon, décoré par François-Antoine Vassé de portraits royaux et d'emblèmes ducaux.

Avant la reconstruction le duc d'Antin reçut à Petit-Bourg Louis XIV et, en 1717, le tsar Pierre le Grand.

Le 15 mai 1717 : première visite de Pierre le Grand à Petit-Bourg. Le journal de la Régence (1715-1723), par Jean Buvat, mentionne : " ... puis alla se promener aux Tuileries, et après dîner il alla coucher à Petit-Bourg où M. le duc d'Antin avait fait disposer toutes choses pour recevoir ce prince et le bien régaler". Voltaire indique (sur Pierre le Grand, 1748) : "Il alla dîner à Petit-Bourg, chez M. le duc d'Antin, et la première chose qu'il vit fut son portrait en grand avec le même habit qu'il portait".

31 mai 1717 : seconde visite de Pierre le Grand à Petit-Bourg. Le journal de la Régence (1715-1723), par Jean Buvat, mentionne : "Il [le Tsar] fut encore à Petit-Bourg, où M. le duc d'Antin le régala splendidement comme la première fois".

Louis XV et la reine Marie Leszczyńska y firent de fréquents séjours. Mme de Pompadour l'apercevait de sa terre d'Étiolles avant d'être élevée par la faveur royale, et rêvait sur cette demeure.

Les vues de Petit-Bourg dessinées en 1730 par Chaufourier (BNF)

La BNF conserve le recueil exceptionnel des aquarelles du château à son apogée, dessins de Jean Chaufourier. Il existe un recueil semblable pour le château de Bellegarde (Loiret), appartenant également au duc d'Antin.

Milieu du XVIIIe siècle : un nouveau château néoclassique par Chevotet

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Atlas Trudaine avec Petit-Bourg, milieu XVIIIe

Après la mort du duc d'Antin, le château démeublé, subsista plusieurs années. Acquis par Marie Jacomel, veuve de Louis Chauvelin (1706-1754 ; neveu de Germain-Louis), président à mortier au parlement de Paris, il fut entièrement démoli en 1750 et remplacé par un nouvel édifice à partir de 1756 dans le goût néo-classique, œuvre de l'architecte Jean-Michel Chevotet.

Ensuite eu lieu la vente du domaine par les héritiers de la veuve Chauvelin au profit du marquis de Poyanne, ainsi que son beau-frère et collègue, inspecteur de la cavalerie et des dragons, Augustin Louis, marquis de Ray.

Le 17 octobre 1774 (Gazette de France) : le marquis de Poyanne reçoit à Petit-Bourg le nouveau roi Louis XVI et Marie-Antoinette, accompagnés de la Cour, sur leur chemin vers Fontainebleau, après avoir organisé une revue de ses troupes. La Gazette de France indique : "Leurs Majestés et la famille Royale firent l'honneur au marquis et à la Marquise de Poyanne de dîner au château de Petit-Bourg. Le Roi fit ensuite la revue des dix escadrons où il fut reçu et salué par Monsieur, et vit les manoeuvres, qui furent commandées par Monsieur, et exécutées avec la plus grande célérité et le plus grand ordre. Sa Majesté a daigné témoigner au marquis de Poyanne combien Elle étoit satisfaite de la beauté distinguée du Corps et de la manière dont il avoit manoeuvré"[3].

A la Révolution (1789) le château était la propriété de la duchesse de Bourbon, Louise-Marie-Thérèse-Bathilde d'Orléans, fille de Louis-Philippe d'Orléans et épouse du duc de Bourbon. Elle était notamment passionnée par la spiritualité, les oracles et la magnétisme, et reçut à Petit-Bourg le Philosophe Inconnu, Louis-Claude de Saint-Martin[3],[4]

Au XIXe siècle : le chemin de fer et les photographies du château

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Alejandro Aguado, marqués de las Marismas del Guadalquivir (Museo del Romanticismo de Madrid)

Lors de la Révolution, il appartenait à la duchesse de Bourbon, née Bathilde d'Orléans.

Après être passé ensuite entre plusieurs mains il fut acquis en 1827 par le banquier d'origine espagnole Alexandre Aguado, marquis de Las Marismas del Guadalquivir, qui y accueillit son ami le compositeur Gioachino Rossini; celui-ci y composa en partie son opéra Guillaume Tell, à l'été 1828. Aguado se fit élire maire d'Évry-sur-Seine en 1831. La création du chemin de fer de Paris à Corbeil vint malheureusement couper le parc en deux et le séparer de la Seine. Aguado vendit alors la propriété le à des spéculateurs qui entreprirent de diviser le domaine.

En 1831 Alexandre Aguado devient le maire du village.

Le 7 avril 1840, vente du domaine par Alexandre Aguado à différents spéculateurs.

Vers 1844 : Petit-Bourg sert de colonie agricole de type pénitentiaire pour de jeunes français, comme il en avait été déjà créé à Mettray dans l'Indre.

En 1870, le château appartient à Louis Binder, qui fait démolir les deux pavillons qui flanquaient le château à ses extrémités[5].

Vers 1900, des photographies du château permettent de bien se rendre compte de l'aspect du château ainsi que de ses intérieurs. Ces vues sont précieuses pour évoquer l'ambiance de Petit-Bourg tout au long de la seconde moitié du XVIIIe et au XIXe siècle. Tout est désormais détruit et ces images témoignent de la richesse historique dudit lieu.

Au XXe siècle : la défiguration complète par l'urbanisation

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91228-Évry-Courcouronnes-Orthophoto

Pendant l'été précédant la Première Guerre mondiale, le château reçu un hôte particulier, en effet, il fut loué par William Andrews Clark et sa famille[6].

Les Allemands occupèrent le château pendant la Seconde Guerre mondiale et l'incendièrent en 1944 lors de leur départ d'Évry, et ses ruines furent rasées. L'allée bordée de marronniers et de tilleuls longeant les pavillons de la résidence était l'allée d'honneur du château.

En 1958 est lancée la construction de la grande barre d'immeuble intitulée "Résidence du Parc de Petit-Bourg", que l'on pourrait qualifier de "quatrième château"... Cette barre de 500 logements a été édifiée par des salariés de grandes entreprises de la région réunis en coopérative.

20 mai 1965 : la création de la Ville Nouvelle d'EVRY est décidée pour « désengorger » Paris et offrir aux habitants des équipements publics et des emplois proches, afin d’éviter les « banlieues dortoirs ».

1987 : Bruno Pons publie un article sur le château : "Le château du duc d'Antin, surintendant des Bâtiments du roi, à Petit-Bourg", Éd. Bulletin de la société de l'histoire de l'art français. Il y retrace les étapes de transformation du domaine à partir de documents du Minutier central (XIII 167).

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Restitution 3D des anciens jardins en 1696

Un magnifique plan daté de 1696 présente l'état des jardins avant les grands travaux entrepris par le duc d'Antin. La modélisation de cet état du jardin permet de mieux comprendre l'emprise et l'ampleur des jardins de Petit-Bourg à la fin du XVIIe siècle. Il faut songer qu'une grande partie de ces aménagements des jardins existaient déjà au milieu du XVIIe siècle, puisqu'on célèbre la richesse des jardins de Petit-Bourg dès 1647 dans un livre sur les environs de Corbeil.

Galerie

Illustrations Château Petit-Bourg :

Les guides touristiques ferroviaires du début du chemin de fer ont montré à plusieurs reprises le château de Petit-Bourg :

  • Champin, Tuffet, Paris-Orléans, ou parcours pittoresque du chemin de fer de Paris à Orléans, publié sous les auspices de M. F. Bartholony, Paris, chez l'auteur, A Orléans, Gobineau, 1845 ; 52 vignettes de Champin et 51 lithographies par Champin & Bayot en planches hors texte. plus une carte ; 51 chapitres ; 27 x 35 cm, 208 pages ; voir lithographie chapitre 9 et vignette chapitre 23.
  • Champin, Voyage de Paris à Corbeil, description historique…, 40 vignettes dessinées sur les lieux par Champin, et d’une carte itinéraire gravée par Tardieu, Paris Ernest Bourdin, éditeur, 1845 ; 12,8 x 17,4 cm, 56 pages.
  • Moléri, De Paris à Orléans et à Corbeil, avec une carte du chemin de fer. Ouvrage illustré de 45 vignettes dessinées d'après nature par Champin et Thérond, Paris : L. Hachette, 1854 ; 10,7 x 17,2 cm, 118 pages plus une carte ; voir page 14.
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Voir aussi

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