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vidéo accompagnant un morceau de musique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Un clip, provenant de l'anglais signifiant « extrait » ou vidéoclip, clip vidéo ou clip musical en anglais désigne un vidéogramme produit pour la télévision ou l'édition vidéographique. Un clip est généralement d'une durée réduite proche de celle d'un court-métrage, réalisé comme support visuel d'un morceau de musique ou d'une chanson.
Dans les années 1960 et 1970, des films destinés à alimenter des « jukebox cinéma » installés dans des lieux publics notamment sous la formule du Scopitone, projettent sur un écran dépoli, une chanson ou un morceau de musique illustrées d'images filmées ou animées. Pour une ou quelques pièces, le client sélectionne parmi une vingtaine de films ou titres, l’œuvre qu'il souhaite visionner et entendre. Cette formule est principalement à l'initiative des labels, distributeurs et maisons de disques pour promouvoir la vente de leurs productions sous forme de 45 tours ou d'albums 33 tours.
Sur le même principe et grâce à l'apparition de la technologie d'enregistrement vidéo, la fin des années 1970 voit apparaître, principalement pour la télédiffusion, ce type d'outils promotionnels au service d'une chanson. L'avantage est double ; il procure aux éditeurs et distributeurs un efficace moyen pour accroître les ventes et aux chaînes de télévision, de meubler avantageusement et à faible coût (voire gratuit), leur grille de programmes.
À partir du début des années 1980, notamment avec la multiplication des chaînes de télévision, le clip bénéficie d'une meilleure considération critique et artistique ainsi que de moyens financiers plus importants pour les produire.
La première projection mondiale en 1983, du clip Thriller de Michael Jackson, réalisé par John Landis[1], marque un tournant dans l'histoire de ce média, malgré son format intégral l'apparentant plutôt à un moyen-métrage. À la suite de sa diffusion, les ventes de l'album se multiplient, marquant même un record dans l'industrie phonographique. Le clip est également distribué sous forme de vidéocassette dont les ventes représentent également un certain succès commercial au plan international.
Des émissions spéciales voient le jour sur les chaînes nationales puis les premières chaînes thématiques musicales comme MTV, TV6 ou MCM voient le jour en consacrant un temps considérable à ces productions.
D'autres clips deviennent cultes et marquent leur époque, par exemple Take on Me du groupe A-ha (1984), Libertine (1986) ou Pourvu qu'elles soient douces (1988) de Mylène Farmer, Black or White de Michael Jackson (1991), Around The World du groupe Daft Punk (1997), ...Baby One More Time de Britney Spears (1998), I Want You Back de Melanie B featuring Missy Elliott (1998), No Scrubs de TLC (1999), One More Time du groupe Daft Punk (2000), Can't Get You Out of My Head de Kylie Minogue (2001), Headlines (Friendship Never Ends) des Spice Girls (2007) et If I Don't Have You de Tamar Braxton (2015). Des récompenses sont spécialement créées pour ce format, comme notamment les MTV Video Music Awards[2],[3],[4] ou ultérieurement, les NRJ music awards.
Grâce aux plateformes de vidéos en ligne telles que YouTube, le clip devient un format audiovisuel de grande masse pouvant additionner plusieurs centaines de millions de visionnage, voire atteindre le milliard de vues. Ainsi, les vidéoclips Despacito (2017) de Luis Fonsi feat. Daddy Yankee, Shape of You (2017) d'Ed Sheeran ou encore See You Again (2015) de Wiz Khalifa feat. Charlie Puth font partie des vidéos les plus visionnées sur YouTube, dénombrant plusieurs milliards de vues comptabilisées pour chacun d'eux.
Les clips représentent un moyen d'expression controversé pour certains artistes, à cause de leur contenu provocateur, parfois censuré par les chaînes de télévision musicales, comme Call on Me (2004) d'Eric Prydz, These Boots Are Made for Walkin' (2005) de Jessica Simpson, Alejandro (2010) de Lady Gaga, S&M (2011) de Rihanna, Wrecking Ball (2013) de Miley Cyrus ou encore Anaconda (2014) de Nicki Minaj.
Les éléments historiques ci-après ne traitent pas uniquement du clip musical mais abordent d'autres types de contenus.
Chercher à coupler les images animées et le son est un souci qui apparaît dès les premiers films du cinéma. En 1891, l’inventeur et industriel américain Thomas Edison, avec l’aide primordiale de son assistant William Kennedy Laurie Dickson, conçoit une caméra argentique, la caméra Kinétographe (Kinétographe : en grec, écriture du mouvement), comme l’affirme Laurent Mannoni, conservateur des appareils de la Cinémathèque française : « La caméra de l’Américain Thomas Edison, brevetée le 24 août 1891, emploie du film perforé 35 mm et un système d’avance intermittente de la pellicule par « roue à rochet » et enregistre les premiers films du cinéma [...] Les bandes tournées par Dickson sont à proprement parler les premiers films[5],[6] ». Les films sont ensuite présentés au public sur une machine à visionnement individuel, le Kinétoscope. Edison lance une exploitation fructueuse de cet appareil en ouvrant des Kinetoscope Parlors dans quelques villes, ou en autorisant l’exploitation sous licence dans d’autres villes du territoire américain et à l’étranger. « Cent quarante-huit films sont tournés entre 1890 et septembre 1895 par Dickson et William Heise à l'intérieur d'un studio construit à West Orange, le Black Maria, une structure montée sur rail, orientable selon le soleil. »[7]
Devant ce succès, Edison se refuse à mettre au point un appareil pour projeter les films sur grand écran, malgré les conseils de Dickson pour qui un tel procédé ne se heurterait à aucun problème de conception mécanique. Dickson va d’ailleurs mettre ses talents à la disposition d’un concurrent d’Edison pour concevoir un appareil de projection, avant même que les frères Lumière ne démontrent l’attractivité supérieure de la projection des images photographiques animées devant un public assemblé. Ce refus d’Edison trouve sa justification dans la démarche même de l’inventeur : il a déjà inventé et commercialisé le phonographe qui fonctionne encore avec des cylindres gravés. Le rêve d’Edison, qui l’a poussé à étudier l’enregistrement et la reproduction du mouvement, c’est de coupler les images avec le son. « On pourrait ainsi assister à un concert du Metropolitan Opera cinquante ans plus tard, alors que tous les interprètes auraient disparu depuis longtemps[8]. » Dès les années 1887-1888, il a pensé avoir résolu le problème en assemblant sur le même axe de rotation (donc en parfait synchronisme) un graveur de cylindre et à côté, un cylindre (appelé tambour photographique) de verre enduit de collodion humide, un produit photosensible. Le négatif image obtenu sur verre est ensuite tiré sur une feuille de papier, et ce positif est découpé pour former un ruban comportant les différentes phases du mouvement. Une difficulté apparaît : si le son se contente de peu de place pour être gravé, les images, elles, nécessitent d’être nombreuses (au moins 12 par seconde, ainsi que l’avait démontré le Belge Joseph Plateau en 1832) et le cylindre image doit être de grandes dimensions. Mais le problème devient insoluble quand Edison veut visionner le ruban obtenu : d’abord, il n’est pas transparent, et d’autre part, ses images ne sont pas égales et ne se prêtent pas au visionnement. Des chercheurs, comme les Français Étienne-Jules Marey et Louis Aimé Augustin Le Prince vont se heurter également au même problème du visionnage (pour leur part, cependant, ils ne cherchent pas à coupler le son et l’image). Une invention fondamentale est faite en 1887 par l’Américain John Carbutt : un film souple, transparent et résistant en nitrocellulose que l’industriel George Eastman[9] met sur le marché un an plus tard pour l’usage des photographes, sous la forme de rouleaux de 70 mm de large, avec ou sans substance photosensible, et sans perforations. En le perforant sur les côtés et en le découpant en deux sur sa largeur, « Edison fit accomplir au cinéma une étape décisive, en créant le film moderne de 35 mm, à quatre paires de perforations par image. »[10]
En 1895, le kinétophone (ou phonokinétoscope, ou, ainsi que le désigne Dickson, le kinéto-phonographe) est la première tentative de visualisation individuelle d’un film sur un kinétoscope, associée à l’audition d’un cylindre de cire gravé, lu par un phonographe solidaire. Le pilote de ce procédé audio-visuel est conservé sous le titre Dickson Experimental Sound Film et date de 1895. On y voit Dickson en personne qui « interprète au violon une ritournelle du compositeur français Jean-Robert Planquette, il n’est pas très bon violoniste et ça grince un peu. Dickson joue devant une sorte de grand entonnoir (pavillon) destiné à récolter le son. »[11] C’est la plus ancienne forme de film musical, et l’on peut le citer comme étant l’ancêtre de tous les clips[12]. Moins d’une cinquantaine de films ont été tournés pour le projet global car, en mars 1895, lorsque la société Edison Studios met cet appareil sur le marché, les films joints sont des films muets figurant déjà dans le catalogue Edison, et les exploitants doivent se contenter de choisir parmi une gamme de cylindres celui qui leur convient pour offrit un semblant de rythme avec l'image[13]. Par exemple, trois cylindres différents sont proposés pour accompagner la danseuse américaine hispanisante Carmencita : Valse Santiago, La Paloma et Alma-Danza Spagnola.
En 1914, un incendie a éclaté dans le complexe Edison de West Orange et a détruit tous les films et les enregistrements sonores, mettant un point final aux essais d’Edison pour marier le son et l’image[14].
Durant la période du cinéma muet (1891-1927), les essais de couplage images et sons ont été nombreux, mais les plus remarquables ont été ceux que le Français Léon Gaumont produisit à partir de 1902 jusqu’en 1917, dont 140 titres ont été conservés (sur une production de plus de 700)[15]). Le procédé utilisé différait de celui mis au point chez Edison. L’enregistrement du son utilisait un disque de cire au lieu d’un cylindre, et était effectué indépendamment du film. Ensuite, sur le plateau de tournage, on actionnait la caméra et on lançait la lecture du disque par un gramophone de la société Gaumont, un elgéphone (LG=Léon Gaumont). Le chanteur mimait alors sa propre chanson, inaugurant ainsi la technique du playback. Ce procédé astucieux permet encore aujourd’hui de se baser sur un enregistrement sonore de bonne qualité et favorise le jeu du corps et du visage du chanteur filmé. Comme la durée du spectacle exploité était courte (3 minutes au maximum), le départ simultané de l’appareil de projection et de l’elgéphone permettait de conserver jusqu’à sa fin le synchronisme du son avec l’image. Les films étaient commercialisés sous l’appellation de phonoscènes (mot féminin). C’est grâce à Gaumont et à Alice Guy, première réalisatrice du cinéma, que l’on peut voir de véritables clips des chanteurs célèbres de l’époque, tels Polin, Félix Mayol, Dranem, Adolphe Bérard, Lina Lande, etc. De nombreux airs célèbres d’opéra ont aussi été enregistrés, également des chants folkloriques, tous ces éléments font des phonoscènes Gaumont une source de documentation audiovisuelle inestimable[16].
Certains historiens citent des expérimentations qui peuvent être rattachées à ce qui deviendra le clip. Ainsi, Peter Fraser cite les expérimentations d’Oskar Fischinger, dès les années 1920. Martin Barnier évoque Georges Lordier qui, durant la Première Guerre mondiale, présentait des films illustrant La Marseillaise et Quand Madelon... en invitant les spectateurs (les poilus, c’est-à-dire les soldats) à reprendre en chœur les couplets[17].
En 1926 est présenté par les frères Warner le premier long métrage sonore : Don Juan, d’Alan Crosland, agrémenté de musique et de bruitage. Le procédé employé, le Vitaphone, développé par la Western Electric, est basé sur la synchronisation parfaite d’un disque avec le projecteur, les deux machines (phonographe et appareil de projection) étant entraînées par des moteurs électriques asynchrones tournant à la même vitesse. La même année, le cartooniste Max Fleischer lance les Screen Songs, de petits dessins animés invitant les spectateurs à chanter sur des airs populaires, procédé semblable à une machine à karaoké. Un an plus tard, en octobre 1927, Le Chanteur de jazz d’Alan Crosland, est le premier film chanté et parlé. Ce film reste muet pour l’essentiel, mais il est considéré comme le point de référence historique du passage du muet au parlant car il comporte un court moment où le personnage principal, Al Jolson, parle entre deux couplets de sa chanson. Le court métrage qui l’a précédé en 1926, Une scène dans la plantation, s’apparente plus au clip puisque sa durée est de 10 minutes et il est composé de trois chansons interprétées déjà par Al Jolson, séparées par quelques phrases adressées à la caméra (regard caméra en direction du public), dont la très célèbre : « Wait a minute, wait a minute, you ain't heard nothin' yet ! (Attendez une minute… Vous n’avez encore rien entendu!) » Les chansons ont pour titre When the Red, Red, Robin Comes Bob, Bob, Bobbin' Along (Harry M. Woods), April Showers (paroles : Buddy DeSylva, musique : Louis Silvers, qui signera la musique du Chanteur de jazz), Rock-a-Bye Your Baby with a Dixie Melody (paroles : Sam Lewis et Joe Young, musique : Jean Schwartz).
En 1929, l’enregistrement sonore par procédé optique dispose le son directement le long de la bande image. Le couple images et sons figure dorénavant sur le même support, facilitant ainsi son transport et son rendu dans les salles de cinéma. Cette année-là, Dudley Murphy réalise des courts métrages musicaux avec Bessie Smith (St. Louis Blues) ou Duke Ellington et son orchestre (Black and Tan) qui préfigurent la captation musicale moderne. En 1930, Germaine Dulac présente au moins trois "impressions cinégraphiques" dont deux sur Fréhel : À la dérive et Toute seule, réunies en diptyque intitulé Celles qui s'en font, mimées par Lilian Constantini[18]. En 1931, Noburo Ōfuji réalise un clip d'animation en silhouettes inspirées de techniques d'animation allemandes[19] afin d'illustrer Kimi ga yo, l'hymne national du Japon, mettant en scène des dieux de la mythologie japonaise[20]. En 1933, Alexandre Alexeïeff et Claire Parker réalisent selon la technique originale de l'Écran d'épingles un court métrage d’animation de huit minutes, une illustration du sabbat des sorcières, Une nuit sur le mont Chauve, d’après la musique de Modeste Moussorgski. Produites dans les années 1935-40, les cinéphonies, conçues par le critique musical Émile Vuillermoz, sont aussi des exemples de mise en images de prestations musicales. En 1935, l’animateur néo-zélandais Len Lye, réalise A Colour Box par grattage de la pellicule. En 1940, Walt Disney produit Fantasia, dessin animé utilisant le récit musical en lui adossant un récit filmé. Est repris Une nuit sur le mont Chauve de Moussorgski, et mis en images pour la première fois L’Apprenti sorcier de Paul Dukas, Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky, la Symphonie pastorale de Ludwig van Beethoven, etc. Dans les dessins animés musicaux, citons également les deux séries « concurrentes » produites par Disney et Warner : les Silly Symphonies (Disney) et les Merrie Melodies (Warner). Les premiers Looney Tunes faisaient aussi cela. En 1939, le Canadien Norman McLaren illustre la Danse macabre de Camille Saint-Saëns en dessin animé (8 minutes), et plus tard la chanson C’est l’Aviron (3 minutes 20), exploitant le synchronisme rythmique entre images et sons. Esthétiquement, le clip actuel est une suite logique de toutes ces expériences liant le son à l'image. Dans les années 1940, le musicien Louis Jordan créa de petits films pour certaines de ses chansons, certains de ces films figurant dans un long-métrage nommé Lookout Sister. Selon l'historien Donald Clarke, ces mini-films sont les ancêtres des clips vidéo.
À Chicago, dans les années 1940, le Panoram voit le jour. C’est un appareil original, développé aux États-Unis par la Mills Novelty Company (la plus grande société de fabrication de juke-boxes de l’époque). Il pouvait projeter sur un petit écran, moyennant une pièce dans le monnayeur, un soundie, film musical en format 16 mm à piste sonore magnétique — pour une très bonne qualité — proposant un choix de huit films en noir et blanc. Ces soundies mettaient en scène les rois du jazz, comme Duke Ellington [21]. Au début des années 1950, l’exploitant d’une salle de cinéma de Californie du Sud, Louis D. Snader, tourné vers le nouveau média qu’est la télévision, produit plusieurs courts métrages en noir et blanc de 3 minutes chacun, les Telescriptions Snader, où il reprend le principe des soundies[22].
Les films musicaux et surtout ceux sortis entre les années 1930 et les années 1950 ont laissé un très important héritage pour tous les clips qui allaient suivre. Pour prendre un exemple, le clip de Material Girl de Madonna (réalisé par Mary Lambert) est très proche du travail de Jack Cole pour Diamonds Are A Girl's Best Friend, du film Les Hommes préfèrent les Blondes. Un autre exemple tout aussi révélateur est le clip de Bad de Michael Jackson (bien que plusieurs des clips de l'artiste s'en soient également très inspirés), prenant comme modèle les séquences de danse des comédies musicales hollywoodiennes classiques, notamment les combats de danse stylisés du film West Side Story. Selon l'Internet Accuracy Project, c'est J.P "The Big Bopper" Richardson qui fut le premier à utiliser l'expression "clip vidéo", en 1959.
Un autre exemple est aussi celui de Tony Bennett, qui fut filmé marchant dans Hyde Park (le célèbre parc londonien). Le résultat donna naissance à la vidéo de Stranger In Paradise et fut diffusé sur les chaînes de télévision anglaises et américaines, dans des émissions telles que le Dick Clark's American Bandstand. Le plus vieux clip vidéo à utiliser des techniques proches des films abstraits est celui pour Dáme si do bytu ("Passons à l'appartement"), créé en 1958 et réalisé par Ladislav Rychman.
Dans les années 1960, une « monstrueuse nouvelle machine » — termes utilisés par le magazine Time en 1964 — appelée Scopitone, apparaît en France, puis conquiert le marché américain. C’est un juke-box comparable au Panoram. Il est équipé comme lui d’un écran et joue, moyennant finance, un court métrage musical. Mais, nouveauté sans précédent, ces petits films sont en couleur. L’utilisation d’un scopitone coûte cher au client : 5 francs, une coquette somme à l'époque où le juke-box comme le flipper ne coûtent que 20 centimes. Pendant les années 1960, de nombreux musiciens pop ont participé à cette mode. Le catalogue Scopitone compte 700 films, qui sont autant de clips.
Au début des années 1960, citons trois essais parmi les précurseurs de ce qu'allait être le clip vidéo moderne : des vidéos de performances live entièrement réalisées par le producteur de télévision canadien Manny Pittson pour l'émission Singalong Jubilee en 1961, le film expérimental Scorpio Rising de Kenneth Anger, sorti en 1964, et la vidéo de Go Now, une chanson de Bessie Banks plus tard popularisée par The Moody Blues, créée par Alex Murray, le producteur du groupe, la même année. Ce clip annonce à la fois les travaux de Bruce Gowers pour celui de Bohemian Rhapsody de Queen, mais aussi ce que les Beatles allaient faire pour les vidéos promotionnelles de leur double single Rain / Paperback Writer, sorties en 1966.
En 1964 sort le premier film des Beatles,A Hard Day's Night, réalisé par Richard Lester. Ce mockumentaire filmé en noir et blanc alterne dialogues, séquences comiques et séquences musicales. Les performances live des morceaux joués dans le film fournissent des points de départ idéaux pour un bon nombre de clips. Ce fut le modèle direct de la série télé américaine à succès The Monkees (1966-1968), mettant en scène un faux groupe de rock'n'roll également très proche des Beatles (même si ce faux groupe deviendra bientôt réel après sa création). Beaucoup de chansons des Monkees auront comme clips des extraits de la série TV.
Help !, le second film des Fab Four, sorti en 1965, est un projet plus important. Filmé en couleurs à Londres et autour du monde, il introduit également lors de sa séquence d'ouverture en noir et blanc, l'un des archétypes du clip de performance live moderne : coupes transversales (c'est-à-dire alterner une séquence avec une autre lors du montage), gros plans, angles de caméra inhabituels... Le groupe continue pendant toutes les années 1960 à créer des vidéos promotionnelles pour certains de leurs singles, comme Day Tripper / We Can Work It Out, en 1965. Ces vidéos passent dans toutes les émissions musicales en vogue, comme Hullabaloo ou Top of the Pops. Elles deviennent de plus plus sophistiquées, notamment quand le groupe arrête les tournées à la fin 1966, leur permettant de concrétiser toutes leurs envies musicales.
En mai 1966, les Beatles tournent deux séries de clips promotionnels en couleurs pour Rain / Paperback Writer, filmés par Michael Lindsay-Hogg , diffusés dans l'émission The Rolling Stones Rock and Roll Circus et le film Let It Be, leur dernière production cinématographique. Les clips de la double face A Strawberry Fields Forever / Penny Lane sont créés en 1967 et réalisés par Peter Goldman, emmenant le format de la vidéo promotionnelle à un niveau supérieur en y introduisant des techniques issues du cinéma underground et d'avant-garde : caméra renversée, slow motion, angles de caméra inhabituels et filtres de couleur ajoutés à la post-production. Fin 1967 sort le troisième film des Beatles, cette fois directement destiné à la télévision : Magical Mystery Tour, entièrement écrit et réalisé par le groupe et diffusé pour la première fois lors du Boxing Day 1967. Bien qu'il soit tièdement reçu à l'époque pour son manque de structure narrative, il est aujourd'hui reconnu comme l'accomplissement du travail des Beatles en tant que réalisateurs de clips.
En 1965, le clip en monochrome de D.A. Pennebaker pour Subterranean Homesick Blues de Bob Dylan invente un nouveau style de vidéo : la lyric video (voir chapitre "Les lyric videos" plus bas). Dans cette vidéo, le cinéaste filme Dylan marchant dans différents lieux et tenant des pancartes affichant les paroles de la chanson. Pink Floyd se met également à produire des vidéos promotionnelles pour certaines de leurs chansons, parmi lesquelles San Francisco : Film, réalisée par Anthony Stern, Scarecrow, Arnold Layne et Interstellar Overdrive (réalisée par Peter Whitehead, qui réalisera plusieurs clips pour les Rolling Stones à la fin des années 1960). Toujours en Angleterre, ce sont les Kinks qui ont l'idée d'ajouter un scénario dans les clips, idée appliquée dans le clip de leur single Dead End Street (1966) en créant un petit film comique, hélas refusé par la BBC considérant cette vidéo comme "de mauvais goût".
Les Who commencent eux aussi à créer des vidéos promotionnelles à partir de 1965 et de leur single I Can't Explain. Dans Happy Jack (1966), le groupe s'imagine en gang de voleurs. Dans Call Me Lightning, les Who racontent la façon dont leur batteur Keith Moon les aurait prétendument rejoint : Pete Townshend, Roger Daltrey et John Entwistle prennent le thé dans ce qui ressemble à un hangar abandonné quand soudainement, une "boîte sanglante" arrive, une séquence de type slapstick suit où Moon est présent en compagnie de ses trois camarades.
Nancy Sinatra et Roy Orbison se prêtent sont aussi à l'exercice : l'une pour These Boots Are Made For Walkin', l'autre pour plusieurs de ses tubes de l'époque, dont Walk On, son hit de 1968.
Dans les années 1960, les Rolling Stones créent aussi des vidéos promotionnelles. En 1966, Peter Whitehead réalise deux vidéos pour le single Have You Seen Your Mother, Baby, Standing In The Shadow ?. L'année suivante, il enchaîne avec We Love You, sorti pour la première fois en août 1967. Ce clip alterne des images du groupe en train d'enregistrer dans un studio et une parodie de procès faisant clairement allusion aux poursuites judiciaires subies par Mick Jagger et Keith Richards à l'époque (la faute à leurs addictions à la drogue). Richards joue le juge et Marianne Faithfull, la petite amie de Mick à l'époque, fait une apparition, Jagger apparemment nu, des chaînes enroulées aux chevilles étant visible. À la fin, la vidéo alterne images d'enregistrements studio du groupe et extraits de la version concert du clip de Have You Seen Your Mother, Baby.... Les Stones collaboreront aussi avec Michael Lindsay-Hogg, qui réalisera un clip pour 2000 Light Years From Home (tiré de l'album Their Satanic Majesties Request), un autre en couleurs pour Child Of The Moon et deux vidéos différentes pour Jumpin' Jack Flash. Ils travaillent aussi avec Jean-Luc Godard pour son film de 1968, One + One, qui mixe les avis politiques de Godard avec des images des sessions d'enregistrement de la fameuse chanson Sympathy For The Devil.
En 1972-73, David Bowie, bénéficiant de sa nouvelle notoriété à la suite du succès de son album The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars, collabore avec le photographe Mick Rock pour une série de films promotionnels. Quatre clips sont créés pour les singles suivants : John, I'm Only Dancing (mai 1972), The Jean Genie (novembre 1972), la nouvelle ressortie américaine de Space Oddity (décembre 1972) et la ressortie de Life On Mars ? (une version légèrement retravaillée depuis l'album Hunky Dory), en 1973. Le clip de John, I'm Only Dancing est filmé lors de la répétition d'un concert que Bowie devait donner au Rainbow Theatre le 19 août 1972, pour un budget de 200 $. Il montre le musicien et son groupe faisant des mimes, le tout entrecoupé avec des images des Astronettes (le groupe de danseurs engagé par Bowie) en train de pratiquer leur art sur scène et derrière un écran. Le clip est refusé par la BBC, jugeant les sous-entendus homosexuels présents dans le clip déplaisants, et Top of the Pops remplacera les plans des Astronettes par des images de motards et d'autres danseurs. La vidéo de The Jean Genie tournée en une journée est montée en 2 jours pour un budget de 350 $. Elle alterne entre des images d'un concert de Bowie, des passages dans un studio photo et d'autres passages tournés devant le Mars Hotel de San Francisco avec David et Cyrinda Foxe (employée de MainMan et proche amie de David et Angie Bowie), cette dernière posant de façon provocante dans la rue tandis que le musicien longe les murs et fume.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas aux États-Unis qu'est née la télévision musicale, mais en Australie, lieu de naissance de deus émissions ayant favorisé la naissance du clip vidéo moderne : Countdown et Sounds. En 1974, Graham Webb, disc-jockey, lance un programme TV musical orienté vers les adolescents, retransmis sur ATN-7, chaîne télévisée venant de Sydney, tous les samedis matin. Cette émission connue sous le nom de Sounds Unlimited est abrégée en Sounds en 1975. Ayant besoin de contenu pour l'émission, Webb demande à Russell Mulcahy, salarié de la newsroom d'ATN-7, de créer des vidéos pour accompagner les chansons populaires qui n'en possèdent pas (comme Everybody's Talkin' de Harry Nilsson). Avec cette méthode, les deux hommes ont pu créer en tout 25 clips pour l'émission. Encouragé par le succès de ses clips, Mulcahy quitte son travail pour devenir clippeur à plein temps, réalisant des vidéos pour de très populaires groupes australiens comme Stylus, Marcia Hines, Hush ou AC/DC. Ce qui attire l'attention de Ian "Molly" Meldrum et Michael Shrimpton, qui s'occupent de l'émission Countdown et qui décident donc de réaliser rapidement leurs propres clips vidéo, la pratique devenant de plus en plus courante dans le marketing musical. Malgré le budget minuscule de l'émission, le réalisateur Paul Drane a pu réaliser des vidéos mémorables, comme les clips de Jailbreak et It's a Long Way to the Top (If You Wanna Rock 'n' Roll). De son côté, Russell Mulcahy, installé en Angleterre à la fin des années 1970, continuant son travail de réalisateur est à l'origine de plusieurs succès, notamment Making Plans For Nigel (XTC) et Video Killed the Radio Star (The Buggles).
En 1975, Bruce Gowers est engagé par Queen pour créer un clip vidéo pour leur nouveau single Bohemian Rhapsody, qui doit passer dans Top of the Pops. Selon Paul Fowles, historien du rock, la chanson est souvent créditée comme "le premier single à succès pour lequel une vidéo accompagnant [le single] devient central dans la stratégie marketing". Selon Rolling Stone, cette vidéo aurait inventé le clip vidéo moderne, 7 ans avant MTV.
À partir de la fin des années 1970, la diffusion de clips vidéos à la télévision devient de plus en plus régulière, dans plusieurs pays. Les clips vidéos sont par exemple diffusés dans des émissions musicales hebdomadaires ou insérés dans diverses émissions. Aux États-Unis par exemple, sur les chaines terrestres hertziennes à la fin des années 1970, des clips vidéos sont parfois diffusés dans les émissions musicales : The Midnight Special, Don Kirshner’s Rock Concert, et occasionnellement dans certains talk-show. Le 1er novembre 1979, Jerry Crowe et Charles Henderson lancent Video Concert Hall, la première chaîne entièrement consacrée aux clips vidéos sur le câble américain, 3 ans avant MTV[23], le Billboard crédite le Video Concert Hall, en tant que premier programme musical entièrement consacré aux clips vidéos aux États-Unis. Citons aussi Night Flight de USA Cable Network, l'un des premiers programmes traitant ces clips comme une forme d'art.
En 1980, le clip de Ashes to Ashes de David Bowie devient le clip le plus cher jamais produit à l'époque, avec un budget de 582 000 $ (1 671 487 $ en 2016). Filmé en couleurs "solarisées" avec l'ajout de scènes d'un noir et blanc rigide, et tourné dans de multiples lieux, notamment un salon matelassé et un rivage instable, il deviendra l'une des clips les plus iconiques de tous les temps et sa nature plus complexe marquera un grand pas en avant dans l'évolution du clip vidéo.
La même année, Split Enz, groupe néo-zélandais, obtient un succès mondial avec son single I Got You et son album True Colours et décide, un peu plus tard, de produire un ensemble complet de clips pour chaque chanson (tous dirigés par Noel Crombie, le percussionniste du groupe) et de vendre le tout en format cassette vidéo. Cet essai est suivi un an plus tard par le premier album vidéo, The Completion Backward Principle, créé par The Tubes, groupe de rock originaire de San Francisco, réalisé par le claviériste du groupe, Michael Cotten, avec l'ajout de deux clips réalisés par Russell Mulcahy (ceux de Talk to Ya Later et de Don't Wait to Want Anymore). L'ex-Monkee Michael Nesmith commença également à produire de petits films musicaux pour le Saturday Night Live. En 1981, il sort Elephant Parts, réalisé par William Dear et le premier clip à gagner un Grammy.
L'avènement du clip à la télévision date de 1980 avec le titre Can you feel it des Jacksons. En 1981, la chaîne américaine MTV (Music Television) inaugure son antenne avec le classique et symbolique Video Killed the Radio Star des Buggles. MTV fait le pari de ne diffuser que des clips et le succès est au rendez-vous, inaugurant une ère de vidéos diffusées 24 heures sur 24 à la télévision. La chaîne influencera beaucoup d'émissions musicales à travers le monde et aussi la création d'autres chaînes musicales inspirées de son format. La chaîne va ensuite s'étendre sur tous les continents, principalement à partir des années 1990, avec des déclinaisons diffusées sur les abonnements tv par satellite ou par câble dans de nombreux pays.
Le principe est sensiblement le même que pour la publicité : les annonceurs sont les maisons de disques qui produisent les clips et, parfois, payent pour les diffuser. De plus, deux grandes innovations vont permettre au genre de pouvoir véritablement exploser : les équipements vidéo deviennent de plus en plus faciles à maîtriser et de moins en moins chers et les effets visuels pouvant être créés avec une bonne maîtrise de l'image se développent. La qualité croissante des caméras et l'apparition de caméras portables coïncident avec l'esprit do it yourself (faites-le vous-même) de l'ère new wave, permettant aux « clippeurs » de tourner des vidéos plus rapidement et facilement, avec un budget moindre.
Le développement du genre pousse les réalisateurs à privilégier le support film 35 mm et le phénomène commence à être parodié, par exemple avec une vidéo nommée Nice Video, Shame About The Song créée par la BBC pour son programme comique Not The Nine O'Clock News. À cette époque, les réalisateurs commencent à explorer et à étendre le genre et la forme que peut prendre un clip vidéo, usant d'effets plus sophistiqués, mixant les techniques propres à la vidéo et les techniques cinématographiques ou ajoutant un vrai scénario dans le clip. Certaine vidéos ne représentent pas du tout l'artiste, comme Atlantic City (Bruce Springsteen, vidéo réalisée par Arnold Levine), Under Pressure (Queen & David Bowie, vidéo réalisée par David Mallet), The Chauffeur (Duran Duran, vidéo réalisée par Ian Emes) ou encore Sign o' the Times (Prince, vidéo réalisée par Bill Konersman). Toutefois, l'un des buts des clips étant de promouvoir l'artiste, ce type de vidéoclip reste particulièrement rare. Les directeurs se mettent également à explorer des thèmes politiques et sociaux. David Bowie ouvre la voie encore une fois avec ses clips pour China Girl et Let's Dance (1983) qui explorent les questions raciales.
C'est en 1983 que le clip le plus connu à l'époque est révélé : Thriller de Michael Jackson. D'une durée inhabituelle de 14 minutes et tourné en 35 mm, il est réalisé par John Landis pour un budget inédit de près d'un million de dollars. Thriller va réellement faire émerger le vidéoclip, en ne se limitant plus à de la « chanson filmée », et en instaurant de nouveaux standards de production. Dès lors, l'image ne sert plus de faire-valoir à la musique, ces deux éléments se servent mutuellement. Une VHS du clip, incluant le making of (une première là encore), est par ailleurs commercialisé et remporte un grand succès.
Grâce au succès de Thriller, et aussi des clips de Billie Jean et Beat it sortis quelques mois plus tôt, Michael Jackson devient le premier artiste afro-américain à être autant diffusé sur MTV, ce qui favorisera la plus grande diffusion des artistes noirs sur la chaîne par la suite (cf. 3."Clips et artistes ayant marqué l'histoire").
L'un des groupes pionniers du genre, Duran Duran, propulse chacun de ses singles en tête des classements musicaux mondiaux grâce au clip. C'est l'avènement de la magie véhiculée par ces mini-films sophistiqués et stylisés, souvent très coûteux, qui sont notamment l'un des fers de lance de la Second British Invasion (Seconde Invasion Britannique) aux États-Unis (avec Billy Idol et Eurythmics entre autres), via la chaîne MTV. À la suite de ces pionniers, de nombreux artistes vont s’investir dans leurs clips, qui deviendront le passage obligé du lancement de tout album. On ne parle plus du dernier titre, mais du dernier clip, notamment pour certains artistes emblématiques comme Mylène Farmer ou encore Madonna, qui suivront l'exemple de Michael Jackson. Le 5 mars 1983 voit la naissance de Country Music Television (CMT), chaîne créée par Glenn D. Daniels émettant depuis Hendersonville, Tennessee. Citons également MuchMusic, lancée au Canada en 1984. La même année, MTV lance ses MTV Video Music Awards (abrégés en VMA's), une cérémonie annuelle récompensant les meilleures vidéos de l'année. La première cérémonie récompense les Beatles ainsi que David Bowie en leur qualité de pionniers du clip vidéo.
La chaîne influencera aussi beaucoup d'émissions musicales sur des autres chaînes tv dès le début des années 1980, par exemple sur les chaînes terrestres hertziennes américaines, l'émission de clips hebdomadaire Friday Night Videos sur le réseau NBC, lancée en 1983, ou encore l'émission MV3 lancée en 1982. La chaîne influencera aussi beaucoup d'émissions musicales à travers le monde, par exemple en 1986, la chaîne britannique Channel 4 lance The Chart Show, programme diffusant des clips sans interruption et sans présentateurs, avec des séquences de transition faites avec de l'animation par ordinateur, l'émission passera ensuite sur ITV en 1989.
MTV lance en 1985 une première chaîne-sœur, VH1, diffusant de la musique plus soft et s'adressant à un public plus âgé que celui de MTV. MTV ne s'arrête pas là, MTV Europe est lancée en 1987, MTV Asia en 1991 et MTV Latino en 1993. La chaîne va ainsi s'étendre sur tous les continents, principalement à partir des années 1990, avec des déclinaisons diffusées sur les abonnements TV par satellite ou par câble dans de nombreux pays.
En 1985, Money For Nothing de Dire Straits est la première vidéo à utiliser l'animation par ordinateur, propulsant la chanson en hit planétaire. De façon ironique, car la chanson est un commentaire désabusé sur le phénomène du clip. En 1986, Peter Gabriel fait appel à Nick Park et la société d'animation Aardman pour la réalisation du clip de sa chanson Sledgehammer, un grand succès qui remporte neuf VMA.
En 1988, le grand public peut découvrir le hip-hop grâce au lancement de l'émission Yo ! MTV Raps.
En juillet 1986 sort le clip de la chanson Libertine, de Mylène Farmer et Laurent Boutonnat sur 10 minutes ; sa suite en 1988, Pourvu qu'elles soient douces, aura une durée de plus de 17 minutes. Révolutionnant l'industrie musicale et visuelle en France par ces deux vidéos, Mylène Farmer continuera à promouvoir le clip à la fin des années 80, avec des titres comme Tristana, Sans contrefaçon ou encore Sans logique.
Le 3 avril 1991, le clip de Désenchantée fait impression sur le marché musical français. Cette chanson issue de l'album L'Autre…, sorti en 1991, de Mylène Farmer est un hymne « Farmérien » et celui de toute une génération. Réalisé dans une usine désaffectée proche de Budapest, le clip de plus de 10min, montre encore le talent de la chanteuse et de Laurent Boutonnat pour faire des films. En novembre 1992, MTV commence à citer les réalisateurs des clips avec le nom de l'artiste et de la chanson, prouvant que ce médium est définitivement une forme d'art et un moyen pour laisser s'exprimer des auteurs. C'est à partir de cette période que débutent les carrières de Chris Cunningham, Michel Gondry, Spike Jonze, Floria Sigismondi, Stéphane Sednaoui, Mark Romanek ou encore Hype Williams, qui injectent leur propre style et leur propre vision dans les clips qu'ils réalisent. Plusieurs de ces directeurs, comme Gondry, Jonze, Sigismondi ou encore F. Gary Gray, se lanceront plus tard dans le cinéma. Cette tendance des réalisateurs s'étant lancés dans le clip avant le cinéma se prolongera pendant plusieurs années avec des personnes comme Lasse Hallström ou encore David Fincher.
Deux vidéos dirigées par Mark Romanek en 1995 vont figurer parmi les trois vidéos les plus chères de l'histoire de la musique, encore indépassées à ce jour : Scream (Michael Jackson & Janet Jackson), qui a coûté 7 millions de dollars, et Bedtime Story (Madonna), qui en a coûté 5 millions. Comme célèbre réalisateur de cette période fin 90-début 2000, citons aussi Walter Stern, qui a réalisé quelques vidéos parmi les plus emblématiques : Firestarter (The Prodigy), Bitter Sweet Symphony (The Verve) et Teardrop (Massive Attack). MTV lance également plusieurs chaînes-sœurs pour faire découvrir à tous les publics les clips produits dans certains marchés musicaux. Sont donc créées MTV Latin America en 1993, MTV India en 1996 ou encore MTV Mandarin en 1997. En 1996, il y eut également MTV2, montrant des vidéos plus vieilles ou issues des marchés alternatifs. Le Billboard eut également ses propres Music Video Awards de 1991 à 2001.
À l'inverse, le clip Wannabe du groupe Spice Girls, qui est réalisé avec un petit budget, marque toute une génération, en devenant culte. En 2015, Billboard a inclus la vidéo de "Wannabe" dans sa liste des dix meilleures vidéos de groupe féminin les plus emblématiques de tous les temps[24].
La même année, VH1 a placé le second vidéoclip Say You'll Be There des Spice Girls, comme le 8e meilleur vidéoclip de l’histoire[25].
En 1997, le duo de musique électronique Daft Punk, signe un clip mémorable de son single Around The World, qui montre des robots en train de recréer visuellement la partition de cette chanson. Il est classé comme l'un des meilleurs de tous les temps.[réf. souhaitée]
En parallèle, le vidéoclip Spice Up Your Life du groupe Spice Girls, dont l’ésthétique futuriste post-apocalyptique inspiré du film Blade Runner, est nommé dans de nombreuses cérémonies pour les meilleurs effets visuels[26],[27], tout en remportant le prix de la meilleure vidéo lors des Edison Music Awards en 1998[28].
En 1998, l’esthétique futuriste en vert et noir du vidéoclip I Want You Back de Mel B featuring Missy Elliott, devient culte et marque les esprits[29],[30].
En 1999, le vidéoclip ...Baby One More Time de Britney Spears, dévoilant l'artiste dansant dans son lycée en tenue d'écolière, marque son époque et devient culte[31],[32],[33].
Le marché de la musique ayant beaucoup changé (le passage en radio lui aussi fait suite à des accords entre labels et radios), le clip ne s'est plus restreint à un seul médium, la télévision, et s'offre maintenant sur CD, DVD/Blu-Ray ou Internet. Des réalisateurs tels que Michel Gondry, Spike Jonze ou encore Chris Cunningham ont sorti une compilation de leurs clip en DVD/Blu-Ray. Son but principal restant toujours de faire la promotion de groupes. Les clips sont de plus en plus nombreux, et les festivals de courts-métrages en montrent de plus en plus.
C'est à la fin des années 1990 qu'Internet commence à distribuer des clips, d'abord avec le site iFilm (1997), premier site de partage de vidéos, puis avec Napster, service de partage de fichiers en peer-to-peer en service entre 1999 et 2001. Internet va également récupérer le créneau délaissé par MTV, qui abandonne la diffusion de clips pour privilégier les programmes de télé-réalité, qui deviennent de plus en plus populaires depuis The Real World, émission lancée en 1992.
Contrairement à ce que l'on pourrait craindre, le vidéoclip n'est sans doute pas mort : l'engouement du public pour le DVD/Blu-Ray musical (y compris pour des DVD/Blu-Ray consacrés à des réalisateurs de clips) en est la preuve. Le vidéoclip permet de compléter l'univers des musiciens, c'est aussi l'occasion de produire des images qui, dans un autre cadre, seraient jugées comme du cinéma expérimental. Même si le marché du clip et son mode de diffusion ont changé et n'ont sans doute pas fini de le faire, on peut prendre le pari que le genre n'a pas dit son dernier mot.
L'engouement sur Internet prend un essor important avec les sites de partage vidéo comme YouTube, Dailymotion, Facebook ou Vevo, permettant même aux petits groupes et auteurs de réaliser une promotion touchant rapidement un large public à peu de frais et jouant sur la viralité naturelle des réseaux sociaux. Ces sites permettent à tous de pouvoir créer leurs propres clips vidéo (leur nature non officielle leur donne le nom de fanmades), notamment pour les chansons d'un album n'ayant jamais eu de clip vidéo. Parmi les clips rendus célèbres grâce aux sites de partage de vidéos, citons trois clips du groupe OK Go (A Million Ways, Here It Goes Again et This Too Shall Pass, respectivement sortis en 2005, 2006 et 2010), Pork and Beans de Weezer (2008), qui fait apparaître 20 célébrités de YouTube ou Kings and Queens de Thirty Seconds to Mars (2009), qui fut nommé 4 fois aux MTV VMA 2010. Le vidéoclip Axel F du personnage virtuel Crazy Frog paru en 2005 et réalisé en animation 3D, a également obtenu beaucoup de succès.
Il est souvent dit que le premier groupe à avoir popularisé le clip vidéo est Queen, en 1975, lors de la sortie de Bohemian Rhapsody (issu de leur 4e album A Night at the Opera), avec un budget au-dessus de la moyenne de l'époque et des effets spéciaux novateurs.
Il faut néanmoins attendre 1983 et Thriller de Michael Jackson, réalisé par John Landis, pour que le clip change véritablement de statut. En effet, pour la première fois, le clip devient l'équivalent d'un court métrage artistique (avec un budget de près d'un million de dollars, une durée de 14 minutes) et sert à la promotion d'un album, ici Thriller, à l'échelle mondiale. Michael Jackson est à partir de ce moment considéré comme l'artiste qui a changé l'histoire du clip en prenant réellement conscience de l'impact que pourrait avoir ce format (avec une véritable mise en scène, une chorégraphie, des effets spéciaux) dans l'industrie musicale[1],[36]. De plus, le clip contribue au développement du marché des cassettes vidéo avec la sortie à succès en VHS du clip et de son making of (une première là encore). Deux autres clips issus de l'album Thriller, à savoir Billie Jean et Beat it, font également de Michael Jackson le premier artiste afro-américain à être autant diffusé sur MTV et favorisent la plus grande diffusion des artistes noirs sur la chaîne par la suite.
Michael Jackson n'aura ensuite de cesse d'innover tout au long de sa carrière dans le domaine du vidéoclip, faisant notamment appel à des réalisateurs et acteurs reconnus. Citons par exemple les clips de Bad - réalisé par Martin Scorcese - (1987), Black or White - réalisé une nouvelle fois par John Landis - (1991)[37], Remember the Time - réalisé par John Singleton avec entre autres Eddie Murphy et Iman - (1991), Scream - réalisé par Mark Romanek avec sa sœur Janet Jackson, il est le clip plus cher de l'histoire avec un budget de 7 millions de dollars - (1995), ou encore You Rock My World - avec notamment la participation de Chris Tucker et Marlon Brando - (2001)[38],[39],[40].
Viennent ensuite, toujours dans les années 1980, Owner of a Lonely Heart (Yes), Take on Me (A-ha), Sledgehammer (Peter Gabriel), Weapon of Choice (en) (Fatboy Slim), Money for Nothing (Dire Straits) ou bien Video Killed the Radio Star (The Buggles).
En 1992, Whitney Houston chante I Will Always Love You pour la bande originale du film Bodyguard, qui se vendra à plus de 20 millions d’exemplaires et fait de son clip une vidéo culte[41],[42].
En 1996, le clip Wannabe du groupe Spice Girls, qui est réalisé avec un petit budget, marque toute une génération, en devenant culte. En 2015, Billboard a inclus la vidéo de Wannabe dans sa liste des dix meilleures vidéos de groupe féminin les plus emblématiques de tous les temps[24]. La même année, VH1 a placé le second vidéoclip des Spice Girls, Say You'll Be There, comme le 8e meilleur vidéoclip de l’histoire[25].
En 1997, le duo de musique électronique Daft Punk, signe un clip mémorable de son single Around The World, qui montre des robots en train de recréer visuellement la partition de cette chanson. Il est classé comme l'un des meilleurs de tous les temps[43]. En parallèle, le vidéoclip Spice Up Your Life du groupe Spice Girls, dont l’ésthétique futuriste post-apocalyptique inspiré du film Blade Runner, est nommé dans de nombreuses cérémonies pour les meilleurs effets visuels[26],[27], tout en remportant le prix de la meilleure vidéo lors des Edison Music Awards en 1998[28].
En 1998, l’esthétique futuriste en vert et noir du vidéoclip I Want You Back de Mel B featuring Missy Elliott, devient culte et marque les esprits[29],[30],[44].
En 1999, le vidéoclip ...Baby One More Time de Britney Spears, dévoilant l'artiste dansant dans son lycée en tenue d'écolière, marque son époque et devient culte[31],[32],[33]. La même année, sortie du clip Heartbreaker de Mariah Carey, avec un budget de 3 millions de dollars, démontrant l'interprète dansant et chantant dans un cinéma[45]. Le clip vidéo No Scrubs du trio féminin TLC, réalisé par Hype Williams, est récompensé par le MTV Video Music Award de la meilleure vidéo d'un groupe et est considéré comme l'un des plus beaux clips de l'histoire de la musique[46],[47],[48].
En 2000, les clips One More Time, Aerodynamic, Digital Love et Harder, Better, Faster, Stronger du duo français Daft Punk, issus de son 2d album Discovery et du film Interstella 5555: The Story of the Secret Star System (2003), tous réalisés en animation 3d par Leiji Matsumoto, sont considérés comme des chefs-d’œuvre de la musique actuelle[49],[50].
En 2001, Kylie Minogue fait un retour triomphal via sa tenue blanche minimaliste dans le vidéoclip futuriste au succès planétaire Can't Get You Out of My Head, qui en fait une icône interplanetaire[51]. Le clip est considéré comme l’un des plus beaux clips de la décennie 2000[52],[53],[54].
Au même moment, Geri Halliwell signe elle aussi un retour planétaire grâce au titre It's Raining Men, pour la bande originale du film Le Journal de Bridget Jones, dont le vidéoclip s’inspire des films Fame et Flashdance[55]. Toujours en 2001, Victoria Beckham propose son 1er vidéoclip solo Not Such an Innocent Girl, dont l’esthétique futuriste en 3D avec des courses de motos volantes, devient culte et est considéré comme l'un des plus beaux de ces trois dernières décennies[56],[57],[58].
En 2002, le vidéoclip Shoot The Dog de George Michael, qui critique Tony Blair et George Bush et réalisé en animation, crée l'événement[59],[60].
En cette même année, les vidéoclips colorés et humoristiques Without Me du rappeur Eminem[61],[62], ainsi que Murder on the Dancefloor de Sophie Ellis-Bextor, marquent leurs époques et deviennent cultes pour toute une génération[63],[64].
En 2003, le duo danois Junior Senior est révélé au monde entier via à son 1er clip Moove Your Feet, qui est réalisé en animation 2D et qui comprend des personnages en pixels[65]. En parallèle, le single I Begin to Wonder de Dannii Minogue, devient culte de par son esthétique et est considéré comme l'un des plus beaux clips de la décennie 2000[66].
En 2004, Call on Me de Eric Prydz, a eu un succès commercial important, et a atteint le sommet de plusieurs hit-parades. Call on Me est principalement connu pour son clip dans lequel plusieurs femmes et un homme exécutent de la danse aérobique de façon sexuellement suggestive[67].
Le vidéoclip Axel F du personnage virtuel Crazy Frog paru en 2005 et réalisé en animation 3D, devient immédiatement culte et dépasse le milliard de vues sur Youtube[68]. Il fut par ailleurs le second vidéoclip de l'histoire à dépasser ce chiffre sur cette plateforme[69].
En 2006, le vidéoclip humoristique et coloré A Public Affair de Jessica Simpson, qui comprend quelques célébrités dont Christina Applegate, Christina Milian, Eva Longoria, Maria Menounos, Andy Dick et Ryan Seacrest, devient immédiatement culte[70].
En 2010, le vidéoclip de la musique Baby de Justin Bieber ft Ludacris dépasse les 2 milliards de vues sur Youtube[71].
En 2012, le chanteur sud-coréen PSY est le premier artiste dans l'histoire du clip vidéo à dépasser les trois milliards de vues sur YouTube pour son clip Gangnam Style[72].
En 2013, Le vidéoclip Almost Home de Mariah Carey, extrait de la bande originale du film Le Monde fantastique d'Oz, obtient un World Music Awards pour la meilleure vidéo de l'année[73].
La même année, le vidéoclip For Once In My Life de Mel B, qui révèle l'artiste en train de danser et de s'embrasser soi-même, tout en faisant un strip-tease dans le décor de la série Desperate Housewives, marque les esprits.
C’est en partie grâce au succès du clip Happy paru en 2014, et extrait du film d’animation Moi, moche et méchant 2, dévoilant une danse de rue, que Pharrell Williams obtient la plus grosse vente de singles de l’année et remporte un Grammy Award pour la meilleure vidéo de l’année[74].
En parallèle, la chanteuse australienne Sia dépasse le milliard de vues avec son clip Chandelier, dont la prestation choregraphique est acclamée par la critique, devenant la 13e vidéo la plus vues de tous les temps sur Youtube[75],[76],[77],[78].
En 2015, le vidéoclip If I Don't Have You de Tamar Braxton à l’esthétique classieuse des années 1920, qui raconte l’histoire d’une prostituée dans un hôtel, est acclamé par la critique et permet à l’interprète d’être nommée aux Grammy Awards[2],[3],[4].
Certains clips ont même eu leurs pastiches. Microsoft a repris Weapon of Choice pour en faire un clip de promotion à usage interne, Windows of Choice. "Weird Al" Yankovic s'est fait d'ailleurs connaître par ses divers pastiches de clips célèbres, notamment ceux de Michael Jackson.
Pour la France, impossible de ne pas citer Mylène Farmer, avec des clips considérés comme de véritables courts-métrages (Libertine, Pourvu qu'elles soient douces) ou encore Daft Punk (Around The World).
Première approche, en 1965, Bob Dylan sort une vidéo promotionnelle de son titre Subterranean Homesick Blues dans laquelle il se met en scène tenant un paquet de pancartes qu'il fait défiler au rythme de la chanson, mettant des morceaux de paroles en avant.
En 1987, Prince sort le clip de sa chanson Sign o' the Times. Créé par Bill Konersman, il n'a pour visuel que quelques formes géométriques abstraites et l'utilisation des paroles de son single[79],[80]. Quelques années plus tard, en 1990, George Michael sort son clip de Praying for Time. Il refuse à l'époque de faire un clip traditionnel et contraint son label à sortir un simple clip affichant les paroles de la chanson sur un fond noir[81].
La lyric video, vidéo avec paroles, est devenue avec le temps un moyen pour les maisons de disques de tester la popularité d'un titre à moindre frais. Le coût d'une lyric vidéo et d'un clip traditionnel n'étant pas le même, les producteurs peuvent par ce biais avoir une idée de l'impact que peut avoir un titre, c'est pourquoi il n'est pas rare de voir la sortie d'une lyric video suivie quelques mois plus tard par celle d'un clip officiel[82].
Ce type de clip vidéo a aussi l'avantage de pouvoir être sorti plus rapidement et d'engendrer encore plus de vues sur l'internet pour un même produit. Ainsi, en 2010, Katy Perry sort quelques jours avant son clip officiel de Firework, une lyric video simple reprenant sur un enchaînement de photos issues de son futur clip, les paroles affichées sans aucun jeu de typographie[réf. nécessaire].
La lyric video connaît de plus en plus d'exemples où le travail de la typographie et la mise en scène complète est aussi recherchée que pour un clip vidéo traditionnel, faisant de ce type de vidéo, un clip à part entière. De nombreux artistes comme P!nk, Katy Perry, ou Muse, ont pris l'habitude de sortir une lyrics video avant de présenter leur clip officiel.
Comme le clip vidéo est une forme d'expression artistique et sert à faire passer énormément de messages plus ou moins profonds/explicites, il arrive souvent à certains artistes de se faire censurer pour un contenu jugé offensant selon les lois d'un pays, lois pouvant changer selon le pays. Depuis les années 1980 et l'explosion du clip vidéo, plusieurs clips ont été soumis à la censure.
Le 1er août 1981 est le jour de lancement de MTV. Directement orientée aux adolescents, la chaîne a comme ambition de promouvoir des tendances sociétales à travers leurs contenus, en aidant le public à identifier les rôles masculins et féminins. Dans les années 1980, les stéréotypes de genre étaient identifiés simplement : la femme est toujours dans l'émotion, soumise à l'homme et doit s'occuper de la maison, tandis que l'homme est le chef de maison, est viril et agressif et a toujours les postes professionnels les plus élevés. Ce qui étonna l'audience, en plus de l'unification des visuels et de la musique. Les figures-clés du MTV des années 1980 étaient The Rolling Stones, AC/DC, Michael Jackson et les Guns N' Roses.
De manière générale, les clips des années 1980 dépeignent énormément les femmes en tant qu'objets sexuels. Selon les stéréotypes de l'époque, les femmes sont attractives et soumises à l'homme. Et même si leurs talents sont reconnus, elles n'arrivent jamais à surpasser le mâle - les clips de Sink the Pink et de Rock n'Roll d'AC/DC en sont de parfaits exemples. Dans une étude menée en 1987, trente heures de programmes ont été analysées et les conclusions suivantes ont été faites : 57 % des clips affichent clairement les « rôles » féminins, 17 % montrent les talents des femmes, même si leur rôle sexuel est plus mis en avant, 14 % n'usent pas des stéréotypes traditionnels et seulement 12 % reconnaissent que les femmes sont indépendantes. Et plus de 50 % des vidéos présentent les femmes habillées de façon séduisante.
Le premier clip à être banni de MTV fut le tube de Queen Body Language (1982), la raison étant les sous-entendus homosexuels présents dans la vidéo ainsi que la présence de peaux nues et de sueur (bien que les musiciens, eux, apparaissent habillés), ce qui fut jugé inapproprié pour le public de la chaîne. La vidéo de Physical d'Olivia Newton-John (1981) fut également bannie pour la présence de mannequins masculins uniquement vêtus de bikinis et repoussant les avances de la chanteuse. Elle finit finalement par les suivre jusqu'à leurs quartiers privés et le clip est coupé par la chaîne avant la fin ouvertement homosexuelle, une fois encore. La BBC refusa de diffuser le clip de Girls On Film de Duran Duran, car ce clip dépeignait des combats de femmes nues dans la boue et autres fétichismes sexuels. MTV ne diffusa le clip qu'après présentation d'une version censurée.
Laura Branigan refusa de censurer la vidéo de Self Control (1984) mais la menace de bannissement la fit changer d'avis. Il faut dire que le clip, réalisé par William Friedkin, pouvait choquer les mentalités de l'époque : la chanteuse se retrouvait attirée à travers une ambiance de débauche montante et extrêmement stylisée, avec l'apparition (dans une série de boîtes de nuit) d'un homme masqué qui finit par l'emmener au lit. En 1989, If I Could Turn Back Time de Cher, montrant la susnommée en train de chanter dans un maillot de corps très « révélateur » et entourée d'un régiment complet de marins aux anges) fut limité aux programmes nocturnes de MTV. Le clip de God Save the Queen fut banni par la BBC pour avoir traité le Royaume-Uni de régime fasciste. Celui de Girls, Girls, Girls de Mötley Crüe (1987) le fut aussi à cause de la présence de femmes complètement nues dansant autour des membres du groupe dans un strip club. Le groupe dut refaire une autre version du clip pour qu'MTV accepte de le diffuser.
En 1983, Entertainment Tonight consacra un segment de sa programmation à la censure et à la violence dans les vidéos rock. Des extraits de clips de Michael Jackson, Duran Duran, Golden Earring, Kiss, Kansas, Billy Idol, Def Leppard, Pat Benatar et des Rolling Stones furent analysés et une partie de l'opinion publique accusa le business des clips rock de violence excessive. Des musiciens (John Cougar Mellencamp, Gene Simmons, Paul Stanley) et des réalisateurs (Dominic Orlando, Julian Temple), en réponse à ces accusations, défendirent leur travail. D'ailleurs, il n'est pas rare à cette époque que des groupes utilisent le parfum de scandale et la censure pour promouvoir certains de leurs singles, comme pour Girls On Film (Duran Duran) ou Relax (Frankie Goes to Hollywood).
Dans les nineties, la musique devint une part très importante de l'évolution culturelle du public. Les sons à la mode devenaient plus noirs et provocants (R&B, hip-hop et musique alternative) et les clips les plus populaires viennent d'artistes comme Nirvana, Notorious B.I.G, Aaliyah, Weezer ou encore Radiohead. Mais tandis que les artistes et genres plus populaires changeaient, leurs représentations visuelles et les messages délivrés au public demeuraient toujours les mêmes. Non pas que les clips créés par, pour prendre un exemple, les artistes cités plus haut soient tous des clips mettant en scène des stéréotypes de genre (des clips comme Heart-Shaped Box ou No Surprises n'en contenant aucun, par exemple) mais pas mal d'autres groupes y recouraient toujours. Plusieurs études furent menées et les chiffres suivants en furent tirés : 44,7 % des clips diffusés échouent à proposer un vrai rôle central féminin et 31,7 % les dépeignent de façon conventionnelle (à savoir soit des objets, soit des personnes promptes à échauffer les sens des hommes). Il est aussi vu que, alors que les hommes sont répartis de façon égale dans les 7 portraits-clés du clip vidéo (artiste, poseur, comique, acteur, super-humain, danseur ou chauffeur de salle), les femmes sont très souvent des danseuses ou des chauffeuses de salle.
En 1991, le segment de danse du clip de Black and White de Michael Jackson fut coupé car Jackson peut être vu en train de se toucher de façon « inappropriée ». Sa vidéo la plus controversée, celle de They Don't Care About Us fut bannie de MTV, VH1 et de la BBC à cause de prétendus messages antisémites et de visuels venant de la Prison Version de la chanson. Madonna, alors en pleine explosion à cette époque, fut l'artiste la plus associée à la censure dans les clips, avec des controverses débutant à partir du clip de Lucky Star et se poursuivant avec Like A Virgin, Papa Don't Preach (celui-là faisant référence au sujet de la grossesse adolescente) ou encore Like A Prayer (très critiqué pour son usage d'imageries religieuses, sexuelles et raciales). Le point culminant fut atteint en 1990 avec le clip de Justify My Love, banni de MTV pour ses représentations du sadomasochisme, de l'homosexualité, du travestissement et de la sexualité de groupe.
En 1992, le clip d'Ebenezer Goode (The Shamen) fut banni par la BBC, qui jugeait que ce clip dispersait des messages subliminaux faisant la promotion de l'ecstasy. En 1997, celui de Smack My Bitch Up (The Prodigy) fut victime du même sort pour ses représentations de la nudité et de la prise de drogues. D'ailleurs, ce n'était pas la première fois que le trio techno-punk anglais dut faire face à la censure : le clip de leur célèbre chanson Firestarter fut interdit par la BBC à cause de ses références aux incendies volontaires. Comme autres clips interdits, citons The Gift d'INXS (1993) pour son usage d'images de l'Holocauste et de la Guerre du Golfe, ainsi que Prison Sex de Tool (1994) pour ses références, à la fois dans la vidéo et les paroles, à l'abus sur mineur.
En 1999, le clip de Je te rends ton amour, de la chanteuse Mylène Farmer crée polémiques et censure en France et en Europe. Réalisé par François Hanss, qui était l'assistant réalisateur de Laurent Boutonnat, le clip de la chanson est un mélange de religion, de sexualité et de satanisme. Pour exemple, un des plans du clip n'est pas sans rappeler le tableau Le Christ sur la croix de Vélasquez. L'inscription « Demonas Perpetuum » que l'on voit dans le clip vidéo est également issu d'un ouvrage "problématique" Clavicula Salomonis. Dans ce clip, la chanteuse revêtue d'une robe signée Olivier Theyskens, parcourt une abbaye en compagnie du "diable". Les plans suivants nous montrent la chanteuse pervertie par cette entité et devenue son objet de luxure et de religion. Le plan de fin montrant la chanteuse nue dans un mare de sang et crucifiée marque la délimitation et la transformation de cette dernière.
Pour rappel, la chanteuse apostrophe le peintre Egon Schiele dans sa chanson, les plans rappelant certaines peintures de ce dernier, notamment ses nus de femme.
À sa sortie en juin 1999, l'ensemble des chaînes décide de censurer sa version intégrale, à cause de scènes estimées choquantes et blasphématoires envers l'Église catholique. Durant la journée, seule une version courte de deux minutes est diffusée : les scènes de nu et de crucifixion ne sont pas montrée. Refusant de modifier son clip, Mylène Farmer décide de sortir la version intégrale en VHS dans les kiosques. Cette version intégrale, accompagnée d'un livret reprenant des parties du scénario, se vendra à plus de 70 000 exemplaires au profit du Sidaction. En plein période de pandémie du sida, la chanteuse frappe fort et envoie un message clair aux médias.
À cette époque, la musique est pleinement intégrée dans la vie culturelle des gens, bien que peu de nouveaux genres furent créés en dehors de la musique indépendante et de la musique électronique. Citons tout de même la Teen Pop, qui avait déjà eu une grande influence dans les années 1990 avec des artistes comme Britney Spears, NSYNC ou les Backstreet Boys, ou le R&B contemporain avec des artistes comme Usher. Selon une étude menée en 2008 par Jacob Turner a conclu que les genres musicaux plus « réservés » aux Afro-Américains (hip-hop, R&B) possédaient les contenus les plus sexuels dans leurs clips, contrairement aux genres plus « réservés » aux Blancs (country, rock). 73 % des clips de l'époque possèdent un contenu se révélant sexuel de n'importe quelle façon que ce soit, 90,09 % des clips hip-hop et R&B en possèdent et ce, de façon explicite. Si les analyses se limitent aux clips strictement hip-hop, le nombre tombe à 79,7 % et à 76,9 % pour les clips strictement R&B. À titre de comparaison, les vidéos rock possèdent un contenu sexuel dans 40 % des cas et les vidéos country en possèdent dans 37 % des cas. Ces analyses prouvent aussi que dans les clips, les personnages afro-américains s'habillent plus de façon provocante que les personnages blancs et que les Afro-Américains n'étaient plus sous-représentés dans les clips, l'étude de Turner émettant l'hypothèse des contenus sexuels très présents dans les vidéos où ils apparaissent.
En 2000, la vidéo de Rock DJ (Robbie Williams) fut l'objet de controverses dues à sa nature très graphique : on y voit Williams se déshabiller entièrement puis retirer littéralement sa peau, révélant de la chair sanglante, avant de déchirer ses muscles et organes jusqu'à ne plus être qu'un squelette imbibé de sang. Le clip fut censuré sur les chaînes anglaises durant la journée et ne sera diffusé dans sa version originelle qu'à partir de 22 heures. Elle fut interdite de diffusion en République Dominicaine, à la suite d'accusations de satanisme. En 2001, ce fut au tour de Björk d'affronter la censure ; ses deux singles successifs, Pagan Poetry et Cocoon, furent bannis de MTV : le premier pour ses représentations de rapports sexuels, de fellations et de piercings et le second car il présente la chanteuse apparemment entièrement nue (il s'avère qu'en fait, elle était vêtue d'un maillot de corps équipé d'une ficelle rouge). En 2002, le clip de All the Things She Said du duo russe t.A.T.u. est à son tour pris dans le tourbillon de la controverse : montrant Lena Katina et Yulia Volkova enlacées et s'embrassant, elle fut l'objet de campagnes pour pousser au bannissement de la vidéo, notamment celle menée par Richard et Judy, présentateurs télé anglais, qui affirmèrent que ce clip flattait les bas instincts des pédophiles avec ce baiser ainsi qu'avec l'usage des uniformes d'école pour les jeunes filles. La campagne échoua et, capitalisant sur la controverse, le fameux baiser fut chorégraphié à chaque fois que t.A.T.u interprétait la chanson. Plusieurs émissions, comme Top of the Pops et The Tonight Show with Jay Leno, censurèrent le passage incriminé. En réponse, les deux musiciennes apparurent durant une tournée promotionnelle avec des t-shirts avec l'inscription « censuré » écrite dessus.
En 2004, le clip de This Love (Maroon 5) devint controversé en raison de scènes intimes entre le chanteur Adam Levine et sa petite amie de l'époque. Ces scènes étant prises sous des angles stratégiques, une version censurée fut diffusée avec des fleurs animées par ordinateur cachant ce qui pouvait choquer. Le clip de (s)AINT (Marilyn Manson) fut aussi interdit, cette fois par le label de l'artiste, à cause de ses contenus violents et sexuels. En 2005, Just Lose It (Eminem) fut banni de la chaîne BET, en raison des références au procès de la même année « People v. Jackson » (où Michael Jackson fut jugé pour comportement inapproprié sur mineur), mais aussi aux opérations de chirurgie esthétique de l'artiste et à l'incident Pepsi (durant le tournage d'une pub Pepsi, ses cheveux prirent feu). Jackson lui-même trouva la vidéo « inappropriée et irrespectueuse envers moi, mes enfants, ma famille et la communauté dans l'ensemble ». Toujours en 2004-2005, les autorités égyptiennes bannirent des antennes du pays vingt clips jugés contraires aux valeurs morales de la religion musulmane et aux États-Unis, des associations familiales et des politiciens menèrent une campagne de lobbying pour obtenir le bannissement de la vidéo de Call On Me (Eric Prydz), mais cela échoua. En 2005, la chanteuse Jessica Simpson crée la controverse, en lavant une voiture en bikini, dans son clip These Boots Are Made for Walkin'[83],[84]. En 2008, des accusations de racisme et de violence furent portées contre le duo français Justice, à la suite de la sortie de leur vidéo pour Stress, montrant des jeunes en train de commettre des crimes dans les rues de Paris, jeunes étant principalement d'origine nord-africaine. Et la musique country n'est pas immunisée contre la censure : I Melt (Rascal Flatts) en est un bon exemple.
Quelques cas de clips concernés par la censure : Hurricane de Thirty Seconds to Mars, qui dut être édité dans une version censurée, ou encore Ride (2010) de Ciara. Telephone (ft. Beyoncé) et Alejandro (2010) de Lady Gaga ont également connu des restrictions. Alejandro a été partiellement interdit par le CSA en France pour "contenu blasphématoire, sexuel et violent". Il ne pouvait plus être diffusé en journée et nécessitait une signalétique (-12) après 22h. Telephone était diffusé dans une version courte et censuré en journée puis diffusé en version non-censuré après 22h.
S&M de Rihanna, sorti fin janvier 2011, montrant la chanteuse en train de simuler des rapports sexuels avec une poupée à taille humaine, habillée avec une combinaison pour bondage et accomplissant diverses « activités » de type BDSM, fut bannie dans onze pays et interdite aux moins de 18 ans sur YouTube. En France, il avait été interdit de diffusion avant 22 h par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui jugeait la vidéo « trop sexuelle » pour être diffusé en journée.
Mais les contenus sexuels ne se limitent plus à l'hétérosexualité, n'hésitant plus à mettre plus en valeur les couples LGBT - Same Love de Macklemore & Ryan Lewis en est un parfait exemple. Le clip Everyday (2017) d'Ariana Grande, fut loué par les critiques musicaux pour sa représentation positive du sexe (la vidéo montre des couples de tous genres et d'orientations sexuelles différentes commençant à faire l'amour dans des endroits variés) et l'introduction d'orientations sexuelles multiples. Le clip ne fut pas censuré par le CSA, le clip n'avait pas eu de signalétique d'avertissement et était diffusé en journée, excepté la chaîne CStar qui le diffusait en journée mais avec une signalétique (-10).
En 2016, la chaîne W9 crée la polémique en censurant la phrase « Justice pour Adama » présente dans le clip Je suis chez Moi de Black M. [85]
Vers la fin de la décennie, de nombreux clips montrant des rodéos urbains ou des gestes dites vulgaires (comme les doigts d'honneur) sont censurés, en floutant ou pixelisant la scène en question[86]. Certains gros mots sont mêmes retirés ou remplacés par un bip.
En Belgique, la diffusion de clips vidéos devient de plus en plus régulière à partir de la fin des années 1970.
Les chaines TV publiques belges : RTBF1 (La Une) et BRT (VRT), diffusaient plusieurs émissions musicales, dont certaines contenaient des clips vidéos.
La Belgique étant un pays où la télévision par câble est devenue le moyen principal de réception TV à partir des années 1970 et 1980, la diffusion de clips vidéos en Belgique sera ensuite principalement sur des chaines du câble belge, sur la « télédistribution ».
La chaine TV privée luxembourgeoise RTL Télévision (Télé Luxembourg) diffusée sur le câble en Belgique, proposait plusieurs émissions musicales innovantes diffusant des clips vidéos, principalement à partir de la deuxième moitié des années 1970. RTL Télévision fut en effet la première télévision en Europe à fabriquer et diffuser des clips musicaux de nombreux artistes, certains clips seront même parfois repris par d'autres chaines appartenant à des autres groupes tv. Parmi les émissions diffusant des clips vidéos sur RTL Télévision dans les années 1970 et 1980, il y avait notamment : Hit-Parade et Super Juke-Box animées par André Torrent, Fréquence JLB contenant le "Hit des Clubs", présentée par Jean-Luc Bertrand, Chewing Rock présentée par Georges Lang et l'émission Clip Connection.
Il y avait aussi des chaines tv publiques d'autres pays européens sur la télédistribution, ce qui permettait de voir aussi des émissions de clips comme : Top of the Pops sur la BBC, l’émission néerlandaise TopPop, ainsi que les émissions françaises : Studio3 sur TF1, Platine 45 et Les Enfants du Rock sur Antenne 2.
À partir des années 1990, inspiré de la chaine musicale américaine MTV, plusieurs chaines thématiques musicales font leurs apparitions en Europe. La diffusion de clips vidéos sera alors de plus en plus centralisée sur des chaines thématiques musicales, dont MTV Europe, la déclinaison européenne de MTV.
Dans les années 1990, les chaines musicales diffusées sur la télédistribution belge sont :
Ce seront les chaines musicales principales en Belgique jusqu’à la fin des années 2000.
En France, la diffusion de clips vidéos à la télévision devient de plus en plus régulière à partir de la fin des années 1970, avec des émissions TV hebdomadaires diffusant des clips vidéos qui commencent à émerger, comme l'émission Studio 3 sur TF1[87]. Et dès 1982, une émission allait compléter cette clipmania : c'est Platine 45, positionnée sur un format d'une demi-heure, diffusée les mercredis après-midi à 17 h 30 sur Antenne 2 (ancien nom de France 2), l’émission était présentée par Jacky et produite par Pat Le Guen[88]. Il y aura aussi d'autres émissions comme Jackpot sur TF1 le mercredi, animée par Plastic Bertrand, ou encore Clip Jockey le jeudi, seulement emmenée par une voix féminine.
Pour nourrir les programmes dits « jeunes », une autre émission culte va incarner cette époque : Les Enfants du rock, diffusée sur Antenne 2. Conçue comme un agrégat de mini-programmes, elle y a accueilli des plumes confirmées mais aussi de futures pointures du milieu rock et audiovisuel, on y voyait par exemple évoluer Philippe Manœuvre aux commandes (avec Jean-Pierre Dionnet) de Sex Machine, un mélange de clips et de séquences humoristiques et coquines (où apparurent par exemple Pauline Lafont et Sophie Favier). Bernard Lenoir y animait Rockline, sur la pop et la new wave anglaise et Antoine de Caunes y œuvrait sur Houba Houba, consacré entre autres au rock.
Sur TF1, Alain Maneval livrait Megahertz, bientôt complétée par 22, vl'a l'rock ! de Jean-Bernard Hebey. Sur FR3 (futur France 3), Vincent Lamy proposait L'Écho des Bananes. Ces émissions étaient plutôt conçues comme des généralistes de rock, sur des formats allant au-delà d'une heure, et diffusés tard le soir. Les clips étaient leur matière première et leur programme pivot.
En 1984, l'émission Top 50 est lancée, elle est diffusée sur Canal+ en clair. L'émission diffusait les clips vidéos en se basant sur le classement officiel de ventes de disques Top 50. L'émission était diffusée tous les jours du lundi au vendredi et les samedis, ce qui permettait alors de voir des clips à la télévision de façon quotidienne, et plus uniquement de façon hebdomadaire.
Enfin, le clip servait aussi de programme intercalé entre ou dans des émissions grand public, voire comblant les trous des grilles quotidiennes des chaînes : Jacques Martin en montrait quelques-uns le dimanche matin dans son émission sur l'actualité culturelle. Michel Denisot plaçait quelques clips le dimanche sur TF1, entre deux représentations sportives. Michel Drucker proposait aussi, au sein de Champs-Élysées le samedi soir, le clip exclusif de la semaine. On voulait du clip de partout, tout le temps, sans interruption. Antenne 2 terminait par exemple dès le printemps 1984 chaque journée par Bonsoir les clips : des clips mis bout à bout, sans présentateur ni transition explicative, avant la mise en place de la mire de nuit. Au niveau local, les 2 chaines privées reçues localement : TMC dans le sud-est et RTL Télévision dans le nord-est, diffusaient plusieurs émissions de clips, TMC rediffusait par exemple hors de ses plages horaires propres, les programmes de Sky Channel (concurrente anglaise de MTV) sur les clips musicaux dont le fameux UK Top 100 des meilleures ventes de disques et RTL Télévision diffusait des émissions musicales innovantes de clips vidéos.
De la surdose précédente des clips diffusés de partout, est née une situation diamétralement opposée, et inédite. Les maisons de disques demandèrent en effet dès 1985 aux chaînes de télévision de payer pour la diffusion des clips de leurs artistes, considérés comme œuvre d'art à part entière. Dans un premier temps, les chaînes françaises ne plièrent pas devant ce diktat osé, et le clip disparut peu à peu des écrans télévisés pour devenir une rareté, seulement montré par de courts extraits, ou remplacé par des tournages de concert. Après presque une année de blocus et la disparition quasi totale des émissions de la période faste, une forme d'accord fut établi. Il consista en un compromis, avec gratuité de diffusion pour les clips de moins d'un an d'ancienneté, c'est-à-dire pour les nouveautés.
Le clip est devenu alors encore davantage un produit de pure promotion et de marketing, montré au lancement d'un disque. D'autres émissions télévisées prirent cependant le relais dès 1986 : Rock Report sur Antenne 2 (85-86), puis Rapido sur TF1 (à partir de 86) toutes deux animées par Antoine de Caunes, davantage basées sur l'actualité musicale. Elles intégraient des clips mais aussi désormais des reportages, interviews, sujets de société, etc.
La deuxième moitié des années 1980, fut aussi la période en France, cinq ans après la création de MTV aux États-Unis, des premières expériences de lancement de chaines « 100 % clips » ou presque : avec TV6 lancée en 1986 (remplacée par M6 en 1987), suivi en 1989 du nouveau programme musical de la chaine TMC reçue localement dans le sud-est de la France, fait de longues plages horaires musicales « Monte-Carlo Musique » (MCM Euromusique). A cette période, Les Enfants du Rock renaissaient aussi sur Antenne 2, avec Patrice Blanc-Francard à la production. Plus calme, cette version a proposé surtout des documentaires et portraits d'artistes, avec quelques clips nouveautés.
À partir des années 1990, inspiré de MTV et de son principe de chaine musicale, dans les pays où la télévision terrestre hertzienne était le moyen dominant de réception TV comme en France, deux cas se présentaient généralement :
Dans les années 1990, parmi les chaines nationales françaises, c'était donc la chaine M6 qui avait une thématique à dominante musicale (30% de programmes musicaux par sa convention CSA) et qui diffusait beaucoup de clips vidéos, avec des émissions comme Boulevard des clips, Multitop (qui deviendra ensuite le Hit Machine)[89],[90].
Par ailleurs, à partir des années 1990, les abonnements TV payants par satellite (Canalsatellite, TPS) proposeront plusieurs chaines musicales 100% clips comme : MCM, MTV (Europe) et M6Music.
Dans les années 2000, la TNT a permis de diffuser beaucoup plus de chaines sur le réseau terrestre, ce qui a permis de diffuser des nouvelles chaines nationales à thématique musicale comme la chaine W9 et la chaine Europe2TV (devenant ensuite Virgin 17).
En Italie, la diffusion de clips vidéos à la télévision devient de plus en plus régulière à partir de la fin des années 1970 et du début des années 1980, avec des émissions tv diffusant des clips vidéos comme l’émission « DeeJay Television » d'abord sur Canale 5 puis sur Italia 1[91].
En Italie, le mode de réception tv dominant était la télévision terrestre hertzienne. Inspiré de MTV et de son principe de chaine musicale, dans les pays où la télévision terrestre hertzienne était le moyen dominant de réception TV, deux cas se présentaient généralement :
Dans le milieu des années 1980, la chaine hertzienne italienne à thématique dominante musicale Videomusic est lancée, elle se nommera ensuite TMC 2 dans les années 1990.
Par ailleurs, à partir des années 1990, les abonnements TV payants par satellite (Telepiù Satellite) proposeront des chaines musicales 100% clips comme MTV (Europe).
A coté de cela, le réseau de chaines locales par syndication "Rete A", commence à diffuser de 1997 à 2001 la chaine MTV Italia une grande partie des journées. MTV Italia deviendra officiellement une chaine nationale en 2001, en remplaçant la chaine TMC 2 et ensuite en étant sur la TNT italienne lancée en 2003.
Dans les années 2000, la TNT italienne est lancée, des chaines nationales à thématique musicale sont diffusées comme MTV Italia et All Music (devenant ensuite Deejay TV)[92].
Au Royaume-Uni, la diffusion de clips vidéos à la télévision devient de plus en plus régulière à partir de la fin des années 1970 en étant intégrée dans l'émission musicale hebdomadaire Top of the Pops sur la BBC. À partir des années 1980, une autre émission TV diffusant des clips vidéos est lancée, c'est l'émission The Chart Show, diffusée sur Channel 4 puis sur ITV, l'émission deviendra ensuite en 1998 : CD:UK (Count Down:United Kingdom).
Ces émissions TV seront les émissions principales diffusant des clips vidéos au Royaume-Uni jusqu'au début des années 2000, le Royaume-Uni étant un pays où le mode dominant de réception TV était par voie terrestre hertzienne[93].
Par ailleurs, à partir des années 1990, les abonnements TV payants par satellite (Sky) proposeront des chaines musicales 100% clips comme : MTV (Europe) et VH1.
Dans les années 2000, la TNT britannique (DTT freeview), permettra la diffusion de nouvelles chaines nationales à thématique musicale comme la chaine The Hits (devenant ensuite 4Music).
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