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Javanshir

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Javanshir
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Javanshir (aussi écrit Jevanshir, Juansher ou Dzhavanshir, en géorgien Djouansher) est un prince mihranide d’Albanie du Caucase, qui règne sur la principauté de 637 à 669. Il est le fils et successeur de Varaz Grigor (r. 628-637).

Faits en bref Naissance, Décès ...

Au cours de son règne, Javanshir change à trois reprises d’allégeance. Il commence comme vassal de l’Empire sassanide, sous lequel il combat l’invasion arabo-musulmane de l’Iran (632-654). Constatant l’effondrement imminent des Sassanides, il se replie en Albanie où il se révolte. Bien qu’il perde brièvement le contrôle des plaines albanaises et de leur capitale Partaw, sa guerre de guérilla contraint les Sassanides à lui accorder davantage d’autonomie.

À la chute de l’Empire sassanide en 651, son père reprend apparemment la direction de l’Albanie, en raison de son ancienneté. Celui-ci adopte une ligne prudente en reconnaissant la suzeraineté du califat rashidun, mais charge aussi Javanshir d’entrer en contact avec l’empereur byzantin Constant II (r. 641-668) pour lui offrir ses services. Javanshir se soumet aux Byzantins, mais cette dépendance n’est effective qu’au moment de la guerre civile du califat (656-661), lorsque Constant II parvient à imposer son influence sur l’ensemble du Caucase méridional.

En 665, Juansher se soumet au califat omeyyade et, en 667, il joue, selon les sources, un rôle important en conseillant le calife Muawiya Ier (r. 661-680) sur la manière d’assassiner Constant II, événement qui a lieu le 15 juillet 669. En récompense, Javanshir reçoit le contrôle du Syunik et un tiers du tribut collecté en Albanie par le califat, ce qui marque l’apogée de son pouvoir. Il est lui-même assassiné le 14 septembre 669, lors de la fête de la Croix, par un traître nommé Varaznoy, probablement à la suite d’un différend avec le calife. Il a pour successeur son neveu Varaz-Tiridate Ier.

Bien que chrétien, Javanshir continue à participer à certaines pratiques liées au zoroastrisme, religion officielle de l’Empire sassanide. Il apparaît notamment dans ce qui est considéré comme le premier grand poème profane de la littérature arménienne, rédigé par le poète du VIIe siècle Davtak Kertogh.

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Contexte

Juansher appartient à la dynastie mihranide. Malgré son origine parthe, cette dynastie revendique une ascendance issue des souverains sassanides d’Iran, qui exercent leur autorité sur l’Albanie du Caucase depuis 252/253[1] [2]. On ignore de quelle manière les Mihranides deviennent Arranshah princes d’Albanie »). Leur ancêtre Mihran aurait reçu la région de Gardman du roi sassanide Khosro II (r. 590-628)[2]. Vers l’an 600, un prince mihranide conquiert l’ensemble de l’Albanie et prend le titre d’Arranshah [3] [4]. La titulature complète du chef de la famille devient ainsi « seigneur de Gardman et prince d’Albanie »[5].

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Règne

Résumé
Contexte

Sous les Sassanides

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Carte de la frontière byzantino-perse avec l'Albanie du Caucase en haut à droite.

Au cours de l’invasion arabo-musulmane de l’Iran (632-654), Javanshir est convoqué pour diriger le contingent albanais[6]. Aux côtés des troupes des régions voisines soumises aux Sassanides, le Siounie et l’Arménie, Javanshir fait partie de l’armée de Rostam Farrokhzad, le spahbod (commandant en chef) de la partie nord de l’empire[7]. Il succède à son père en 637[8],[9]. Lorsqu’il se rend à la capitale sassanide Ctésiphon en 637 ou 638, sa fonction de sparapet (commandant militaire) des Albaniens est officiellement reconnue par le roi sassanide Yazdgard III (r. 632-651)[10],[11]. Au cours de la bataille d'al-Qadisiyya, qui se solde par une victoire arabe, Javanshir est grièvement blessé[11]. Avec quelques compagnons, il parvient à s’échapper en traversant à la nage l’Euphrate[12]. Lorsque les Arabes reprennent ensuite leurs attaques et assiègent Ctésiphon, Javanshir conduit une force de 3 000 soldats sur la rive droite du Tigre, ayant pour mission de protéger Yazdgard III afin de lui permettre de quitter la ville. La cour, les ministères et la majorité de la population de la capitale accompagnent probablement le souverain[7].

Pendant plusieurs années encore, Javanshir combat sous les ordres de Farrukhzad, frère et successeur de Rostam[13]. Il participe à une autre bataille décisive, que l’auteur du xe siècle Movsès Kaghankatvatsi décrit comme « une cruelle défaite » pour les Sassanides. En 644/645, Javanshir retourne en Albanie en passant par l’Adurbadagan (dans l’actuel nord-ouest de l’Iran)[13], probablement parce qu’il a perdu foi dans l’Empire sassanide, dont il perçoit le déclin imminent. Alors qu’il se trouve encore en Adurbadagan, il s’aliène Farrukhzad en refusant une alliance matrimoniale. Peu après, il se révolte contre les Sassanides[14],[15].

Bien que les plaines albanaises et leur capitale Partaw soient rapidement reprises par les forces sassanides, la guérilla menée par Javanshir s’avère particulièrement efficace, surtout après qu’il obtient le soutien de personnalités influentes de la voisine principauté d’Ibérie. Farrukhzad est ainsi contraint d’adopter une attitude plus conciliante. Avec l’aide du beau-père de Javanshir, le prince du Siounie, un accord est conclu qui confère à Javanshir une large autonomie. La riposte rapide qu’il mène face à une nouvelle tentative sassanide de reprendre le contrôle de l’Albanie démontre que l’équilibre des forces continue d’évoluer en sa faveur. Durant cette période (probablement à la fin des années 640), à mesure que d’autres spahbeds affermissent leur pouvoir sur leurs propres territoires, l’Empire sassanide se fragmente en un réseau de pouvoirs régionaux qui ne constituent plus nécessairement un front uni contre les envahisseurs musulmans[14].

En 651, Yazdgard III est tué par un meunier local[16], ce qui marque la fin de l’Empire sassanide[17].

Allégeance aux Byzantins

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Solidus en or de Constant II.

Après la chute de l’Empire sassanide, les souverains locaux du Caucase méridional doivent choisir entre coopérer avec le jeune, mais peut-être éphémère, califat rashidun, ou avec l’Empire byzantin, qui a survécu aux conquêtes musulmanes. Le père de Javanshir reprend apparemment la direction de l’Albanie, en raison de son ancienneté. Il adopte une position prudente en reconnaissant la suzeraineté du calife, mais charge également Javanshir d’entrer en contact avec l’empereur byzantin et de lui offrir ses services. Javanshir adresse alors une lettre à l’empereur Constant II (r. 641-668), dans laquelle il propose de devenir son vassal. L’empereur accepte et lui confère le haut titre de protopatrice. Javanshir reçoit aussi le pouvoir d’accorder certains titres romains à ses sujets, ainsi qu’un fragment de la Vraie Croix[14]. La soumission de Javanshir aux Byzantins intervient vraisemblablement avant la campagne de Constant II en Arménie, à l’automne 652 ou 653, mais elle ne se concrétise véritablement que durant la guerre civile du califat (656-661), lorsque Constant II parvient à imposer son influence sur l’ensemble du Caucase méridional[18]. La guerre civile se conclut par la dissolution du califat rashidun, remplacé par le califat omeyyade[19].

Movsès décrit Javanshir comme un dirigeant local éminent à cette époque. Lorsque Javanshir rencontre à deux reprises Constant II en personne, lors de son avancée dans le Caucase méridional en 660-661, il reçoit à chaque fois des marques évidentes de faveur. Il est officiellement oint roi de « tous les peuples orientaux » lors de sa seconde audience, au printemps 661, devenant ainsi un souverain client comparable à Hamazasp IV Mamikonian en Arménie. Après la fin de la guerre civile musulmane, il faut un certain temps avant que le califat ne réaffirme son autorité au nord des monts Zagros. Pendant toute cette période, Javanshir et les autres souverains du Caucase méridional maintiennent leur domination en tant que sujets de Byzance. Movsès loue Javanshir pour ses initiatives de construction et pour l’admiration qu’il suscite auprès des dirigeants voisins. Toutefois, la paix soutenue par Byzance est de courte durée[20].

Dans le même temps, les Khazars, qui étendent alors leur domination dans les steppes de la Kouban et du Terek, lancent une série de raids dans le Caucase en 662. En 665, la région subit une nouvelle attaque, cette fois de la part des Huns du Caucase du Nord, probablement alliés des Khazars. Ceux-ci planifient leur incursion pour coïncider avec le solstice d’hiver, afin de surprendre les troupeaux et les hardes de l’Ayrarat et du Siounie dans les pâturages d’hiver de l’Araxe et du Koura. Ils emportent un important butin, que leur roi restitue plus tard après avoir conclu la paix avec Javanshir lors d’une rencontre[20].

Allégeance aux Omeyyades

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Sculpture en bronze de Javanshir, exposée au musée de l'Ermitage.

La même année, Javanshir se soumet au calife omeyyade Muawiya Ier (r. 661-680), après y avoir été convoqué. En 667/668, il fait partie des personnalités consultées par Muāwiya sur la manière d’assassiner Constant II, alors en Sicile[20]. Javanshir joue, selon les sources orientales, un rôle important dans la décision (Constant II est assassiné le 15 juillet 668) et reçoit en retour de nombreux présents, ainsi que l’intégration du Siounie à son domaine. On lui propose également le gouvernement de l’Adurbadagan, qu’il décline, obtenant à la place un tiers du tribut collecté en Albanie par le califat[21]. Cela marque l’apogée de son pouvoir. Le 14 septembre 669, alors qu’il célèbre la fête de la Croix à Partaw, il est assassiné par un traître nommé Varaznoy. L’historien britannique James Howard-Johnston souligne que cet assassinat, comme celui de Constant II, semble avoir été « soigneusement planifié »[22]. Il ajoute : « Peut-être Javanshir avait-il reculé à l’idée de partager la responsabilité du meurtre du plus haut souverain chrétien, désigné par Dieu pour gouverner les affaires terrestres. Plus probablement, il savait simplement trop de choses sur la conspiration contre Constant. Quelle qu’en soit la raison, il semble vraisemblable qu’il avait perdu la confiance du calife et qu’il l’a payée de sa vie »[23].

Javanshir a pour successeur son neveu Varaz-Tiridate Ier[23].

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Culture

Bien que le christianisme soit la religion officielle de l’Albanie et détienne un pouvoir politique considérable, le zoroastrisme — religion officielle de l’Empire sassanide — exerce une influence importante, en particulier entre le VIe siècle et le milieu du VIIe siècle[24],[25]. Bien qu’il soit chrétien, Javanshir continue de participer à la fête traditionnelle zoroastrienne du Nouvel An, le Nawasard, avec sa garde personnelle, et se plaît aux représentations païennes des gusank ménestrels »)[26].

Un chapitre de l’ouvrage de Movsès, Histoire de l’Albanie du Caucase, contient un poème dédié à Javanshir par le poète arménien du VIIe siècle Davtak Kertogh, considéré comme le premier long poème profane de la littérature arménienne[27],[28].

Notes et références

Bibliographie

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