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Le Canard enchaîné
hebdomadaire satirique français, fondé en 1915 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Le Canard enchaîné est un hebdomadaire français satirique et d'enquête paraissant le mercredi.
Fondé le par Jeanne et Maurice Maréchal, aidés par Henri-Paul Deyvaux-Gassier, c'est le plus ancien titre de presse satirique encore actif en France.
Le Canard enchaîné présente la particularité que son capital est verrouillé pour protéger son indépendance. Ses statuts imposent que ses actions soient détenues uniquement par les journalistes ou les retraités du journal.
Depuis les années 1960, c'est aussi un journal d'enquête qui révèle nombre d'affaires scandaleuses comme par exemple l'affaire des micros à la rédaction du Canard appelée par dérision l'affaire des plombiers, l'affaire des diamants de Bokassa, l'affaire Papon et l'affaire Fillon.
En , des anciens dirigeants font l'objet d'un procès concernant le soupçon d'un emploi fictif au sein de la rédaction de 1996 à 2020 et des abus de biens sociaux. Une plainte avait été déposée par un des journalistes de l'hebdomadaire. Cette procédure judiciaire met en porte-à-faux la réputation de l'hebdomadaire habitué à dénoncer ce type de scandale dans le champ politique français.
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Histoire
Résumé
Contexte
Création en 1915

Encart publicitaire publié dans L'Humanité (). Illustration d'Henri-Paul Deyvaux-Gassier.
Le Canard enchaîné est, dès le début, un hebdomadaire de la presse satirique. Fondé le [n 1],[1],[2] par Jeanne et Maurice Maréchal, aidés par Henri-Paul Deyvaux-Gassier[3], il est l'un des plus anciens titres de la presse française actuelle, notamment le plus ancien titre de presse satirique encore actif.

Son nom fait allusion au quotidien L'Homme libre édité par Georges Clemenceau, qui critiquait ouvertement le gouvernement lors de la Première Guerre mondiale. Il subit alors la censure de la guerre[4] et son nom est changé pour L'Homme enchaîné. S'inspirant de ce titre, les journalistes Maurice et Jeanne Maréchal, aidés par le dessinateur H.-P. Gassier, décident d'appeler leur propre journal Le Canard enchaîné – « canard » signifiant « journal » en français familier. Le premier numéro paraît le 10 septembre 1915[5],[n 2].
La première série, faite avec des moyens limités, se termine au cinquième numéro. Le journal renaît cependant le 5 juillet 1916, sous la direction de Rodolphe Bringer. C'est le point de départ de la série actuelle[7]. Le titre du journal a connu une variante : Le Canard déchaîné, du au .
Les deux canards de la manchette du journal (chacun dans une des oreilles du titre du journal) et les canetons qui s'ébattent dans les pages sont l'œuvre du dessinateur Henri Guilac, un des premiers collaborateurs du journal[8].
La création du journal durant la Première Guerre mondiale marque son positionnement jusqu'à aujourd'hui. Selon Laurent Martin, « la lutte contre la censure et le "bourrage de crâne", le pacifisme et l'antimilitarisme, la dénonciation des profiteurs de toutes sortes vont rester comme autant d'attitudes et de réflexes identitaires au long de l'histoire du journal »[9].
De la Seconde Guerre mondiale aux années 1990
Le journal choisit de ne plus paraître entre et , à la suite de l'invasion allemande de la France ; il est réédité à partir de la libération de Paris[10].
Depuis les années 1960, c'est aussi un journal d'enquête qui révèle nombre d'affaires scandaleuses[2]. Dans les années 1970, l'information est organisée autour de Jean Clémentin, qui en est le rédacteur en chef. Celui-ci participe au « grand basculement de la satire à l’information »[11],[12].
Années 2000 et après

En 2011, le Wall Street Journal compare son modèle économique américain à celui du Canard enchaîné et s'étonne de la vitalité de ce dernier, hebdomadaire sans site internet ni pub, au revenu net de 4,5 millions d'euros en 2010, pour un chiffre d'affaires de 30,6 millions d'euros[13].
En 2013, la diffusion totale payée s'est élevée à 399 567 exemplaires en moyenne par semaine[14].
À la suite de l'attentat du contre le journal Charlie Hebdo, la rédaction du Canard enchaîné indique dans son édition du avoir reçu des menaces le lendemain de l'attaque qui a fait douze morts dont huit collaborateurs de l'hebdomadaire satirique[15]. À cette occasion, le journal rend hommage au dessinateur Cabu, pilier des deux périodiques.
Le 6 juillet 2016, Le Canard enchaîné fête ses 100 ans et même 101 ans du fait de sa première naissance en 1915 et de sa deuxième en 1916[16].
Création d'une section syndicale
Depuis le , le Canard enchaîné était dans l'obligation légale de se doter d'un Comité social et économique (CSE). Une section syndicale a été créée fin 2021[17].
En 2022[18], la moitié des journalistes en CDI adhèrent au Syndicat national des journalistes CGT(SNJ-CGT)[19].
En mai 2022, la liste présentée au Canard enchaîné par le SNJ-CGT est élue lors de l'élection du Comité social et économique (CSE), avec une participation de plus de 73 % (60 votants sur 82 inscrits)[20],[21].
Nouvelle direction
En poste depuis 1992, Michel Gaillard quitte la présidence du Canard enchaîné en juillet 2023 et est remplacé par Nicolas Brimo. Jean-François Julliard, corédacteur en chef, devient le nouveau directeur général délégué et directeur de la publication[22].
En février 2024, le Canard enchaîné qui traverse une période difficile change à nouveau de direction. Érik Emptaz, ancien corédacteur en chef, devient président et directeur de la publication, Jean-François Julliard prenant la direction de la rédaction[23]
Création d'une version numérique
Le , le Canard enchaîné s'invite sur la toile et ouvre un compte Twitter d'abord pour éviter les usurpations d'identité du journal, comme cela s'est déjà passé[24]. Le journal déclare, dans son édition du de la même année[25], son intention de se servir de ce compte dans le but d'« annoncer, dès le mardi soir, quelques-uns des sujets abordés » dans l'édition de la semaine. La une du journal est diffusée la veille, directement sur le site.
En , le site web du Canard enchaîné publie son premier article, et diffuse les enregistrements pirates de Patrick Buisson lorsqu'il était conseiller de Nicolas Sarkozy, alors président de la République française, ce qui déclenche une polémique[26].
En 2017, le journal ne possède aucun compte sur Facebook. Il a demandé aux responsables du site de fermer les comptes frauduleux qui se font passer pour le compte officiel du Canard[27].[source secondaire nécessaire]
Le , durant la pandémie à coronavirus, le journal sort pour la première fois en version numérique (no 5185) après la mesure de confinement en France, afin d'assurer le relais des diffuseurs mis en difficulté pour l'abonnement papier et la livraison dans les magasins de presse. Il est téléchargeable, gratuitement pour les abonnés et au prix de 1 euro pour les autres lecteurs, depuis le site du Canard[28]. De ce numéro et jusqu'au no 5191 du 6 mai 2020 (soit 7 numéros consécutifs), la pagination du journal est réduite à 4 pages.
Après l'expérimentation de la diffusion numérique pendant le confinement lié à la pandémie de Covid-19, le Canard enchaîné accélère sa transition numérique avec un nouveau site destiné à ses lecteurs abonnés ou ayant acheté le journal au numéro[29].
En décembre 2020, le journal annonce de nouvelles formules d'abonnement intégrant une possibilité d'accès numérique au journal le mardi soir, la veille de la sortie en kiosque de la version papier, ainsi que les archives des numéros vieux de deux ans ou moins[30].
Nicolas Brimo, directeur de la publication de l’hebdomadaire satirique n’envisage pas de développer un site d’information, « En allant sur Internet, vous mangez surtout votre vente de papier ». Il ne comprend pas comment le modèle économique de la presse sur internet peut fonctionner. Pour lui, c'est le passage de 33 000 à 20 000 marchands de journaux sur 20 ans qui « a entraîné une baisse de 25 % de la vente au numéro de l’ensemble de la presse »[31].
En novembre 2022, le journal a sa propre page sur Instagram[32].[source secondaire nécessaire]
En 2024, le Canard est diffusé à 230 000 exemplaires par numéro. Engageant un changement de stratégie, Érik Emptaz constate que le format papier va continuer à souffrir et qu'il faut vraiment se tourner vers le numérique. C'est chose faite depuis le 24 septembre 2024 avec la mise en ligne de son site internet[23],[33].
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Controverses
Résumé
Contexte
Espionnage de Jean Clémentin
En 2019, lorsque l'historien tchèque Jan Koura obtient l'ouverture des archives de la StB, le service de renseignement de la Tchécoslovaquie pendant la période soviétique, il y découvre que Jean Clémentin, journaliste et rédacteur en chef du Canard enchaîné dans les années 1970, plus connu sous le pseudonyme de « Jean Manan », a été rémunéré par le StB pour espionner en France, au Royaume-Uni et en Allemagne de l'Ouest mais a aussi écrit de faux articles contre une rémunération importante. Ainsi, profitant de la réputation de crédibilité attachée au Canard enchaîné, Clémentin agit pour le compte du StB en publiant un article sur un faux testament politique du chancelier Konrad Adenauer afin de créer une division au sein de la CDU[34].
Il a également, selon l'enquête, participé « activement — et consciemment » à trois opérations de désinformation, en publiant dans le journal des articles conçus par la StB[35],[36]. Le , L'Obs révèle l'affaire[37], montrant l'implication de Jean Clémentin dans la StB entre 1957 et 1969. Protégé de toute poursuite par la prescription, Jean Clémentin n'a pu répondre à ces accusations en raison de problèmes de santé avant son décès survenu le [38].
Soupçon d'emploi fictif lié à André Escaro
En 2022 par une plainte pour abus de biens sociaux et recel d'abus de biens sociaux, le journaliste et rédacteur au "Canard enchaîné" Christophe Nobili[39],[40],[41] (créateur de la section SNJ/CGT au sein du Canard), accuse la compagne d'André Escaro, un dessinateur et ancien administrateur du journal, d'avoir bénéficié d'un emploi fictif pendant près de vingt-cinq ans, jusqu'à sa retraite en 2020, pour un préjudice estimé à 3 millions d'euros[41],[42],[43].
Interrogés par des journalistes de France Inter, des anciens salariés du journal doutent du travail effectif de la compagne d'André Escaro en tant que journaliste au Canard enchaîné quelle que soit l'aide apportée au dessinateur ayant pris sa retraite[44]. Nicolas Brimo et Michel Gaillard, respectivement directeur de la publication et président de la société éditrice, se justifient en écrivant dans le journal du qu'« Edith […] a lu la presse [pour André Escaro et l'a aidé] à trouver l'astuce qui fait le sel » des 8 000 dessins qu'il a produits en 24 ans. Par cette mise au point, la direction du Canard enchaîné se défend de tout emploi fictif au sein de son équipe. Selon l'hebdomadaire, l'embauche de l'épouse du dessinateur André Escaro avait permis de retenir ce dernier en 1996, alors qu'il souhaitait prendre sa retraite[45].
Érik Emptaz et Jean-François Julliard, co-rédacteur en chef, accusent alors Christophe Nobili de vouloir « mettre à mal le journal par tous les moyens » et posent clairement la question de son départ de l'hebdomadaire ; ils sont désavoués par une partie des salariés[46].
Jean-Yves Viollier, un ex journaliste du Canard, écrit sur le blog de l'association anticorruption dont il est membre que la défense de l'hebdomadaire est « à peu près aussi convaincante que [celle de] Penelope [Fillon] »[47],[48]. Des salariés réagissent dans un communiqué, en rappelant notamment que « le droit social français ne prévoit pas de rémunérer un salarié à la place d'un autre »[49],[50].
Mise à pied du journaliste Christophe Nobili
En raison de la publication de son livre Cher Canard. De l'affaire Fillon à celle du Canard enchaîné, Christophe Nobili, le lanceur d'alerte qui a dénoncé l'emploi fictif de la compagne d'André Escaro, est mis à pied fin mars 2023 et convoqué à un entretien préalable au licenciement. Le journaliste est délégué syndical, membre du CSE. Dans une lettre interne, la section syndicale SNJ CGT et 27 membres de la rédaction s'insurgent et dénoncent une crise au Canard enchaîné qui « risque de nuire davantage à l'image du journal notamment auprès de son lectorat ». Les signataires de la lettre ajoutent que le projet de licenciement « [leur] paraît constituer une atteinte aux valeurs fondamentales, à la raison d'être du Canard enchaîné, journal fondé en 1916 pour s'opposer frontalement à la censure aux ciseaux d'Anastasie et au bourrage de crâne par les institutions de tout poil[51],[52],[53],[54],[55]. »
Claude Angeli, ancien rédacteur en chef du Canard, regrette que la direction se soit exprimée dans les colonnes de l'hebdomadaire sans permettre aux soutiens de Christophe Nobili d'avoir cette même possibilité. Il demande « qu'on mette fin à cette procédure » pour permettre de régler cela en interne autour d'une table pour en discuter[56],[57].
« En soutien à Christophe Nobili et à l'esprit du Canard enchaîné », 300 personnes assistent à un spectacle au théâtre Déjazet le alors que le journaliste a été licencié par sa direction[58]. Le , puis le mois d', l'inspection du travail refuse le licenciement de Christophe Nobili, jugeant qu'il n’était pas tenu d’informer sa direction de son projet de livre, et considère qu’il y a un « lien » entre la demande de son licenciement et son mandat de délégué syndical[59],[60].
En , la direction du Canard enchaîné en appelle au ministre du Travail pour lui faire valider le licenciement de Christophe Nobili, journaliste syndiqué et lanceur d’alerte[61],[62]. Malgré l'affaire en cours, la mise à pied initiale, et les procès à venir, il signe de nouveau des articles au Canard de ses initiales C.N. à compter de , puis de son nom complet[63]. En , le président de la société éditrice de l'hebdomadaire, Érik Emptaz, saisit le tribunal administratif de Paris, son ultime voie de recours pour licencier Christophe Nobili[64],[65].
Le , le conseil de prud'hommes de Paris condamne à titre personnel Michel Gaillard et Nicolas Brimo, respectivement ancien président et ancien directeur général du Canard enchaîné, pour discrimination syndicale à l'encontre de Christophe Nobili, délégué syndical SNJ-CGT[66],[67].
Plainte de l'hebdomadaire
Le , l’Agence France-Presse (AFP) apprend par la direction de l'hebdomadaire que Le Canard enchaîné a déposé plainte contre X, estimant avoir été victime d’une « perquisition numérique illégale » portant « atteinte à l’ensemble des piliers de notre État de droit » s’agissant d’une entreprise de presse[68]. À la suite de cette plainte, une enquête est ouverte par le parquet de Paris. L’enquête est confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN)[69]. La plainte initiale a été classée sans suite, le journal a déposé une nouvelle plainte[70].
Procès pour emploi fictif et abus de biens sociaux
Du au , Michel Gaillard, président de l'hebdomadaire de 1992 à juillet 2023 et Nicolas Brimo son successeur sont jugés par la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris pour abus de biens sociaux à des fins personnelles, déclaration frauduleuse pour obtenir une carte de presse, faux et usage de faux et déclaration frauduleuse à un organisme social. André Escaro, ancien dessinateur et administrateur du Canard enchaîné et son épouse poursuivis pour abus de biens sociaux pour l’un, recel d’abus de biens sociaux, emploi fictif, escroquerie à un organisme social et fraude à la carte de presse pour l’autre[71],[72],[23],[70],[73],[74],[75]. Le ministère public requiert entre autres un an de prison avec sursis à l’encontre des quatre prévenus[76],[77]. Le délibéré est prévu pour le [76].
Conflit de générations
En , Le Monde décrit un « conflit de générations » entre l'équipe d'une part et les deux directeurs d'autre part[78]. Nicolas Brimo et Michel Gaillard, respectivement 72 et 78 ans, sont reconduits à leurs postes en juin 2022, la limite d'âge pour être PDG du Canard ayant disparu des statuts de l'entreprise en 2014[78]. La moyenne d'âge de la rédaction est alors proche de 60 ans[48].
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Caractéristiques
Résumé
Contexte
L'hebdomadaire est imprimé le mardi en début d'après-midi[n 3].
Format de journal et prix
Le Canard enchaîné est au format « quotidien »[79], composé de pages de 360 mm par 560 mm[80]. Deux feuilles libres forment les huit pages de chaque numéro. L'impression est en bichromie, en noir et rouge écarlate, sur la première et la dernière page ; sinon en monochrome noir. À titre exceptionnel le , la première page du numéro 4847 a été en trichromie (noir, rouge et jaune)[n 4].
Grâce à des frais de gestion limités et stables, et étant indépendant de revenus publicitaires, ce journal est un des rares en France dont le prix n'a pas augmenté de 1991 à 2021[81],[82] (et même diminué : il était à 8 francs avant le passage à la monnaie européenne, soit 1,22 €). Il était vendu 1,20 € en France.
Son prix passe à 1,50 € le , c'est la seule hausse de prix depuis trente ans. Dans son numéro paru à cette date, le journal déclare que cette augmentation permet d'« assumer la crise du Covid » ainsi que le dépôt de bilan du distributeur de presse Presstalis (qui lui a coûté trois millions d'euros) et d'améliorer la marge des marchands de journaux, et permet aussi d'assurer sa sécurité économique[83],[84].
En Suisse, le journal est toujours vendu 2,60 francs suisse en 2023, inchangé malgré l'augmentation de son prix de vente en France.
Le 7 février 2024, le prix au numéro passe à 1,80 euro[85].
Manchettes du journal
Le Canard enchaîné titre — logiquement — sur un fait d'actualité (national ou international) et ses manchettes comportent toujours un jeu de mots. Exemples :
- juste après l'armistice de 1918, le journal titra : « Ouf ! »[86] ;
- Après la réoccupation de la Ruhr par la Wehrmarcht en mars 1936, le journal titre: « L Allemagne réoccupe l'Allemagne» [87] ;
- après les accords de Munich, le journal paraphrasa le coup de la victoire aux échecs et titra : « Tchèques… et mat ! »[88] ;
- lors de l'élection présidentielle française de 1965, le général de Gaulle, convaincu d'être réélu dès le premier tour, ne fait pratiquement pas campagne. Or, le , le premier tour le met en ballotage face à François Mitterrand et un second tour va être nécessaire pour départager les deux hommes. Le Canard titre alors : « De l'appel du … à la pelle du » ;
- : « Grève des pilotes et inquiétudes sur le Mondial - La France un peu faible sur ses ailes ». Ici, le jeu de mots permet au Canard de lier deux événements : d'une part, la grève des pilotes d'Air France ; d'autre part, la Coupe du monde de football 1998 (on est une semaine avant son coup d'envoi) et surtout les sévères critiques dont fait à ce moment l'objet Aimé Jacquet, le sélectionneur de l'équipe française ;
- lors des grèves du secteur public, en 1991, face aux revendications salariales et aux refus de la Première ministre Édith Cresson d'augmenter les salaires, le journal titra : « Cresson : pas un radis ! » ;
- à la suite de l'accident nucléaire de Fukushima en 2011, le journal a titré « Au Japon, la réalité dépasse la fission »[89] ;
- concernant la crise de la dette publique grecque, à partir de 2008, il titre par « La crise grecque ? Pas de quoi en faire un dra(ch)me ! » ;
- à propos de l'abandon des poursuites contre Dominique Strauss-Kahn aux États-Unis et de la plainte de Tristane Banon, en 2011, Le Canard titre « Les ennuis sont finis pour DSK ? Banon ! »[90] ;
- à propos du naufrage du Costa Concordia en 2012 et de l'attitude du commandant, le journal titre : « Le commandant du Costa Concordia se défend : Pendant le sauvetage, j'ai toujours gardé les pieds sur terre » ;
- le , dans un numéro en partie hommage à Cabu tué lors de l'attentat contre Charlie Hebdo, le journal titre : « Le message de Cabu : Allez les gars, ne vous laissez pas abattre ! »[91]. La tête de Cabu dessinée par lui-même remplace pour l'occasion l'image traditionnelle du Canard en haut de la première page[92].
Langage
Le ton employé, humoristique, est celui de la satire et de l'ironie, d'où les nombreuses antiphrases dans les pages du journal (Le Canard enchaîné reprend les termes et les arguments de son adversaire, semble le défendre, mais c'est pour mieux en montrer les limites ou l'absurdité de la position). Les jeux de mots sont réservés aux titres et sous-titres des articles (Jean-Paul Grousset en a produit de nombreux), ainsi qu'à la conclusion de certains articles, sous la forme d'une chute.
Le Canard cherche à être de connivence avec le lecteur « moyen », ce qui explique, malgré un style assez soutenu, l'emploi de formules issues de la langue du peuple et l'usage de surnoms moqueurs envers des personnalités qu'il critique. C'est ainsi qu'au cours de son existence, on lui doit non seulement des diminutifs de personnalités politiques (« Chichi » pour Chirac, « L'Ex » pour Giscard), mais aussi certaines expressions entrées dans le langage populaire, comme « minute Papillon », les « étranges lucarnes » ou enfin « Bla bla bla », onomatopée lancée par Le Canard sous la plume de Pierre Bénard le (« Mon ami Paul Gordeaux, lorsqu'on lui présente un reportage où il y a plus de mauvaise littérature que d'informations, dit en repoussant le papier : « Tout ça, c'est du bla bla bla ! » »).
Les dessins
Les dessinateurs de presse sont les acteurs indispensables du Canard depuis sa création. Les caricaturistes ont toujours une place importante dans les pages de l'hebdomadaire[93].
Le Canard enchaîné compte un peu plus d'une douzaine d'illustrateurs réguliers.
Les rubriques
Rubriques actuelles
Anciennes rubriques
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Ligne éditoriale
Résumé
Contexte

Le Canard enchaîné a pour sous-titre Journal satirique paraissant le mercredi[n 6] (parfois modifié, par exemple en Journal satirique paraissant exceptionnellement le mardi lorsque la publication est avancée d'un jour, si le mercredi est férié), et pour slogan « La liberté de la presse ne s'use que quand on ne s'en sert pas », allusion à l'inusable slogan de la pile Wonder : « La pile Wonder ne s'use que si l'on s'en sert »[97], qui résume assez bien la ligne éditoriale de l'hebdomadaire : dénoncer tous les scandales publics (politiques, économiques, judiciaires, etc.) survenant en France mais aussi dans les autres pays. Sa devise, inventée par H.-P. Gassier en 1915, est :
« Tu auras mes plumes, tu n'auras pas ma peau[98]. »
Le Canard enchaîné n'accepte pas de publicité, cherchant à éviter l'influence des annonceurs sur le contenu de ses informations[n 7] dans ses colonnes. De plus, il ne cache pas l'état des finances du journal ainsi que leurs provenances, et publie son bilan financier dans le journal chaque année.
La stabilité du cadre rédactionnel du journal est l'une de ses caractéristiques.
L'hebdomadaire adhère à la charte de Munich[99], qui assure la protection des sources d'information des journalistes.
D'après la rédaction, les informations sont vérifiées et recoupées[100], et lorsqu'il se trompe, le journal reconnaît ses erreurs dans une rubrique intitulée « Pan sur le bec ! »
Du fait de ses investigations régulières touchant aux domaines politique et économique, le Canard est l'objet de nombreuses attaques en justice. Cependant, fort de ses dossiers solidement montés, vérifiés juridiquement, et de témoins, il perd rarement les procès qui lui sont intentés[n 8].
Né à gauche
Antimilitariste, on y voit communément une nette sensibilité de gauche. Certains voient en lui, dès ses origines, une gauche anarchiste, voire une droite anarchisante[101]. Il refusera aussi l'orientation attribuée de journal communiste[102]. Il met toujours en avant son indépendance et son esprit critique[n 9]. Il professe un anticléricalisme de bon aloi[n 10]. Il applaudit quand la gauche arrive au pouvoir (Cartel des gauches en 1924[n 11], Front populaire en 1936, Pierre Mendès France, François Mitterrand en 1981) mais avec méfiance et circonspection. Les partis de gauche se sont toujours méfiés de lui. Maurice Thorez, dans un comité central du PCF, fustige « l'esprit blagueur du Canard qui conduit à douter de tout » ; Guy Mollet à la SFIO le poursuit lui aussi de sa vindicte.
Ni plus à gauche, ni plus à droite
Ses partisans disent que, même s'il garde une sensibilité de gauche, il n'hésite pas à dénoncer toutes les dérives des politiques quel que soit leur bord politique. Farouchement attaché à son indépendance éditoriale et à son aspect critique, le journal refuse les annonceurs. Il reste l'un des derniers journaux d'investigation en France.
André Escaro, dessinateur du Canard enchaîné, a déclaré à cet égard : « la tendance actuelle du Canard, c'est l'objectivité. Ni gauche, ni droite »[101].
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Les révélations du Canard enchaîné
Le journal a plusieurs fois révélé des affaires politiques et/ou financières, comme l' affaire des micros à la rédaction du Canard appelé par dérision : Affaire des plombiers , l'affaire des diamants de Bokassa, affaire Papon et l'affaire Fillon. Elles lui permettent de faire des ventes exceptionnelles, jusqu'à 1 million d'exemplaires pour l'affaire Maurice Papon en 1981[103],[104].
Lors de l'affaire des plombiers en 1973, Le Canard enchaîné est publié à plus d'un million d'exemplaires[105].
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L'équipe
Résumé
Contexte
Direction
- Érik Emptaz : Président, directeur de la publication
- Jean-François Julliard : Directeur de la rédaction
- Jean Michel Thénard : Rédacteur en chef
- Anciens directeurs
- Maurice Maréchal (cofondateur), de 1915 à 1940
- Jeanne Maréchal (cofondatrice), de 1944 à 1953
- Ernest Reynaud (alias R. Tréno), de 1953 à 1969
- Roger Fressoz (alias André Ribaud), de 1969 à 1992
- Michel Gaillard, de 1992 à 2017
- Nicolas Brimo, de 2017 à 2023
- Jean-François Julliard
- Anciens rédacteurs en chef (liste non exhaustive)
- Victor Snell
- Jean Clémentin
- Bernard Thomas
- Gabriel Macé
- Claude Angeli[106], de 1991 à 2012
- Louis-Marie Horeau[107], co-rédacteur en chef de 2012 à 2017
- Jean-François Julliard
- Érik Emptaz
- Ancien secrétaire de rédaction
Rédacteurs
Il arrive que le Canard publie anonymement un article rédigé par un ou plusieurs journalistes ou une personne extérieure au journal. L'article paraît alors sous le nom de Jérôme Canard ou Louise Colvert. S'il s'agit d'articles à sujet scientifique ou environnemental, ils sont attribués au professeur Canardeau[109],[110].
- Michel Gaillard
- Louis-Marie Horeau
- Érik Emptaz
- Hervé Liffran
- Frédéric Pagès
- Claude Angeli, spécialiste de la politique étrangère[n 12]
- Alain Dag'Naud, rédacteur des chroniques historiques et de la rubrique des mots croisés[111]
- Sorj Chalandon
- Jean-Michel Thénard
- David Fontaine
- Igor Capel
- Isabelle Barré
- Jean-François Julliard
- Didier Hassoux
- Nicolas Brimo
- Alain Guédé
- Anne-Sophie Mercier, rédactrice de la rubrique « Prises de bec »[n 13]
- Christophe Nobili
- Jean-Luc Porquet
- Hervé Martin
- Jacques Vallet
- Paul Leclerc
- Odile Benyahia-Kouider
- Christophe Labbé
- Frédéric Haziza
- Clara Bamberger
- Marine Babonneau
- Jean-Louis Le Touzet
- Yann Voldoire
- Anciens rédacteurs
- Dominique Simonnot
- Bernard Thomas
- Nicolas Beau
- Jean Galtier-Boissière
- Lauriane Gaud
- André Guérin
- Luc Étienne
- Jean Abramovici
- Yvan Audouard
- Sylvie Caster
- Roland Bacri
- Pierre Bénard
- Henri Béraud
- Tristan Bernard
- Max de Bonnefous de Caminel
- Alexandre Breffort
- Rodolphe Bringer
- René Buzelin
- Pierre Combescot[n 14]
- Claude Roire
- Brigitte Rossigneux
- André Rollin
- Dominique Durand
- Jean-Paul Grousset
- Patrice Lestrohan
- Jean-Yves Viollier
- Pierre Péan
Dessinateurs
Plusieurs dessinateurs du Canard enchaîné, dont Wozniak, Cabu, Cardon, Kerleroux, exposent une partie de leur œuvre et de leur histoire sur le site « Scorbut »[112].
Les dessinateurs du Canard
En 2018 :
Source : iconovox.com[113]
- Aurel (Aurélien Froment)
- Escaro (André Escaro)
- Lefred-Thouron (Frédéric Thouron)
- Jean-Michel Delambre (Jean-Michel Delambre)
- Kerleroux (Jean-Marie Kerleroux)
- Wozniak (Jacek Woźniak)
- Ghertman (Alain Ghertman)
- Pancho (Francisco Graells)
- Mougey (Philippe Mougey)
- Brito (Carlos Alberto Brito Ferreira do Amaral)
- Kiro (Ferdinand Guiraud)[114]
- Potus (Pierre Potus)
- Diego Aranega[115]
- Bouzard (Guillaume Bouzard)[115]
- R. Dutreix (Romain Dutreix)
- Adelinaa (Adelina Kulmakhanova)
- Lara
- Large (Marc Large)
- Lefevre (Mathieu Lefevre)
- Lindingre (Yan Lindingre)
- Urbs (Rodolphe Urbs)
- Vera Makina
- Soulcié (Thibaut Soulcié)
- Chappatte (Patrick Chappatte)
Après 2018 :
Anciens dessinateurs
- Cabu (Jean Cabut)
- Cardon (Jacques-Armand Cardon)
- César (César García)
- Jean Effel (François Lejeune)
- Grove (William Napoléon Grove)
- Toto Guérin (Raoul Guérin)
- Lap (Jacques Laplaine)
- Moisan (Roland Moisan)
- Pétillon (René Pétillon)
- Martin Veyron
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Diffusion
Résumé
Contexte
Le Canard enchaîné a été vendu à 600 000 exemplaires lors de la Libération en 1944, mais tombe à 103 000 en 1953[116].
Après avoir augmenté fortement en 2007 et 2008, les ventes ont baissé (de 5,7 % en 2012, de 16 % en 2013, de 2,5 % en 2014), l'hebdomadaire résistant un peu mieux que le reste de la presse française malgré son absence assumée d'internet (son compte Twitter poste les gros titres le mardi, veille de parution)[117]. Les recettes ont ainsi baissé à 24,4 millions d'euros en 2014, mais les bénéfices du journal ont augmenté de 20 %, à 2,4 millions[118]. Pour l'année 2016, le journal se vend en moyenne à 358 347 exemplaires (72 338 par abonnement), ce qui constitue une baisse de 8,6 %[119]. Grâce à l'élection présidentielle et les déboires de François Fillon, Le Canard enchaîné augmente ses ventes de 11,5 % et ses bénéfices d'un peu plus de 10 % pour l'année 2017[120]. En 2018, une nouvelle baisse de la vente du journal se constate. Mais d'après ses comptes, les Dossiers ont vu leur vente en nette augmentation (vente moyenne par parution de 68 458 exemplaires pour l'année).
L'année 2019 est marquée par un léger déficit pour le journal, dû à la défaillance de Presstalis (facture non remboursée) conjuguée à la grève hivernale des transports[121]
3 500 exemplaires sont vendus chaque semaine en Suisse romande en 2017, sans compter les lecteurs romands achetant l'hebdomadaire en France voisine. Ces derniers sont estimés à 2 000[122].
- Diffusion payée annuelle totale (France et étranger) du Canard enchaîné (exemplaires « papier ») :
Comme nombre de journaux, Le Canard enchaîné est distribué par Presstalis placé en redressement judiciaire le . Depuis que le journal existe aussi sous forme numérique sur son site, il est un peu moins tributaire des grèves occasionnelles[130].
Lors du premier semestre 2020, le confinement lié à la pandémie de Covid-19 fait baisser les ventes au numéro de plus de 20 % mais attire 14 % d'abonnés supplémentaires à 82 800 abonnés[29].
En 2022, Le Canard enchaîné affirme avoir une diffusion moyenne payée de 282 339 exemplaires en moyenne, chiffre en très légère progression de 0,2 % par rapport à 2021. Ce sont 187 157 exemplaires qui sont vendus chaque semaines en points de ventes. Pour ce qui est des abonnés papiers, papiers+numériques et numériques, le journal en compte respectivement 76 066, 9 250 et 9 492[128].
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Autres publications
Dans la presse
- Almanach du Canard enchaîné
- Dico Canard ou Dictionnaire Canard (1957-1972)
- Les Dossiers du Canard enchaîné (depuis 1981).
- Le journal fête un siècle de parution avec Le Canard enchaîné : 100 ans écrit par Bernard Comment, Patrick Rambaud et Laurent Martin, aux Éditions du Seuil[131],[132].
Numéros spéciaux
- Le Canard imprime un numéro spécial en : Le Canard de Mai, qui reprend les numéros du 22 et du , et du , numéros qui ont souffert des grèves.
- La petite série L'Assiette au Canard, parue du au .
- À la suite de l'attentat du 7 janvier 2015 où Cabu, dessinateur historique du Canard est assassiné, un numéro spécial est publié le pour lui rendre hommage. Pendant un an à la suite de ce numéro, une rubrique intitulée « Cabu ça commence comme Canard » fait le lien entre des dessins de Cabu et l'actualité. La frise de canards dessinée par André Escaro, qui occupait certains hauts de pages, a été remplacée depuis par une série de caricatures dessinées par Cabu, en son hommage.
- Le , le Canard célèbre son centenaire par un numéro spécial contenant quatre pages supplémentaires. On trouve dans ces pages un fac-similé de la première une du Canard, un retour sur les révélations historiques du journal, ainsi que des anecdotes sur l'histoire du titre. À cette occasion, le Canard enchainé donne rendez-vous à ses lecteurs pour le numéro du bicentenaire[133].
- À partir du no 5185, en référence au confinement imposé aux Français, la frise occupant les pages de la mare aux canards a été redessinée par Mougey avec les personnalités caricaturées portant chacune un masque de protection contre le coronavirus. Les deux canards en haut de la première page sont aussi protégés et portent un masque barrière de type « bec de canard ». Toutefois, le premier numéro postérieur au déconfinement (no 5192 du 13 mai 2020) comporte la frise de Cabu et les deux canards de la première page ne sont pas masqués ; la frise redessinée par Mougey et les canards masqués refont leur apparition dès le numéro suivant (no 5193). Les deux canards masqués en haut de la première page font leur dernière apparition dans le no 5287 du 9 mars 2022.
- Le 19 mai 2021, dans le numéro 5245, le Canard fête la réouverture des terrasses par un numéro dont le bandeau arbore un dessin reprenant les canards de la manchette qui passent du bon temps en terrasse. Les deux canards de la manchette du journal semblent inviter le lecteur à se joindre à leur liesse.
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Indépendance financière
Résumé
Contexte
Sans recette publicitaire ni subvention publique ou privée depuis sa création, Le Canard ne vit que de ses ventes et de ses abonnements et affiche pourtant une belle santé financière : en 2016, il a réalisé 24 millions de chiffre d'affaires et deux millions d'euros de bénéfices après impôt[104],[134].
Le Canard enchaîné bénéficie de l'aide indirecte de l’État pour le portage — 413 922 euros par an de subvention à La Poste pour aider à acheminer les journaux dans les kiosques, les marchands de journaux ou chez les abonnés — comme deux cents autres journaux diffusés en France[135].
Il refuse d'accueillir dans ses huit pages la moindre publicité[n 15], ce qui en fait un cas rare dans la presse hebdomadaire française[n 16],[n 17]. En refusant la « manne publicitaire », il est « le seul journal qui renseigne le public sur l'influence nocive de la publicité dans les médias », selon le Groupe Marcuse (Mouvement Autonome de Réflexion Critique à l'Usage des Survivants de l'Économie[136]). Ses statuts (SA Les Éditions Maréchal) le préservent de toute intervention extérieure (cela depuis une tentative de prise en main par le groupe Hachette, en 1953), puisque seuls sont actionnaires ceux qui y travaillent, ainsi que les fondateurs[2] (les 1 000 titres du journal sont incessibles et sans valeur). Lorsqu'un membre de l'équipe du journal la quitte, les parts qu'il détient dans l'entreprise sont redistribuées entre ses collègues[137].
Depuis 1974, Le Canard enchaîné est propriétaire de ses murs au 173 rue Saint-Honoré.
Sa « bonne santé financière » lui a permis de passer à la photocomposition en 1982, puis en publication assistée par ordinateur en 1996. Chaque année, les bénéfices sont mis « en réserve » pour assurer l'indépendance financière. Ces réserves, trois fois plus importantes que le chiffre d'affaires annuel[2], sont placées sur un compte non rémunéré ; la réserve totale est estimée en 2016 à une centaine de millions d'euros[n 18],[139]. Les 65 salariés du journal (chiffre en 2014)[117] sont parmi les mieux payés de toute la presse française[140]. En contrepartie, les rédacteurs ne peuvent ni jouer en bourse, ni faire des piges ailleurs, ni accepter de cadeau ou d'honneur, notamment les décorations officielles[141].
Le Canard enchaîné emploie une trentaine de journalistes régulièrement[142]. L'écart des salaires est d'un rapport de 1 à 4. L'un d'eux estime en 2017 qu'il gagne 4 500 € net par mois, primes comprises[116].
Les comptes financiers du Canard sont publiés chaque année dans l'hebdomadaire[143] à partir du dernier mercredi du mois d'août, avec le détail de la diffusion du journal. Ces comptes sont approuvés par l'assemblée générale des actionnaires de la société par actions simplifiées Les Éditions Maréchal - « Le Canard Enchaîné ».
En 2019, Le Canard enchaîné connaît un déficit de 0,16 % (soit 34 000 €), notamment à cause de la crise de son partenaire de distribution Presstalis. Ses fonds propres s'élèvent à 129,9 millions d'euros en 2019[144]. En 2020, le journal refuse de recourir au chômage partiel de ses employés et aux délais de paiement offerts par le gouvernement dans le cadre de la pandémie de Covid-19[121],[29].
Selon Le Monde, « les médias qui ont leur indépendance financière et appartiennent entièrement à leurs journalistes, comme Le Canard enchaîné, font aujourd'hui figure d'exception dans le paysage français »[145]. Selon la direction du Canard citée par L'Express, une partie de la trésorerie du journal provient de l'argent placé dans cinq banques françaises, dont la Banque postale, sous forme de dépôt à terme, rémunérés à environ 3 % sur six mois[146].
En 2022, Le Canard enchaîné connait une perte nette de 355 579 d'euros[128].
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Points de vue, réactions et critiques
Résumé
Contexte
Points de vue de divers acteurs
Le capitaine Nusillard, chef de la censure de 1916 à 1918, est devenu par la suite un fidèle abonné du journal, jusqu'à sa mort à 95 ans, en 1955[147].
Le journaliste du Canard enchaîné Morvan Lebesque définissait l'hebdomadaire satirique par cette citation : « Le Canard enchaîné rallie tous ceux qui voulaient rire de ce qui les faisait pleurer[148]. »
Jean Egen, dans Messieurs du Canard, puis Vincent Nouzille, dans un article du Nouvel Économiste en 1993, distingueront « deux clans de journalistes historiquement opposés, les dionysiaques ou buveurs de vin (tradition du juliénas[n 19]), rois de la satire, et les apolliniens ou buveurs d'eau, preux chevaliers de l'information ». Yvan Audouard dira les choses plus simplement pour employer le vocabulaire de la profession en séparant « chroniqueurs » et journalistes d'information[n 20].
Le général de Gaulle, une fois devenu président de la République, avait pour habitude de s'informer sur ce que le « volatile » disait de lui[149].
Selon Le Canard enchaîné lui-même, Sandro Pertini, qui a été président de la République italienne, a déclaré : « C'est dommage qu'il n'y ait pas en Italie un journal comme Le Canard enchaîné. La satire intelligente est nécessaire pour les hommes politiques[150]. »
Pour l'historien Laurent Martin, ce journal, très attaché à la protection des sources d'information des journalistes, représente « une forme alternative de presse qui n'a guère d'équivalents en France et dans le monde »[151].
Ouvrages critiques
En , Karl Laske et le journaliste Laurent Valdiguié publient un essai contre Le Canard enchaîné intitulé Le Vrai Canard, qui entend dénoncer le travail, les liens avec des personnalités politiques et l'opacité des finances de cet hebdomadaire. Pascale Santi du quotidien Le Monde parle de « livre à charge »[152]. Pour L'Express, il s'agit d'un travail « copieux et minutieux »[153].
En 2013, Jean-Yves Viollier, longtemps collaborateur du journal, publie Un délicieux canard laquais, « roman satirique » qui, de manière à peine voilée, dénonce le manque d'indépendance du Canard enchaîné vis-à-vis des partis politiques au pouvoir. Il lui reproche également des pratiques salariales et des pratiques sociales peu exemplaires en dépit de bénéfices importants et « un décalage entre les idées professées et les pratiques à l'intérieur du journal […] vertigineux[154],[155]. »
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Publications inspirées par Le Canard enchaîné
- Le Cafard libéré, hebdomadaire satirique sénégalais s'inspirant directement du Canard enchaîné
- Le Canard libéré, hebdomadaire satirique marocain francophone
- Le Canard déchaîné, hebdomadaire satirique nigérien à faible tirage[156],[157]
- Le Canard, hebdomadaire satirique de Montréal.
- Le Couac, mensuel satirique québécois né en 1997, où le canard blanc, mascotte du journal, est remplacé par un corbeau.
- Le Lynx, hebdomadaire satirique de la Guinée-Conakry.
- Ennasnés (« Le Curieux » en français) est un hebdomadaire satirique tunisien s'inspirant de la première page du Canard (mais illustré avec des singes à la place des canards).
- La revue de magie Magicus contient une rubrique nommée « Le Houdini enchaîné » dont le contenu (contrepèteries…) et la présentation sont inspirés du Canard enchaîné.
- Le Lama déchaîné, hebdomadaire de l'April publié pour sa campagne de dons 2024, du 16 octobre au 18 décembre 2024[158].
Certains journaux et sites d'Internet actuels ou passés plagient en reprenant le nom du journal sous forme de variante mais sans toujours respecter les caractéristiques du journal et les droits d'auteurs[n 21].
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Notes et références
Voir aussi
Wikiwand - on
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