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Règlement général sur la protection des données

règlement de l'Union européenne en matière de protection des données personnelles De Wikipédia, l'encyclopédie libre

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Le règlement général sur la protection des données (RGPD), officiellement appelé règlement UE 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du relatif à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE, est un règlement de l'Union européenne qui constitue le texte de référence en matière de protection des données à caractère personnel[1]. Il renforce et unifie la protection des données pour les individus au sein de l'Union européenne.

Faits en bref Titre, Organisation internationale ...

Après quatre années de négociations législatives, ce règlement a été définitivement adopté par le Parlement européen le . Ses dispositions sont directement applicables dans l'ensemble des 27 États membres de l'Union européenne à compter du .

Ce règlement remplace la directive sur la protection des données personnelles 95/46/CE adoptée en 1995.

Les principaux objectifs du RGPD sont d'accroître à la fois la protection des personnes concernées par un traitement de leurs données à caractère personnel et la responsabilisation des acteurs de ce traitement. Ces principes pourront être appliqués grâce à l'augmentation du pouvoir des autorités de contrôle.

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En , la Commission européenne a proposé une réforme globale des règles en matière de protection des données personnelles dans l’Union européenne. Cette réforme comporte deux volets :

  • la mise à jour et la modernisation des principes énoncés dans la directive européenne de 1995 sur la protection des données, sous la forme de ce règlement général sur la protection des données[1]
  • la rédaction d'une nouvelle Directive relative à la protection des données à caractère personnel dans le cadre des activités policières et judiciaires[2].

L’objectif de ce nouveau règlement est de « redonner aux citoyens le contrôle de leurs données personnelles, tout en simplifiant l’environnement réglementaire des entreprises »[1].

Le Parlement européen a modifié ce règlement et l'a adopté le en 1re lecture[3]. Les négociations se sont poursuivies entre les délégations de la Commission européenne, du Parlement européen et du Conseil de l'Union européenne et ont pris fin le . Le projet de règlement a été voté en Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) le [4],[5]. La France a transposé le règlement dans une loi adoptée le [6]

Le règlement européen a été publié le dans le Journal officiel de l'Union européenne et entre en vigueur le vingtième jour suivant celui de sa publication[7].

Ce règlement, applicable à partir du , est « obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable dans tout État membre »[8]. Le scandale Facebook-Cambridge Analytica, autour du vol, puis de l'analyse et de la réutilisation manipulatrices de données personnelles, à des fins électorales, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, éclate peu de temps avant sa mise en application. On constatera aussi l'existence d'entreprises comme Aggregate IQ (entreprise-sœur, canadienne, de Cambridge Analytica, créé par la même maison-mère) qui utilisent le big data (y compris des données personnelles illégalement acquises sur les comptes Facebook de 87 millions d'internautes) pour produire des messages électoraux trompeurs et ciblés empêchant le libre arbitre des électeurs de s'exercer[9],[10],[11].

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Principales dispositions

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Pour les entreprises, la conformité au RGPD, outre l'obligation légale, permet de gérer efficacement ses données, de contrôler les accès et d'en garantir la sécurité[12].

Le règlement contient des confirmations ou des évolutions, avec des principes clés, tels que[13],[14] :

Davantage d’informations Principe-clé et article, Description ...
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Application

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Transposition

Étant un règlement européen, le RGPD est obligatoirement et directement applicable à l’ensemble des pays membres de l'Union européenne. Il n'est pas nécessaire de transposer cette réglementation dans le droit national pour la rendre applicable. Le Comité européen de la protection des données (CEPD)[24] a été créé afin de permettre une coordination des actions des autorités de contrôle nationales de chaque pays européen et de veiller à la protection des données à caractère personnel.

Toutefois, le règlement prévoyait un renvoi à la réglementation nationale sur un certain nombre d'éléments et certaines dispositions nationales étaient en contradiction avec les nouvelles normes du règlement. Dans le cas de la France, cette dernière a adapté le droit interne, conformément au RGPD, par la loi du relative à la protection des données personnelles[25]. Par ailleurs, en prenant l'exemple de la France, cette loi donne à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) des missions supplémentaires et un pouvoir de contrôle et de sanction accrue en matière de protection des données[26].

Mise en œuvre

Les organisations doivent pouvoir garantir et prouver leur conformité en matière de protection des données personnelles. Pour les guider, la CNIL, l'autorité de surveillance numérique française, conseille six étapes afin de faire face à cette responsabilité accrue[27] :

Davantage d’informations Étape, Détail ...

Mise en conformité

Une enquête menée par Harvey Nash (en) et KPMG montre que les entreprises mondiales ne placent pas la mise en conformité avec le RGPD dans leurs priorités. Selon l'enquête, 38 % des entreprises mondiales qui ont répondu admettent qu'elles ne respecteraient probablement pas l'ensemble des dispositions du RGPD pour sa date d'entrée en vigueur le , bien qu'elles aient eu deux ans pour s'y préparer[28]. Les investissements des entreprises mondiales sont plutôt dirigés vers la cybersécurité à cause d'une augmentation des cyberattaques. D'autre part, la conformité avec le RGPD tend à se compliquer face à une pénurie de personnel compétent dans le domaine des mégadonnées (big data)[29].

Non-conformité à la loi

Une étude de cinq universitaires sur les plates-formes de recueil de consentement (CMP) les plus utilisées par les dix-mille sites les plus visités du Royaume-Uni montre que neuf sur dix ne respectent même pas les conditions minimales du cadre légal (l'obligation d'un consentement explicite, la possibilité de refuser les cookies aussi facilement que de les accepter et l'absence de cases pré-cochées). Les choix de conception de ces outils influencent les décisions des internautes : en n'affichant pas de bouton « Tout refuser » au même niveau que « Tout accepter » (souvent en requérant de cliquer sur une deuxième, voire une troisième fenêtre), la probabilité d'obtenir leur consentement augmente ainsi de près d'un quart[30].

Augmentation du nombre de plaintes

Les particuliers ont connaissance de leurs nouveaux droits ce qui se traduit par une augmentation du nombre de plaintes à la suite de l'entrée en vigueur du RGPD. Le principal recours à la plainte porte sur le consentement du traitement des données personnelles[31]. L'association la Quadrature du Net qui est une association de défense des libertés des citoyens sur internet, a déposé une plainte collective contre les GAFAM[32]. De la même manière, l'ONG None of Your Business (NOYB) a également eu recours à la plainte contre des acteurs dominant le marché des réseaux sociaux tels qu'Instagram et WhatsApp dès le afin « d'exiger un consentement libre pour rejeter l'idée d'une marchandisation de nos données personnelles »[33].

Sites inaccessibles aux européens

Plusieurs mois après l'entrée en application du RGPD, certains sites restent délibérément inaccessibles aux adresses IP en provenance de l'Union européenne ; c'est le cas d'un millier de sites d'information américains, et d'approximativement un tiers des cent plus importants d'entre eux[34]. La responsabilité de ce blocage incombe aux sites eux-mêmes, selon les uns, ou à la réglementation européenne, selon les autres[35]. C'est le cas des journaux en langue anglaise du groupe de presse Tronc (Chicago Tribune, Los Angeles Times…) (États-Unis).

Deux tiers des cent plus importants sites d'information américains sont accessibles et se déclarent compatibles avec le RGPD[réf. souhaitée].

Le modèle « consentir ou payer », aussi appelé « murs de traceurs » (cookie wall en anglais), est utilisé par certains sites et plateformes pour n'autoriser leur usage à sa clientèle que contre un consentement forcé ou un paiement. En France, le Conseil d'État a jugé le que l'exigence du consentement libre imposé par le RGPD ne suffit pas à interdire globalement ce modèle « consentir ou payer »[36]. Le , le CEPD a publié une décision concernant le modèle invitant à évaluer l'usage de ce dispositif selon la plateforme et le contexte[37].

Pays extérieurs offrant un niveau de protection compatible avec le RGPD

Le , à la suite de l'évolution de la législation suisse sur la protection des données le , la Commission européenne a jugé que la Suisse offre un niveau de protection des données adéquat, autorisant la circulation des données de l'Union européenne et de l'Espace économique européen vers la Suisse[38].

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Sanctions

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En cas de non-respect du RGPD, plusieurs sanctions peuvent être appliquées aux entreprises. L'article 58[39] du RGPD donne à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) le pouvoir de mettre en place des moyens dissuasifs afin de lutter contre les défauts de conformités se référant aux dispositions du RGPD.

Gradation des sanctions

Les sanctions entraînées par la CNIL sont dites graduelles car elles dépendront de la gravité des actions constatées et qui sont contraires au RGPD. Ces sanctions s'établissent en plusieurs étapes :

  1. Avertissement ou mise en demeure de l'entreprise accompagnés d'un rappel des règles concernant la mise en conformité [40] ;
  2. Injonction, ordre de cessation immédiate des violations constatées ;
  3. Limitation ou suspension temporaire des traitements ou des flux de données ;
  4. Sanctions administratives pour les entreprises qui n'ont pas respecté l'injonction.

Si les entreprises ou les organismes privés violent une des nouvelles normes du règlement, le RGPD prévoit des sanctions administratives et pénales. Ces sanctions ont surtout un but dissuasif du fait de leurs montants très élevés. L'analyse de la nature, la durée ainsi que de la gravité de la violation permettent de qualifier la sanction administrative qui sera applicable.

Sanctions administratives

L'article 83[41] du RGPD liste les conditions qui permettent à la CNIL d'appliquer une sanction administrative aux entreprises ou organismes qui auraient violé une des réglementations du règlement. La CNIL doit veiller à ce que les amendes qui seront imposées soient « effectives, proportionnées et dissuasives ».

L'une des premières amendes administratives peut atteindre 10 000 000  ou, dans le cas d'une entreprise, jusqu'à 2 % de son chiffre d'affaires annuel mondial de l'exercice précédent. Le montant retenu concerne toujours le montant de la sanction le plus élevé. Cette amende administrative est appliquée lorsque les manquements aux obligations du RGPD concernent[41] :

  • les obligations incombant au responsable du traitement et au sous-traitant ;
  • les obligations incombant à l'organisme de certification ;
  • les obligations incombant à l'organisme chargé du suivi des codes de conduite.

En cas d'infraction plus importante et liée au non-respect du RGPD, l'amende administrative pouvant être appliquée peut atteindre jusqu'à 20 000 000  ou, dans le cas d'une entreprise, jusqu'à 2 % de son chiffre d'affaires annuel mondial de l'exercice précédent (le montant le plus important sera là aussi retenu), lorsque les violations concernent les dispositions suivantes de l'article 83[41] du RGPD (paragraphe 5) :

  • les principes de base d'un traitement, y compris les conditions applicables au consentement ;
  • les droits dont bénéficient les personnes concernées ;
  • toutes les obligations découlant du droit des États membres adoptées ;
  • le non-respect d'une injonction, d'une limitation temporaire ou définitive du traitement ou de la suspension des flux de données ordonnée par l'autorité de contrôle en vertu de l'article 58.

Un réseau social allemand Knuddels (de) a été condamné par l'autorité allemande de protection de données (le Landesbeauftragten für Datenschutz und Informationsfreiheit Baden-Württemberg) à une amende d'un montant de 20 000 euros à la suite d'une fuite de plus de 2,6 millions de données de ses utilisateurs. Le montant de l'amende a été limité du fait de la transparence du réseau social et sa rapidité pour mettre à jour la sécurité du réseau social[42].

De manière générale, au niveau européen, on constate toutefois que les consommateurs ne font remonter qu'un nombre très limité de plaintes auprès des autorités de protection des données. Une étude[43] publiée en estime le taux moyen de plaintes dans 24 pays de l'Union Européenne à 3 pour 10 000. En Slovaquie, le taux de plaintes n'est que de 0,17 pour 10 000 alors qu'il atteint 8,6 en Irlande.

Sanctions pénales

L'article 84[41] du RGPD prévoit également aux États membres de mettre en place des sanctions pénales, afin de compléter le RGPD. Chaque État avait jusqu'au , pour notifier la Commission des dispositions légales qu'ils appliqueraient.

En France, selon l'Article 226-16 du Code pénal[44], les sanctions pénales applicables peuvent atteindre jusqu'à 300 000  d'amende et entrainer jusqu'à 5 ans d'emprisonnement.

Dommages et intérêts et déficit d'image

Des sanctions supplémentaires peuvent être ajoutées aux sanctions administratives et pénales, en cas de violation de l'une des dispositions du RGPD. En effet, toute personne lésée par le comportement des responsables ainsi que par un traitement des données non conforme au RGPD a la possibilité de saisir la justice ou des autorités administratives compétentes. Une action en justice peut entraîner le versement de dommages et intérêts.[réf. nécessaire]

Par ailleurs, le non-respect du RGPD peut affecter l'image et la réputation des entreprises ou organisations fautives[45].

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Critiques et réponses (mises à jour)

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La mise en œuvre du règlement général sur la protection des données a causé un bouleversement dans beaucoup d'entreprises, en premier lieu les grandes entreprises travaillant directement ou indirectement dans le secteur de la donnée. Qu'il s'agisse des GAFAM, des entreprises du secteur publicitaire pour qui l'utilisation des données personnelles est une part essentielle de leur travail, du secteur public, ou encore des PME qui doivent gérer les données personnelles de leurs salariés. Si certaines entreprises comme Apple se disent en accord avec le RGPD (mise en œuvre d'un bouton bleu qui montre à l'utilisateur quand Apple[46] utilise ses données, ainsi que des options « supprimer mes données personnelles/supprimer mon compte » sur leur site en ligne), d'autres comme Facebook[47] pourraient recevoir de lourdes amendes en raison de failles évidentes dans la protection des données de leurs utilisateurs.

De plus sur certains points, comme la vérification d'identité d'un utilisateur ayant oublié ses identifiants par un fournisseur, le règlement n'est pas précis, ce qui a pour conséquence une vérification insuffisante, facilitant le piratage[48] ou inversement des demandes de données plus sensibles (copie de passeport, par exemple) que celles détenues[49].

Compatibilité entre le RGPD et le CLOUD Act

Le CLOUD Act est la loi fédérale des États-Unis qui permet en particulier aux services judiciaires de contraindre les fournisseurs de services établis aux États-Unis, à fournir des données stockées sur des serveurs, qu'ils soient situés aux États-Unis ou dans des pays étrangers. Il entre en conflit avec le RGPD[50].

Selon Nathalie Devillier, professeure en droit du numérique à l'école de management de Grenoble, « Le Cloud Act offre un cadre légal à la saisie de documents, de mails, en bref de toutes les communications captées à l'étranger par les serveurs des sociétés américaines »[51].

Cette législation américaine s'impose aux GAFAM comme aux entreprises étrangères (ex. : Orange, Altice) ayant une activité aux États-Unis[52]. Cela crée un risque de souveraineté sur des données sensibles. A titre d'exemple, les données de santé françaises sont hébergées par Microsoft et le gouvernement français envisage de les rapatrier vers un opérateur de services français ou européen[53].

En 2020, un nouveau problème se pose en France avec l'hébergement, sur les serveurs d'Amazon, des attestations des prêts garantis par l'État (PGE) aux entreprises pendant la pandémie Covid-19, questionnant ainsi la notion de souveraineté numérique de la France et suscitant l'inquiétude quant à l'accès de ces informations[54]. Selon Nathalie Goulet, sénatrice de l'Orne, ce marché a été attribué à Amazon sans appel d'offres par Bpifrance[54].

Pour les données les plus sensibles des administrations, le gouvernement français a fait le choix d'un système de nuage informatique d'État. C'est-à-dire que l'infrastructure sera gérée par l'État lui-même sur des serveurs en nuages qui lui appartiennent et dont il a l'entière maîtrise[55].

Pour les données moins sensibles, l'État aura recours à un cloud géré par un prestataire extérieur mais sur des machines exclusivement dédiées[55].

Les autorités françaises travaillent à mettre au point un dispositif qui permettrait aux entreprises françaises d'être prévenues si la justice américaine cherche à accéder à certaines de leurs données stratégiques stockées dans les serveurs d'opérateurs américains[56].

Selon l'autrichien Maximillian Schrems, qui est parvenu à faire annuler, en juillet 2020, l'accord « Privacy Shield » relatif aux règles de transfert des données personnelles hors d'Europe, « jusqu'à présent, les entreprises américaines ont ignoré le droit européen chaque fois qu'il y a eu un conflit entre le droit de l'Union européenne et les lois des États-Unis […]. Il peut être nécessaire de construire des alternatives européennes »[57].

Compatibilité entre le RGPD et les blockchains

Des acteurs, comme l'Observatoire et forum EU Blockchain[58],[59], ont soulevé le cas de certaines oppositions entre le RGPD et les blockchains, construites comme base de données distribuée reposant le plus souvent sur de nombreux acteurs. En effet, ces technologies impliquent que les données enregistrées sur ces « chaines » ne puissent plus jamais être modifiées (dans un but d'infalsifiabilité et de transparence, n'autorisant que l'ajout de données). De prime abord, ceci va à l'encontre du « droit à l'effacement » garanti par le RGPD. Mais des stratégies telle que l'inscription de données chiffrées dans le registre de la chaîne, avec possible destruction de la clé permettant leur déchiffrement, pourrait répondre au droit à l'oubli tel qu'envisagé dans le RGPD.
La CNIL a suggéré cette stratégie comme solution[60]. D'autres questions persistent, comme l'identification des acteurs tels que définis par le RGPD dans le contexte d'une blockchain publique où la participation au réseau est ouverte et ne requiert pas de permission.

En 2025, face à la croissance et à la nature « distribuée » des blockchain et face à leur complexité informatique et mathématique et à leur gestion non-centralisée, le RGPD doit répondre à des défis spécifiques concernant d'une part le traitement et la protection des données personnelles (qui en est responsable devant la loi ?), et d'autre part les risques pour les droits et libertés des personnes concernées, qui doivent être évalués avec rigueur. Certaines menaces peuvent et doivent être atténuées an amont par des mesures techniques « dès la conception » (pour notamment respecter les principes de limitation de la conservation, de rectification et d'effacement), mais d'autres défauts sont plus difficiles à résoudre en raison des propriétés intrinsèques des blockchains (dont l'immutabilité et la transparence). Les lignes directrices[61], proposées et soumises à consultation (jusqu'au 9 juin 2025) par le CEPD, incluent un cadre d'analyse pour les organisations qui envisagent d'utiliser la blockchain, en précisant les considérations clés de conformité au RGPD selon les architectures choisies. Ces recommandations insistent sur la nécessité d'identifier clairement les rôles et responsabilités des acteurs impliqués, d'adopter des mesures organisationnelles et techniques adaptées, et de privilégier des techniques de minimisation des données personnelles (le stockage de données personnelles sur une blockchain ne devrait être envisagé que si des solutions avancées, telles que le chiffrement ou l'anonymisation, permettent de respecter les principes du RGPD). Ces lignes directrices[61] détaillent aussi les interactions entre les aspects techniques de la blockchain et les principes de l'article 5 du RGPD, insistant sur l'importance de la transparence, du droit à la rectification et à l'effacement. Enfin, elles recommandent la réalisation d'une analyse d'impact relative à la protection des données (AIPD) avant toute mise en œuvre, et proposent en annexe un ensemble de recommandations concrètes pour les projets de traitement reposant sur la blockchain[62].

Dans une mise à jour d'août 2025, la CNIL a confirmé que les participants ayant un droit d'écriture sur la chaîne et décidant de soumettre une donnée à la validation sont à considérer comme responsables car ce sont eux qui déterminent les finalités et les moyens de ce traitement[63], alors que les mineurs, qui se limitent à valider techniquement les blocs, ne seront pas considérés comme responsables du traitement. De même, les personnes physiques inscrivant des données dans un cadre strictement personnel sont exemptées, conformément à l'article 2 du RGPD.

Ces précisions s'inscrivent dans une dynamique plus large d'adaptation du RGPD aux technologies décentralisées (et à l'intelligence artificielle). En 2025, la Commission européenne a lancé une consultation sur l'intégration des principes de gouvernance distribuée dans le cadre réglementaire, avec pour objectif de clarifier les responsabilités et de renforcer la protection des droits individuels dans les environnements de type blockchain.

Compatibilité entre le RGPD et l'intelligence artificielle

Le RGPD en tant que socle juridique européen de la protection des données personnelles est confronté au développemnt rapide de nombreux grands systèmes d'IA (d'IA générative notamment), et dans ce contexte les autorités de régulation sont tantôt accusées d'être constamment en retard par rapport aux évolutions rapides de l'IA, ou de freiner l’entraînement des modèles d'IA[64].

En décembre 2024, le CEPD a publié un avis détaillé sur l'utilisation des données à caractère personnel dans le développement et le déploiement des modèles d'IA, soulignant que les principes du RGPD sont compatibles et même favorable à l'innovation responsable en matière d'IA.
Cet avis précise notamment les conditions dans lesquelles un modèle d'IA peut être considéré comme anonyme, les limites de l'intérêt légitime comme base juridique, et les conséquences du traitement de données personnelles illicites dans les phases d'entraînement.
Le CEPD y juge urgent de mieux évaluer les risques posés par l'IA pour les droits et libertés des personnes concernées, et recommande la mise en œuvre d'introduire en amont des mesures techniques et organisationnelles de « protection des données dès la conception et par défaut ».

En France, la CNIL a parallèlement publié (en février 2025) de nouvelles recommandations pour aider au développement de systèmes d'IA respectueux des droits fondamentaux, dont pour le Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle à Paris ; Ces recommandations visent à clarifier l'application du RGPD aux larges modèles de langage et à tout système d'intelligence artificielle générative (IAg), en tenant compte des spécificités techniques de l'IA (qui inclue la mémorisation involontaire de données personnelles ou les risques liés aux « invites » (prompts). Ceci doit contribuer à la convergence du RGPD et du règlement européen sur l'intelligence artificielle (AI Act qui doit entrer en vigueur fin 2025.

En France, dans la continuité de travaux initiés de travaux menés depuis 2017 sur les enjeux éthiques des algorithmes, et préparant l'entrée en vigueur du futur règlement européen sur l’intelligence artificielle (AI Act), la CNIL s'est doté, le 16 mai 2023, d'un « Plan d'action pour l'IA ». Il comprenant quatre volets : (1) appréhender le fonctionnement des systèmes d’IA et leurs impacts sur les personnes, notamment en matière de transparence, de biais algorithmiques et de sécurité des données ; (2) permettre et encadrer le développement d’IA conformes au RGPD, avec la publication de guides pratiques sur la réutilisation des données accessibles en ligne et la constitution de bases d’apprentissage ; (3) fédérer et accompagner les acteurs innovants de l’écosystème IA en France et en Europe, notamment via des dispositifs comme le « bac à sable » réglementaire ou des programmes d’accompagnement renforcé ; (4) auditer et contrôler les systèmes d’IA, en particulier ceux déployés dans des contextes sensibles tels que la vidéosurveillance augmentée[65].

Depuis, la CNIL a publié plusieurs série de recommandations pour le développement de systèmes d’IA compatible avec le RGPD (qui est un facteur de confiance pour les personnes, et de sécurité juridique pour les entreprises)[66]. La CNIL rappelle que « Comme tout traitement de données personnelles, la collecte et l’utilisation de données via un système d’IA doit respecter le RGPD et les droits des personnes »[67]. Selon les recommandations 2025 de la CNIL, « l’idée reçue selon laquelle le RGPD empêcherait l’innovation en intelligence artificielle en Europe est fausse. En revanche, il faut avoir conscience que les bases d’entraînement comprennent parfois des « données personnelles » (...) sur des personnes réelles. L’utilisation de ces données fait courir des risques aux personnes, qu’il faut prendre en compte, afin de développer des systèmes d’IA dans des conditions qui respectent les droits et libertés des personnes, et notamment leur droit à la vie privée »[64]. Durant leur phase de développement, 3 types de systèmes sont particulièrement concernés selon la CNIL :

  • « les systèmes fondés sur l’apprentissage automatique (machine learning) »[64] ;
  • « les systèmes dont l’usage opérationnel est défini dès la phase de développement et les systèmes à usage général qui pourront être utilisés pour nourrir différentes applications (« general purpose AI ») »[64] ;
  • « les systèmes dont l’apprentissage est réalisé « une fois pour toutes » ou de façon continue, par exemple en utilisant des données d’utilisation pour son amélioration »[64].

RGPD et développement du big data

À l'échelle mondiale, des auteurs[Qui ?] voient le RGPD comme une perte de compétitivité pour les entreprises européennes. En effet, celles-ci doivent pour beaucoup investir dans la protection des données personnelles, pendant qu'il n'existe aucun règlement similaire[Quand ?] dans des pays comme les États-Unis[68].

Individualisation du droit du numérique

Selon Ophélie Coelho, chercheuse en géopolitique du numérique, la « règle du consentement » peut être interprétée comme une individualisation du droit qui fait reposer sur l'utilisateur une charge importante, dans la mesure où c'est lui qui se retrouve responsable de l'évaluation et de la gestion des risques liés l'exploitation de ses données personnelles.

Sous couvert de placer le pouvoir décisionnel entre les mains de l'utilisateur, la charge du régulateur serait ainsi transférée vers l'individu, présumant que ce dernier est capable d'examiner minutieusement les modalités d'utilisation d'un service en ligne, d'en saisir toutes les subtilités et de prendre en conséquence une décision éclairée (en matière de gestion des cookies par exemple)[69]. Cette interprétation du consentement transforme la gestion des risques liés aux données personnelles en une responsabilité individuelle plutôt que collective ou institutionnelle, approche qui serait la conséquence directe des difficultés rencontrées par le régulateur dans l'encadrement de l'exploitation des données.

Condition de réutilisation des données recueillies en première instance

Une réutilisation des données est permise par le Droit européen, qui dispose que si l'entreprise ou l'organisation a collecté des données « sur la base d'un intérêt légitime, d'un contrat ou d'intérêts vitaux », celles-ci peuvent être utilisées à une autre fin si la « nouvelle finalité » est compatible avec celle définie initialement[70].

La Quadrature du net fait partie des associations militant pour un amendement de l'article 6 du RGPD. Pour l'association, le flou entourant le régime des compatibilités de traitement permettrait « le recours au big data sans le consentement de la personne, si le responsable de traitement ou toute personne tierce estime ce recours justifié, notamment pour des raisons d'innovation »[71].

En France, le rapport du Conseil Général de l'Économie (CGE) d'avril 2019[72] reconnaît également que la notion d'intérêt légitime est trop vague, et a demandé au Comité Européen de la Protection des Données, organisme chargé d'examiner toute question portant sur l'application du RGPD et de publier des lignes directrices[73], de mettre en place des recommandations et des bonnes pratiques afin d'aiguiller les régulateurs dans l'application du droit. La demande de clarification concerne ici moins la protection des individus que la défense des entreprises européennes : pour le CGE, le manque de clarification de ce point nuit à l'innovation, puisque certaines entreprises européennes s'efforceraient de recueillir le consentement de leurs utilisateurs quand le cadre du RGPD leur permet déjà de les utiliser en phase de recherche et développement[72].

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Effets économiques

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Effet sur les entreprises européennes

La RGPD semble avoir, au moins dans sa phase d'établissement, un effet négatif sur les revenus et les bénéfices des entreprises implantées dans l'Union européenne, essentiellement à cause de l'augmentation des coûts de conformité. Selon Giorgio Presidente, chercheur à l'université Bocconi, et Carl Benedikt Frey, professeur à Oxford, les entreprises européennes devant se soumettre au RGPD ont vu leurs chiffres d'affaires diminuer de 2 % et leurs résultats nets de 8 %. Les petites et moyennes entreprises du secteur des technologies de l'information ont été les plus négativement affectées, connaissant une baisse des bénéfices de 12 % à cause du RGPD. Toutefois, l'étude indique que cet effet peut être temporaire, le temps de s'adapter et d'investir[74]. À l'inverse, les géants américains des nouvelles technologies comme Facebook et Google se sont plus facilement mis en conformité vis-à-vis de la RGPD, ce qui a incité les publicitaires à davantage dépenser sur leurs plateformes que sur celles de plus petites entreprises[75].

D'autres travaux corroborent un effet négatif de la RGPD sur la compétitivité et la capacité à innover des entreprises européennes[76],[77].

Effet sur l'investissement

Selon Jia, Jin et Wagman (2018), la RGPD a causé une réduction de 17,6 % du nombre d'investissements en capital risque et une diminution de 39,6 % de la valeur des investissements en capital risque dans les entreprises sise en Union européenne. Cela pénaliserait fortement la capacité des start-ups en Europe à lever des fonds[78],[79].

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Influence

En , une loi sur la protection des données inspirée du RGPD, la Loi californienne sur la protection de la vie privée des consommateurs[80], est entrée en vigueur en Californie[81].

Le RGPD a influencé la loi chinoise sur les données personnelles en ligne adoptée en août 2021[82].

Jurisprudence

Selon la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), l'amende condamne un comportement fautif, comme une violation commise délibérément ou par négligence[83]. L'amende se calcule sur le chiffre d'affaires mondial du groupe d'entreprises. Les États tiers, comme le Royaume-Uni et les États-Unis, sont inclus dans le champ d’application territorial du règlement[84].

Notes et références

Voir aussi

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