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Redfern (entreprise)

maison de mode britannique De Wikipédia, l'encyclopédie libre

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Redfern & Sons est une entreprise britannique, au départ un simple drapier-tailleur devenu une maison de couture renommée, qui trouve ses origines au milieu du XIXe siècle à Cowes sur l'Île de Wight. Celle-ci est fondée par John Redfern à Cowes, puis développée en France par Charles Poynter vers les années 1870, pour rapidement s'étendre dans le monde par l'ouverture de plusieurs succursales à Londres, Paris, ou New York dans les décennies suivantes. Il est attribué à la maison l'invention de l'ensemble costume-tailleur à la date symbolique de 1885, ce pour quoi le nom de Redfern est régulièrement cité. Mais la maison confectionne l'ensemble du vestiaire féminin et devient en France membre de la Chambre syndicale de la couture parisienne durant le XXe siècle. C'est, autour des années 1900, une prolifique et prestigieuse maison en France, en Angleterre et aux États-Unis, signature incontournable de la mode de l'époque. La succursale parisienne, principal lieu du succès de l'entreprise, ferme en 1929.

Faits en bref Fondation, Dissolution ...
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Historique

Résumé
Contexte
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Costume tailleur de Redfern, illustration par George Barbier dans la Gazette du Bon Ton, avril 1914.

John Redfern (1820-1895) commence son activité comme « marchand-drapier[1] » à Cowes, vers 1847. Il vend, coupe puis façonne les tissus, principalement des draps de laine à une clientèle masculine[1] passant d'un magasin de tissu à une maison de couture[2]. Les tenues d'amazones pour la chasse ou l'équitation sont l'exception permettant aux tailleurs d'avoir des clientes[1],[3]. John Redfern va inventer le nouveau métier de « tailleur pour dames[4] »[1],[n 1], aidé de deux de ses fils, John et Stanley[5].

Vers la fin des années 1860, les activités de plein air ou sportives telles que l'équitation, le canotage, le croquet, le golf, le tennis, le yachting, le tir à l'arc, ou la montagne se développent, et les femmes doivent trouver des vêtements adaptés à la pratique de celles-ci, leur laissant une liberté de mouvement[1],[n 2]. Cowes devient un haut lieu du nautisme et de la plaisance dans les années 1870[5] et Redfern va adapter ses réalisations à cette tendance.

Durant cette décennie, la maison est connue pour ses vêtements destinés à la pratique du sport[7],[8] jusqu'à en faire une spécialité[3],[9],[10] : la maison développe les ensembles veste et jupe assortie, le « costume tailleur »[1] directement tirés du vestiaire masculin[11],[5], parfois appelé « costume-trotteur ». Mais vers la même époque, Redfern diversifie son activité de tailleur pour inclure la création de robes[12], la plupart à corsage boutonné inspirées du gilet d'homme[13],[n 3], dont la robe de mariée et les habits des demoiselles d'honneur du chirurgien de la reine Victoria[5].

La maison conçoit en 1879 une tenue en jersey de laine portée par Lillie Langtry, alors maitresse du Prince de Galles. L'apparition de l'actrice dans cette tenue lors d'une régate à Cowes assure définitivement la renommée de la maison en Angleterre[5],[14]. Par la suite, la Princesse de Galles commande des « vêtements de voyage » à l'entreprise, rendant ainsi connue le nom de Redfern jusqu'en France[14] ; elle porte alors le costume tailleur de la maison, « mêlant élégance et praticité[5] », en journée[1], popularisant ainsi celui-ci pour un autre usage[15] : bien que créés pour le sport, ces vêtements sont au cours des années adoptés dans la vie de tous les jours[16].

Paris

John Redfern ouvre une succursale à Londres en 1878[1] dirigée par Frederick Mims, vendant vêtements de sport et sur mesure[5], puis à Paris en 1881[1],[3],[17]au 242, rue de Rivoli. À l'époque, il est « de bon ton, voire recommandé, d'ouvrir une succursale à Londres si l'on est parisien, et inversement[18]. » L'entreprise porte alors le nom de « Redfern & Sons »[2].

Charles Pennington Poynter, qui est également le styliste de l'entreprise[3], s'occupe de la succursale de Paris[n 4] et va bientôt ouvrir d'autres succursales en France, comme à Deauville[5], Cannes, Nice ou Monte-Carlo[12] ; celui-ci fait ajouter « Redfern » à son nom afin de « mieux incarner la marque »[1]. En France, la maison Redfern, qui insiste sur son origine anglaise, devient incontournable, même si elle n’atteint pas la renommée du tout puissant Charles Frederick Worth, autre anglais installé à Paris[1],[n 5] ; la maison, un tailleur, est complémentaire du couturier dans la drastique hiérarchie des tenues qui existe à l'époque pour les élégantes en fonction de l'usage et du moment de la journée : « dès la fin des années 1880, on estime communément que la garde-robe idéale d'une élégante doit comporter des costumes de jour griffés Redfern et des vêtements du soir signés Worth[1] »[n 6]. Redfern trouve alors vers cette époque l'équilibre entre le chic parisien et la sobre distinction anglaise[4],[18],[n 7].

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Publicité de la succursale de New York (1885)

Les ouvertures européennes sont suivies de boutiques à New York au 210 de la Cinquième avenue en 1884, ainsi que Newport, Rhode Island, Saratoga Springs par la suite[5], toutes sous la responsabilité d'Ernest Redfern, fils du fondateur[5]. Aux États-Unis l'entreprise est baptisée Redfern & Co.

La maison utilise largement la publicité et l'illustration durant plusieurs décennies pour promouvoir son succès ; en 1885 sont publiées des publicités importantes dans Le Temps ou Le Figaro[1]. L'Histoire retiendra symboliquement cette date comme celle de l'invention du costume-tailleur moderne par Redfern[21]. Par la suite, Redfern diffuse une pièce inspirée du vestiaire masculin, le « manteau-tailleur » à la coupe stricte[18] ainsi que l'imperméable[22].

Redfern devient en 1888 « Dressmaker By Royal Appointment » de la reine Victoria et la princesse de Galles[n 8]. La maison habille depuis 1870 ces deux personnalités, qui apparaissent notamment dans le magazine The Queen, et utilise leurs noms sur ses publicités[5] ou étiquettes. Redfern à comme clientèle nombre d'autres personnes de la cour d'Angleterre[24] mais également l'impératrice de Russie[25].

Redfern Ltd

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Robe de Garden-party de Redfern, illustration par Xavier Gosé dans la Gazette du Bon Ton, avril 1913.
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Costumes de théâtre de Redfern, 1908.

À partir de 1892, l'entreprise, qui connait déjà un succès international, est rebaptisée Redfern Limited[5]. La maison, dominant la mode des vêtements de sport, de voyages[26], étend ses collections en proposant, dans sa succursale de Paris principal lieu de son succès[2], des vêtements du soir[1],[n 9], s'éloignant ainsi de son métier de tailleur pour se rapprocher plus encore du métier de couturier[4]. La maison est reconnue également comme fourreur[27],[28], ainsi que pour ses manteaux : « manteaux entièrement en fourrure, […] manteaux de théâtre et de voiture[29] ». John Redfern le fondateur meurt en [5] à Cowes.

En 1900, la maison Redfern, qui compte plusieurs centaines d'employés, participe, avec de nombreux autres grands couturiers, à l'Exposition universelle[5],[30] dans le pavillon Palais des Fils, Tissus et Vêtements ; Elle intègre la Chambre syndicale de la couture parisienne[2],[n 10] : Redfern fait, à l'époque, jeu égal avec les plus grands couturiers[31],[32]. Après 1900, la maison est illustrée dans la presse essentiellement pour ses robes de jour, mais également ses tenues du soir, s'éloignant des tenues décontractées de ses origines[5] ; la boutique historique de Cowes ferme vers cette époque[5]. Dans les années 1910, Redfern apparait régulièrement dans la luxueuse Gazette du Bon Ton au milieu des nombreux couturiers parisiens ; la maison fait partie des sept couturiers qui sont en contrat avec la publication de Lucien Vogel[33],[34].

Redfern est sollicité[35] depuis longtemps[36] par les comédiennes de théâtre, telle Sarah Bernhardt, Jane Hading[37], ou Marie-Thérèse Piérat[n 11], qui lui commandent des robes de scène, des « costumes dramaturgiques[18] » faisant ainsi la publicité de la maison[39] jusqu'à obtenir plusieurs pages dans certaines publications[40].

En 1916, Redfern créé les premiers uniformes féminins pour la Croix Rouge[37],[41]. Autour des années de la Première Guerre mondiale, la maison se fait remarquer dans la presse par ses créations très colorées ; elle est également considérée comme un des maitres du style Gréco-romain de la mode depuis quelques années[42]. En 1918, à l'occasion d'une exposition de mode tenue à Zürich, en territoire neutre, un journaliste note que Redfern, tout comme Worth, a pour spécialité de draper la « grande mondaine imposante »[43]. Après la Guerre, l'entreprise compte également, en plus de Londres ou Paris, des succursales à Nice et Monte-Carlo[37]. Une publicité de l'époque indique : « Toilettes pour les courses, robes pour Henley,robes et manteaux pour les cours royales, chapeaux pour toutes circonstances, fourrures et lingerie[37]. »

Vers les années 1930 sont commercialisés les parfums Soir Hindou ou Océan d'Amour. À cette époque, la maison déménage et s'installe 8, rue Royale, mais également sous l'enseigne Redfern Sports au 32, rue du Faubourg-Saint-Honoré vendant des modèles plus abordables[44]. À la mort de Charles Poynter en 1929, la maison ne survit pas au principal instigateur de sa renommée et son développement[45]. S'ensuit une période chaotique faite d'ouverture et de fermeture[n 12].

De nos jours, les créations de Redfern sont visibles au Victoria & Albert Museum, au Palais Galliera, au Kyoto Costume Institute, à la National Gallery of Victoria, au Musée des arts appliqués de Belgrade, au Musée des beaux-arts de Boston, ou au Philadelphia Museum of Art. Ces musées disposent de nombreuses robes, dont plusieurs destinées à être portées le soir. Pourtant l'image de Redfern reste ancrée principalement aux vêtements de jour, dont l'iconique ensemble tailleur.

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Toilettes publiées par Les Modes (1902-1922)

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Notes et références

Voir aussi

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