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Strollad pobl vreizh
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Strollad Pobl Vreizh (SPV), (en français : Parti Républicain Breton) était un parti politique breton actif de 1979 à 1983, prônant l’indépendantisme breton et la création d’une République bretonne souveraine. Né dans le contexte du renouveau nationaliste breton des années post-1968, le SPV se distinguait par son rejet radical de l’État français, son activisme symbolique non violent et son soutien à l’insoumission bretonne face à la conscription militaire. À travers son journal Douar Breizh / République Bretonne, le parti diffusait ses idées et mobilisait ses militants, marquant une étape clé dans l’histoire du nationalisme breton.
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Historique
Résumé
Contexte
Contexte et fondation
Le Strollad Pobl Vreizh émerge au printemps 1979 dans les cercles bretonnants de Paris, où des intellectuels et militants nationalistes commencent à structurer un mouvement explicitement séparatiste [1],[2]. Rapidement, des activistes de Basse-Bretagne prennent la direction du parti, imposant une ligne claire : rompre totalement avec la France pour établir une République bretonne indépendante [3],[1]. Cette orientation s’inscrit dans un contexte de désillusion face aux promesses non tenues du Parti socialiste après son arrivée au pouvoir en 1981, notamment sur la décentralisation et la reconnaissance des langues régionales[PPR 1],[DB 1]. Contrairement à l’Union démocratique bretonne (UDB), qui prônait l’autonomie dans le cadre français, le SPV rejette toute forme de compromis, dénonçant la régionalisation comme un « privilège fragile » incapable d’assurer une véritable souveraineté bretonne[4],[DB 1].
Le SPV s’inspire des mouvements de libération nationale internationaux, notamment en Irlande, en Algérie et en Pologne, comparant la situation bretonne à celle des peuples opprimés par des puissances coloniales[1],[5],[DB 2]. En 1981, le parti publie sa charte, proclamant la « rupture avec la France » comme préalable à tout projet de société et affirmant son objectif de construire une République bretonne[1].
Développement et militantisme
Dès sa création, le SPV adopte une stratégie d’activisme intense pour rendre visible la cause séparatiste[2],[6]. En février 1982, il lance Douar Breizh / République Bretonne, un journal mensuel tiré à 2 500 à 3 000 exemplaires, qui devient sa principale plateforme de communication[7]. Le journal reflète également l’engagement inter-nationaliste du SPV, avec des articles soutenant les luttes des Irlandais, Basques, Corses et Polonais[DB 3].
Le parti se distingue par des actions symboliques visant à défier l’autorité française et à promouvoir l’identité bretonne[6],[DB 4]. En novembre 1981, des militants investissent la caserne Foch à Rennes, arrachant et déchirant un drapeau français pour protester contre l’emprisonnement d’insoumis bretons[PPR 2], sans opposition notable des autorités.[1],[DB 5]. En août 1982, lors de la commémoration du 450e anniversaire du traité d’Union à Vannes, des militants recouvrent une plaque glorifiant cet événement de goudron et de plumes, dénonçant l’union qu'ils jugent être une perte de souveraineté bretonne[1],[DB 4],[PPR 3]. En mars 1983, le SPV orchestre une campagne de renommage des rues Gambetta dans plusieurs villes bretonnes en « Straed Merzerien Conue ha Stourmerien Vrezhon » (rue des martyrs de Conlie et des insoumis bretons)[PPR 4], en hommage aux conscrits bretons morts sous Léon Gambetta en 1870-1871 et aux insoumis contemporains[8],[DB 6].
Le SPV s’engage également dans la lutte contre les projets nucléaires en Bretagne, perçus comme des instruments de centralisation française[8]. Il participe aux mobilisations contre la centrale de Plogoff et aux rassemblements anti-nucléaires au Carnet en 1982, où des militants, dont certains du SPV, affrontent une répression policière marquée par des gaz lacrymogènes et des charges violentes. Ces combats sont intégrés à une vision plus large de résistance à l’« impérialisme français », le parti dénonçant le nucléaire comme un moyen de renforcer l’occupation administrative et militaire de la Bretagne[DB 7].

Un pilier central de l’activisme du SPV est son soutien à l’insoumission bretonne, incarnée par le Mouvement d’insoumission bretonne (MIB), créé en 1977[9],[6],[DB 8]. En novembre 1981, une manifestation nationaliste à Rennes, soutenue par le SPV, voit une trentaine de militants pénétrer dans la caserne Foch pour protester contre l’incarcération d’insoumis[8],[PPN 1]. En novembre 1982, Chaillou et Le Bechennec s’enchaînent au député socialiste Maurice Briand à Guingamp[PPN 2] pour dénoncer la conscription et l’exploitation économique française[DB 9], une action coordonnée par la Coordination nationale de l’insoumission bretonne, formée à Lorient en 1982 avec le SPV, le MIB et le Parti pour l'Organisation d'une Bretagne Libre (POBL)[DB 10]. Ces insoumis sont ensuite emprisonnés à la prison Jacques Cartier à Rennes et le SPV soutient ces militants par des appels à dons via Skoazell Vreizh et le MIB, et organise des manifestations pour exiger leur libération[PPN 3],[DB 11].
Sur le plan économique, le SPV promeut un « séparatisme économique » pour contrer l’exploitation de la Bretagne par la France.
Le SPV organise plusieurs congrès pour structurer son action[DB 12]. En mai 1982 à Lorient, une cinquantaine de délégués créent des commissions permanentes (agriculture, relations internationales, agitation-propagande) et élisent une collégiale dirigée par Jean-Pierre Le Mat, président et ancien insoumis[10]. En décembre 1982 à Nantes, le congrès met l’accent sur l’amélioration du journal, revendiquant 10 000 lecteurs[DB 10], et sur des techniques modernes de propagande (médias, humour). Une souscription permanente est lancée pour financer les activités du parti, renforçant son organisation.
Répression et défis
Le SPV fait face à une répression soutenue de l’État français, qui utilise l’article 88 du Code pénal, punissant les atteintes à l’intégrité territoriale, pour cibler ses militants[8]. En 1982, Jean-Pierre Le Mat est emprisonné à la suite d’accusations sur un potentiel trafic d’armes[PPN 2],[PPN 4], dénoncées par le parti comme « ubuesque »[DB 13]. Les procès de 1983, concernant 3 membres du MIB, sont marqués par des condamnations sévères (16 mois de prison pour insoumission), contrastant avec les peines plus légères infligées aux insoumis non nationalistes[DB 14]. Le SPV dénonce ces procès comme des attaques contre les idées séparatistes, critiquant l’interdiction de témoignages en breton et la forte présence policière lors des audiences[DB 14].
Le parti est également confronté à des accusations d’extrémisme ou de fascisme, qu’il réfute en soulignant son caractère républicain et non violent[DB 15]. Dans Douar Breizh, le parti rejette ces critiques, affirmant que la violence provient de la situation coloniale imposée par la France, et non des idées séparatistes[DB 16].
Les tensions avec d’autres organisations bretonnes, notamment l’UDB, constituent un autre défi. Le SPV critique l’UDB pour son alignement avec la gauche française et son autonomisme[DB 17], jugé insuffisant, tout en reconnaissant son rôle historique dans la revitalisation du nationalisme breton[DB 18].
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Dissolution et héritage
En novembre 1983, après quatre années d’activisme intense, le SPV se dissout et fusionne avec le Mouvement d’insoumission bretonne pour former le Mouvement indépendantiste breton (MIB)[7],[1]. Certains militants rejoignent Emgann, créé peu après, poursuivant la lutte indépendantiste sous une nouvelle forme[9].
Malgré sa courte existence, le SPV constitue une étape clé dans l'historique du troisième Emsav. Son discours et ses actions provocantes et son journal Douar Breizh relance le débat sur l’indépendance bretonne, inspirant des mouvements ultérieurs comme Emgann[9].
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Idéologie
Résumé
Contexte
Le SPV se définissait comme un parti de libération nationale, non dogmatique et sans-étiquette[PPN 5], centré sur l’établissement d’une République bretonne[11]. Sa charte de 1981 énonçait plusieurs principes :
- La nécessité d’une rupture totale avec la France, qualifiée de puissance coloniale.
- La promotion d’une souveraineté bretonne dans les domaines politique, économique et culturel.
- Le soutien à l’insoumission bretonne comme acte de résistance à l’occupation française.
- Une solidarité inter-nationaliste avec les peuples « opprimés », notamment celtiques (Irlande, Pays de Galles, Cornouaille) et autres (Basques, Corses, Polonais)[DB 19],[DB 20].
- Le rejet du fascisme, du racisme et du totalitarisme, en réponse aux accusations de ses adversaires[12].
Le parti prônait un nationalisme ethnique, défini comme une réaction naturelle à l’oppression française, et envisageait une République bretonne comme le seul cadre viable pour garantir la liberté du peuple breton[DB 21],[5],[13]. Il rejetait le régionalisme, l’autonomisme et le fédéralisme, les considérant comme des compromissions, et se distinguait par sa vision pragmatique : une fois l’indépendance obtenue, le SPV envisageait de se dissoudre, laissant les Bretons libres d’organiser leur société[11],[DB 22].
Symboles

Le SPV adoptait le drapeau breton Gwenn-ha-Du, dont les bandes noires formaient les lettres « SPV » dans le battant, symbolisant son identité militante[7]. Il utilisait également un emblème combinant un triskell et l’épée Excalibur, évoquant la résistance et la légende bretonne. Lors de ses réunions, un grand drapeau de 1,5 m x 3 m ornait la tribune, renforçant l’impact visuel de ses rassemblements[7].
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Organisation
Le SPV était structuré autour d’un bureau politique, avec des figures clés comme Jean-Pierre Le Mat (président, ingénieur agronome et ancien insoumis), Brigitte Lever (secrétariat), Alan Coraud (porte-parole), Yorann Delacourt (formation) et Jakez Denis (finances, ancien du FLB)[10]. Des fédérations locales, notamment à Brest, Lorient et en Loire-Atlantique, coordonnaient les actions, tandis que des commissions thématiques (agriculture, relations internationales, propagande) planifiaient les initiatives[DB 12]. Le parti organisait des réunions régulières, comme celles du centre social de Pen ar Creac’h à Brest, et lançait des souscriptions pour financer ses activités[DB 23].
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Voir aussi
Résumé
Contexte
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Ouvrages généralistes
- (en) Theodore H. Epp, Joseph, Back to the Bible, , 104 p. (ISBN 9780847412839, lire en ligne)
- Ouvrages universitaires
- Fiammetta Venner, Extreme France, Grasset, , 526 p. (ISBN 9782246666097)
- Michel Nicolas, Bretagne, un destin européen ou La Bretagne et le fédéralisme en Europe, Presses universitaires de Rennes, , 310 p. (ISBN 9782868476388, présentation en ligne)
- (es) Xosé Manuel Gonzalez Reboredo, Etnicidade e nacionalismo, Consello da Cultura Galega, , 582 p. (ISBN 9788495415349, lire en ligne)
- Valérie Vulliez, Liberté, égalité, décentralisations : Comparaison des processus de décentralisation français et britannique et de leurs effets, Université de Genève, , 416 p. (lire en ligne)
- Ouvrages historiques
- Philippe Rault, Les drapeaux bretons de 1188 à nos jours, Coop Breizh, , 90 p. (ISBN 2843460344, lire en ligne)
- (en) Peter Berresford Ellis, The Celtic Revolution: A Study in Anti-Imperialism, Y Lolfa, , 218 p. (ISBN 0862430968, lire en ligne)
- Henri Poisson, Histoire de Bretagne : Le point de vue breton, Coop Breizh, , 654 p. (ISBN 9782843460913, lire en ligne)
- Jean-Pierre Le Mat, Histoire de Bretagne : Le point de vue breton ; postface, Les nations insuffisantes, Yoran embann, , 302 p. (ISBN 9782916579757, présentation en ligne)
- Ouvrages thématiques
- Gilbert Filior, Histoire résumée de la Bretagne, Éditions du Panthéon, , 456 p. (ISBN 9782754760775, présentation en ligne)
- Mediapart, Qu'ont-ils fait de nos espoirs ? Faits et gestes : Décryptage au jour le jour d'un stupéfiant reniement, Don Quichotte, , 432 p. (ISBN 9782359493924)
- Georges Cadiou, Emsav, dictionnaire critique, historique et biographique : le mouvement breton de A à Z, Spézet, Coop Breizh, , 368 p., 15,5 × 24 x 3,6 cm (ISBN 978-2-84346-574-1, présentation en ligne), p. 395
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Références
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