Abbaye Saint-Magloire de Léhon
abbaye située dans les Côtes-d'Armor, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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L'abbaye Saint-Magloire est un ancien monastère bénédictin situé dans l'ancienne commune de Léhon dans les Côtes-d'Armor en France.
Abbaye Saint-Magloire | ||||
L'abbaye de Léhon, vue du jardin est. | ||||
Présentation | ||||
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Culte | catholique romain | |||
Type | abbaye puis prieuré royal | |||
Rattachement | Société de Bretagne puis congrégation de Saint-Maur en 1628 | |||
Fin des travaux | XVIIe siècle | |||
Style dominant | gothique | |||
Protection | Classé MH (1875) | |||
Géographie | ||||
Pays | France | |||
Région | Bretagne | |||
Département | Côtes-d'Armor | |||
Commune | Léhon (fusionnée dans Dinan) | |||
Coordonnées | 48° 26′ 32″ nord, 2° 02′ 18″ ouest | |||
Géolocalisation sur la carte : Côtes-d'Armor
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
Géolocalisation sur la carte : France
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L'église, la sacristie et la porte de l'ancienne église située dans le cimetière ; le bâtiment à l'ouest affecté à l’école des filles ; le réfectoire et le bâtiment à l'est du cloître font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1]. Ils étaient classés par liste de 1875.
L'abbaye, dédiée à saint Magloire[2], est un ancien monastère de moines bénédictins dont la fondation remonterait au IXe siècle et serait due à Nominoë. Dans les Miracles de Saint Magloire publié par Duchesne en 1641 et Mabillon en 1706, il est écrit que saint Sulin, Sulian ou Suliau, dit aujourd'hui saint Suliac, était disciple de saint Samson, évêque de Dol-de-Bretagne, tout comme le cousin de celui-ci : saint Magloire. Suliac avait un domaine dans l'île de Sercq sur laquelle saint Magloire avait construit un monastère. Saint Magloire de son côté avait une propriété sur le continent à proximité du monastère de Saint-Suliac. Ces deux saints firent un échange de terrains, avec une condition fixée par Magloire, stipulant que : « si après sa mort son corps était transporté sur le continent, chacun reprendrait son bien ». C'est ainsi que le monastère de Léhon revint aux moines de la communauté de Saint-Magloire. Dans ce texte, il est dit que les reliques de Magloire furent déplacées de Sercq à Léhon sous le règne de Nominoë, roi de Bretagne mort en 851. De cette période ne subsiste aucun vestige, le premier monastère ayant été construit en bois, dans le creux d'un vallon, avec au nord-ouest et au sud les collines de Lanvallay et la Rance reprenant vers le nord, et sous la protection du château à l'est, du côté de l'entrée du village.
Vers 910, les Vikings font leur apparition et les moines fuient à Paris en emportant les reliques de saint Magloire pour fonder une nouvelle abbaye Saint-Magloire dans la capitale, qui deviendra la maison mère après le retour de moines à Léhon. L'abbaye est pillée et détruite. De retour vers 1008, les moines vont reconstruire l'abbaye. Ils dépendent désormais de la maison mère de Paris et le monastère prend le titre de prieuré royal à son rattachement à Marmoutier. Des bâtiments de cette époque, rien ne subsiste.
Elle dit que « six moines venus du Pays de Galles, s'installèrent sur les bords de la Rance, priant Dieu qu'un seigneur leur donne des terres pour pouvoir édifier un monastère. Nominoë venant à chasser dans les parages et dit aux moines qu'il consentait à leur donner les terres si ces derniers trouvent les reliques d'un Saint Breton. L'un d'eux Condan eut l'idée de dérober les reliques de saint Magloire enterré sur l'île de Sercq. Ils volèrent la dépouille du saint homme à la faveur de la nuit, avec la complicité du Ciel qui permit l'ouverture de la dalle recouvrant le tombeau. Sur le chemin du retour, fatigués ils s'arrêtent sous un pommier stérile à Pleudihen-sur-Rance. Saint Magloire fit son premier miracle ; au petit matin l'arbre donnait de beaux fruits rouges qu'avait bénits saint Magloire. Nominoë donna les terres et de l'argent et vint se recueillir sur les reliques du Saint. »
L'abbaye fut reconstruite au cours de la fin du XIIe et au XIIIe siècle, par Pierre Mauclerc.
L'abbaye dépendait du diocèse de Saint-Malo et la paroisse était du ressort et de la subdélégation de Dinan. Les différentes appellations relevées sont : Leonensis en 870 dans le Cartulaire de Redon, Monachus Lehonensis en 895-924, Leun en 1079, Lehum en 1148, Beatæ Mariæ de Lehon en 1182, Lehonensis au XIIe siècle, Lehun en 1184 et Lehun apud Lehon en 1204, Lehon en 1223 et 1230, apud Lehonum en 1229, Lehonio en 1260, 1281, Prior de Lehonio en 1330.
Le roi des Francs: Philippe Ier, signe en 1093, une charte prononçant la soumission de l'abbaye Saint-Magloire à celle de l'abbaye de Marmoutier[3].
En 1168, Henri II, roi d'Angleterre assiège le château, brûle le cimetière le , mais épargne l'église et le prieuré, qui sera rasé en 1169 et reconstruit en 1170. En 1181, l'abbaye se place sous la tutelle de l'abbaye de Marmoutier, les titres sont conservés aux archives départementales des Côtes-d'Armor[4]. Le jeune duc Geoffroy II de Bretagne donne en 1181, confirmation de l'accord conclu entre l'abbaye Saint-Magloire de Paris et le prieuré royal Saint-Magloire de Léhon[5].
En 1182, Albert, évêque de Saint-Malo, confirme les moines dans la possession de la chapelle de la Mare (capella de Mara), et la même année il ratifie la cession du monastère de Léhon à Marmoutier par l'abbé de Saint-Magloire de Paris. Alain de Bréhant, vicomte de Poudouvre, fait don, en 1184, de certaines dîmes à Saint-Magloire de Léhon. Les moines vendent leur droit de marché aux seigneurs de Dinan-Bécherel sans l'autorisation de l'évêque de Saint-Malo ; Pierre Giraud, évêque de Saint-Malo leur fait immédiatement un procès en 1187.
Alain de Dinan autorise les moines à prélever du bois dans sa forêt de Dinan, ce qui sera confirmé en 1209 par Juhel de Mayenne, époux de Gervaise de Dinan. Leur fille, Élisabeth (Isabeau), épousa avant 1218 Dreu de Mello dit le Jeune (croisé mort à Chypre le )[6] qui fit une aumône à l'abbaye en tant que seigneur de Dinan[7]. L'abbaye augmente considérablement ses revenus au cours du XIIe et du XIIIe siècle, avec des possessions dans les diocèses de Saint-Malo, Dol, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol, Avranches et même en Angleterre. En 1238, le prieur de Léhon signe un compromis avec Barthélemy Le Corbe, concernant les dommages que ce dernier a causés aux moines du prieuré[8]
L'abbaye possède le droit de justice qu'elle ne se prive pas d'exercer. Devenu veuf, Henri II d'Avaugour se fait moine à l'abbaye de Léhon en 1278, lui faisant de nombreuses donations, parmi lesquelles l'île de la Comtesse sur la commune de Saint-Quay-Portrieux, ce qui ne l'empêche pas de gérer le Goëlo. Il meurt le et est inhumé à la chapelle des Cordeliers de Dinan.
Les premiers titres généraux qui nous sont parvenus datent de 1330-1369[9]. Le duc de Lancastre, qui commande les troupes anglaises, assiège le château de Léhon et la ville de Dinan en 1359. De 1404 à 1408 le registre de transcription de contrats et de rentier concernant la paroisse de Plouër, ne comporte pas de date. En 1495, la Cour de Rennes rend un jugement en faveur des habitants de la paroisse de Léhon contre les prétentions du capitaine du château qui voulait les assujettir aux servitudes de guet.
En 1550, il est procédé à une réforme de l'abbaye[10]. Les comptes du prieuré sont consignés pour la période de 1599 à 1600[11].
En , six religieux de Marmoutiers protestent contre le relâchement de la règle de Saint-Benoît. Quatre de ceux-ci obtiennent la permission de leur supérieur de s'installer à Léhon, que les anciens moines sont priés de quitter. En 1604, ils prennent possession des lieux et le père Noël Mars, vient les rejoindre. Dom Noël Mars est établi vicaire général pour la province de Bretagne. C'est la naissance de la Société de Bretagne dont les statuts sont homologués en 1605, et la réforme fait son chemin dans les monastères bretons. Dom Noël Mars meurt à 35 ans, le et dom Pierre Meneust lui succède comme vicaire-général de la Société de Bretagne. Son confesseur, dom François Stample, devient prieur claustral jusqu'en 1614, puis en 1615, prieur claustral de l'abbaye Notre-Dame du Tronchet.
L'abbaye continue à prospérer, recevant de nombreux novices, qui respectent les vœux de pauvreté et vivent dans l'austérité la plus complète, dépassant celles des autres communautés religieuses de l'époque, suivant la règle de saint Benoît. En 1622, les religieux tentent de faire reconnaître leur société comme une congrégation. Le roi Louis XIII donne son accord en 1625, mais le pape Urbain VIII oppose une fin de non recevoir. De 1621 à 1720 sont dressés et conservés les fermes des différentes parcelles, du pressoir du prieuré, des dîmes du blé, du lin, du chanvre, et des pois[10]. Une série d'actes concernant les fermes du four banal et son déplacement en raison des risques d'incendie qu'il fait courir et des nuisances qu'il provoque et de sa réfection (1627-1786)[12]. En 1628, l'abbaye et la Société de Bretagne sont rattachées à la congrégation de Saint-Maur.
Le château de Léhon est vendu aux moines de l'abbaye en 1642, moyennant une redevance annuelle et seigneuriale de 10 livres tournois : « de ce qu'il pouvait y avoir de terres vagues et incultes au-dedans et au-dehors du vieil chastel de Léhon, contenant trois journaux seize cordes, à charge de conserver les murs et de ne pouvoir démolir les tours. »
Le roi Louis XIII donne en 1644 à Charles Bruslart, son conseiller ordinaire et seigneur de Léhon, les ruines du vieux château « consistant en huit tours sur l'enceinte, le donjon étant au milieu d'icelui… ». Ce dernier fait acte de donation des ruines du château au prieur et aux religieux du prieuré de Léhon par acte notarié au Chastenet de Paris la même année 1644 : « Par devant les notaires gardenottes du roi nostre sire en son chastenet de Paris soussignez fut présent messire Charles Bruslart, conseiller ordinaire du Roy en ses conseils, seigneur de Léhon, demeurant à Paris en son hostel seiz rue Dauphine, parroisse de Saint André des Artz, lequel volontairement a recogneu et confessé avoir donné et transporté aux prieur et religieux du prieuré de Léhon ce acceptant pour eux par Mre Charles Bruslart, abbé de l'abbaye de Lehon, conseiller et aumônier ordinaire du Roy, demeurant à Paris à Saint-Germain des Prez, rue du Colombier, pour ce présent, touttes et chacunes les démolitions qui proviendront du vieil chasteau de Léhon consistant en huit tours etc. desquelles démolitions don a esté faict par sa Majesté audit sieur de Léhon par brevet du 24 juillet dernier passé, signé Louis et plus bas Loménie et lettres patentes données à Paris au mois de décembre 1643 etc. Cette présente donation faicte à la charge de par lesdits prieur et religieux dudit prieuré de Léhon employer les matériaux de ladite démolition aux réparations nécessaires et plus utilles qui sont à faire au bastiment dudict prieuré… Faict et passé à Paris en l'hostel dudit seigneur de Léhon l'an 1644 le 14e jour de janvier et ont signé la minute des présentes avec les notaires »[13]. Une partie des matériaux serviront à la réfection de l'abbaye. De 1654 à 1770 sont dressés une série d'actes et procès-verbaux sur l'état des moulins du prieuré, prisées et estimations des « tournants et ustancils », notes et éléments de procédure et marché pour la réfection de la chaussée de Broussac, convocations aux corvées de curage des biefs et aux charrois de « plastre, moulage nécessaire pour la confection des meules »[14], et en 1673 sont répertoriés et classés les aveux, qui en droit féodal étaient des actes qu’un vassal était obligé de donner à son seigneur et par lequel il « avouait », c'est-à-dire reconnaissait tenir de lui un héritage.
Louis XV donne l'ordre de supprimer la mense prieurale en 1720. De 1703 à 1738 sont dressés le rentier du prieuré, que précède un catalogue des paroisses dans lesquelles s'étendent ses revenus, d'une liste de recteurs ou vicaires auxquels on paye la portion congrue, d'un état des charges ordinaires du prieur, d'une table alphabétique de tous les biens et revenus du prieuré. Deux plans non datés (XVIIIe siècle « de la rivière de Rance qui passe sous le pont de Léhon… pour faire moudre (les) moulins » du prieuré[15]. Le sieur Lemoine, procureur au présidial de Rennes, ainsi que procureur fiscal des bénédictins de Léhon va garder entre ses mains différentes pièces de procédures, aveux et autres documents aujourd'hui conservés aux archives départementales d'Indre-et-Loire[16]
Le prieuré est supprimé en 1767 et les six religieux restants doivent quitter les lieux. De 1772 à 1773, les procès-verbaux des réparations à effectuer au prieuré ainsi qu'à ses dépendances mentionnent des chapelles, clôtures, biefs et colombier. De 1781 à 1786, Rimmonneau qui est receveur et régisseur du prieuré de Léhon, écrit régulièrement à dom Marie, cellérier de l'abbaye de Marmoutier, sous les abbatiats d'Antoine Quinquet de 1778-1783 , et celui d'Anne-Joseph Géffroy de Villebranche, de 1783-1788, concernant notamment les prétentions du recteur d'Évron-Beaumanoir, sur les dîmes novales « pour lesquelles il reçoit 200 livres de celui de Brusvily, qui vieux et goutteux, veut qu'on lui paye un curé quoiqu'il jouisse par transaction de toute sa dîme lui rapportant 1 500 livres; du meunier du moulin de la Madeleine, dont toutes les ruses pour ne pas payer, sont accrues par le désir d'abandonner ledit moulin ».
Il est vendu en 1792 pendant la Révolution comme bien national à un particulier du nom de Joseph Bullourde qui va habiter le monastère pendant trente ans, avant de le revendre à une famille anglaise. Il sera ensuite transformé en brasserie, puis en manufacture de toiles à voiles et en filature en 1854, qui fermera ses portes en 1886. Le est bénie la première pierre des travaux de restauration de l'abbaye de Léhon. L'ancienne hôtellerie est transformée en salle de classe pour les jeunes filles jusqu'en 1959. Les héritiers de la famille de Joseph Bullourde acceptent d'offrir l'édifice à la mairie de Léhon qui fait restaurer l'ancienne abbatiale pour en faire la nouvelle église paroissiale de Léhon. Les bâtiments conventuels ne seront restaurés qu'à partir de 1956. Les monuments historiques interviendront sur les bâtiments entre 1987 et 1991.
L'église, ancienne abbatiale, est située au sud du cloître. Sa construction remonte autour de 1190-1210, peut-être sur les ruines de l'ancienne église. Elle présente une grande nef à vaisseau unique de plan rectangulaire, couverte de voûtes d'ogives bombées, datant du XIIIe siècle (voûtes refaites au XIXe siècle), elle se termine par le chevet.
L'église fut entièrement restaurée sous le ministère de l'abbé Fouéré-Macé, avec le concours des frères de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu. La première pierre de restauration a été bénite le , et l'église abbatiale est consacrée église paroissiale le . Pour le centenaire de cet événement, une cérémonie religieuse fut célébrée par Mgr Lucien Fruchaud, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier avec célébration de l'Eucharistie avec l'abbé Tronel, recteur de Léhon, avec la bénédiction de l'orgue[17].
La façade extérieure est épaulée par deux contreforts corniers massifs couronnés de pinacles posés au XIXe siècle. Amortie en pignon triangulaire, elle possède deux registres superposés formés en triplets. Elle est flanquée au sud de deux contreforts recevant deux arcs surbaissés, accolés au mur qui se trouve ainsi doublé. La nef est épaulée par deux contreforts et arcs boutants appareillés situés dans le cloître au nord.
Il est orné de chapiteaux[18] et cul-de-lampe sculptés. Un arc plein-cintre comportant de nombreuses voussures, reposant sur des piédroits formés de faisceaux à colonnettes, est percé en son centre, datant de la fin du XIIe siècle. Il s'ouvre à l'ouest dans un massif formant saillie sur le mur de façade que surmonte une corniche soutenue par huit modillons sculptés[19]. Il est flanqué de chaque côté de deux arcatures géminées aveugles. De profil brisé, ces arcatures reposent au centre sur une colonne monolithe, qui est couronnée d'un chapiteau à motifs de végétaux. Le registre supérieur est composé d'une baie géminée qu'encadrent deux arcatures aveugles et brisées. On ignore le plan et l'aspect du chœur primitif. Un chapiteau sculpté de très grande dimension, pouvant être du XIIe siècle, est pris dans la maçonnerie du mur. Il est visible de l'extérieur sur le mur pignon.
Un escalier permet de descendre dans l'église dont le sol est situé en contrebas du parvis.
Celui-ci est plat, il fut restauré au XIVe ou XVe siècle. Ce mur pignon du chevet a été percé d'une grande baie en 1490. Ce mur droit du chevet possède deux contreforts corniers et un départ de contrefort au centre, amorti en larmier sous une moulure horizontale.
La nef est divisée en quatre travées de plan carré, dont des colonnes engagées dans les murs gouttereaux délimitent l'espace. Elle est couverte de voûtes bombées, André Mussat les assimile à des imitations de voûtes angevines dont la renommée s'étendait, aux XIIe et XIIIe siècles, jusque dans les marges armoricaines de l'espace Plantagenêt[20].
Deux baies vitrées en lancettes très hautes éclairent au nord et au sud, chaque travée[21].
Il est formé à l'est par la quatrième travée comportant des supports différents. Une porte permet d'accéder à la sacristie qui était auparavant la chapelle des Beaumanoir et qui date du XIVe ou XVe siècle. Il est orné de chapiteaux uniques, élancés et fins couronnant de fines colonnettes. Ces chapiteaux sont couverts de végétaux divers aux feuillages variés et donnent un aspect très naturel. Les culs-de-lampe sont sculptés. Des culots formés d'un dosseret où s'inscrit un visage grotesque sculpté supportent les colonnettes du chœur. L'un d'eux représente un visage joufflu, aux traits épais avec des mains ouvertes, les doigts fourchus semblant vouloir attraper une proie ou faire peur. Un autre plus fin est pourvu de grandes oreilles. Inclus dans le mur sud près de la sacristie se trouve un fragment de la pierre tombale de Noël Mars.
Les stalles longeant le mur nord du chœur sont en bois taillé et peint au nombre de huit, elles datent du XVIe siècle (classées aux monuments historiques)[22]. Elles sont décorées de panneaux peints représentant des portraits de prélats fondateurs de communautés religieuses[23]. Les stalles du mur sud du chœur datent du XIXe siècle[23].
Au pied de l'escalier d'entrée est posée l'ancienne cuve baptismale monolithe de forme circulaire (XIIIe siècle) qui provient de l'ancienne église Notre-Dame de Léhon. Elle est ornée d'un décor d'arcatures sous lesquelles sont alternativement découpées une palme et une feuille de chêne. Une rangée de mascarons est située sous la frise, ils sont séparés par des feuilles de chêne ou de vigne. La profondeur de la cuve est de 80 cm et son diamètre de 110 cm, les bords étant très usés par le frottement des mains, mais aussi par les outils affûtés sur les bords pour les bénir. Classé aux monuments historiques, il sert aujourd'hui de bénitier.
Huit gisants sont conservés à l'intérieur de la nef. Quatre proviennent de la chapelle funéraire des Beaumanoir, transformée en sacristie à la fin du XIXe siècle.
Ces huit gisants ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté en date du .
La verrière a été réalisée entre 1260 et 1270, certainement dans l'atelier de Richard, verrier de Tours. Elle est composée de cinq panneaux en verre transparent représentant : la crucifixion, des angelots, saint Pierre, saint Paul, la Vierge avec l'Enfant et le donateur. Ces vitraux sont situés dans la sacristie (chapelle Beaumanoir), une partie d'entre eux a été restaurée en 2016 par l'entreprise Lumi-vitrail de Pontivy[32],[33],[34].
Cet orgue est connu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale car il fut d'abord installé dans un château de l’Ardèche, près d'Annonay. N'ayant pas l'utilité de cet instrument, la famille Luquet de Saint-Germain, les propriétaires l'offre à leur diocèse qui le fait installer au séminaire d'Aubenas. Il comporte alors un clavier et un pédalier. En 1952-1953, Athanase Dunand (1909-1998), facteur d'orgues de Villeurbanne — ancien ouvrier de l'usine Merklin & Cie —, ajoute un clavier, portant ainsi l'instrument à dix jeux sur deux claviers et pédalier pour le foyer de Charité de Châteauneuf-de-Galaure.
En 1983, le facteur d'orgue belge Thomas est amené à donner son avis sur l'état de l'instrument pour sa remise en état. L'électropneumatique étant irréparable, la maison Thomas utilise une partie des tuyaux pour construire un orgue à transmission mécanique. Les sommiers et tuyaux restants sont donnés à la manufacture Laval et Thivolle à La Motte-de-Galaure, le premier associé est un ancien de chez Dunand. En 1986-1987, l'orgue est installé dans la chapelle de Saint-Jean-de-Dieu du Croisic, les facteurs d'orgues Laval et Thivolle ayant réalisé la façade et le buffet. L'orgue à cette époque n'est pas complet et sert d'instrument pour accompagner les chants des pensionnaires.
À la fin de l'année 1996, l'orgue est installé dans l'abbaye Saint-Magloire de Léhon par les facteurs d'orgues Laval et Lemercier qui le complète en rajoutant des jeux, permettant de donner des concerts et d'accompagner la liturgie. Ces deux facteurs d'orgues ont rajouté des tuyaux fabriqués par Dunand et également par Merklin[35].
Autour du cloître, entièrement refait au XVIIe siècle par les mauristes, se trouvent les bâtiments conventuels : à l'est, les anciennes salles du chapitres et dortoirs aux étages, refaits eux aussi au XVIIe siècle. Ils abritent aujourd'hui l'accueil au rez-de-chaussée de l'abbaye, ainsi qu'un musée où sont notamment conservés les chapiteaux doubles du cloître primitif du XIIe siècle. À l'étage, une cellule de moine a été reconstituée et les grandes salles abritent régulièrement des expositions d'artistes. Au dernier niveau se trouvent les combles du XVIIe siècle conservant une exceptionnelle charpente en forme de carène de bateau.
Le cloître se trouve à l'emplacement de l'ancien d'époque romane. Il mesure 26,20 × 20,40 mètres. Les piliers sont carrés et reliés entre eux par des murets au niveau des soubassements moulurés. Les bâtiments d'anciennes dépendances du monastère disposés autour d'une première cour existent encore de nos jours. Côté est, les bâtiments réguliers sont disposés autour du cloître et les jardins s'étendent à l'est et au nord de ces bâtiments aux bords de la Rance. Le grand bâtiment conventuel est situé le long du cloître du côté de l'est. À son extrémité sud se trouve un escalier de pierre permettant de passer du chœur aux deux étages des dortoirs. Les salles du chapitre étaient situées au rez-de-chaussée de ce bâtiment, avec les salles de travail, la sacristie et un étroit couloir menant du cloître aux jardins.
À l'ouest se trouvent l'ancienne hôtellerie, l'infirmerie et la porterie. Plus loin sont situées les diverses dépendances : logis du meunier et pressoir du XVIIe siècle qui sont aujourd'hui des résidences privées, une partie étant occupée par la mairie.
Avec celui de l'abbaye de Beauport à Paimpol, ce sont les deux seuls réfectoires conservés en Bretagne de cette importance.
Au nord, l'abbaye conserve son réfectoire du premier quart du XIIIe siècle, dont ne reste de cette époque que les façades nord et sud. Il est entièrement ouvert sur son côté nord par cinq grandes arcades brisées, formées de baies jumelées à remplage trilobé, donnant sur les jardins en bord de Rance. Cette suite d'arcades est interrompue par la chaire du lecteur, constituée d'une claire-voie en avancée sur l'extérieur, entièrement ajourée, avec un escalier accédant à une tribune carrée, recouverte d'ogives dont les nervures retombent sur les fines colonnettes à chapiteaux. Cet ensemble devant dater du XIVe siècle. Le mur comporte des petits contreforts en glacis, délimitant les travées correspondant à la division de l'espace intérieur. Elles sont matérialisées par deux grandes arcades.
C'est une grande salle rectangulaire, spacieuse dont les dimensions originelles du XIIIe siècle, sont d'une longueur de 24 mètres sur une largeur de 8 mètres. Cette longueur se trouva réduite par la construction d'un mur de refend, les baies éclairant désormais la cage de l'escalier dont le mur de soutien conserve des traces de peintures murales très détériorées et datant probablement du XIIIe siècle. La pièce est couverte d'une voûte lambrissée que soutiennent des poutres massives. Le mur nord est épaulé de contreforts extérieurs amortis en glacis placés sous les entraits qui retenaient les sablières sur lesquelles reposaient les fermes de la charpente. Le sol fut rehaussé à son niveau actuel par les mauristes au XVIIe siècle pour éviter les inondations dues aux débordements de la Rance, ce qui fait que la porte d'entrée d'origine se trouve enterrée des deux tiers ; on peut en voir le linteau supérieur à l'ouest du mur sud dans le cloître. les portes d'entrée sont aujourd'hui situées à l'est et à l'ouest de la salle communiquant avec les autres parties des bâtiments conventuels[36].
La façade opposée au sud du cloître est faite d'un mur qui dans sa partie haute comporte huit baies de petites dimensions. Elles sont disposées par paire entre les poutres. Ce mur donnant sur le cloître pourrait remonter à la période romane.
Le réfectoire fut également modifié au cours du XVIIe siècle et a été l'objet de restaurations des monuments historiques entre 1987 et 1991. Il est un des rares témoins des réfectoires de cette période encore aussi bien conservé (grandes baies gothiques à remplages trilobés, chapiteaux aux motifs de feuilles du XIIIe siècle, peintures murales, aux tons ocre et des fleurs dans les embrasures des baies. Des éléments de pavage de l'ancien réfectoire furent retrouvés et ont servi dans une citerne du XVIIe siècle. La verrière du réfectoire est l'œuvre du maître verrier Gérard Lardeur en 1991.
Les anciennes cuisines ont été construites au XVIIe siècle) côté ouest de la salle, en rehaussant le sol de quelques marches, avec l'installation d'une cheminée et d'un potager. C'est de cette époque que date la condamnation de la porte d'entrée d'origine. Les moines réalisèrent un plancher sous la voûte du réfectoire afin de réaliser des dortoirs pour les novices. En dessous existaient les celliers, aujourd'hui comblés de terre, mais un accès a été mis au jour à partir des jardins, on y découvre des vestiges de la période romane et à l'ouest des traces des anciennes cuisines de l'époque médiévale.
Les combles au-dessus des dortoirs des moines servaient de réserves à la communauté. Ils sont éclairées par des lucarnes alternant des frontons cintrés et triangulaires de chaque côté des façades. La charpente est en bois en forme de carène de bateau renversée. Des séparations en bois délimitent en une suite de cellules, reproduisant celles des moines.
Le trésor de l'abbaye est composé d'un reliquaire contenant des ossements de saint Magloire[37], une statue en bois de Saint Magloire XIVe siècle (musée de l'abbaye), une chasuble en soie damassée à décor floral, ainsi qu'une étole, des manipules et le voile du calice assortis (XVIIIe siècle) ; hauteur 105 cm sur 63 cm de large, l'ensemble étant classé aux monuments historiques.
Il est abrité dans un bâtiment situé en retrait de l'ancienne église paroissiale (démolie en 1897), dont le portail d'entrée du XIe ou XIIe siècle sert pour pénétrer dans le jardin menant au presbytère (portail classé aux monuments historiques). Une entrée de remise est orné d'un blason très effacé non attribuable au-dessus du porche. À côté de ce bâtiment se trouve une cour avec les traces d'une cheminée. Les lieux furent transformés en auberge au XIXe siècle, puis en crêperie et restaurant gastronomique. Cet établissement existe toujours sous l'enseigne de La Marmite de l'Abbaye.
L'état des revenus et charges du monastère de Léhon dont les moines jouissaient suivant le traité du , fait entre eux et les religieux de l'abbaye de Marmoutiers, à laquelle la manse prieurale du dit Léhon a été unie par décret du seigneur évêque de Saint-Malo le et dont les religieux de Marmoutiers jouissent provisoirement en conséquence des délibérations de deux derniers chapitres généraux, présente en 1777 l'état qui suit.
D'après le Traité 1744, dont les religieux de Marmoutiers jouissent provisoirement, le total de tout le revenu dont jouissent les religieux de Léhon est de 16 305 livres 5 sols et 5 deniers.
Les décimes tant pour la manse prieurale que pour la manse conventuelle : 2887 livres 10 sols
Total des charges : 8379 livres 1 sol 6 deniers. Il suit que le revenu excède la charge de 7926 livres 3 sols 11 deniers[45].
Le musée a été entièrement refait en 2009. Le faux plafond a été enlevé, permettant ainsi la mise au jour de poutres. De même, la cheminée qui chauffait cette ancienne salle d'étude a été mise au jour. Les murs ont été recouverts d'un enduit à la chaux et au sable, pratique courante au XVIIe siècle.
Il a été choisi de redonner à la salle du musée son atmosphère d'antan et une place importante a été donnée aux livres. Parmi ceux-ci se trouvent quelques volumes anciens de la bibliothèque du monastère datant de 1713, et une somme théologique de 1607. L'ensemble des autres livres datent du XIXe siècle et sont des dons, notamment des frères de l'ordre de Saint Jean de Dieu. Est également conservée une collection d'anciens chapiteaux romans provenant du cloître de l'abbaye primitive. Y figure aussi une statue de saint Magloire (XIVe siècle). Sur les murs, une série de lithographies XIXe permettant de voir la situation de Léhon et du monastère.
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