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église française située à Yvré-l'Évêque De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'abbaye royale de l'Épau est une ancienne abbaye cistercienne fondée par la reine Bérengère de Navarre en 1229 -1230. Elle est située aux portes de la ville du Mans dans le département français de la Sarthe et la région des Pays de la Loire, sur la rive gauche de l'Huisne sur la commune d'Yvré-l'Évêque. L'abbaye a failli disparaître à de nombreuses reprises, tant par les guerres que par les problèmes financiers survenus à l'époque moderne. Elle est sauvée par le conseil général de la Sarthe qui l'acquiert en 1959. Elle fait partie des propriétés historiques du département de la Sarthe.
Nom local |
Spallum La Piété-Dieu |
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Diocèse | Diocèse du Mans |
Patronage | Notre-Dame |
Numéro d'ordre (selon Janauschek) | DCII (602)[1] |
Fondation | 1229-1230 |
Début construction | fin des années 1220 |
Fin construction | remaniements aux XVe et XVIIIe siècles |
Dissolution | 1790 |
Abbaye-mère | Abbaye de Cîteaux |
Lignée de | Abbaye de Cîteaux |
Abbayes-filles | Aucune |
Congrégation | Ordre cistercien |
Protection | Classé MH (1925, 1973, 2005)[2] |
Coordonnées | 47° 59′ 28″ N, 0° 14′ 32″ E[3]. |
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Pays | France |
Province | Maine |
Région | Pays de la Loire |
Département | Sarthe |
Commune | Yvré-l'Évêque |
Site | https://epau.sarthe.fr/ |
L'abbaye de Perseigne, élevée aux confins du Maine-Normand par le puissant Guillaume Ier de Ponthieu dit aussi Guillaume III de Bellême, est considérée comme la plus ancienne abbaye cistercienne du Maine. Elle fut bâtie en 1145 sur la commune de Neufchâtel-en -Saosnois (il n'en reste aujourd'hui qu'un pan de mur), alors que l'abbaye de l'Épau doit sa fondation plus tardive à la reine d'Angleterre Bérengère de Navarre[4]qui entretenait des liens avec l’abbaye de Perseigne. Épouse du roi Richard Cœur de Lion (dynastie des Plantagenêts), Bérengère se retrouve veuve en 1199. Son mari est décédé de ses blessures dues à un tir d'arbalète reçu au siège du château de Châlus, en Limousin. Après 8 années de mariage, ils n'ont pas eu de descendants.Une guerre de succession éclate entre Arthur de Bretagne et Jean sans Terre. Alors que Jean obtient la victoire en 1202, Bérengère s’est réfugiée auprès de sa sœur, la comtesse de Champagne. C’est en 1204, alors que Philippe Auguste annexe le Maine, la Normandie et l’Anjou à Jean sans Terre qu’elle se rapproche de la cour du roi de France. Elle passe un accord avec le roi de France Philippe Auguste, qui lui concède la ville du Mans et sa quinte (superficie autour d'un rayon de 5 lieues, environ 20 km)[5]en échange de son douaire. Selon la légende, elle se serait installée dans la fameuse maison de la reine Bérengère, mais il n'en est rien, car elle passa la totalité de son temps au palais des comtes du Maine, actuel hôtel de ville du Mans.
En 1228, le roi de France Louis IX concède à Bérengère la terre de l'Epau, près du Mans. Les frères de l'Hôtel-Dieu de Coëffort contestent cette donation, et déclarent avoir reçu cette terre d' Arthur de Bretagne, neveu de Richard Cœur de Lion, qui revendiquait sa succession. Bérengère passe alors un accord avec les frères de Coëffort en 1230 (Archives départementales de la Sarthe, H 833).Le choix de faire bâtir l’abbaye de l’Épau s’inscrit non seulement dans un geste envers les cisterciens mais aussi dans une volonté personnelle de la reine de laisser son empreinte et marquer son individualité. Cette fondation s’ancre dans une tradition familiale ibérique cistercienne portée par ses parents et sa sœur avant elle[6].
Elle acquiert d'autre terrains, terrains tel que le fief des chanoines de Saint-Pierre-de-la-Cour avec ses moulins, et les confie ensuite à l'ordre cistercien, pour y fonder une abbaye. En , Louis IX confirme la donation « d'un lieu appelé l'Espal près de la ville du Mans pour la fondation d'une abbaye cistercienne du nom de Piété-Dieu »[7].
La reine Bérengère est une bienfaitrice de l'ordre cistercien. Pour preuve, dès 1223, le chapitre général décide que tous les ans après sa mort, un service anniversaire serait célébré dans tous les monastères de l'ordre en son honneur[8]. La reine est d'ailleurs une grande amie d' Adam de Perseigne, abbé du monastère du même nom et ancien confesseur de Richard Cœur de Lion.
En 1230, douze moines venant de Cîteaux avec à leur tête l'abbé Jean arrivent à l'Épau. Les moines cisterciens suivent la règle de saint Benoit. Cette règle écrite au VIe siècle par Benoit de Nursie divise la journée du moine en trois : la prière (huit offices par jour, le travail (intellectuel et manuel) et le repos. Elle offre également un cadre pour l'organisation de la vie en communauté.
Les moines cisterciens vivent en autarcie. Ils doivent produire tout ce dont ils ont besoin. Pour les aider dans cette tâche, dès les XIIe – XIIIe siècle, des paysans pauvres (convers) se placent sous la protection de l'abbaye et cultivent les terres autour de fermes appelées granges.
Le lieu est d'abord choisi car il est assez éloigné de la ville et il se situe au bord de l'Huisne, entre un marécage et une voie de communication. Les moines procèdent à des travaux de drainage et d'assainissement de la terre. Ils dévient également un bras de l'Huisne pour avoir de l'eau nécessaire à leur vie en communauté. Le plan de l'abbaye reprend celui des abbayes cisterciennes.
Les étapes de construction sont assez mal connues. La forme des chapiteaux permet néanmoins de donner une idée des étapes de construction: chapelle du transept de l'église, sacristie, salle capitulaire, salle des moines, réfectoire[9].Le chantier évolue du Nord au Sud, de l’église vers le réfectoire, et les traces archéologiques laissent à penser à un chantier progressif.Une campagne d'embellissement de style gothique de l'église a lieu entre les années 1260 et 1320[9]. Les derniers grands travaux se situant dans le dernier quart du XIVe siècle pour rénover certains bâtiments[10].
Les moines aidés d'ouvriers ont probablement commencé la construction de l'édifice par l'église. Les matériaux utilisés sont tous issus de la région : gré roussard, tuffeau, pierre de Bernay.
En 1234, l'évêque du Mans Geoffroy de Laval effectue la dédicace du bâtiment monastique en le mettant sous le patronage à la fois de Notre-Dame et de saint Jean-Baptiste.
Pendant longtemps, l'hypothèse selon laquelle un incendie survenu en 1365 (en pleine guerre de Cent Ans) et selon la tradition, déclenché par les Manceaux eux-mêmes, aurait détruit une partie de l'édifice, prédomine. À la suite de l'accueil d'un colloque international à l'abbaye en , sur le thème "Les Plantagenêts et le Maine", Madame Claude-Andrault Schmitt, historienne de l'art de l'Université de Poitiers, spécialisée dans l'art gothique, remet en cause l'existence de cet incendie, car il ne subsiste aucune trace sur les bâtiments[11].
Les bâtiments ou l'enceinte de l'abbaye ont pu néanmoins être endommagés durant la guerre de Cent Ans, afin d'éviter que les Anglais s'y installent et l'utilisent comme point d'appui pour attaquer la ville du Mans toute proche.
Dans les années 1360, des destructions ont lieu, sans que l'on sache précisément lesquelles. En 1367, le roi de France Charles V donne son autorisation pour qu'une partie de la rançon levée pour la libération de Jean II le Bon sur les habitants du Mans, soit utilisée pour la reconstruction de l'abbaye. Une campagne d'embellissement est menée dans l'église abbatiale (charpente, chapelles sud).
L'abbaye est ornée de fresques. On en retrouve des traces dans la sacristie, le dortoir des moines et le logis de l'abbé.
Au XVe siècle le temporel abbatial est réorganisé suivant le modèle d'une économie seigneuriale de rentiers du sol. Convertis au fermages, les gestionnaires du domaine optent pour un type très contraignant de concession d'exploitations en fermage par des baux à une, deux ou trois vies au prix élevé, qui venait s'ajouter aux prestations seigneuriales coutumières[12].
L'église abbatiale connaît un nouvel embellissement au milieu du XVe siècle (charpente, voûtes, clefs de voûte du transept). L'un des principaux artisans de la renaissance de l'abbaye est l'abbé Guillaume de Bonneville (mort en 1444)[13].
En 1479, le roi de France Louis XI nomme le premier abbé commendataire de l'abbaye, Thomas des Capitaines. Cet abbé est directement nommé par le roi et non plus par les moines de l'abbaye. Il peut s'agir d'un clerc ou d'un laïc. Cette nomination est contestée par les moines qui élisent à la place Jean Tafforeau. Il est le dernier abbé régulier (élu par les moines) et sa nomination sera finalement validée en 1485.
À partir de 1494, le système de la commende est définitivement mis en place à l'abbaye de l'Épau.
Du XVIe au XVIIIe siècle, des travaux d'aménagement et d'embellissement ont lieu. C'est à cette époque qu'est aménagé le logis de l'abbé, dont le linteau de la fenêtre porte l'inscription 1528.
L'église abbatiale se pare d'autels et de retables en pierre au XVIIe siècle, comme ceux de la chapelle Saint-Sébastien ou de la chapelle dédiée à Notre-Dame et à saint Louis.
Au XVIIIe siècle, l'aile sud est réaménagée. Le réfectoire disparaît et laisse place à de petits salons. La flèche de l'église abbatiale et les arcs-boutants présents sur le dessin de la collection Gaignières daté de 1699[14], disparaissent également.
Durant la Révolution, un inventaire des biens fonciers de l'abbaye (conservé aujourd'hui aux Archives départementales de la Sarthe) est dressé le . Les derniers moines quittent l'abbaye en octobre de cette même année. Ils ne sont plus que six. L'abbaye est saisie comme bien national et vendue aux enchères, ainsi que le mobilier. Elle est rachetée par un propriétaire privé (Pierre Thoré) et devient une blanchisserie puis une ferme. Les stalles de l'église abbatiale se trouvent aujourd'hui dans l’église paroissiale de Savigné-l'Evêque[15].
En 1816, le gisant de la reine Bérengère de Navarre est redécouvert dans l'église abbatiale par un aventurier anglais, Charles Alfred Stothard qui en a fait le dessin.
En 1821, le gisant est transféré dans la cathédrale du Mans[16].
Durant la Première Guerre mondiale, des soldats britanniques stationnent dans les jardins de l'abbaye (8 000 soldats britanniques arrivent en Sarthe en ). Un hôpital pour chevaux est installé dans les bâtiments.
La famille Thoré reste propriétaire de l'abbaye jusqu'en 1924, année où elle est revendue et achetée par la famille Guerrier.
En 1925, l'église, la sacristie, la salle capitulaire, l'escalier et la salle des moines sont classés au titre des Monuments Historiques, des travaux de restauration sont lancés en 1938.
La Seconde Guerre mondiale stoppe les travaux. L'armée allemande occupe l'abbaye et s'en sert pour entreposer ses véhicules. Les propriétaires sont contraints de quitter les lieux. En 1949, l'abbaye est vendue à la fondation des orphelins apprentis d'Auteuil qui envisage d'y installer un camp de vacances, mais devant l'ampleur des travaux nécessaires, le projet est abandonné.
Après la guerre, l'ensemble des élus Sarthois et Mayennais votent à l'unanimité le rachat et la restauration d'une abbaye ayant vécu pendant cinq siècles au rythme de la vie monastique. L'édifice est acquis le par le Conseil général de la Sarthe pour onze millions de francs anciens[17]. Elle a fait l'objet d'une longue restauration dans un strict respect du style architectural du XIIIe siècle. On a notamment vu la participation et le contrôle des instituts des Beaux Arts du Mans et de Paris. L'église, la sacristie, la salle capitulaire, l'escalier et le cellier étant déjà classé depuis 1925, les façades et toitures furent classés une première fois en 1961 avant que ce classement ne fût annulé au profit d'un classement plus général en 1973 et étendu en 2005[2]. Entre 1965 et 1990, l'abbaye est un lieu propre aux manifestations culturelles, concerts de musique classique, conférences ou expositions. Le lieu est également l'endroit où siège l'assemblée départementale, tout particulièrement dans l'aile XVIIIe siècle, dans la salle Michel d'Aillières. La rénovation de cette dernière fut achevée en 1990.
Depuis 2016, l'abbaye est gérée par le Centre Culturel de la Sarthe (devenu Sarthe Culture) au nom du département. Il a pour mission de la mettre en valeur et de l'animer. Tout au long de l'année des activités pour tous les publics sont proposées: visites guidées, escales familiales, ateliers scolaires...
L'abbaye royale de l'Épau accueille depuis près de 40 ans un festival de musique classique de renom : le festival de l'Épau.
L'Épau est fille de l'abbaye de Citeaux.
Abbés commendataires :
Lieu institutionnel et culturel, l'abbaye accueille de nombreux événements, notamment le festival de l'Épau organisé sous l'égide du conseil départemental. Il se déroule tous les ans au mois de mai. Il s'agit de l'un des festivals « classiques » les plus attractifs de la région, avec la folle journée de Nantes.
Les réunions de l’assemblée départementale du conseil départemental de la Sarthe se tiennent dans cette abbaye.
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