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artistocrate espagnol, prétendant légitimiste au trône De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Charles Marie Isidore Benoît de Bourbon (en espagnol : Carlos María Isidro Benito de Borbón y Borbón-Parma) également connu sous le nom de Charles V (ou Carlos V en espagnol), né le à Aranjuez et mort le à Trieste, est un infant d'Espagne, second fils du roi Charles IV et frère de Ferdinand VII. Proclamé roi d’Espagne à la mort de son frère en 1833 par les partisans de la loi salique, en opposition à sa nièce, la jeune Isabelle II, il prend le nom de « Charles V ». Soutenu par une partie du peuple espagnol, appelés carlistes, c'est-à-dire les partisans de Carlos, il rentre en Espagne et provoque la Première guerre civile pour la succession royale. Dès 1833, Charles a reçu le soutien des provinces basques, ainsi d'une grande partie de la Catalogne, mais a perdu la guerre sans parvenir à se faire reconnaître comme souverain légitime par la totalité des provinces espagnoles.
Charles de Bourbon Charles V Carlos V | ||
Portrait de l’infant Charles, dit Charles V, par Francisco Lacoma. | ||
Titre | ||
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Prétendant carliste au trône d’Espagne | ||
– (11 ans, 7 mois et 19 jours) |
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Prédécesseur | Ferdinand VII | |
Successeur | Charles de Bourbon, comte de Montemolín |
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Roi d’Espagne (contesté, seulement en Navarre) | ||
– (5 ans et 11 mois) |
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Prédécesseur | Ferdinand VII | |
Successeur | Isabelle II (reine légitime) | |
Héritier présomptif du trône d’Espagne | ||
– (16 ans, 9 mois et 29 jours) |
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Prédécesseur | Zénaïde Bonaparte | |
Successeur | Isabelle (princesse des Asturies) | |
– (1 mois et 17 jours) |
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Prédécesseur | Ferdinand (prince des Asturies) | |
Successeur | Zénaïde Bonaparte | |
Biographie | ||
Titre complet | Infant d’Espagne Duc d’Elizondo Comte de Molina |
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Dynastie | Maison de Bourbon (branche d’Espagne) | |
Nom de naissance | Carlos María Isidro Benito de Borbón y Borbón-Parma, infant d’Espagne |
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Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Aranjuez (Espagne) | |
Date de décès | (à 66 ans) | |
Lieu de décès | Trieste (Autriche) | |
Sépulture | Cathédrale de Trieste (Trieste) | |
Père | Charles IV d’Espagne | |
Mère | Marie-Louise de Parme | |
Fratrie | Charlotte-Joachime d'Espagne Marie-Amélie d'Espagne Marie-Louise d'Espagne Ferdinand VII Marie-Isabelle d'Espagne François d’Espagne, duc de Cadix |
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Conjoint | Marie Françoise de Bragance (1800-1834) Marie-Thérèse de Portugal (1838-1855) |
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Enfants | Charles VI Jean Ferdinand |
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Héritier | Charles, comte de Montemolín |
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Monarques d’Espagne Prétendants au trône d’Espagne |
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Durant le conflit, il s’installe dans le Nord de l’Espagne et règne en tant que roi en Haute-Navarre jusqu’à la défaite finale de ses partisans, en 1839. Il se réfugie en France, où il est assigné à résidence à Bourges, à l'hôtel de Panette. Le , il renonce officiellement à ses droits au trône en faveur de son fils aîné Charles de Bourbon, et prend le titre de « comte de Molina ». De ce moment, il est appelé « roi père » (« rey padre ») par les carlistes. Ses héritiers poursuivent la cause traditionaliste, et combattent contre l’autorité royales durant deux autres guerres carlistes, et demeurent actifs jusqu'au milieu du XXe siècle, sans jamais obtenir le trône d’Espagne.
Fils cadet du futur roi Charles IV d'Espagne et de son épouse Marie Louise de Bourbon-Parme, Charles est né au Palais royal d'Aranjuez[1] le 29 mars 1788 et titré infant le même jour, à la cour de son grand-père, le roi Charles III, qui s’éteint la même année[2].
Second fils et cinquième enfant d’une fratrie de sept enfants, Charles, second dans l’ordre de succession, reçoit la même éducation que son frère aîné, Ferdinand, prince des Asturies.
Membre de la branche royale espagnole des Bourbons, Charles est également, par sa mère, l’arrière-petit-fils du roi Louis XV de France et de la reine Marie Leszczynska, ainsi que du roi Philippe V d'Espagne, dont il est doublement le descendant, du coté maternel comme du côté paternel.
L’enfance de Charles est marquée par les débuts difficiles du règne de son père, qui doit faire face à la répercussion des conséquences de la Révolution française de 1789 en Espagne, et son déroulement ultérieur, plus particulièrement la prise de pouvoir par Napoléon Bonaparte en 1799. La crise qui menace la monarchie espagnole culmine après le complot d'El Escorial de et le soulèvement d'Aranjuez de , à la suite duquel le Premier ministre Manuel Godoy perd définitivement le pouvoir, tandis que Charles IV se voit contraint d’abdiquer en faveur de son fils Ferdinand VII. Pourtant, deux mois plus tard, les deux durent se résigner à signer les abdications de Bayonne, par lesquelles ils cédaient à Napoléon Bonaparte leurs droits à la Couronne d’Espagne. En tant que second dans l’ordre de succession, Charles est également contraint de renoncer à ses droits sur le trône au profit de Napoléon Ier lors de l'entrevue de Bayonne. Ce dernier y renonce à son tour au profit de son frère Joseph Bonaparte.
Beaucoup d’espagnols « patriotes » ne voulurent pas reconnaître les abdications et, continuant à considérer Ferdinand VII comme leur roi, déclenchèrent en son nom la guerre d'indépendance espagnole, cependant que d’autres, appelés de façon dépréciative les francisés (afrancesados), appuyaient l’Espagne napoléonienne et le nouveau roi Joseph-Napoléon 1er ; ce conflit donna lieu à la première guerre civile de l’histoire contemporaine de l’Espagne[3].
Comme son frère et son père, Charles est détenu à Valençay pendant l'occupation de l'Espagne.
Après la défaite de Napoléon et la restauration de Ferdinand VII sur le trône, Charles rentre à Madrid, avec le reste de sa famille, en 1814 et devient bientôt l'appui principal du parti réactionnaire. Entre 1814 et 1820 eurent lieu six tentatives de renversement du gouvernement, la plupart à travers des pronunciamientos, dont les cinq premiers échouèrent, jusqu’au succès de celui de Riego. Le premier se produisit en Navarre en septembre 1814 et fut mené par le héros de la guérilla Francisco Espoz y Mina, qui après avoir échoué à prendre Pampelune s’exila en France. Le second eut lieu à La Corogne en septembre 1815 et fut mené par un autre héros de la guerre, le général Juan Díaz Porlier, qui fut condamné à mort et pendu. En février 1816 fut découvert un complot dit « conspiration du Triangle », mené par un ancien militaire de la guérilla, Vicente Richart, qui fut condamné à mort et pendu avec un autre conspirateur, Baltasar Gutiérrez. En avril 1817 avait lieu à Barcelone la quatrième tentative, le pronunciamiento de Caldetas, cette fois avec une large participation de la bourgeoisie et des classes populaires, mené par le prestigieux général Luis Lacy, qui fut lui aussi jugé et exécuté. Le 1er janvier 1819 eut lieu la cinquième tentative, cette fois à Valence, menée par le colonel Joaquín Vidal, qui donna lieu à l’exécution de ce dernier par pendaison, ainsi que celle de douze autres participants non militaires, parmi lesquels se trouvaient des célèbres bourgeois de la ville, Félix Bertrán de Lis et Diego María Calatrava[4],[5]. Si l’objectif de toutes ces tentatives étaient de mettre fin à l’absolutime, tous ne se proposaient pas de rétablir la Constitution de 1812. Par exemple celui de Vidal défendait un régime différent, avec le retour de Charles IV — dont il ignorait la mort récente à Naples — sur le trône[6].
Souhaitant paraître comme un héritier crédible, Charles épouse en septembre 1816, sa propre nièce, l'infante Françoise de Portugal, fille du roi Jean VI et sœur de la reine Marie-Isabelle.
Après le triomphe de la révolution de 1820 commencée avec le pronunciamiento de Riego le 1er janvier, Ferdinand VII promulgua le 7 mars un décret royal affirmant : « [ceci] étant la volonté du peuple, je me suis décidé à jurer la Constitution promulguée par les Cortes générales et extraordinaires en l'an 1812 »[7],[8]. C’est ainsi que commença la deuxième expérience libérale en Espagne[9],[10].
La « contre-révolution » commença dès le 9 mars 1820, lorsque Ferdinand VII jura pour la première fois sur la Constitution de 1812 et celui qui la mena fut le roi lui-même, qui n’accepta jamais le régime constitutionnel, et bien qu’il ne rompît jamais avec lui, il conspira depuis le premier moment pour l’abattre[11],[12],[13],[14]. Pour sa part, Ferdinand VII fit usage de ses pouvoirs constitutionnels, comme le droit de véto suspensif jusqu’à deux reprises, pour faire obstacle, retarder ou, dans certains cas, empêcher la promulgation de certaines lois approuvées par les Cortès[15]. En juillet 1822 eut lieu une tentative de coup d’État suivant le modèle de la conspiration de Vinuesa de l’année précédente[16]. Il s’agit de la plus sérieuse tentative de coup d'État absolutiste[17], qui marqua un point d’inflexion dans le Triennat libéral[18].
À partir du printemps 1822, le soulèvement royaliste organisé depuis l’exil, appuyé en Espagne par un dense réseau contre-revolutionnaire, au sommet duquel se trouvait le roi, s’étendit de sort que « durant l’été et l'automne en Catalogne, au Pays basque et en Navarre on vécut une véritable guerre civile dans laquelle il était impossible de rester à la marge, et dont fit les frais la population des deux camps : réprésailles, réquisitions, contributions de guerre, mises à sac, , etc. »[19]Les royalistes parvinrent à former une armée qui compta entre 25 000 et 30 000 hommes[20].
L’invasion de l’Espagne fut décidée par le rois français Louis XVIII et par son gouvernement — surtout après que, le 28 décembre 1822, François-René de Chateaubriand prit en charge la direction de la politique extérieure avec l’objectif de rendre à la France son statut de grande puissance militaire —[21], avec le soutien plus ou moins explicite ou la neutralité des autres puissances de la Quintuple Alliance[22]. Le 30 septembre 1823, après près de quatre mois de siège, le gouvernement libéral décida, avec l’approbation des Cortès[23], de laisser partir le roi Ferdinand VII, qui s’entretint le lendemain avec le duc d’Angoulême et le duc del Infantado, président de la régence absolutiste nommée par les Français, à El Puerto de Santa María, sur la rive opposée de la baie de Cadix[24],[25][26],[27]. Une bonne part des libéraux qui se trouvaient à Cadix fuirent en Angleterre via Gibraltar, car ils pensèrent que le roi ne tiendrait pas sa promesse, faite peu avant d’être « libéré », de promouvoir la reconciliation et le pardon entre les deux camps, « un oubli général, complet et absolu de tout ce qui s’était passé, sans aucune exception ». Il ne s’étaient pas trompés[28],[29],[30],[26],[31]
Dès que Ferdinand retrouva la liberté, et à l’encontre du conseil du duc d’Angoulême qui demandait d’« étendre l’amnistie le plus possible » et d’éviter à tout prix de retomber dans une situation similaire à celle qui s’était produite en 1820[32] — auxquels se contenta de répondre « Vive le roi absolu ! » —[33], il promulgua, à peine débarqué, un décret dans lequel il dérogeait l’ensemble de la législation du Triennat libéral — ce faisant il ne tint pas non plus la promesse qu’il avait faite au roi de France et au tsar de Russie qu’il n’allait pas « régner à nouveau sous le régime que l’on dit absolu » —[34],[35],[36],[37],[32],[38],[39],[40].
Dès que Ferdinand VII récupéra ses pouvoirs absolus le 1er octobre, à l’encontre de sa promesse de pardon et des conseils du duc d’Angoulême, la répression fut féroce et arbitraire, bien plus qu’en 1814, à la coup d'État de mai 1814 (es), entre autres raisons parce qu’il y avait en 1823 beaucoup plus de libéraux que neuf ans auparavant[41],[42],[43],[30]. De fait, durant les années qui suivirent, les troupes françaises qui restèrent en Espagne en vertu de l'accord signé entre les deux monarchies intervinrent à de nombreuses occasions pour protéger la population à propension libérale du harcèlement et des excès répressifs de l’absolutisme[44].
Dès qu'il fut confirmé que l’Inquisition ne serait pas restaurée et que fut approuvée l’amnistie de mai 1824, et bien que cette dernière fût extrêmement limitée, les ultras commencèrent à s’organiser et à conspirer[45],[46], avec le ferme soutien de l’Église espagnole[47] et des Volontaires royalistes, devenus le bras armé du royalisme ultra[48],[49]. Grâce au soutien de l’infant Charles, de son épouse Marie Françoise de Bragance et de sa belle-sœur la princesse de Beira, leurs chambres au palais constituaient le centre du « parti apostolique »[50]. Le 28 août, des opposants au roi formèrent à Manresa une Junte supérieure provisoire du gouvernement de la Principauté présidée par le colonel Agustín Saperes « Caragol »[51], qui dans un arrêté du 9 septembre insistait sur la fidélité envers le roi Ferdinand VII[52]. Pour légitimer la rébellion, les « Malcontents » affirmaient que son objectif était de « soutenir la souveraineté de notre roi aimé Fernando » qu'ils disaient « séquestré » par le gouvernement, bien qu'il leur arrivât également d'exalter « Charles V », frère du roi et héritier du trône, qui partageai l'idéologie des ultras[53],[52].
Le roi n'ayant pas eu d'enfant de ses trois mariages, l'infant Charles semble destiné à régner. Mais le roi épouse en quatrièmes noces sa nièce Marie-Christine des Deux-Siciles qui lui donne deux filles en 1830 et 1832. S'appuyant sur un édit datant de 1789 que son père n'avait pu publier, Ferdinand VII, par un décret rendu en 1830, abolit la loi salique de 1713 par laquelle Philippe V, en contradiction avec la coutume espagnole, avait exclu les femmes du trône. Il appelle ainsi sa fille qui vient de naître, la future Isabelle II, à lui succéder après son décès, si bien que l’infant Charles se voit ainsi privé de la succession qui jusque là lui incombait, à la grande consternation de ses partisans ultra-absolutistes, déjà désignés comme « carlistes »[54],[55],[56].
Les carlistes, qui furent pris par surprise par la publication de la Pragmatique de 1789[57], ne se résignèrent pas à ce que la très jeune Isabelle devînt la future reine et tentèrent de profiter de l’occasion de l’aggravation de l'état de santé de Fernando VII — qui se trouvait convalescent au palais royal de la Granja de San Ildefonso (province de Ségovie) le 16 septembre 1832 —[58]. Son épouse la reine Marie-Christine, sous la pression des ministres « ultras » — le comte de La Alcudia et Calomarde — et de l’ambassadeur du royaume de Naples — soutenu par l'ambassadeur autrichien, qui manigance dans l’ombre —,[59], et trompée par ces derniers qui lui assurèrent que l'armée ne l'appuierait pas dans sa régence lorsque mourrait le roi, et cherchant à éviter une guerre civile comme elle l’assura postérieurement, influença son époux afin qu’il révocât la Pragmatique Sanction du 31 mars 1830. Le 18 septembre, le roi signa l’annulation de la loi salique[60],[61]. De façon inattendue, le roi retrouva la santé et destitua son gouvernement le 1er octobre. Le 31 décembre il annulait dans un acte solennel le décret dérogatoire qui n’avait jamais été publié — le roi l’ayant signé à condition qu'il n’apparaisse pas dans le bulletin officiel La Gaceta de Madrid jusqu’à sa mort — mais que les carlistes s’étaient chargés de divulguer. Ainsi, la princesse Isabelle, âgée de deux ans, devenait de nouveau héritière au trône[60],[61],[62],[63],[64].
La rupture définitive avec les carlistes se produisit à la suite de la décision prise par le gouvernement le 3 février 1833 d’expulser de la cour la princesse de Beria en raison de son implication directe dans les conspirations ultras et de l’influence qu’elle exerçait sur son beau-frère Charles de Bourbon, l'encourageant à défendre ses prétentions à la succession à l'encontre de la fille du roi[65],[66]. De façon inattendue, Charles communiqua que, avec son épouse Marie Françoise de Bragance et ses enfants, il accompagnerait sa belle-sœur dans son voyage au Portugal. Ils quittèrent Madrid le 16 mars et arrivèrent à Lisbonne le 29. Ce faisant, Charles évitait de reconnaître Isabelle princesse des Asturies et héritière du trône[67],[68]. Au cours des semaines suivantes, Ferdinand VII et son frère Charles échangèrent une abondante correspondance dans laquelle il apparaissait clairement que celui-ci refusait de reconnaître Isabelle, scellant la rupture définitive entre eux. Le roi finit par lui ordonner de s'installer dans les États pontificaux et de ne jamais revenir en Espagne, mettant une frégate à sa disposition ; Charles ne se soumit jamais à cet ordre en donnant des excuses de tout type[67],[69]. Le 20 juin 1833 se réunissaient les Cortès dans l'église Saint-Jérôme-le-Royal, comme en 1789, pour le serment de la princesse Isabelle (es) comme héritière de la couronne[70],[71]. Trois mois plus tard, le dimanche 29 septembre 1833, mourait le roi Ferdinand VII, et commença la première guerre carliste, guerre civile pour la succession de la couronne entre, d’une part les partisans d’Isabelle et de la régente Marie-Christine, et d'autre part les « carlistes », partisans de son oncle Charles[72],[73],[74],[75],[76].
Des affiches appelant « les armes carlistes » apparurent à Bilbao, ou d’autres qualifiant Isabelle de « petite princesse étrangère » (« princesita extranjera »), accusant son parti de vouloir imposer « les assassins constitutionnels ennemis de la religion et de l’autel » comme à Santoña. Des algarades en faveur de don Carlos se produisirent à Madrid (avec la participation de la Garde royale). Un projet d’insurrection organisé depuis León par l'évêque Joaquín Abarca, qui faisait partie des cercles de Charles de Bourbon, fut avorté en janvier 1833 — Abarca se réfugia au Portugal —. Des partidas realistas en faveur de Charles V furent formées. La rupture définitive avec les carlistes se produisit à la suite de la décision prise par le gouvernement le 3 février 1833 d’expulser de la cour la princesse de Beria en raison de son implication directe dans les conspirations ultras et de l’influence qu’elle exerçait sur son beau-frère Charles de Bourbon, l'encourageant à défendre ses prétentions à la succession à l'encontre de la fille du roi. Afin de sauver les apparences, on dit qu’elle avait été appelée auprès du roi Michel Ier de Portugal[65],[66].
Le 29 septembre 1833, le roi Ferdinand VII meurt après avoir désigné sa fille Isabelle, âgée seulement de trois ans, comme son successeur, privant ainsi son frère Charles du trône. La noblesse soutient l'infant Charles, plus conservateur, contre les libéraux qui prennent le parti de la régente, Marie-Christine, mère de la nouvelle reine. Il s'ensuit une guerre civile entre les partisans de la jeune reine et les carlistes.
Selon les partisans de Charles, Ferdinand VII promulgua « illégalement » la Pragmatique sanction de 1789 car, bien qu’elle fût approuvée par les Cortès le 30 septembre 1789, aux temps de Charles IV, elle n’était pas devenue alors effective. Selon les carlistes, l’ex-roi Charles IV avait tenté de déroger la loi salique sur la base de l’approbation mentionnée, mais la disposition n’avait pas été promulguée, si bien qu’elle n’était pas actuellement entrée en vigueur et qu’il lui manquait un élément juridique fondamental pour assurer sa validité, suivant le raisonnement suivant : un accord conclu entre le roi et les Cortès ne peut être dérogé que par le roi et les Cortès[77].
À la mort du roi, Charles publie le manifeste des Abrantes le 1er octobre, dans lequel il déclare son ascension au trône sous le nom de Charles V. Le 6 octobre, le général Santos Ladrón de Cegama proclame l'infant Charles comme nouveau roi d’Espagne dans la ville de Tricio (La Rioja), date du début de la Première Guerre carliste.
Après la défaite du miguelisme lors de la guerre civile portugaise, harcelé par les troupes d'Isabelle II qui, sous le commandement du commandant général d'Estrémadure José Ramón Rodil y Campillo avaient pénétré au Portugal, Charles perd un allié et évacue par mer sur le navire de guerre britannique HMS Donegal, face aux protestations espagnoles, arrivant en Grande-Bretagne le 18 juin 1834. En juillet, il fuit l'île, traverse la France et retourne en Espagne le 9 juillet. Il reste en Navarre et dans les provinces basques pendant la Guerre carliste jusqu'en 1839, en maintenant une cour itinérante à Oñate, Estella, Tolosa, Azpeitia et Durango. Par la suite, il accompagne son armée mais sans montrer de compétences militaires. Religieux aux mœurs simples, il est très bien accueilli par la population rurale.
Tandis qu'à Madrid une régence libérale se met en place sous l'égide de la reine douairière Marie-Christine, dans les régions du Nord de l'Espagne, comme la Navarre ou la Catalogne, nombreux sont ceux qui redoutent le centralisme et l'anticléricalisme affichés par le nouveau pouvoir. C'est donc naturellement dans ces régions que Charles trouve l'essentiel de ses soutiens.
Cette guerre civile fait sentir ses conséquences surtout dans le nord du pays, les carlistes étant particulièrement forts dans les provinces basques et en Navarre, qui défendent leurs privilèges (fors) contre les libéraux centralisateurs.
Sous la conduite du général Zumalacárregui, une armée de 13 000 carlistes remporte une suite de victoires, mais l'armée fidèle à Isabelle II établit une ligne de défense (Bilbao-Vitoria-vallée de l'Ebre) que les carlistes ne parviennent pas à briser. Les troupes isabellistes vont alors bénéficier d'une aide extérieure. En 1834, la France, le Portugal et le Royaume-Uni signent avec le gouvernement espagnol le traité de la Quadruple-Alliance. Le Royaume-Uni envoie un groupe de volontaires (la Légion britannique). Le roi Louis-Philippe cède à l'Espagne la Légion étrangère, qui combat alors en Algérie et qui arrive en Espagne en (la Légion devient officiellement une partie de l'armée espagnole).
Au cours de l'été 1837, la position des carlistes s'épuise. Cependant, Charles, toujours considéré comme roi par de nombreux partisans, organise la soi-disant expédition royale. À la tête d'une grande partie de ses bataillons basque, castillan et navarrais, il traverse la Catalogne et marche jusqu'aux portes de Madrid, apparemment à la suite de fausses nouvelles concernant un possible mariage entre l'un de ses fils avec Isabelle II. Ses attentes n'ont pas été satisfaites et déjà en retraite, harcelé par Baldomero Espartero, il retourne avec ses troupes en Biscaye. Face à la frustration causée par sa tentative infructueuse de résoudre le problème de la succession, ainsi que par le retrait désastreux, il prend des mesures drastiques sur les contrôles de son armée et de son administration. Les officiers et les civils qui l'avaient servi depuis la mort de Ferdinand VII, sont dépossédés du commandement, emprisonnés, poursuivis, voire tués. Sa cour finit par être composée de conseillers peu compétents et sans initiative, dont Joaquin Abarca y Blaque reste le plus influent en tant que chef de cabinet. Ils sont appelés « ojalateros », car on dit alors qu'ils ne cessent de se plaindre de ce qui s'est passé pendant l'expédition royale, avec des phrases qui commencent toujours par « Ojalá... » (c'est-à-dire « J'espère... »).
Après plusieurs années de conflit (qui déborde un moment les frontières portugaises), la première guerre carliste se solde par la défaite des carlistes et la signature du traité de Vergara, le , qui met un terme au règne de Charles V, notamment en Navarre. La résistance du chef militaire Ramón Cabrera se poursuit toutefois dans le Maestrazgo jusqu'en . Bénéficiant du soutien des petits paysans pyrénéens et de leurs curés, le mouvement carliste reste néanmoins vivace au nord.
L'attitude pessimiste de la Cour de Charles face aux problèmes civils et militaires a provoqué un grand mécontentement, tant parmi les commandants que dans les troupes, et la méfiance mutuelle entre les bataillons des trois provinces basques et navarraises a également augmenté – ils ont refusé de combattre à l'extérieur de l'étendue géographique de ses provinces, ainsi qu'avec les bataillons castillans. En octobre 1837, après la mort de sa première femme, il épouse sa nièce l'infante Thérèse et, en juin 1838, il nomme Rafael Maroto, commandant en chef, chargé de la réorganisation de l'armée, mais confronté à peu d'actions guerrières. En février 1839, il ordonne de tirer sur trois généraux, soupçonnés d'avoir organisé un complot contre lui. Maroto commence alors des négociations secrètes avec les isabellistes qui prennent fin avec la signature de la convention d'Ognate (ou convention de Vergara) du par laquelle les carlistes reconnaissent leur défaite. Avec ce traité, Charles perd le contrôle de ses provinces et se voit contraint de quitter l'Espagne. La guerre est terminée.
Le 14 septembre 1839, Charles franchit la frontière française et le gouvernement français décide de l'installer à Bourges avec sa femme et ses enfants. Là, le 18 mai 1845, il abdique en faveur de son fils Charles de Bourbon. Après son abdication, il utilise le titre de comte de Molina. Retiré à Trieste, il y meurt le . Il est enterré avec ses descendants dans la chapelle Saint-Charles Borromée de la cathédrale Saint-Juste.
En 1816, il épouse sa nièce l'infante Françoise de Portugal (1800-1834), fille du roi Jean VI et sœur de la reine Marie-Isabelle d'Espagne, épouse de Ferdinand VII. En secondes noces, il s'allie en 1838 avec une autre de ses nièces, l'infante Thérèse de Portugal (1793-1874), princesse de Beira et sœur aînée de sa défunte épouse.
Trois enfants naissent du premier lit :
Ses deux premiers fils se succèdent dans la prétention carliste entre 1845 et 1868.
L'écrivain français Pierre Benoit évoque le carlisme dans son roman Pour don Carlos (1920), dont l'action se déroule quarante ans plus tôt, lors de la dernière guerre carliste. L'œuvre a par ailleurs été adaptée au cinéma sous le même titre par Musidora en 1921.
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