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écrivain français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
François Bon, né le à Luçon, est un écrivain, éditeur et traducteur français.
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François Bon passe son enfance et son adolescence à Saint-Michel-en-l'Herm, dans le marais poitevin, puis à Civray dans la Vienne. Fils d'un père mécanicien et d'une mère institutrice, il se passionne très tôt pour les livres. Après des études d'ingénieur à l'ENSAM[1] (sans obtenir cependant le diplôme), il travaille plusieurs années dans l'industrie en France (aciéries en Lorraine, Sciaky, entreprise de soudure à Vitry-sur-Seine) et à l'étranger, où il se spécialise en soudure par faisceau d'électrons (Moscou, Prague, Bombay, Göteborg[2]).
François Bon publie en 1982 son premier roman, Sortie d'usine, aux Éditions de Minuit. Reçu à la Villa Médicis en 1984, il se consacre depuis à la littérature (livres, radio, théâtre, films, ateliers d'écriture, traduction).
À partir de 1993, avec Dans la ville invisible chez Gallimard, il écrit quelques ouvrages de littérature d'enfance et de jeunesse.
François Bon est aussi dramaturge et a signé, à ce jour, plusieurs pièces de théâtre : Au Buffet de la gare d'Angoulême (1999), Bruit (2000), Quatre avec le mort (2002) ou Quoi faire de son chien mort ? (2004). En 2003, François Bon travaille autour de l'affaire Daewoo, qui avait vu la firme coréenne délocaliser trois de ses usines et licencier plus de 1 000 salariés ; de ce travail d'enquête, naîtra une pièce de théâtre, mise en scène par Charles Tordjman et jouée au festival d'Avignon en juillet 2004[3]. Le spectacle recevra un Molière (meilleur spectacle en région, 2005) et le prix du Syndicat de la critique (meilleure création en langue française, 2004-2005). La même année, François Bon publiera cette enquête sous la forme d'un roman, également intitulé Daewoo.
En 2007, il réalise le feuilleton Bob Dylan sur France Culture avec Claude Guerre, diffusé en février[4]. Comme scripteur, il rédige des émissions radiophoniques, notamment consacrées aux Rolling Stones[5] et à Led Zeppelin, pour France Culture, ainsi que des films documentaires (Paysage fer, La Vie par les bords).
Parallèlement à son travail d'écrivain, il commence en 2010 une suite de nouvelles traductions de récits et d'essais de l'écrivain américain H.P. Lovecraft, qui le conduisent à la création d'un site Internet, The Lovecraft Monument[6], et, en 2015, à une série de publications aux éditions Points Seuil[7]. En juin 2016, il publie de nouvelles traductions de la nouvelle Bartleby de Herman Melville, ainsi que de quelques nouvelles de fantômes d'Ambrose Bierce.
Il propose régulièrement aussi des performances multimédia, seul ou en collaboration avec des musiciens comme Dominique Pifarély, Vincent Ségal, Kasper T. Toeplitz.
Dès le début de sa carrière, dans les années 1980, il expliquait qu'il deviendrait écrivain s'il réussissait à faire exister le garage familial, évoquant son père mécanicien et sa mère institutrice. Effectivement, son œuvre littéraire a développé ces deux projets : son histoire, se dire soi-même ; et faire exister, donner force au réel, faire surgir le dehors. Ces enjeux sont très courants chez les artistes, mais souvent l'on mène l'un ou l'autre, alors que François Bon les a intriqués[8],[9]
Toutefois, à partir de Parking en 1996 et d'Impatience en 1998, François Bon s'interroge sur la notion de roman, et condamne la pratique de la fiction[8] :
« Le roman ne suffit plus, ni la fiction, les histoires sont là dans la ville qui traînent dans son air sali […]. On préférerait un pur documentaire, on préférerait la succession muette des images, un carrefour et son feu rouge, un arrêt de bus au banc de plastique sans personne […]. On préférerait l’inventaire étage par étage des noms et des vies […], cela ne constitue pas le roman ni la fiction mais l’inventaire exact de la ville devant nous, comment le représenter ou le construire, comment imposer que nous n’ayons pas à l’inventer mais seulement à le rejoindre […]. »
— François Bon, Impatience
C'est la pratique de l'inventaire pour retrouver la réalité du passé, par exemple pour le décès d'un proche dans L'Enterrement. C'est aussi une approche littéralement autobiographique de la littérature, avec la pratique des ateliers d'écriture. Mais, chassant la fiction, elle revient au galop : L'Enterrement, récit qui voudrait relater une expérience vécue, se retrouve entièrement recomposé, et donc œuvre de fiction. Mais François Bon refuse que cette fiction amène une subjectivité dominante. Il trouve dans Rabelais le moyen de refuser cette domination, en ouvrant des espaces collectifs à la fiction. De la vie personnelle, il reprendra le choc, non le sujet[8].
François Bon crée, dès 1997, un des premiers sites web consacrés à la littérature, bientôt rebaptisé Remue.net puis tierslivre.net[10], qui devient son principal lieu d'expression et de création. Le nom « Tiers livre » lui est venu par l'intermédiaire du livre de Rabelais Le Tiers Livre qu'il reprend, mais sans le scanner[11]. Son intérêt pour la création littéraire sur et pour Internet l'amène à travailler également la photographie numérique (tumulte.net, qui deviendra par la suite un livre publié en 2006), et à participer à des tables rondes dans lesquelles il intervient sur la question du devenir de la littérature vis-à-vis du numérique. Ces activités le conduiront à lancer une plateforme d'édition de textes numériques, Publie.net (de 2008 à 2013) et à publier un essai Après le livre (éditions du Seuil, 2011), sur la mutation numérique du livre.
François Bon est l'un des premiers à faire de son site internet un lieu de dépôt à la fois pour ses textes finis, ses ébauches, ou encore ses textes de rodage ; son objectif est une « œuvre-somme ouverte, unique et mosaïque, [pour] enfin travailler à une seule arborescence infiniment remodelable[12]. » Son site du Tiers Livre est construit sur un modèle de base de données aujourd'hui caractéristique de tout texte numérique, où « le fonctionnement même de l’écriture amène à la consulter, à la mobiliser, à la déhiérarchiser temporellement par le travail de réactivation de contenus autrement fossilisés[13]». Son œuvre explicite ainsi un rapport inhabituel à l'époque entre le temps et la pratique de l'écriture en soi[13], ce qui contribue à canoniser l'auteur comme « pionnier de la littérature en ligne », bien qu'il n'aime pas cette expression[12].
En 2007-2009, il collabore aux éditions du Seuil pour fonder, avec Bernard Comment, la collection « Déplacements », qu'il met alors en ligne sur son blog tierslivre.net[10]. Il y édite une dizaine d'ouvrages. En 2012, à l'initiative de Scientipole Savoirs et société, François Bon bénéficie d'une résidence d'écriture de la région Île-de-France[14], rencontrant chaque semaine des scientifiques du plateau de Saclay et visitant leur laboratoire[15]. Les portraits et descriptions issus de cette résidence sont publiés uniquement sur le web, sur son site personnel et sur le site du projet Artsciencefactory. En 2013, il contribue à la création d'un magazine de fiction qui s'intitule nerval.fr[11]. Finalement, en 2016, François Bon fonde sa propre maison d'édition, Tiers Livre Éditeurs, en complément de sa plateforme web. Elle se consacre au livre papier comme au livre numérique.
L'auteur utilise les médias numériques et traditionnels pour explorer le genre de l'écriture ; il aurait trouvé dans le médium numérique une façon d'expérimenter qui permette de donner un vrai point de vue sur le réel. Sur son site, le lecteur a accès à des œuvres autant éclectiques que conventionnelles[12], puisque François Bon s'attarde à explorer toute la diversité des options d'écriture. De son œuvre qui, au départ, semblait précéder son temps, deux notions primordiales à la poétique du numérique ressortent : l'utilisation du lien hypertexte comme « extension significative et signifiante du texte »[13] ainsi que le « détournement » des formes traditionnelles associées au discours numérique.
François Bon est aussi très actif sur les réseaux sociaux tels que Facebook et YouTube.
Parallèlement à son travail d'écriture, François Bon s'est spécialisé dans les ateliers d'écriture auprès de publics en difficulté sociale (SDF, détenus, etc.), mais aussi d'étudiants (École nationale supérieure des beaux-arts, École normale supérieure) et d'enseignants (Tous les mots sont adultes, Fayard, 2005). Il commence en 1983, puis poursuit à la prison de Poitiers en 1988 à l'invitation de l'association D'Un Livre L'Autre. En 1991, il travaille quatre mois au lycée Jacques-Brel à La Courneuve (Seine-Saint-Denis, Île-de-France) ; de ces ateliers sortira Sang gris (Verdier). Puis il intervient dans les collèges de Villepinte, Bagnolet, Bobigny. Entre-temps, à partir de 1993 et à l'initiative de la DRAC Languedoc-Roussillon, il intervient à Montpellier, Sète, Lodève, auprès de collégiens, détenus, RMistes, chômeurs, etc.[16]
En 2005, il continue de mener des ateliers d'écriture auprès d'élèves en lycée professionnel, à Pantin[17] par exemple, ou au Lycée Polyvalent Fernand & Nadia Léger à Argenteuil, où il mènera une résidence d'une année. Dans ce lycée, il réalise un documentaire de 56 minutes avec Fabrice Cazeneuve, La Vie par les bords[18] (Arte), dans lequel les lycéens s'expriment sur leur découverte du monde du travail. François Bon et Fabrice Cazeneuve avaient déjà réalisé ensemble Avoir vingt ans dans les petites villes (1995) et Paysage de fer (2003), toujours pour Arte[19].
En 2009-2010, il est professeur invité de création littéraire à l'université Laval (Québec, Canada) et à l'université de Montréal (Québec, Canada).
En 2011, c'est en tant qu'artiste invité qu'il intervient à l'université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve, Belgique) pour une masterclass d'écriture et une suite de conférences sur la mutation numérique du livre.
De 2010 à 2014, il intervient en atelier d'écriture à Sciences-Po Paris, dans le cadre des ateliers artistiques du premier cycle.
De septembre 2013 à 2019, il fait partie de l'équipe des enseignants de l'école nationale supérieure d'arts de Cergy-Pontoise. Professeur de création littéraire, il y a anime notamment un studio d'écriture, enseigne l'histoire de la littérature ou est à l'origine d'un séminaire sur la publication[20]. Il est également un des organisateurs, avec Violaine Houdart et Antoine Idier, du colloque « Recherche et création littéraire » en 2015[21].
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