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écrivain et homme politique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean-Baptiste Louvet dit Louvet de Couvray, né le 12 juin 1760 à Paris, mort le 8 fructidor an V (25 août 1797) dans l'ancien 10e arrondissement de la même ville[1], est un écrivain, un éditeur et un homme politique de la Révolution française.
Président de la Convention nationale | |
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Membre du Conseil des Cinq-Cents |
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Auteur de Faublas |
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Il est né à Paris le dans la paroisse Saint-Jacques-la-Boucherie. Il est le quatrième enfant de Louis Louvet, marchand mercier papetier, et de Marie-Louise Louvet. La famille Louvet connaît une situation économique difficile : l'année précédant sa naissance, et à la suite du surendettement de son mari, Mme Louvet a obtenu la séparation de biens (et la restitution théorique de sa dot)[2]. M. et Mme Louvet continuent cependant leur commerce[3].
Mis en nourrice à la campagne, Jean-Baptiste Louvet connaît à son retour une enfance malheureuse auprès d'un père décrit comme « dur et brutal », qui préfère son frère aîné, Pierre-Louis (celui-ci succède à son père comme marchand-papetier ; il est emprisonné quelque temps en messidor an II sous l'accusation d'avoir vendu un pamphlet, mais il renie son cadet proscrit).
Jean-Baptiste suit des études, peut-être au collège, et acquiert une bonne connaissance des auteurs latins[4], avant de devenir, à 17 ans, secrétaire du minéralogiste Philippe-Frédéric de Dietrich de l’Académie des sciences, puis commis chez le libraire-imprimeur Prault, imprimeur de l'Encyclopédie méthodique, au quai des Grands-Augustins.
Il est amoureux de Marguerite Denuelle, fille de Claude Denuelle, ancien marchand de vin privilégié du roi, et de Marie Simone Barraud. Marguerite est née le à Beaujeu. Elle a été mariée par ses parents et contre son gré à François Théodore Cholet, marchand joaillier quai des Orfèvres qui fait rapidement faillite et dont elle obtient la séparation de biens en [5].
Louvet publie en 1787 une Année de la vie du chevalier de Faublas, première partie de son grand roman les Amours du chevalier de Faublas, qui connaît un grand succès. Suivent la publication en 1788 de Six semaines de la vie du chevalier de Faublas et en 1790 de la Fin des amours du chevalier de Faublas. Grâce à la petite fortune que lui rapporte les ventes de l’ouvrage, il s’installe en 1789 à Nemours, où Mme Cholet, qu’il nomme Lodoïska (en référence à l’une des héroïnes de son roman), le rejoint bientôt.
Malgré son engagement dans la Révolution, il continue à se consacrer à la littérature. En 1791, il publie un second roman, Émilie de Varmont, ou le Divorce nécessaire et les amours du curé Sévin ; et tente une carrière théâtrale avec la Grande Revue des armées blanche et noire, l’Anobli conspirateur, l’Élection et l’audience du grand Lama Sispi (c’est-à-dire le pape Pie VI). Par ailleurs, il participe au Journal des débats et des décrets. La même année, deux œuvres lyriques (Lodoïska de Cherubini, le , au théâtre Feydeau, et Lodoïska, ou les Tartares de Rodolphe Kreutzer, 1er août, salle Favart) sont tirées de son premier roman, les Amours du chevalier de Faublas.
Lorsque commence la Révolution, il s’enflamme. En , après la marche de manifestants parisiens sur Versailles et le retour de la famille royale à Paris, Mounier dénonce ce coup de force. Louvet lui répond dans Paris justifié, contre M. Mounier. Après la parution de cette brochure, membre de la section des Lombards, il entre au club des Jacobins. Le , il se présente à la barre de l'Assemblée pour demander un décret d’arrestation contre les Princes et les émigrés ; sa pétition, qui connaît un succès immédiat, est décrétée d’impression.
Proche des Girondins, qui dominent à gauche de l’Assemblée législative, il fait, le , aux Jacobins (où il est nommé au Comité de correspondance) un discours en faveur de la guerre et lance, en mars, la Sentinelle, un journal placardé sur les murs et financé par le ministère de l'Intérieur. Pendant l’été 1792, il polémique contre La Fayette et la Cour.
Le 10 août 1792, il prend part à l’insurrection qui conduit à la chute de la royauté et justifie, dans son journal, les massacres de Septembre.
En septembre 1792, Louvet de Couvray est élu député du département du Loiret, le huitième sur neuf, à la Convention nationale[6]. Il ne saurait être confondu avec son homonyme Pierre-Florent Louvet, député de la Somme.
Louvet siège sur les bancs de la Gironde. Dès le 29 octobre, il prononce un long discours dans lequel il dénonce Maximilien de Robespierre qu'il accuse « d'avoir depuis longtemps calomnié les plus purs, les meilleurs patriotes » et dans lequel il dénonce également Jean-Paul Marat contre qui il réclame le décret d'accusation[7]. Robespierre répond à Louvet le 5 novembre, en prononçant l'interpellation célèbre « Citoyens, vouliez-vous une Révolution sans révolution ? » à ceux qui ne cautionnent pas les insurrections conduites par la Commune insurrectionnelle de Paris[8]. Louvet répond en publiant l'adresse À Maximilien Robespierre, et à ses royalistes[9].
Lors du procès de Louis XVI, Louvet vote « la mort, sous condition expresse de surseoir jusqu'après l'établissement de la Constitution » et se prononce en faveur de l'appel au peuple et du sursis[10]. Bien qu'il ait dénoncé Marat en octobre 1792, il se récuse lors de sa mise en accusation en avril 1793[11]. Le même mois, il est compris dans la pétition de trente-cinq sections de la capitale qui accuse vingt-deux députés girondins d'avoir « ouvertement violé la foi de leurs commettants »[12]. Il vote en faveur du rétablissement de la Commission des Douze[13].
Louvet est compris dans le décret d'arrestation rendu à l'issue de la journée du 2 juin[14] . Il se soustrait cependant à la garde des gendarmes et se réfugie dans le Calvados où il épouse Marguerite Denuelle dite « Lodoïska » et tente de soulever le département contre la Convention. Lui et les autres députés fugitifs sont déclarés traîtres à la patrie[15] et son suppléant, Cosme-François Gaillard, le remplace à son poste de député[16]. Il se cache à Paris entre frimaire et pluviôse an II (entre décembre 1794 et février 1795) puis passe en Suisse par le Jura. Il s'installe avec son épouse à Saint-Barthélémy près d'Échallens dans le canton de Vaud. Leur fils Félix Louvet y naît le 22 septembre 1794. Il meurt le 14 mars 1845 à Presnoy dans le Loiret[17].
À la suite du 9 thermidor, Robespierre, Couthon et Saint-Just, membres du Comité de Salut public, sont mis en minorité puis guillotinés. Louvet rentre à Paris en vendémiaire an III (octobre 1794) et ouvre avec la veuve du député girondin Antoine-Joseph Gorsas une librairie-imprimerie au Palais-Royal. Il adresse à la Convention un Appel des victimes du 31 mai, aux Parisiens du 9 Thermidor. En frimaire an III (décembre 1794), les députés girondins qui avaient protesté contre les journées du 31 mai et du 2 juin sont libérés et réintégrés à leur poste[18], tandis que les poursuites contre ceux décrétés hors-la-loi sont levées[19]. Ils sont réintégrés à leur tour en ventôse an III (mars 1795).
Louvet de retour à la Convention adhère à la politique réactionnaire et retrouve des fonctions dans les organes dirigeants. D'après Marcel Dorigny, en s'en prenant à la fois aux jacobins et aux royalistes, il entend incarner un « juste milieu ». En floréal an III (avril 1795), il est élu membre de la Commission des Onze chargée de rédiger le nouveau projet constitutionnel pour remplacer celui de l'an I[20]. Deux semaines après l'insurrection du 1er prairial an III, le 12 (le 2 juin), il prononce l'oraison funèbre de Féraud, député des Hautes-Pyrénées assassiné par les émeutiers. En messidor (en juillet), il est élu membre du Comité de Salut public aux côtés de Boissy d'Anglas, de Jean Debry et de Denis-Toussaint Lesage[21]. Après l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire, il demande que les députés Saladin et Rovère soient décrétés d'arrestation pour leur soutien au mouvement[22]. En réaction, il est visé par la jeunesse dorée et par la presse royaliste qui le qualifient de « terroriste » ou de « buveur de sang »[23].
Après son adoption par la Convention et sa ratification par référendum, la constitution est proclamée le . Le 23 vendémiaire an IV (), Louvet se fait élire au Conseil des Cinq-Cents par 19 départements — il opte pour la Haute-Vienne. Au même moment, il est nommé à l’Institut national des sciences et des arts, nouvellement créé, dans la classe de grammaire. Malade, Louvet fait partie du tiers du Conseil des Cinq-Cents exclu par tirage au sort la 1re prairial an V (). Pris à partie par la jeunesse royaliste dans sa librairie, il déménage dans le faubourg Saint-Germain et installe sa librairie au 136-140 rue de Grenelle (ancien siège de l'Institut national de l'information géographique et forestière).
Nommé consul à Palerme par le Directoire, il meurt de tuberculose et d’épuisement avant de rejoindre son poste, à son domicile, rue de Grenelle, le , à une heure du matin, à seulement 37 ans[24]. Son épouse tente de se suicider à l’opium. Le lendemain, Benjamin Constant publie un éloge dans la Sentinelle. Le , son ami Honoré Riouffe prononce un éloge funèbre au Cercle constitutionnel.
Lodoïska conserve le cercueil de plomb de son époux dans leur appartement. Le 29 germinal an VI (), elle le fait inhumer dans le jardin du château de Chancy, dans la commune de Presnoy, près de Montargis, où elle va s’installer[25]. Elle meurt le dans l’incendie de sa chambre et est enterrée aux côtés de son époux. En 1845, à la mort de Félix Louvet, le château est vendu, et les corps de Louvet et de sa femme sont transférés au cimetière de Montargis.
En 1795, Louvet publie, sous le titre de Quelques notices pour l’histoire et le récit de mes périls depuis le , une partie de ses Mémoires. Rédigés dans la clandestinité, dans ses diverses cachettes, ces Mémoires donnent une image vive des périls des Girondins en fuite. Ils constituent un document important pour l’étude de la psychologie sous la Révolution, Louvet décrivant dans un style enlevé son état d’esprit et ses choix politiques. La première édition complète des Mémoires de Louvet de Couvrai, préfacée et annotée par Alphonse Aulard, a été publiée à Paris en 1889.
Aujourd’hui, Louvet de Couvray est surtout connu pour son roman Les Amours du chevalier de Faublas qui a connu de nombreuses rééditions, imitations et adaptations. Il a inspiré plusieurs livrets d'opéra, notamment Lodoïska de Luigi Cherubini (livret de Claude-François Fillette-Loraux) et Lodoïska ou les Tartares de Rodolphe Kreutzer (livret de Jean-Élie Bédéno Dejaure), tous deux créés en 1791, ou encore Der Rosenkavalier (Le Chevalier à la rose en français) de Richard Strauss, sur un livret de Hugo von Hofmannsthal[26].
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