Kosovo
pays issu de l'ancienne Yougoslavie dont la reconnaissance est limitée / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Cet article concerne le Kosovo. Pour les autres significations, voir Kosovo (homonymie).
Cet article concerne la république du Kosovo en général et depuis 2008 en particulier. Pour le régime en place dans le pays entre 1990 et 2000, voir République de Kosova.
C'est un pays rempli uniquement de serbe
République du Kosovo
(sq) Republika e Kosovës
(sr-Latn) Republika Kosova
Drapeau du Kosovo |
Armoiries du Kosovo |
Devise | Aucune |
---|---|
Hymne |
Europe |
Forme de l'État | République parlementaire |
---|---|
Revendiqué par | Serbie, en tant que Kosovo-et-Métochie |
Reconnu par | 95 États, 45 étant opposés |
Présidente de la République | Vjosa Osmani |
Premier ministre | Albin Kurti |
Président de l'Assemblée | Glauk Konjufca |
Parlement | Assemblée du Kosovo |
Langues officielles Langues à statut local |
Albanais et serbe[1] Turc, bosnien et romani |
Capitale | Pristina |
Plus grande ville | Pristina |
---|---|
Superficie totale |
10 908[2] km2 (classé 171e) |
Fuseau horaire | UTC +1 |
|
|
Province autonome socialiste du Kosovo | - |
République de Kosova[3] | - |
Kosovo-et-Métochie | depuis |
République du Kosovo[N 1] | depuis le |
Gentilé | Kosovar, Kosovare |
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Population totale (2022) |
1 958 773[4] hab. (classé 148e) |
Densité | 179,92 hab./km2 |
PIB nominal (2018) | 7,947 milliards de USD[5] |
---|---|
Monnaie |
Euro[6] (EUR ) |
IDH (2016) | 0,741[7] (élevé) |
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Code ISO 3166-1 |
aucun. Le code à usage personnel XK est fréquemment utilisé. |
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Domaine Internet | aucun |
Indicatif téléphonique | +383 (un seul et unique indicatif téléphonique activé pour le Kosovo depuis le )[8]. |
Code sur plaque minéralogique | RKS |
Le Kosovo (en albanais : Kosovë ou la forme définie Kosova, en serbe : Kosovo, Косово), en forme longue, la république du Kosovo (en albanais : Republika e Kosovës, en serbe : Republika Kosovo, Република Косово), également appelé officiellement par les autorités serbes Kosovo-et-Métochie (en serbe : Kosovo i Metohija, serbe : Косово и Метохија)[9], est un territoire au statut contesté situé en Europe du Sud, plus particulièrement dans les Balkans et en ex-Yougoslavie.
Sa déclaration d'indépendance le , avec Pristina comme capitale, est contestée par la Serbie pour qui il s’agit d’une province autonome, et n’est reconnue ni par l’Organisation des Nations unies, ni par l’Union européenne. En , sur les 193 membres souverains des Nations unies, 100 figurent sur la liste des États qui ont reconnu l'indépendance du Kosovo, 88 pays sont contre et cinq autres se sont abstenus[10]. En revanche, depuis 2016, le pays est reconnu par la FIFA et le CIO, et peut donc se présenter à la Coupe du monde de football et aux Jeux olympiques.
Le gouvernement kosovar exerce de facto son pouvoir sur la majorité du territoire ; sa partie nord, 15 % de la région avec une population à majorité serbe[11], est contrôlée par les Serbes du Kosovo et revendique son maintien au sein de la Serbie[12]. Un échange territorial avec la vallée de Preševo, peuplée d'une majorité d'Albanais est régulièrement évoqué[13],[14],[15],[16],[17] afin de régler le conflit.
Ce pays à majorité albanaise et ayant une minorité serbe a appartenu à différents États lors de son histoire. Enlevé à Byzance par la Serbie en 1170, le territoire est occupé par l'Empire ottoman en 1459 et fait de nouveau partie de la Serbie depuis le traité de Bucarest de 1913 mettant fin à la deuxième guerre balkanique, puis devient, après la Seconde Guerre mondiale une province autonome de la Serbie au sein des différentes Yougoslavies, avant d'être placé sous administration de l’ONU le en vertu de la résolution 1244 des Nations unies reconnaissant l'intégrité territoriale de la Serbie, à la suite des violents conflits qui ont opposé les autorités serbes aux séparatistes albanais et à des bombardements de l'OTAN lors de l'opération force alliée à la fin des années 1990. Depuis les accords de paix de Koumanovo, datés du même jour, une force de l’OTAN, la KFOR, assure la paix et l’ordre dans cette région.
La région possède différentes dénominations. Le nom Kosovo est parfois francisé en Kossovo[18], parfois conservé sous la forme albanaise Kosova[19], autrefois francisé en Cossovie[19],[20] (adjectif : cossovar[19]) ; d'autres variantes sont parfois utilisées : Kasova, Casova[21],[22], Casoua. Le nom antique de Dardanie[19],[20] est de plus en plus employé[réf. souhaitée].
Le terme « Kosovo », en serbe, désigne la vaste plaine constituant la partie orientale du pays telle qu’on le connaît actuellement. Le terme se rapporte à la bataille de Kosovo Polje, où l'armée serbe combattait les Ottomans qui voulaient occuper la Serbie[23]. Kos signifie « merle » en serbe (à rapprocher du grec ancien κόσσυφος / kóssuphos) et -ovo est un suffixe serbe indiquant l'appartenance. Kosovo signifie donc « des merles », Kosovo Polje se traduisant par « Champ des Merles ».
Selon une autre étymologie, le nom serait derivé du turc ancien « Koh- soh- vah » signifiant aussi « Champ des Merles »[24].
De la Préhistoire à l'Empire romain
Les Illyriens apparaissent au XXe siècle av. J.-C., à une époque charnière entre l’âge du bronze et l’âge du fer. Ils constituent un royaume englobant une grande partie de la région balkanique. Les Illyriens sont considérés par certains auteurs comme les ancêtres directs, tant par leur culture que par leur langue, des actuels Albanais. Les Illyriens étaient divisés en plusieurs clans : les Taulantes, Ardianes, Dardaniens, etc. L'actuel Kosovo se trouvait alors essentiellement compris dans la région peuplée par les Dardaniens qui vivaient aussi dans une partie de l’actuelle Albanie du nord, du sud de la Serbie et du nord de la Macédoine du Nord jusqu’aux environs de Skopje. Après la conquête romaine, survenue aux alentours de 28 av. J.-C., les Dardaniens sont progressivement romanisés et l’ancienne colonie grecque de Naissus (actuelle Niš), située en Dardanie orientale, devient un carrefour stratégique de la province romaine de Mésie supérieure. Elle est même la ville natale de l’empereur Constantin qui fera de la Dardanie une province romaine à part entière en 284.
De l’Empire serbe médiéval à l’Empire byzantin
La chute de l’Empire romain marque le début de nombreuses invasions barbares slaves dans la péninsule balkanique, qui touchèrent aussi bien la Dardanie que les autres régions des Balkans. Dès le Ve siècle, des tribus déferlent en masse, parvenant à s’implanter jusqu’en Thessalie, et ce dans l'ensemble des Balkans, certaines tribus étant même allées jusque dans le Péloponnèse. En cette même période, les Avars s’installent dans la contrée, conquérant la majeure partie de l’actuel Kosovo, n’échouant que devant Lipljan car confronté à de forts contingents byzantins. La Rascie, y compris ses terres méridionales, passe de nouveau sous domination byzantine après la mort de Vukan en 1115. À la fin du XIe siècle, la dynastie serbe des Nemanjić parvient à étendre considérablement les terres slaves et à en déplacer le centre de gravité. À la mort de Dušan en 1355 et à la suite de la dissolution de l'empire serbe, la majeure partie du Kosovo se trouve alors sous la domination du prince serbe Vuk Branković. À cette époque, associé aux territoires du prince Lazar, le pays de Vuk Brankovič devient prospère. D’anciens marchés se transforment également en villes prospères comme Prishtinë, Vushtrri ou encore Pejë.
En 1371, la bataille de la Maritsa ouvre aux Ottomans la porte des Balkans.
Conquête ottomane
Dès le milieu du XIVe siècle, les Ottomans obtiennent des Byzantins une tête de pont en Europe (péninsule de Gallipoli), puis se frayent en quelques décennies un chemin jusqu'au cœur des Balkans. Le sultan Mourad, fort de ses nombreuses conquêtes sur les anciens domaines byzantins, décide de lancer une offensive contre les pays balkaniques au printemps 1389, accompagné de ses fils Jakub et Bayezid. De l’autre côté, le prince Lazar Hrebeljanović parvient à réunir une puissante armée en ralliant ses alliés, dont Vuk Branković et le roi de Bosnie Tvrtko Ier. La bataille de Kosovo Polje, le , ou « bataille du Champ des merles » (selon sa traduction en français), marque un tournant majeur dans l’histoire du Kosovo et de la Serbie : progressivement, les princes serbes acceptent de devenir vassaux du nouveau sultan Bayezid Ier.
En , une armée de croisés et de mercenaires venus de Hongrie, de Pologne, de Valachie, de Bohême et d’Allemagne, commandée par le chevalier hongrois Jean Hunyadi, traverse la Serbie et parvient jusqu’au Kosovo. Une grande bataille s’y engage du 17 au , contre l’armée du sultan Mourad II, au cours de laquelle les croisés subissent un terrible revers.
En 1455, l'Empire ottoman fait un recensement ethnique des familles du Kosovo de façon à établir une politique de gouvernance, 46 étaient albanais et 13 000 serbes, ce document existe encore et se trouve dans les archives turques à Istanbul. Détail intéressant, le recensement turc touche aussi le nord de l'Albanie actuelle qui lui aussi est peuplé à très grande majorité de familles serbes, puisque sur 89 villages, 3 sont à majorité albanaise et 86 à majorité serbe. Le document est également connu sous le nom « habitants des terres des Branković »[25],[26],[27],[28]. Le recensement de 1455 indique également qu'au Kosovo, il y a 480 communes, villes et villages (voir : Defter de 1455 (en)).
Au Kosovo, la conversion des Serbes à l’islam commence rapidement bien qu’elle reste faible dans cette partie de l'Empire. Dans certaines régions pauvres, il arrive que des villages entiers se convertissent afin de ne plus payer le djizîa et d’autres charges. L’invasion de l’Empire ottoman met fin également au système féodal qui régnait encore dans cette région. Les Ottomans, connaissant à cette époque une expansion culturelle sans précédent, transforment le pays au moyen d’une structure sociale et administrative beaucoup plus développée. Ils installent aussi des colons albanais convertis à l'Islam dans la région.
En 1557, Sokollu Mehmet Pacha décide d'accorder à l'Église serbe la restauration du patriarcat de Peć. Cependant, alors que l'empire des Habsbourg est en guerre avec l'Empire ottoman, les Autrichiens prennent des mesures pour favoriser la création d'une zone militaire tampon entre les deux territoires. Après l'échec du second siège de Vienne, en , l'Empire ottoman reflue face aux Autrichiens qui, avec l'aide des Serbes et de tribus albanaises catholiques, traversent le Kosovo en 1689 et parviennent jusqu'à Skopje en Macédoine.
Jusqu'à la grande migration serbe de 1690, le Kosovo était fortement lié au peuple serbe par son histoire et son peuplement. Si on ne peut établir clairement l'identité ethnique de la région à cette époque, on peut supposer qu'elle était en grande partie composée de Serbes et vraisemblablement déjà d'Albanais. Cependant, la grande migration de 1690 aura pour effet de vider le Kosovo d'une partie plus qu'importante de sa population serbe orthodoxe, on l'estime à 200 000 individus. Ainsi, c'est probablement à partir de cette époque que l'identité albanaise du Kosovo s'est réellement installée.
Rattachement à la Serbie
À l'hiver 1878, le congrès de Berlin accorde officiellement l'indépendance à la Serbie ou, plus exactement lui accorde les terres au nord du Kosovo. Quant au Kosovo, il reste dans l'Empire ottoman. Ayant étendu les frontières du nouvel État serbe aux régions de Niš, Pirot, Toplica et Vranje, plusieurs milliers d'Albanais, les Muhaxheri (réfugiés) habitant la région de Toplica près de Niš, sont chassés vers le Kosovo resté sous domination ottomane. En 1912, les États balkaniques nouvellement affranchis de l'occupation ottomane décident d'unir leurs forces afin de libérer les terres restant sous contrôle ottoman. Soutenus par la Russie, ils repoussent les Ottomans aux portes de Constantinople. Tragiquement, une nouvelle guerre a lieu en 1913 et oppose cette fois les anciens alliés : la deuxième guerre balkanique. À l'origine d'un désaccord sur le partage des précédentes conquêtes, cette guerre se solde par la victoire de la Serbie. Réunie à Londres, le , la conférence des ambassadeurs refuse à la Serbie, sous pression de l'Autriche-Hongrie, l'accès à la mer qu'elle convoitait par la vallée du Drin (Drim en serbe) mais, sous pression française et russe, lui octroie le Kosovo et la Macédoine.
Tentatives de rattachement par le royaume des Serbes, Croates et Slovènes
Après le premier conflit mondial, le , naît le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, État qui se veut rassembler tous les Slaves du sud en son sein comme l'avaient imaginé certains intellectuels serbes et croates des XVIIIe et XIXe siècles. Le nouveau royaume regroupe les régions balkaniques slaves anciennement contrôlées par l'Empire austro-hongrois (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine et Voïvodine serbe) ainsi que l'État serbe indépendant et le Monténégro qui s'était réunifié à la Serbie quelque temps auparavant. La dictature du roi de Serbie ne fait qu'amplifier les tensions nationalistes. Le Kosovo, après avoir été occupé par l'armée serbe, est incorporé au royaume et formellement rattaché au nouvel État. Le monarque, tout en matant la résistance des Kaçaks, Albanais qui résistent à cette reconquête, et des Comitadjis de Macédoine, entreprend de « désalbaniser » la région en encourageant les Albanais à partir et en y favorisant la réinstallation de familles serbes et monténégrines.
De la Seconde Guerre mondiale à la brève intégration albanaise avant la fédération yougoslave
Le Kosovo, la Métochie et une partie du Monténégro se voient inclus dans l'État d'Albanie sous contrôle de l'Italie fasciste. Tito reconnaît à la conférence de Bujan le « droit des Albanais à l'autodétermination ». Cependant, après que Tito eut rompu ses relations avec Joseph Staline, le , le parti communiste albanais sous la direction d'Enver Hoxha prend le parti de Staline. La frontière du Kosovo avec l'Albanie socialiste est alors fermée et Tito interdit aux 100 000 Serbes chassés du Kosovo pendant la Deuxième Guerre mondiale d'y revenir[29]. La constitution yougoslave est amendée en vue d'accorder plus de contenu à l'autonomie de Kosovo, la « province socialiste autonome du Kosovo » étant formellement déclarée depuis 1945. Cet effort culmine avec la constitution de où la république socialiste de Serbie perd tout droit de regard sur les affaires internes du Kosovo : celui-ci est directement représenté dans les instances fédérales, « à égalité de droit » des républiques et des provinces autonomes ainsi que des peuples et des nationalités.
Des conflits interethniques lors de la désintégration yougoslave à l'intervention de l'OTAN en 1999
En , des manifestations d'Albanais réclamant le statut de république tournent à l'émeute : la répression serbe fait des dizaines de morts et des centaines de blessés du côté albanais[30]. Slobodan Milošević, devenu deuxième homme du Parti communiste yougoslave, met en œuvre deux coups de force dans les provinces autonomes et républiques liées à la Serbie : « révolution des yaourts » en 1988 en Voïvodine et « révolution antibureaucratique » au Monténégro en . Le , l'autonomie constitutionnelle du Kosovo est abolie[31]. Des chefs politiques albanais s'organisent en conséquence contre la suppression d'autonomie du Kosovo. Le , une majorité des députés chassés du Parlement publient une « déclaration constitutionnelle » faisant du Kosovo une république[31]. Puis, après le référendum des mois de septembre et , l'indépendance du Kosovo est proclamée. Ibrahim Rugova met sur pied une société parallèle au Kosovo : il remporte des élections clandestines et devient président de la république du Kosovo. Déçus par l'indifférence de la communauté internationale, certains Albanais rejettent l'autorité de Rugova.
En 1997, l'Armée de libération du Kosovo connue sous son acronyme UÇK (en albanais Ushtria Çlirimtare e Kosovës et en serbe Oslobodilačka Vojska Kosova) profite du pillage des arsenaux en Albanie pour s'équiper et entreprendre une campagne de guérilla : elle revendique plusieurs attentats contre l'armée et la police serbes. En réponse à ces actions, et surtout pour neutraliser son opposition par une nouvelle guerre, Milošević massacre en février et les familles de guérilleros présumés, provoquant une insurrection massive. Cette insurrection lui permet ensuite, sous prétexte de contre-terrorisme, de lancer une campagne de destruction de dizaines de milliers de maisons, chassant plus d'un million d'Albanais du Kosovo vers l'Albanie, la Macédoine et le Monténégro[réf. nécessaire].
Après leur expérience en Croatie puis en Bosnie-Herzégovine et craignant une extension du conflit à la Macédoine, les pays occidentaux décident de réagir. C'est à cette période que le gouvernement allemand présente le plan Fer-à-cheval visant à la déportation des Albanais du Kosovo, mais dont l'authenticité fait débat. Finalement, entre le et le , l’OTAN procède à des frappes aériennes sur la Serbie (opération Force alliée) et contraint Milošević à se retirer du Kosovo. La région passe sous l'administration des Nations unies en vertu de la résolution 1244 du Conseil de sécurité en date du . Près d'un million de Kosovars reviennent progressivement sur leurs terres et, en compagnie d'autres ONG internationales, la Centrale sanitaire suisse apporte une aide médicale à ces populations en détresse.
1999-2008 : statut indéterminé
De 1999 à 2008, le statut final du Kosovo est indéterminé, ce qui paralyse son développement politique et contribue à une situation sociale tendue. En droit international, la résolution 1244, tout en affirmant le caractère provisoire de ce statut, affirme l'attachement de l'ONU à l'intégrité territoriale de la république fédérale de Yougoslavie, remplacée en par la Serbie-et-Monténégro dont la Serbie est l'héritière politique.
Le , l'ancien président finlandais Martti Ahtisaari est mandaté par l'ONU afin de superviser les négociations entre le gouvernement serbe et le gouvernement kosovar sur le statut final du Kosovo. Après le décès du président Ibrahim Rugova, figure emblématique du mouvement indépendantiste albanais, le , des pourparlers entre le gouvernement du Kosovo, la diplomatie européenne et le gouvernement serbe prennent place à Vienne entre et . Le , Ahtisaari soumet ses propositions sur le statut final du Kosovo au Conseil de sécurité des Nations unies. Il prévoit d'accorder au Kosovo le statut d'État indépendant, possédant ses propres symboles, sa constitution et son armée, sous le contrôle de la communauté internationale. Les États-Unis étaient favorables à l'indépendance de la province, alors que la Russie et la Serbie affirment que cette indépendance serait contraire au principe de l'unité territoriale de la Serbie défendu par la résolution 1244[32].
2008 : déclaration d'indépendance contestée
Le , le parlement de la province, réuni en session extraordinaire, vote le texte présenté par le Premier ministre Hashim Thaçi proclamant l'indépendance du Kosovo :
« Nous proclamons l'indépendance du Kosovo, État indépendant et démocratique […] À partir de maintenant, le Kosovo a changé de position politique, nous sommes désormais un État indépendant, libre et souverain[33]. »
Le nouveau gouvernement de la république du Kosovo n'exerce toutefois pas un contrôle réel sur la partie nord du pays, les populations d'origine serbe étant majoritaires dans les communes de Zvečan, Zubin Potok et de Leposavić et de Mitrovica. Dans les jours suivants, un certain nombre de pays dont les États-Unis, la France, l'Allemagne ou le Royaume-Uni (voir la section dédiée) reconnaissent l'indépendance du Kosovo malgré les protestations de la Serbie. Le Conseil de sécurité de l'ONU est divisé sur la question, la Russie et la Chine ayant déclaré la déclaration d'indépendance du Kosovo illégale.
Le , l'accord sur le déploiement (accord établi avec l'aval de Belgrade, Moscou, l'Union européenne et les États-Unis ainsi que par l'unanimité du conseil de sécurité[34],[35]) des forces de EULEX Kosovo (), renforce l'idée d'une partition du Kosovo entre Serbes et Albanais ainsi que dans l'esprit de la communauté internationale. Une partie des Serbes et Albanais du Kosovo y voit aussi une solution au problème kosovar[36].
Lors d'une réunion du Groupe d'orientation sur le Kosovo (ISG) le , il y est annoncé que le Kosovo accédera à « la pleine souveraineté » en [37]. Cette pleine souveraineté lui est accordée par la décision du de mettre un terme à la supervision de l'indépendance du Kosovo par le Bureau civil international (en) (ICO) sous l'égide du Groupe d'orientation sur le Kosovo (en) (International Steering Group, ISG)[38].
2017 : crainte de nouvelles concessions serbes
Dans le cadre de la possible adhésion de la Serbie à l'UE, l'UE demande à la Serbie de « normaliser » ses relations avec le Kosovo. À ce sujet, le le spécialiste du Kosovo Nikola Tanasic, estime que :
« Pourtant, en 2007, l'ambassadeur allemand en Serbie Andreas Cobel a ouvertement dit que nous (les Serbes) devrions remercier l'Europe si la question du sandjak de Novipazar (une région peuplée de musulmans bosniaques située à la frontière de la Serbie et du Monténégro) et la question de la Voïvodine (une région peuplée environ à 70 % de Serbes et à 30 % de minorités diverses, qui possède un mouvement autonomiste et qui est située au nord de la Serbie) ne sont pas posées après l'indépendance du Kosovo. Ainsi les conséquences de toute concession (de la Serbie sur sa souveraineté et son intégrité territoriale) au Kosovo sont évidentes. Ceci résultera dans de nouvelles demandes et la cession de nouvelles parties de la Serbie jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de ce pays[39]. »
Date | Nom français | Nom en albanais | Remarques |
---|---|---|---|
Jour de l'an | Viti i Ri | Fête civile | |
Jour de l'Indépendance | Dita e Pavarësisë | Fête civile férié | |
Jour de la constitution de la RKS | Dita e kushtetutës RKS | Fête civile férié | |
Fête du travail | Një Maj | Fête civile férié | |
date variable | Aïd el-Fitr | Bajrami i Vogël | Fête musulmane férié |
date variable | Aïd al-Adha | Bajrami i Madh | Fête musulmane férié |
date variable | Fête de Pâques | Festa e Pashkeve | Fête chrétienne férié |
Jour de l'indépendance de l'Albanie | Dita e Pavarësisë të Shqipëries | Fête civile férié | |
Noël | Krishlindjet | Fête chrétienne férié |
Le Kosovo possède une superficie de 10 908 km2[2]. C’est une région essentiellement montagneuse, avec toutefois deux plaines :
- La plaine du Kosovo proprement dite, ou Kosovo oriental ; le Kosovo oriental (Kosovo Polje en serbe et Fusha e Kosovës en albanais) correspond au bassin supérieur de la Sitnica, affluent de la Morava occidentale, qui se jette dans le Danube. À l’origine, le terme « Kosovo » désignait la vaste plaine constituant la partie orientale de la province de Kosovo telle qu’on la connaît actuellement[23].
- La plaine du plateau occidental, la Métochie que les Serbes nomment Metohija et que les Albanais appellent Rrafsh i Dukagjinit (plateau de Dukagjin) ou simplement Dukagjin ; ce plateau correspond au bassin supérieur du Drin blanc (Beli Drim en serbe et Drini i Bardhë en albanais) qui rejoint le Drin noir (Drini i Zi en albanais) à Kukës (Albanie) pour se jeter dans la mer Adriatique. Les deux bassins sont séparés par la chaîne de collines de la Drenica.
Cette division en deux plaines se retrouve dans le nom de Kosovo-et-Métochie, et a eu une influence dans l'histoire. Ainsi, après les guerres balkaniques (1912-1913), le Kosovo a été intégré à la Serbie, alors que l'essentiel de la Métochie a été rattachée au Monténégro.
Selon le recensement de 2011 dont les résultats préliminaires ont été publiés par l'office statistique du Kosovo, la population du Kosovo est de 1,7 million d'habitants. Ces résultats sont rejetés par le gouvernement serbe[40].
Ce résultat, nettement inférieur aux prévisions, s'explique en partie par le fait que les Albanais vivant en exil — 500 000, selon les estimations[réf. nécessaire] — n'aient pas été inclus dans les calculs, et que par ailleurs le recensement ait été boycotté par beaucoup de non-Albanais[41] et n'ait pas pu être effectué dans le nord du pays, resté sous contrôle serbe.
Selon le gouvernement kosovar, 92 % de la population est albanaise, 5,3 % serbe et 2,7 % autre[42]. Selon The World Factbook, en 2007 le Kosovo comptait 2 126 708 habitants dont 92 % d'Albanais, 6 % de Serbes, 2 % de Bosniaques, des Gorans, des Roms, des Turcs, des Ashkalis et des « Égyptiens »[43].
Environ 65 % de la population a moins de 30 ans. Le pays fait face à une volonté massive d'émigration, y compris d'immigration illégale en Europe de l'Ouest[11]. Le Kosovo a une des plus jeunes populations d'Europe.
Durant l'hiver 2014-2015, plus de 5 % de la population quitte le Kosovo en quelques semaines, ce qui constitue l'un des plus forts mouvement d'exode en temps de paix[44].
Groupes ethniques
La composition ethnique avant le XIXe siècle est sujet de débat. Le concept moderne de nationalité ou d'ethnicité fondé sur l'appartenance linguistique, religieuse et culturelle ne s'est développé qu'avec le nationalisme romantique et ne s'est répandu dans les Balkans qu'à la fin du XIXe siècle[45]. Il y a peu de données concernant la population du Kosovo au haut Moyen Âge, il existe cependant les données cadastrales établies par l'Empire ottoman mentionnant, en 1455, 13 000 habitations serbes, 46 habitations valaques et 75 habitations albanaises sur les terres de la dynastie des Branković, représentant environ 80 % de l'actuel Kosovo[46],[47],[48]. D'autres données comme le registre du Sandjak de Shkodra (qui comprend toute la zone de Peć/Peja au Kosovo), daté de 1485 montre une majorité albanaise dans la région de Shkodra, un équilibre dans la région de Piper, Shestan, ou Altun-Ili (Gjakovë), et une minorité importante dans la zone de Peć (Peja)[49].
À la suite de la Grande guerre turque au XVIIe siècle, un nombre important de Serbes fuit le Kosovo. Selon la tradition serbe, il s'agirait de 200 000 à 500 000 Serbes, mais le chiffre réel semble plus proche de 40 000[45] à 60 000[50].
Au cours du XXe siècle, la population du Kosovo a beaucoup évolué et bien que plusieurs recensements aient été réalisés, les plus récents sont soit contestés par les Serbes (pour ceux de 1971 et 1981), soit non pertinents (le recensement de 1991 a été boycotté par la grande majorité des Albanais). La population était de 1,7 million d'habitants dont 88 % d'Albanais et 7 % de Serbes (source : The World Factbook 2009).
Santé
Au Kosovo, la pénurie de médecins oblige les habitants à aller dans les pays voisins pour être soignés[51].
Langues
Le dialecte des Albanais du Kosovo est le guègue bien que l'albanais « standard » soit maintenant largement utilisé[52],[53]. Le serbe est la langue des Serbes et est reconnu comme langue officielle par la Serbie comme par le projet de constitution des indépendantistes kosovars[54]. À côté de l'albanais, il existe un enseignement primaire et secondaire en bosnien et en turc[55].
Les constitutions de la Yougoslavie successives reconnaissaient aux peuples la constituant le libre usage de leur langue, sans en donner de liste[56]. La population autochtone indigène, albanaise, a toujours rejeté cette imposition, comme d'autres impositions, car cette règle ne reflétait pas la liberté linguistique et qui était commune seulement aux Croates, aux Bosniaques, et aux Serbes[réf. nécessaire]. Selon l'écrivain et homme politique Xhafer Shatri, la Serbie a ensuite pratiqué une politique opposée à la culture et à la langue kosovare[57].
Du temps de la Yougoslavie, apprendre les deux langues était obligatoire, mais depuis les communautés ont des systèmes éducatifs séparés, et le bilinguisme est de plus en plus rare, malgré des initiatives locales[58].
Il y a d'autres langues minoritaires, comme le romani (ou rom), le bosnien ou le turc[59].
Religions
Plus de 95 % de la population est dite de tradition musulmane[60],[61], principalement sunnite avec une minorité bektachie[62]. L'islam n'est pleinement pratiqué que par 5 à 10 % des Albanais du Kosovo[63]. Le pays compte une minorité de catholiques romains (2,2 %[61], ou 65 000 personnes). Les relations entre catholiques et musulmans sont bonnes[63].
L'islam est la religion de la majorité des Albanais, des Bosniaques, des Turcs, des Gorans et de certains Roms (les Ashkalis, Roms musulmans de langue albanaise, et ceux appelés « Égyptiens », Roms musulmans). Il y a des protestants d'implantation récente (évangéliques) et des musulmans du courant salafiste, d'implantation récente eux aussi (apporté par des musulmans du Moyen-Orient). Il y a aussi un groupe minoritaire de chrétiens catholiques (chez les Albanais). Les groupes minoritaires slaves (surtout serbes) sont principalement chrétiens orthodoxes.[réf. souhaitée]
Durant les années 2000, le Kosovo voit le takfirisme se développer, en grande partie en raison de l'argent des pays du Golfe, et notamment saoudiens. C'est à partir de 1999 que les organisations caritatives et les ministères saoudiens commencent à apporter massivement leur soutien pour la reconstruction du Kosovo ; 240 mosquées sont construites, et des bourses permettent aux imams de se former en Arabie saoudite, où ils sont exposés à l'islam radical, et le transmettent ensuite au Kosovo. Certaines associations saoudiennes sont accusées de payer les femmes qui acceptent de porter le voile intégral ou les familles qui inscrivent leurs enfants dans des écoles coraniques. La radicalisation touche principalement les zones rurales et les personnes jeunes et faiblement diplômées, touchées par un chômage fort élevé[64].
C’est ainsi qu'en 2017, le Kosovo est le pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de combattants de Daech par habitant[65],[66]. Au total 314 personnes sont parties combattre avec Daech ou Front al-Nosra selon les données de 2016[64].
Pendant la guerre du Kosovo, des dizaines d’églises sont détruites par l'UÇK[67].
Tensions interethniques depuis 1999
Une fois conclu l'accord militaire technique de Kumanovo en , le pouvoir kosovar mit en œuvre l'expulsion de plus de 220 000 Serbes, Tsiganes, Gorans et Turcs du territoire du Kosovo ; parallèlement de nombreux actes de violence sont perpétrés par la population contre les Serbes (1 200 Serbes tués et 2 300 kidnappés selon un rapport de l'OSCE de 2006 et la destruction de milliers de maisons et de centaines d'édifices religieux).
Émeute antiserbe de
À la suite d'une rumeur selon laquelle trois enfants d'origine albanaise auraient trouvé la mort par noyade en tentant de fuir un groupe de Serbes (par la suite cette rumeur se trouva être totalement infondée après l'enquête de Human Rights Watch[68]), 51 000 albanais ont donc dans tout le Kosovo attaqué, détruit et brûlé tous les biens appartenant à la minorité serbe de façon très organisée et méthodique[68]. Le 17 et , ainsi que pendant la nuit, 550 maisons, 27 églises et monastères chrétiens orthodoxes ont été détruits. 4 100 personnes ont été chassées de chez elles, en raison de leur appartenance ethnique (des actes se rapprochant de la purification ethnique selon l'amiral Gregory Johnson, alors commandant des forces de l'OTAN pour l'Europe du Sud). Dans le village de Svinjare, 137 maisons serbes ont été incendiées, mais toutes les habitations d'Albanais sont restées intactes[68]. Dans un autre village, celui de Vučitrn, 69 maisons ashkalis ont été rasées. 100 habitations serbes et roms ont eu le même destin, ainsi que l'hôpital serbe, l'école serbe et le bureau de poste. Dans son rapport réalisé en juillet de la même année[69], Human Rights Watch révèle que l'OTAN et l'ONU ont été incapables de protéger les minorités ethniques non-albanaises[68].
Incidents entre les deux communautés
En , une grenade a été jetée dans la foule des manifestants serbes, faisant 11 blessés et un mort (Mesud Dzekovic, un pédiatre grièvement blessé par l'explosion « au thorax et notamment au cœur », est décédé à l'hôpital)[70],[71],[72]. Trois jours après l'attentat contre les manifestants, Petar Miletić, député serbe du Kosovo et l'un des seuls à prendre part aux institutions légitimes kosovares, reçoit une balle dans le genou à la sortie de son appartement[73]. Il est un des 10 députés non-albanophones dans les instances du Kosovo sur 120 députés.
Le , les forces de polices[74] de la république du Kosovo engagent une opération ayant pour but de prendre le contrôle de la frontière du nord du pays, Jarinjë et Bernjakë. Lors de cette opération, les serbes étant bien armés ouvrent le feu sur les policiers. Dans cette offensive, le policier Enver Zymberi décède à la suite d'une balle reçue à la tête. Sont accusés pour ce meurtre et d'autres accusations lourdes, Ratomir Bozovic, Radovan Radic, Milovan Vlaskovic, Slobodan Vucinic et Dusan Jovanovic[75].
Depuis, le nord du Kosovo est toujours une zone sous haute tension[76]. Cette zone est utilisée principalement pour la contrebande par les serbes du nord.
En , Interpol[75] a émis un mandat d'arrêt international pour Ratomir Bozovic, Radovan Radic, Milovan Vlaskovic, Slobodan Vucinic et Dusan Jovanovic. À la suite de cela en [77], l'EULEX a mené une opération spéciale pour l'arrestation du Serbe Radovan Radic accusé de l'assassinat de l'agent de police Enver Zymberi, tentative d'assassinat, et possession illégale d'armes[77] .
En , un train serbe est arrêté à Raska, en Serbie, sur décision du Premier ministre serbe. Ce train, aux couleurs du drapeau serbe, portait la mention « Le Kosovo est la Serbie ». Il était attendu par des membres des forces spéciales du Kosovo[78].
Soupçons de trafic d'organes sur des prisonniers serbes
Carla Del Ponte, ex-procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, en quittant son poste à La Haye, accusait les principales personnalités politiques albanaises du Kosovo, dans l'ouvrage La Traque, les criminels de guerre et moi (2008) de s'être livrées à des activités mafieuses, en particulier l'implication dans un trafic international d’organes prélevés sur des centaines de Serbes déportés et tués[79]. Le ministère des Affaires étrangères suisse (DFAE), dont dépend Carla del Ponte, ambassadrice à Buenos Aires, prend ses distances avec ces accusations[79], tandis que l'organisation Human Rights Watch les a jugées crédibles[80].
Introduction d'une taxe de 100 % sur les produits serbes et bosniens
En , le Gouvernement kosovar introduit une taxe sur tous les produits importés au Kosovo venant de Serbie et de Bosnie[81],[82],[83]. Dans un premier temps, les Serbes du Kosovo, grâce à leur réserve et à la contrebande, continuent de couvrir leurs besoins. Pour lutter contre la contrebande, les États-Unis fournissent aux Albanais kosovars plus de 150 caméras, qui sont installées le long de la frontière nord du Kosovo, une région majoritairement serbe. Dans ces conditions, à partir de , les Serbes du Kosovo commencent à souffrir d'un manque de médicaments et de produits alimentaires[84],[85]. Pour éviter une catastrophe humanitaire, le gouvernement albanais de Pristina envoie des camions d'aliments au nord du Kosovo, mais la population serbe, craignant d'être empoisonnée par les Albanais, refuse d'acheter les produits des camions[86],[87],[88].