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écrivain franco-italien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Louis Calaferte, né le à Turin et mort le à Dijon, est un écrivain français. L'ensemble de son œuvre est composé de récits, de pièces de théâtre, de carnets et, en filigrane continu, de poésie[1].
Louis Calaferte, fils d'un père immigré italien, maçon, et d'une mère stéphanoise, couturière à domicile, passe son enfance, à la fin de laquelle son père meurt de tuberculose, et son adolescence qui correspond aux années de guerre 1939-1945, entre Lyon et la Haute-Loire.
Après l'obtention du certificat d'études, et dans le contexte de l'Occupation, il travaille tour à tour comme garçon de courses, manutentionnaire dans une entreprise textile, manœuvre dans une usine de piles électriques, puis apprenti dessinateur dans un cabinet de dessins sur soierie. À cette époque, par le biais de ses lectures de revues théâtrales puis, un peu plus tard, l'écoute de retransmissions radiophoniques, il découvre le théâtre et s'essaie très tôt à l'écriture de nombreuses pièces[2].
En , il quitte Lyon pour Paris, espérant devenir comédien. S'ensuivent quatre années de misère et de doute pendant lesquelles il continue néanmoins d'écrire. Des rencontres décisives ont lieu : en 1949, avec Guy Rapp, comédien et metteur en scène, qui lui apportera son amitié et l'encouragera à écrire ; en 1950, avec Guillemette, qui partagera sa vie ; avec Joseph Kessel, à qui il soumet, en 1951, le manuscrit de Requiem des innocents. Ce « père en littérature », lui prodigue ses conseils, et après l'avoir fait retravailler, le présente à l'éditeur René Julliard. Le manuscrit, aussitôt accepté, est publié en 1952[3], suivi en 1953, de Partage des vivants, qui connaît un réel succès critique.
En 1956, il s'installe, avec Guillemette, à Mornant, dans les Monts du Lyonnais, et y écrit Septentrion[4],[5],[6]. L'été 1962, il en achève l'écriture six semaines après la disparition de René Julliard qui attendait impatiemment ce manuscrit en vue de sa publication.
Le Cercle du livre précieux (Claude Tchou) en assurera l'édition, en 1963, le proposant en souscription privée, avant même que ne tombent deux interdictions – de vitrine et de vente en librairie – émanant du ministère de la Santé, puis du ministère de l'Intérieur. Il faudra alors vingt ans pour que, sous l'égide de Gérard Bourgadier, le livre soit enfin édité aux Éditions Denoël.
Dans ce récit largement autobiographique, Calaferte relate à la première personne les errances d'un apprenti écrivain, ses premières lectures clandestines au cours de son travail d'ouvrier, et ses rencontres avec les femmes, dont la plus importante, dans le récit, est sans conteste Nora la Hollandaise, figure de l'émancipation féminine et de la réussite sociale. Ce livre subversif est un hymne au désir créateur et à la liberté de l'artiste, dans un contexte social à la fois rigide et fluctuant, celui de l'Après-Guerre.
De 1957 à 1972 – année où le couple quitte Mornant pour Lyon – Louis Calaferte collabore à la Radiodiffusion-télévision française, puis à l'ORTF, au titre de producteur-animateur.
Dans le même temps, il continue de publier chez Denoël, de façon très régulière, des récits à l'atmosphère intimiste – parfois onirique – quelquefois liés au monde de l'enfance. Ainsi que des recueils de poésie, chez différents éditeurs. En 1980, avec la protection bienveillante de Georges Piroué, commencera la parution des Carnets (1956-1977).
L'ensemble de ces notes[7], prises sur près de quarante années, nous offre le témoignage unique de la vie d'un écrivain volontairement en marge, en même temps que celui d'un créateur en proie à l'angoisse et à la maladie, adorateur de Dieu, des femmes et de la nature. Ils nous renseignent également sur l'autre facette artistique de l'écrivain, passionné de peinture, et sur ses goûts littéraires, qui vont de Stendhal, Paul Léautaud et Marcel Jouhandeau, aux moralistes français, à Franz Kafka et tant d'autres encore.
Auteur dramatique jusqu'alors inconnu, Calaferte rencontre Jean-Pierre Miquel, directeur artistique du Théâtre national de l’Odéon, qui met en scène Chez les Titch, en 1973 – un réel compagnonnage créatif, ensuivi d'une amitié sincère, les amènera, l'un et l'autre, à une riche expérience théâtrale – et, un peu plus tard, les comédiens Sylvie Favre et Victor Viala, qui créeront et joueront aussi bien le théâtre intimiste que baroque.
Usant d'une tonalité comique très personnelle, Louis Calaferte exploite souvent dans ses pièces le thème de la relation familiale. Selon le metteur en scène Patrick Pelloquet, actuel directeur du Théâtre régional des Pays de la Loire : « ...les personnages de Louis Calaferte sont davantage des stéréotypes de comportements que des personnages au sens restrictif du terme, évoluant dans un décor en huis clos » [8].
Guillemette et Louis Calaferte acquièrent une petite maison[9] en Bourgogne, et s'installent dans le village de Blaisy-Bas, en 1982.
En 1988, Louis Calaferte « suit » Gérard Bourgadier quand ce dernier crée L'Arpenteur – Memento mori, inaugure cette nouvelle unité éditoriale Gallimard – qui l'accompagnera jusqu'à la publication du seizième et dernier tome des Carnets de l'écrivain.
C'est un peu plus tard que le livre d'artiste Danse Découpage – dans lequel Philippe Cognée s'approprie la poésie de Calaferte – initié par Tarabuste éditeurs, semble être à l'origine de la publication intégrale de cette veine, largement ignorée jusqu'alors, travail éditorial de près d'une vingtaine d'années.
Publié en 1992, le livre sur le désir féminin, La Mécanique des femmes, est mis en scène au théâtre[10], puis mis en images par Jérôme de Missolz en 2000, et reçoit, sous cette forme (La Mécanique des femmes), un accueil très mitigé.
Pourtant, cela reste une des neuf Merveilles de folio en 2017, et, republié sous quatre couvertures différentes, son succès en littérature ne se dément pas depuis vingt-cinq ans.
Quelques années auparavant, en 1987, Sotha, José Pinheiro et Louis Calaferte, ont signé un premier film, Mon bel amour, ma déchirure.
De 1993 à 1999, les Éditions Hesse publient le Théâtre complet de Louis Calaferte.
Durablement marqué par ses souvenirs d'enfance liés à la Guerre, à l'Occupation et à la Libération, il en donne son récit en 1993 dans C'est la guerre, ouvrage publié six mois avant sa disparition, le , à Dijon.
L'inhumation a lieu au cimetière de Blaisy-Bas, où lui sera présenté, dernier hommage, un livre d'artistes, Nativité, sur lequel travaillait Tarabuste éditeurs.
Comme le souhaitait Louis Calaferte, l'ensemble de ses manuscrits et de ses archives littéraires[11] a été confié à la Bibliothèque municipale de Lyon.
Parallèlement à l'écriture, Louis Calaferte a consacré un large temps à une œuvre graphique très en relation avec son univers, parfois empreinte de poésie, mais aussi faite d'« essais », de fulgurances, de réminiscences... Il entretint une relation très suivie – le rencontrant souvent dans son atelier – avec le peintre Jacques Truphémus, qui illustra plusieurs de ses livres.
Régulièrement exposés de son vivant, ses dessins, peintures glycérophtaliques, objets poétiques, collages font maintenant partie des collections de l'Association S.Ca.r.a.b.é.e, les amis de Louis Calaferte, longtemps présidée par son épouse Guillemette – elle a permis et contribué à la parution des écrits inédits de l'écrivain (récits et poésie) et des volumes restants du Théâtre complet et des Carnets (Le Jardin fermé (1994), tome XVI et dernier, est paru en 2010).
Guillemette Calaferte s'est éteinte le 28 juillet 2022, à l'âge de quatre vingt-dix ans.
Elle repose désormais aux côtés de son époux sous l'épitaphe suivante :
« Ci-gît Louis Calaferte en ce lieu,
qui n’aima que G., l'art et Dieu. »
Le récit autobiographique relate la malvie d'un enfant de 10-14 ans dans une zone de la banlieue (lyonnaise) : cabanes, terrain vague, sous-nutrition, alcoolisme, larcins, poux, violences, sexualité, « embrigadement scolaire » de jeunes « loups affamés » de vie. Les personnages jeunes (Calaferte, Schborn, Julius Lédernacht, Lubresco, Lucien, Blaise, Victor, Debrer, Emmy...) et les adultes (dont les parents (globalement ravagés par la misère), et les enseignants (Delbos, Loucheur Glosse, Lobe...) sont dans la lignée de Jules Vallès et de Christiane Rochefort, qui essaient de ne pas être seulement des innocents, des « déchets », des « sous-hommes ».
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