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film britannique sorti en 2016 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Moi, Daniel Blake (I, Daniel Blake) est un film franco-britannique réalisé par Ken Loach, qui a obtenu la Palme d'or au Festival de Cannes 2016, ainsi que le César du meilleur film étranger.
Titre original | I, Daniel Blake |
---|---|
Réalisation | Ken Loach |
Scénario | Paul Laverty |
Acteurs principaux |
Dave Johns |
Sociétés de production |
Sixteen Films Why Not Productions Wild Bunch |
Pays de production |
Royaume-Uni France Belgique |
Genre | Drame |
Durée | 100 minutes |
Sortie | 2016 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Dans le Royaume-Uni des années 2010, Daniel Blake, un homme de 59 ans souffrant de graves problèmes cardiaques, et Katie Morgan, une mère célibataire de deux enfants, sont malmenés par les services sociaux. Ils essaient de s'entraider.
Daniel Blake, veuf, menuisier de 59 ans, est victime d'un accident cardiaque, ce qui l'oblige à faire appel pour la première fois de sa vie à l'aide sociale. Alors que le corps médical lui interdit toute activité jusqu'à une éventuelle amélioration de son état, il est déclaré apte au travail - sur la base d'un questionnaire absurde - par une compagnie privée sous-traitant pour l'administration la « chasse aux tire-au-flanc[1] ». Les services sociaux le privent donc de l'allocation à laquelle son état lui donne droit[2]. Il peut faire appel, mais la procédure sera longue. On lui conseille, en attendant, de s'inscrire au chômage[3].
Commence alors une « descente aux enfers[4] ». Blake est « pris dans le piège d’une administration tatillonne qui multiplie les humiliations : recours à des centres d’appels qui ne servent à rien, épuisant parcours de formulaires à remplir sur Internet, jamais complets, dédale kafkaïen et bureaucratique qui broie lentement mais sûrement[5] ». Blake se heurte « à une succession d’individus qui en sont à peine, des êtres qui parlent comme des répondeurs téléphoniques à options multiples, et qui veulent le forcer à se plier à des règles qui n’ont pour lui aucun sens[1] ».
Lors d'un de ses rendez-vous « ubuesques[6] » au centre d’emploi, Blake fait la connaissance de Katie Morgan, mère célibataire contrainte de loger à 450 km de sa ville natale pour éviter d'être placée en foyer de sans-abri[7], ce qui lui ferait perdre la garde de ses deux enfants[6]. La fonctionnaire chargée de son dossier refuse de la recevoir, au motif qu'elle est arrivée en retard. Katie a beau expliquer qu'elle ne connaît pas la ville, qu'elle n'est pas familiarisée avec le réseau de bus local, rien n'y fait[8]. Son allocation est supprimée pour une durée d'un mois[9].
Blake et Katie s'entraident.
Katie, faute de revenu suffisant pour elle et ses enfants qu'elle ne veut pas priver de nourriture, se retrouve dans une situation humiliante à la Banque alimentaire où elle ouvre et consomme en hâte une boite de haricots pour soulager la faim qui la tenaille, puis en vient à être prise en flagrant délit de vol à l'étalage pour des objets de première nécessité et enfin recourt à la prostitution, au grand désespoir de Daniel qui s'en est rendu compte.
Quant à lui, pour percevoir une allocation, il est tenu de consacrer 35 heures par semaine à des recherches d'emploi[1] et de prouver la réalité de ses démarches. « Je suis un homme malade, dit-il, recherchant des boulots inexistants[10]. » Il doit suivre un « atelier de CV »[4] et l'unique agente compréhensive qui tente de l'assister au centre d'Aide sociale se fait tancer par sa cheffe pour cette entorse aux règles de l'établissement.
Les contrariétés permanentes ajoutées aux efforts intenses imposés par les services de l'assistance chômage le conduisent à la révolte. Il tague sa réclamation sur la façade du centre : "Moi, Daniel Blake, je demande ...", ce qui lui vaut d'être acclamé par les passants mais arrêté par la police.
Son état cardiaque s'aggrave et il en meurt au moment même où il était sur le point de présenter dans des conditions favorables l'appel pour son allocation d'invalidité.
Le film s'achève sur la cérémonie de ses funérailles, où Katie lit le texte manuscrit qu'il destinait à la commission d'appel, texte dans lequel il résumait sa position : « Je suis un homme, pas un chien. Un citoyen — rien de moins et rien de plus[10]. »
Depuis , les autorités du Royaume-Uni considèrent que de nombreuses personnes présentant des problèmes de santé ou de handicap peuvent accéder à un travail. Une prestation leur est versée, l'ESA (Employment and Support Allowance), pour les inciter à retrouver une activité. Ils sont tenus de participer à une série d'entretiens concernant leur recherche d'emploi[15]. En , le plan d'austérité mis en place par George Osborne[16] prévoit la privatisation du plus grand nombre des services publics. Ceux qui restent en place sont soumis aux mêmes normes managériales que le secteur privé : évaluation et concurrence[17]. Ce sont désormais des salariés rémunérés sur objectifs qui appliquent les règlements : la gestion sociale s'en trouve bouleversée[3].
Le scénariste Paul Laverty explique d'où est venue l'idée du film : « La campagne de dénigrement systématique menée par la presse de droite contre tous les bénéficiaires de l'aide sociale, relayée par plusieurs émissions de télévision haineuses qui se sont engouffrées dans la brèche, a attiré notre attention. Les médias se délectaient de la détresse des gens de manière obscène[18]. » Pour le réalisateur Ken Loach, « le point de départ a été l'attitude délibérément cruelle consistant à maintenir les gens dans la pauvreté et l'instrumentalisation de l'administration — l'inefficacité volontaire de l'administration — comme arme politique. On sent bien que le gouvernement cherche à faire passer un message : « Voilà ce qui arrive si vous ne travaillez pas. Si vous ne trouvez pas de travail, vous allez souffrir. » Il n'y a pas d'autre explication à cette attitude. Et la colère que cette politique a provoquée chez moi m'a donné envie de faire ce film[18]. »
Selon leur habitude, Laverty et Loach se livrent à une longue enquête sur le terrain, recueillent des témoignages[5]. « Nous avons rencontré, dit Loach, un groupe de demandeurs d’emploi par l’intermédiaire d’une association caritative. Il y avait un jeune homme qui n’avait pas mangé depuis quatre jours. Un autre, à qui l’agence pour l’emploi avait demandé à 5 heures du matin de se rendre à un entrepôt à 6 heures, s’était entendu dire une fois sur place qu’il n’y avait pas de boulot. On évoque cette humiliation permanente et ce sentiment constant de précarité[2]. »
Le tournage commence le en Angleterre du Nord-Est, à Newcastle upon Tyne, et aux alentours[7]. Quelques scènes sont tournées à Londres[19].
Au Festival de Cannes, les longs métrages qui font figure de favoris pour la Palme d'or sont Toni Erdmann de Maren Ade, Paterson de Jim Jarmusch et Elle de Paul Verhoeven. Sans être le film le plus applaudi de la compétition cannoise, Moi, Daniel Blake est néanmoins favorablement accueilli par la presse et les festivaliers lors de sa projection[20]. Bertrand Tavernier dans la salle déclare : « Voilà ce que nous prépare Emmanuel Macron »[21].
Plusieurs avis mitigés ressortent de la projection. Christophe Narbonne, sur premiere.fr, juge le film « mécanique, voire paresseux », attaquable non sur le fond, mais « sur la forme et sur le traitement[22] ». Le quotidien de gauche Libération critique la faiblesse du métrage et parle de « Caricature de lui-même […] pur film de gauche pour spectateurs de droite »[23]. Serge Kaganski, sur lesinrocks.com, parle de « manichéisme proche de la démagogie », de « tract sentimentaliste et manichéen, imprégné d'un pathos mélenchonien […] du vieil anglais révolté », de « grosses ficelles », d'un film qui « relève plutôt du tract sentimentaliste et du chantage à l’émotion que du cinéma ». Kaganski conclut en traitant Loach de « médiocre cinéaste […] idéologue » et compare négativement le film à La Loi du marché[24]. Kaganski, à la sortie en salle du film, en revisitant la filmographie de Ken Loach, déclare que le réalisateur fit de grands films, mais que contrairement aux frères Dardenne, il tend dans ses longs-métrages faibles vers le populisme, la prévisibilité et le manichéisme facile[25].
Le film et le cinéaste ne manquent pas de défenseurs enthousiastes :
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