Loading AI tools
film de Jim Jarmusch, sorti en 2016 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Paterson est un film de Jim Jarmusch, sorti en 2016, avec Adam Driver et Golshifteh Farahani dans les rôles principaux. Il est présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 2016.
Réalisation | Jim Jarmusch |
---|---|
Scénario | Jim Jarmusch |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Amazon Studios Animal Kingdom Inkjet Productions K5 Film Le Pacte |
Pays de production |
États-Unis Allemagne France |
Genre | drame |
Sortie | 2016 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Un chauffeur de bus écrit de courts poèmes inspirés de son quotidien. Il fait surgir la poésie de la routine, des rituels, des décors de sa ville, des objets familiers, des humains qui l'entourent et qu'il observe avec bienveillance. Le film rend hommage notamment aux œuvres de William Carlos Williams et du poète de l'École de New York Ron Padgett.
Le film montre sept journées de la vie de Paterson, chauffeur de bus vivant à Paterson, ville ouvrière du New Jersey. Il mène une vie réglée, paisible, harmonieuse[1]. Il se lève sans réveille-matin entre 6 h 11 et 6 h 15, parfois à 6 h 28[2]. Il conduit son bus, observant l'animation des rues, captant amusé les conversations de ses passagers… et voyant des jumeaux partout, depuis que sa compagne a rêvé qu'elle en attendait[2]. Il déjeune sur un banc, face au pont Chasm et aux chutes de la rivière Passaic. Il profite de cette pause pour écrire des vers dans son carnet secret. Car il rédige des poèmes inspirés de sa vie et de ses rencontres. Il décèle de la poésie dans la routine, dans les rituels et les décors, dans la banalité de menus incidents, dans les paroles des humains qu'il côtoie. Ses vers libres chantent « les petits riens du quotidien, des choses ordinaires comme ces boîtes d'allumettes désuètes qui traînent sur le bar de sa cuisine[1]. » Le soir, Paterson retrouve sa maison, sa compagne Laura. Il va promener leur bouledogue, s'arrête dans un bar où il croise des amis et boit une bière[3].
Paterson est un calme, un taiseux. Il offre un contraste étonnant avec Laura[4], femme au foyer enthousiaste, cuisinière audacieuse, bouillonnante de créativité, obsédée de cercles et de noir et blanc qu'elle décline inlassablement dans la décoration du logis, dans les vêtements, dans les pâtisseries[1]. Paterson doit manger des céréales circulaires chaque matin[5]. Parfois interloqué, parfois héroïque (il avale tant bien que mal la tourte aux choux de Bruxelles et au cheddar[6]), toujours bienveillant, il laisse Laura « responsable de sa folie douce[7] ». Laura lui fait promettre de photocopier ses poèmes pour les soumettre à des éditeurs[1]. Du bout des lèvres, Paterson promet.
Dans la ville, berceau de nombreux talents artistiques, chacun se sent artiste[8] : le chauffeur de bus est poète ; une écolière aimant Emily Dickinson l'est aussi ; un touriste japonais aussi ; Laura se disperse entre décoration, cuisine créative, musique et rêves de maternité ; Everett théâtralise ses déconvenues amoureuses ; Method Man martèle son rap avec conviction dans un lavomatique… Seul, Donny, le chef du dépôt des bus, ne veut voir que l'aspect prosaïque des choses, et se plaint tout le temps[9].
Le samedi soir, Paterson et Laura sortent pour aller voir un film en noir et blanc. Au retour, ils découvrent que le bouledogue Marvin a manifesté sa contrariété en déchiquetant en menus morceaux le carnet secret contenant les poèmes que Paterson n'avait toujours pas photocopiés.
Le coup est rude pour Paterson. Le lendemain, dimanche, est son jour de repos. Profondément abattu, il éprouve le besoin d'aller prendre l'air, seul. Il s'assied là où il a coutume de déjeuner, devant le pont Chasm et les chutes, lieu de rêverie favori de son poète préféré, William Carlos Williams[9]. Un touriste japonais engage la conversation. Il parle de l'École de New York, de Frank O'Hara, d'Allen Ginsberg, de Ron Padgett[2]… Ce Japonais est un poète. Comme William Carlos Williams, il a consacré un recueil de vers à la ville de Paterson. Il demande à son interlocuteur s'il écrit lui-même des poèmes. Paterson répond fermement que non, qu'il n'est rien d'autre qu'un chauffeur de bus. Le Japonais exprime des doutes. Il offre à Paterson un superbe carnet vierge. Il prend congé. Paterson examine le carnet, l'ouvre, puis sort un stylo de sa poche. Un nouveau poème naît aussitôt.
Jarmusch aime les poèmes courts de William Carlos Williams, prédécesseur des poètes de l'École de New York. En revanche, le long poème en cinq livres de cet auteur, Paterson, n'est pas un des préférés du cinéaste. Jarmusch le trouve « abstrait et compliqué », il ne comprend pas tout. Mais c'est ce poème qui lui donne l'idée d'un homme portant le nom de sa ville[17]. Williams y parle en effet de la ville comme d'un homme :
« Paterson, dit Williams en note liminaire de son livre, est un long poème en quatre parties[18], montrant qu'un homme est, en lui-même, une ville, commençant, réalisant et terminant sa vie sous des formes que les divers aspects d'une ville peuvent incarner — s'ils sont conçus en imagination —, une ville quelconque, dont tous les détails peuvent être amenés à donner voix et forme aux convictions les plus intimes d'un homme[19]… »
Le réalisateur visite la ville de Paterson dans les années 1990[20]. Il porte en lui le projet de film pendant une vingtaine d'années, prenant des notes. C'est en travaillant sur le documentaire Gimme Danger qu'il commence à écrire le scénario de Paterson[3]. C'est un scénario « dépourvu d'intrigue, de suspense[21] » :
« Paterson, dit Jim Jarmusch, raconte une histoire tranquille, sans conflit dramatique à proprement parler […] Le film se veut un antidote à la noirceur et à la lourdeur des films dramatiques et du cinéma d’action. C’est un film que le spectateur devrait laisser flotter sous ses yeux, comme des images qu’on voit par la fenêtre d’un bus qui glisse, comme une gondole, à travers les rues d’une petite ville oubliée[22]. »
À la fin de l'année 2014, Adam Driver et Golshifteh Farahani sont contactés pour les deux rôles principaux. La préproduction débute durant l'été 2015[3].
Le tournage a lieu à la fin de l'année 2015. Il dure 30 jours. Des prises de vue ont lieu dans la mesure du possible à Paterson (les trajets en bus, les chutes d'eau), mais, pour des raisons de crédit d'impôt, la plus grande partie du tournage doit se faire dans l'État de New York : dans le Queens (le bar de Doc), à Yonkers (la maison du couple, la panne de bus) et à Garnerville (en) (l'usine désaffectée)[3],[12].
À une trentaine de kilomètres de New York, Paterson, 150 000 habitants, est une ville célébrée par les poètes William Carlos Williams (1883-1963) et Allen Ginsberg (1926-1997).
Ville ouvrière aujourd'hui en décrépitude[23], elle est décrite en interview par Jarmusch comme un lieu mal famé, où il y a « beaucoup de criminalité, beaucoup de gangs[17] ». Mais le réalisateur ne cherche pas à en donner dans son film un portrait réaliste ni social. Il voit dans cette ville un « lieu suffisamment bizarre et inattendu pour avoir tous ces rapports à la poésie[17] ». Certes, il en montre la diversité ethnique, les rues, l'ambiance visuelle, mais il l'idéalise[17]. Le poète de l'École de New York Ron Padgett rappelle : « Jim ne fait pas des films réalistes. Ce sont comme des fables ou des rêves[20]. »
Jarmusch parle des poèmes courts de William Carlos Williams comme de « petits aperçus de détails ordinaires par lesquels se révèle quelque chose de beau, une réaction humaine à quelque chose de modeste, comme une brouette, un camion de pompier, ou des prunes sur une table[17] ». Le film Paterson, dit Jarmusch, « rend hommage à la poésie des détails, des variations et échanges quotidiens[22]. »
Quatre personnages s'adonnent à la poésie. Au moins dix poèmes sont cités. Paterson lit à Laura le célèbre poème de Williams, This Is Just To Say (1934). Sept poèmes sont dus à Ron Padgett, dont trois écrits spécialement pour le film (Love Poem, Another One et Poem)[20],[24]. Le poème attribué à la petite fille, Water Falls, est écrit par Jarmusch lui-même[20].
L'accueil critique est globalement très positif : le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 4,1 sur 5 et des critiques spectateurs de 3,6 sur 5[11]. Le site américain Rotten Tomatoes décerne une note moyenne de 8,6 sur 10, avec 93 % de bonnes critiques sur un total de 91[25].
Le film a réalisé 399 812 entrées en France et 147 196 en Allemagne[30].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.