Province de Luxembourg
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La province de Luxembourg (en wallon : province do Lussimbork ; en luxembourgeois : Provënz Lëtzebuerg ; en néerlandais : provincie Luxemburg ; en allemand : Provinz Luxemburg) est une province belge de la Région wallonne située à l'extrême sud du pays et limitrophe du Luxembourg.
Province de Luxembourg
(lb) Provënz Lëtzebuerg | |
Héraldique |
Drapeau |
Localisation de la province en Belgique | |
Administration | |
---|---|
Pays | Belgique |
Région | Région wallonne |
Communauté | Communauté française |
Chef-lieu | Arlon |
Arrondissements | Arlon Bastogne Marche-en-Famenne Neufchâteau Virton |
Gouverneur | Olivier Schmitz[1] |
ISO 3166-2 | BE-WLX |
Code INS | 80000 |
Démographie | |
Population | 293 647 hab. ([2]) |
Densité | 66 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 55′ 00″ nord, 5° 25′ 00″ est |
Superficie | 444 000 ha = 4 440 km2 |
Localisation | |
Les 44 communes de la province | |
Liens | |
Site web | province.luxembourg.be |
modifier |
Aussi appelée Luxembourg belge, elle résulte de la scission du grand-duché de Luxembourg qui était, jusqu'alors, une possession personnelle de Guillaume Ier d'Orange-Nassau, également souverain du Royaume uni des Pays-Bas. Sa création est donc postérieure à l'indépendance de la Belgique, proclamée le , après laquelle le jeune royaume avait annexé l'ensemble du grand-duché, mais dût en rendre la partie orientale lors de la signature du traité des XXIV articles, le . C'est seulement à partir de cette date que la province de Luxembourg devint officiellement la neuvième province de Belgique (qui, depuis la scission de la province de Brabant en 1995, en compte dix). La délimitation de la frontière entre la Belgique et le Luxembourg se fit sur base de critères linguistiques : le « quartier wallon » du grand-duché revint à la Belgique tandis que la partie de langues germaniques du territoire formait les nouvelles frontières grand-ducales, à l'exception notable du Pays d'Arlon (qui a pour langue vernaculaire le luxembourgeois) qui fut attribué à la Belgique pour des raisons politiques.
D'une superficie de 4 440 km2, c'est la plus vaste province du royaume, mais aussi la moins peuplée avec 293 647 habitants au [3], soit une densité de population de 66,14 habitants au kilomètre carré, faisant d'elle une province majoritairement rurale. Son chef-lieu et sa plus grande ville est Arlon, qui compte un peu plus de 30 000 habitants et est située dans le sud-est de la province.
Administrativement, la province est divisée en cinq arrondissements et en quarante-quatre communes depuis les fusions de communes de 1977.
La province est délimitée au nord-ouest par la province de Namur, au nord-est par la province de Liège, à l'est par le grand-duché de Luxembourg (cantons de Clervaux, Wiltz, Redange, Capellen et d'Esch-sur-Alzette) et au sud par les départements français de Meurthe-et-Moselle, Meuse et Ardennes (Grand Est).
Le territoire couvre les sous-régions naturelles suivantes :
- la Lorraine belge, le tiers sud, elle-même composée à l'ouest de la Gaume (correspondant à peu près à l'arrondissement de Virton) et à l'est du Pays d'Arlon (correspondant à peu près à l'arrondissement d'Arlon), sous-régions culturelles ;
- une partie de l'Ardenne, les deux tiers nord ;
- une partie de la Calestienne, pour bon nombre de communes limitrophes de la province de Namur ;
- une partie de la Famenne, à l'extrême nord autour de Marche-en-Famenne ;
- une minuscule partie du Condroz dans la commune de Durbuy à la pointe nord.
Avec 115 m d’altitude, les rives de l’Ourthe à la frontière avec la province de Liège est le point le plus bas de la province.
Avec 652 m d'altitude, la Baraque de Fraiture (commune de Vielsalm) est le point culminant de la province.
Les cours d'eau principaux sont les rivières suivantes :
- la Semois, affluent de la Meuse qui prend sa source à Arlon et traverse le sud de la province d'est en ouest ;
- la Sûre, affluent de la Moselle qui prend sa source près de Vaux-lez-Rosières dans le centre de la province et coule vers l'est ;
- la Lesse, affluent de la Meuse qui prend sa source à Ochamps dans le centre de la province et coule vers le nord-ouest ;
- l'Ourthe, affluent de la Meuse qui prend ses sources à Ourt (commune de Libramont, centre de la province) et Ourthe (commune de Gouvy, nord-est de la province) et coule vers le nord ;
- le Ton, affluent de la Chiers qui prend sa source à Châtillon dans le Sud de la province ;
- la Lhomme, affluent de la Lesse qui prend sa source à Bras (commune de Libramont, centre de la province), et qui coule vers le nord pour rejoindre la province de Namur.
Évolution démographique
Elle comptait, au , 294 793 habitants, soit une densité de 66,39 habitants/km²[4] pour une superficie de 4 440 km².
En tenant compte des anciennes communes entraînées dans la fusion de communes de 1977, on peut dresser l'évolution suivante[5] (Nombre d'habitants × 1000) :
- Source : Statbel - Remarque: 1806 jusqu'à 1970=recensement; depuis 1971=nombre d'habitants chaque 1er janvier
- 1839: Scission de la province, la partie est devenant le Grand-Duché de Luxembourg
Préhistoire
L'histoire de la province est naturellement liée à l'histoire de la Belgique et du territoire actuel du Benelux, particulièrement celle du Luxembourg. Les plus anciens vestiges remontent, comme ailleurs, à la Préhistoire, notamment les abris sous roche et les occupations de grottes fouillés dans la vallée de la Haute Lesse. La période des âges des métaux est illustrée par les fouilles de tombes à char, des marchets (en Famenne) et celles des éperons barrés de la Semois.
Période romaine
Lors de la conquête romaine, la région est principalement peuplée de Trévires, un peuple celte. Arlon (Orolaunum) n'était qu'une bourgade aux portes de la forêt. Les nombreuses découvertes menées dans le centre ancien de la ville montrent une évolution radicale pendant la période d'occupation romaine, plaçant Arlon parmi les plus vieilles villes de Belgique avec Tongres et Tournai. Elle était en effet située au croisement de deux axes importants traversant l'actuelle province de Luxembourg. D'une part, la chaussée romaine de Metz à Tongres, y entrant à Athus en provenance de l'oppidum du Titelberg, pour en sortir à Petite-Eneille (Durbuy). D'autre part, la voie romaine Reims-Trèves, depuis Chameleux (Florenville) jusqu'au Rosenberg (Arlon), traversant les localités de Bellefontaine, Sainte-Marie-sur-Semois, Étalle (Stabulum) où elle franchit la Semois (Sesmara) et Sampont avant d'arriver à Arlon (Orolaunum) où elle croise la chaussée romaine de Metz à Tongres, puis passe par Stehnen et est coupée par la nationale 4 au Wolberg.
Période mérovingienne
La période mérovingienne est également largement illustrée par les nombreux cimetières découverts (Torgny, Tellin, Wellin, etc.) et par la fondation de l'abbaye de Saint-Hubert. La transition carolingienne verra la création de comtés majeurs, tels que ceux d’Ardenne, de La Roche et Durbuy. Le comté de Luxembourg, lui, apparait pour la première fois en 963 avec son premier souverain : le comte Sigefroid de Luxembourg. La maison de Luxembourg apparait quant à elle en 1214, comme une branche cadette de la maison de Limbourg, issue du second mariage de Waléran III avec Ermesinde Ire. Une autre maison importante dans l'histoire luxembourgeoise est la maison d'Ardenne dont Godefroy de Bouillon est l'un des héritiers. Il restera notamment célèbre pour avoir participé à la première croisade dès 1095 et avoir refusé le tire de « roi de Jérusalem » pour celui d'« Avoué du Saint-Sépulcre ».
Moyen Âge - Période luxembourgeoise
Le couvert forestier de la forêt d'Ardenne a maintenu la province à l'écart de la tectonique médiévale, sur le plan politique. Toutefois, le territoire, morcelé entre plusieurs grandes maisons, verra des villes se fortifier, dont il reste aujourd'hui d'importants témoins : châteaux (La Roche, Bouillon), abbayes et lieux de pèlerinage (Orval, Saint-Hubert), fermes seigneuriales, tracés antiques, etc.
En 1304, le comté de Durbuy est absorbé par le comté de Luxembourg. En 1331, Durbuy et La Roche-en-Ardenne obtiennent le statut de ville au travers d'une charte[6]. Bastogne l'obtient l'année suivante et Marche-en-Famenne en 1366. Ces villes se fortifient petit à petit en se ceinturant de murailles et de châteaux.
En 1354, l'empereur Charles IV du Saint-Empire romain germanique élève les territoires de la maison de Luxembourg au rang de duché. Ceux-ci comprennent l'actuelle province de Luxembourg et le Luxembourg tel qu’il existe aujourd’hui, mais aussi la région allemande de Bitburg et celle de Saint-Vith et auparavant le pays de Thionville et celui de Montmédy. En 1364, le duc de Luxembourg, Venceslas Ier, achète le comté de Chiny. En 1456, c'est au tour de la seigneurie de Bouillon d'être élevée au rang de duché. Le Duché de Luxembourg, lui, appartient à l'ensemble vaguement confédéral des Pays-Bas méridionaux. Ceux-ci se trouvant au centre des conflits européens du Moyen Âge, passant, sous l'Ancien Régime, tour à tour aux mains des Ducs de Bourgogne, des Habsbourg d'Espagne puis des Habsbourg d'Autriche.
XVIIIe siècle - Période française
En 1676, le duché de Bouillon devient indépendant et fonde même la république bouillonnaise de 1794 à 1795.
Après la Révolution française de 1789, les troupes révolutionnaires se lancent dans les guerres de la Révolution. Une première annexion des Pays-Bas autrichiens et de la région a lieu dès 1792, mais la forteresse de Luxembourg et l'armée impériale résistent, puis celle-ci reprend ses territoires dès l'année suivante. Toutefois, en 1794, les armées françaises reviennent lors de la seconde annexion française des États de Belgique et assiègent Luxembourg le . La forteresse tombe le et les territoires sont alors intégrés à la Première République.
Le 14 fructidor an III (), la Convention nationale française adopte un décret divisant les territoires annexés en neuf départements, appelés les « départements réunis »[7]. Parmi ceux-ci se trouve le département des Forêts, qui compte les deux tiers du duché de Luxembourg ainsi qu'une partie du duché de Bouillon et a pour chef-lieu Luxembourg-ville.
En 1804, la République devient le Premier Empire après la proclamation de Napoléon Bonaparte d'être devenu Empereur des Français.
XVIIIe siècle - Possession personnelle du roi des Pays-Bas
Le sonne le glas du Premier Empire après de la défaite française lors de la bataille de Waterloo. Les puissances européennes victorieuses déclarent les anciens territoires annexés par la France « vacants ». Afin de déterminer l'attribution de ces territoires et de redessiner les cartes de l'Europe, les vainqueurs (et la France) se réunissent lors du congrès de Vienne. Légitimement, les anciens Pays-Bas autrichiens (y compris le duché de Luxembourg) reviennent à la maison de Habsbourg[8]. Mais ces derniers, peu soucieux de récupérer des terres trop éloignées de leur capitale, Vienne, s’empressent de les négocier contre la Vénétie et la Lombardie, contigus à l’empire d'Autriche sur lequel ils règnent.
Les puissances souhaitant disposer d'un rempart contre les éventuelles nouvelles ambitions expansionnistes françaises[9], décident de créer un nouvel état, « tampon » entre la France et la Prusse. C'est ainsi que, le , le royaume uni des Pays-Bas voit le jour avec, comme souverain, Guillaume Ier de la maison d'Orange-Nassau. En plus de ce royaume, Guillaume reçoit de nouveaux territoires à titre personnel en échange de la cession à la Prusse des principautés d'Orange-Nassau, situées près de Coblence. Ces nouvelles possessions, situées directement au sud de son royaume, sont réunies sous la forme d'un grand-duché : le grand-duché de Luxembourg. Celui-ci est également rattaché à la confédération germanique, ce qui permet notamment à la Prusse d'obtenir le droit maintenir une garnison de son armée dans la forteresse « fédérale » de Luxembourg. Le territoire correspond alors à l'ancien duché de Luxembourg et au duché de Bouillon, mais sans ses anciens domaines situés à l’est de la Moselle, de la Sûre et de l’Our et dans l’Eifel, également attribués à la Prusse. Guillaume 1er devient donc Grand-Duc du Luxembourg et roi des Pays-Bas, les deux territoires formant alors une union personnelle.
XIXe siècle - Période belge
Annexion à la Belgique
Au lieu de traiter son grand-duché comme un État à part, Guillaume Ier en fait, pour ainsi dire, une dix-huitième province de son nouveau royaume, soumise à la loi fondamentale et à l'administration du Royaume uni des Pays-Bas. Cela engendre un mécontentement de la population luxembourgeoise dont certains participent à la Révolution belge qui éclate dès le à Bruxelles contre le régime « hollandais » de La Haye et mène au déclenchement de la guerre belgo-néerlandaise.
Les Luxembourgeois se rattachent majoritairement à la révolution, hormis certains bastions « orangistes », principalement dans la ville de Luxembourg. On voit en effet apparaitre des drapeaux belges et brabançons dans un certain nombre de localités grand-ducales. On en recense d'abord le long de la route entre Bruxelles, Namur, Arlon et Luxembourg (actuelle route nationale 4 belge et nationale 6 luxembourgeoise) : le 4 septembre à Marche-en-Famenne, le 5 à Bastogne, le 9 à La Roche-en-Ardenne et le 14 à Houffalize[10]. À Arlon, où réside une garnison de l'armée royaliste, le drapeau belge apparaît le 27 septembre et le 30 les militaires quittent la ville en direction de Neufchâteau où la troupe se débande tandis que les officiers sont arrêtés par les bourgeois. Le 2 octobre c'est au tour de la garnison présente à Bouillon d'évacuer la ville.
Le , un corps franc luxembourgeois est constitué à Luxembourg-ville par Jean-Bernard Marlet, Théodore Pescatore et Dominique Claisse[11], et s'en va participer aux batailles visant à repousser l'armée néerlandaise vers la frontière des Pays-Bas[12].
Le , les huit[13] provinces méridionales du Royaume uni des Pays-Bas déclarent « l'indépendance du peuple belge, sauf les relations du Luxembourg avec la Confédération germanique. »[14]
Le le gouvernement provisoire de Belgique déclare unilatéralement l'annexion du grand-duché de Luxembourg au nouvel état[15]. Certains Luxembourgeois participent ensuite à la vie politique belge, comme Jean-Pierre Willmar qui deviendra ministre de la Guerre, ou encore Jean-Baptiste Nothomb qui participera à la rédaction de la Constitution de la Belgique, adoptée dès le .
Guillaume Ier essaye à plusieurs reprises de récupérer ses provinces, mais un armistice est imposé par les grandes puissances réunies lors de la conférence de Londres qui reconnait l'indépendance de la Belgique le puis proclame sa neutralité et son inviolabilité. À l’issue des négociations internationales, un premier traité est signé le : le traité des XVIII articles. Celui-ci reconnait tacitement l'annexion du Luxembourg en ouvrant la possibilité d'un rachat de celui-ci par la jeune Belgique en échange d'une partie de la province du Limbourg contre des territoires enclavés qui ne faisaient pas partie des Provinces-Unies avant 1790. Cependant, ce traité ne sera jamais appliqué et, après la prestation de serment du premier rois des Belges, Léopold Ier, le , les hostilités reprennent le 2 aout avec le déclenchement de la campagne des Dix-Jours. Incapables de résister à l'armée néerlandaise, les forces armées belges doivent recevoir l'aide de la France, qui envoie une armée à la rescousse, afin de remporter la victoire dès le 12 aout.
Scission du Grand-duché de Luxembourg
Après la reprise des négociations, un nouveau traité fut proposé par les grandes puissances européennes de la conférence de Londres le : le traité des XXVII articles. Vu la faiblesse militaire de la Belgique et la nécessité de l'intervention française lors de la campagne des Dix-Jours pour garantir l'intégrité de son territoire, ce nouveau traité est nettement moins avantageux pour le nouveau royaume que celui des XVIII articles. En effet, les puissances décident de ne pas reconnaitre l'annexion de l'ensemble du grand-duché de Luxembourg à la Belgique, mais bien de séparer celui-ci en deux, selon des critères linguistiques. Les territoires du « quartier wallon », reconnus comme étant de langues romanes (ardennais, gaumais, lorrain, wallon etc.), sont concédés à la Belgique, sauf les villages de Doncols et de Sonlez restés au Grand-duché. Tandis que les territoires de langue germanique (luxembourgeois, moyen allemand, moyen francique etc.) restèrent grand-ducaux, à l'exception notable du Pays d'Arlon qui, bien que d'idiome luxembourgeois, fut attribué à la Belgique.
Les négociations débutent alors en vue de définir une frontière. L'ambassadeur plénipotentiaire du roi des français, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, insista pour que la route menant de Metz à Liège, en passant par Thionville, Longwy, Arlon, Martelange et Bastogne (dont une partie du tronçon deviendront les actuelles routes nationales N81 et N4), fût attribuée à la Belgique avec les villages des alentours. Ceci dans le but de la soustraire à l'influence de la confédération germanique dont le Grand-Duché de Luxembourg était un État-membre; d'ailleurs des troupes de l'armée prussienne exerçait depuis 1815 le droit de garnison dans la forteresse de Luxembourg-ville, conjointement aux forces armées néerlandaises. Localement, des propriétaires terriens ou maîtres de forge des débuts de l'industrie sidérurgique, firent jouer leurs relations pour que leurs terres ou entreprises fussent rattachées à la Belgique plutôt que d'être laissées au grand-duché. Parmi eux, Jean-Baptiste Nothomb alors détaché au cabinet du ministre des Affaires étrangères qui tenta de rattacher Pétange (où sa famille dispose d'un château) mais sans succès[16].
L'article 2 du traité des XXVII articles définit clairement la nouvelle frontière entre la Belgique et le Luxembourg[17] :
« Dans le grand-duché de Luxembourg, les limites du territoire belge seront telles qu'elles vont être décrites ci-dessous :
A partir de la frontière de France entre Rodange, qui restera au grand-duché de Luxembourg, et Athus, qui appartiendra à la Belgique, il sera tiré, d'après la carte ci-jointe, une ligne qui, laissant à la Belgique la route d'Arlon à Longwy, la ville d'Arlon avec sa banlieue, et la route d'Arlon à Bastogne, passera entre Messancy, qui sera sur le territoire belge, et Clémency, qui restera au grand-duché de Luxembourg, pour aboutir à Steinfort, lequel endroit restera également au grand-duché. De Steinfort, cette ligne sera prolongée dans la direction d'Eischen, de Hecbus, Guirsch, Oberpalen, Grende, Nothomb, Parette et Perlé, jusqu'à Martelange ; Hecbus, Guirsch, Grende, Nothomb et Parette devant appartenir à la Belgique, et Eischen, Oberpalen, Perlé et Martelange, au grand-duché. De Martelange, ladite ligne descendra le cours de la Sûre, dont le thalweg servira de limite entre les deux États, jusque vis-à-vis Tintange, d'où elle sera prolongée aussi directement que possible vers la frontière actuelle de l'arrondissement de Diekirch, et passera entre Surrel, Harlange, Tarchamps, qu'elle laissera au grand-duché de Luxembourg, et Honville, Hivarchamps et Loutermange, qui feront partie du territoire belge ; atteignant ensuite, aux environs de Doncols et de Soulez, qui resteront au Grand-Duché, la frontière actuelle de l'arrondissement de Diekirch, la ligne en question suivra ladite frontière jusqu'à celle du territoire prussien. Tous les territoires, villes, places et lieux situés à l'ouest de cette ligne, appartiendront à la Belgique ; et tous les territoires, villes, places et lieux situés à l'est de cette même ligne, continueront d'appartenir au grand-duché de Luxembourg. »
Ce traité ne fut toutefois pas reconnu avant le lorsque Guillaume Ier déclare officiellement accepter l'existence de la Belgique. Jusque là, il considérait en effet le nouveau royaume comme non-viable et maintenait l'espoir de récupérer ses territoires et son Royaume. De nouvelles négociations débutèrent alors pour mettre à jour les conditions du traité.
Neuvième province belge et industrialisation
La guerre belgo-néerlandaise s'acheva par la convention de Zonhoven signée le mais la Belgique en sortit gravement discréditée. Elle continua d'administrer les différents territoires, y compris le grand-duché, à l'exception de la ville de Luxembourg dont la forteresse abrite toujours des garnisons néerlandaises et prussiennes. La situation fut clarifiée par un nouveau traité signé le : le traité des XXIV articles. Celui-ci reprit la frontière tracée huit ans plus tôt lors du traité des XXVII articles, scindant le grand-duché en deux. Sa partie orientale resta propriété personnelle de Guillaume Ier et état membre de la confédération germanique, tandis que sa partie occidentale devint la neuvième province de Belgique : la province de Luxembourg, avec la ville d'Arlon comme chef-lieu.
De l'autre côté de la frontière, l'union personnelle entre le grand-duché et le roi des Pays-Bas perdura jusqu'au , date de la mort de Guillaume III sans héritier mâle, ce qui mena à la création du Luxembourg tel qu'il existe aujourd'hui.
D'un point de vue économique, le sud de la province s'industrialise avec l'avènement de la métallurgie et de la sidérurgie en Gaume et dans le sud du Pays d'Arlon. L'usine d'Athus, construite en 1872, sera le fleuron de l'industrie luxembourgeoise pendant près d'un siècle. L'avènement du chemin de fer permet de relier le Luxembourg belge au reste du royaume. En 1846, la Grande compagnie du Luxembourg est créée dans le but de construire la ligne du Luxembourg. En 1858, elle inaugure la ligne 162 qui connecte la gare d'Arlon à Bruxelles. Elle sera poursuivie jusqu'à Luxembourg-ville les années suivantes. En 1862, la ligne 171 vient s'y greffer pour rejoindre Athus, puis Longwy (France) et Rodange (Luxembourg). En 1866, la province est reliée à Liège par la ligne 43 qui part de la gare de Marloie. En 1869, c'est au tour de Bastogne d'accueillir le rail avec l'inauguration du premier tronçon de la ligne 163 venant de Libramont. Vient ensuite la liaison vers Virton et la ligne de Montmédy à Écouviez, en France, depuis la gare de Marbehan, par la création de la ligne 155 en 1872.
Le , une catastrophe ferroviaire ébranle la province : le train express reliant Arlon à Bruxelles déraille à vive allure à hauteur de Mirwart, près de Grupont faisant 8 morts et 15 blessés. L'année suivante, une nouvelle ligne transfrontalière vers le grand-duché est construite entre Autelbas et Clémency. La ligne Athus-Meuse, quant à elle, est construite à partir de 1878. Bastogne est à son tour reliée au Luxembourg dès 1887 avec la ligne 164 vers Kautenbach puis Wiltz. Il faut ensuite attendre 1914 pour voir l'inauguration d'une nouvelle ligne transfrontalière, cette fois vers la France : la ligne 163A entre Bertrix et Carignan.
Lorsque Léopold II arrive sur le trône, il souhaite construire des églises qui dominent l’horizon et puissent être vues de loin aux deux extrémités du pays. C'est ainsi que sont édifiées les églises Saints-Pierre-et-Paul d'Ostende et Saint-Martin d'Arlon, de 1907 à 1914, dont la flèche, qui culmine à 97 mètres de haut, lui confère le statut de bâtiment ecclésiastique le plus haut de Wallonie.
Au début du XVe siècle, la société nationale des chemins de fer vicinaux s'implante dans la province et créé une vingtaine de lignes de tramway vicinal réparties en quatre groupes : Arlon, Melreux, Poix et Wellin.
XXe siècle
Guerres mondiales
Lors de la Première Guerre mondiale, l’application du plan Schlieffen place la province de Luxembourg au cœur de la bataille des Frontières, particulièrement en Gaume. Les événements militaires du 22 août 1914, dont la bataille de Rossignol, font de cette journée le jour le plus meurtrier de l’histoire militaire de la France, avec, au moins 27 000 soldats français tués. La région subit également les atrocités allemandes du début de l'invasion. La province est occupée jusqu'à l'armistice du 11 novembre 1918. Arlon sera, par exemple, libérée le par la 2e division américaine[18].
Lors de la seconde Guerre mondiale, la province de Luxembourg est envahie dès le début de la Campagne des 18 jours lors de la traversée des Ardennes, dès le , puis occupée par les forces du troisième Reich. De nombreux accidents militaires ou liés à la guerre ont lieu pendant cette période, par exemple l'accident aérien de Rachecourt qui fit 13 morts le , lors d'une collision en vol entre deux bombardiers alliés. Le , un train chargé de bombes allemandes équivalent à 450 tonnes de TNT explose en gare de Marloie, provoquant la destruction de la gare et de l'ensemble du quartier et faisant 42 morts[19]. La gare de Messancy subit également une explosion similaire le [20].
De nombreuses atrocités sont commises, comme lors du massacre du à Arlon où plusieurs civils furent déportés ou abattus, parmi eux le président provincial de la Croix-Rouge de Belgique, le docteur Jean Hollenfeltz, ou le procureur du Roi André Lucion[21]. Le , le premier missile V2 est tiré depuis Sterpigny, près de Gouvy, en direction de Paris[22]. Au même titre que la région, la province est une première fois libérée par les Alliés dès septembre 1944, dont les troupes de la 3e armée américaine, commandée par le général Patton, arrivent par la Voie de la Liberté. Arlon est libérée le 10 septembre.
La province se trouve ensuite au cœur de la Bataille des Ardennes lors de l'hiver 1944-1945 qui voit le retour des troupes allemandes jusqu'en février 1945. Des massacres de civils ont lieu comme le , où 34 hommes, âgés de 17 à 32 ans, sont massacrés à Bande (Nassogne) par une unité spéciale du Sicherheitsdienst[23], en réponse à la mort de trois des leurs imputée à la résistance intérieure belge. De nombreux bombardements ont également lieu, notamment à Sainlez (Fauvillers) le , faisant 40 morts parmi les civils, ou encore à La Roche-en-Ardenne, dès le 26 décembre, qui font 114 morts[24].
Période moderne
Le une collision ferroviaire entre un train de marchandises et un autorail a lieu en gare de Meix-devant-Virton, sur la ligne 165, faisant 5 morts à la suite d'une rupture d'attelage.
Dès les années 1960, le sud de la province est frappé par le début de la crise de la sidérurgie dans le bassin lorrain. Les usines d'Athus, d'Halanzy et de Musson ferment, ainsi que le mines qui les approvisionnaient en minerai de fer, provoquant une catastrophe économique dans ces régions.
Le , la province connait sa plus grave catastrophe en temps de paix : la catastrophe de Martelange, lors de laquelle un camion contenant 47 000 litres de GPL dévale la nationale 4 à l'entrée du village de Martelange en provenance de Bastogne et percute un pont sur la Sûre. On dénombre 22 morts et 47 blessés.
Le , la première réforme de l'état belge créé les régions et les communautés de Belgique. La province de Luxembourg est rattachée à la région wallonne et à la communauté française.
Dans les années 1970 et 1980 plusieurs autoroutes sont construites et traversent la province : les autoroutes A4 et A28, portions de la E411 qui la connecte à Bruxelles, ainsi que l'A26, portion de la E25, qui la relie à Liège.
En 1977, lors de la fusion des communes, la province de Luxembourg perdit la commune de Sugny, qui fusionna avec Vresse-sur-Semois et rejoignit la province de Namur. Elle gagna la commune de Fronville qui quitta la province de Namur pour intégrer la commune de Hotton. Bure et Resteigne quittèrent la province de Namur pour intégrer la commune de Tellin en Luxembourg belge.
En 1987, la province de Luxembourg se choisit une identité visuelle centrée autour d'un sanglier pixelisée vert et du slogan une ardeur d'avance[25], marquant son caractère rural mais tourné vers l’avenir. Le , la troisième réforme de l'état belge met fin à la société nationale des chemins de fer vicinaux qui est remplacée par l'opérateur de transport de Wallonie. A cette date, l'ensemble des lignes de tramway de la SNCV dans la province de Luxembourg avaient été supprimées et seul subsiste un service de bus qui fut confié à la direction du TEC Namur-Luxembourg.
A la fin des années 1990, la province est impactée par l'affaire Dutroux, notamment par l’affaire judiciaire, lors de l'évasion de Marc Dutroux du palais de justice de Neufchâteau le . Cette affaire entraine également la réforme des polices de Belgique qui entre en vigueur le , supprimant les anciennes polcies communales ainsi que la gendarmerie belge et créant les zones de police de la nouvelle police intégrée. La province de Luxembourg est alors divisée en six zones : Arlon/Attert/Habay/Martelange, Centre-Ardenne, Gaume, Famenne-Ardenne, Semois-et-Lesse et Sud-Luxembourg. Le procès de l'affaire Dutroux est tenu à Arlon dès le , dans le nouveau palais de justice construit à cet effet[26].
En 2013, la province annonce vouloir changer son identité visuelle et et son logo en supprimant le sanglier pixelisé et en ouvrant un concours pour trouver un nouveau logo[27].
En 2014, la réforme de la sécurité civile belge entre en vigueur et les 16 anciens services régionaux d'incendie de la province sont réunis en une seule zone de secours : la zone de secours Luxembourg. Le , une nouvelle caserne de pompiers est inaugurée à Bastogne dans un bâtiment accueillant conjointement le nouvel institut provincial de formation (IPF)[28] créé pour l'occasion en vue de centraliser la formation du personnel des différentes disciplines de l'urgence et de proposer différentes formations à d'autres institutions ou au secteur privé[29].
Le nord de la province de Luxembourg est particulièrement touchée par les inondations de juillet 2021 qui font 39 victimes dans l'ensemble du pays[30].
- 1830–1836 : Jean-Baptiste Thorn (libéral)
- 1836–1841 : Victorin de Steenhault
- 1841–1842 : Joseph de Riquet de Caraman et de Chimay (catholique)
- 1843–1857 : Jean-Baptiste Smits (catholique)
- 1857-1862 : François Dubois-Thorn
- 1862–1884 : Charles Vandamme
- 1884–1891 : Paul de Gerlache (catholique)
- 1891–1901 : Édouard Orban de Xivry (nl) (catholique)
- 1901-1902 : Pierre-Joseph Deleau
- 1902–1932 : Emmanuel de Briey (catholique)
- 1932–1940 : Fernand Van den Corput (catholique)
- 1940–1943 : René Greindl[31]
- 1944 : Jacques Dewez[32]
- 1944–1945 : Fernand Van den Corput (catholique)
- 1946–1953 : Pierre Clerdent (UDB/libéral)
- 1953-1961 : Octave Lohest (PSC)[33]
- 1961–1965 : Désiré Lamalle (PSC)
- 1965–1976 : Maurice Brasseur (PSC)
- 1976–1996 : Jacques Planchard (PSC)[34]
- 1996–2016 : Bernard Caprasse (PSC/cdH)
- 2016-présent : Olivier Schmitz (cdH)
- 1854 - 1857 : général Jules-Gustave Ablaÿ
- Jun 1951 - oct 1954 col. Dumortier
- Oct 1954 - dec 1956 col. Schouveller
- Dec 1956 - oct 1962 col. Leblanc
- Oct 1962 - jan 1969 col. Remience
- Jan 1969 - col. Bem Beaufils
- Jun 1969 - nov 1971 col. Marlière
- Nov 1971 - sep 1973 col. BEM Warnauts
- Sep 1973 - oct 1975 col. Melchior
- Oct 1975 - avr 1978 col. BEM Stéphany
- Avr 1978 - col. BEM Detrembleur
- - avr 1982 col. BEM Van Ruychevelt
- Avr 1982 - jun 1983 col. De Swert
- Jun 1983 - déc 1989 col. BEM Duysens
- Dec 1989 - jun 1993 col. BEM Bruyère
- Jun 1993 - jan 1994 col. BEM Fairon
- Jan 1994 - jan 1998 col. BEM Gilson
- Jan 1998 - mar 2001 col. BEM Jacques
- Mar 2001 - mar 2005 col. BEM Sana
- Avr 2005 - jan 2007 col. BEM Rossignol
- Jan 2007 - sep 2013 Lt-col. De Beir
- Sep 2013 - col. BEM Steyaert
- - déc 2018 col. BEM Marotte
- Depuis déc 2018 Lt-col. BEM Limbourg
Les armoiries[35] reconnues de la province de Luxembourg sont un burelé d'argent et d'azur de dix pièces au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d'or, à la queue fourchue et passée en sautoir.
Le blason de la province de Luxembourg est aujourd'hui commun avec celui du grand-duché de Luxembourg, ces deux entités étant les deux parties de l'ancien duché de Luxembourg séparées par les traités de 1839.
L'origine de ce blason remonte au XIIIe siècle. Il est le signe d'Henri le Blond, fils de Waléran III et d'Ermesinde. Cette dernière permit, par son second mariage, d'incorporer au comté de Luxembourg le comté d'Arlon, tenu jusqu'alors par les ducs de Limbourg. Ses restes sont conservés sur le site de son abbaye à Clairefontaine, près d'Arlon.
Concernant le drapeau, le site internet Flags of the World affirme que le drapeau reprenant le blason, présent ci-dessous en tant que drapeau « officiel » et affiché en façade du palais provincial notamment serait un drapeau non officiel utilisé de façon officielle depuis 1993, en lieu et place du drapeau « officiel » qui est celui noté ci-dessous en tant que drapeau « non officiel »[36].
- Le drapeau.
- Le blason.
Le palais provincial à Arlon avec les drapeaux européen, belge, wallon et provincial. Variation du drapeau, superposant le blason provincial sur le drapeau du Grand-duché.