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photographe française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Sabine Weiss, née Sabine Weber le à Saint-Gingolph et morte le à Paris, est une photographe d’origine suisse naturalisée française en 1995.
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Monique Sabine Weber |
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- |
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Hugh Weiss () |
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Elle est l’une des principales représentantes du courant de la photographie humaniste française, aux côtés de Robert Doisneau, Willy Ronis, Édouard Boubat et Izis.
Le père de Sabine Weiss est ingénieur chimiste[3] et fabrique des perles artificielles à partir d’écailles de poissons. La famille demeure à côté du poste frontière à Saint-Gingolph, qu’elle quitte alors qu’elle est encore enfant. Attirée très jeune par la photographie, elle dit elle-même : « J'ai pris conscience très jeune que la photographie serait mon moyen d'expression. J'étais plus visuelle qu'intellectuelle… Je n'étais pas très douée pour les études. J'ai quitté le lycée, je suis partie un jour d'été à bicyclette »[4]. Sabine Weiss commence à photographier en 1935 à l’âge de 11 ans avec un appareil photo acheté avec son argent de poche. Son père la soutient dans son choix, et elle apprend plus tard la technique photographique, de 1942 à 1946, auprès de Paul Boissonnas, fils de Frédéric Boissonnas, photographe de studio à Genève. Elle obtient son diplôme en 1945[réf. nécessaire].
Elle s’installe à Paris en 1946[3] et devient l’assistante de Willy Maywald : « Quand je suis venue à Paris, j'ai pu travailler chez Willy Maywald à qui un ami m'avait recommandée. J'y ai travaillé dans des conditions inimaginables aujourd'hui, mais avec lui j'ai compris l'importance de la lumière naturelle. La lumière naturelle comme source d'émotion »[4]. Willy Maywald travaillait à cette époque au premier étage d’une remise du 22, rue Jacob qui appartenait à un antiquaire, il n’y avait ni l’eau ni le téléphone. Ce travail lui permet pourtant de côtoyer le Tout-Paris de l’époque. Elle assiste ainsi à l’ouverture de la maison Dior et à la présentation de la première collection au 37, avenue Montaigne. En 1949, elle rencontre le peintre américain Hugh Weiss, qu’elle épouse le ; le couple adoptera une fille[5]. Elle ouvre alors son propre studio. Ses photographies témoignent de l’optimisme des années d’après-guerre : « C'était une belle période. Nous étions entre la fin de l'occupation allemande et le début de l'américanisation. Les gens sortaient d'une terrible épreuve et pensaient pouvoir tout rebâtir » déclare-t-elle[6].
Elle est une photographe complète. On ne peut pas la placer dans un genre de photographie. Elle travaille dans des secteurs variés : passionnée de musique, elle fixe les visages de grands noms de la musique (Igor Stravinsky, Benjamin Britten, Pablo Casals, Stan Getz…) mais aussi ceux de la littérature et de l’art (Fernand Léger, F. Scott Fitzgerald, Jean Pougny, Alberto Giacometti et Annette Giacometti, Robert Rauschenberg, Jan Voss, Jean Dubuffet, Françoise Sagan…), du cinéma (Jeanne Moreau), de la mode (Coco Chanel). Elle collabore également à plusieurs revues et journaux connus en Amérique et en Europe pour des commandes publicitaires et de presse (Vogue, Paris Match, Life, Time Magazine, Town and Country, Holiday, Newsweek, etc.). Enfin, elle parcourt le monde en tant que photojournaliste et en rapporte de nombreux clichés[réf. nécessaire].
À partir de 1950, elle est représentée par l’Agence Rapho, première agence de presse française diffusant entre autres le travail de Willy Ronis et de Robert Doisneau, qui lui propose d’entrer dans l’agence après une rencontre dans le bureau du directeur de Vogue. Elle se lie d’amitié avec des personnalités du milieu artistique comme Jean Cocteau, Maurice Utrillo, Georges Rouault et Jacques Henri Lartigue[réf. nécessaire].
Le fait qu’elle soit l’une des rares femmes de l’univers de la photographie à l’époque n’est pas un problème. Pour le photojournaliste Hans Silvester, qui a travaillé avec elle sur les peuples de l’Omo (Éthiopie), : « Bien qu'elle soit dans un milieu très masculin, elle a vraiment réussi à se faire accepter immédiatement, à s'imposer comme ce qu'elle est depuis : une très grande photographe que j'estime et admire »[6].
En 1955, Edward Steichen choisit plusieurs de ses photographies pour l’exposition The Family of Man au Museum of Modern Art de New York[3].
En 1957, Sabine Weiss réalise une série de photographies du peintre Kees van Dongen, qu’elle découvre avec son mari, et sur un coup de cœur achète un petit cabanon avec vue sur les ruines du château de Grimaud en Provence. Ils agrandissent la maison en 1969 et y viennent régulièrement en famille jusqu’à la mort de son mari en 2007[7].
En 1995, elle est naturalisée française[5].
En 1983, elle obtient une bourse du ministère des Affaires culturelles françaises et réalise une Étude sur les Coptes d’Égypte. Le même ministère lui délivre en 1992 une autre bourse lui permettant de réaliser une Étude sur la Réunion.
Elle publie une quarantaine d’ouvrages dont 100 photos de Sabine Weiss pour la liberté de la presse par Reporters sans frontières en 2007.
En 2017, Sabine Weiss fait don de l’ensemble de ses archives, riches de 200 000 négatifs, 7 000 planches-contact, environ 2 700 tirages vintage et 2 000 tardifs, 3 500 tirages de travail et 2 000 diapositives au musée de l'Élysée, à Lausanne[3],[8]. Ses photographies, aujourd’hui tirées par Guillaume Geneste[9], sont diffusées par l’agence Gamma-Rapho.
Une rétrospective de l’œuvre de Sabine Weiss est présentée aux Rencontres de la photographie d'Arles en 2021[3].
« Dernière représentante du courant de la photographie humaniste français »[10], Sabine Weiss meurt le à son domicile à Paris, 29 boulevard Murat[5],[11],[12]. Elle y est inhumée au cimetière du Père-Lachaise au côté de son époux, le , en présence de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot[13].
Son travail personnel est attaché à la vie dans son quotidien, aux émotions et aux gens. Il mêle habilement poésie et observation sociale, c’est pour cette raison que l’on rattache son œuvre au courant de la photographie humaniste : « lumière, geste, regard, mouvement, silence, repos, rigueur, détente, je voudrais tout incorporer dans cet instant pour que s'exprime avec un minimum de moyen l'essentiel de l'homme. »[4]. « Mes photos (…) expriment un certain amour que j'ai pour la vie. »[4]. C'est un témoignage à montrer[14].
Sabine Weiss, comme le photographe Bernard Plossu, récuse le statut d’artiste. Son but est de témoigner plutôt que de créer : « Je témoignais, je pensais qu'une photo forte devait nous raconter une particularité de la condition humaine. J'ai toujours senti le besoin de dénoncer avec mes photos, les injustices que l'on rencontre »[4]. « Je n'aime pas les choses très éclatantes mais plutôt la sobriété… il ne s'agit pas d'aimer bien, il faut être ému. L'amour des gens, c'est beau. C'est grave, il y a une profondeur terrible. Il faut dépasser l'anecdote, dégager le calice, le recueillement. Je photographie pour conserver l'éphémère, fixer le hasard, garder en image ce qui va disparaître : gestes, attitudes, objets qui sont des témoignages de notre passage. L'appareil les ramasse, les fige au moment même où ils disparaissent. »[4]. Ce qu'elle préfère ce sont les photographies faites pour le plaisir pendant son temps libre.
La photographe utilise essentiellement le noir et blanc en axant sa recherche sur un cadrage précis, une certaine qualité de lumière, des ambiances. « Je n'attends jamais, je fais de la photographie spontanée »[14]. Elle aime travailler la composition de ses photographies. Au besoin, elle n'hésite pas à recadrer[14]. Son œil de photographie a été éduqué par les peintures. Elle fait de la photographie un art de vivre, en arpentant les rues de Paris, souvent la nuit[5], pour trouver des sujets variés mais toujours proche de l’homme dans ses moments universels : scènes de rue, solitudes, enfants, croyances, figures humaines dans le brouillard, fugacité d’une émotion. On retrouve dans sa production beaucoup d’enfants, de vieillards, de sourires de stars, tous reliés par une caractéristique commune de spontanéité et simplicité : « J'aime beaucoup ce dialogue constant entre moi, mon appareil et mon sujet, ce qui me différencie de certains autres photographes qui ne cherchent pas ce dialogue et qui préfèrent se distancier de leur sujet. »[4].
Robert Doisneau dit à propos des photographies de Weiss : « Les scènes, en apparence inoffensives, ont été inscrites avec une volontaire malice juste à ce moment précis de déséquilibre où ce qui est communément admis se trouve remis en question. »[4].
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