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Les vitraux de la basilique de Saint-Denis sont parmi les plus anciens vitraux gothiques du monde ; si les fondations de la basilique remontent au Ve siècle de notre ère, au nord de Paris, l'église actuelle remonte au XIIe siècle. Elle est l'une des plus anciennes églises gothiques du monde et a été une des premières à être dotée de vitraux chargés d’embellir la lumière, de la transformer en quelque sorte en « lumière divine » selon la pensée de l'abbé Suger, le propre des églises gothiques, comparé aux églises romanes, étant justement d’introduire dans les édifices de la lumière. Les verrières de Saint-Denis sont parmi les plus importantes du Moyen Âge en raison de leur précocité d'exécution et de leur symbolique[1].
Présenté par Richelieu comme le premier grand serviteur de la monarchie, l'abbé Suger contribue à populariser l'idée que le roi capétien, ne peut être le vassal de personne, sinon du bienheureux Denis.
Actuellement, la plupart des vitraux actuels datent du XIXe siècle. La basilique Saint-Denis conserve dix verrières médiévales incomplètes dont certains éléments ont été dispersés dans différents musées et églises à la suite de la Révolution française. Des vitraux du XIIe siècle, il ne subsiste à Saint-Denis que cinq verrières et quelques éléments démontés, en 1997, en vue de leur restauration.
L’abbé Suger fit venir des artistes de différentes parties du royaume de France pour aboutir à une œuvre d’art total : l’abbatiale de Saint-Denis est considérée comme la première grande église gothique par son architecture, ses sculptures et ses vitraux. Dans son ouvrage Liber de rebus in administratione sua gestis, il recourt à des qualificatifs louangeurs pour décrire le rôle de la lumière qui pénètre dans le sanctuaire par les vitraux. Pour Suger, le vitrail est anagogique, c'est-à-dire « qui conduit vers le haut ». Pour tamiser la lumière qui aurait désarticulé un espace aux volumes ouverts et néanmoins circonscrits, Suger, avec sa sensibilité dramatique, a conçu des vitraux, chargés d'une grande signification symbolique et religieuse, jouant un rôle essentiel dans la mise en valeur de l’architecture[2].
Suger dit en une phrase le sens qu'il donnait à ce décor : « Cette élégante et digne d'éloge adjonction des chapelles en demi-cercle grâce auxquelles toute l'église allait resplendir de la lumière merveilleuse et continue des vitraux très sacrés, éclairant la beauté de l'intérieur. » Cela signifie que le déambulatoire avec ses chapelles rayonnantes était conçu en fonction des vitraux. La basilique est baignée de lumière grâce à une verrière importante (les vitraux deviennent deux fois plus grands) qui obéit à une iconographie rigoureuse (vie de saint Denis et des papes, vies des rois et reines de France dans la nef), ce qui lui vaut d'être surnommée jusqu'au XVIIIe siècle « Lucerna », la lanterne[3].
Saint Bernard le compare à Marie. La lumière le traverse, sans le détruire, à l'image de la Vierge donnant la vie à Jésus en restant pure. Cette comparaison montre tout l'intérêt porté au vitrail. Son rôle d'enseignement théologique, destiné à une population souvent illettrée, se conjugue avec l'émerveillement spirituel créé par des milliers de petits morceaux de lumières colorées. L'ensemble des vitraux concourt à donner à l'édifice l'image d'une cité fabuleuse qui évoque la Jérusalem céleste.
Quatorze fenêtres du chœur, deux par chapelle rayonnante, furent ornées de vitraux sous la direction personnelle de Suger et mis en place pour les cérémonies de la consécration du chœur en 1144[2] :
Pour son abbatiale, l'abbé Suger a souhaité réaliser un projet grandiose et personnel de vitraux par les meilleurs artistes et maîtres-verriers de la région. Le verre coloré, denrée très rare au Moyen Âge, est magnifié. Fait rarissime, un maître verrier est attaché à l'entretien des vitraux qui auraient coûté plus cher que la construction, en pierre, de l'édifice, ce qui témoigne de l'importance que Suger attachait à la lumière. Les sujets traités sont riches, complexes, essentiellement destinés aux moines érudits.
Dans ses écrits, Suger cite expressément trois verrières :
Des vitraux de Suger datant du XIIe siècle furent remaniés au XIIIe siècle. Les vitraux des grandes fenêtres datent du XIIIe siècle. Parmi les vitraux postérieurs à ceux réalisés sous l'abbatiat de Suger, on peut citer :
En 1793, la basilique de Saint-Denis est dévastée, ses tombeaux détruits ou mutilés, les corps profanés, les autels mis à bas, le trésor emporté dans les creusets. Les vitraux, chefs-d’œuvre de l'art verrier du Moyen Âge sont détruits ou laissés à l'abandon. Puis, en 1794, le besoin de métaux se faisant sentir les révolutionnaires démontèrent la toiture de plomb de la basilique mais aussi les plombs des grandes verrières faisant disparaitre la majeure partie des vitraux médiévaux ; seules quelques verrières échappent à la destruction : il s'agit de celle des chapelles rayonnantes du déambulatoire dont certaines furent commandées par Suger ; parmi celle-ci la verrière de l'arbre de Jessé[Note 3]. Charles Percier réalisa alors des dessins des vitraux de saint Denis rescapé dont la première croisade et la vie de saint Louis[Note 4]. En 1799, les vitraux du déambulatoire prirent le chemin du Musée des Monuments Français - une partie fut brisée en route, une autre vendue. En 1816, après la fermeture du Musée, ce qu'on put récupérer revint dans l'abbatiale.
En 1799, Alexandre Lenoir a demandé à récupérer les vitraux du déambulatoire de l'abbatiale Saint-Denis pour orner une salle du musée des Monuments français. Il a fait démonter et enlever la verrière de l'Arbre de Jessé. Malheureusement une partie des vitraux a été brisée et une autre vendue. Les vitraux rescapés sont revenus en 1816 à Saint-Denis. François Debret les a fait compléter et restaurer à partir de 1842 jusqu'en 1847 par Alexandre Billard.
En 1805, Jacques-Guillaume Legrand reçoit la charge de restaurer l’ancienne église abbatiale de Saint-Denis[7]. Son premier travail est de rétablir la couverture de l'abbatiale qui a été supprimée en 1794 pour récupérer le plomb et les vitraux.
Avec les architectes François Debret, puis Eugène Viollet-le-Duc, les vitraux furent restaurés, mais la partie la plus abîmée fut, à son tour, vendue. Debret lança un vaste programme de création de verrières : triforium, transept, haute nef, fenêtres hautes du sanctuaire. Ce programme complété plus tard par celui de Viollet-le-Duc pour les fenêtres basses. Violet-Le-Duc entreprit de nouvelles restaurations et dispositions avec l'aide des peintres verriers Henri et Alfred Gérente. Une partie des panneaux est abîmée à la suite de leur dépôt dans l'atelier et sont alors vendus.
Toute la verrière de la basilique a été refaite au XIXe siècle, à l'exception de quelques éléments dans les vitraux du déambulatoire - qui, eux, proviennent exclusivement de l'époque de Suger. Ces vitraux se repèrent assez facilement : leur éclat est loin d'être aussi brillant que ceux du XIXe siècle qui leur sont juxtaposés. La verrière du XIXe siècle obéit à une iconographie royale et dionysienne avec des vitraux d'une très grande qualité[8] :
Cette activité de la vitrerie moderne pour la basilique sous la monarchie de Juillet joua un rôle important dans la renaissance du vitrail[1].
La rose Sud, une structure de pierre de plus de 14 mètres de diamètre, qui aurait servi de modèle à celle de Notre-Dame de Paris, montre, autour de la figure centrale du Dieu bénissant, des anges, les douze signes du zodiaque représentant la course du soleil et vingt-quatre travaux agricoles réalisés au cours de l'année. Les vitraux de la rose nord, également du XIXe siècle représentent l'Arbre de Jessé[1].
Si la basilique a bénéficié de plusieurs campagnes de restauration depuis le XIXe siècle et si plusieurs vitraux ont fait l'objet de nettoyage au début du XXIe siècle. Ainsi, malgré la réfection du chevet, le maire de Saint-Denis déplorait à l'occasion des Journées du patrimoine de 2006 l'absence de projets de réfection de la façade sud (14 millions d'euros), de la pierre et des portails romans de la façade ouest, alors que des vitraux du déambulatoire avaient été remplacés en 2003 par du fac-similés en polycarbonate [9]. Toutefois, des travaux de restauration de la façade occidentale ont été lancés en 2012 et achevés en 2015[10],[11], qui ont permis de retrouver toute la qualité plastique et l'authenticité de ses trois portails sculptés. Cette restauration a été placée sous la direction de Jacques Moulin, architecte en chef des Monuments historiques[12].
En plus des vitraux du déambulatoire, la Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France a également entamé le réaménagement du chœur liturgique (en association avec le diocèse pour le mobilier liturgique), la remise en place dans la basilique d'anciennes boiseries néogothiques auparavant stockées en réserve et la poursuite de la restauration de la façade sud de la nef.
En 2022 et 2023, les fac-similés en polycarbonate des vitraux du déambulatoire sont remplacés par des nouveaux vitraux — se voulant le plus fidèles aux originaux — réalisés par des maîtres-verriers sur la base des plus anciens (de vers le milieu du XIIe siècle) qui sont conservés depuis 1997 au laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH) et d'un travail de recherche et documentation sur leur origine[13],[14].
Plusieurs musées et église conservent des panneaux provenant de la basilique Saint-Denis, entre autres :
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