Antonin Artaud embarque pour le Mexique: «C'est pour moi une véritable aventure et c'est d'ailleurs ce qui me plaît, là-dedans, puisque je pars avec des fonds très réduits. Et que je dois à toute force compter sur ce qui se présentera là-bas pour vivre. Et le destin, il me semble, ne peut pas ne pas parler.»[1]
Publication du tract Le Domestique zélé, dans lequel le Groupe surréaliste en Belgique prononce l'exclusion d'André Souris, coupable d'avoir dirigé une messe à la mémoire d'Henry Le Bœuf, l'un des fondateurs du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles[2].
À l'occasion d'une rétrospective Pablo Picasso, en Espagne, Paul Eluard donne une conférence à l'Institut français de Madrid sur le thème Picasso, peintre et poète[4].
Première mésentente entre André Breton et Paul Eluard. Breton écrit à Eluard: «Si le surréalisme est mort, qu'on le proclame (tu sais que ça a été toujours mon désir, car il doit mourir). Mais j'aurais aimé le proclamer avec toi.»[8]
André Masson se réconcilie avec Breton. Extrait de sa lettre à Breton: «Je désire vraiment, mon cher ami, que rien ne vienne plus troubler notre amitié retrouvé.»[9]
Dans une lettre à Gala, Paul Eluard annonce sa rupture définitive avec André Breton: «Ma décision a été entraînée par son affreuse manière de discuter, quand il est devant des gens. C'est fini, je ne participerai plus à aucune activité avec lui.»[11]
Le groupe Contre-attaque ne surmontant pas ses divisions se dissout et rompt toutes relations avec les surréalistes[21].
En Angleterre, parution du premier numéro de la revue Contemporary poetry and prose, première revue à publier des textes de surréalistes anglais[22].
Juin
À Londres, exposition internationale du surréalisme organisée par le poète David Gascoyne et le peintre Roland Penrose, avec la collaboration d'André Breton, Paul Eluard et E. L. T. Mesens[23] et qui rassemble plus de soixante artistes (360 tableaux et objets)[24]. Un journaliste, Alexander Watt, dans The Studio Magazine attribue l'arrivée tardive du mouvement en Grande-Bretagne à «la lenteur du public à prêter l'oreille aux «nouvelles» tendances artistiques qui marquent le continent.»[25] Lors de cette exposition Salvador Dalí présente Le Fantôme du sex appeal: performance de la poétesse Sheila Legge qui déambule solennellement dans Trafalgar square, vêtue d'une robe blanche et de longs gants de soirée, portant une jambe de mannequin dans une main et une côtelette de porc dans l'autre, le visage couvert d'un masque de roses[26]. André Breton donne une conférence: Limites non-frontières du surréalisme[27].
Dans le cadre de l'exposition surréaliste de Londres, Eluard donne une conférence intitulée L'Évidence poétique: «Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé.»[28]
Lettre d'André Breton à Paul Eluard lui faisant part de son envie de se rendre en Espagne, mais «on m'a dit que je ne pourrais pas sortir de Barcelone où l'on tenterait de m'utiliser comme médecin auxiliaire: alors ...»[31]
Septembre
André Breton lit au cours d'un meeting salle Wagram une protestation contre le procès à Moscou intenté au mois d'août contre d'anciens bolcheviks, suivi de condamnations à mort, sentences aussitôt exécutées, protestation contre-signée par onze autres surréalistes sauf Paul Eluard: Pour la Vérité sur le procès de Moscou[32].
Dans une lettre adressée à Paul Eluard, André Breton lui fait part de son «étonnement» de voir «son nom au bas d'un texte où les intellectuels «groupés autour de la Maison de la culture[34] expriment leur gratitude à l'U.R.S.S. (leur gratitude!) qui a sauvegardé les principes indestructibles (sic) de la justice, de la dignité. Le procès de Moscou est en effet un modèle du genre! Je ne me console pas de l'idée que tu penses cela, d'accord avec Aragon, Sadoul, Unik, Denos et autres.»[32]
À Athènes, le poète André Embirikos organise chez lui la première exposition internationale du surréalisme et fait paraître le premier numéro de la revue Yperréalismos[42].
Le Petit mimétique, boîte-objet: insecte ailé (libellule?) sur amas de feuilles mortes séchées dans un écrin de bois tapissé d'un papier translucide couleur de miel[52]
Le Cendrier de chair, poèmes: «Jouons l'inconnu sur l'image connue / je vous explique le mécanisme de la pureté / fermons les yeux / pour attraper au vol / les cent mouches qui brûlent leurs ailes / qui brûlent nos pupilles de cristal / mon cher soleil / mon cher criminel endurci de bonté.»
Couverture d'un livre ayant séjourné dans la mer, objet: couverture de livre avec concrétions marines de boues séchées, d'algues, de cordelettes et de coquillages et portant comme seul titre lisible Columbus[72]
Le Spectre de Gardénia, objet: tête en plâtre, fermeture à glissière sur base en bois recouverte de velours et pellicule tirée d'un film de Louis Chavance et dans lequel apparaît Dora Maar[83]
Homme et femme devant un tas d'excréments, huile sur cuivre[98]
Masonite, série de 16 tableaux, huile, caséine, sable et goudron sur masonite (bois aggloméré), de 78 × 108 cm chacun, créés en deux mois, après le déclenchement de la rébellion de Franco en Espagne[99]
Ma gouvernante, objet: paire de chaussures de femme posées sur un plat d'argent et ficelées comme un gigot: «[Cette œuvre] évoque pour moi une paire de cuisses serrées dans le plaisir.»[105]
À même la terre, illustré d'une eau-forte d'Yves Tanguy, la maquette est de Benjamin Péret. On la surnommera «l'abeille noire» en référence à l'un de ses poèmes: «Le nord bâtit l'hiver avec des abeilles noires et des ailes blanches.»[112]