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L'Art nouveau naît en Belgique en 1893, lorsque Victor Horta construit l'Hôtel Tassel.
Le style de Horta rencontre beaucoup de succès auprès de la haute bourgeoisie qui, après l'Hôtel Tassel, lui commande de nombreux hôtels de maître, puis se déploie dans le secteur alors en plein développement des grands magasins, avant de faire de nombreux émules.
L'art nouveau belge s'impose également dans l'architecture scolaire avec les œuvres d'Henri Jacobs puis influence plusieurs pays européens comme la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche.
Avec l'Hôtel Tassel, édifié en 1893, Victor Horta entend inventer un style nouveau, un « Art nouveau », et réagir à l'architecture éclectique en Belgique qui avait dominé tout le XIXe siècle et se contentait de copier le passé en le déclinant sous diverses formes (éclectisme pur, néoroman, néogothique, néo-Renaissance italienne, néo-Renaissance flamande, néo-Tudor, néobaroque…).
La même année, Paul Hankar construit sa maison personnelle rue Defacqz dans un style « Art nouveau géométrique » bien différent de l'« Art nouveau floral » de Victor Horta.
Le style de Horta rencontre beaucoup de succès auprès de la haute bourgeoisie qui, après l'Hôtel Tassel, lui commande de nombreux hôtels de maître, comme l'Hôtel Frison (1894), l'Hôtel Winssinger (1894-1897), l'Hôtel van Eetvelde (1895), l'Hôtel Deprez-Van de Velde (1895-1896), l'Hôtel Solvay (1898)…
À ces grands hôtels de maître il faut ajouter des demeures plus modestes comme la maison-atelier du sculpteur Fernand Dubois (1901-1903), la maison Sander Pierron (1903), sans oublier la maison personnelle de Horta (1898-1901).
Le style de Victor Horta s'impose aussi dans le secteur alors en plein développement des magasins (avec les magasins Waucquez en 1906 et les magasins Wolfers frères en 1909) et des grands magasins (avec L'Innovation en 1900 et le Grand Bazar Anspach en 1903).
L'art nouveau s'impose également dans l'enseignement où l'architecte Henri Jacobs, émule de Victor Horta, fut l'auteur d'une quinzaine d'écoles dans la région bruxelloise[1].
L'Art nouveau s'impose plus particulièrement dans le réseau d'enseignement laïc, le style néo-gothique triomphant dans l'enseignement catholique.
Jacobs sera très productif avec des réalisations importantes comme l'École Rodenbach (1905-1911), l'École Josaphat (1907), l'Ancienne école communale des filles de Koekelberg (1907), l'École Vervloesem (1909) et le Centre scolaire du Souverain (1913).
Souvent chez Jacobs, l'école s'articule autour d'un vaste préau central couvert à structure métallique apparente[2].
Très vite, l'Art nouveau s'impose en architecture mais aussi dans toutes les disciplines des arts décoratifs belges : sculpture, vitrail, sgraffite, céramique, mobilier, papier-peint, lithographie, orfèvrerie, bijouterie…
En marge de l'Exposition Universelle de 1897 qui se déroula à Bruxelles, le roi Léopold II organisa à Tervuren (près de Bruxelles) une exposition destinée à montrer les débouchés offerts par le Congo, qui était alors sa propriété privée. Cette exposition était divisée en quatre sections dont la conception fut confiée respectivement à Paul Hankar, Georges Hobé, Henry Van de Velde et Gustave Serrurier-Bovy.
Un salon d'honneur, conçu par Hankar, était consacré à la sculpture chryséléphantine : on pouvait y admirer les sculptures sur ivoire d'une trentaine de sculpteurs[3].
La charpente conçue par Georges Hobé a été remontée dans les jardins du Musée royal de l'Afrique centrale à Tervuren.
Par ailleurs, une partie des sculptures chryséléphantines de l'Exposition de 1897 peut être admirée dans les vitrines du « Magasin Wolfers » reconstruit aux Musées royaux d'Art et d'Histoire de Belgique[4], dont le superbe Sphinx mystérieux de Charles Van der Stappen (1897).
L'Art nouveau bruxellois influença fortement la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Sécession viennoise.
Victor Horta influença le parisien Hector Guimard (venu en voyage en 1895 à Bruxelles pour rencontrer Horta et Hankar) et le Viennois Otto Wagner, Henry Van de Velde influença l'Allemagne et les Pays-Bas, alors que les pionniers de l'Art nouveau géométrique bruxellois (Paul Hankar et Georges Hobé) influencèrent l'architecte viennois Josef Hoffmann.
Mais, quelques années plus tard, les élèves de Hankar (Paul Hamesse et Léon Sneyers) subirent en retour l'influence de la Sécession viennoise, entre autres par le biais du Palais Stoclet construit à Bruxelles par le Viennois Josef Hoffmann.
Paradoxalement, alors que Victor Horta entendait réagir aux styles éclectique et « néo », ces styles s'immisceront dans l'architecture Art nouveau de Bruxelles.
Mais ce phénomène prendra plusieurs formes distinctes :
On peut considérer que l'Art nouveau s'éteint en Belgique avec la première Guerre mondiale.
Miné par les excès rococo de certains architectes comme Gustave Strauven qui finissent par lasser, perverti et « récupéré » par l'éclectisme, il cède la place à partir de 1919 à l'Art déco et au Modernisme.
Seuls quelques très rares architectes continuent à faire de l'Art nouveau après 1918, comme Fernand Lefever qui pratiqua encore ce style jusqu'en 1924.
A contrario, on notera que plusieurs architectes Art nouveau belges se tournent, après la Première Guerre mondiale, vers l'Art déco, au premier rang desquels Horta lui-même. On trouvera plus bas la liste de ces architectes et de leurs réalisations Art déco.
D'emblée émergent deux courants différents :
Les édifices Art nouveau se parent d'une grande diversité d'ornements comme :
Voici la liste des artistes et architectes adeptes de l'Art nouveau en Belgique, classés en fonction du début de leur production Art nouveau.
Outre les architectes de province cités plus haut, il convient de mentionner les édifices réalisés en province par les ténors de l'Art nouveau bruxellois ainsi que quelques édifices provinciaux remarquables.
Après la Première Guerre mondiale, certains architectes Art nouveau se tourneront bien entendu vers l'Art déco.
Citons entre autres, par ordre chronologique de leur production Art déco :
L'Art nouveau bruxellois a beaucoup souffert des outrages du temps et de l'homme, mais il a pu compter sur l'action de plusieurs personnalités et associations pour assurer sa sauvegarde :
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