Mons
ville de Wallonie, Belgique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Mons (prononcé /mɔ̃s/ ; en picard : Mont ; en néerlandais et en allemand : Bergen) est une ville francophone de Belgique située en Wallonie. Ancienne capitale des comtes de Hainaut, chef-lieu de la province de Hainaut, ville principale de l’arrondissement de Mons, elle est le siège d’une des cinq cours d’appel du pays. La population montoise est de 96 358 habitants en 2024 et son agglomération contient 260 855 habitants.
Mons (nl + de) Bergen | |||||
L'hôtel de ville, à droite, et le beffroi, à gauche et à l'arrière-plan. | |||||
Héraldique |
Drapeau |
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Administration | |||||
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Pays | Belgique | ||||
Région | Région wallonne | ||||
Communauté | Communauté française | ||||
Province | Province de Hainaut | ||||
Arrondissement | Mons | ||||
Bourgmestre | Nicolas Martin (PS) | ||||
Majorité | PS Ecolo |
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Sièges PS Ecolo Mons en mieux PTB cdH AGORA Indépendant |
45 22 6 11 3 2 1 |
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Section | Code postal | ||||
Mons Ghlin Flénu Jemappes Maisières Nimy Havré Harmignies Harveng Hyon Mesvin Nouvelles Ciply Saint-Symphorien Villers-Saint-Ghislain Spiennes Cuesmes Obourg Saint-Denis |
7000 7011 7012 7012 7020 7020 7021 7022 7022 7022 7022 7022 7024 7030 7031 7032 7033 7034 7034 | ||||
Code INS | 53053 | ||||
Zone téléphonique | 065 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Montois(e)[1] | ||||
Population – Hommes – Femmes Densité |
96 358 () 49,08 % 50,92 % 653,02 hab./km2 |
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Pyramide des âges – 0–17 ans – 18–64 ans – 65 ans et + |
() 19,16 % 61,70 % 19,14 % | ||||
Étrangers | 16,94 % () | ||||
Taux de chômage | 20,60 % (2022) | ||||
Revenu annuel moyen | 17 605 €/hab. (2021) | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 50° 27′ 18″ nord, 3° 57′ 07″ est | ||||
Superficie – Terr. non-bâtis – Terrains bâtis – Divers |
147,56 km2 (2021) 65,13 % 13,41 % 21,46 % |
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Localisation | |||||
Localisation de Mons au sein de la province de Hainaut et de l’arrondissement de Mons | |||||
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Géolocalisation sur la carte : Région wallonne
Géolocalisation sur la carte : Hainaut
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Liens | |||||
Site officiel | www.mons.be | ||||
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Mons se situe à 56 km au sud-ouest de la capitale Bruxelles, à environ 225 km au nord-est de Paris, à 75 km à l’est de Lille et à environ 180 km à l’ouest d’Aix-la-Chapelle. La ville de Mons est localisée au croisement des importants axes autoroutiers E19 (Amsterdam-Anvers-Bruxelles-Paris) et E42 (Lille-Charleroi-Liège-Francfort-sur-le-Main).
Marquée par l’histoire et riche d’un patrimoine architectural et culturel important, Mons est depuis 2002 la capitale culturelle de la Wallonie[N 1]. Mons a également été désignée le pour être capitale européenne de la culture en 2015.
Le nom de la localité est attesté sous diverses formes en latin médiéval Montensis en 1036, Montibus en 1066 - 1070 -1073, Montes en 1140 qui laissent des vocables précoces en ancien français Monz en 1051, de Monte en 1070, Mons en 1178[2].
Mons s'expliquerait par le terme roman montes[3], c'est-à-dire le mot gallo-roman MONTES, forme pluriel de MONTE (autrement notée montem), MONTE étant effectivement issu de l'accusatif montem du latin classique mons, montis « colline » (qui a donné le mot dérivé « montagne »). C'est exactement la même étymologie que le nom commun mont « hauteur, élévation, colline, montagne »[4]. La graphie Mons sans -t correspond soit à une latinisation, soit à une évolution de la prononciation et une simplification de la graphie (Monz avec -z = -ts > Mons) que l'on retrouve aussi parfois pour le nom propre au pluriel dans les textes du Moyen Âge[3]. Le nom néerlandais de Mons est Bergen, qui a exactement la même signification.
Le nom au pluriel, retrouvé en langue néerlandaise Bergen, s'explique par la présence des cinq collines en bord de la vallée de la Haine : Mons, Bois-là-Haut et les monts Héribus, Panisel et Saint-Lazare[5].
En 1971, Mons est fusionnée avec les communes de Cuesmes, Ghlin, Hyon, Nimy et Obourg (AR du 18/02/1971 - Loi du 09/04/1971).
À cette entité sont ajoutés en 1977 Ciply, Harmignies, Harveng, Havré, Jemappes, Flénu, Maisières, Mesvin, Nouvelles, Saint-Denis, Saint-Symphorien, Spiennes et Villers-Saint-Ghislain.
# | Nom | Superf. (km²)[6]. | Habitants (2020)[6]. | Habitants par km² | Code INS |
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1 | Mons | 16,69 | 28.787 | 1.725 | 53053A |
2 | Hyon | 3,68 | 4.099 | 1.115 | 53053B |
3 | Cuesmes | 9,43 | 9.964 | 1.056 | 53053C |
4 | Ghlin | 22,16 | 8.458 | 382 | 53053D |
5 | Nimy | 4,15 | 4.751 | 1.144 | 53053E |
6 | Obourg (y compris Saint-Denis) | 14,13 | 4.488 | 318 | 53053F |
7 | Maisières | 7,94 | 4.157 | 524 | 53053G |
8 | Havré | 18,47 | 6.211 | 336 | 53053H |
9 | Saint-Symphorien | 7,28 | 3.349 | 460 | 53053J |
10 | Villers-Saint-Ghislain | 2,63 | 655 | 249 | 53053K |
11 | Harmignies | 11,12 | 835 | 75 | 53053L |
12 | Harveng | 6,25 | 473 | 76 | 53053M |
13 | Nouvelles | 2,70 | 314 | 116 | 53053N |
14 | Spiennes | 5,37 | 942 | 175 | 53053P |
15 | Mesvin | 2,32 | 952 | 410 | 53053R |
16 | Ciply | 2,40 | 740 | 308 | 53053S |
17 | Jemappes | 6,82 | 10.950 | 1.605 | 53053T |
18 | Flénu | 3,86 | 5.669 | 1.469 | 53053U |
Les communes limitrophes de Mons sont, dans le sens horaire au départ du nord, Jurbise, Soignies, Le Rœulx, La Louvière, Binche, Estinnes, Quévy, Frameries, Quaregnon et Saint-Ghislain. À l’ouest et au sud-ouest de la ville s'étend une région au riche passé charbonnier : le Borinage (depuis la fusion des communes de 1972, Mons fait partie de l'entité Mons-Borinage[7]).
Le relief de la commune de Mons est influencé par la vallée de la Haine, rivière qui s’écoule d’est en ouest au nord de la ville avant de rejoindre l'Escaut en France[8]. La Trouille, affluent de la Haine (Direction Sud-Nord) se jette dans la Haine au niveau de Jemappes. Le nord et le sud de la vallée de la Haine sont constitués de collines et de plateaux dont l’altitude augmente progressivement pour atteindre des hauteurs variant de 50 à 115 mètres[9] (point culminant situé au nord-est du village de Saint-Denis). Au niveau de la vallée, l’altitude descend jusque 20 mètres à proximité de la rivière et du canal Nimy-Blaton-Péronnes.
La ville s’est ainsi développée au fil des siècles sur une colline située au confluent des deux rivières, ce qui lui confère une forme presque circulaire actuellement. Le petit ring délimite très bien le centre-ville des faubourgs. On remarque aisément que l’altitude augmente en se rapprochant du centre de ce cercle pour atteindre son maximum à proximité du beffroi.
Sur le territoire communal, le sous-sol de la vallée de la Haine est composé d’alluvions[10]. À l’extrême nord de la vallée, on peut apercevoir des couches de craie du Crétacé à proximité des villages de Ghlin et de Obourg. Cette craie d’Obourg, qui date du Campanien[11], renferme des fossiles de bélemnites mais est généralement dépourvue de silex. La craie est utilisée dans la région depuis de nombreuses années pour la fabrication de ciment. La craie de Spiennes dont l'âge a été récemment revu est également datée du Campanien[12]. Toutes ces craies et ces fossiles prouvent que la région de Mons était une mer tropicale au Crétacé, il y a plus de 75 millions d’années.
À d’autres endroits on trouve du silex, comme à Saint-Denis où l’affleurement date du Turonien. Cette matière siliceuse a été utilisée dans la production de matériaux réfractaires[13]. Au néolithique, ces silex étaient récoltés dans les minières de silex de Spiennes.
Au nord des versants crayeux, l’altitude augmente sensiblement pour atteindre 80 à 120 mètres. À ce niveau, le sol est composé de couches plus jeunes d’argiles datant de l’yprésien[14]. Au sommet des buttes boisées (bois de Ghlin et limite avec la commune de Soignies), on retrouve un sol composé de couches sableuses datant également de l’yprésien.
Il existe également à Mons plusieurs projets d’utilisation de sources de chaleur géothermiques qui sont déjà disponibles à Saint-Ghislain, Douvrain et Ghlin pour chauffer certains bâtiments publics et privés. Le nouveau quartier de la gare de Mons est prévu pour profiter de la chaleur géothermique dès 2013 et plusieurs autres projets sont à l'étude d'ici 2020 et pourraient au total offrir à la région une puissance de 40 MW[15]. Le sous-sol montois abrite en effet des nappes d’eau chaude en profondeur dont la température avoisine les 70 °C à Ghlin. Seuls deux puits, à Saint-Ghislain et à Douvrain, font l’objet d’une exploitation depuis 1985. Le site de Saint-Ghislain permet, par exemple, une économie annuelle avoisinant les 1 000 Tonnes Équivalent Pétrole (Tep). Celui de Ghlin pourrait, s’il était exploité, fournir un débit naturel de plus de 100 m3/h d’eau à une température de 71 °C. La région montoise bénéficie là d’une ressource énergétique exceptionnelle car la géothermie apparaît comme une alternative économiquement viable parmi les différentes sources d’énergie renouvelable, que ce soit pour la production d’électricité ou des applications thermiques directes.
Le climat de la région de Mons est un climat tempéré océanique[16] comme pour l’ensemble de la partie occidentale de la Belgique, cela grâce à la proximité de l’océan Atlantique qui régule le temps grâce à l’inertie calorifique de ses eaux. Le climat peut être influencé par des zones humides et douces en provenance de l’océan, mais aussi par des zones sèches (chaudes en été et froides en hiver) en provenance de l’intérieur du continent européen. En moyenne (moyenne faite sur une période couvrant les 100 dernières années), on observe 208 jours de pluie par an dans la région de Mons[17].
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température moyenne (°C) | 3,2 | 3,5 | 6,5 | 9,2 | 13,2 | 16 | 18,2 | 17,8 | 14,7 | 11 | 6,7 | 3,8 | 10,3 |
Précipitations (mm) | 71 | 59 | 69 | 49 | 67 | 75 | 70 | 74 | 61 | 73 | 73 | 77 | 818 |
Les lieux alentour sont occupés dès le Néolithique, principalement au sud de la Haine: à Spiennes, Givry (dans la commune actuelle de Quévy), mais aussi plus au nord, comme à Obourg.
Le lieu se trouve ensuite sur le territoire de la tribu belge des Nerviens. À l'époque romaine, une garnison se serait établie sur la colline montoise[19]. D'après certains auteurs, se fondant sur deux textes médiévaux (une vita de sainte Aldegonde du VIIIe siècle et le testament d'Anségise, abbé de Fontenelle[N 2]), le quadrillage caractéristique des camps romains se retrouverait dans la topographie actuelle de la ville. Le géologue Serge Ghiste a notamment tenté de le démontrer en superposant le plan de la ville au plan d'un camp romain. Cependant, aucun vestige ne vient confirmer cette hypothèse plausible[20].
La ville est fondée au VIIe siècle durant l'époque mérovingienne, autour d'un oratoire érigé par Waldetrude[22], fille d'un intendant de Clotaire II canonisée à sa mort en 688 sous le nom de Waudru. Waudru, suivant les conseils de son confesseur saint Ghislain, fonde cet oratoire, devenu par la suite un monastère, sur un site inhabité du domaine d'Obourg-Nimy-Maisières, propriété de sa cousine Aye et de son époux, Hydulphe, un notable mérovingien.
Le site devient un enjeu militaire à la suite de l'implantation des Vikings à Condé-sur-l'Escaut en 876. Le premier comte de Hainaut (Lotharingie), Régnier au Long Col, construit une première forteresse, Castri Locus, destinée à lutter contre les envahisseurs. Cette forteresse est prise et réduite en cendres en 956, sous Régnier III[23]. Dès 959, le comté fait partie de la Basse-Lotharingie.
À partir du Xe siècle, les comtes de Hainaut font de Mons leur résidence principale et la ville devient leur capitale, un titre qu'elle aurait déjà reçu de Charlemagne en 804[24]. Devenant le centre administratif du comté, Mons se développe durant les 800 ans qui suivent autour du nouveau château et du chapitre de Sainte-Waudru. Le bras de fer incessant entre l'autorité religieuse (le chapitre, propriétaire initial de la ville) et l'autorité administrative (le comte de Hainaut, qui tente de s'étendre) modèle le paysage montois.
Les grands travaux de rénovation et d'entretien des fortifications sont le fait de Baudouin IV et Baudouin V au milieu du XIIe siècle. C'est à cette époque que Bernard de Clairvaux vient à Mons prêcher la croisade (1148). En l'an 1290, selon la ville de Boussu cité par le Baron de Reiffenberg[25], « presque toutes les maisons de Mons sont de bois, et les forets qui environnent cette ville procurent aux habitans des matériaux en abondance ». Cette même année 1290, Jean II d'Avesnes construit la deuxième fortification[26] qui, à la différence de la première, défend aussi la ville et non plus seulement le château : cette enceinte urbaine (frumeteit ou fermetei(t) en picard montois) est percée de six portes[27]. Seule la Tour valenciennoise (1358) subsiste actuellement. Guillaume le Bon, fils et successeur de Jean II, permet au commerce de s'épanouir dans la ville[28].
Mons souffre également de plusieurs désastres au cours de cette période. En 1112, un incendie a déjà détruit une grande partie de la cité. En 1348, la peste noire sévit dans la ville et la population diminue fortement. La petite histoire veut que l'épidémie cesse après la procession, organisée par les autorités, des reliques de sainte Waudru[28]. C'est l'origine de la ducasse de Mons.
En 1356, Marguerite II (d’Avesnes), comtesse de Hainaut, décède à Le Quesnoy: son fils, Guillaume Ier duc de Bavière-Straubing lui succède et devient le nouveau comte de Hainaut (Guillaume III). Celui-ci sera « inauguré » (entrée solennelle) à Mons le 26 février 1357. Un des premiers actes du comte sera l’imposition aux Bourgeois de Mons, aux Lombards et aux Juifs de demeurer constamment armés : cette obligation est à l’origine des « milices bourgeoises » qui maintiendront l’ordre, la sécurité et la défense perpétuelle des villes, des comtes et du pays de Hainaut[29].
En 1433, Philippe le Bon acquiert le titre de comte de Hainaut, faisant ainsi passer le comté de la maison de Bavière à celle des ducs de Bourgogne[30]. Par suite du mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien d’Autriche, la ville passe sous tutelle de la Maison de Habsbourg en 1477[31].
En 1497, la tour de l'horloge est érigée sur le site de l'actuel beffroi : celui-ci la remplacera après son incendie et l'écroulement d'une tour de remplacement, survenu en 1661.
En 1515, Charles Quint est sacré comte de Hainaut. À cette époque, Mons compte environ 9 500 habitants et elle attire un grand nombre d'artisans (tanneurs, cordonniers, tisserands). Ainsi, des tanneries s'installent le long de la Trouille, qui à cette époque passe encore dans la ville[33].
Peu avant son abdication en 1555, Charles Quint transmet à son fils, Philippe II d'Espagne, ses possessions non autrichiennes, notamment les Pays-Bas dont Mons fait partie.
La guerre de Quatre-Vingts Ans porte un coup au commerce et à l'industrie de la ville au cours du XVIe siècle. La ville tombe aux mains des Gueux : Louis de Nassau prend la ville par surprise le . Le but est de donner Mons au roi de France. Ferdinand Alvare de Tolède, le duc d'Albe, n'acceptant pas cette situation, reprend la ville le 21 septembre de la même année[28].
Entre 1580 et 1584, Alexandre Farnèse installe à Mons le siège du gouvernement des Pays-Bas espagnols.
En 1615, la ville est à nouveau touchée par une épidémie de peste[34]. La ville est alors mise en quarantaine et des soldats interdisent le passage des remparts. Néanmoins, les échevins montois s'adressent au chapitre de Gand pour obtenir les reliques de saint Macaire en espérant ainsi faire disparaître l'épidémie. Les Gantois acceptent et les reliques sont placées dans la collégiale Sainte-Waudru. En 1616, l’épidémie décroît, avant de cesser totalement. En remerciement, la ville fait réaliser par un orfèvre montois une châsse en argent pour y transférer les reliques : elle fait toujours partie des trésors de la cathédrale Saint-Bavon de Gand.
En 1655, la ville est assiégée par l’armée française. Les opérations de siège sont dirigées par le chevalier de Clerville ; elles commencent le 15 août et la ville tombe le 18[35].
En 1678, au cours de la Guerre de Hollande, le maréchal de Luxembourg assiège Mons. À la suite de la bataille de Saint-Denis, le siège finit par être levé.
Du 15 mars au , lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, la ville est à nouveau assiégée par les troupes du maréchal de Luxembourg, en présence de Louis XIV, Vauban dirigeant les travaux de siège[36]. La ville tombe et Louis XIV nomme gouverneur Nicolas de La Brousse, comte de Verteillac. Vauban est chargé d'améliorer le système défensif de la ville. En 1697, à la suite du traité de Ryswick, Mons est restituée à la couronne d'Espagne.
De 1701 à 1713, la France occupe à nouveau la ville (guerre de Succession d'Espagne). Les Traités d'Utrecht et de Rastatt font entrer la ville dans le giron des Habsbourg d'Autriche. La place forte est toutefois contrôlée par des troupes des Provinces-Unies.
En 1718, le pouvoir, représenté par la cour souveraine du Hainaut, quitte le château qui, par faute d'entretien, se dégrade. Le site est rasé au XIXe siècle, seuls la chapelle Saint-Calixte (XIIIe siècle), la conciergerie et le beffroi étant préservés : un parc public y est inauguré le 10 juin 1873.
En 1746, Louis XV conquiert la ville et la garde jusqu'en 1748, où elle est restituée à l'impératrice Marie-Thérèse par le Traité d'Aix-la-Chapelle (1748) qui met fin à la guerre de Succession d'Autriche[37]. Le prince Charles Alexandre de Lorraine, beau-frère de l'impératrice, est nommé gouverneur des Pays-Bas tandis que sa sœur, la princesse Anne-Charlotte, est nommée abbesse du chapitre de la collégiale Sainte-Waudru. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les ordres religieux sont interdits : les Jésuites en 1774 et les ordres contemplatifs en 1783[38].
En 1787, la révolution brabançonne se produit, en rejet à des réformes prises à partir de 1780, par l'empereur Joseph II qui frappent l'administration, la justice, la fiscalité, les coutumes. Les États généraux sont réunis le 7 janvier 1790 à Bruxelles.
L'acte d'union qui unit et confédère les provinces insurgées, dont le Hainaut, est ratifié le 20 janvier 1790 par tous les États des provinces insurgées, excepté par ceux du Limbourg, sous la dénomination d’États belgiques unis. Le traité d'union est édité dans Le Moniteur Universel du 31 janvier 1790,
En l'absence de soutien international et à la suite de problèmes financiers, les États belgiques unis ne peuvent pas résister au retour des troupes autrichiennes, et à la fin de l'année 1790, l'armée impériale autrichienne reprend le pouvoir au nom de l'empereur Léopold II.
La ville fortifiée de Mons comprend six portes, dites de Nimy, d'Havré, de Bertaimont, du Rivage, du Parc et de la Guerrite[39].
Les six paroisses de la ville sont les églises de Saint-Germain, détruite en 1691, Sainte-Elizabeth, brulée en 1714, de Saint-Nicolas, de Bertamont et du Béguinage et la collégiale Sainte-Waudru.
Les monastères religieux sont l'abbaye du Val-des-Ecoliers, les Récollets, les Jésuites.
Après la bataille de Jemappes, le 6 novembre 1792[40], Mons devient « ville libre ». La Convention veut réunir les Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège (alors État distinct) à la France, mais elle est combattue. Le vainqueur de Jemappes, Dumouriez, est sensible au désir d'autonomie des populations, mais son vœu de voir procéder à des élections se heurte aux vieilles structures, sauf à Mons, Liège et Charleroi[41] et aux dirigeants français avides des richesses belges[42].
Bien que des pillages et exactions soient signalés dès cette première conquête française, les choses s'aggravent avec la seconde (les Autrichiens ont reconquis brièvement leurs Pays-Bas en 1793), consécutive à la victoire de Fleurus, le . Des massacres ont lieu à Mons, Nalinnes et Tiercelet, faisant 200 victimes, les religieux étant les premiers visés[43]. Par ordre officiel de la Convention nationale, le pays est soumis à une exploitation forcenée des armées françaises qui doivent « évacuer en France toutes les richesses des pays conquis »[44],[N 3]. Les occupants imposent alors par des arrêts des contributions toujours plus grandes « sous peine d'exécution militaire. Il sera pris des otages jusqu'à l'acquittement »[45]. Ce régime s'adoucit relativement rapidement en raison des protestations parvenues au Comité de salut public[46][source insuffisante] et parce que la Belgique était exsangue[47]. Mais les représentants en mission ont quand même frappé Mons[N 4].
En 1794, comme en 1792, les révolutionnaires français peuvent compter sur de nombreux sympathisants à Mons[48] comme à Liège. La ville devient la préfecture du département de Jemappes (alors orthographié Jemmapes) en 1794. En 1800 débutent les travaux du Canal Mons-Condé : il permet d'acheminer le charbon des mines du Borinage vers le reste de la France (les mines boraines produisent plus de charbon que la France entière)[49].
C'est à cette époque qu'Antoine-Joseph Moneuse et sa bande de chauffeurs sévissent notamment dans la région de Mons ; le , Moneuse est jugé en première instance à Mons et l'un de ses complices, François François dit « La Mouche », y est guillotiné en 1807.
En 1815, à la suite de la défaite de Waterloo, la ville passe sous l'autorité néerlandaise, conformément aux décisions du Congrès de Vienne[50]. Cette période voit la construction du canal Pommerœul-Antoing, permettant de rejoindre l'Escaut sans passer par la France.
La révolution belge, en préparation à Bruxelles dès la fin août 1830, ne laisse pas la population locale indifférente. Dès le 3 septembre, la nervosité est sensible dans les classes populaires, d'autant plus furieuses qu'elles sont en situation difficile du fait de la cessation des activités des charbonnages. Il y a des heurts avec la garde urbaine le 17 septembre. Le 19 septembre, avec l'arrivée du général Otto von der Howen, la tension grandit encore : les mineurs marchent vers la porte de Nimy, mais deux compagnies les prennent à revers : on relève 11 morts. Le 29, à la nouvelle de la défaite néerlandaise à Bruxelles, les troupes belges des garnisons néerlandaises se mutinent et le général de Howen, son état-major ainsi que les soldats néerlandais sont arrêtés[51].
La ville perd sa fonction de ville forte dès l'indépendance de la Belgique en 1830. Dès 1841, une liaison de chemin de fer est réalisée entre Mons et Bruxelles. Le démantèlement des fortifications a lieu entre 1861 et 1864, sous le maïorat de Désiré Dethuin, tandis que son successeur, François Dolez, donne à Mons son aspect actuel en faisant construire deux ceintures : le boulevard intérieur sur le site de la fortification dite « urbaine » et le grand boulevard sur les fondations du mur néerlandais. Même sans ces protections devenues inutiles face aux canons, Mons reste une ville de garnison jusqu'en 1914.
Transféré depuis la prison des Petits-Carmes de Bruxelles, Paul Verlaine est incarcéré à la prison de Mons d'octobre 1873 à janvier 1875 à la suite de sa condamnation pour coups et blessures contre Rimbaud[52] : il y écrit des poèmes insérés ensuite dans Romances sans paroles et Sagesse.
À la fin du XIXe siècle, Mons est le théâtre de revendications sociales et politiques[53]. Ainsi, le , des groupes d'ouvriers borains parcourent la ville en chantant La Marseillaise, criant « Vive la République ! » et acclamant le député socialiste Léon Defuisseaux. Le , 3 000 mineurs en grève marchent sur la ville : la colonne de grévistes se heurte à trois compagnies de gardes civiques qui, à la suite d'une charge des ouvriers qui ont arraché les baïonnettes à certains gardes, font feu. Il y a sept morts et de nombreux blessés[54]. Le 18 avril, le Parlement épouvanté, notamment par cet incident très grave[55],[N 5], vote le suffrage universel tempéré par le vote plural. Le congrès du Parti ouvrier belge (POB), qui aurait dû se tenir à Mons, se réunit en 1894 dans la commune boraine de Quaregnon où il adopte la Charte de Quaregnon[56].