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Diaspora grecque en France

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Diaspora grecque en France
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Une diaspora grecque a existé dès l’Antiquité dans ce qui est aujourd’hui la France. Cette communauté a disparu durant l’Antiquité tardive, par assimilation, mais est réapparue par émigration à partir du XIXe siècle (XVIIe siècle en Corse, qui n’était alors pas encore française). Elle est actuellement concentrée à Paris, Lyon, Grenoble, Marseille et la Côte d'Azur. Il est difficile de quantifier les Grecs en France : avec le temps ils ont été assimilés, surtout dans le sud de la France, et souvent, les noms grecs furent francisés. De plus, il y eut plusieurs vagues d'immigration de Grecs.

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Histoire

Résumé
Contexte

Antiquité : les Phocéens de Marseille

Marseille a été fondée vers 600 av. J.-C. par des marins grecs originaires de Phocée en Asie Mineure sous le nom de Massalia. L’explorateur et scientifique Pytheas est l’une des personnalités grecques marseillaises de l’époque. Les Phocéens avaient fondé plusieurs escales-abris et comptoirs sur la rive provençale : Κιθαρίστα (Kitharista, le cithariste : Ceyreste), Ταυροέντιον et Ταυροέις (Tauroention et Tauroeis, le « fond » et l'« entrée » [de la baie] du « Taureau », aux Lecques et au Brusc), Oλϐία (Olbia, la « prospère » : l'Almanarre), Ηράϰλεια κακαϐάρια (Herakleia caccabaria, l'« Héraclée pénible » par allusion aux travaux d'Héraclès : Cavalaire), Αντίπολις (Antipolis, aujourd’hui Antibes) « en face de la ville » de Nice, que cite déjà le géographe grec Strabon[1] : son nom Νίκαια, Nikaia, a été souvent traduit par la « victorieuse » mais à tort semble-t-il[2] ; en réalité, cette appellation doit être rattachée à une racine ligure de forme nitia remodelée par les Grecs[3].

XVIIe siècle : les Grecs de Corse

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Église Saint-Spyridon dite « la grecque » à Cargèse.

En janvier 1676, une petite colonie de 600 Grecs, issue du village de Gythion, embarque à Vitylo (actuellement Outilo) - villages situés au sud du Péloponnèse dans la presqu’île du Magne - pour fuir l’occupation turque, et fonde dans l'arrière-pays de Sagone, Paomia, à deux kilomètres à l’Est de l’actuelle Cargèse. Lorsque les Génois, alors maîtres de la Corse, attribuèrent les terres de Paomia à la communauté grecque, ils firent remplir un contrat à ces derniers. Ce contrat stipulait que les Grecs pouvaient conserver le rite byzantin, mais qu’ils devaient devenir catholiques, ce qui leur fit intégrer la communauté des églises catholiques orientales. Les mariages mixtes entre les descendants de colons grecs et les Corses ont mêlé les deux communautés de Cargèse aujourd’hui, la langue grecque finissant par disparaître au profit du corse.

XIXe siècle

Au XIXe siècle, l’immigration économique, de commerçants dans les principales agglomérations (tissus, épices, joaillerie) et de pêcheurs (notamment de scaphandriers pêcheurs d’éponges) sur la côte méditerranéenne constitue l'essentiel des arrivées grecques en France. Ils se concentrent notamment à Marseille, ils culminent à 400 Grecs en 1828. Leur présence se stabilise ensuite au cours du siècle, ils sont encore 303 à Marseille en 1861. Ils sont marqués par un fort communautarisme religieux, car il s'agit là du seul groupe orthodoxe de la ville. Outre la Corse, la troisième communauté grecque en France est à Paris, notamment autour de leur église orthodoxe dédiée à Saint-Etienne, construite en 1895 grâce au mécénat du banquier grec Dimitrios Skilitzis[4]. La solidarité nationale avait aussi un rôle essentiel dans la construction de la communauté, de même que dans les autres communautés étrangères à Paris, car elle était le seul moyen de subsistance des étrangers indigents. C'est ainsi qu'en 1889 fut créée la Société de bienfaisance grecque.

En 1901, la moitié des Grecs de France (47,1 %) se trouvaient à Marseille, et l'autre à Paris (40%). Les 13 % pourcents restant se retrouvent de manière sporadique sur le reste du territoire[4].

Première Guerre mondiale

Emplois

La première immigration massive de Grecs vers la France a eu lieu dans le cadre de la Première Guerre mondiale qui a vu l'arrivée de 15 000 à 25 000 Grecs d'Asie Mineure, venus pour beaucoup du Dodécanèse. Ils sont venus en France pour travailler dans les usines d'armement et les entreprises agricoles[5]. En 1917, 800 Grecs travaillaient à Saint-Etienne dans les mines et manufactures d'armes ou 1 200 à Pont-de-Chéruy dans les usines Grammont[4]. Outre leur présence importante dans l'axe rhodanien, il est possible d'évoquer les 1 300 Grecs des usines de munitions de Nantes ou les 1 000 employés à Bordeaux, sans compter les villes de Lille ou de Tours. Il y eut donc une relative dispersion sur le territoire français.

L'accueil des Grecs est cependant aussi le fait des industriels, il ne s'agit pas seulement d'une politique d'Etat. C'est ainsi que Grammont, qui emploie un millier et demi de Grecs à Pont-de-Cheruy, agit beaucoup, dans la tradition du paternalisme d'entreprise du XIXe siècle pour la communauté grecque, notamment par la création d'un lieu de culte orthodoxe en 1917 dans un hangar[4].

Le paternalisme entrepreneurial ne doit pas cacher la grande précarité de la communauté grecque à cette époque. Dans l'industrie Grammont, les Grecs logés étaient d'un nombre quatre à cinq fois supérieur aux capacités d'accueils des locaux fournis par l'usine. Par ailleurs, les entreprises favorisent la mobilité de ces étrangers avec des contrats très brefs : ils ne sont qu'une main-d’œuvre labile utilisée pour combler les manques de main-d’œuvre[6].

Entre-deux-guerres

Géographie

La Première Guerre mondiale a permis de constituer la colonie grecque de France, surtout présente à Paris et dans les Bouches-du-Rhône. Ils sont généralement logés par leur employeur et se concentrent donc dans les bassins d'emploi de ces région. Par ailleurs, les Grecs ayant quitté les bassins d'emplois de la guerre se sont pour beaucoup retrouvés à Lyon et Paris, ce qui explique la hausse de leur présence dans ces agglomérations[4].

Vague migratoire des années 1920

Après la guerre eut lieu une nouvelle vague migratoire non organisée par l’État français, elle s'explique plutôt par les réseaux familiaux des Grecs déjà venus en France. Elle est due à la Catastrophe d'Asie Mineure qui a suscité une baisse de l'emploi. Cette immigration spontanée a d'abord été favorisée par la France. Elle cesse à la fin des années 1920 à cause du début de la crise de 1929 qui touche sévèrement l'emploi français et accentue les politiques hostiles à l'immigration des différents gouvernements. La France n'en avait alors pas moins la communauté hellénique la plus importante d'Europe centrale avec 19 123 Grecs en 1931[4].

Les Grecs de France, s'ils ont pour beaucoup commencé à travailler dans l'industrie, se sont majoritairement réorientés vers les pratiques artisanales. Ils sont ainsi 44,6 % à être indépendants en 1936 (20 % de plus que pour la moyenne des autres travailleurs étrangers en France). Ceux-ci travaillent majoritairement dans l'industrie de transformation artisanale et dans le commerce. Beaucoup furent aussi coiffeurs - représentés en 1931 par le club artistique des coiffeurs hellènes de Paris[4].

Pratiques communautaires

L'implantation grecque se traduit dans le paysage urbain par la construction d'églises orthodoxes essentielles pour la communauté. C'est ainsi qu'à Bordeaux est créée la chapelle des Carmes en 1918, l'église Saint-Georges à Grenoble, l'église de la Trinité à Saint-Étienne en 1922, l'église Sainte-Catherine à Port-de-Bouc en 1930 et en 1936 une deuxième église parisienne, l'église Saints Constantin et Hélène. Il est notable que ces églises sont d'abord construites dans des espaces non adaptés au culte (un appartement à Grenoble ou un local de la société des Mines à Saint-Étienne), témoins de la précarité de ces populations dépendant pour beaucoup des politiques publiques ou du paternalisme de l'employeur. Ces églises faisaient venir des prêtres de Grèce et étaient rattachées à l'archevêché de Thyateura à Londres[4].

Les associations jouèrent ainsi un rôle important dans la construction de la communauté grecque en France, souvent liées au facteur religieux. En 1919 est créée à Pont-de-Cheruy l'association culturelle hellénique orthodoxe Saint-Alexandre, en 1922 à Paris l'Union des Hellènes de Paris et à Lyon l'Union philanthropique des Hellènes de Lyon, en 1927 à Lille la Communauté hellénique du Nord. Ces associations se concentrent néanmoins pour beaucoup à Paris, où se trouvent la majorité des Grecs de France. Il est ainsi possible d'y citer le Foyer hellénique de Belleville créé en 1931 ou l'Union des Grecs de Sartrouville en 1937. La majorité de ces associations sont créées en même temps ou en lien avec l'église orthodoxe locale[4].

Dans le domaine éducatif, pour transmettre et maintenir la culture grecque en France, furent créées les écoles du jeudi, toujours en lien avec les églises le plus souvent. Ainsi, en 1930, l'église de Saint-Étienne crée son école avec deux instituteur[4].

Discours et représentation

L'analyse de la communauté de Pont-de-Chéruy menée par Cécile Zervudacki révèle que dans les discours sur les premières arrivées de migrants, tous revendiquent d'être arrivés à la suite des pogroms dans les années 1920. Il s'agit ainsi pour cette communauté de se construire comme un groupe politiquement martyr en cachant la dimension économique de la majorité des départs antérieurs aux violences ethniques de Turquie. Ce discours construisant une communauté imaginaire est le fondement qui a permis l'intégration de ces autres réfugiés politiques des années 1950[6].

Seconde Guerre mondiale

Deuxième moitié du XXe siècle

L'immédiat après-guerre est constitué des arrivées des Grecs d'Anatolie et de Constantinople qui continuent d'être chassés de Turquie, jusqu'aux pogroms d'Istanbul de septembre 1955 et des arrivées des réfugiés politiques de gauche s'exilant après la guerre civile grecque. Une autre vague arrive en France de 1967 à 1974 notamment pour fuir la dictature des colonels. Il y eut donc deux pics d'arrivées en France, en 1956 et 1957 et en 1967[6]. Cette immigration passe en dehors des canaux étatiques - notamment de l'ONI - et bénéficie surtout des réseaux de solidarités communautaires. Elle reste cependant assez faible et ne concerne que 9 800 personnes environ. Ces personnes s'intégrèrent de ce fait rapidement dans les centres urbains français où ils purent, eux aussi, prendre des emplois d'indépendants[4].

Première vague de 1956

Deuxième vague de 1967

Après le coup d’État du 21 avril 1967 s'ensuit une politique autoritariste qui réprime les libertés grecques et cause une vague d'exil vers la France. Les populations concernées sont surtout des intellectuels, sympathisants ou activistes de gauche, aisés et issus des classes moyennes et supérieurs. Beaucoup ont subi un déclassement professionnel, perdu leurs biens ou reconnaissances universitaires, ou leur public, pour les artistes. De plus, avant le protocole de New York de 1971, les Grecs ne pouvaient pas bénéficier de la convention de Genève.

Par ailleurs, il n'y eut pas de politique publique d'accueil des réfugiés grecs. Seule la Cimade a proposé un plan d'accueil de ces réfugiés. 600 exilés furent ainsi accueillis par elle en 1972 - la moitié des exilés vers la France. La Cimade a donné un certain nombre de bourses aux exilés. Celles-ci étaient versées aux personnes en situation précaires (personnes malades, âgées, etc), ou pour faciliter les insertions ou les études notamment à partir du « fonds grec ». Les Grecs purent aussi bénéficier du « fonds d'urgence » de la Cimade. Au début des années 1970, ils étaient la nationalité la plus aidée par l'association (53 des 80 bourses de 1970 - 1971 ; 63 des 100 bourses de 1971 - 1972). L'aide apportée par la Cimade fut aussi administrative en aidant à la rédaction des courriers ou en contactant directement l'OFPRA pour faire avancer certains dossiers[7].

Notons néanmoins que si la Cimade fut la seule associations à proposer un plan organisé de soutiens, nombreux furent les associations, syndicats et intellectuels à supporter et témoigner leur soutien au moins symbolique aux exilés grecs[7].

Immigration étudiante

Le XXe siècle est également marqué par l’immigration universitaire d’étudiants, dont un nombre important resta et fit souche en France, et par l’immigration artistique et intellectuelle (avec des artistes comme Georges Guétary, Théo Sarapo, Nana Mouskouri ou Vangelis, des universitaires comme Cornelius Castoriadis ou Hélène Ahrweiler, des présentateurs de télévision comme Nikos Aliagas ou Nagui Fam). En 1986 cette communauté étudiante représente près de la moitié de la présence grecque en France[8].

Stabilisation

Après 1968, les arrivées des immigrés grecs ne compensent plus les départs, les naturalisations, les décès et les mariages mixtes qui contribuent à faire baisse sensiblement la présence grecque en France. S'ils sont encore 9 900 en 1968 et 9 600 en 1975 - une baisse faible du fait des arrivées à la suite de la dictature des colonels - ils ne sont en 1982 plus que 7 800, 6 100 en 1990 et 5 700 en 1999[9].

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Aujourd'hui

Démographie

Géographie

Facteur religieux

La Dormition de la Mère de Dieu, église grecque orthodoxe de Marseille, est la plus ancienne de toutes les églises orthodoxes de France : elle fut ouverte en 1845. C’est la seule église orthodoxe de style Empire en France et peut-être en Europe. D’autres paroisses grecques existent à Paris, Lille, Bordeaux, Lyon, Grenoble, Marseille, Toulon, Nice... organisées en trois vicariats épiscopaux de l’Église orthodoxe grecque : celui du Nord (Paris), celui du Centre (Lyon) et celui du Midi (Marseille), dont les registres sont la principale source d’informations, car la plupart des Grecs de France sont citoyens français, or l’état-civil français ne porte pas mention des origines ethniques ou de la religion.

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Personnalités françaises d'origine grecque

Scientifiques

Artistes et médias

Politiciens et diplomates

Souverains et seigneurs féodaux

Personnalités économiques

Militaires et résistants

Sportifs

Autres

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Liens internes

Bibliographie

  • Gérard Blanken (de), « Les Grecs de Cargèse (Corse) : Recherches sur leur langue et leur histoire », Revue des études byzantines, Leyd, (lire en ligne)
  • Marie-Anne Comnène, Cargèse : une colonie grecque en Corse, Société d'édition "Les Belles lettres", 1959, 92 pages
  • Jean Coppolani, « Cargèse. Essai sur la géographie humaine d'un village corse », Revue de géographie alpine, année 1949, volume 37, no 37-1, p. 71-108
  • Nicolaos Stephanopoli de Comnène, Histoire de la colonie grecque établie en Corse, éditeur A. Thoisnier-Desplaces, 1826 (version scannée complète en ligne)
  • Catherine Daniélidès, Un siècle de présence grecque sur la Côte d'Azur, 1917-2012 (ISBN 978-2746651845)
  • Mathieu Grenet, La fabrique communautaire. Les Grecs à Venise, Livourne et Marseille, 1770-1840, Athènes et Rome, École française d'Athènes et École française de Rome, 2016 (ISBN 978-2-7283-1210-8)
  • Gilles Grivaud (éd.), La diaspora hellénique en France, Athènes, École française d’Athènes,
  • (en) Anna Mandilara, The Greek Business Community in Marseille, 1816-1900 : Individual and Network Strategies (thèse de doctorat inédite), Université européenne de Florence,
  • Nicolas Manitakis, L'essor de la mobilité étudiante internationale à l’âge des États-Nations. Une étude de cas : les étudiants grecs en France (1880-1940) (thèse de doctorat), École des hautes études en sciences sociales,
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Notes et références

Liens externes

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