Top Qs
Chronologie
Chat
Contexte

Hugo Banzer Suárez

militaire et homme d'État bolivien De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Hugo Banzer Suárez
Remove ads

Hugo Banzer Suárez, né le à Concepción (Bolivie) et mort le à Santa Cruz de la Sierra, est un général et homme d'État conservateur bolivien. Il est président de la République à deux reprises : du au , comme dictateur militaire, et du au , comme président constitutionnel.

Faits en bref Fonctions, Président de la république de Bolivie ...

Banzer renverse le président Juan José Torres en 1971, instaurant un régime marqué par la répression des syndicats, du clergé, des indigènes et des étudiants[1],[2],[3]. Les méthodes de répression comprenaient les arrestations injustifiées, l'exil, la torture et les disparitions. Son régime répressif entraîne une importante émigration bolivienne. Sous Banzer, l'État bolivien collabore avec d'autres dictatures sud-américaines et les États-Unis pour traquer et capturer les dissidents, dans le cadre d'une coordination connue sous le nom de Plan Condor[3]. En 1975, il conclut l'accord de Charaña avec le général chilien Augusto Pinochet afin de redonner à la Bolivie un accès à la mer. Bien que vain, cet accord est l'effort le plus abouti que le pays ait réalisé afin de ravoir cet accès[4].

Banzer est renversé par un coup d'État militaire en juillet 1978, mais reste une figure influente de la politique bolivienne, se présentant aux élections présidentielles de 1979, 1980, 1985, 1989, 1993 et 1997, pour être finalement élu lors de cette dernière. Son deuxième mandat est constitutionnel, mais marqué par un caractère autoritaire. Il déclare l'état d'urgence en 2000, dans le cadre de la guerre de l'eau de Cochabamba. En 2001, Banzer démissionne de la présidence après avoir été diagnostiqué d'un cancer du poumon, et est remplacé par son vice-président, Jorge Quiroga[3].

Remove ads

Origines

Résumé
Contexte

Famille

Hugo Banzer Suárez est le fils de César Banzer et Luisa Suárez, et son grand-père, Georg Banzer, est un immigrant allemand originaire d'Osnabrück[5]. Avant la naissance d'Hugo Banzer, son père, agriculteur et campagnard, s'adonne à l'exploitation du caoutchouc et avait importé en Bolivie les premiers moulins mécaniques pour l'industrialisation de la canne à sucre. Après son mariage avec Luisa Suárez en 1925, une femme de Santa Cruz de la Sierra, le couple acquiert un domaine à Concepción sur lequel sont produits du sucre de canne raffiné, du saindoux, du maïs et du riz. Ils possèdent également plusieurs centaines de bêtes pour l'élevage du bétail. César occupe également les fonctions de sous-préfet de la province de Ñuflo de Chávez durant quelques années[6].

Jeunesse

Hugo Banzer Suárez naît le dans le village de Concepción, en Chiquitania, dans le département de Santa Cruz. Bâti sur une ancienne mission jésuite, le village est à l'époque un centre agricole et d'élevage assez prospère relié par des routes rudimentaires aux autres localités de la région, les automobiles et les avions ne s'y rendant pas encore[6]. En 1933, sa mère déménage avec ses trois enfants à Santa Cruz afin qu'ils puissent fréquenter l'école primaire. Son père reste à Concepción afin de s'occuper du domaine. Le voyage jusqu'à Santa Cruz, long de 300 kilomètres, dure deux semaines, transportés par des charrettes à boeuf sur des routes périlleuses traversant des zones marécageuses et sablonneuses souvent impraticables selon la température. Santa Cruz est à l'époque une ville d'un peu plus de 30 000 habitants dont les rues non pavées sont bordées de peu d'automobiles, mais de plusieurs charrettes. La route vers Cochabamba et les chemins de fer vers Corumbá et Yacuiba ne sont pas encore construits et la ville demeure plutôt isolée du reste du pays[7].

Après des études au Séminaire Ovidio Santistevan au niveau primaire, Hugo Banzer fait son entrée au Collège national Florida, l'une des écoles les plus prestigieuses du pays qui accueillait la crème de la jeunesse de Santa Cruz. Hugo Banzer y étudie deux ans sans y obtenir de diplôme : celui-ci voulait devenir soldat comme son oncle ou comme Germán Busch, le fils d'un ami de son père, dont il avait entendu parler des exploits. Durant cette période, Hugo Banzer voit peu son père[7].

Rencontre avec Germán Busch

À l'été 1937, alors qu'il est à Concepción, on annonce que le héros de la guerre du Chaco, Germán Busch, viendra rendre visite à son père. Remarquant l'attention avec laquelle Hugo écoutait ses anecdotes de guerre, il s'exclame : « César, quand ce garçon sera assez grand, nous devrions l'envoyer à l'Académie militaire, car il fera un bon officier », venant ainsi en quelque sorte sceller le sort de l'enfant, qui voyait son rêve de devenir soldat de plus en plus fort[5],[7].

Collège militaire

En 1940, à l'âge de 14 ans, il postule au Collège militaire de La Paz (es) et y est admis l'année suivante[5]. Il doit en conséquence déménager à La Paz et se séparer de sa famille qui demeure à Santa Cruz. C'est au cours de ce voyage vers La Paz que Hugo Banzer connaîtra une Bolivie qu'il ne connaissait jusqu'alors pas : une végétation plus rare, la température des montagnes, l'aridité des paysages, le calme des paysans, des langues – l'aymara et le quechua – qu'il ne comprenait pas[8].

Au collège militaire, le cadet Banzer excelle dans toutes les matières et semble déterminé à se surpasser afin de devenir commandant militaire. Après avoir passé une année d'études en Argentine, il revient avec le grade de sous-lieutenant. Les morts tragiques des présidents Germán Busch et Gualberto Villarroel l'incitent à se tenir loin de la politique[9].

Remove ads

Carrière militaire

Résumé
Contexte

Progressant au sein de l'appareil militaire bolivien, le , il est nommé officier instructeur à Challapata, une ville de l'altiplano près d'Oruro et de la frontière chilienne[9]. Les gouvernements qui se succèdent impliquent inévitablement l'armée dans leurs actions contre des groupes leur étant opposés ou des manifestants, ceci obligeant Banzer à prendre connaissance des enjeux politiques qui ont cours. C'est peu après son transfert à Roboré qu'il fera connaissance de Yolanda Prada, avec qui il se mariera à Cochabamba[9].

Refus d'adhésion au Mouvement nationaliste révolutionnaire

En , Banzer est nommé instructeur au Collège militaire de La Paz, un poste réservé aux meilleurs officiers de l'armée. Orchestrée par le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR) et face à un gouvernement affaibli – dirigé par Hugo Ballivián –, la Révolution nationale éclate deux mois plus tard. L'armée bolivienne est alors noyautée par d'éléments subversifs fidèles au MNR. Banzer reste cependant fidèle aux forces gouvernementales et combat les révolutionnaires jusqu'à ce que ceux-ci réussissent leur entreprise. Après cette victoire, la structure de l'armée est réformée pour faire place à des acteurs ayant soutenu la révolution et à des couches sociales jusque-là non représentées au sein de l'appareil militaire. L'un des rares à refuser d'adhérer au MNR et voulant plutôt se concentrer strictement à sa profession militaire, Banzer est rétrogradé et envoyé diriger des opérations de ravitaillement, ceci lui permettant de parcourir pendant deux ans les recoins les plus reculés du pays. Après avoir été finalement promu capitaine par ancienneté, il est affecté à l'École d'armes de Cochabamba comme élève de cavalerie en 1954[10].

Progression au sein de l'armée

En 1960, il fait son entrée à l'École militaire des Amériques, une institution dirigée par les États-Unis, mais située au Panama, qui vise à former des officiers latino-américains pour des opérations contre d'éventuelles insurrections extrémistes[5]. Dans le contexte de la guerre froide, c'est à cet endroit qu'est exacerbée l'aversion qu'entretient Banzer contre l'extrémisme de gauche. Banzer y fera également la rencontre d'officiers d'autres nationalités, dont certains qu'il rencontrera dans d'autres contextes. Le , il revient en Bolivie et entre à l'École de commandement et d'état-major de Cochabamba, où il obtient son diplôme d'officier d'état-major. Il demeure le meilleur élève de sa promotion. Il est ensuite successivement nommé à de hauts grades militaires[11].

En 1964, alors en fonction à Roboré (Santa Cruz), devant une police impuissante, Banzer est désigné pour combattre un mouvement de guérilla qui est mené contre le gouvernement de Víctor Paz Estenssoro. Ayant réussi cet exercice avec brio, le président Paz Estenssoro demande qui est l'officier responsable de cette opération et s'étonne de savoir que celui-ci, Banzer, n'est pas membre du MNR. Il lui envoie néanmoins une bouteille de whisky en guise de remerciements, ne sachant pas que le principal intéressé est sobre[11].

Remove ads

Avant la présidence

Résumé
Contexte

Coup d'État contre Paz Estenssoro

En , Hugo Banzer Suárez rencontre René Barrientos, général et vice-président de la République, qui l'informe vouloir renverser le gouvernement de Víctor Paz Estenssoro pour y installer un gouvernement purement militaire qui mettrait, selon lui, fin à « l'anarchie syndicale qui menaçait de détruire l'économie et d'instaurer le communisme ». Banzer, qui éprouvait peu de sympathie pour le MNR, notamment en raison du traitement qu'avait réservé le parti à l'armée et à ses dirigeants, accepte de soutenir le coup d'État, qui se concrétisera le [12]. Il s'agit de l'entrée dans le monde politique pour Banzer.

Balbutiements en politique

Banzer est appelé par le nouveau président René Barrientos afin d'occuper la fonction de ministre de l'Éducation publique. Au cours des deux années où il occupe cette fonction, Banzer tente de réduire l'analphabétisme dans le pays – qui touche plus de 60 % de la population adulte – et d'améliorer le système d'éducation publique : les salaires des enseignants sont augmentés, l'année scolaire de 200 jours est imposée et les programmes scolaires au niveau primaire modernisés. Après l'élection démocratique de Barrientos à la présidence du pays en , avec Luis Adolfo Siles Salinas comme vice-président, Banzer démissionne de son poste de ministre et demande d'être réintégré dans l'armée à titre de chef d'état-major à la garnison de Roboré. Après avoir été muté commandant de régiment, il est nommé en attaché militaire à l'ambassade de Bolivie à Washington[5],[13]. Au cours des présidences subséquentes de Siles Salinas et d'Alfredo Ovando Candía, Banzer continue à œuvrer au sein des forces armées boliviennes.

L'établissement d'une Assemblée du peuple par le général et président socialiste Juan José Torres suscite du mécontentement parmi les partis de droite, les forces armées et d'autres acteurs comme le gouvernement des États-Unis, qui sont préoccupés par le pouvoir accordé à cette nouvelle structure qui ne bénéficie d'aucun statut constitutionnel et qui concurrence les prérogatives du Congrès national. Banzer partage ces préoccupations et appréhende une déstabilisation de la démocratie. Les membres de cette assemblée défient cependant rapidement l'autorité de Torres et certains parlent même de la lutte armée comme « moyen le plus rapide de parvenir à un gouvernement socialiste », ce qui continue d'harasser l'armée. Craignant de perdre le soutien des travailleurs, Torres abdique à leur demande et ferme temporairement l'académie militaire en même temps de réaffecter Banzer, qui avait précédemment défié ouvertement Juan Lechín Oquendo, un chef syndical influent[14].

Thumb
Banzer, sa femme Yolanda et sa fille Gabriela en 1972.

Coup d'État manqué contre Torres

Le , de plus en plus mécontentes de la direction prise par le gouvernement de Juan José Torres, des factions de l'armée soutenues par Banzer préparent un coup d'État contre le pouvoir présidentiel. Mal préparé et coordonné, celui-ci échoue et les militaires rebelles sont contraints de déposer les armes, dominés par les forces aériennes gouvernementales. Les rumeurs de coup d'État étaient parvenues au gouvernement. Alors que plusieurs responsables rebelles avaient été arrêtés et forcés à l'exil, le chef du soulèvement, Banzer, réussit à s'échapper et à se rendre à l'ambassade d'Argentine[5]. Un mois plus tard, il part en exil dans ce pays et rendra publique une lettre dans laquelle il assume la responsabilité du coup d'État manqué[15].

Deuxième coup d'État contre Torres

Dès , Banzer reçoit à Buenos Aires la visite d'un groupe d'individus, dont Mario Gutiérrez, chef de la Phalange socialiste, qui fomente un nouveau coup d'État contre Torres et qui lui demande d'en assumer la direction. Ayant obtenu l'accord de Banzer, Gutiérrez envoie une lettre à Paz Estenssoro du MNR, l'invitant à se joindre au complot. Il est décidé de faire entrer secrètement Banzer en Bolivie, précisément à Santa Cruz, via le Paraguay, pays dont le président Alfredo Stroessner apportait son soutien au complot. Arrivé à Santa Cruz, un quartier général clandestin pour l'organisation est établi. Avisées de la présence de Banzer dans la ville, les forces gouvernementales l'arrêtent le matin du , jour prévu du coup d'État ; celui-ci est rapidement emmené à La Paz pour y être détenu. Malgré cela, des garnisons de partout au pays continuent de combattre les forces gouvernementales et leurs sympathisants, et ce, durant trois jours, jusqu'à ce que le président Torres réalise sa défaite et demande l'asile à l'ambassade du Pérou[16].

Libéré et emmené au palais présidentiel, Banzer fait la rencontre de partisans – civils et militaires – du coup d'État, avec qui il discutera de la personne devant assumer la présidence de la République. C'est finalement Banzer qui sera choisi par les individus présents sur place. Banzer décrira plus tard les événements comme suit : « N’oublions pas que le gouvernement de Torres était de facto, c’est-à-dire inconstitutionnel. Le pouvoir législatif a été supplanté par la soi-disant Assemblée du peuple. Le pouvoir judiciaire a été désemparé par les tentatives d’organiser des tribunaux populaires de quartier. Enfin, les forces armées ne savaient pas quelle direction prendre, l’Armée de libération nationale étant toujours au pouvoir. Je ne suis pas arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’État militaire. Le mouvement que j’ai mené n’était pas contre la démocratie, mais contre une situation qui avait échappé à tout contrôle et menait à une anarchie des plus dangereuses. Ainsi, mon gouvernement, durant son premier mandat, a bénéficié d’une présence civile accrue au sein du cabinet et d’un soutien politique populaire qui n’avait rien à voir avec les coups d’État, notamment militaires, en Bolivie. »[16].

Bien que Banzer n'aie reconnu que le soutien indirect de Stroessner pour l'exécution du coup d'État[16], l'aide du régime militaire brésilien et des États-Unis demeure soupçonnée[17].

Remove ads

Première présidence

Résumé
Contexte
Thumb
Le général Banzer vers 1972.

Prise du pouvoir

Fort d'une alliance entre le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR), la Phalange socialiste bolivienne (FSB) et les forces armées nommée le Front populaire nationaliste, Hugo Banzer Suárez prend le pouvoir le , soutenu par Víctor Paz Estenssoro et Mario Gutiérrez, les chefs de ces deux partis pourtant idéologiquement divergents[5]. Vu son statut d'ancien président, le premier n'occupe aucune fonction publique alors que le deuxième est nommé ministre des Relations extérieures[18]. Banzer occupe alors le poste de « président de facto » et instaure une dictature. Il interdit les partis politiques (y compris ceux de ses alliés) et reçoit l'appui des États-Unis en raison de son anticommunisme.

Durant sa présidence, Banzer apparaît peu tenté par des visites à l'extérieur du pays, sauf lorsque nécessaire, et par des incursions éclair à travers la Bolivie, tel que le faisait Barrientos[18]. Selon des témoignages recueillis par son biographe, Alfonso Crespo, Banzer contrastait avec l'archétype du dictateur : celui-ci cachait derrière ses politiques autoritaires une humanité et une sensibilité, particulièrement lorsqu'il était abordé personnellement, et ce, même avec ses opposants politiques[19].

Répression des opposants et fermeture des universités

Militaire et habitué à l'ordre, Banzer est intolérant envers ce qu'il appelle « l'extrémisme ». Peu après son entrée en fonction, des mesures rigoureuses sont prises contre ses opposants, notamment les mineurs et les étudiants. Les excès qu'il avait observés dans le régime précédent le convainquent de l'existence latente d'une menace pour l'ordre public et du besoin d'y contrecarrer. La loi sur la sécurité de l'État, entrée en vigueur en , permet au gouvernement de réprimer sévèrement la subversion, le sabotage et le terrorisme, ainsi que les grèves illégales, la désobéissance aux réglementations gouvernementales, les blocus de voies de circulation, la paralysie des services publics et « tout acte interférant avec le bon fonctionnement du pays ». La répression contre les dirigeants politiques, syndicaux et universitaires ainsi que de nombreux journalistes s'avère particulièrement systématique durant la première année du gouvernement de Banzer, où se multiplient les personnes incarcérées, disparues et exilées[20]. Au cours de sa présidence, pas moins de 35 000 Boliviens, arrêtés ou exilés compris, subissent des représailles du régime, dont environ 500 sont tués ou ont disparu[5].

Depuis la chute du MNR en 1964, les universités boliviennes – notamment celles de La Paz et de Santa Cruz – étaient devenues des foyers de la rébellion de la jeunesse où foisonnent des idées révolutionnaires opposées au gouvernements en place. Dans le contexte de la guerre froide, les doctrines socialistes y étaient répandues et nombre d'étudiants soutenaient les mouvements sociaux insurgés, tels les mineurs, durement touchés par les baisses de salaire. Dans la foulée du coup d'État du 21 août 1971, les universités sont par ailleurs fermées et le restent jusqu'en 1973[20].

Rupture de l'alliance et renforcement de la dictature

En réponse à l'économie chancelante du pays, Banzer décide en , suivant des conseils d'experts, de changer le taux de change du boliviano. Valant alors 12 bolivianos pour un dollar, il est planifié de le faire passer à 20 bolivianos pour un dollar afin de relancer l'économie du pays. Paz Estenssoro et Gutiérrez, farouchement opposés à cette mesure qui risque, selon eux, de créer un choc dans la population, prennent la décision de quitter le gouvernement du Front populaire nationaliste et mettent ainsi fin à l'alliance qui unissait le MNR, le FSB et les forces armées[21]. Banzer et les forces armées se trouvent alors seuls à gouverner[18]. Peu après, il annonce vouloir mettre fin aux politiques interventionnistes de l'État mises en place depuis la révolution nationale pour les remplacer par un système d'économie de marché d'orientation libérale et reporte sine die les élections générales qu'il prévoyait initialement convoquer pour 1975[21].

Le , par plusieurs décrets inconstitutionnels, le gouvernement accorde aux forces armées le total contrôle politique et administratif du pays jusqu'en 1980 et lance diverses mesures à caractère économique visant à encourager les investissements et renforcer la monnaie. Les partis politiques et les syndicats sont interdits et le service militaire est rendu obligatoire pour tous les Boliviens à partir de 21 ans[5],[21].

Contrairement aux dictatures qui l'ont précédé et qui lui ont succédé, la longévité de celle de Banzer est probablement attribuable au soin que prenait le président de faire une grande place à l'armée dans les plus hautes sphères décisionnelles, que ce soit dans des ministères centraux ou à la direction d'organismes gouvernementaux, ceci décourageant toute tentative d'insurrection. Sous son gouvernement, l'armée y était bien traitée[22].

Suppression de la liberté syndicale

Un décret viendra également suspendre toute activité syndicale prosélyte et interdite toute grève, lock-out et forme de suspension du travail et de la production[5]. Les travailleurs qui contreviendront à ces directives sont passibles d'un licenciement, autant dans le secteur public que privé. Les quotas et les cotisations salariales pour les entités politiques et les organisations syndicales sont supprimés, ceci entrant en claire contradiction avec les conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) signées par la Bolivie concernant la liberté syndicale et le droit d'association. Une grève des mineurs de 48 heures ordonnée par leur syndicat est par ailleurs violemment réprimée par l'armée. Ces décrets font rapidement l'objet d'une plante à l'OIT par la Confédération internationale des syndicats libres, la Confédération mondiale du travail et la Fédération syndicale mondiale[23].

L'annonce de la mort de l'ancien président socialiste Juan José Torres en par le régime argentin cause une importante grève dans le pays, qui dure jusqu'à quatre semaines pour les travailleurs miniers. Le gouvernement déclare en contrepartie l'état de siège et ordonne l'occupation militaire de plusieurs centres miniers, l'arrestation de dirigeants syndicaux et la dissolution des organisations syndicales. Plusieurs syndicalistes, étudiants et politiciens sont forcés à l'exil[5],[23].

Politique agricole et sociale

Voyant ses effets mitigés, Banzer décide de consolider la réforme agraire mise en place dans le cadre de la révolution nationale de 1952. Entre 1971 et 1976, des titres de propriété agricoles sont accordés à 365 699 chefs de famille, grâce au traitement de plus de quinze mille demandes. Le Service national de développement communautaire est créé afin de favoriser la réinsertion des familles paysannes dans la vie nationale grâce à des programmes de santé, d'éducation et de formation destinés aux adultes, aux jeunes et aux enfants qui profitent à 100 000 paysans sur sept ans. Avec l'aide de l'Organisation mondiale de la santé, de l'Organisation panaméricaine de la santé et du gouvernement du Canada, plus de 1 000 puits sont forés, profitant ainsi à 50 000 habitants de régions rurales, et plusieurs systèmes d'approvisionnement en eau sont construits dans 64 localités de moins de 200 habitants, profitant ainsi à 84 000 habitants. Avec la collaboration d'acteurs indigènes, plus de 2 000 écoles sont construites[24].

Entre 1972 et 1976, le budget du ministère de l'Éducation passe de 528 millions à 2 milliards de bolivianos annuellement. Le pays réussit à obtenir d'autres pays, mais aussi d'organisations internationales, telles la Banque mondiale, l'USAID et la Banque interaméricaine de développement, des prêts et des contributions pour la construction d'écoles, notamment. Durant le mandat de ce gouvernement, plus de 89 écoles urbaines, 2 000 rurales et 1 500 améliorations de classes d'école sont construites. La formation des enseignants est améliorée et dispensée à un nombre grandissant d'entre eux[25]. Malgré les efforts déployés, les lacunes dans le système d'éducation persistent, les besoins des enseignants en matériel pédagogique demeurent et l'analphabétisme perdure.

Le pays, alors atteint d'un des pires taux de mortalité infantile du continent et d'importants problèmes de santé publique, le gouvernement de Banzer met sur pied sur un Code de la santé et un Plan national de santé publique. Dans le cadre de ces politiques, il fait construire deux hôpitaux pour enfants à La Paz et Santa Cruz, des hôpitaux à Sucre, Trinidad et Camiri, plusieurs micro-hôpitaux, un institut psychiatrique et plusieurs centres de santé à travers le pays, et ce, avec l'aide de pays tels que la République fédérale d'Allemagne, l'Espagne, la France, le Japon et les États-Unis[26].

Un recensement de la population est réalisé dans le pays en 1976, pour la première fois depuis 1950. Celui-ci permet de dénombrer 4 647 816 habitants[26].

Politique économique

En janvier 1974, le gouvernement décrète l'augmentation des prix, tenus artificiellement bas, du sucre, du riz, des nouilles et de la viande et octroie une compensation de 400 pesos aux employés et ouvriers, en excluant les paysans, ce qui suscite l'ire de ces derniers qui mettent en place des blocus sur les principales routes du pays, près de Cochabamba. Craignant un soulèvement communiste, Banzer déclare l'état de siège et des affrontements ont lieu entre les paysans et forces armées qui n'hésitent à ouvrir feu[27]. Cet événement, nommé le « massacre de la vallée » ou « massacre de Tolata » fait environ 200 morts ou disparus, met fin à l'alliance informelle militaro-paysanne qui subsistait jusqu'alors et constitue l'éveil de la classe paysanne qui débutera ses revendications[28],[29],[30].

Économiquement, la première présidence de Banzer est caractérisée par une relative prospérité. La valeur des exportations augmente considérablement durant sa première présidence, passant de 200 millions en 1970 à plus de 700 millions cinq ans plus tard. Le taux du produit intérieur brut passe de 3,8 % en 1970 à 6,7 % en 1975, soit deux points de pourcentage de plus que la moyenne latino-américaine et l'inflation chute de 64 % par an en 1970 à 12 % en 1975[31]. L'électrification de localités rurales et la construction de centrales hydroélectriques et thermiques et de gazoducs sont parmi les réalisations les plus réussies du gouvernement Banzer[32].

Se construisent aussi lors de la présidence de Banzer plusieurs infrastructures d'importance, telles que l'autoroute La Paz-El Alto, l'aéroport international Viru Viru et la gare ferroviaire de Puerto Quijarro[33].

Malgré cela, Banzer laisse une des plus importantes dettes extérieures de la Bolivie, soit 94 % de son PIB en 1978 (notamment en raison d'accords commerciaux très favorables au Brésil en échange du soutien au coup d’État)[5], et son gouvernement devient l'un des plus corrompus de l'histoire bolivienne.

Politique internationale

Déclaration d'Ayacucho

En décembre 1974, le général et président du Pérou, Juan Velasco Alvarado, invite les autres présidents d'Amérique latine pour commémorer le 150e anniversaire de la bataille d'Ayacucho, dernière grande bataille des guerres d'indépendance sud-américaines. En posant comme condition à sa présence que la question de la méditerranéité bolivienne soit abordée lors de cette rencontre, Banzer réussit à obtenir l'appui des gouvernements présents – péruvien, vénézuélien, colombien, panaméen, argentin et équatorien – en vue de la signature de la Déclaration d'Ayacucho qui soulignera que l'enclavement de la Bolivie demeure une question qui exige la plus grande attention. Malgré cette mention, le représentant chilien signe finalement ladite déclaration, après que le président chilien Augusto Pinochet a donné son accord, après plusieurs appels faits à ce dernier par les personnes présentes. Ceci fait suite à la déclaration commune signée précédemment en 1973 par le président péruvien Velasco Alvarado et Banzer qui affirmait « la compréhension du peuple péruvien pour la juste aspiration du peuple bolivien à trouver une solution à son statut de pays méditerranéen »[34].

Accord de Charaña

Thumb
Le général Hugo Banzer et le général Hernán Terrazas (à droite) en 1975.

En 1975, Banzer conclut avec le président du Chili, Augusto Pinochet, l'accord de Charaña, permettant de rétablir les relations entre les deux pays et ouvrant la voie au désenclavement de la Bolivie[35]. Des ambassadeurs seraient réciproquement nommés. Le , après avoir proposé un plan d'octroi de territoires à la Bolivie via son ambassadeur au Chili, Banzer accepte la contre-offre du Chili qui consiste en la cession d'un corridor longeant la frontière chiléno-péruvienne contre la cession par la Bolivie d'un territoire d'une superficie équivalente. Subséquemment, Banzer met sur pied une commission militaire en vue de déterminer quels territoires boliviens seraient échangés[36].

Rapidement, ces négociations entre les états bolivien et chilien suscitent une opposition du côté du Pérou qui considère que les terres données à la Bolivie doivent être des terres qui lui appartenaient préalablement à la guerre du Pacifique, et non des terres historiquement péruviennes. Le pays ne voit également pas d'un bon œil la nécessité de traverser un nouveau pays pour commercer vers le sud et la présence d'un nouveau port qui pourrait concurrencer un éventuel développement économique à Tacna[37]. Ce refus du Pérou et les protestations des nationalistes boliviens ne permettent à l'accord de se concrétiser. Les négociations patinent et ne laissent entrevoir aucun aboutissement. Devant l'impasse dans laquelle elle se trouvait, la Bolivie rompt les relations diplomatiques avec le Chili le [38]. Ce geste est perçu comme contre-productif dans les efforts de la Bolivie de retrouver un accès à la mer[39].

Opération Condor

Le régime d'extrême droite dirigé par Banzer lie naturellement le pays aux autres dictatures de droite ayant cours dans les autres pays d'Amérique latine[5]. Le gouvernement de Banzer participe à l'Opération Condor avec les gouvernements militaires de l'Argentine, du Brésil, du Paraguay, de l'Uruguay et du Chili. Les régimes dictatoriaux de ces États collaborent afin de capturer et exécuter les opposants politiques d'un régime qui se trouve en exil sur le territoire d'un autre régime. C'est ainsi que sera tué l'ancien président socialiste Juan José Torres en par le régime argentin[40].

Narcotrafic

Durant le gouvernement de Banzer, le trafic de drogue connut une expansion sans précédent qui dura jusqu'aux années 1980. Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo de Lyon, est intégré dans les services spéciaux afin de « rénover » les techniques de répression et reçoit la nationalité bolivienne. Entre 1971 et 1978, plusieurs centaines de personnes sont assassinées par le régime de Banzer, quatorze mille cinq cents sont incarcérées pour raisons politiques et des dizaines de milliers sont contraintes de s'exiler[17]. Banzer a cependant toujours nié son implication dans des activités liées à la production et au trafic de stupéfiants, notamment de cocaïne[41].

Fin de régime

Dans un contexte où les partis politiques, les syndicats et les associations civiques réclamaient de plus en plus la tenue d'élections, Banzer finit par convoquer des élections générales le pour le de l'année suivante, en décidant cependant de ne pas s'y présenter à titre de candidat. Selon son biographe, Alfonso Crespo, Banzer avait jugé qu'il était temps de rétablir l'ordre constitutionnel après avoir permis durant sa présidence le rétablissement de la stabilité économique et sociale du pays[42].

Afin de créer un climat favorable aux élecitons, Banzer décrète la veille de Noël 1977 une amnistie partielle pour des personnes exilées sous son régime. N'étaient pas visées par cette amnistie 348 personnes « considérées comme auteurs de guérilla, d'enlèvements, d'actes de terrorisme et de violence ». L'inclusion d'Hernán Siles et Juan Lechín parmi ces 348 personnes suscite mécontentement et protestations dans la population. Quatre femmes qui dirigeaient et participaient à des organisations sociales enclenchent une grève de la faim et exigent la tenue d'élections, bien que les motifs de cette grève soient mis en doute par le président Banzer. Elles sont rapidement imitées par une centaine de personnes. La fédération des mineurs (es) décrète une grève générale de 24 heures, douze jours après le début du jeûne des femmes et le climat social se dégrade. Banzer se ravise et décide de modifier le décret d'amnistie pour y imposer une amnistie illimitée et générale. Un deuxième décret permet par ailleurs le rétablissement du droit d'association, afin de démontrer un esprit de conciliation. Cette concession suscite du mécontentement au sein de certaines factions des forces armées[43].

Élections de 1978

Les factions civiles de la société s'affairent finalement à préparer leurs élections. Les forces armées travaillent également à la sélection d'un candidat présidentiel. Le général et ministre de l'Intérieur de 1974 à 1977 Juan Pereda Asbún est finalement choisi en comme candidat des forces armées, sous la bannière de l'Union nationaliste du peuple[43].

Le , lors de l'annonce des résultats électoraux par le tribunal électoral, des fraudes entraînant la victoire du candidat Pereda Asbún sont mises en évidence, ce qui le pousse – soutenu par les forces armées – à orchestrer un coup d’État dès le lendemain qui force Banzer à s'exiler en Argentine[43].

Remove ads

Entre les présidences

Résumé
Contexte

Sur demande du président Juan Pereda Asbún, Banzer accepte de devenir l'ambassadeur de Bolivie en Argentine, dans un contexte où ce dernier pays est en conflit imminent avec le Chili. Il n'occupe cette fonction que pendant 29 jours, puisque Pereda Asbún est déposé par le général David Padilla le [44].

Création de l'Action démocratique nationaliste

David Padilla, ayant annoncé son intention d'organiser prochainement des élections générales, Hugo Banzer revient à Santa Cruz avec l'intention d'y fonder un parti politique[5]. Le , il fonde à La Paz l'Action démocratique nationaliste (ADN), un parti rejoint rapidement par des professionnels, des fonctionnaires, des entrepreneurs et des hommes d'affaires qui font de lui un parti essentiellement urbain et bourgeois[45].

En vue des élections générales de 1979, Banzer est choisi comme candidat présidentiel pour représenter l'ADN. La campagne électorale se déroule dans le calme, mais Banzer sera finalement défait en arrivant en troisième place derrière Hernán Siles Zuazo de l'Union démocratique du peuple (UDP) et Víctor Paz Estenssoro du MNR. Devant un résultat très serré, l'UDP et le MNR font face à une impasse et peinent à s'entendre sur le candidat qui deviendra président. L'armée, qui détient toujours le pouvoir sous Padilla, exerce une pression afin que les dirigeants civils désignent un candidat. Il est finalement résolu que le président du Congrès, Wálter Guevara Arze, sera désigné président pour un an avec le mandat d'organiser de nouvelles élections[46].

Procès contre Banzer

Ancien ministre sous Alfredo Ovando Candía, contraint à l'exil lors du coup d'État du mené par Banzer et fondateur du Parti socialiste-1 après son retour au pays en 1977, Marcelo Quiroga Santa Cruz, maintenant élu député au Congrès, lance un procès parlementaire en responsabilité contre Banzer pour les actions commises durant ses années au gouvernement. Les griefs de Quiroga Santa Cruz sont nombreux, notamment les décrets de , la croissance excessive de la dette extérieure, la vente de terres publiques, l'immigration raciste, les disparitions et les exils, les massacres de paysans et les atteintes à la sécurité nationale. Le procès devait se terminer par un acquittement ou une mise en accusation par le parlement, auquel cas il serait transmis à la Cour suprême de justice. Cependant, celui-ci est suspendu en raison de troubles politiques et éventuellement frappé de caducité en raison des délais occasionnés[47].

Participation à la politique bolivienne

Ministre sous Banzer, le colonel Alberto Natusch Busch fomente en novembre 1979 un coup d'État contre le président Wálter Guevara Arze. Bien qu'en désaccord avec cette entreprise, Banzer ne le désavoue publiquement et quitte le pays vers les États-Unis. Ce coup d'État suscite la grogne populaire et se solde par ce qui sera nommé le Massacre de la Toussaint, faisant plus de 100 morts[48].

Banzer se présente également aux élections générales de 1980, convoquées par la présidente intérimaire Lidia Gueiler Tejada. Il finit cependant en troisième place après Hernán Siles Zuazo de l'UDP et Víctor Paz Estenssoro du MNR-A. Insatisfaites, les forces armées, dirigées par Luis García Meza Tejada fomentent un nouveau coup d'État. Celui-ci est mis en œuvre en juillet 1980 et renverse le gouvernement de Gueiler Tejada. Le gouvernement de García Meza reçoit l'approbation de plusieurs membres de l'ADN, bien que Banzer ne l'ait initialement ni appuyé ni dénoncé[49]. Les relations entre Banzer et le président García Meza se dégradent rapidement lorsque devenaient de plus en plus connues à l'international les activités de trafic de stupéfiants qui caractérisaient le gouvernement en place. Trouvant que celles-ci nuisaient à l'image des forces armées et du pays, Banzer retire formellement tout appui de l'ADN au gouvernement, ce qui incite les forces gouvernementales à persécuter l'ancien président, qui quitte peu après le pays vers l'Argentine[50].

En 1982, Banzer appuie le plan du président et général Guido Vildoso visant à transférer le pouvoir aux civils et considérer le vainqueur des élections de 1980, Hernán Siles Zuazo, comme le président devant entrer en fonction au mois d'octobre de cette année[51].

Tentatives électorales infructueuses

En vue des élections générales de 1985, Banzer propose un meilleur contrôle des « syndicats belliqueux » et un programme de redressement de l'économie rapide et radical[5]. Il arrive en première position au premier tour, devant Víctor Paz Estenssoro du MNR, mais doit subir un vote du Congrès pour choisir le président, vu qu'il n'obtient pas la majorité absolue. Paz Estenssoro l'emporte en obtenant l'appui de plusieurs tiers partis. Malgré la défaite, l'ADN de Banzer adopte une attitude conciliatrice et appuiera le décret 21060 du gouvernement du MNR visant à réduire l'hyperinflation qui frappe le pays[52].

En vue des élections générales de 1989, Banzer arrive en deuxième position après Gonzalo Sánchez de Lozada du MNR, mais s'allie avec Jaime Paz Zamora du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), candidat arrivé en troisième place, afin que celui-ci prenne la présidence du pays. Sous le nom d'Accord patriotique, il est convenu que le colistier de l'ADN, Luis Ossio Sanjinés, soit désigné vice-président[53].

Lors des élections générales de 1993, Banzer se présente sous la bannière de l'Accord patriotique, coalition formée de l'ADN et du MIR, mais arrive en deuxième position après Gonzalo Sánchez de Lozada du MNR. Surpris de son faible résultat, il décide de ne pas briguer la présidence lors du scrutin indirect par le Congrès qui doit désigner le président, laissant ainsi la place à Sánchez de Lozada. Cette reconnaissance rapide de sa défaite fait perdre à Banzer son influence dans le parti et dans la politique bolivienne. Il se retire peu après de la présidence de l'ADN et quitte la politique[53].

Retour en politique

Thumb
Hugo Banzer et le général Hernán Terrazas vers 1997.

Réticent, mais convaincu par des membres de son parti, Banzer accepte de revenir à la présidence de l'ADN en février 1995, annonçant une restructuration du parti. Jorge Quiroga, Fernando Kieffer et Enrique Toro sont les trois chefs adjoints désignés. En février 1997, Banzer et Quiroga sont repectivement désignés candidats présidentiel et vice-présidentiel de l'ADN pour les élections à venir. Le parti est appuyé par le Parti démocrate-chrétien, la Nouvelle force républicaine de Manfred Reyes Villa, la Phalange socialiste bolivienne et deux tiers partis[54]. Au premier tour des élections de 1997, Banzer remporte la première place avec 22,3 % puis obtient 79,7 % des voix du Congrès qui font office de second tour, ayant reçu l'appui des partis MIR, PDC, Condepa, NFR, UCS, FSB, FRI et KND, alliance connue comme la megacoalición[55].

Remove ads

Seconde présidence

Résumé
Contexte

Entrée en fonction

Après avoir été élu par scrutin indirect au second tour des élections avec 79,7 %, dans la nuit du 4 au , Hugo Banzer Suárez entre en fonction le pour un mandat de cinq ans, faisant de lui le premier dictateur militaire d'Amérique latine à revenir au pouvoir de manière démocratique. Les présidents Carlos Menem d'Argentine, Julio María Sanguinetti d'Uruguay, Ernesto Samper de Colombie, Fabián Alarcón d'Équateur, Juan Carlos Wasmosy du Paraguay, Alberto Fujimori du Pérou, Rafael Caldera du Venezuela, le vice-président du Brésil, Marco de Oliveira Maciel, et le prince Felipe d'Espagne assistent à la cérémonie d'investiture[56].

Ce second mandat à la tête de l'État est marqué par un retour aux politiques de son ancien gouvernement, notamment des politiques économiques néolibérales, qui avaient déjà cours dans le pays depuis l'arrivée au pouvoir de Paz Estenssoro en 1985. Les partis qui appuyaient l'ADN lors des élections quittent progressivement le gouvernement. Lors du départ de Banzer en 2001, seuls le MIR et l'UCS apportent toujours leur soutien[5].

Plan Dignidad

Au cours de sa seconde présidence, Hugo Banzer lance le plan Dignidad qui cherche à contrôler la culture de la coca et à éliminer totalement la production de cocaïne en Bolivie avant 2001. Des affrontements entre les cocaleros et les forces de l'ordre font des morts de part et d'autre. Evo Morales, député, producteur et leader des cocaleros, qui sera président de l'État bolivien de 2006 à 2019, est alors un de ses principaux opposants[57]. Les cocaleros jugeaient insuffisantes les compensations offertes par le gouvernement pour l'éradication de leurs plantations de coca. Fin 2000, moins de 2 000 hectares des 37 000 hectares de plantations de coca cultivées trois ans auparavant dans la province du Chapare, importante région productrice de coca, subsistaient encore. L’éradication totale, à laquelle participent des militaires américains, est cependant reportée à août 2002[5].

Protestations sociales

Sur le plan économique, la seconde présidence de Banzer est caractérisée par un taux de croissance passant de 5 % en 1998 à 0,4 % en 1999, par la conclusion d'un accord en septembre 1998 avec le Fonds monétaire international et la Banque interaméricaine de développement pour réduire la dette multilatérale et par l'incapacité du gouvernement à lutter contre l'extrême pauvreté[5].

En 2000, d'importantes protestations sociales éclatent lors de la privatisation de l'approvisionnement en eau de la ville de Cochabamba et de l'augmentation subséquente des tarifs de l'eau par la compagnie Aguas del Tunari, filiale du groupe nord-américain Bechtel. Le soulèvement, connu sous le nom de « guerre de l'eau », combiné à la grève des policiers de La Paz qui réclament une augmentation de salaire, conduit Banzer à déclarer un état de siège de 90 jours, le [55]. Les protestations continuent néanmoins causant morts et blessés. Afin de calmer les tensions, Banzer décide de suspendre le projet de privatisation de l'eau à Cochabamba. Le calme revient et l'état de siège est levé le .

Pendant quelques jours en octobre 2000, dans un vaste contexte de protestation nationale, des affrontements surviennent entre des agriculteurs et les forces de l'ordre en raison de l'augmentation des prix de produits de première nécessité. Celui-ci s'amenuise lorsque le président abroge la loi foncière et la nouvelle taxe imposée sur l'eau[5].

Démission et mort

Dans ses dernières années au pouvoir, l'ex-dictateur est atteint d’un cancer du poumon. Celui-ci avait fumé la cigarette une bonne partie de sa vie. Informé de la maladie le , il cède la présidence du pays à son vice-président, Jorge Quiroga Ramírez, de manière intérimaire. N'anticipant aucun rétablissement dans sa maladie, Banzer démissionne le de la même année, laissant définitivement le pouvoir au vice-président, Jorge Quiroga.

En , la Cour suprême de justice de Bolivie rejette la demande d'extradition d'un juge fédéral argentin qui désirait interroger Banzer pour une plainte déposée par des familles de citoyens argentins disparus en Bolivie entre 1971 et 1978, dans le cadre de l'opération Condor[5].

Hugo Banzer meurt le des suites de son cancer, cinq jours avant ses 76 ans, à Santa Cruz de la Sierra[58],[59],[55].

Remove ads

Notes et références

Liens externes

Loading related searches...

Wikiwand - on

Seamless Wikipedia browsing. On steroids.

Remove ads