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écrivaine et réalisatrice franco-algérienne (1936-2015) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Assia Djebar (en arabe : آسيا جبار), nom de plume de Fatima-Zohra Imalhayène, née le à Cherchell (département d'Alger) dans l’actuelle wilaya de Tipaza[1] (Algérie) et morte le à Paris, est une femme de lettres algérienne d'expression française. Elle obtient la nationalité française en 1967[2].
Fauteuil 5 de l'Académie française | |
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Naissance | |
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Décès | |
Noms de naissance |
Fatima-Zohra Imalhayène, فاطمة الزهراء إيمالاين |
Pseudonyme |
Assia Djebar |
Nationalité | Algérienne Française |
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Activités | |
Conjoint |
A travaillé pour | |
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Membre de | |
Distinctions | Liste détaillée Neustadt International Prize for Literature () Prix de la revue Études françaises () Grand prix de la francophonie () Prix de la paix des libraires allemands () Docteure honoris causa de l'université de Vienne Chevalier de la Légion d'honneur Docteure honoris causa de l'université Concordia Commandeur des Arts et des Lettres |
La Femme sans sépulture (), Nulle part dans la maison de mon père (), Ces voix qui m'assiègent: En marge de ma francophonie (d) (), L'Amour, la fantasia (), Femmes d'Alger dans leur appartement (d) () |
Auteure de nombreux romans, nouvelles, poésies et essais, elle écrit aussi pour le théâtre et réalise plusieurs films. Assia Djebar est considérée comme l'une des auteurs les plus célèbres et les plus influents du Maghreb. Elle est élue à l'Académie française en 2005, devenant ainsi la première écrivaine nord-africaine à y être reçue.
Assia Djebar naît le 30 juin 1936 dans une famille de la petite bourgeoisie traditionnelle algérienne[3]. Son père, Tahar Imalhayène, est un instituteur (issu de l’École normale d’instituteurs de Bouzaréa) chenoui originaire de Gouraya. Sa mère est Bahia Sahraoui. L'enfant porte le même nom que sa tante (la sœur de Tahar), Fatma-Zohra Imalhayène (madame Abid).
Assia Djebar passe son enfance à Mouzaïaville (Mitidja), étudie à l'école française, puis dans une école coranique privée. À partir de 10 ans, elle étudie au collège de Blida et, faute de pouvoir y apprendre l'arabe classique, elle commence à apprendre le grec ancien, le latin et l'anglais. Elle obtient le baccalauréat en 1953 puis entre en hypokhâgne au lycée Bugeaud d’Alger (actuel lycée Emir Abdelkader)[4].
En 1954, elle entre en khâgne au lycée Fénelon (Paris). L'un de ses professeurs est Dina Dreyfus[4]. L'année suivante, elle intègre l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, où elle choisit l'étude de l'Histoire. Elle est la première femme algérienne à intégrer l'École[5]. À partir de 1956, elle décide de suivre le mot d'ordre de grève de l'UGEMA, l’Union générale des étudiants musulmans algériens, pour protester contre la répression en Algérie, et ne passe pas ses examens. Elle est exclue de l'école de la rue de Sèvres pour avoir participé à la grève[4]. C'est à cette occasion qu'elle écrit son premier roman, La Soif[4]. Pour ne pas choquer sa famille, elle adopte un nom de plume, Assia Djebar : Assia, la consolation, et Djebar, l'intransigeance. Elle épouse l'écrivain Walid Garn, pseudonyme de l'homme de théâtre Ahmed Ould-Rouis, puis quitte la France pour l'Afrique du Nord.
Le Général de Gaulle lui-même demande sa réintégration dans l’École en 1959 en raison de son « talent littéraire »[6]. À partir de cette année-là, elle étudie et enseigne l'histoire moderne et contemporaine du Maghreb à la Faculté des lettres de Rabat. En parallèle, aidée par l'islamologue Louis Massignon, elle monte un projet de thèse sur Lalla Manoubia, une sainte matrone de Tunis.
Le , elle retourne en Algérie. Elle est nommée professeure à l'université d'Alger[7]. Elle y est la seule professeure à dispenser des cours d’histoire moderne et contemporaine de l'Algérie. Dans cette période de transition post-coloniale, la question de la langue de l'enseignement se pose. L'enseignement en arabe littéraire lui est imposé, ce qu'elle refuse. Elle quitte alors l'Algérie[4].
En 1965, elle décide d'adopter, avec Walid Garn, l'orphelin Mohamed Garne[8].
De 1966 à 1975, elle réside le plus souvent en France, et séjourne régulièrement en Algérie. Elle épouse en secondes noces Malek Alloula, dont elle se sépare par la suite.
Pendant une dizaine d'années, elle délaisse l'écriture pour se tourner vers un autre mode d'expression artistique, le cinéma. Elle réalise deux films, La Nouba des femmes du mont Chenoua en 1978, long-métrage qui lui vaut le prix FIPRESCI à la Mostra de Venise 1979, et un court-métrage, La Zerda ou les chants de l'oubli, en 1982[4].
De 1997 à 2001, elle dirige le Centre d'études francophones et françaises, à la suite d'Édouard Glissant, à l'université d’État de Louisiane[9].
En 1999, elle soutient sa thèse à l'université Paul-Valéry Montpellier 3, au sujet de sa propre œuvre[10]. La même année, elle est élue membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Se partageant entre la France et les États-Unis, elle enseigne à compter de 2001 au département d'études françaises de l'université de New York[11].
Le 16 juin 2005, elle est élue au fauteuil 5 de l'Académie française, succédant à Georges Vedel, et y est reçue le 22 juin 2006[4]. Elle est docteur honoris causa de l'université de Vienne (Autriche), de l'université Concordia de Montréal (Canada) et de l'université d’Osnabrück (Allemagne).
Elle meurt le 6 février 2015[12] à Paris[13]. Elle est inhumée, le 13 février 2015 dans sa ville natale de Cherchell, à 100 km à l'ouest d'Alger, en présence de ses proches, de personnalités littéraires et politiques et d'une foule nombreuse. Près d'une centaine de personnalités du monde des arts et des lettres avaient défilé la veille devant la dépouille de la romancière au Palais de la culture à Alger, où elle avait été transférée pour un ultime hommage après son rapatriement par avion de France[14].
Elle est docteure honoris causa de plusieurs universités :
Sociétés savantes :
Les œuvres de Assia Djebar partent souvent de l’individuel, voire de l’autobiographique, pour évoquer des thèmes collectifs. Elle a ainsi à plusieurs reprises dépeint la situation de sa génération, confrontée aux valeurs de deux communautés et de deux cultures[19].
Parmi ses premières œuvres, Les Enfants du nouveau monde, en 1962, et Les Alouettes naïves en 1967, se placent durant la guerre d'indépendance algérienne (qui n’est pas terminée au moment où le premier de ces romans est écrit), et évoquent le rôle des femmes au quotidien et dans ce conflit spécifique, leur claustration dans la société traditionnelle algérienne et leur désir d’émancipation. Femmes d’Alger dans leur appartement, en 1980, est un recueil de nouvelles qui emprunte son titre aux tableaux d'Eugène Delacroix et de Pablo Picasso. Au-delà du dialogue avec ces œuvres picturales, c’est l’histoire des femmes d’Alger, du pouvoir patriarcal et de la colonisation[19]. Loin de Médine, en 1991, rappelle les événements qui entourent les derniers jours du Prophète Mahomet et le rôle des femmes dans ces événements[20].
En 1996, dans Le Blanc de l’Algérie, elle s’insurge contre le retour d’une terreur meurtrière en Algérie, et tente de remonter le fil du temps pour rendre intelligible l’origine du mal[19].
En 2003, son ouvrage La Disparition de la langue française est consacré à cette langue imposée puis assumée comme langue d’écriture[19].
Nulle part dans la maison de mon père, en 2007, est un récit intimiste sur la fin de son adolescence, le refus d’une société patriarcale, les interdits qui étouffaient sa vie à l'époque et la liberté dont semblaient jouir, en regard, ses condisciples européennes[19][21].
Les œuvres d'Assia Djebar ont été traduites en 21 langues.
En 2016, la Journée Assia Djebar est instaurée à Montréal, elle est célébrée annuellement le 16 juin par l’Union des écrivaines et écrivains québécois (UNEQ), l’organisme Racines et Confluences, les éditions Mémoire d'encrier et la compagnie de production artistique et cinématographique SN Production[22],[16].
Le Prix Assia Djebar du roman est un prix littéraire algérien créé en 2015 pour promouvoir la production littéraire algérienne.
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