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peintre et graveur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Marc Chagall (en russe : Марк Захарович Шагал, Mark Zakharovitch Chagal ; en biélorusse : Марк Захаравiч Шагал, Mark Zakharavitch Chagal), né Moïche Zakharovitch Chagalov (en russe : Мойшe Захарович Шагалов), est un peintre et graveur né le à Liozna dans la voblast de Vitebsk en Biélorussie (alors Empire russe), naturalisé français en 1937 et mort le à Saint-Paul-de-Vence où il est enterré.
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Moïche Zakharovitch Chagalov |
Pseudonyme |
Shagal, Moishe |
Nationalité | |
Activité | |
Formation |
École des beaux-arts de Saint-Pétersbourg |
Maîtres | |
Représenté par |
Artists Rights Society, Comité Marc Chagall (d) |
Personne liée | |
Lieux de travail | |
Mouvement | |
Influencé par | |
Conjoints |
Bella Rosenfeld (de à ) Virginia Haggard (d) (de à ) Valentina Brodsky (d) (de à ) |
Enfants |
Ida Chagall (en) David McNeil |
Distinctions | |
Site web |
Coupole de l'Opéra Garnier à Paris |
Chagall est l'un des plus célèbres artistes installés en France au XXe siècle, avec Pablo Picasso. Son œuvre, sans se rattacher à aucune école, présente des caractéristiques du surréalisme et du néo-primitivisme. Inspirée par la tradition juive, la vie du shtetl (village juif en Europe de l'Est) et le folklore russe, elle élabore sa propre symbolique, autour de la vie intime de l'artiste. Chagall s'est essayé, outre la peinture sur toile, à la gravure, à la sculpture, à la céramique, à la poésie, à la peinture sur vitrail, sur émail, etc.[1].
Chagall est né le à Liozna[2] dans la voblast de Vitebsk, en Biélorussie (laquelle appartenait alors à l'Empire russe), dans une famille juive hassidique. La ville compte une importante communauté juive. Sa mère tenait une épicerie et son père était ouvrier saumurier à l'entrepôt de harengs Janchnine[3], tandis que son grand-père était précepteur et chantre à la synagogue.
Vitebsk restera dans l'imaginaire de Chagall le paradis naïf de l'enfance, et le peintre le représentera dans de nombreuses toiles, dans sa jeunesse mais aussi plus tard[4]. En 1906, Chagall entame sa première formation artistique au sein de la seule école d'art qu'abrite Vitebsk, ouverte par un peintre académique Iouri Pen. Chagal dira que Pen « vit dans ma mémoire comme mon père »[5]. À l'instigation de sa mère, il devient également apprenti en retouche de négatifs chez Abel Miestchaninov, frère du sculpteur Oscar Miestchaninov.
Avec son ami Viktor Mekler, Chagall part pour Saint-Pétersbourg durant l'hiver 1906-1907. Après un premier refus à l'École des arts et métiers du baron Stieglitz, Chagall s'inscrit à l'école de dessin fondée par la Société impériale pour la protection des beaux-arts, dirigée par le peintre et philosophe Nicolas Roerich. En septembre 1909, Chagall entre dans la prestigieuse école d'art Zvantseva où enseigne le peintre Léon Bakst, artiste célébré à Paris pour ses décors et ses costumes des Ballets russes de Serge de Diaghilev.
Il part pour Paris en 1911[3]. Il y est témoin de mouvements picturaux, tels que le fauvisme finissant et le cubisme naissant. Le premier lui inspire la couleur pure, gaie et claire, le second une certaine déconstruction de l'objet. Il découvre notamment les toiles de Robert Delaunay, Jean Metzinger, Henri Rousseau, Albert Gleizes. Néanmoins, jamais Chagall n'adhèrera pleinement à un mouvement ou à une école. Dans le même temps, il passe de nombreuses journées au musée du Louvre, où il étudie Eugène Delacroix, Théodore Géricault, Antoine Watteau, Gustave Courbet[6].
Il se lie d'amitié avec le poète Blaise Cendrars, qui est l'un des seuls habitants de la bohème parisienne à parler le russe. Cendrars lui présente, entre autres, Robert Delaunay et Guillaume Apollinaire, qui seront fascinés par sa liberté dans l'utilisation de la couleur[7].
Selon la femme de lettres Nina Berberova, Marc Chagall adhère en 1912 à la franc-maçonnerie[8]. Influencé par Apollinaire, il semble épouser les philosophies ésotériques (l'alchimie et la kabbale) dans son célèbre tableau Hommage à Apollinaire (1913) où il aborde pour la première fois la figure de l'androgyne[9].
Tout en adoptant Paris comme sa deuxième ville natale, il n'oublie pas ses origines russes. Pour preuve : même lorsqu'il peint les ponts de la Seine ou la tour Eiffel, on peut reconnaître des éléments de décor inspirés de ses souvenirs d'enfance qui ne le quitteront jamais. Il expose ses travaux pour la première fois en 1914 au Salon des indépendants. Dans le même temps, il se rend à Berlin, où il expose dans la galerie Der Sturm avec Paul Klee et Alfred Kubin. Il a ensuite une exposition personnelle dans cette galerie. C'est un succès[10].
En 1914, il est de retour à Vitebsk pour une courte durée, pense-t-il, mais la Première Guerre mondiale empêche tout retour à Paris. En 1915, il épouse Bella Rosenfeld ; leur fille Ida naît le . Pendant cette période, Chagall peint surtout la vie de la communauté juive, qui est persécutée car soupçonnée d'espionnage par l'état-major russe. La famille de Chagall offre l'hospitalité à de nombreux juifs expulsés, notamment venus de la frontière lituanienne. Dans ces circonstances, sans être pieux, le peintre renoue avec sa culture hassidique. Ses œuvres témoignent de son respect pour le peuple juif[11].
Il expose à de nombreuses reprises entre 1916 et 1917, notamment, au Bureau artistique de Nadejda Dobytchina et au Vallet de Carreau. Après la révolution russe, il devient « commissaire aux beaux-arts » et responsable de la vie artistique de Vitebsk. Il organise de nombreuses expositions d'artistes de Moscou et de Vitebsk avec Abram Brazer. Il crée une école d'art qui ouvre ses portes en 1919 : l'École artistique de Vitebsk. Kasimir Malevitch, qui devient rapidement le leader radical de la jeunesse artistique, vient y participer puis prend le relais de Chagall. De retour d'un voyage à Moscou, Chagall apprend que l'école a été rebaptisée « Académie suprématiste ». Il repart alors pour Moscou où il crée les décors pour le théâtre d'Art juif[12].
Pour la critique d'art Maria Berezanskaïa, l'idole principale de Chagall en Russie était le peintre symboliste Mikhaïl Vroubel. Dans son autobiographie[13], il s'appelle lui-même « disciple de Vroubel ». Une continuité de nature stylistique est difficile à tracer entre les deux artistes, mais Chagall n'en est pas moins l'héritier d'une puissante tradition mythologique créé par Vroubel. L'art de Vroubel puis celui de Chagall procèdent tous deux de la transformation totale du monde visible : les objets sont encadrés dans des supports matériels aux significations spirituelles infinies. Des détails insignifiants participent chez les deux artistes à la grande dynamique d'un monde en mutation [14].
Il retourne en 1922 à Berlin puis à Paris. Ses œuvres sont connues aux États-Unis où des expositions sont organisées. En 1923, Chagall fait la connaissance d'Ambroise Vollard, marchand et éditeur de livres qui, ensuite, lui commande notamment trente gouaches et cent eaux-fortes illustrant les Fables de La Fontaine (1926-1927), cent dix-huit eaux-fortes pour Les Âmes mortes, de Nicolas Gogol (1923-1925) mais aussi, et surtout, des illustrations pour la Bible (1930).
Entre 1927 et 1929, Marc Chagall s'installe au mas Lloret, à Céret[15].
Au début des années 1930, il voyage beaucoup avec sa famille. À partir du , il prend la nationalité française pour fuir l'antisémitisme de l'Europe centrale. C'est cette année-là qu'il fait la connaissance du peintre hongrois Imre Ámos (1907-1944 ou 1945) à Paris, qui s'est ensuite inspiré de son style dans certaines de ses peintures. À la fin du printemps 1941, Chagall est arrêté et doit son salut au journaliste américain Varian Fry, qui lui permet de rejoindre les États-Unis[16]. Il vit alors en exil à New York, comme de nombreux intellectuels français[17],[18].
Sa femme, Bella, meurt en 1944 ; cet événement marque le choix de ses sujets à cette époque.
Il rencontre en 1945 Virginia Haggard, mariée à John McNeil dont elle n'est pas divorcée. Marc et Virginia ont un fils en 1946, le futur chanteur et auteur-compositeur David McNeil[19], lequel porte le nom du mari de sa mère. Il a raconté ses souvenirs d'enfance avec son père dans Quelques pas dans les pas d’un ange.
Après la Seconde Guerre mondiale, les œuvres de Chagall sont à nouveau exposées en Europe. Il retraverse l'océan Atlantique en 1948, pour s'installer à Vence, sur la Côte d'Azur où il aide Frans Krajcberg à partir pour le Brésil.
Il rompt avec Virginia et se remarie en 1952 avec Valentina Brodsky (1905-1993) dite Vava.
La Fondation Maeght vend ses œuvres à travers le monde entier. Ses techniques se diversifient : céramiques, sculptures, mosaïques, vitraux, lithographies. Il continue de peindre des décors, conçoit des costumes pour l'opéra, notamment La Flûte enchantée.
En 1970, il représente une grive et une mère offrant du raisin à un enfant pour l'étiquette du célèbre vin bordelais Château Mouton Rothschild[20].
Il peint ses premiers vitraux en 1959 pour la cathédrale Saint-Étienne de Metz[21].
Ensuite il a dessiné notamment les vitraux de l'église Saint-Étienne de Mayence. Cet ordre est né grâce à la médiation du prêtre local Klaus Mayer. Les vitraux de l'église de Mayence, où il y avait déjà eu de violentes persécutions des Juifs au Moyen Âge, sont censés être un signe permanent de solidarité judéo-chrétienne et de compréhension internationale. Chagall a été en mesure d'achever un total de neuf fenêtres d'église au moment de sa mort.
Chagall finit sa vie à Saint-Paul-de-Vence, célèbre et reconnu dans le monde entier.
À la fin des années 1980, peu après sa mort, éclate l'affaire Chagall, où des dizaines de ses œuvres sont dérobées et écoulées sur le marché de l'art : elle s'achève par l'arrestation et la condamnation de trois marchands d'art.
En 1930, le marchand d'art et ami de Chagall, Ambroise Vollard, lui commande une série d'illustrations sur la Bible. Celui qui décrit le texte sacré comme « la plus grande source de poésie de tous les temps », exécute alors une quarantaine de gouaches, avant d'entamer une série d'eaux-fortes qui sont insérées au sein de la Bible de Genève : 105 gravures figurent diverses scènes-clés de l'Ancien Testament. À la main, Chagall les rehausse toutes d'un peu de gouache. Ses sujets de prédilection sont les prophètes, les patriarches, les guerriers et les rois. Surtout, il fait des liens entre le passé et le présent, entre la persécution de Jésus et celle que les Juifs subissent en Europe dans les années 1940[22].
Ce travail monumental est à l'origine du message biblique qui propose un cycle décoratif relatant l'histoire biblique, terminé en 1966. Chagall en fait don à l'État français qui, au grand bonheur de Chagall, l'expose au Louvre avant d’inaugurer en 1973 le musée national du message biblique Marc-Chagall à Nice, en présence d'André Malraux.
« Il est éveillé
Tout à coup, il peint
Il prend une église et peint avec une église
Il prend une vache et peint avec une vache
Avec une sardine
Avec des têtes, des mains, des couteaux… »
Blaise Cendrars, Dix-neuf poèmes élastiques, extrait de « Portrait ou Marc Chagall », 1919.
Pendant la période nazie, de nombreuses œuvres de Marc Chagall ont été spoliées. Des pièces comme L'Échelle de Jacob[23], Le Père[24],[25],[26], Scene Allégorique[27] et Au-dessus de Vitebsk[28] ont disparu de leurs collections originales et ont été dispersées dans des musées et collections privées. Après la guerre, des demandes de restitution ont été faites par les héritiers des anciens propriétaires, et bien que certaines œuvres aient été restituées, de nombreuses œuvres sont encore recherchées[29].
Les œuvres de Marc Chagall sont très recherchées par les collectionneurs du monde entier.
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