Jérusalem
ville du Proche-Orient, sainte pour les trois religions abrahamiques De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Jérusalem (prononciation française /ʒe.ʁy.za.lɛm/), en hébreu : יְרוּשָׁלַיִם, Yerushaláyim (dénomination israélienne officielle) ; en arabe : القدس, al Quds ou اورشليم, Ûrshalîm (dénomination israélienne officielle en arabe), est une ville du Proche-Orient, qui occupe une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane, et une place importante dans le conflit en cours depuis la création d'Israël en 1948.
Jérusalem | |
De haut en bas, de gauche à droite :
Mont du Temple, Angle sud-ouest des murs de soutènement du Temple de Jérusalem et dôme de la mosquée Al Aqsa, Tour de David, Mur des Lamentations, Yad Vashem, Dôme du Rocher, Église du Saint-Sépulcre, Sanctuaire du Livre. |
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Noms | |
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Nom hébreu | יְרוּשָׁלַיִם (Yerushalayim) |
Nom arabe | القدس (al Quds) ou اورشليم (Ûrshalîm) [dénomination israélienne officielle en arabe] |
Administration | |
Maire Mandat |
Moshe Lion depuis 2018 |
Démographie | |
Gentilé | Hiérosolymitain |
Population | 966 346 hab. (2022[1]) |
Densité | 7 725 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 31° 47′ 00″ nord, 35° 13′ 00″ est |
Altitude | Min. 570 m Max. 857 m |
Superficie | 12 510 ha = 125,1 km2 |
Revendications | |
Israël | La ville entière est intégrée et administrée par Israël[Note 1] |
Palestine | Jérusalem-Est[Note 2] |
Localisation | |
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En 1947, dans son plan de partage de la Palestine mandataire, l'ONU dote Jérusalem d'un statut international, mais la guerre israélo-arabe de 1948-1949 aboutit à un partage de la ville entre occupation israélienne (Jérusalem-Ouest) et jordanienne (Jérusalem-Est). Après la guerre des Six Jours (1967), Israël occupe la totalité de la ville (ainsi que la Cisjordanie et la bande de Gaza) et prononce unilatéralement l'annexion de Jérusalem-Est en 1980, mesure non reconnue internationalement. Plus récemment, le gouvernement israélien a transféré les organes de l'État à Jérusalem, mais la plupart des pays maintiennent leur ambassade à Tel Aviv-Jaffa, toujours internationalement reconnue comme capitale.
Chef-lieu du district de Jérusalem, la ville est donc aujourd'hui aussi de facto la capitale d'Israël, tandis que sa partie Est est la capitale proclamée et revendiquée par l'État de Palestine[2]. La ville abrite également les territoires enclavés du domaine national français en Terre sainte.
La municipalité de Jérusalem s’étend sur 125,1 km2 pour une population de 966 346 habitants en janvier 2022[1]. Cette population est très variée, avec des religions, des origines et des conditions socio-économiques diverses. La vieille ville, d'une superficie de moins de 1 km2, est historiquement composée de quatre quartiers : un quartier musulman, un quartier arménien, un quartier chrétien et un quartier juif. Ces quartiers sont entourés de remparts dont la partie visible aujourd'hui a été construite entre 1535 et 1538. Cependant, les recherches menées par Vincent Lemire[3] montrent le caractère exogène (apportée par les pèlerins et les visiteurs) de cette cartographie tardive (XIXe siècle) qui met de côté la complexité des dynamiques de peuplements des différentes parties de la vieille ville.
Située à environ 800 m d'altitude, Jérusalem est éloignée de 33 km de la mer Morte, dont l'altitude est de 400 m au-dessous du niveau de la mer.
Jérusalem est mentionnée pour la première fois dans des textes égyptiens dits « d'exécration »[4],[5] datant des XXe et XIXe siècles av. J.-C., période durant laquelle Canaan est vassal de l'Égypte pharaonique. La prononciation exacte de son nom ne ressort pas clairement des hiéroglyphes : on trouve Rushalimu, Urushalimu ou d'autres variantes[6],[4].
Par la suite, le nom de Jérusalem apparait dans la Bible hébraïque (Yeroushalayim), dans des textes grecs (dont le Nouveau Testament chrétien) et dans des textes latins, païens ou chrétiens. [réf. nécessaire]
On peut supposer[réf. nécessaire] que le nom de la ville évoque le culte du dieu Shalim (ou Shalimu), car il était courant alors d'appeler les cités du nom de la divinité locale[6],[4]. Le nom de Jérusalem renvoie donc probablement au culte de ce dieu cananéen, populaire dans le panthéon ouest-sémitique, divinité de la création, de l'exhaustivité[pas clair] et du soleil couchant. Le début du mot « Jérusalem » vient de uru, qui signifie « fondation » ou « ville fondée par », le sens primitif du nom est donc « ville fondée par Shalem » ou « sous la protection de Shalem »[7],[8],[9].
Une étymologie détaillée a été donnée en 1859 par Nathaniel Philippe Sander et Isaac Léon Trenel : le nom de « Yeru-Shalem » provient selon eux de deux racines chaldéennes, YeRu (« ville », « demeure »[Note 3]) et ShLM, qui a donné les mots shalom en hébreu et salaam en arabe. Cette racine trilitère ShLM signifie aujourd'hui « paix », mais le sens initial était celui de la complétude, de l'achèvement[10],[Note 4], d'où dérive ultérieurement la notion de paix[4].
En 130 après J.-C., l'empereur Hadrien donne à Jérusalem le nom romain d'« AElia Capitolina »[11], Aelius étant le nom de gens d'Hadrien et Capitolinus[Note 5] en hommage au dieu Jupiter capitolin[Note 6] et procède à une refondation rituelle de la ville. Le nom couramment utilisé est Aelia.
Devenue païenne, elle est la seule ville de l'Empire romain à être interdite aux Juifs, mesure qui reste en vigueur jusqu'à la conquête musulmane (638).
En 325, l'empereur Constantin lui rend son nom, mais la christianise[12].
Après la conquête de la région par l'armée musulmane du calife Omar en 638, elle devient en arabe Iliya (إلياء) ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent de l'hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), expressions désignant le temple de Jérusalem ou la mosquée al-Aqsa (الاقصى), lieu du départ de l'ascension de Mahomet, située sur l'emplacement du temple juif détruit en 70[13],[14].
La frise chronologique ci-dessous présente la succession des principales puissances ou dynasties qui ont administré Jérusalem.
Jérusalem, couvrant 126 km2, est localisée entre la mer Méditerranée (à 52 km) et la mer Morte (à 22 km), sur l'extrémité d'un plateau calcaire des monts de Judée (dont le mont Sion) à 745 m d’altitude moyenne, avec de fortes variations entre monts et vallées (de 700 à 800 m environ). Le mont Scopus culmine à 826 m au nord-est et la vallée du Cédron descend sous les 600 m.
Le point le plus élevé est le mont Herzl à l'ouest, avec 834 m[Note 7].
Les sept collines de Jérusalem[15] sont une région vallonnée des montagnes de Judée, dont les longues extensions se poursuivent vers la plaine côtière à l'ouest et la vallée du Jourdain à l'est[16]. En leur centre, Jérusalem est construite à quelque 700 mètres d'altitude[17] sur cette série de collines : l'Ophel avec les monts Moriah, Herzl (הר הרצל) à l'ouest, des Oliviers (har HaZeitim) s'étendant sur plus de trois kilomètres[18] avec les monts Sion, Scopus (הַר הַצּוֹפִים, har HaTsofim) au nord-est... Ces collines lui ont servi de défense naturelle par le passé et ont joué un rôle dans son développement au cours des siècles. Elles figurent actuellement des sortes de frontières invisibles entre les divers quartiers de Jérusalem[19].
La cité est entourée de toutes parts de plusieurs vallées, parmi lesquelles celles au nord, proches du plateau, sont moins prononcées que celles situées dans les autres directions. Les deux principales se trouvent au nord-ouest de la ville actuelle.
À l'est de l'ancien Temple, la vallée de Josaphat descend une partie de la ville pour devenir vallée du Cédron (nahal Kidron, נחל קדרון) ; elle sépare la Vieille ville du mont des Oliviers. La vallée Beth Zeita part du nord de la vieille ville actuelle et suit presque en parallèle la vallée du Cédron qu'elle rejoint au pied de l'extrémité nord-est de l'esplanade du Temple ; on y trouve des piscines (de Bethesda, d'Israël) alimentées par les pluies que charrie la vallée. À l'ouest, se trouve l'étroite vallée de la Géhenne (Guei Hinnom, גיא הנום) qui débute près de la porte de Jaffa où ici, elle prend parfois le nom de « vallée de Mamilla »[20], se poursuit vers le sud puis bifurque vers l'est pour rejoindre la vallée transversale (débutant vers la porte de Jaffa et allant d'est en ouest) et celle de Kidron. Entre Kidron et Hinnom, et à l'ouest du mont Moriah, la fine vallée transversale du Tyropéon[Note 8] qui a été en partie comblée (et en partie par l'actuelle rue King David), commence au nord de la porte de Damas, entre dans la Vieille ville et continue sa route pour rencontrer la vallée latérale jusqu'à la Porte des Maghrébins (dite aussi « des Immondices »). Ces trois grandes vallées se rejoignent au sud de l'Ophel, notamment au niveau de l'actuelle piscine de Siloé, pour s'unir en Cédron qui s'élargit et poursuit sa course plus loin au sud-est, vers le désert de Judée et la mer Morte[19].
Jérusalem possède un climat méditerranéen et dans une moindre mesure montagnard[21]. Il est marqué par une forte chaleur et une forte aridité en été. Seuls quelques mois en hiver sont humides, en particulier février, où tombe plus de la moitié des précipitations totales annuelles. La neige survient une année sur trois, particulièrement en février ; certaines tempêtes ont fait beaucoup de dégâts, notamment en , avec 50 cm de neige, et en 1920, avec 97 cm[22].
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 6,4 | 6,4 | 8,4 | 12,6 | 15,7 | 17,8 | 19,4 | 19,5 | 18,6 | 16,6 | 12,3 | 8,4 | 13,5 |
Température moyenne (°C) | 9,1 | 9,5 | 11,9 | 17,1 | 20,5 | 22,7 | 24,2 | 24,5 | 23,4 | 20,7 | 15,6 | 11,2 | 17,5 |
Température maximale moyenne (°C) | 11,8 | 12,6 | 15,4 | 21,5 | 25,3 | 27,6 | 29 | 29,4 | 28,2 | 24,7 | 18,8 | 14 | 21,5 |
Record de froid (°C) | −6,7 | −2,4 | −0,3 | 0,8 | 7,6 | 11 | 14,6 | 15,5 | 13,2 | 9,8 | 1,8 | 0,2 | −6,7 |
Record de chaleur (°C) | 23,4 | 25,3 | 27,6 | 35,3 | 37,2 | 36,8 | 40,6 | 44,4 | 37,8 | 33,8 | 29,4 | 26 | 44,4 |
Précipitations (mm) | 133,2 | 118,3 | 92,7 | 24,5 | 3,2 | 0 | 0 | 0 | 0,3 | 15,4 | 60,8 | 105,7 | 554,1 |
Nombre de jours avec précipitations | 12,9 | 11,7 | 9,6 | 4,4 | 1,3 | 0 | 0 | 0 | 0,3 | 3,6 | 7,3 | 10,9 | 62 |
Diagramme climatique | |||||||||||
J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
11,8 6,4 133,2 | 12,6 6,4 118,3 | 15,4 8,4 92,7 | 21,5 12,6 24,5 | 25,3 15,7 3,2 | 27,6 17,8 0 | 29 19,4 0 | 29,4 19,5 0 | 28,2 18,6 0,3 | 24,7 16,6 15,4 | 18,8 12,3 60,8 | 14 8,4 105,7 |
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm |
On appelle Hiérosolymitains les habitants de Jérusalem.
En 1947, il y avait 205 000 habitants dont 100 000 Juifs (49 %) et 105 000 Arabes et autres (51 %) dans le territoire incluant Jérusalem et les villes et villages proches dont Ein Kerem, Abu Dis, Bethléem et Shuafat[26]. En 1967, il y avait 263 307 habitants dont 195 700 Juifs (74 %) et 54 963 Arabes (21 %). En 2004, on comptait 706 000 habitants dont 458 000 Juifs (65 %) (dont 200 000 à l’est) et 225 000 Arabes (32 %). En 2022, 59,4 % des habitants de Jérusalem étaient juifs, 37,7 % musulmans et 1,3 % chrétiens[25].
La population chrétienne de Jérusalem est actuellement d'environ 16 000 personnes, soit moins de deux pour cent de la population de la ville, alors qu'elle représentait un quart de la population un siècle plus tôt[27].
En 2005, le taux de fécondité des populations juives et arabes de Jérusalem est identique pour la première fois avec 3,9 enfants par femme — conséquence de la baisse significative de la natalité arabe enregistrée depuis quelques années[28]. Depuis cette date, la fécondité des populations juives (4,4 enfants par femme en 2022) a même largement dépassé celle des populations musulmanes (2,9 enfants par femme en 2022).
Un autre aspect démographique est le déficit migratoire de la ville, puisque chaque année, les habitants quittant la ville sont de 6 000 ou 7 000 plus nombreux que ceux qui viennent s'y installer. La majorité part habiter dans la proche banlieue de Jérusalem où les coûts du logement sont nettement inférieurs.
La ville de Jérusalem est considérée comme « trois fois sainte »[29] car il s'y trouve les lieux les plus sacrés des religions juive et chrétienne et le troisième lieu saint de l'islam. Au total, on dénombre 56 lieux saints et une centaine d'autres de moindre importance, en majorité situés à Jérusalem-Est[30].
Les trois lieux saints les plus célèbres sont :
Jérusalem est donc un site exceptionnel pour les trois religions monothéistes.
Jérusalem est importante pour les juifs depuis plus de 3 000 ans[31]. Son nom est mentionné dans la Bible hébraïque 660 fois sous la forme habituelle et 158 fois sous la forme « Sion », nom d'une colline de Jérusalem employé métonymiquement pour la ville entière.
Jérusalem est en effet à la fois un lieu important dan les pérégrinations des patriarches racontées dans la Bible ; la capitale politique du royaume d'Israël de David et de Salomon, puis celle du royaume de Juda, plus tard celle du royaume hasmonéen ; le lieu de culte unique du Dieu unique, jusqu'à la destruction du temple de Jérusalem par les Romains.
C'est à Jérusalem exclusivement que le culte officiel (notamment sous la forme de sacrifices effectués par les prêtres) avait lieu à l'époque des deux temples. Depuis la destruction de 70, il n'y a plus de sacrifices dans le judaïsme, le culte s'est totalement transformé avec l'apparition des synagogues.
Après la destruction du temple de Jérusalem en 587 av. J.-C. par Nabuchodonosor, durant l'exil à Babylone (en Mésopotamie) qui a suivi, le psaume 137 évoque fortement Jérusalem (« Si je t'oublie, Jérusalem, que ma main se dessèche... »). Dans ce cas, le retour a pu avoir lieu à la suite de la conquête perse et le temple a pu être reconstruit. Mais après la destruction effectuée en 70 sur ordre de l'empereur Vespasien, les juifs subissent une dispersion (« exil de Rome ») dans tout l'Empire romain. L'identité juive, constamment et intimement liée au souvenir de Jérusalem, la « fille de Sion », se maintient grâce à la transmission de l'héritage biblique et historique enseigné de génération en génération dans les communautés juives, jusqu'à l'apparition du mouvement sioniste à la fin du XIXe siècle.
C'est à Jérusalem que, selon les textes, les Juifs devront attendre l'arrivée du Messie.
Du temple de Jérusalem, il ne reste aujourd'hui debout qu'un mur de soutènement (kotel) couramment appelé mur des Lamentations, vestige du temple d'Hérode, devenu un lieu de prières juives, adossé au mont du Temple[Note 9], devenu un haut lieu de l'islam (Esplanade des Mosquées[Note 10].
Jérusalem est un lieu de pèlerinage à l'occasion des trois fêtes de pèlerinage (Pessa'h/Pâque, Chavouot, Souccot). Durant la Pâque juive, les mots « L’an prochain à Jérusalem » sont prononcés à la fin de chaque cérémonie.
Après chaque repas, la prière du Birkat HaMazon (bénédiction de la nourriture) mentionne Jérusalem[Note 11].
Partout dans le monde, la prière quotidienne du Juif pieux est toujours adressée en se tournant vers Jérusalem et bénit la construction de cette ville, tout en appelant au retour des exilés. « Puisse nos yeux voir votre retour dans la miséricorde à Sion », Amida.
« Pour l’amour de Sion, je ne garderai pas le silence, pour Jérusalem je n’aurai point de repos », Is. 62:1.
Depuis le Ier siècle, les récits de la vie de Jésus, notamment les Évangiles, font de Jérusalem le théâtre des derniers jours de Jésus lors de la Pâque juive, de sa venue au temple dont il expulse les marchands[32], de sa Passion, depuis son arrestation à sa crucifixion, puis de sa résurrection, point central des doctrines chrétiennes.
Dans certaines traditions, Jérusalem, précisément le mont des Oliviers, est l'endroit où a eu lieu l'ascension du Christ et c'est là que les chrétiens attendent son retour au jour du Jugement dernier.
En conséquence, on trouve à Jérusalem différents lieux de la Passion : le Cénacle (lieu du dernier repas avec les apôtres), la via Dolorosa (chemin suivi vers le lieu de la crucifixion), le jardin de Gethsémani (lieu de l'arrestation) au pied du Mont des Oliviers où se trouve l'église de l'Ascension[Note 12], lieux de pèlerinage.
On y vénère aussi des souvenirs de la vierge Marie, de saint Étienne et de saint Jacques le Juste qui y ont été martyrisés, etc.
Sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin (IVe siècle), puis les empereurs romains d'Orient et les empereurs byzantins y ont construit de somptueux sanctuaires sur les lieux saints, notamment sur le tombeau de Jésus.
Très tôt apparait le concept de « Jérusalem céleste » (Livre de l'Apocalypse), repris notamment par Augustin d'Hippone au Ve siècle dans La Cité de Dieu.
Jérusalem est aussi le siège d'un des patriarcats historiques du christianisme, aux côtés de Rome, d'Antioche, d'Alexandrie et de Constantinople).
Elle devient très tôt un lieu de pèlerinage, le plus important du monde chrétien. L'irruption des musulmans au VIIe siècle pose un problème majeur aux chrétiens : les lieux saints sont désormais sous le contrôle de gouvernants non chrétiens, les califes de Damas, puis de Bagdad, puis d'autres dynasties régnant à partir de l'Égypte.
Le lien très fort entre les chrétiens et Jérusalem aboutit à la fin du XIe siècle à l'épisode historique majeur des croisades en Terre sainte. En 1099 (première croisade), Jérusalem devient pour neuf décennies la capitale du royaume latin de Jérusalem. La ville est reconquise le 2 octobre 1187 par le sultan d'Égypte et de Syrie Saladin. Une troisième croisade est lancée en 1189, mais elle ne réussit pas à reprendre Jérusalem. La dernière croisade, la neuvième, a lieu en 1271-1272 : c'est un nouvel échec. Par la suite, l'idée de croisade persiste jusqu'à la fin du Moyen Âge, mais aucune expédition en Terre sainte ne peut être mise sur pied.
Pour les musulmans, la sainteté de la ville provient de toutes les raisons précédemment citées et surtout à partir du XIIe siècle, du fait que selon la tradition, le prophète de l'islam Mahomet y aurait effectué son voyage nocturne (Isra) en 620 ap. J.-C.
Le Coran ne mentionne pas explicitement le nom de la ville de Jérusalem mais les traditions l'associent à quelques passages du texte coranique[Note 13]. Le premier est le récit de la montée au ciel de Mahomet (al Mi'raj : l'ascension), accompagné par l'ange Gabriel, à l'emplacement de la « Mosquée la plus lointaine ». C'est en référence à ce récit que la mosquée de Jérusalem sur l'Esplanade des Mosquées[Note 9],[Note 10] (al-Ḥaram aš-Šarīf, « Noble Sanctuaire ») a été appelée « al-Aqsa », ce qui veut dire « le plus éloigné », et identifiée comme telle au VIIe ou au VIIIe siècle[Note 14]. Absent donc du Coran, le nom de Jérusalem comme lieu du Voyage nocturne de Mahomet est, par contre, parfaitement explicite dans le récit d'Ibn Ishaq[33], rédigé 120 à 150 ans après l'Hégire[34] (VIIIe siècle). Pour François Déroche, « une analyse récente fait cependant valoir que, d'après des traditions anciennes, ce voyage nocturne aurait été en direction du ciel ; c'est ultérieurement que l’exégèse classique aurait proposé de comprendre al-masjid al-Aqsâ comme le mont du Temple et fait de ce dernier le point de départ de l'ascension de Mahomet »[35].
De même, selon les traditions musulmanes, les premiers musulmans priaient en direction de Jérusalem[36] - choix communément « interprété comme une tentative en vue de convertir les Juifs de Médine et des environs »[37] ; la direction de la Ka'ba de La Mecque est établie par Mahomet plus tard, en 624[38]. Si le texte coranique mentionne un changement de qibla, il ne cite pas la ville de Jérusalem[35]. Enfin, s'appuyant sur des traditions juives et chrétiennes, l'islam reconnait dans l'expression « l'endroit proche », le lieu du Jugement dernier, à Jérusalem[35].
L'islamologue Pierre Lory indique que « la sacralité de Jérusalem était déjà présente aux premiers siècles de l’Hégire, comme en témoignent les mosquées omeyyades. Mais son poids s’est accru à partir des XIe et XIIe, et s’est encore accentué à l’ère moderne »[39]. Pour les musulmans, Jérusalem se voit reconnaître les critères du lieu saint islamique : « nombril de la terre, haut lieu, sanctuaire privilégié ». Ces trois qualités lui étaient déjà appliquées par la tradition juive, et dès le début de l'islam, des Juifs convertis à la religion musulmane, tels Ka‘b al-Ạhbār et Wahb b. Munabbih, « introduisent dans le corpus primitif, des éléments midrashiques les attribuant à cette ville »[37]. Quant à la notion de « mémorial prophétique », elle s'inscrit dans la tradition islamique (Jérusalem est la cité des prophètes (nabî) David (داوود, Dāwūd) et Salomon (سُلَيْمان, Sulaymān), comme le Coran les décrit), et dans le fait qu'« elle a servi de point de départ pour le mi‘rāj, l'Ascension de Mahomet au ciel » ; ainsi, elle a eu un rôle fondamental dans la piété populaire et mystique[37].
L'islam a déclaré Jérusalem comme étant sa troisième ville sainte, mais son statut pour l'islam « connut des hauts et des bas. »[40]. Si les hadiths et les traditions musulmanes lui reconnaissent une place importante[Note 15],[39], elle est très fortement critiquée dès les premiers siècles de l'islam[Note 16]. La dimension religieuse de Jérusalem se développe principalement à partir de 1144 et de l'apparition du religieux dans le discours politique de Zengi dans sa lutte contre les royaumes francs[40] ; les mots masjid Al-Aqsa (« la Mosquée la plus lointaine »), issus du Coran, ne figureront sur cette même mosquée qu'au XIe siècle[41].
Ce changement de rapport à Jérusalem s'observe par les critiques s'élevant du monde musulman contre le démantèlement des fortifications de Jérusalem en 1219 et la cession de la ville à Frédéric II en 1229, alors que la conquête de la ville par les croisés de la Première croisade, au XIe siècle, n'avait pas créé de telles réactions[Note 17],[40]. « Cette faiblesse [de la sainteté de Jérusalem] aurait tenu tout d'abord au fait qu'une bonne partie des docteurs de la Loi s'opposait à la place d'honneur que les mystiques musulmans voulaient accorder à la ville »[Note 18],[42].
La ville tient également une place importante dans les sentiments nationaux israélien et palestinien. L’État d’Israël a fait de Jérusalem-Ouest sa capitale en 1949 (la Jordanie occupant le reste de la ville) puis a fait de Jérusalem « réunifiée » sa capitale après la conquête de la ville en 1967. Bien que de manière générale, ce soit le pouvoir exécutif d'un pays qui choisisse sa propre capitale où siègent ses institutions fondamentales, la grande majorité des pays du monde ont depuis retiré leur ambassade de la ville, contestant à Israël ce choix de 1967. Pour la communauté internationale, Jérusalem-Est est considérée comme « occupée ».
Jérusalem a été proclamée « capitale éternelle » d'Israël en 1980 puis capitale de la Palestine en 1988, bien que l'autorité palestinienne n'y siège pas[Note 19]. Selon la communauté internationale, le statut de la ville doit faire l'objet de négociations entre Israéliens et Palestiniens.
La municipalité israélienne administrait 38 km2 de la ville avant la guerre des Six Jours. La municipalité jordanienne ne couvrait que les 6 km2 dont la Vieille ville. Le conseil des ministres israélien du étend le territoire municipal à 71 km2 incluant des terres en bordure des villes d'Al-Bireh, Ramallah et Bethléem. Après la loi de Jérusalem de 1980, un amendement du fixe définitivement les limites de la municipalité[43] dont la surface est en 2016 de 125 km2[44].
Le statut de la ville, intégralement sous administration civile israélienne depuis la guerre des Six Jours, est contesté. La « ligne verte » séparait auparavant Jérusalem-Ouest (Israël) et Jérusalem-Est (territoire occupé par la Jordanie) depuis les accords d'armistice israélo-arabes de 1949. Ces accords indiquent explicitement que la ligne d'armistice ne préjuge pas des revendications territoriales ultérieures. En particulier l'accord israélo-jordanien stipule dans son article VI.9 : « Ces lignes de démarcation sont agréées par les parties sans préjudice d'accords ultérieurs ou d'accords frontaliers ultérieurs ou de revendication ultérieures des parties ». La tentative de confirmation de ces lignes d'armistice en frontières a échoué à la conférence de Lausanne de 1949 (-). Elle avait été convoquée par la commission de conciliation des Nations unies[45]. Finalement les accords d'armistice n'ont pas été enregistrés par les Nations unies qui ont néanmoins contribué à leur surveillance. Ils ont fait l'objet d'une garantie par les membres occidentaux du Conseil de sécurité des Nations unies (États-Unis, France, Royaume-Uni). C'est la déclaration tripartite du . Entre-temps, la Chambre des députés jordanienne et la Chambre des notables a voté le l'annexion de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie.
La loi fondamentale israélienne du déclare que « Jérusalem unifiée [est la] capitale éternelle et indivisible d’Israël »[46]. La résolution 476 et la résolution 478 du Conseil de sécurité de l'ONU estiment que le vote du Parlement israélien constitue « une violation du droit international » et appelle les « États qui ont établi des missions diplomatiques à Jérusalem de retirer ces missions de la Ville sainte »[46]. Elles réaffirment que « l'acquisition de territoire par la force est inadmissible », qu'il doit être mis fin à l'occupation de Jérusalem et que « les dispositions législatives et administratives prises par Israël… n'ont aucune validité en droit et constituent une violation flagrante de la convention de Genève… ». Le Conseil de sécurité mentionne dans ses attendus la ville sainte de Jérusalem, en effet, la délimitation de la vieille ville est la seule internationalement établie.
Le , le roi Hussein déclare à la télévision que la Jordanie abandonne ses revendications de souveraineté sur la Cisjordanie et Jérusalem-Est à l'Organisation de libération de la Palestine[47]. Pour autant, cette déclaration n'a pas de valeur en droit international. Le le Traité de paix israélo-jordanien est signé. Les frontières internationales entre Israël et la Jordanie sont fixées. Mais, le statut des territoires « …sous contrôle militaire israélien depuis 1967 », c'est-à-dire notamment Jérusalem-Est, est réservé[48]. Il est néanmoins précisé que « le rôle spécial » du royaume de Jordanie sur les lieux de pèlerinage musulmans de Jérusalem est reconnu. Une priorité sera accordée à ce rôle historique lors des négociations sur le futur statut permanent de la ville[49], ceci conformément à la Déclaration de Washington du [50]. En 2000, l'Autorité palestinienne vote une loi établissant Jérusalem capitale d'un futur État, cette loi est ratifiée en 2002. Pour les parties en présence, le statut de Jérusalem reste une question clé de la résolution du conflit israélo-palestinien. En décembre 2003, l'Initiative de Genève, plan de paix alternatif établi par les anciens partenaires des négociations de Taba, prévoit, dans le cadre d'un règlement global du conflit israélo-palestinien, le partage de la souveraineté sur Jérusalem qui serait la capitale des deux États, les quartiers arabes et l'esplanade des Mosquées étant sous souveraineté palestinienne.
La question de la légitimité de chacune des deux parties sur Jérusalem entraîne également des débats d'ordre archéologique. Les Israéliens ont entamé depuis 1967 des recherches pour tenter d'apporter des preuves du Temple de Jérusalem. Palestiniens et Israéliens s'accusent réciproquement de mener des travaux, les uns pour détruire des preuves archéologiques de cette existence, les autres pour fragiliser les fondations des mosquées de la vieille ville. D'après les experts israéliens, les fondations des mosquées ont é