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Colorant alimentaire

additif alimentaire modifiant la couleur d'un aliment De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Colorant alimentaire
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Les colorants alimentaires sont utilisés pour ajouter de la couleur à une denrée alimentaire, ou pour simuler la couleur originale si celle-ci a été altérée par les procédés de transformation utilisés dans l'agroalimentaire.

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Colorant alimentaire dans la confiserie.

Histoire

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L'ajout de colorants aux aliments est une pratique ancienne, mentionnée dès 1500 av. J.-C. en Égypte, où les confiseurs ajoutent des extraits naturels et du vin pour améliorer l'apparence de leurs produits[1]. Des papyrus mentionnent également l'ajout de curcuma et de safran aux plats pour les rendre plus appétissants. Au Moyen-Âge et sous le féodalisme, les paysans produisent leur propre nourriture et les aspects esthétiques sont considérés comme sans importance par la vaste majorité d'une population globalement très pauvre[2]. La situation change avec le début des temps modernes et l'urbanisation croissante : d'une part, le commerce des épices au XIVe siècle permet l'accès à des substances exotiques très colorantes, d'autre part les citadins ne produisant pas leur propre nourriture, le commerce des denrées alimentaires connaît un essor conduisant à un besoin de vendre au mieux les aliments, et donc de les présenter sous leur meilleur jour. L'une des premières lois passées sur la nourriture, à Augsbourg en 1531, concerne les épices et colorants et punit sévèrement la contrefaçon : le but est alors d'empêcher la compétition commerciale déloyale dans ce domaine très rentable[2].

Déjà au XVIIIe siècle, la situation commence à poser des problèmes de santé, comme en témoigne Tobias Smollett en 1771[3] :

« The bread I eat in London is a deleterious paste, mixed up with chalk, alum and bone ashes, insipid to the taste and destructive to the constitution. The good people are not ignorant of this adulteration; but they prefer it to wholesome bread, because it is whiter than the meal of corn [wheat]. Thus they sacrifice their taste and their health… to a most absurd gratification of a misjudged eye; and the miller or the baker is obliged to poison them and their families, in order to live by his profession. […] Perhaps, you will hardly believe they can be so mad as to boil their greens with brass halfpence, in order to improve their colour; and yet nothing is more true […]. »

 Tobias Smollett, The Expedition of Humphry Clinker

« Le pain que je mange à Londres est une pâte délétère, mélangée de craie, d'alun et de cendres d'os, insipide au goût et destructive pour la constitution. Les bonnes gens n'ignorent pas cette adultération ; mais ils la préfèrent au bon pain car elle est plus blanche que l'original fait de farine de blé. Ils sacrifient ainsi leur goût et leur santé… à la plus absurde satisfaction du plaisir de leur courte vue ; et tant le meunier que le boulanger doit s'obliger à les empoisonner de peur de faire faillite. […] Peut-être ne voudriez-vous pas croire qu'ils peuvent être assez fous pour faire bouillir leur légumes avec des pièces de laiton, pour en améliorer la couleur ; et pourtant rien n'est plus vrai […]. »

 The Expedition of Humphry Clinker

Avec l'arrivée de la révolution industrielle, la population s'est encore davantage urbanisée, et surtout les nouveaux citadins, issus de la classe ouvrière, ont besoin que les denrées qu'ils ne peuvent produire leur soit vendues à bas prix. La nourriture est de plus en plus souvent adultérée au XIXe siècle, d'autant qu'il n'y a alors que peu de lois l'interdisant et très peu de moyens scientifiques de détecter sûrement l'altération. Le lait est coupé d'eau puis recoloré, le thé réutilisé… Les vendeurs de l'époque proposent alors plus de 80 colorants artificiels, certains destinés initialement à la teinture des tissus[4]. Nombre d'entre eux sont toxiques, sans qu'on le sache nécessairement à l'époque. Parmi les exemples les plus notables :

  • de l'oxyde de plomb (Pb3O4, rouge) et du cinabre (HgS, vermillon) sont utilisés pour colorer les fromages et pâtisseries, alors que les métaux lourds qu'ils contiennent (plomb et mercure) sont très toxiques ;
  • du vert de Scheele, tout aussi nocif (hydrogénoarsénite de cuivre, CuHAsO3), est utilisé pour re-colorer les feuilles de thé usagées pour pouvoir les revendre. Le pigment a également causé au moins deux morts lorsqu'il a été utilisé pour colorer un dessert en 1860[4] ;
  • en 1851, environ 200 personnes sont empoisonnées (17 mortellement) à la suite de l'ingestion de pastilles pour la toux adultérées[2].

La mauvéine, le premier pigment artificiel, est synthétisée en 1856, et le développement de couleurs vives à bas prix, accompagné d'un effet de mode, répand l'usage de colorants dans la nourriture à travers l'Europe et les États-Unis dans de nombreuses préparations populaires, y compris le ketchup, la moutarde, les gelées et le vin[5].

Des inquiétudes sur la dangerosité des denrées alimentaires altérées conduisent à l'apparition de règlementations, nationales puis internationales. En Allemagne, une loi signée en 1882 interdit l'ajout de certains métaux dans la nourriture (notamment l'arsenic, le cuivre, le chrome, le mercure, le plomb et le zinc, souvent utilisés dans les colorants)[6]. Aux États-Unis, le Pure Food and Drug Act de 1906 réduit la liste des colorants autorisés de 700 à seulement 7 colorants. La première directive européenne réglementant l'usage des colorants (62/2645/EEC) date de 1962 et liste 36 colorants autorisés (20 naturels et 16 synthétiques)[7]. Elle a depuis été remplacée[8].

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Règlementation

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Du roucou ( E160b ) , une plante qui est couramment utilisée en tant que colorant alimentaire dans certains fromages tels que le cheddar

Principe

Les premières lois règlementant l'usage de certaines substances dans la nourriture listent les ingrédients interdits, contrairement aux règlementations actuelles dont les listes sont positives et listent les ingrédients permis - tout ingrédient non explicitement autorisé est supposé interdit. Leur but reste cependant le même : d'abord assurer la protection des consommateurs, ensuite ne pas entraver l'intérêt commercial. Lorsqu'un colorant s'avère nocif, il est retiré des listes autorisées ou sa dose journalière admissible est abaissée de manière à ne pas exposer les consommateurs à des doses dangereuses de ces matières.

La règlementation permet également de définir précisément les colorants dans un cadre légal. La directive européenne 94/36/EC[9] définit ainsi les colorants :

« […] on entend par « colorants » des substances qui ajoutent ou redonnent de la couleur à des denrées alimentaires; il peut s'agir de constituants naturels de denrées alimentaires ou d'autres sources naturelles, qui ne sont pas normalement consommés comme aliments en soi et ne sont pas utilisés habituellement comme ingrédients caractéristiques dans l'alimentation. »

Différents organismes fixent les listes de colorants autorisés en fonction des pays : en Europe, c'est le parlement européen et le conseil, sur avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), aux États-Unis c'est la FDA. Par ailleurs, le codex Alimentarius élaboré collectivement et édité par les Nations unies définit un cadre qui, sans être légalement contraignant, sert de base à la plupart des règlementations nationales actuelles.

Aux États-Unis, le sigle « FD&C » (indique que l'additif est approuvé comme colorant alimentaire, pour les médicaments et cosmétiques) suivi du nombre considéré est donné pour les composés artificiels, tandis que l'Union européenne utilise le préfixe E[10] suivi du numéro international (INS adopté par la commission du codex Alimentarius[11]).

Santé

Les colorants alimentaires sont testés par différents organismes à travers le monde qui donnent parfois des avis différents sur leur innocuité, menant à des règlementations différentes. Ainsi, le Rouge citrus n°2 est interdit en Europe, autorisé aux États-Unis, alors que l'Amarante est autorisée en Europe et interdite aux États-Unis. La règlementation évolue aussi avec le temps : certains colorants autrefois autorisés ont été interdits lorsque leur nocivité a été avérée. Pour qu'un nouveau colorant puisse être listé, il doit maintenant faire la preuve de son innocuité.

Bien que des études de 1999 et 2002 n'aient montré aucun lien entre le trouble déficitaire de l'attention / hyperactivité et les colorants alimentaires[12],[13], une étude de 2008 suggère que six colorants (E102 Tartrazine, E104 Jaune de quinoléine, E110 Jaune orangé, E122 Azorubine, E124 Rouge cochenille A et E129 Rouge allura[14]) pourraient, lorsqu'ils sont associés à des conservateurs du type benzoates (E210 acide benzoïque, E211 benzoate de sodium, etc.), modifier les paramètres d'attention des enfants diagnostiqués TDAH. Les personnes souffrant de TDAH seraient touchées au même titre que le reste de la population[15]. En 2008, l'EFSA ne tient cependant pas entièrement compte de ces études, invoquant un manque de rigueur dans la recherche[16] : ces colorants doivent être assortis en France et en Allemagne d'une mention « Peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants », mais restent autorisés.

En 2007, la Commission européenne a interdit l'utilisation du colorant rouge alimentaire Rouge 2G (E128) car son innocuité pour la santé n'était plus prouvée[17].

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Familles

Il existe plusieurs types de colorants alimentaires autorisés en alimentation : les colorants naturels (ex. : le vert de la chlorophylle), les colorants dérivés des colorants naturels (modifiés par le processus d'extraction ou un traitement chimique ultérieur, comme la norbixine ou les chlorophyllines), les colorants de synthèse fabriqués par l'industrie chimique qui comprend les colorants « identique nature » (qui existent dans la nature, mais produits industriellement, comme l'astaxanthine) et les colorants artificiels (qui n'ont pas d'équivalent dans la nature et sont généralement dérivés de la pétrochimie).

Liste des colorants alimentaires affectés d'un numéro E

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Contexte

La première liste des colorants alimentaires leur attribuant un numéro E se trouve à l'annexe I de la directive 62/2645/EEC de 1962. Les colorants sont alors « triés », d'abord par couleur :

  • jaune ↔ E10x ;
  • orange ↔ E11x ;
  • rouge ↔ E12x ;
  • bleu ↔ E13x ;
  • vert ↔ E14x ;
  • brun ↔ E150 ;
  • noir ↔ E15x ;
  • nuances diverses ↔ E16x ;
  • matières colorantes pour la coloration en surface seulement ↔ E17x ;
  • matières colorantes pour certains usages seulement ↔ E18x.

À cette liste se sont ajoutées d'autres substances, dont certaines figuraient alors à l'annexe II (liste des matières colorantes dont l'usage était temporairement autorisé pour un délai de trois ans en raison de leur usage de fait  durée supposée être de transition). Par exemple, l'érythrosine, depuis affectée du numéro E127. D'autres n'ont reçu de permission que temporairement : ainsi le jaune chrysoïne S (alcannine) est inscrit aux deux annexes : à l'annexe I (substance autorisée) figure le « jaune chrysoïne S » sous le numéro E103, à l'annexe II (substance temporairement autorisée pour trois ans) figure l'orcanette, extrait de la racine d'alcanna tinctoria. C'est pourtant la même substance, finalement interdite en 1978 pour l'usage alimentaire car toxique.

Davantage d’informations No, Nom(s) ...
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Notes et références

Voir aussi

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