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caractères logographiques d’origine chinoise utilisés dans l'écriture du japonais De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les kanjis[alpha 1] (漢字 ) sont des signes issus des caractères chinois dont le rôle est d'écrire une partie de la langue japonaise.
Un kanji représente une ou plusieurs « lectures » qui, en principe, constituent chacune une « unité de signification » (un morphème) dérivant soit de langues chinoises anciennes (morphèmes sinoxéniques[alpha 2]), soit de la langue nipponne native (yamato kotoba[alpha 3]), laquelle n'a pas de lien de parenté avec les langues chinoises. Par exemple, le kanji 感 renvoie uniquement au morphème sinoxénique kan, « sentiment ». En revanche, 岳 renvoie à la fois à gaku (sinoxénique) et à take[alpha 4] (japonais natif), qui se traduisent par « haute montagne » ; seul le contexte déterminera laquelle des deux lectures doit être choisie.
La maîtrise des kanjis demande du temps, en raison notamment du grand nombre de signes utilisés en pratique, de la relative complexité des graphies, et du fait qu'une partie importante d'entre eux ont plus d'une lecture à leur disposition.
Le mot « kanji » est la romanisation du terme japonais 漢字[alpha 5] (API : /kaɲd͡ʑi/ Écouter), qui signifie littéralement caractère (字, ji ) de l'empire Han (漢, kan ). Par glissement sémantique, 漢 désigne aussi ce qui se rapporte au monde chinois en général ; ainsi, le mot kanji peut-il aussi se traduire par « caractère chinois » ou « sinogramme ».
Si le terme kanji, en français, ne désigne que les sinogrammes utilisés en japonais, et non, par exemple, en chinois, son sens initial dans la langue nipponne n'a pas cette limitation[alpha 6].
元号は、皇位の継承があった場合に限り改める。 (Les caractères soulignés correspondent aux kanjis.) |
Les kanjis sont indispensables pour lire et écrire le japonais, où ils sont associés aux kanas (les syllabaires hiragana et katakana). Ils sont parfois désignés par le vocable 真名 (mana), qui est un antonyme de kana. Le japonais a aussi recours, de manière plus accessoire, aux lettres latines[alpha 7] (pour les sigles, etc.) et aux chiffres arabes, notamment.
年 | année, époque, récolte |
会 | rencontrer, se réunir, occasion, compréhension, compter |
自 | soi-même, tout seul, commencement |
天 | ciel, astre, nature, empereur, climat, destin, kamis célestes |
Les caractères chinois sont à l'origine des logogrammes codant en règle générale un mot de la langue chinoise archaïque. Par exemple, le signe 馬 est utilisé pour représenter le mot chinois signifiant « cheval ». Les kanjis sont naturellement dotés de ces valeurs sémantiques primitives et de leur dérivés — auxquelles éventuellement s'ajoutent d'autres spécifiques à la langue japonaise —, l'ensemble étant regroupé sous le concept de 字義 (jigi), c'est-à-dire « sens (signification) du caractère »[alpha 8]. Ces sens sont consultables à l'aide de dictionnaires. Face à un mot inconnu écrit en kanjis, il arrive qu'il soit possible d'en deviner la signification, au moins approximativement, à travers l'observation des sens de chacun des kanjis le composant. Par exemple, la signification du mot 語源 (étymologie) peut être devinée si l'on sait que 語 et 源 signifient respectivement « mot » et « source ».
風 | fū ふう |
fu (bu[alpha 9]) ふ(ぶ) |
kaze かぜ |
kaza かざ |
---|---|---|---|---|
≈ « vent » | 台風 tai‧fū[alpha 10] |
屛風 byō‧bu[alpha 11] |
風,北風 kaze[alpha 12], kita‧kaze[alpha 13] |
風車 kaza‧guruma[alpha 14] |
≈ « apparence » | 風,風景 fū[alpha 15], fū‧kei[alpha 16] |
- | - | - |
≈ « charme » | 風致 fū‧chi[alpha 17] |
風情 fu‧zei[alpha 18] |
- | - |
≈ « coutume » ou « style » |
風習,画風 fū‧shū[alpha 19], ga‧fū[alpha 20] |
- | - | - |
Néanmoins, un tel déchiffrage ne correspond pas à la pratique ordinaire : pour lire et écrire le japonais, le plus important est de connaître les lectures (読み, yomi )[2] de chaque kanji, lesquelles correspondent à une more[3] du japonais (par exemple fu, bu) ou à une série de mores (par exemple kaze, kaza, fū). À l'instar du caractère 風 présenté ci-contre, un kanji possède une ou plusieurs lectures, lesquelles peuvent avoir en commun un ou des sens ; les liens entre ces sens peuvent être anciens ou ténus.
Chaque lecture constituant le plus souvent un morphème (cf. la section dédiée à cette question), cela conduit à opposer les kanjis aux syllabaires (kanas), puisque les kanas sont des phonogrammes, à savoir qu'ils ne représentent intrinsèquement que des sons sans signification propre.
Kanas et kanjis se combinent dans le modèle kanji kana majiribun[4] qui, schématiquement, consiste à utiliser les kanjis pour écrire les radicaux, tandis que l'habillage grammatical de la phrase (mots grammaticaux, désinences, etc.) est écrit en kanas. Par exemple, le verbe « parler » (話す, hana‧su[alpha 21]) voit son radical écrit avec le kanji 話 qui contient les sens de « parole », « parler » ou « rumeur », et sa terminaison avec le hiragana す notant la more su.
Il est techniquement possible de se passer des kanjis pour écrire la langue nipponne, en écrivant tous les mots en kanas. Toutefois, le japonais a d'ordinaire recours à de nombreux kanjis. Ceci est dû à l'histoire même de la langue japonaise, mais on comprend mieux cette situation à la lumière des multiples avantages que les kanjis offrent.
Premièrement, le lien direct qu'il y a entre le signe et son ou ses sens renforce la capacité des textes japonais à transmettre du sens de manière rapide et intense ; de surcroît, la connaissance de l'étymologie d'une partie importante du vocabulaire japonais est facilitée par la présence des kanjis, ce qui contribue à limiter la dérive du sens des mots. D'autre part, l'alternance de kanjis et de kanas aide à distinguer les mots malgré l'absence d'espaces au sein des phrases. Par exemple, la phrase « Shiroi neko o mita », qui peut se traduire par « J'ai vu un chat blanc. », s'écrira : しろいねこをみた — en kanas uniquement — ou, de manière plus habituelle, 白い猫を見た — en kanas et kanjis. Les kanjis 白, 猫, et 見 (respectivement « blanc », « chat » et « voir ») portent les principaux sens, tandis que les autres caractères (hiraganas) sont des éléments grammaticaux (terminaison adjectivale い, particule を et l'auxiliaire た[alpha 22]). Cet exemple illustre également le fait que les kanjis permettent généralement de réduire le nombre de signes et donc la place prise par le texte.
Kanji | Kana | Romanisation | Traduction |
---|---|---|---|
式 指揮 士気 |
しき " " |
shiki shi‧ki " |
Cérémonie Direction Motivation |
行動 公道 講堂 |
こうどう " " |
kō‧dō " " |
Action Voie publique Amphithéâtre |
川 皮 |
かわ " |
kawa " |
Rivière Cuir |
En outre, il existe en japonais de nombreux homophones[alpha 23] qui seraient aussi homographes sans le recours à l'écriture en kanjis, un peu comme si « haut » et « eau » avaient la même orthographe en français. Enfin, la polysémie de certains mots se traduit par des choix de kanjis différents en fonction de la nuance exprimée ; ce dernier phénomène est connu sous le terme de dōkun iji.
Mot | Nuance 1 | Nuance 2 |
---|---|---|
fune | Dans le sens de « embarcation de petite taille » ce mot s'écrit : 舟 |
Dans le sens plus général de « bateau » ce mot s'écrit : 船 |
yo‧i | Dans le sens de « de bonne qualité » ce mot s'écrit : 良い |
Dans le sens de « bon moralement » ce mot s'écrit : 善い |
En pratique, il arrive que certains mots pouvant théoriquement s'écrire avec un ou plusieurs kanjis ne fassent pas appel à une partie ou à la totalité de ceux-ci ; par exemple, le verbe « approcher (sa main) », kazasu, est généralement écrit かざす et non 翳す, parce que le kanji 翳 est difficile et mal connu — ce kanji n'est par ailleurs pas un jōyō kanji (kanji officiel d'usage courant).
D'autre part, certains mots grammaticaux ou verbes basiques, bien que pouvant être écrits avec des kanjis simples, sont souvent volontairement écrits en kanas. Par exemple, les directives sur les textes émis par l'administration publique (公用文, kōyōbun )[5] demandent d'utiliser la forme en kanas かつ plutôt que 且つ pour écrire la conjonction katsu, bien que le kanji 且 figure avec la lecture ka‧tsu dans la liste des kanjis officiels. À l'inverse, il est indiqué qu'il faut écrire l'adverbe amari 余り plutôt que あまり, bien que la presse écrite privilégie la version en kanas. Quant au verbe aru (avoir, se trouver), il s'écrit dans la plupart des contextes en hiraganas (ある) et non sous les formes 有る ou 在る.
Il arrive aussi que des mots soient volontairement écrits sans kanjis, avec le souci de ne pas surcharger le texte en sinogrammes par rapport aux kanas : dans certains cas, on préférera maintenir la proportion de kanjis sous une certaine proportion, par exemple trente ou quarante pour cent, avant tout pour des raisons d'esthétique. Un texte contenant une très haute proportion de kanjis sera parfois vu comme difficile à lire.
Au IIIe siècle av. J.-C., l'écriture chinoise est unifiée par le premier empereur de Chine, au travers du style petit sceau ; puis, le style des clercs, plus facile à écrire, devient dominant durant l'époque de l'Empire Han (de 206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C.). Les habitants de l'archipel japonais ont vraisemblablement eu leur premiers contacts avec les caractères chinois autour de cette époque — cf. le célèbre sceau du roi de Na découvert sur l'île de Shikanoshima.
À l'instar des inscriptions gravées sur l'épée d'Inariyama, datant du Ve siècle, des poteries, reliques, monnaies ou tablettes témoignent d'une utilisation des caractères chinois — tout au moins occasionnelle — antérieure au Kojiki (712), le plus ancien livre japonais qui nous soit parvenu[alpha 24].
En outre, la tradition considère que l'on doit au lettré Wani l'enseignement des caractères chinois auprès de la cour impériale nipponne. Ce dernier, selon les annales officielles Nihon Shoki (720), serait venu du Kudara (Baekje), un royaume qui était situé au Sud-Ouest de la péninsule coréenne, en l'an 16 du règne de l'empereur Ōjin — soit autour du IVe siècle.
腺 | glande |
匂 | odeur |
栃 | marronnier du Japon |
働 | travailler |
塀 | mur |
峠 | col |
搾 | presser |
枠 | cadre |
畑 | champ |
込 | insérer |
En raison de ces origines communes, ainsi que des profondes similitudes qui demeurent aujourd'hui encore sur les plans graphique et sémantique, les kanjis sont classés dans un ensemble plus vaste désigné sous le terme générique de « caractères chinois » ou « sinogrammes ». Cela étant, on trouve aussi une petite proportion de kanjis dits kokuji, qui ont été forgés au Japon. Par exemple, 榊 (sakaki), qui désigne l'arbre présenté en offrande dans les rites shintoïstes, est un kanji apparu au Japon ; il provient de la fusion des caractères 木 et d'une variante de 神, respectivement « arbre » et « divinité »[alpha 25]. Les dix caractères listés ci-contre constituent les dix kokuji qui appartiennent aux kanjis d'usage courant (jōyō kanji).
Les sinogrammes sont initialement exogènes au japonais, et leur adaptation à cette langue a généré une plus grande complexité qu'en chinois. En effet, il existe en mandarin, schématiquement, une cohérence entre les caractères, les morphèmes (les entités minimales de signification) et les syllabes, puisque les sinogrammes représentent chacun un seul morphème mono-syllabique qui descend d'un mot de la langue chinoise archaïque. C'est la raison pour laquelle ce système est qualifié de « morphosyllabique ». Toutefois, cette description ne sied pas aux kanjis, comme exposé dans le tableau ci-dessous.
Chinois | Japonais | |
---|---|---|
Lien avec les morphèmes (principe général) | Pour chaque morphème on a un caractère, et vice-versa. | Chaque caractère est en correspondance avec un, ou, plus souvent, plusieurs morphèmes. Le choix entre ces morphèmes dépendra du contexte. |
Lien avec la rythmique de la langue | La lecture d'un caractère correspond à une syllable. | La lecture d'un kanji peut s'étaler sur plusieurs syllables ou mores[3]. |
D'autre part, il existe certaines spécificités japonaises en ce qui concerne les sens associés aux caractères et les apparences graphiques, ce qui est renforcé par le fait que l'écriture chinoise a été simplifiée en république populaire de Chine au XXe siècle ; la suite de l'article aborde ces différences.
En toute rigueur, il convient donc de considérer les kanjis comme un système singulier et propre à l'écriture japonaise qui s'est progressivement éloigné de son modèle. Les kanjis sont aujourd'hui remarquablement bien adaptés à la langue nipponne, et l'idée de cesser d'utiliser ces caractères paraît peu concevable.
En principe, lire un kanji revient à connaître sa prononciation (une more[3] ou un groupe de mores). Toutefois, en japonais, l'écriture sinographique, contrairement au chinois, n'est généralement pas univoque, à savoir que la majorité des kanjis sont pourvus d'au moins deux ou trois lectures. Ainsi, certains kanjis d'usage courant peuvent avoir plus d'une dizaine de lectures possibles ; on trouve par exemple le kanji 生 (« vivre », « la vie », etc.) dont les lectures officielles sont sei, shō, i‧kasu, i‧kiru, i‧keru, u‧mareru, u‧mu, o‧u, ha‧eru, ha‧yasu, ki et nama, soit douze lectures officielles.
Souvent, donc, déterminer la lecture d'un kanji suppose d'avoir identifié correctement le mot pour lequel il est employé. Il faut pour cela observer un ou plusieurs signes situés à son voisinage, voire juger plus largement en fonction du contexte. Par exemple, 風, utilisé seul, peut se lire soit kaze (le mot « vent »), soit fū (le mot « apparence ») ; il est donc nécessaire de deviner, grâce au contexte, la valeur sémantique de 風 pour pouvoir le lire.
Au contraire, si le kanji que l'on cherche à lire est utilisé au sein d'un mot composé de plusieurs caractères, il convient d'abord d'identifier globalement le mot — souvent, soit deux kanjis, soit un kanji suivi d'une terminaison écrite en hiraganas —, puis d'en déduire les lectures de chaque kanji le composant. Par exemple, face au mot 経済, on ne se soucie pas des sens respectifs de 経 et 済, sauf à vouloir faire une recherche précise de l'étymologie de ce mot[alpha 26]. La paire de caractères 経済 est au contraire identifiée comme une unité dotée d'un sens, à savoir le mot japonais keizai (qui signifie « économie »), ce qui implique de choisir la lecture kei pour le kanji 経 et la lecture zai pour le kanji 済 — 経 possède aussi d'autres lectures apparaissant dans d'autres mots, idem pour 済. Néanmoins, il existe quelques composés ambigus, dont les exemples suivants :
Composé | Lecture (1) → sens (1) | Lecture (2) → sens (2) |
---|---|---|
仮名 | ka‧mei → pseudonyme | ka‧na → syllabaire japonais |
赤子 | aka‧go → bébé | seki‧shi → peuple (du point de vue d'un monarque) |
何人 | nani‧bito ou nan‧pito → quiconque | nan‧nin → combien de personnes |
御所 | go‧sho → palais impérial | Go‧se → Gose (ville située dans la préfecture de Nara) |
一時 | ichi‧ji → une heure (du matin ou de l'après-midi) | it‧toki → un instant |
Plus marginalement, il existe des mots composés de plusieurs kanjis dont la lecture n'est pas sécable caractère par caractère (cf. lectures jukujikun). Par exemple, le mot 無花果 (figue) se lit ichijiku, mais il n'est pas possible de découper cette lecture selon les trois caractères 無, 花 et 果.
Dans l'Antiquité, le chinois littéraire (kanbun) fut étudié et utilisé par les Japonais qui n'avaient pas de système d'écriture propre. Cela donna naissance aux lectures sino-japonaises des kanjis, dites lectures on (音読み, on yomi ), qui s'affranchirent du cadre strict des textes en chinois, à mesure que le japonais de l'époque s'enrichissait de vocables empruntés au kanbun. Les lectures on sont également qualifiées de « sinoxéniques », ce qui souligne qu'il s'agit de lectures originaires des langues sinitiques (chinoises) mais utilisées dans une langue (le japonais) qui est extérieure au groupe des langues sinitiques. D'autre part, lorsque le sens associé au sinogramme existait en japonais, il put aussi être traduit suivant les mots de la langue japonaise originelle (yamato kotoba), la lecture du caractère se faisant dans ce cas « à la japonaise[alpha 28] » ; ce sont les lectures dites kun (訓読み, kun yomi ).
La plupart des kanjis ont de ce fait au moins deux lectures possibles : on et kun. Ce n'est toutefois pas une règle absolue, et l'on trouve des kanjis sans lecture on comme 鰯 (iwashi, sardine) ; ce dernier est un kanji créé au Japon. À l'inverse, un caractère comme 菊 (chrysanthème) n'avait pas d'équivalent dans le vocabulaire japonais au moment de son introduction ; il n'a de ce fait qu'une lecture on, à savoir kiku.
En tendance, on constate que les mots écrits avec un seul kanji font plutôt appel à des lectures kun, les lectures on étant au contraire fréquentes au sein des mots composés de deux kanjis ou plus (熟語, jukugo ). Par exemple :
Cependant, cette observation est à nuancer car il existe en particulier un grand nombre de composés jukugo n'arborant que des lectures kun, à l'instar du mot 川上 (kawa‧kami, amont). Du reste, on trouve aussi de nombreux jukugo hybrides : par exemple, en cuisine, 豚肉 (buta‧niku, porc) et 鳥肉 (tori‧niku, volaille) sont lus avec une lecture kun du premier kanji et une lecture on du second ; on parle de lectures yutō (湯桶読み, yutō yomi ). À l'opposé, on trouve les lectures dites jūbako (重箱読み, jūbako yomi ), qui suivent un modèle on plus kun, comme avec le mot 番組 (ban‧gumi, programme).
Un kanji a souvent plusieurs lectures possibles, qui peuvent être pluri-syllabiques. On observe les tendances suivantes :
Certains caractères et vocables ont été importés du monde chinois, de différents États ou régions, lors d'époques différentes ; de ce fait, une partie des kanjis ont plusieurs lectures sino-japonaises (lectures on) qui correspondent, dans certains cas, à des sens différents. Les dictionnaires distinguent généralement quatre catégories de lecture on : go-on, kan-on, tō-on et kan'yō-on (cf. tableau ci-dessous). On notera que les prononciations d'origine n'ont été qu'approximativement rendues dans le système phonétique japonais, très différent de ceux de la Chine, ignorant notamment les tons. De plus, le système phonétique japonais, bien que relativement assez stable, a lui-même connu quelques évolutions à travers les siècles.
Origines, exemples | |
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Go-on | Les lectures des Wu (呉音, go-on ) introduisirent principalement des termes bouddhistes. Ces lectures sont considérées comme originaires du royaume de Wu, au Centre-Est de l'espace chinois, bien qu'elles aient pu être influencées par les usages dans péninsule coréenne, selon certains chercheurs tels T. Okimori (ja) ou Y. Fujii (ja). Un nombre important de lectures go-on se retrouvent cependant dans le vocabulaire courant actuel.
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Kan-on | Les lectures des Han (漢音, kan-on ), introduites entre le VIIe et le VIIIe siècle, à l'époque des dynasties chinoises Sui et Tang ; elles reflètent pour la plupart le langage de la capitale de l'époque, Chang'an. Il s'agit du groupe le plus nombreux.
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Tō-on | Les lectures des Tang[alpha 32] (唐音, tō-on ), introduites plus tardivement entre les époques de Heian et d'Edo. En dépit de la longueur de la période, ces lectures sont relativement rares, l'essentiel des apports depuis le continent ayant été fait auparavant.
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Kan'yō-on | Les lectures d'usage (慣用音, kan'yō-on ) ; il s'agit historiquement de prononciations populaires (souvent des versions erronées des lectures sino-japonaises orthodoxes vues plus haut) qui sont devenues courantes et acceptées.
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D'autre part, bien que les kokuji soient des caractères proprement japonais, un certain nombre d'entre eux possèdent une lecture on, créée par analogie avec un sinogramme semblable. Par exemple, la lecture on affectée au kokuji 働 est identique à celle du caractère 動 (dō).
Enfin, on trouve des mots empruntés qui utilisent des lectures proches des langues chinoises modernes voire contemporaines — par exemple, des vocables liés à la cuisine chinoise tels « riz frit » (炒飯, chā‧han), ou des noms de lieux. Toutefois, ces lectures, lorsqu'elles diffèrent des lectures sino-japonaises des quatre catégories vues plus haut, se sont pas considérées stricto sensu comme des lectures on ; c'est pourquoi il est recommandé de soit écrire ces mots en katakanas, soit de leur ajouter des furigana, en dehors des cas les plus connus comme Hong Kong (香港, Hon‧kon). Néanmoins, on notera que la majorité des noms propres chinois sont généralement lus d'après les lectures on[alpha 33], et non d'après le mandarin : Mō Taku‧tō pour Mao Zedong (毛沢東), Shin‧kyō pour Xinjiang (新疆), Shi‧sen pour Sichuan (四川), etc.
Schématiquement, les lectures on des kanjis sont des morphèmes dérivés de langues sinitiques anciennes, qui, seuls ou combinés avec d'autres, peuvent former des mots. Ces derniers constituent le « vocabulaire sinoxénique » du japonais, aussi connu sous les termes japonais de 漢語 (kango) ou 字音語 (jiongo[alpha 34]).
Exemples de mots sinoxéniques entre un et quatre caractères :
En plus du vocabulaire chinois ayant pénétré la langue japonaise par le truchement des kanjis, de nombreux nouveaux mots furent créés au Japon par des combinaisons originales de kanjis (c'est-à-dire inexistantes en chinois de l'époque[alpha 35]) prononcés avec leurs lectures on. C'est pourquoi il n'est pas possible d'assimiler le vocabulaire sinoxénique à du « véritable chinois dans la langue japonaise », dans la mesure où une partie de ce vocabulaire est née au Japon. Une partie de ces mots originaux japonais (和製漢語, wasei kango ) ont vu le jour ou se sont répandus entre le XIXe siècle et le début du XXe siècle afin de traduire des concepts nouveaux venant de la civilisation occidentale de l'époque[alpha 36].
Mot (wasei kango) | Romanisation Traduction |
Remarques |
---|---|---|
火事 | ka‧ji Incendie |
|
郵便 | yū‧bin Poste |
Mot créé au XIXe siècle avec la naissance de la poste moderne |
物理学 | butsu‧ri‧gaku Physique |
Exporté vers le chinois et le coréen |
共和国 | kyō‧wa‧koku République |
Exporté vers le chinois et le coréen |
D'autre part, une partie du vocabulaire sinoxénique a vu son orthographe réformée (simplifiée) dans la seconde moitié du XXe siècle[6]. Cette démarche fut facilitée par le fait qu'il existe de nombreux kanjis possédant des lectures on en commun. On peut citer les mots 意嚮 (i‧kō, intention) et 掘鑿 (kus‧saku, forage), qui ont vu leur orthographe standard réformée en 意向 et 掘削 ; en effet, 向 et 削 ont respectivement les mêmes lectures on que 嚮 et 鑿. Dans certains cas, la réforme a fait augmenter le nombre des sens associés à un kanji ; par exemple, 風 s'est vu attribuer le sens d'« insinuer » en plus de ses sens historiques, car il remplace 諷 (insinuer) dans le mot « satire » (fū‧shi), qui s'écrit 諷刺 traditionnellement et 風刺 de manière réformée.
On peut de surcroît remarquer qu'il existe quelques mots sinoxéniques qui sont plus fréquemment écrits en kanas qu'en kanjis, en particulier des petits mots jouant un rôle grammatical. On trouve par exemple 様 (dans l'auxiliaire 様だ, yō‧da) pour lequel la graphie en hiraganas よう est généralement préférée.
Les lectures kun et les kanas sont des spécificités apparues pour adapter les sinogrammes à la langue japonaise.
Le Kojiki (712) est le plus ancien document japonais qui a traversé les âges ; il retrace l'histoire de la nation japonaise, depuis les origines mythologiques jusqu'au règne de l'impératrice Suiko. Il est écrit dans une forme de kanbun, c'est-à-dire une forme de chinois, mais il comporte aussi des passages (principalement des poèmes) en yamato kotoba, la langue nipponne primordiale, antérieure aux influences du chinois. Lesdits passages sont écrits phonétiquement avec des sinogrammes dits man'yōgana, c'est-à-dire que chaque more[3] est écrite avec un sinogramme dont une lecture équivaut à cette more, indépendamment des sens de ce sinogramme. Les man'yōgana sont des kanas primitifs. Par exemple, on peut citer le vers du Kojiki 波理能紀能延陀 (La branche d'un aulne) qui comporte sept caractères man'yōgana pour les sept mores ha‧ri‧no‧ki‧no‧e‧da.
Au VIIIe siècle, les décrets impériaux sont soit écrits en kanbun — de tels décrets sont appelés shōchoku (詔勅 ) —, soit écrits dans un style proche de la langue japonaise réellement parlée à la cour, dit senmyōtai[alpha 37] — de tels décrets sont appelés senmyō (宣命 ). Contrairement aux poèmes dans le Kojiki qui sont entièrement notés phonétiquement via les man'yōgana, les senmyō sont un mélange de man'yōgana et de mots en sinogrammes lus « à la japonaise » (c'est-à-dire sans rapport avec les prononciations chinoises) ; ces lectures sont dites kun. Par exemple, l'ancien mot japonais ame, signifiant « ciel », est simplement rendu par le sinogramme transcrivant le mot chinois ayant la même signification, à savoir 天, au lieu d'être rendu par deux man'yōgana codant respectivement a et me. Les man'yōgana, parfois écrits dans une taille plus petite, notent les éléments grammaticaux (terminaisons, particules, etc.).
À l'inverse, les textes en kanbun n'étant pas du japonais, des annotations utilisant des man'yōgana y sont ajoutées ; ce sont des traductions reliant un mot japonais et un sinogramme — voire plusieurs sinogrammes. Ces annotations et les transformations de l'ordre des mots constituent une technique de lecture du kanbun appelée kundoku.
Initialement, pour un même kanji, un très grand nombre de lectures kun avaient émergé, que ce soit via la technique kundoku ou via le style senmyōtai ; on parle de « kun anciens » (古訓, kokun ). Les usages se rationalisèrent progressivement, donnant les lectures kun actuelles. Certains mots japonais qui renvoyaient à deux mots chinois distincts sont écrits au moyen de kanjis différents suivant leur contexte d'emploi. Par exemple, le verbe naosu (réparer, guérir) s'écrit 治す quand il s'agit de guérir une personne, mais 直す quand il s'agit de réparer un objet ; la lecture kun « nao‧su » est commune aux kanjis 治 et 直. On parle en japonais de « même kun, différents caractères » (同訓異字, dōkun iji ).
D'autre part, certaines lectures kun, désignées par le terme 国訓 (kokkun[7]), présentent des divergences sémantiques par rapport aux significations chinoises. Par exemple, le kanji 茸 possède la lecture kinoko qui renvoie au sens de « champignon », sens qui n'est pourtant pas associé à ce sinogramme en chinois.
Les man'yōgana ont évolué et ont donné naissance aux hiraganas, en étant écrits de manière très cursive (cf. tableau ci-contre). Étant donné qu'il existait plusieurs man'yōgana par more, il existe plusieurs hiraganas qui se prononcent de la même manière. Toutefois, seul un est canonique ; les autres sont appelés hentaigana et leur usage est aujourd'hui devenu obsolète. Par ailleurs, on peut noter que les katakanas sont quant à eux essentiellement des parties (abréviations) de man'yōgana utilisés pour le kundoku ; ils sont donc eux aussi issus des kanjis. Par exemple, les katakanas ku et mo sont le résultat des abréviations 久 → ク et 毛 → モ.
L'utilisation la plus simple des lectures kun consiste à relier un kanji à un mot japonais du vocabulaire yamato kotoba ; par exemple, la lecture kun de 目 est le mot me (œil), la lecture kun de 桜 est le mot sakura (cerisier), etc. Toutefois, nombre de mots (lemmes) issus du yamato kotoba sont modifiables par flexions (contrairement au vocabulaire sinoxénique) ; il s'agit typiquement de verbes ou d'adjectifs. Schématiquement, ces lemmes, au lieu d'être rendus par un kanji uniquement, sont transcrits avec un kanji pour leur radical et un ou plusieurs kanas (hiraganas) pour leur terminaison ; ces kanas sont appelés 送り仮名 (okurigana). À titre d'illustration, on peut citer :
On peut noter que certains okurigana sont facultatifs dans certains mots, voire systématiquement omis[8]. Par exemple, tetsuzuki (formalités) peut s'écrire 手続き ou 手続[alpha 38] ; le mot hizuke (date) s'écrit de manière standard 日付 et non *日付け.
Comme illustré par les exemples ci-dessous, la lecture d'un kanji correspond à une unité de signification minimale ou perçue comme telle, autrement dit un morphème.
Néanmoins, la relation entre les kanjis et les morphèmes n'est pas de un pour un ; en effet, les morphèmes sinoxéniques et ceux du yamato kotoba se partagent généralement les mêmes kanjis. C'est la raison pour laquelle un caractère peut avoir plusieurs lectures (une ou plusieurs lectures on, ainsi qu'une une ou plusieurs lectures kun) qui, bien qu'ayant souvent des significations connexes voire identiques, ne sont en principe pas interchangeables. Ainsi, un kanji est un conteneur graphique renfermant potentiellement plusieurs morphèmes, d'où sa possible qualification de « morphogramme[alpha 39] à valeurs multiples ». Par exemple, les deux morphèmes ci-dessous correspondent au même kanji 雷.
En outre, comme le montrent les exemples suivants, la pratique révèle certaines difficultés, du fait notamment que de nombreux morphèmes, sinoxéniques pour la plupart, se prononcent de manière identique. De plus, de nombreux cas de dōkun iji existent (cf. le mot « arai » ci-dessous), même si les listes officielles de kanjis ont quelque peu restreint les usages.
Il existe des mots en japonais qui ne correspondent pas aux unités de signification que les kanjis, via leurs lectures on ou kun, permettent de représenter. Il s'agit de certains mots du vocabulaire yamato kotoba — par exemple, le verbe hagurakasu, « esquiver une question » — ou des nombreux vocables dit gairaigo (外来語 , termes empruntés aux langues étrangères) — par exemple, le substantif kurippu signifiant « trombone ». Une solution « évidente » consiste à se contenter d'une écriture en kanas, sans kanjis ; c'est le cas avec はぐらかす (hagurakasu) et クリップ (kurippu), qui n'utilisent jamais de kanjis pour être écrits. Néanmoins, certains autres de ces mots peuvent quand même faire appel pour leur écriture à des kanjis utilisés de manière irrégulière :
En outre, certains autres vocables se lisent de manière irrégulière, souvent parce que la prononciation d'origine a dérivé avec le temps. On peut citer le nom propre Japon (日本, Nip‧pon) qui se lit aussi Ni‧hon ; Ni‧hon est une lecture irrégulière dans la mesure où le kanji 日, considéré individuellement, ne possède pas la lecture ni. Un autre exemple est 文字 (« lettre », « caractère ») qui se lit le plus souvent mo‧ji, une évolution de mon‧ji.
Des mots s'écrivent avec une chaîne de plusieurs kanjis « sélectionnés » uniquement pour leur valeur sémantique ; chaque caractère pris individuellement n'a pas de lecture propre, c'est uniquement le mot dans son ensemble qui possède une lecture, appelée jukujikun (熟字訓 ). Par exemple, 山葵 (« wasabi », composé des kanjis « montagne » et « rose trémière ») ne se lit ni *yama‧aoi (deux lectures kun) ni *san‧ki (deux lectures on), ni aucune combinaison hybride ; il est lu wasabi sans aucun lien avec les lectures de 山 et 葵. Les lectures jukujikun incluent quelques mots d'origine européenne, dont certains demeurent relativement fréquents de nos jours, comme 煙草 (tabako, tabac) — littéralement « fumée-herbe ».
Des mots lus selon des jukujikun peuvent apparaître comme partiellement réguliers. Cela se constate, par exemple, avec les mots « fruit » (果物, kudamono) et « moustiquaire » (蚊帳, kaya) ; le second caractère de 果物 compte mono parmi ses lectures conventionnelles, tandis que la lecture kun du premier caractère de 蚊帳 est ka[alpha 40].
Une autre particularité de nombre de mots lus avec des jukujikun est qu'il est aussi possible de les lire via des lectures on conventionnelles, ce qui, souvent, change le sens ou apporte une nuance différente ; le choix de la lecture est dépendant du contexte (voir les exemples ci-dessous).
Lecture jukujikun | Lecture on | |
---|---|---|
今日 | kyō (aujourd'hui) | kon‧nichi (de nos jours) mot littéraire |
大人 | otona (personne adulte) | dai‧nin (adulte) dans les grilles tarifaires des bains ou transports publics |
紅葉 | momiji (érable ou changement de couleur des feuilles) souvent écrit en hiraganas plutôt qu'en kanjis | kō‧yō (changement de couleur des feuilles) |
梅雨 | tsuyu (pluie des prunes) | bai‧u (pluie des prunes) préféré dans un contexte technique |
À l'inverse des jukujikun, il arrive que l'on emploie des kanjis uniquement pour leur lecture, c'est-à-dire en faisant fi de leurs sens propres et des morphèmes. Cette méthode ainsi que les kanjis dans les mots concernés sont désignés par le terme 当て字 (ateji), littéralement « caractères alloués ». Un exemple d'ateji est le mot ちゃかす (chakasu, tourner en plaisanterie), qui peut être écrit 茶化す ; les kanjis 茶 (cha) et 化 (ka) y sont employés pour représenter les mores[3] composant le radical du verbe, sans liens étymologiques directs — la terminaison verbale reste quant à elle en kana. Comme souvent en japonais, il existe en pratique une certaine liberté entre soit se contenter d'écrire ces mots seulement en kanas, soit opter pour leur version en kanjis. Le tableau ci-dessous présente quelques autres exemples.
Traduction | Sans kanjis | Avec des ateji | Remarques | |
---|---|---|---|---|
baka | stupide | ばか | 馬鹿 (ba‧ka) | |
gomakasu | tricher | ごまかす | 誤魔化す (go‧ma‧ka‧su) | |
sewa | assistance | せわ | 世話 (se‧wa) | Presque toujours écrit en kanjis |
suteki | ravissant | すてき | 素敵 (su‧teki) | |
yaji | huées | やじ | 野次 (ya‧ji) | |
yatara | de façon irréfléchie | やたら | 矢鱈 (ya‧tara) | Le plus souvent écrit en kanas |
Les ateji ne se limitent pas aux mots purement japonais, car ils peuvent transcrire des termes issus de langues non sinographiques. Ainsi, de nombreux termes souvent liés au bouddhisme, conformément aux usages chinois, sont des transcriptions phonétiques approximatives en kanjis de mots sanskrits ; elles sont désignées par le terme 音写 (onsha). Par exemple, le clan indien des Shakya — dans lequel est né le Bouddha — se transcrit 釈迦 (Sha‧ka).
De même, quelques mots d'origine européenne dont la pénétration dans la langue japonaise est ancienne, peuvent s'écrire phonétiquement en kanjis via des ateji, même si la plupart de ces mots sont le plus souvent écrits en kanas de nos jours[alpha 41]. On peut citer 合羽 (kap‧pa, « veste imperméable », du portugais capa), 瓦斯 (ga‧su, « gaz », du flamand gas), 珈琲 (kō‧hī, « café », du flamand koffie), etc. Les mots plus récents, comme インターネット (intānetto, « Internet », de l'anglais), sont toujours représentés en katakanas. On notera qu'un certain nombre d'ateji utilisent des lectures qui sont en fait des altérations de lectures conventionnelles voire des emprunts tardifs à des usages chinois. Ceci se constate en particulier pour les transcriptions de noms propres étrangers en kanjis (quoique généralement non usités en japonais contemporain), comme France (仏蘭西, Fu‧ran‧su) ; le son fu est transcrit avec le kanji 仏 dont la lecture est futsu, et le son su est transcrit avec le kanji 西 dont la lecture est sui (lecture tō-on).
Bon nombre de noms propres japonais sont des ateji (noms de lieu, noms de famille, etc.). On peut citer Nagoya (名古屋) et Akita (秋田).
Les ateji (au sens strict) sont aussi appelés « signes empruntés[9] » (shakuji ou bien kariji), et se divisent entre « emprunts aux lectures on » (shakuon) et les « emprunts aux lectures kun » (shakkun). De surcroît, le terme ateji peut inclure les jukujikun dans son acception la plus large[9], d'autant que certains mots sont en fait des combinaisons des deux méthodes[alpha 42].
Parfois, on utilise des hiraganas ou katakanas de petite taille au-dessus (écriture horizontale) ou à droite (écriture verticale) des kanjis pour en spécifier la lecture. Ces caractères sont alors appelés furigana (振り仮名). Les furigana sont en particulier utilisés pour indiquer la lecture non officielle (c'est-à-dire absente de la liste des jōyō kanji) d'un kanji officiel, la lecture d'un caractère non officiel, ou encore la lecture difficile d'un nom propre, d'un jukujikun, etc.
Dans les publications pour un jeune public, un large usage des furigana est fait, du fait que les enfants ont généralement des capacités à lire les kanjis plus limitées que les adultes. Dans les textes émis par l'administration publique, les éléments non officiels doivent être, selon les cas, accompagnés de furigana ou être remplacés par des kanas[5].
Des kanas situés après le kanji ou le mot en question, entre parenthèses ou dans une police de taille inférieure, peuvent aussi faire office de furigana.
Tout kanji se décompose en une somme de « traits[alpha 43] » entre lesquels le stylo, pinceau ou crayon est levé au-dessus du support.
Même s'il est possible qu'une personne sache, en pratique, lire un kanji sans en connaître par cœur la composition trait par trait, un kanji n'est pleinement considéré comme connu que lorsque l'on est capable de l'écrire de mémoire tout en respectant les caractéristiques canoniques de son tracé, à savoir l'ordre[alpha 44] et la forme des traits — au minimum dans le style régulier. Ces éléments sont enseignés dans les écoles primaires et les collèges japonais dans une matière appelée shosha, anciennement connue sous le terme de shūji. Les cours de calligraphie (shodō), dispensés dans les lycées, abordent les styles cursifs et les grands calligraphes du passé. Toutefois, la pratique de cette discipline ne se limite pas au domaine scolaire, car la calligraphie, à haut niveau, constitue un art à part entière.
L'ordre usuel des traits pour le tracé des kanjis est généralement identique à celui de leurs homologues chinois ; il existe néanmoins quelques exceptions (cf. exemple ci-contre avec le sinogramme « rizière », 田) si on s'en réfère notamment au « Manuel pour l'instruction de l'ordre des traits[10] » publié par le gouvernement nippon en 1958. En outre, l'ordre des traits peut dépendre du style utilisé.
La manière de terminer un trait est une autre caractéristique importante enseignée ; il existe essentiellement trois modes :
Néanmoins, dans de nombreux cas, plusieurs écoles coexistent, comme le trait vertical de 木 (bois) qui, en style régulier manuscrit, peut se terminer soit par un arrêt marqué, soit par un crochet[11]. Les autorités culturelles japonaises ont publié en 2016 des directives rappelant la diversité des tracés au sein du style régulier manuscrit, style qui est historiquement plus variable que le style d'impression minchōtai, ce dernier n'ayant pas vocation à servir de référence vis-à-vis de l'écriture manuscrite. Enfin, le respect des distances entre les traits ou le respect de leurs tailles relatives est une condition pour écrire les kanjis de manière lisible et harmonieuse. En particulier, les proportions entre les différents éléments constitutifs est un point qui retiendra l'attention du calligraphe.
Dans le contexte de l'étude des kanjis, le terme français de « forme » renvoie généralement aux concepts 字形 (jikei) et 字体 (jitai). Les jikei sont les infinies variations possibles des réalisations concrètes des caractères, à travers leurs représentations manuscrites et leurs glyphes[12]. En opposition, le concept de jitai permet de regrouper les signes réels sous des entités abstraites mais dénombrables.
Les formes, au sens de jitai, sont également qualifiées en japonais d'« ossatures[13] ». Par analogie, on trouverait le concept d'ossature d'une lettre permettant de reconnaître cette lettre qu'elle soit imprimée en italique ou non, ou encore dans des polices différentes. Ces entités abstraites sont le moyen de distinguer les kanjis entre eux lors du processus cérébral de la lecture du japonais ; elles sous-tendent également les définitions des jeux de caractères pour l'informatique ainsi que les normes japonaises qui portent sur les kanjis.
Par exemple, les formes 木 et 本 ne diffèrent que par un trait horizontal, mais elles correspondent à deux kanjis parfaitement indépendants, signifiant respectivement « arbre » et « livre ». De la même manière, les formes 土 (sol) et 士 (guerrier ou érudit) ne diffèrent que par les longueurs relatives de leurs traits horizontaux, tandis que 粟 (millet) ne se distingue de 栗 (châtaigne) que par la présence de deux petits traits.
À chaque kanji correspond une unique forme (jitai), sauf si plusieurs « variantes graphiques » lui sont reconnues. Pour certains kanjis possédant plusieurs variantes, l'identification des formes demeure un exercice sujet à interprétations, avec de possibles divergences selon les époques, les sources ou les standards.
On peut noter que le standard Unicode a vu sa granularité affinée au fil des révisions, c'est-à-dire qu'il est devenu possible d'afficher correctement un nombre croissant de variantes en format « texte brut » sans dépendre des paramètres régionaux ou de la police d'écriture.
L'unicité des formes (ossatures) vue plus haut n'est cependant pas une constante historique, notamment en raison des phénomènes suivants :
Ainsi, quand bien même deux caractères seraient d'ossatures différentes, ils peuvent, par leur origine commune, avoir les mêmes sens et les mêmes lectures. Ils sont alors considérés comme appartenant à une même « classe de caractères » (字種, jishu )[14], et sont des variantes graphiques (異体字, itaiji ) au sein de cette classe. Dans le présent article, on confond les notions de « kanji » et de « classe de kanjis » sauf lorsqu'il y a un intérêt didactique à les séparer.
Dans les dictionnaires, en principe, on trouve une entrée par classe ; pour une entrée donnée, une « forme principale » (親字, oyaji , littéralement « caractère parent »)[alpha 46] est présentée, les formes alternatives étant indiquées à l'intérieur de l'entrée. Si on se limite aux styles d'impression contemporains, la plupart des classes de kanjis n'ont qu'une ou deux forme(s) (une forme simplifiée et sa contrepartie « traditionnelle » le cas échéant).
Classe | Forme traditionnelle | Forme simplifiée | Remarques |
---|---|---|---|
Kanji « barrière » | 關 | 関 (canonique) | La forme simplifiée 関 a une présence historique en Chine[15], mais elle diffère du chinois simplifié 关 contemporain. |
Kanji « tortue » | 龜 | 亀 (canonique) | L'usage de la forme 亀 est propre au Japon[alpha 47] ; elle n'est pas répertoriée dans le dictionnaire chinois de référence Kangxi. |
Kanji « pays » | 國 | 国 (canonique) | La forme simplifiée 国 est commune aux réformes chinoise et japonaise du XXe siècle. |
Kanji « remplir » | 塡 (canonique) | 填 | La forme simplifiée (populaire) 填 n'est pas reconnue comme officielle au Japon. |
Il existe d'autre part des kanjis qui ont évolué vers des formes (ossatures) identiques ; autrement dit, un caractère peut résulter de la fusion de plusieurs kanjis historiques, comme 予 (yo) qui inclut les formes contemporaines des kanjis traditionnels 予 (moi) et 豫 (avance). Un autre exemple est la paire de kanjis originellement distincts en sens et en lectures (𠮟 ; 叱) qui, du fait de leur forme extrêmement similaire, sont considérés dans la norme de 2010 sur les jōyō kanji comme des formes (ossatures) interchangeables du même kanji, lu shika‧ru ou shitsu.
Durant l'ère Meiji, les formes du dictionnaire chinois de référence Kangxi[alpha 48] constituaient de facto le canon pour la typographie qui connut alors un essor sans précédent. On note toutefois quelques différences entre le Kangxi et les habitudes d'impression au Japon, en raison des trois phénomènes suivants :
Ces formes traditionnelles nipponnes sont identifiées sous le terme de iwayuru kōkijitentai[17] (ci-dessous « formes quasi-Kangxi »), tandis que, dans les dictionnaires de kanjis, les formes du Kangxi stricto sensu sont souvent désignées en japonais par les termes seiji et seijitai, littéralement « caractères (formes) correct(e)s »[alpha 50].
La notion de « style » (書体, shotai ), avec d'une part les « styles d'impression » (déterminant notamment les polices) et d'autre part les « styles manuscrits » (historiquement plus anciens), se définit comme un « système de caractéristiques et de styles donnés [qui peut s'observer] lors de la représentation réelle des caractères sur la base de leur ossature »[18].
L'exemple ci-dessous illustre comment les caractéristiques graphiques de deux styles différents ne vont pas jusqu'à modifier les formes (ossatures) des kanjis.
Historiquement, les styles sont naturellement d'abord apparus dans le domaine de l'écriture manuscrite en Chine. Aujourd'hui, on trouve principalement les styles réguliers (楷書, kaisho ) et cursifs (草書, sōsho ), ainsi que les styles intermédiaires semi-cursifs (行書, gyōsho ). Les styles cursifs — ou les styles semi-cursifs présentant un relatif haut degré de cursivité — sont de nos jours généralement réservés à des activités spécifiques de calligraphie et sont donc mal connus par le grand public. Inversement, le style régulier est le style enseigné primordialement dans le système scolaire nippon, de même qu'il est souvent requis d'écrire dans ce style pour remplir un formulaire.
Concernant les styles d'impression, le style dit 明朝体 (minchōtai) est le style de référence pour les polices d'impression japonaises ; il se caractérise en particulier par des angles droits, des empattements, ainsi que des traits verticaux généralement plus épais que les traits horizontaux. Ce style provient d'une adaptation du style manuscrit « régulier » aux techniques chinoises d'impression, en particulier à l'impression au bloc de bois qui florit dès l'époque des Song du Nord. Le style se stabilisa à l'époque des Qing avant de reprendre son évolution dans l'archipel nippon avec le développement des modes d'impressions importés d'Occident (typographie) dans la seconde moitié du XIXe siècle.
D'autre part, on trouve aussi le style ゴシック体 (goshikkutai) qui est un dérivé du minchōtai avec moins d'ornements et des traits d'épaisseur uniforme. Enfin, le style 教科書体 (kyōkashotai), utilisé principalement dans les livres d'école, est plus proche du style régulier manuscrit, afin de rendre la lecture des manuels plus aisée pour les enfants qui apprennent concomitamment à lire et à écrire.
Il n'existe pas de décompte précis et universellement reconnu permettant de dire combien de kanjis existent. Toutefois, il y a une liste officiellement approuvée par le gouvernement japonais dite liste des kanjis d'usage courant (jōyō kanji), dont l'effectif se limite à 2 136. Il existe aussi 863 kanjis supplémentaires (incluant des variantes) qui sont officiellement répertoriés pour former, avec les jōyō kanji, la liste des kanjis autorisés pour les prénoms ; ces derniers ne font pas spécifiquement partie des programmes scolaires. Il serait erroné de considerer que tout le monde connaît avec précision la totalité des kanjis officiels, notamment les éléments les plus rares. À l'opposé, parmi les caractères hyōgai kanji, qui se situent à l'extérieur de ces listes officielles, on trouve une quantité non négligeable de caractères de facto connus du grand public, tels 嘘, 罠 ou 叩.
Le jeu de caractères codés JIS X 0213, appartenant aux normes industrielles japonaises (JIS), fut établi en 2000 puis révisé en 2004 et 2012[alpha 51]. Il contient plus de 10 000 caractères considérés comme des kanjis, répartis en quatre niveaux, les deux premiers contenant les signes les plus fréquents. Cependant, nombre de ces kanjis ne sont que très rarement rencontrés.
Les dictionnaires dits 漢和辞典 (kan-wa jiten, littéralement dictionnaire sino-japonais) répertorient les kanjis (variantes incluses), tout en expliquant leurs sens en japonais, de même que les significations de nombreux termes composés de deux kanjis ou davantage. Toutefois, les kan-wa jiten les plus exhaustifs, comme le Dai kan-wa jiten (en) qui contient plus de 50 000 caractères, incluent de nombreux sinogrammes dont l'emploi se limite principalement aux textes dits kanbun, c'est-à-dire à la littérature chinoise ou japonaise écrite dans la langue chinoise classique. Le nombre de 50 000 n'est donc pas pertinent pour décrire l'usage contemporain des kanjis, ce périmètre dépassant le strict cadre de la langue japonaise, a fortiori en tant que langue vivante.
En comparaison, le dictionnaire publié par la fondation d'utilité publique The Japan Kanji Aptitude Testing Foundation contient environ 6 300 kanjis (cf. bibliographie), qui appartiennent dans leur grande majorité aux deux premiers niveaux de la norme JIS X 0213. L'examen Kanken organisé par la fondation a pour objet la connaissance de l'ensemble des kanjis présents dans le dictionnaire, si l'on considère sa version la plus ardue, appelée niveau ikkyū ; en revanche, l'écrasante majorité des gens qui obtiennent des certifications Kanken, adultes compris, se limitent à des niveaux plus faciles. Cela démontre qu'une partie non négligeable des kanjis de ce dictionnaire n'est connue que par des personnes ayant des connaissances particulièrement poussées en kanjis.
Les kanjis forment un vaste ensemble de plusieurs milliers de signes, d'où la nécessité d'avoir des méthodes d'indexation. Les grandes catégories étymologiques des sinogrammes que l'on trouve dans les dictionnaires sont un attribut possible pour classer les kanjis ; ces catégories sont :
Catégorie étymologique | Caractéristiques et exemples |
---|---|
Pictogrammes | Ces représentations proviennent de dessins d'objets ou d'êtres concrets. 川 (rivière) 山 (montagne) 馬 (cheval) 木 (bois) 人 (personne) |
Idéogrammes simples | Ces caractères représentent plus des idées que des objets. 一 (un) 二 (deux) 下 (dessous) |
Idéogrammes composés | Schématiquement, il s'agit de compositions qui accolent deux caractères élémentaires, choisis pour leur sens ; par association d'idées, le caractère composé renvoie à un autre mot. Les exemples ci-dessous sont des compositions utilisant les pictogrammes vu plus haut 木 et 亻 (亻 est une variante de 人). 林 (bosquet) 森 (forêt) 休 (repos) |
Idéophonogrammes | Ces caractères se décomposent entre une partie sémantique et une partie sonore. Ils sont aussi parfois appelés « composés phonosémantiques ». 晴 (ensoleillé) : partie sémantique 日 (soleil) plus partie sonore 青 (sei) 攻 (attaquer) : partie sonore 工 (kō) plus partie sémantique 攵 (frapper) 飯 (riz cuit) : partie sémantique 飠 (manger) plus partie sonore 反 (han) 草 (herbe) : partie sémantique 艹 (herbe) plus partie sonore 早 (sō) Note : identifier la partie sonore d'un idéophonogramme permet souvent de déduire une lecture on de ce kanji. Par exemple, les caractères 晴, 攻, 飯 et 草 possèdent respectivement les lectures sei, kō, han et sō. |
La décomposition d'un caractère en plusieurs parties, abordée à la section précédente avec les « idéogrammes composés » et les « idéophonogrammes », peut être généralisée en disant que tout kanji est constitué d'une ou de plusieurs parties[alpha 52]. Un découpage fréquent consiste à scinder le caractère entre sa partie gauche (hen) et sa partie droite (tsukuri), comme avec les exemples de la table 1, ci-dessous.
Les parties élémentaires qui émergent de ces découpages sont parfois qualifiées de « radicaux ». Un kanji se décompose en une somme de radicaux dont l'un d'entre eux est considéré, par convention, comme principal ; ce radical principal est appelé « clé » (部首, bushu ).
Les clés permettent de classer les kanjis, en les regroupant sous autant de sections qu'il y a de clés, lesquelles se rangent dans un ordre qui suit la table des clés que l'on trouve typiquement au tout début d'un dictionnaire ; les clés y sont listées dans l'ordre croissant de leur nombre de traits. Selon les dictionnaires, le nombre de clés et leurs affectations aux kanjis peuvent présenter quelques différences, mais celles-ci demeurent tout à fait mineures ; aussi les principaux ouvrages s'accordent-ils sur un effectif légèrement supérieur à deux-cents clés.
Les clés se situent généralement sur l'un des sept emplacements classiques[19] qui incluent les emplacements précités hen et tsukuri (cf. table 2 ci-dessous). En outre, certaines clés ont plusieurs formes possibles, souvent en fonction de l'emplacement qu'elles occupent. Par exemple, la clé 手 voit sa forme changée en 扌 lorsqu'elle est positionnée sur la partie gauche du caractère (hen). En japonais, il est courant de désigner par des appellations distinctes chacune de ces variantes.
Kanji | Hen | Tsukuri | Clé | Remarque |
---|---|---|---|---|
引 | 弓 | 丨 | 弓 | |
依 | 亻 | 衣 | 亻 | Variante de la clé 人 |
締 | 糸 | 帝 | 糸 | |
竹 | insécable[alpha 53] | insécable | 竹 | |
則 | 貝 | 刂 | 刂 | Variante de la clé 刀 |
順 | 川 | 頁 | 頁 |
Clé | Nom japonais de la clé[alpha 54] | Emplacement de la clé | Exemple d'utilisation |
---|---|---|---|
忄 (variante de la clé 心) | risshinben | À gauche (偏, hen ) | 恒 |
阝 (variante de la clé 邑) | ōzato | À droite (旁, tsukuri ) | 部 |
⻗ (variante de la clé 雨) | amekanmuri | Au-dessus (冠, kanmuri ) | 雪 |
心 | kokoro | En dessous (脚, ashi ) | 思 |
尸 | shikabane | En haut et à gauche (垂, tare ) | 尽 |
廴 | ennyō | À gauche et en dessous (繞, nyō ) | 延 |
門 | mongamae | Pourtour (構, kamae ) | 間 |
Traditionnellement, la recherche d'un kanji dans un dictionnaire papier, organisé par clés, s'effectue selon la méthode suivante : si l'on connait au moins une lecture du kanji en question, on utilise l'index des lectures (onkun sakuin) pour trouver la page du dictionnaire correspondant à ce kanji ; c'est généralement la méthode de recherche la plus rapide. Si on ne connait aucune lecture du caractère recherché, mais que l'on pense avoir identifié sa clé, on cible ses recherches dans la section du dictionnaire correspondant à cette clé, en utilisant le nombre de traits pour trouver le kanji. Si, enfin, on ignore à la fois les lectures et la clé du kanji, on utilise l'index des kanjis par nombre de traits (sōkaku sakuin) ; cette ultime approche peut se révéler pénible.
Il existe néanmoins quelques dictionnaires qui classent les kanjis dans l'ordre des sons japonais (a, i, u, e, o, ka, ki, etc.). Puisque que la plupart des kanjis ont plusieurs lectures, le dictionnaire choisira pour chaque kanji une lecture « de référence », le plus souvent la lecture la plus commune parmi ses lectures on. Les différents index d'un tel dictionnaire, y compris un index organisé par clé, demeurent utiles pour trouver un kanji que l'on ne maîtrise pas.
En sus des approches traditionnelles, des linguistes ont proposé de nouvelles méthodes pour rechercher les kanjis, comme la méthode SKIP du chercheur Jack Halpern qui, dans son principe, demande uniquement de compter les traits et d'identifier leur type de disposition parmi un nombre restreint de modèles. Cette approche vise d'abord un public non natif ignorant peu ou prou tout des clés et les lectures.
Enfin, les dictionnaires électroniques utilisent les numéros des points de code (dans les standards JIS ou Unicode) comme critère de classement et de recherche ; ils offrent souvent aussi la possibilité de chercher la lecture d'un kanji ou d'un mot à partir de caractères tracés à la main (stylet, souris, etc.).
Au Japon, l'apprentissage des 2 136 kanjis d'usage courant (jōyō kanji) requiert les neuf années que compte l'instruction obligatoire, tandis que certaines lectures de ces caractères ne sont enseignées qu'au niveau des lycées. En particulier, les 1 026 caractères considérés comme les plus élémentaires sont étudiés durant les six années de l'enseignement primaire ; ils sont communément appelés kyōiku kanji[20].
En outre, pour chaque kanji, il convient de mémoriser :
De plus, la connaissance des sens (jigi) ou des étymologies (jigen) des caractères peut être utile, en raison notamment de la fréquence au sein des lectures on des homophonies (par exemple, des dizaines de kanjis sont lus kō) et des polysémies (par exemple, le kanji 校, kō, signifie, selon les cas, « école », « comparer » ou « officier »).
Face à l'apprentissage des kanjis, les personnes non-natives désireuses d'étudier le japonais peuvent adopter plusieurs approches, en fonction du niveau qu'elles visent et de leurs dispositions naturelles. Bien qu'il soit possible de communiquer sommairement à l'oral sans particulièrement s'investir dans l'acquisition de connaissances sinographiques, une pratique courante de la langue japonaise requerra la maîtrise d'un ample vocabulaire — à plus forte raison si l'on souhaite approcher le niveau d'un locuteur natif honnêtement cultivé. Ceci implique d'étudier en détail les kanjis et de lire beaucoup, les deux activités se renforçant l'une l'autre.
Dans tous les cas, la connaissance en profondeur d'un grand nombre de kanjis est une marque de culture et d'érudition. Il existe des examens spécifiques portant sur les kanjis, le plus connu étant le Kanken ; ce dernier permet de mesurer ses compétences selon douze niveaux, allant du niveau d'un élève en première année d'école primaire à celui d'expert. En plus des centres d'examen japonais, il est possible de passer certains niveaux dans quelques grandes villes à l'extérieur du Japon.
Ci-dessous, sont présentés trois kanjis simples, appartenant aux quatre-vingts kanjis au programme de la première année de l'école primaire au Japon.
日
木
本
Avec l'industrialisation du Japon, émergea le débat quant à la nécessité de simplifier l'écriture. Fukuzawa Yukichi, un penseur majeur de la Restauration de Meiji, proposa en 1873 de réduire dans un premier temps le nombre de kanjis, dans l'essai 文字之教 (De l'enseignement des caractères)[21]. Certaines propositions plus extrêmes furent faites, comme celle de Nishi Amane, en 1874, d'écrire le japonais en lettre latines[22], mais cette idée ne rencontra que peu de succès.
En , une commission gouvernementale (臨時国語調査会) établit une liste de 1 962 kanjis, appelés kanjis d'usage courant (常用漢字, jōyō kanji ), publiée au journal officiel l'année suivante, mais cette décision ne fut pas appliquée notamment en raison des difficultés rencontrées par les autorités à la suite du grand séisme du Kantō de 1923. Une nouvelle tentative cependant fut faite en 1942 de limiter les kanjis avec l'avis rendu par le Conseil de la Langue japonaise (国語審議会) qui préconisa d'adopter une liste de 2 528 kanjis[23]. Toutefois, les oppositions furent nombreuses tandis que les difficultés liées à la guerre s'amoncelaient ; la proposition ne fut pas suivie par le Cabinet.
Une réforme qui fut réellement appliquée ne concerne pas les kanjis, mais les hiraganas, dont les formes alternatives (hentaigana) furent rendues obsolètes dès 1900[alpha 56].
Le Japon fut occupé par l'armée américaine après la fin de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1945 ; bien que l'empereur et les institutions civiles soient demeurées en place, le gouvernement japonais fut placé sous le contrôle des forces d'occupation commandées par Douglas MacArthur.
L'occupant poussa à la réalisation de nombreuses réformes, notamment celle du système d'écriture. La section au sein des forces d'occupation chargée de l'éducation recommanda d'adopter un système d'écriture basé sur l'alphabet latin[24] ; cette recommandation trouve ses sources dans le rapport Education in Japan, qui est principalement dû au colonel Robert K. Hall[25]. L'opinion selon laquelle l'utilisation des kanjis rendrait pour beaucoup l'apprentissage et la maîtrise de l'écriture japonaise trop difficile était une des justifications mises en avant par les Américains pour expliquer le « manque de démocratie » dont aurait souffert le Japon. L'idée directrice était de mettre un terme à l'utilisation des kanjis, et devant l'impossibilité pratique de mettre en place cette abolition du jour au lendemain, il fut demandé au gouvernement japonais de limiter l'usage des kanjis à une liste restreinte de caractères, avec le dessein d'en diminuer davantage l'effectif, progressivement, dans le futur[26].
Le gouvernement japonais exécuta la réforme voulue par l'occupant, sans toutefois ouvertement promouvoir l'abolition des kanjis, trouvant une forme de compromis entre les positions américaines initiales et les précédentes tentatives infructueuses de limitation du nombre de kanjis — en particulier la liste de 1942. Deux commissions, tour à tour, travaillèrent à la hâte à produire la liste officielle des kanjis. La première commission, particulièrement « ambitieuse », proposa une liste très restreinte de 1 295 caractères ; elle avait même prévu initialement d'étudier la possibilité d'abolir les kanjis pour les noms propres[27]. La seconde commission (de juin à octobre 1946[28]), dirigée par l'homme de lettres Yūzō Yamamoto, proposa in fine une liste de 1 850 caractères qui fut nommée « liste de kanjis à usage provisoire » (当用漢字表, tōyō kanji hyō ). Dès novembre 1946, cette liste fut entérinée par le Cabinet[29].
Afin de soutenir la thèse selon laquelle les Japonais souffriraient d'une maîtrise insuffisante de leur écriture, les Américains confièrent à l'officier John Pelzel (ja) la responsabilité de faire réaliser une étude de grande ampleur sur l'illettrisme. Cette étude, menée sur 16 814 personnes — choisies aléatoirement sur les listes de rationnement — montra en 1948 un taux d'illettrisme de seulement 2,1 %, ce qui constitue un niveau très bas pour l'époque[30], à l'opposé des préjugés initiaux.
La liste des 1 850 tōyō kanji officiels[31] vit le jour en 1946, mais la réforme n'était pas complète à ce stade. En effet, la liste se borna à définir les kanjis (plus exactement les classes de kanjis) dont l'usage serait autorisé dans les textes officiels, les médias et la société en général ; elle indiqua que les formes et les lectures officielles auraient à être fixées ultérieurement[32]. Les décrets suivants vinrent ainsi en complément :
Le degré de coercition de cette réforme fut fort. Le décret de 1946 indique en effet que les mots s'écrivant initialement avec des kanjis hors-liste doivent être remplacés par des synonymes, ou bien écrits en syllabaires sans leurs kanjis ; les furigana sont de surcroît proscrits. Les domaines spécialisés furent par ailleurs invités à revoir leur terminologie afin de ne pas devoir recourir à des kanjis hors-liste.
Avec ces restrictions, de nombreux mots, notamment des termes sinoxéniques, ne purent donc plus s'écrire entièrement en kanjis ; apparut le phénomène des « écritures mélangées[alpha 57] » (par exemple き損[alpha 58] au lieu de l'écriture originale 毀損) qui rendent parfois la lecture difficile. Pour limiter le nombre de ces hybrides, les autorités publièrent un rapport[6], en 1956, qui encouragea des changements orthographiques consistant à puiser dans les caractères officiels pour remplacer les kanjis hors-liste. Par exemple 廻転 (rotation) devint 回転, 慰藉料 (dommages et intérêts) devint 慰謝料.
En outre, en 1948, la législation japonaise sur le registre familial (koseki) limita aux tōyō kanji les kanjis autorisés pour déclarer les nouveau-nés. De fait, un nombre important de kanjis jusqu'alors fréquents pour les prénoms se retrouva exclu des possibilités pour nommer les enfants. Face aux critiques et aux plaintes, le gouvernement autorisa par ordonnance[34], en 1951, une liste supplémentaire de 92 kanjis[35]. Ces kanjis spécifiquement autorisés pour les prénoms sont connus sous le terme de jinmeiyō kanji ; leur nombre est allé croissant d'ajouts en ajouts (cf. section dédiée).
Environ un cinquième des formes des tōyō kanji (publiées en 1949) est simplifié par rapport aux formes d'impression traditionnelles jusqu'alors en vigueur (formes quasi-Kangxi). Ces formes furent appelées formes nouvelles (新字体, shinjitai ) et leurs contreparties traditionnelles formes anciennes[alpha 59] (旧字体, kyūjitai ).
En incluant certains changements mineurs affectant le design des polices de caractères dans le style d'impression minchōtai, le dictionnaire publié en 1954 Shin wa-ei daijiten (p. 2128 et suivante) recense 740 évolutions au sein des 1 850 tōyō kanji.
Les formes anciennes ne furent pas pour autant rendues totalement obsolètes, car le décret n'imposa pas de changer en particulier les noms de famille qui nécessitent ces formes. Les formes « nouvelles » sont en fait pour la plupart des variantes qui sont des « formes abrégées[alpha 60] » ayant elles-mêmes une longue tradition notamment dans le domaine de l'écriture manuscrite, même si certaines simplifications opérées, telles 臭 devenant 臭 ou 從 devenant 従, dénotent par leurs caractères inédits et contraires aux étymologies[36]. Pour ces derniers, de nouveaux caractères d'imprimerie durent être forgés[37].
En dépit de la nature provisoire des tōyō kanji, ces derniers restèrent en vigueur 35 ans. En 1981, une nouvelle liste de kanjis officiels vint en remplacement : il s'agit des kanjis d'usage courant (常用漢字, jōyō kanji ). Le nombre de kanjis augmenta quelque peu avec 1 945 caractères au total. Cette liste est décrite comme un « objectif » — en non une règle absolue — qui n'a pas pour vocation de réguler les usages dans les domaines scientifiques, artistiques et les autres domaines spécialisés. En outre, l'usage de furigana pour indiquer les lectures de kanjis situés en dehors de la liste officielle ne fut plus banni, redonnant ainsi une certaine légitimité à cette pratique ; l'idée de limiter fermement le nombre de kanjis, voire de s'acheminer progressivement vers l'abolition des kanjis fut de facto enterrée avec cette réforme.
Les 1 945 formes canoniques (通用字体, tsūyō jitai )[38] des jōyō kanji conservent les formes simplifiées (shinjitai) des tōyō kanji, tandis qu'une simplification supplémentaire est apportée au kanji 燈, remplacé par 灯 ; les formes des 95 kanjis ajoutés par cette réforme sont cohérentes avec les formes simplifiées, le cas échéant (cf. 褐, 挟, etc.).
Par ailleurs, quelques remaniements eurent lieu au niveau des lectures : une lecture kun est ajoutée au kanji 危 (aya‧bumu), la lecture kun de 盲 (mekura) est ôtée, etc.
Cette liste fut revue et augmentée en 2010 (cf. section dédiée).
En 2000, sont définies les 印刷標準字体 (insatsu hyōjun jitai), formes (ossatures) standard pour l'impression de 1 022 kanjis situés en dehors des jōyō kanji, accompagnées de 22 variantes autorisées[39] (kan'i kan'yō jitai). Ces kanjis ont été retenus pour leur relatif haut degré de fréquence d'utilisation, en dépit de leur absence de la liste des jōyō kanji de l'époque ; cela signifie que, pour l'essentiel, les kanjis exclus à la fois des jōyō kanji et de cette liste complémentaire sont d'une importance relativement négligeable dans le cadre du japonais contemporain (noms propres mis à part).
Fait nouveau parmi les réformes du XXe siècle, les formes choisies comme standard sont les formes traditionnelles (formes quasi-Kangxi). En outre, de nombreuses variantes, telles 涜 (pour 瀆) ou 掴 (pour 摑) qui suivent pourtant la même logique que les simplifications validées après-guerre (賣⇒売 ; 國⇒国), n'ont pas été retenues comme variantes autorisées, car elles étaient trop rares chez les éditeurs, en dépit de leur prédominance dans les logiciels grand-public de traitement de texte d'alors[alpha 61]. Le jeu de caractères codés JIS X 0213 a connu une profonde révision en 2004 pour refléter les choix de ces formes standard.
Le développement des ordinateurs personnels et des téléphones mobiles donne accès au grand-public à de nombreux kanjis non officiels, mais fort utiles. En réponse, l'Agence pour les Affaires culturelles a proposé[40] le une révision de la liste des jōyō kanji de 1981, laquelle fut promulguée par le Cabinet le de la même année. Ainsi, l'effectif des kanjis officiels passe à 2 136, par l'ajout de 196 caractères et le retrait de cinq caractères jugés trop rares. Des ajouts ou suppressions sont également apportés au niveau des lectures.
Une forme canonique par kanji (par classe de kanjis) est fixée, soit 2 136 formes. Pour les nouveaux kanjis ajoutés en 2010, leur formes canoniques sont dans l'ensemble des formes traditionnelles, dans la lignée de l'avis rendu en 2000. Par exemple, les formes 塡 ou 頰 sont choisies plutôt que les variantes 填 et 頬[alpha 62].
En ce qui concerne l'écriture manuscrite, certaines variantes, en général plus simples que les formes canoniques, sont reconnues voire indiquées comme préférables[41]. La reconnaissance de formes (ossatures) différentes entre l'écriture manuscrite et les caractères pour l'impression constitue une nouveauté par rapport aux réformes précédentes. En outre, les cinq kanjis 遡, 遜, 謎, 餅 et 餌 ont des variantes tolérées[alpha 63] (cf. illustration ci-contre). Autre fait nouveau par rapport aux précédentes directives, le rapport de l'Agence précise[42] qu'en raison de l'usage contemporain généralisé des outils informatiques, l'esprit de cette réforme n'est pas d'exiger la capacité à écrire à la main, de mémoire, tous les kanjis de la liste ; néanmoins, il n'est pas précisé quels seraient les kanjis « difficiles » susceptibles de faire l'objet de cette exemption.
Le document officiel notifiant les jōyō kanji se compose d'une introduction donnant des explications sur la liste, d'une liste principale — introduisant les formes et les lectures des 2 136 caractères accompagnées d'exemples lexicaux —, ainsi que d'une liste secondaire, relativement courte, appelée fuhyō ; cette dernière régit l'écriture d'une centaine de mots correspondant à des lectures irrégulières ou considérées comme telles, et ne contient que très peu de termes ateji stricto sensu[43]. Il s'ensuit que, en dehors des noms propres, un grand nombre de mots considérés comme des ateji ou des jukujikun n'ont pas leur place dans les textes de l'administration, car absents de la liste fuhyō. Par exemple, le jukujikun 明後日 (asatte, « après-demain ») n'est pas officiel[alpha 64].
La plupart des prénoms[alpha 65] contemporains des Japonais sont composés de un à trois kanjis ou, plus rarement, de kanas voire d'une combinaison des deux[alpha 66]. À la suite de la dernière modification en 2017[44], 2 999 kanjis au total sont autorisés pour les prénoms des nouveau-nés, parmi lesquels on compte 230 variantes ; c'est-à-dire qu'il y a 2 769 classes de kanjis autorisées pour les prénoms, dont tous les jōyō kanji (2 136 classes) ainsi que 633 autres classes (jinmeiyō kanji). La majorité des 230 variantes sont des formes anciennes (kyūjitai) de jōyō kanji. Parmi les kanjis autorisés, certains caractères ne se prêtent guère, en raison de leur sens, à être employés dans les prénoms, ce qui limite quelque peu le nombre de kanjis disponibles en pratique. Toutefois, pour peu que les caractères soient inclus dans les listes précitées, il est extrêmement rare que des prénoms soient refusés par les fonctionnaires de l'état civil, la jurisprudence n'empêchant en principe que de déclarer un prénom identique à celui du père ou de la mère, ou un prénom constituant une atteinte évidente aux droits de l'enfant.
La majorité des prénoms japonais suivent, en pratique, les lectures répertoriées dans les dictionnaires de kanjis, qu'elles soient kun, on, ou spécifiques aux prénoms. Ces dernières sont connues sous le terme de 名乗り (nanori)[alpha 67] ; on peut citer kazu pour le kanji 和, nori pour 紀, mitsu pour 光, etc[45]. La multiplicité des kanjis et des lectures fait qu'il existe une grande variété de prénoms au Japon, à tel point que les situations où une personne n'arrive pas à lire le prénom d'une autre sont fréquentes. Cela s'est renforcé depuis les années 1990 et 2000, en raison d'une augmentation des usages non conventionnels, comme des lectures abrégées ou encore inspirées par la langue anglaise ; la « mode » pour ce type de prénoms, désignés par le terme peu valorisant de kirakira-nēmu, a commencé à refluer après sa médiatisation à partir des années 2010.
L'état civil japonais est géré via les registres familiaux (koseki) ; les noms (氏名, shimei , nom de famille et prénom) des Japonais étant généralement une chaîne de kanjis, leur lecture n'est pas univoque. Par commodité, les bases de données de l'administration comportent dans la plupart des cas des données auxiliaires pour les lectures des noms, mais ces données, accumulées au fil du temps, n'avaient pas de fondement légal et pouvaient différer selon les organismes.
Avec l'amendement en 2023 de la loi sur les registres familiaux, il est prévu que koseki incluent des champs en kanas (dits shimei no furigana) pour préciser les lectures des noms. Autour du mois de mai 2025, tous les Japonais vont recevoir un courrier de l'administration dans le but de vérifier les lectures qu'ils souhaitent faire enregistrer. Il sera possible de déclarer les lectures par courrier ou en ligne. Passé un délai d'un an sans déclaration, les fonctionnaires de l'état civil effectueront l'enregistrement à la place de l'intéressé, modifiable une fois par ce dernier, si nécessaire. Toute autre demande de modification requerra l'aval d'un tribunal.
La loi indique que « les lectures des caractères utilisés pour écrire les noms doivent correspondre à des lectures généralement admises ». Dans la grande majorité des cas, cela consistera uniquement à approuver les lectures utilisées de manière non-officielles par l'administration. En d'autres termes, les restrictions quant aux lectures s'appliqueront principalement aux nouveau-nés, bien que là aussi, il est probable que les autorités restent dans l'ensemble permissives et ne rejettent que les cas les plus éminemment trompeurs.
Les kanjis extérieurs aux listes officielles (jōyō kanji et kanjis supplémentaires pour les prénoms) sont généralement appelés hyōgai kanji[46]. Dans la pratique, il n'est pas du tout rare d'utiliser des caractères hyōgai kanji, en particulier pour écrire des noms propres, des termes techniques ou des mots ou expressions littéraires. Le cas des noms propres mis à part, le recours à ces kanjis dépend de facteurs comme le caractère officiel ou non du document, le public visé, l'existence d'un contexte spécialisé ou de règles liées à une organisation, voire, les habitudes ou choix individuels. Les usages dans presse écrite suivent la liste officielle des jōyō kanji, avec néanmoins quelques petites différences[47]. Souvent, des furigana sont insérés pour préciser comment lire des hyōgai kanji ou des noms propres rares, sans que cela soit systématique.
La plupart des hyōgai kanji qui sont relativement fréquemment rencontrés, en dehors des noms propres, se retrouvent dans la liste des formes standard pour l'impression.
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