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Parler marseillais
variante régionale du français parlé De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Le parler marseillais est la forme locale du français parlé dans la région de Marseille et modifié par le substrat linguistique provençal sur lequel il s'est greffé, mais aussi par les apports linguistiques dus aux diverses immigrations, notamment au cours des XIXe et XXe siècles, ainsi que par l'évolution linguistique propre à toutes les langues vivantes.
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Histoire
Résumé
Contexte
L'apparition du parler marseillais remonte à la seconde moitié du XIXe siècle, époque où une grande partie des habitants parlent encore le provençal[1]. Ils s'approprient alors la langue française sous l'influence du vocabulaire, de la grammaire et de l'accent provençal ; 90 % du parler marseillais viendrait encore du provençal. En même temps, cette accommodation s'est construite par une francisation de certains termes provençaux tout en gardant les prononciations et intonations du langage provençal. Ce mélange linguistique est une des caractéristiques de l'« accent marseillais ».
Le vocabulaire marseillais s'enrichit également des vagues d'immigration successives. L'italien a été très influent, sans doute grâce à sa proximité avec le provençal, mais le langage s'étoffe aussi de mots arabes, corses, comoriens ou calós. Si la jeunesse du début du XXIe siècle intègre au parler marseillais de nombreux termes et expressions issus de leur pays d'origine, beaucoup de mots provençaux sont encore largement utilisés et conservés dans leur usage courant (cagole, dégun, fada, peuchère, etc[2].)
Depuis 2006, l'Académie de Marseille a son propre dictionnaire du parler marseillais[3].
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Usage et diffusion
Résumé
Contexte
Beaucoup d'habitants de la région de Marseille restent fidèles au parler local, y compris aux expressions en provençal, comme l'illustrent le style caractéristique de groupes musicaux marseillais[4] ou l'utilisation de ces expressions par les institutions locales[5],[6] ou par l'Olympique de Marseille[7] dans leurs communications respectives.
Variantes sociologiques
Derrière l'apparente unicité du parler marseillais, des variantes sont identifiables en plus de l'accent populaire « traditionnel » : un accent dit « des quartiers nord » et un accent dit « de la bourgeoisie marseillaise »[8].
Accent « jambon »
L'accent de la bourgeoisie marseillaise serait « provençal », « chantant » mais moins « vulgaire » que le parler populaire. À Marseille, cet accent « retenu » est qualifié de « pointu » ou « jambon »[9].
Cet accent se caractérise par le phonème /ɑ̃/ prononcé [ɔ̃] et /ɛ̃/ prononcé [œ̃][10].
Dans Trois jours d’engatse, Philippe Carrese décrit ainsi l'accent « jambon »[10] :
« Pour reconnaître un fiòli ou un jambon, c’est pas compliqué... Quand ils mangent l’aïoli, les fiòlis (ou jambons) mettent l’accent sur la dernière syllabe d’aïòli. Les autres (les gens comme toi et moi), mettent l’accent sur le O du milieu. C’est tout simple mais c’est imparable. »
Accent « des quartiers nord »
L'accent « des quartiers nord » se caractérise par une plus forte palatalisation : quartier devient /kaʁ.tʃe/, petit devient /pə.tʃi/[10].
Originaire du nord de la ville, cet accent s'entend de plus en plus chez les jeunes adultes et les adolescents de Marseille, parfois même dans les quartiers sud. Il est parfois perçu comme un accent « des cités »[11].
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Phonologie
Accent tonique
- prononciation des -e terminaux ainsi que des -e intersyllabiques, normalement muets à Paris :
- « Une petite femme sur la fenêtre » se prononce en marseillais /y.nə.pə.tʃi.tə.fa.mə.syʁ.la.fə.nɛ.tʁə/ (« uneu peutiteu fame sur la feunétreu ») au lieu de /yn.ptit.fam.syʁ.la.fnɛtʁ/ (« une p(e)tite fame sur la fnètre ») dans le parler parisien ; soit le double de syllabes.
- simplification de -è ouverts en -é fermés
- il n'est fait aucune distinction entre les, lait, laid, lais ou laie, prononcés tous indistinctement [le] (« lé »)
- les mots marseillais, très, après, etc., se prononcent /maʀ.sɛ.je/, /tʁe/, /a.pʀe/) ;
Voyelles nasales
- devant p ou b : am / em se prononcent amm ; om se prononce omm[2].
- « empéguer » devient donc « ammpégué » ; « tomber » devient « tommbé. »
- devant q : an / en se prononcent èng ; on se prononce òng ;
- « tranquille » devient donc « trèngkile » ; « Arenc » devient « Arèngk » ; « jonquille » devient « jongkiye. »
- devant t, tch, d, dj : en / an / em se prononcent ann ; in, ain, ein se prononcent ènn[2].
- « Endoume » devient donc « Anndoume » ; « peintre » devient « pènntre ».
- à la fin d'un mot, -an se prononce -ang ; -in / -ain deviennent -èng ; -on devient -òng ; -un devient -œng[2].
- il y est conservée donc, à la différence du français parisien, une nette distinction entre « brun » et « brin », « un » et « hein » ; notons que cette distinction est de moins en moins présente parmi les jeunes générations.
Mutation consonantique et vocalique
- Transformation de la syllabe initiale re- en ro-.
- rocommencer, roprendre, romonter pour recommencer, reprendre, remonter[12].
Diérèse et palatalisation
- diérèse de certaines diphtongues :
- « avion » se prononce /a.vi.jɔ̃/ (« aviyon »), « camion » devient /ka.mi.jɔ̃/ (« camiyon »), « rien » devient /ʁi.jɛ̃/ (« riyin »)[15] ;
- palatalisation de t et d devant les voyelles i et u
- Quartier devient /kaʁ.tʃe/, petite devient /pə.tʃi.t(ə)/, voiture devient vwa.tʃy.ʁ(ə)[16]. À l'oral, tu as peut devenir /tʃɑ/ et tu es, /tʃe/, à la différence du parler parisien, on /ty.a/ et /ty.ɛ/ seront simplifiés en /ta/ et /tɛ/ à l'oral.
- Ce trait de prononciation est particulièrement appuyé dans les quartiers nord de la ville.
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Grammaire
- Usage fréquent d'impératifs de verbes pour attirer l'attention :
- Tè ! (« tiens ! »), vé ! (« vois ! »)
- Usage d'interjections pour marquer l'expression :
- « Oh fan ! » (exclamation de surprise) ; « Qué » signifie « quoi, quel » (« Qué rendez-vous ? » a le sens de « Quel rendez-vous ? De quoi tu me parles ? ») ;
- Usage transitif de verbes intransitifs en français standard, sur le calque du provençal :
- « tu vas tomber le verre » pour « tu vas faire tomber le verre » ;
- Usage particulier des superlatifs et comparatifs[17] :
- « Je préfère mieux » pour « je préfère encore »; « c'est plus pire » pour « c'est encore pire ».
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Lexique
Résumé
Contexte
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Quelques expressions
- « Bon bout d'an ! » : bonne fin d'année !
- « À l'an que vèn » : à l'année prochaine[31].
- « Bon pour le 54 » : bon pour l'asile (qui se trouvait, il y a un siècle, au terminus du tram 54 ; aujourd'hui on y trouve l'hôpital de la Timone).
- « Tanqué comme un santon » : figé, immobile (dépréciatif).
- « Un cul comme la porte d'Aix » : très gros (la « porte d'Aix », c'est l'arc de triomphe de la place Jules-Guesde).
- « Arriver comme Belsunce » : arriver sans rien à offrir. Lié à la statue d'Henri de Belsunce, évêque de Marseille pendant la peste de 1720, représenté avec les deux paumes tournées vers le ciel.
- « Je vais te mettre un 5 francs si tu continues » : Je vais te mettre une gifle si tu continues.
- « Faire moulon » : s'entasser (à l'arrière du bus par exemple).
- « Avoir la gibe » : avoir une bosse (giba en provençal) ; se dit surtout d'une joue enflée par une rage de dents.
- « Fais du bien à Bertrand, il te le rend en cagant » : ne donnez pas votre amitié à n'importe qui.
- « Fan de chichourle ! Il m'a fait un palet le gonze » : ça alors ! Le type a fait un carreau ("Fan de chichourle" exprime l'admiration, l'exaspération ou l'étonnement)
- « Fan des pieds » : alternative à « Fan de chichourle » permettant d'éviter la locution vulgaire « chichourle ».
- « Passer la pièce » : passer la serpillière.
- « Faire de l'essence » : faire le plein de la voiture en carburant.
- « Ne pas se rompre le frein » : ne pas trop travailler. Ho assieds-toi ! On va pas se rompre le frein quand même !
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Notes et références
Voir aussi
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