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langue romane De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le catalan (en catalan : català), est une langue romane[2], parlée par environ 10 millions de personnes[N 1] dans la partie orientale de l'Espagne (la Catalogne, la Communauté valencienne — localement nommé « valencien » —, aux Îles Baléares, et dans la Frange d'Aragon), en Andorre et, dans une moindre proportion, en France (la majeure partie des Pyrénées-Orientales) et en Italie (la ville d'Alghero en Sardaigne). Il est issu du latin vulgaire introduit au IIe siècle av. J.-C. par les colons romains au nord-est de la péninsule Ibérique et au sud de la Gaule narbonnaise[3],[4]. Apparenté au groupe gallo-roman, il est très proche de l’occitan, en particulier le dialecte languedocien, avec lequel il partage une même origine et une tradition littéraire ancienne, mais présente aussi des traits qui le rapprochent du groupe ibéro-roman[5].
Catalan Català | |
Pays | Andorre, Espagne, France, Italie. |
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Région | Catalogne, Îles Baléares, Communauté valencienne, Frange d'Aragon, El Carche, Pyrénées-Orientales, Alghero. |
Nombre de locuteurs | L1 : 4 079 420 L2 : 5 150 000[1] |
Typologie | SVO, flexionnelle, accusative, syllabique (controversé), à accent d'intensité |
Classification par famille | |
Statut officiel | |
Langue officielle | Andorre Catalogne Îles Baléares Communauté valencienne Statut de langue minoritaire : Pyrénées-Orientales (France) Alghero (Italie) |
Régi par | Institut d'Estudis Catalans Académie valencienne de la langue |
Codes de langue | |
IETF | ca
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ISO 639-1 | ca
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ISO 639-2 | cat
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ISO 639-3 | cat
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Étendue | langue individuelle |
Type | langue vivante |
Linguasphere | 51-AAA-e
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WALS | ctl
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Glottolog | stan1289
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État de conservation | |
Langue non menacée (NE) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde
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Échantillon | |
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)
Article 1 Tots els éssers humans neixen lliures i iguals en dignitat i en drets. Són dotats de raó i de consciència i han de comportar-se fraternalment els uns amb els altres. |
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Carte | |
Le catalan en Europe. | |
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Depuis 1993, il est la seule langue officielle de la principauté d'Andorre. Depuis la transition démocratique espagnole et la mise en place de l'État des autonomies (autonomies régionales), le catalan est reconnu comme langue officielle au même titre que l’espagnol dans les principaux territoires d'Espagne où il est parlé.
Le catalan est constitué de divers dialectes (on en a recensé jusqu'à 21), qui restent néanmoins très proches et largement intercompréhensibles. On distingue traditionnellement deux grands blocs dialectaux : le bloc oriental d'une part, qui comprend le catalan central, parlé à Barcelone et à Gérone, le catalan insulaire, parlé dans les îles Baléares (majorquin, minorquin, ibizois) et à Alghero (en catalan : L'Alguer) en Sardaigne (alguérois) ainsi que le roussillonnais, parlé dans les Pyrénées-Orientales ; et d'autre part le bloc occidental, regroupant le catalan nord-occidental, parlé dans les régions occidentales de Catalogne ainsi qu'en Andorre, et le valencien.
La langue catalane dispose de deux principaux standards : le standard général contrôlé par l'Institut d'Estudis Catalans, basé sur l'orthographe et les normes établies par le grammairien Pompeu Fabra (1868-1948), et celui régi par l'Académie valencienne de la langue, limité à la Communauté valencienne et qui prend pour base les Normes de Castelló, établies en 1932, reprenant les normes de Fabra mais adaptées aux principaux traits distinctifs des modalités valenciennes.
Le catalan appartient à la branche romane occidentale des langues indo-européennes[6],[7].
Son classement plus précis dans l’ensemble roman a fait l’objet de plusieurs polémiques, portant sur la question de savoir s’il devait être rattaché au gallo-roman ou à l’ibéro-roman, et s’il devait être considéré comme une langue indépendante de l’occitan ou comme un dialecte de celui-ci[8],[9],[10].
Le fait que la littérature catalane fût écrite en occitan jusqu’au XVe siècle, que certains écrivains contemporains et manifestations populaires revendiquent l'héritage de la langue d’oc médiévale ont contribué à la confusion[11],[10],[9].
Un premier débat a eu lieu autour de 1920, puis il a repris vigueur à partir des années 1960 et 1970, en lien avec l’émergence de la dialectométrie. Il n’est toujours pas tranché, et il est délicat de prétendre y mettre fin, étant donné qu'il n’y a pas de consensus sur la définition de frontière au sein des grands continuums linguistiques, et que les conclusions obtenues sont fondamentalement conditionnées par un choix de critères qui pourront paraître arbitraires en fonction de l’opinion des chercheurs qui les mettent en œuvre[12],[11].
Plusieurs auteurs de renom ont soutenu que le catalan était un dialecte occitan au cours des premières décennies de la linguistique moderne : les romanistes Wilhelm Meyer-Lübke, Friedrich Christian Diez — considérés comme des pères de la romanistique —, Gerhard Rohlfs[13], Oskar Schultz-Gora (de), Édouard Bourciez, Alfred Morel-Fatio, l’écrivain catalan Manuel Milà i Fontanals — figure phare de la Renaixença, le mouvement de « renaissance » de la langue catalane — et le lexicographe baléare Antoni Maria Alcover — principal impulseur du Diccionari català-valencià-balear —[14],[15],[16],[17],[18].
Dans la première édition de Grammatik der romanischen Sprachen (« Grammaire des langues romanes », 1836), Diez reconnaît 6 langues romanes (italien, roumain, français, provençal, espagnol et portugais) et les premiers romanistes ont longtemps considéré que le catalan était un dialecte de l’occitan[11].
Toutefois, une série de travaux ultérieurs apportèrent de nouvelles perspectives, ouvrant le débat sur la question de l’hispanité de la langue catalane, hypothèse notamment défendue par le linguiste suisse Heinrich Morf (en), ou d’autres apportant de nouvelles données sur la frontière entre le roussillonnais et le languedocien[17]. Plus tard, le philologue suisse Walther von Wartburg, commentant un travail de Meyer-Lübke, affirmait qu’« il est incompréhensible que le catalan apparaisse ici encore comme un dialecte du provençal. […] on ne peut pas non plus le considérer lié à l’espagnol, car il en diffère autant que le portugais […] ; sans doute il faut le considérer comme une langue spéciale »[17]. De même, Friedrich Diez révisa ses positions dans la deuxième édition de sa grammaire, en 1856[19] ; dans la troisième édition publiée en 1863 il déclare ainsi : « la langue catalane […] n’est pas exactement avec le provençal dans le rapport d’un dialecte ; c’est plutôt un idiome original allié de près à celui-là »[17],[11],[20],[21]. Meyer-Lübke rejoint finalement cette position en 1925 avec la publication de Der Katanische[19].
En 1950, le philologue castillan Vicente Diego de Navarro affirmait qu’une « connaissance superficielle du catalan a propagé l’idée que le catalan est une déformation du provençal, alors que la vérité est qu'il a une physionomie particulière »[22]
L’idée que le catalan est une langue proche mais indépendante de l’occitan fait depuis longtemps l’objet d’un consensus au sein des spécialistes, mais la question de sa classification a fait l'objet d’autres débats et polémiques[11],[23].
Une bonne partie des traits évolutifs différentiels du catalan par rapport à l’occitan sont communs avec le castillan. Par exemple :
Sur le plan du lexique, plusieurs termes anciens révèlent une affinité du catalan avec les solutions ibéro-romanes, par exemple : casa « maison », despertar « réveiller », callar « se taire », tia « tante », apagar « éteindre »[26], germà « frère », arena « sable »[27] ou encore l’absence de descendant populaire du latin ungĕre[28]. Au niveau de la morphologie, une différence notable est la quasi-inexistence du système casuel simplifié à deux cas — cas sujet et cas oblique —, bien attesté en français et occitan médiévaux jusqu’au XIIIe siècle, mais dont on ne retrouve que des traces isolées dans quelques textes catalans primitifs, qui sont peut-être des occitanismes[29].
Sur cette base, deux écoles se distinguent au sein des premiers romanistes : celle, majoritaire et représentée notamment par Meyer-Lübke et Antoni Griera (ca), qui, avec des arguments différents, défendent l’affiliation du catalan au groupe gallo-roman, et celle incarnée par Ramón Menéndez Pidal, père de la philologie hispanique, qui rattache le catalan à l’ensemble ibéro-roman[30],[31].
Ce dernier s’appuie sur des « principes géographico-chronologiques » suivant lesquels il affirme que tous les parlers romans de la péninsule Ibérique présentent un ensemble de coïncidences fondamentales dans leur étape initiale de formation. Par exemple, sur le plan du vocalisme, il soutient que, à l’exception du castillan (qui à l’époque n’a qu’une extension très réduite), tous les idiomes de l’Hispanie présentent une unité fondamentale, y compris le mozarabe, pourtant extrêmement peu documenté[31]. Il soutient également que la palatalisation de l- initial en [ʎ] du catalan constitue un trait « fondamentalement hispanique » car il se retrouve également en asturléonais[32].
En 1924, Pierre Fouché, dans sa thèse doctorale consacrée au roussillonnais[33], soutient que « le roussillonnais s’est développé d’une façon qui lui est propre », les influences du languedocien ou des autres parlers catalans n’ayant qu’une part « minime »[34], ce qui conforte l’idée de l’indépendance du groupe catalan, intermédiaire entre les deux blocs[35].
Si en 1927, le linguiste navarrais Amado Alonso soutient que le problème de la classification du catalan est encore ouvert[17], plus tard il se montre plus critique envers les termes mêmes de gallo-roman et d’ibéro-roman : si l’on entend par « ibéro-roman » celui de « langue enclavée en Ibérie ou langue romane de substrat ibérique », dans ce cas le catalan doit être considéré comme une langue ibéro-romane car la thèse inverse, qui fut un temps défendue par Meyer-Lübke — soutenant que le substrat originel de la Tarraconaise avait été substitué par un repeuplement venu de la Narbonnaise au VIIIe siècle dans le cadre de l’invasion omeyyade en France —, ne correspond pas aux connaissances historiques et linguistiques[36].
Selon le linguiste valencien Germán Colón, il fut démontré que cette querelle était vaine et relevait davantage de motivations identitaires que de critères purement linguistiques[37],[13],[38]. Certains participants à la polémique ont suivi une logique qui voulait que le catalan doive être rattaché clairement soit au gallo-roman, soit à l'ibéro-roman[37],[13].
Les traits strictement ibéro-romans du catalan restent néanmoins limités, et l’affiliation à cette branche est difficilement défendable, sauf à se limiter à des critères strictement géographiques[36]. La palatalisation de l- initial commune au catalan et à l'astur-léonais s'explique peut-être par l’influence d’un vieux substrat sorothaptique (indo-européen)[39][page à préciser].
Par la suite, Gerhard Rohlfs développe une théorie postulant l'unité fondamentale des parlers romans « pyrénéens », schématiquement compris entre l’Èbre et la Garonne (haut aragonais, catalan, gascon et occitan)[31].
Parallèlement, Amado Alonso élabore une thèse plus large encore, selon laquelle le catalan participe d’un vaste ensemble incluant toutes les langues romanes occidentales à l'exception du français (au sens large, c’est-à-dire englobant les langues d’oïl). Selon lui, de la même manière que le roumain occupe une place à part dans l’ensemble roman oriental à cause de circonstances historiques particulières, le français se distingue du reste de la Romania occidentale par une faible romanisation, qui se traduit par une plus grande influence du substrat celtique, ainsi que par une germanisation accrue[40]. Ainsi, selon Alonso « le provençal [occitan], sans cesser d’être gallo-roman, forme un groupe avec le catalan, qui ne cesse pas d’être ibéro-roman, avec le castillan et avec le portugais. Tous réunis, ils forment avec l’italien le groupe des langues fidèles (en comparaison avec le français) au type latin »[40],[41].
Entre les années 1960 et 1970, l’occitaniste et écrivain gascon Pierre Bec élabore une nouvelle classification des langues romanes, autour du concept de « langues occitano-romanes » comme sous-ensemble du gallo-roman divisé en trois parties : occitan (regroupant nord-occitan et occitan moyen), gascon et catalan[42],[12],[11]. Dans des travaux ultérieurs, il prolonge cette idée à travers une « division supralectale » de l’occitan, avec un groupe aquitano-pyrénéen rassemblant le gascon et le catalan[43].
Peu de temps après cette proposition, Henri Guiter, directeur de l’Atlas linguistique des Pyrénées Orientales publié en 1966, qui a marqué un jalon important dans la connaissance des parlers de la zone et confirmé l’existence d’une frontière bien marquée entre roussillonnais et languedocien, l’a vigoureusement rejetée[12].
La taxinomie de Bec permet de résoudre certains écueils de la classification traditionnelle, avec l’avantage notable de donner une place à part au gascon, qui est également problématique de ce point de vue[44]. Elle a rencontré un certain écho, notamment sur les forums, et est de plus en plus fréquemment reprise[44].
D’autres auteurs ont repris le nouveau regroupement élaboré par Bec, mais en envisageant l’ensemble occitano-roman comme séparé du gallo-roman. Ce point de vue est justifié par le consensus sur l’existence d’un substrat relativement uniforme commun au bloc occitano-catalan, et qui n’est pas applicable au gallo-roman. Dans cette optique, les notions traditionnelles de gallo-roman et d’ibéro-roman sont considérés comme « artificielles »[12].
L’idée d’un nouveau découpage peut d’une part être critiquée car elle ajoute une complexité peut-être dispensable, mais elle facilite d’autre part le travail de classification en permettant de faire apparaître certaines affinités difficiles à percevoir d’une autre manière[11].
Il est admis que le catalan fait son apparition au sein de la famille gallo-romane et que le catalan littéraire jusqu’au XIIe siècle est profondément influencé par la langue des troubadours, sorte de koinè d'occitan alors connue sous la dénomination de « provençal » ou « limousin », différente de la langue parlée par le peuple[45].
L’idée du philologue catalan Antoni Maria Badia i Margarit de considérer le catalan comme une langue « pont entre la France et la péninsule Ibérique » paraît raisonnable et présente un avantage méthodologique notable, applicable à de multiples autres cas de la Romania, car chercher à qualifier absolument un idiome en termes essentialistes est non seulement difficile mais aussi source d’erreurs[11].
Selon le romaniste allemand Georg Bossong (de) « L’exemple du catalan montre que les problèmes de classification émergent à deux niveaux : au niveau des unités de base devant être classées, à savoir les langues individuelles ; et au niveau de la combinaison de ces unités dans des groupes plus grands. Des problèmes de ces deux types ont lieu dans tous les coins de la Romania »[11].
Le catalan montre une indéniable affinité avec le groupe gallo-roman, mais il présente également une série de traits distinctifs (propres ou hispaniques) qui tendent à le faire considérer comme un élément nettement caractérisé au sein de cet ensemble, avec une frontière très compacte que des facteurs géographiques seuls peinent à expliquer et qui invalident l’idée d’une forme d’occitan importée[8]. Si le catalan primitif se différenciait peu de l'occitan[46] et était à strictement parler une « langue d’oc »[47], cette proximité reste difficile à évaluer précisément[48]. Les circonstances politiques, avec l'abandon des territoires occitanophones de la couronne d'Aragon au début du XIIIe siècle accentueront encore l'influence ibérique et contribueront à lui conférer une physionomie distinctive[49]. Dans l’actualité, le catalan est majoritairement décrit comme une langue intermédiaire entre les groupes gallo-roman et ibéro-roman[50],[5], tout en admettant souvent une plus grande affinité avec le premier, surtout dans ses origines[9],[51],[52], ou bien, par certains de ceux qui rejettent la classification traditionnelle, comme un élément du diasystème occitano-roman[44].
La langue catalane présente des traits (communs ou différentiels) qui la caractérisent au sein des langues romanes. Les caractéristiques présentées ci-dessous sont quelques-unes des importantes évolutions historiques du latin dans la consolidation du catalan.
Trait commun avec le groupe gallo-roman :
Trait commun avec l'occitan :
Trait commun avec le groupe ibéro-roman :
Traits qui l'opposent partiellement à l'occitan :
Trait caractéristique du sud de l'ensemble roman occidental (languedocien méridional et groupe ibéro-roman) :
Trait commun avec le portugais :
Trait commun à la plupart des langues romanes modernes :
Trait commun avec le domaine roman occidental :
Traits communs avec le gallo-roman :
Traits communs avec l'occitan :
Traits spécifiques :
Nombreuses palatalisations (que l'on retrouve de façon éparse dans les autres langues romanes) :
D'autres traits que l'on retrouve de façon éparse dans le domaine roman sont :
Au niveau morphologique on peut relever :
Il existe trois groupes de verbes en catalan : -ar, -er/-re et -ir, les deux derniers présentant de grandes irrégularités. Les deux principaux groupes productifs sont le premier groupe (-ar) et les verbes du troisième groupe dits inchoatifs (terminaisons de troisième personne en -eix [ˈeʃ]/[ˈejʃ]). Le deuxième groupe rassemble moins de 100 verbes[5].
Sauf très localement, le seul auxiliaire à être employé actuellement est haver. En catalan médiéval, on trouve néanmoins ésser dans les constructions pronominales et avec certains verbes intransitifs[5], comme en français et en occitan.
La construction d'ascendance médiévale « anar + infinitif », dit prétérit périphrastique, propre au catalan, a pratiquement supplanté les formes de passé simple issues du parfait latin[5]. Le passé simple est néanmoins maintenu en baléare et partiellement en valencien, notamment central.
À l'heure actuelle, il existe d'importantes divergences dialectales dans la morphologie verbale, et cela n'est pas sans poser de problèmes de compatibilité notamment dans le cas du valencien[59].
Citons en exemple les terminaisons de la première personne du singulier au présent de l'indicatif :
En valencien moderne, ce sont les formes du subjonctif imparfait en -ra qui se sont imposées, sous doute sous l'influence du castillan, contre les formes en -és, semble-t-il plus étymologiques.[réf. nécessaire]
Le catalan se caractérise, comme le castillan bien que de façon moins prononcée, par la grande liberté de l'ordre syntaxique et pratique facilement l'inversion du sujet[5]. L'usage de la préposition a devant les compléments personnels, comme en castillan, n'est pas normatif mais est présent localement et dans des documents anciens[5].
L'adjectif qualificatif est généralement placé après le substantif mais peut néanmoins être devant avec une valeur stylistique[5].
Une caractéristique importante du catalan au niveau lexical, qui le différencie nettement du groupe ibéro-roman, est un fond lexical ancien gallo-roman, qui le rapproche fondamentalement de l'occitan. Pour de nombreux termes de la vie courante, le catalan retient des formes latines modernes, là où le castillan et le portugais utilisent des formes plus archaïques[5].
On remarque que lorsque le catalan partage un étymon avec les langues ibériques, on retrouve en général le même en occitan[5].
Le lexique catalan inclut de nombreux arabismes, issus des contacts séculaires entre la Catalogne et Al Andalus, particulièrement dans les parlers occidentaux et notamment en valencien[5]. Bon nombre d’arabismes et mozarabismes ont été transmis par l'intermédiaire de l’aragonais.
De nombreux termes adaptés du latin ou du grec ancien ont été introduits dans la littérature catalane par Raymond Lulle (1232-1315)[5].
Les deux blocs dialectaux du catalan, basés sur le traitement différencié des voyelles atones, présentent également un lexique spécifique[5]. Nombreux sont les cas où un terme généralisé en valencien différent du terme oriental se retrouve également dans les zones méridionales et occidentales du bloc occidental (en particulier dans la frange d'Aragon).
Le catalan insulaire présente de nombreux archaïsmes.
Le valencien, notamment sa variante centrale[60], mais également le parler de la Frange d'Aragon sont marqués par un important taux d'emprunts au castillan (hasta au lieu de fins, abuelo pour avi, etc.). Les variantes catalanes n'en sont néanmoins pas démunies[N 6], mais la politique de normalisation linguistique très volontariste de la Generalitat a permis de faire reculer certains hispanismes très anciens, notamment dans les grandes zones urbaines[61]. Bien souvent, la variante autochtone et l'emprunt persistent dans les usages comme synonymes.
Un des critères fondamentaux (mais pas absolu) de l’orthographe catalane moderne, proposée par l’Institut d’Estudis Catalans, essentiellement sur les recommandations de Pompeu Fabra, est le respect de l’étymologie (voir Fabra 1917 et Segarra 1985), à condition qu’elle soit en accord avec la prononciation majoritaire. Ceci explique l’existence de la double graphie ‹ g/j › pour le son [ʒ] suivi d’un ‹ e › : general, jerarquia ; ou le maintien des groupes consonantiques mpt et mpc : redemptor, redempció ; ou encore la distinction entre q et c pour le son [k] : quatre, evacuar ; le -d de àcid, òxid, solitud ; le -g de pròleg, antropòfag ; le -b de corb (« courbe », « corbeau »), de club ; etc.
Le catalan utilise l'alphabet latin enrichi de digrammes, de signes diacritiques (accent aigu, accent grave, point médian dans le digramme l·l (appelé : ela geminada), cédille sous c, tréma) et de lettres diacritiques (u après g et q, i devant x et g). Il existe de nombreuses diphtongues, représentées par des paires de voyelles.
L'alphabet est le suivant :
Les lettres entre parenthèses sont les variantes possibles (avec diacritiques, dans des digrammes…), qui ne comptent pas comme lettres indépendantes. On classe les voyelles portant un accent aigu après les simples et avant celles portant l'accent grave, puis le tréma.
Chaque mot renferme une voyelle tonique. Une syllabe contenant une voyelle accentuée graphiquement est tonique. Si le mot ne contient pas d'accent graphique, la syllabe tonique est celle contenant la dernière voyelle dans le cas des mots terminés par une consonne sauf s, et celle contenant l'avant-dernière voyelle dans les autres cas (mots terminés par une voyelle ou s).
Voici la prononciation générale du catalan centrée sur les principales différences par rapport au français (il existe néanmoins de nombreuses variantes dialectales pour la prononciation des voyelles atones) :
La prononciation reste indicative, on observe de nombreuses variations dans le traitement des voyelles atones.
La dialectologie de la langue catalane est l'étude des propriétés dialectales du catalan.
En raison de l'existence d'un continuum linguistique et de larges zones de transition, hormis dans le cas des situations insulaires, la division de la langue en dialectes selon des frontières précises est malaisée. Aucun dialecte identifié n'est totalement uniforme et chacun peut être divisé en différents sous-dialectes. De même, dans les zones de dialecte constitutif on trouve des dialectes de transition vers les langues voisines, comme le bénasquais, vers l'aragonais, ou le capcinois, vers l'occitan.
Selon les propositions faites par Manuel Milà i Fontanals 1861, le domaine linguistique du catalan est traditionnellement articulé en deux grands blocs verticaux, le bloc oriental et le bloc occidental, division basée sur un traitement différencié du vocalisme atone[66],[67].
Certains dialectes ont disparu, comme le minorquin de Bordj El Kiffan (en Algérie), ou le catalan de la bourgeoisie et des classes supérieures des principales villes de Sardaigne, de Sicile, ou de Naples, dont il reste certaines traces dans leurs parlers respectifs, sarde, sicilien et napolitain. De la même manière on trouve des influences du valencien de Murcie (ca), également éteint, dans l'actuel parler murcien.
Un cas remarquable de dialecte du catalan est le catalan salat, résultat de l’interférence entre dialectes non frontaliers en raison de l'émigration, à l'époque moderne, de Majorquins au sud du domaine valencien.
Les phonèmes pertinents en catalan connaissent d'importantes variations dialectales. Une caractéristique générale est, comme dans la plupart des langues romanes et à la différence du castillan, la distinction [o]/[ɔ] et [e]/[ɛ] en position tonique[5].
Une importante caractéristique dialectale de la langue catalane est l'instabilité du vocalisme atone. Dans le bloc oriental, notamment en catalan central et roussillonnais, ce phénomène s'est manifesté de façon extrême par la réduction de [a]/[e] et [o]/[u] en [ə]/[u]. Ailleurs, on observe de nombreux phénomènes de simplification harmonisation vocalique :
Au niveau vocalique, le catalan se caractérise également, comme le portugais et à la différence du français et surtout du castillan, par l'absence de diphtongaison de e et o brefs latins toniques[5].
/v/ labiodental se maintient en valencien (sauf en apitxat), en baléare, et ponctuellement autour de la Conca de Barberà et de la Ribera d'Ebre. Ailleurs, le bêtacisme, commun au castillan, s'est imposé[68].
Le résultat de ĭ et ē toniques latins est également intéressant[69],[70] :
Interdit en public sous Franco (discours, documents, livres, théâtre…[72]), il souffrit d'une sévère censure dans la diffusion de ses écrits, en particulier dans la première phase du régime franquiste (environ jusqu'en 1960). Depuis la nouvelle constitution espagnole de 1978, cette langue est redevenue officielle en Catalogne, aux Îles Baléares et dans la Communauté valencienne (sous la dénomination de valencien) à égalité avec le castillan (et l'aranais, variété de gascon, au Val d'Aran). On trouve en Catalogne une abondante littérature rédigée en catalan, issue d'auteurs catalanophones ou de traductions. De même, la signalisation routière est en catalan, seulement doublée en castillan sur les axes autoroutiers.
Dans les universités catalanes, la grande majorité des cours sont donnés en catalan. La plupart des thèses sont également soutenues en catalan. D'autres sont soutenues en castillan et une part non négligeable en anglais, toujours selon la base du volontariat du candidat.
Malgré son statut officiel, le catalan est toutefois peu utilisé dans le système de justice local, 8% seulement des jugements rendus en Catalogne étant rédigés dans cette langue[73].
Bien qu'il soit reconnu comme langue régionale par le conseil général des Pyrénées-Orientales[74][source insuffisante] depuis 2007, le catalan n'est pas reconnu officiellement en France, où la seule langue officielle est le français, en vertu de l'article 2 de la Constitution française modifié par la loi constitutionnelle du , qui proclame : La langue de la République est le français.
La télévision (CCRTV) est diffusée en catalan sur TV3 depuis 1981 ainsi que sur d'autres canaux publics : en analogique sur Canal33 (ca), chaîne culturelle et sportive, et K3/300 chaîne infantile et séries, mais sur la TDT (TNT), K3 (ca) et 300 (ca) sont séparées et s'y rajoute une chaîne d'information continue 3/24, une chaîne pour enfants et adolescents Canal Super3 (ca), une chaîne interactive ainsi qu’Esport 3 chaîne de sports. À Valence, il existe aussi Canal 9, Punt 2, et en Andorre, Andorra TV. S'y rajoutent des chaînes privées comme Flaix TV (ca), Pirineus TV, Barcelona TV (ca), 8tv (ca), Urbe TV, Canal Català (ca), 25 tv (ca) ou encore Localia (ca). De très nombreuses radios sont émises en catalan : publiques catalanes (Catalunya Ràdio, Catalunya Música, Catalunya Informació, iCat FM) ou espagnole (Ràdio 4), ou privées (RAC 1, RAC 105 (ca)), Flaix FM, Flaixbac, etc.). Tous ces programmes sont disponibles en Roussillon et Cerdagne où s'y rajoute une chaîne de radio Ràdio Arrels de Perpignan qui émet depuis 1981 (plus ancienne radio française à émettre exclusivement dans une langue autre que le français). Presse en catalan: La Vanguardia, El Periódico de Catalunya, Avui, El Punt, Ara et Diari de Girona.
Territoire | Parler | Comprendre | Lire | Écrire |
---|---|---|---|---|
Catalogne | 84,7 | 97,4 | 90,5 | 62,3 |
Communauté valencienne | 57,5 | 78,1 | 54,9 | 32,5 |
Îles Baléares | 74,6 | 93,1 | 79,6 | 46,9 |
Pyrénées-Orientales | 37,1 | 65,3 | 31,4 | 10,6 |
Andorre | 78,9 | 96,0 | 89,7 | 61,1 |
Franja de Ponant | 88,8 | 98,5 | 72,9 | 30,3 |
Alguer | 67,6 | 89,9 | 50,9 | 28,4 |
Territoire | Chez soi | Dans la rue |
---|---|---|
Catalogne | 45 | 51 |
Communauté valencienne | 37 | 32 |
Îles Baléares | 44 | 41 |
Pyrénées-Orientales | 1 | 1 |
Andorre | 38 | 51 |
Franja de Ponant | 70 | 61 |
Alguer | 8 | 4 |
Territoire | Personnes | Pourcentage |
---|---|---|
Catalogne | 2 813 000 | 38,5 % |
Communauté valencienne | 1 047 000 | 21,1 % |
Îles Baléares | 392 000 | 36,1 % |
Andorre | 26 000 | 33,8 % |
Franja de Ponant | 33 000 | 70,2 % |
Pyrénées-Orientales | 35 000 | 8,5 % |
Alguer | 8 000 | 20 % |
TOTAL | 4 353 000 | 31,2 % |
Une demande de reconnaissance du catalan comme langue officielle a été effectuée par le gouvernement espagnol en 2004 auprès de la Commission européenne[N 7].
Depuis , le catalan figure parmi les langues de diffusion des textes basiques de l'Union européenne et le droit d'en faire usage auprès de certaines administrations de l'Union est reconnu depuis 2006[79].
En septembre 2023, l'Espagne a introduit une demande officielle au Conseil des ministres des Affaires européenes de reconnaître le basque, le catalan et le galicien comme langues officielles de l'Union européenne[80].
Français | Catalan | Occitan | Sarde | Italien | Espagnol | Portugais | Roumain |
---|---|---|---|---|---|---|---|
cousin | cosí | cosin | fradili | cugino | primo | primo | văr |
frère | germà | fraire | fradi | fratello | hermano | irmão | frate |
neveu | nebot | nebot | nebodi | nipote | sobrino | sobrinho | nepot |
été | estiu | estiu | beranu | estate | verano, estío[84] | verão, estio[84] | vară |
soir | vespre | ser, vèspre | seru | sera | tarde-noche[85] | tarde, serão[85] | seară |
matin | matí | matin | mangianu | mattina | mañana | manhã, matina | dimineață |
poêle | paella | padena | paella | padella | sartén | frigideira, fritadeira | tigaie |
lit | llit | lièch, lèit | letu | letto | cama, (lecho) | cama, leito | pat |
oiseau | ocell, pardal | aucèl | pilloni | uccello | ave, pájaro | ave, pássaro | pasăre |
chien | gos, ca | gos, canh | cani | cane | perro, (can) | cão, cachorro | câine |
prune | pruna | pruna | pruna | prugna | ciruela | ameixa | prună |
beurre | mantega | burre | burru, butiru | burro | mantequilla, manteca | manteiga | unt |
morceau, pièce | tros | tròç, petaç | arrogu | pezzo | pedazo, trozo[86] | pedaço, bocado | bucată |
gris | gris | gris | canu | grigio | gris, pardo[87] | cinza, gris | gri |
chaud | calent | caud | callenti | caldo | caliente | quente | cald |
trop | massa | tròp | tropu | troppo | demasiado | demais, demasiado | prea |
vouloir | voler | voler | bolli(ri) | volere | querer | querer | a voi |
prendre | prendre | pren(dr)e, prendre | pigai | prendere | tomar | apanhar, levar | a prinde, a lua |
prier | pregar | pregar | pregai | pregare | rezar/rogar | orar, rezar,pregar | a se ruga |
demander | demanar/demandar | demandar | dimandai, preguntai | domandare | pedir, preguntar | pedir, perguntar | a cere, a întreba |
chercher | cercar, buscar | cercar | circai | cercare | buscar | procurar, buscar | a cerceta, a căuta |
arriver | arribar | arribar | arribai | arrivare | llegar | chegar | a ajunge |
parler | parlar | parlar | chistionnai, fueddai | parlare | hablar | falar | a vorbi |
manger | menjar | manjar | pappai | mangiare | comer (manyar en lunfardo; papear en argot) | comer (papar en argot), manjar | a mânca |
Latin | Catalan | Espagnol | |||
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accostare | « approcher » | acostar | « rapprocher » | acostar | « mettre au lit » |
levare | « soulever » | llevar | « enlever; se réveiller » | llevar | « prendre » |
trahere | « tirer, entraîner » | traure | « enlever » | traer | « apporter » |
circare | « faire le tour » | cercar | « rechercher » | cercar | « clôturer » |
collocare | « ranger » | colgar | « enterrer » | colgar | « pendre » |
mulier | « femme » | muller | « femme, épouse » | mujer | « femme (humain de sexe féminin + épouse) » |
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