Selon les sources, Pino della Selva est dit autodidacte[2] ou ayant reçu une formation classique d'un peintre sicilien, Angelo d'Agata. Il arrive en France en 1931 et, très vite remarqué dans le monde des critiques d'art, notamment par l'écrivain Georges Normandy et le collectionneur Georges Turpin[3]; installé alors au 5, rue des Bernardins dans le 5e arrondissement de Paris, il commence à participer aux salons parisiens en 1932[4]. C'est pour ses propres articles qui sont publiés dans le journal italien de ChicagoLa Parola del popolo que Pino della Selva est lui-même dit également critique d'art.
Les portraits qu'il peint, dessine ou grave, sont essentiellement ceux des poètes dont il illustre les livres. «Portraitiste né, Pino della Selva peut espérer figurer parmi les grands portraitistes. Ce jeune homme courageux est un artiste consommé et je lui prédis un brillant avenir» écrit Georges Normandy en préface du catalogue de la première exposition personnelle de l'artiste en 1933, Pino della Selva - Dessins[5],[3]. Son œuvre peint, qui dans une première période s'oriente vers des thèmes à caractère social (Aveugles au travail en 1925, Ouvriers en 1932) comparables à ceux des Français Édouard Pignon et André Fougeron, se positionne ensuite dans la continuité du symbolisme et du surréalisme, Gino Raya relevant, dans sa monographie consacrée à notre artiste[6], un métier pictural réaliste où se ressentent les déformations sollicitées par l'onirisme, voire par les hallucinations. «Son art va beaucoup plus loin que le surréalisme pour atteindre la métaphysique et la mystique, estiment pour leur part Joël Millon et Claude Robert: son œuvre immerge le spectateur dans une atmosphère étrange, dans un monde de rêve et d'irréalité»[3]. La période abstraite de Pino della Selva, repérable par ses participations au Salon des réalités nouvelles, se situe dans la décennie 1950.
En 1992, son atelier est dispersé par Maîtres Gros et Delettrez à l'Hôtel Drouot[7].
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Œuvre
Pino della Selva, L'Écho, huile sur toile 81x54cm, Paris, 1975
Marcel Chabot, Mon petit dieu d'amour, poèmes, préface de Denise Le Blond-Zola, illustrations d'André Beloni, Germain Delatousche, Pierre-Léon Dusouchet, Jean Feuyet, Charles Hug, Lucy Humbert, Hélène Lamourdedieu, André Margat, Pino della Selva, Éditions Debresse, Paris, 1939.
André Fontainas, Divertissement, portrait de l'auteur et deux dessins hors-texte par Pino della Selva, Éditions littéraires de France, 1945.
Le chant héroïque, poème et eau-forte de Pino della Selva, Paris, 1947.
Cœur des opprimés, triptyque poème, Livre d'artiste, Éditions France Poésie, Paris, 1951.
Quelques contes pour un flâneur, texte et eaux-fortes de Pino della Selva, collection La Fourmi, Imprimerie Araxes, 1953.
Offrande poèmes, deux eaux-fortes originales de Pino della Selva, Imprimerie de Hofer, Paris, 1954.
La montagne fleurie, poèmes 1943-1944, deux pointes sèches et un bois gravé par Pino della Selva, Imprimerie Araxes, 1955.
Trois ballades en l'honneur de François Villon, trois poèmes et trois eaux-fortes de Pino della Selva, Imprimerie Araxes, 1956.
Tchiouqui-Tchiouqui: la chatte bien-aimée de tante Beauté, conte et gravures sur bois de Pino della Selva, Éditions Écrivains d'avant-garde, Imprimerie Araxes, 1959.
Berthe de Nyse, Le livre d'heures des amants, préface de Michel Georges-Michel, frontispice de Pino della Selva, Éditions Grassin, Paris (Imprimerie P.J. Oswald), 1959.
A Cristoforo Colombo, poème et eau-forte de Pino della Selva, Grupo scrittori d'avanguardia, 1960.
Marcel Chabot, Poèmes (2 volumes) - Tome 1: Roc Ric-Luc - Tome 2: Vos mains chargées d'étoiles, bois gravé d'André Margat, illustrations de Jean Chabot, Pierre-Léon Dusouchet, Jean Ferlicot, Jean-Claude Luez, Pino della Selva, coédition La maison du livre et de la musique, La Roche-sur-Yon/Librairie Méa, collection La Proue, 1962.
Pena perduta, poème et eau-forte de Pino della Selva, Imprimerie Araxes, 1964.
Félix Léon, L'épopée de la science, accompagné d'un dessin de Pino della Selva, Éditions Kombi, Amsterdam, 1972.
Félix Léon, La clé, accompagné de quatorze dessins de Pino della Selva, Éditions Kombi, Amsterdam, 1972.
Félix Léon et Mizou Khaïry, In Rembrandt's land - Au pays de Rembrandt, édition bilingue (traduction de Simon Mulder), illustrations de Marceau Constantin, Pino della Selva et Didier Raynal, Éditions Stadhouderskade, Amsterdam, 1979.
Ex-libris gravés
Donum, ex-libris pour la bibliothèque Henriette Korner (1892-?).
«Notes d'art - Pignon», Arts et poésies n° 26/36, automne 1966.
Nota sulla poesia di Nicola Grassi suivi de Testo critico di Francesco Gallo, préface de Sara Sciacca Urbano, Éditions Centro di cultura et arte Aquarius, Catane, 1981.
Corso di algebra lineare: con esercizi svolti, Italie, 1998.
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Expositions
Expositions personnelles
Pino della Selva - Dessins, Galerie Bonaparte, Paris, 1933[5].
Les portraits de Pino della Selva, Galerie Chanth, 30, rue Drouot, Paris, mars-avril 1935[16],[17].
Le portrait dans les musées de Strasbourg: à quoi ressemblons-nous?, ancienne douane de Strasbourg, avril-.
De Bonnard à Baselitz - Dix ans d'enrichissements du Cabinet des estampes, 1978-1988, Bibliothèque nationale de France, 1992[23].
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Réception critique
Georges Normandy«Pino della Selva, portraitiste né, ne sera pas seulement, je l'espère, un grand portraitiste. Cet homme jeune et courageux est un artiste complet. Ou je me méprends fort, ou il ira loin, et haut.» - Georges Normandy[5]
Gaston Derys«Pino della Selva est un très grand dessinateur. La décision et la pureté de son trait sont prodigieuses. Elles s'observent particulièrement dans ses portraits d'enfants, où l'on sent la vie comme arrêtée au bout de son crayon, saisie dans une minute qui rendra comme un son d'éternité. Ce que j'aime encore en Pino della Selva, c'est la vigueur et la distinction de sa couleur, cette couleur qui joue toujours un rôle psychologique, qui crée des accors spirituels, qui prolonge, qui situe, qui suggère, qui enveloppe.» - Gaston Derys[24]André Fontainas
«L'art de Pino della Selva ne vise à aucune démonstration, il pousse naturellement comme un pin dans le forêt, il lui suffit de prouver le talent, le grand talent de l'auteur. Les caractéristiques en sont l'expressivité, l'énergie dans l'observation et le rendu, et, privilège surprenant des artistes les plus hauts, de mettre franchement en valeur, sans insistance ni surcharge, les éléments qui contribuent à un effet d'ensemble; rien n'y contredit, rien ne l'affaiblit, rien n'est omis qui soit nécessaire.» - André Fontainas[25]
«Je connais peu d'artistes aussi volontaires et aussi précis que Pino della Selva. Ces qualités de l'homme, on les retrouve en son art, alliées à une force d'observation et de pénétration qui frapperont tous ceux qui examineront les portraits exposés rue Drouot, dans la Galerie Chanth. Que de faciès typiques inscrits à la sanguine avec une sûreté qui ignore le doute,les hésitations et les retouches!… N'évoquons point pourtant la précision photographique, car ce qui retient dans toutes ces effigies, c'est l'intensité de leur caractère. Comme l'a si bien dit André Fontainas dans sa présentation, "Pino della Selva se rend compte que l'extérieur d'un visage humain est la résultante des sentiments reconnus ou refoulés d'un modèle". Les intelligentes recherches de notre peintre aboutissent à des synthèses individuelles d'une surprenante vérité.» - Yvanhoé Rambosson[17]
«Art robuste et sain, recueilli sans rien de littéraire, et dans lequel les mariages mélodieux des tons ajoutent, comme dit Charles Baudelaire, aux aspirations de l'âme, au drame de l'esprit.» - Edmond Pilon[26]
Édouard Sarradin«Pino della Selva montre ses œuvres à la Librairie Italia (Paris, février 1937, n.d.l.r.), soit de francs portraits, soit des figures dont le caractère, plus ou moins symbolique, se fonde sur une vigoureuse réalité, ou encore, sous le titre "d'expressionnisme coloré", des synthèses géométriques de mouvements, lesquelles se réfèrent au cubisme décoratif. A regarder les ouvrages les plus robustes de Pino della Selva, on serait tenté d'apprécier d'abord chez lui les qualités de sculpteur. Edmond Pilon dit fort bien, dans la notice du catalogue, que certaines œuvres semblent présenter "la densité du bronze, le relief du granit". Et s'il est vrai que l'artiste témoigne plus de sensibilité à la forme qu'à la couleur, on lui sait gré, toutefois, de ne pas faire bavarder les tons. Il s'est volontairement composé une palette d'où toute chimie est écartée, et les terres qu'il emploie sont accordées aux sentiments qu'il traduit. Pino della Selva, on le verra, n'exprime rien qui ne soit humain en toute simplicité ou noblesse. Les essais qu'il a entrepris dans la fresque, selon la technique enseignée par Cennino Cennini, donnent a souhaiter qu'il puisse un jour se faire connaître plus largement par des compositions murales.» - Édouard Sarradin[18]
«Le immagini di Pino della Selva vanno dalle allegorie più scontate a trapassi onirici, dai profili più realistici a deformazioni allucinanti.» - Gino Raya[6]
«...Un art à mi-chemin entre le surréalisme et le symbolisme.» - Dictionnaire Bénézit[2]