Château de Nemours
château fort français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Le château de Nemours est un ancien château-fort, devenu château-musée, situé dans la commune de Nemours dans la région naturelle du Gatinais et à l’extrême sud-est du département de Seine-et-Marne en région Île-de-France.
Château de Nemours Château-Musée de Nemours | ||
Le château de Nemours vu du côté ville. | ||
Période ou style | Médiéval / Renaissance / Classique | |
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Type | Forteresse | |
Début construction | XIIe siècle | |
Propriétaire initial | Gauthier Ier de Villebéon (1125-1205), grand chambellan des rois de France Louis VII et Philippe Auguste | |
Propriétaire actuel | Ville de Nemours | |
Destination actuelle | Musée d'art | |
Protection | Inscrit MH (1926, vestiges chapelle) Classé MH (1977) |
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Coordonnées | 48° 15′ 56″ nord, 2° 41′ 49″ est | |
Pays | France | |
Région historique | Gâtinais | |
Région | Île-de-France | |
Département | Seine-et-Marne | |
Commune | Nemours | |
Géolocalisation sur la carte : France
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Site web | https://www.nemours.fr/chateau-musee | |
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Il constitue un ensemble d'époque médiévale initié au XIIe siècle particulièrement bien conservé qui a été inscrit partiellement à la liste des monuments historiques le 14 avril 1926 (chapelle) et classé totalement à l'inventaire le 10 février 1977.
Transformé en musée en 1901, il est restauré en 2007 et abrite un fonds de plus de 25 000 oeuvres d'art régulièrement exposées lors d'expositions temporaires.
Le château de Nemours est détenteur de l'appellation Musée de France.
Le château de Nemours se situe à mi-chemin entre Fontainebleau et Montargis, le long de la rive gauche du Loing et à hauteur d'un ancien passage à gué. Il est ceint par la rivière sur trois de ses quatre faces ce qui lui offre une protection naturelle.
Situé aux marches du royaume de France il constitue un des verrous de protection des rois de France face au puissant comté de Champagne alors ennemi.
L'édifice possède également la particularité d'être l’un des seuls châteaux de ville en Île-de-France parvenus jusqu'à nous. Ses anciennes dépendances et sa cité médiévale sont également particulièrement bien conservées et lisibles aujourd'hui.
La ville de Nemours appartient au XIe siècle au comté de Gâtinais[1] dont le seigneur, le vicomte du Gâtinais est installé à Chateau-Landon qui fait allégeance au roi de France en devenant son vassal en 1068.
À la mort du vicomte Foulques en 1126, le roi de France Louis VI démembre la vicomté à la suite de troubles et devient le Seigneur en titre. Cependant, malgré ce passage à la couronne royale, le troisième fils de Foulques, Orson, est installé comme gouverneur et siège à Nemours.
Un hypothétique château aurait pu être construit à cette période pour marquer l’installation d’Orson comme seigneur de la ville, mais il n'en reste aucun vestige ni aucune information.
Le château actuel est vraisemblablement l’œuvre de Gauthier Ier de Villebéon.
Ce modeste fonctionnaire de la Cour, seigneur de Beaumont-en-Gâtinais et de la Chapelle en Brie, hérite du fief de Villebéon par sa mère ce qui lui permet de se battre aux côtés du roi lors de la Deuxième Croisade. Au retour, il épouse en 1149 Aveline de Château-Landon, fille d’Orson ce qui fait de lui le seigneur de Nemours et en récompense des services rendus devient chambellan du roi de France sous Louis VII puis sous Philippe-Auguste.
Cette nouvelle situation exige la construction d'un château signifiant son autorité et digne de sa nouvelle charge. Le chantier se déroule alors entre les années 1160 et 1190 et comprend également l'édification de l'Église Saint-Jean Le Baptiste.
Du fait de sa position stratégique, au passage d’un gué, aux marches de la Champagne, région alliée de l’Angleterre et ennemie du royaume de France, le château constitue un péage pour les personnes et de marchandises.
En 1274, le seigneur de Nemours, Philippe III de Villebéon, est contraint de vendre le comté et le château.
Les croisades ont ruiné la famille, les alliances avec la Champagne et les frontières ont changé et le rôle de péage de Nemours rapporte beaucoup moins tandis que les bailliages ne rapportent pas suffisamment.
Le roi de France Philippe III le Hardi qui cherche par ailleurs à étendre le domaine royal intègre le comté dans son giron.
En 1404, Nemours est transformé en duché-pairie par Charles VI, qui offre ces terres à Charles III, roi de Navarre, en échanges de terres appartenant à ce dernier. Cette session implique toutefois un droit de réversion des bailliages au trésor royal.
Le château est occupé par la famille de Navarre et reste sous son contrôle jusqu’en 1461, lorsque Eléonore de Bourbon, seule héritière de Charles III de Navarre, devient duchesse de Nemours en épousant Bernard d’Armagnac.
Leur fils, Jacques d’Armagnac, devient duc de Nemours à partir de 1464, et transforme le château-fort en résidence de plaisance. Il subdivise le premier étage en deux étages distincts, détruit les deux grandes cheminées pour en faire quatre (deux par étage), élimine la coursive extérieure, perce le château de fenêtres et l’enrichit d’un décor, notamment accolades, bases prismatiques et riches moulures qui encadrent les baies.
Jacques d’Armagnac est exécuté pour trahison en 1477. Le roi confisque les biens des Armagnac, mais Charles VIII redonne le territoire de Nemours à la famille, qui le possède jusqu’en 1503.
Le château est possédé ensuite par la famille de Foix (1507-1512). Peu après la mort de Gaston de Foix, en 1515, le roi François Ier fait don du duché de Nemours à Julien de Médicis. Ce dernier meurt un an après et le château repasse à la couronne et pour ensuite parvenir dans les mains de la famille Savoie, qui en aura possession de 1528 à 1657. Parmi les ducs de Nemours Jacques de Savoie Nemours est particulièrement connu comme héros du roman de Madame La Fayette, La Princesse de Clèves, où il est décrit comme l’homme le plus beau de la cour, tant à être considéré comme « chef- d’œuvre de la nature ».
On attribue à la famille Savoie-Nemours aussi des travaux d’embellissement du château, comme l’aménagement de jardins d’agrément ainsi que d’une aire pour le jeu de paume.
En 1672, Louis XIV, le Roi-Soleil, donne le château en apanage à son frère Philippe d’Orléans, dit « Monsieur ».
Celui-ci transforme l'édifice en lieu de « juridiction du bailliage, de l'élection et de l'hôtel de ville », les cachots en sous-sol, déjà présents au Moyen Âge sont alors réaménagés à partir de 1644 ainsi que le bâtiment du geôlier qui contient lui aussi des cellules.
Un perron monumental répond à la nécessité d’un accès direct au rez-de-chaussée, tandis que le portail côté rue donne une plus grande noblesse à l’entrée de la haute-cour, suivant les principes de symétrie et harmonie classiques.
Après la Révolution, le château est acheté en 1810 par le maire de Nemours, Anne-Antipas Hédelin, qui le revend l’année d’après à la Mairie, réalisant une plus-value substantielle dans le cadre de la transaction. La mairie en fait une école publique, puis le château devient également salle de spectacle, salle de bal, loué dans certains de ses espaces aux commerçants, mais il reste assez mal entretenu jusqu’au XXe siècle.
À partir de 1900, la dégradation est telle qu'il est envisagé de raser le château. Au seuil de la destruction, des travaux de restauration sont entrepris à l'initiative de trois personnalités de Nemours : le sculpteur Justin-Chrysostome Sanson, le peintre Ernest Marché et l’imprimeur en taille douce Adolphe Ardail.
Ensemble, ils constituent un comité en 1901, puis une association qui se concrétise en la Société des amis du vieux château le 23 octobre 1902. Sanson, qui depuis 1884 écrivait au maire afin de le persuader de mettre en place un espace d’exposition publique, offrant ses œuvres en don à la ville, en devient le président d’honneur et il met en avant « la conservation du monument, l’entretien de son musée, et son accroissement ».
La restauration est financée par une subvention municipale et une départementale, ainsi que par plusieurs subventions publiques.
Le musée ouvre le : les trois pères fondateurs s’imposent dans les travaux de restauration et dans la mise en place d’une collection pour le musée.
Ardail, comme Sanson et plus tard l'épouse d'Ernest Marché, laisse une grande partie de ses œuvres au château ; Ardail et Marché seront également conservateurs du musée, le premier jusqu’en 1911 et le deuxième jusqu’à sa mort en 1932.
Dès son ouverture en 1903, plusieurs bienfaiteurs font don de leurs œuvres et collections au musée. Mise à part la collection des beaux-arts provenant du milieu des fondateurs du musée, l’ensemble devient éclectique : spécimens naturalisés, minéralogie, monnaies et médailles, faïences nivernaises, tapisseries, silex, objets préhistoriques, etc.
Grâce au catalogue publié en 1907 par la Société des amis du vieux château, on connaît précisément la disposition des œuvres aux débuts de leur exposition muséale : le rez-de-chaussée du donjon était dédié aux sculptures de Sanson et de ses collègues du XIXe siècle ; au premier étage du donjon des tapisseries étaient installées au côté d'autres objets décoratifs variés ; la galerie, nommée « galerie Ardail », accueillait la collection de gravures ; le deuxième étage du donjon était consacré aux tableaux de Ernest Marché et de ses contemporains qui côtoyaient des silex collectés dans la région de Nemours par Edmond Doigneau.
Son parcours ne change pas jusqu’en 1972, date de mort du conservateur du musée Léon Petit et, à laquelle suit une période de fermeture du musée.
Son successeur, de 1975 à 2006, Jean-Bernard Roy, y organise de nombreuses expositions orientées vers l’art contemporain et l’estampe dans les années 1980-1990.
Une fermeture temporaire du musée est prévue entre 1972 et 1975 avec une mission d’inventaire[2].
En 1975, un conservateur départemental en Seine-et-Marne est chargé de réaliser un projet de musée d’archéologie préhistorique à Nemours et le maire Étienne Dally, forte personnalité politique, très engagé dans les problèmes culturels, lui propose aussi la direction du musée municipal de la ville.
La collection du musée, dispersée et non inventoriée, est finalement soumise à un premier récolement. À partir de 1975, à la suite d’une politique culturelle engagée par la municipalité pour la réouverture de son musée, jusqu’en 1996, des expositions temporaires sont organisées autour des collections, surtout dans le domaine des arts graphiques et de la photographie, et sur l’art contemporain.
Des tentatives de réinstallation des collections sont faites de 1980 à 1989. À ce propos le 2e étage, comme la galerie attenante, l’espace dans la tour nord-ouest et les murs du 1er étage sont remis en état. Encore en 1998 le bâtiment ne respecte pas les normes fixées pour l’accueil du public et sa sécurité. Des registres d’inventaires exhaustifs continuent parallèlement à être réalisés. Les années 1997, 1998, 1999 sont marquées par la prise de conscience de l’état de dégradation de plusieurs œuvres, ce qui fait partir une campagne de restauration financée par le budget du musée et le conseil général de Seine-et-Marne.
En , une conclusion est tirée par Jean-Bernard Roy, conservateur du château-musée de 1976 à 2006 : « Si le château, lui, est en condition moyenne de conservation, les œuvres sont, elles, dans un état préoccupant ». Le plan d’action pour la restauration du château et de ses collections est lancé et le château ferme ses portes pour quatre ans, jusqu’en 2007.
Une grande enceinte quadrangulaire flanquée de tourelles à ses angles, entourait le corps de logis et la basse-cour, formant ainsi une haute-cour ou cour d'honneur.
Des tours intermédiaires cantonnaient les murs nord et sud et fortifiaient ainsi l'ensemble castrai. Des larges fossés, dont les déblais sont visibles encore aujourd’hui, limitaient l’accès au château au nord et à l’ouest.
La basse-cour était la première étape pour accéder au château ; on y trouvait en fait une écurie de plan allongé trapézoïdale et une chapelle, fondée en 1174 par Gauthier Ier et reconstruite ensuite au XIIIe siècle.
La chapelle Notre-Dame, située dans la basse-cour anciennement gardée par une poterne, date du XIIIe siècle. Elle reprend néanmoins le plan d'une ancienne chapelle fondée par Gauthier 1" en 1174. La famille du seigneur se recueillait donc dans l'oratoire du château tandis que le personnel priait dans la chapelle de la basse-cour ce qui souligne la primauté du culte catholique dans la société médiévale.
De plan rectangulaire flanqué de quatre tourelles d'angles, le donjon du château se composait au Moyen Âge de trois niveaux au lieu de quatre actuellement : le sous-sol, le rez-de-chaussée surélevé et le premier étage.
Le premier niveau, correspondant au sous-sol, se constituait d'une salle basse à pilier central. Sans accès de plain-pied, on y accédait par le second niveau. Cet espace était sans doute affecté au stockage (cellier ou réserve).
On pénétrait au sein du second niveau par une porte ménagée sur la façade ouest à laquelle on accédait probablement par une passerelle en bois depuis la cour. Cet étage était en partie résidentiel, comme le suggère la présence de latrines et de lavabos ou encore la baie à meneau située dans la tourelle nord-ouest.
Le dernier niveau constituait l’étage du seigneur et le lieu de résidence de sa famille, doté de deux grandes cheminées son plafond mesurait 8 m de haut. La présence de deux cheminées, attestées par la trace des anciens conduits, et de l'oratoire privé du seigneur le prouvent. Le corps central et les tourelles, surélevées de quatre mètres, étaient vraisemblablement crénelés.
Sur ce niveau, on trouve encore l’oratoire du château dans la tour sud-est du donjon : joyau architectural construit à la charnière entre l’architecture romane et gothique. La présence des latrines, attestées par des ouvertures excavées dans la tour nord-est et ensuite dans la tour de guet, témoigne une certaine aisance, ce qui suggère le statut d’extraordinaire importance du seigneur.
La galerie s'élève sur cinq niveaux tandis que la tour de guet comptait sept niveaux et culminait à 30 mètres.
Afin de contrôler encore mieux la rivière du Loing, une coursive en encorbellement de bois -aujourd’hui disparue- était adjointe au donjon du château sur trois de ses cotés. L’élévation extérieure du château a été modifiée au fil du temps : le donjon et les tourelles du donjon, auparavant crénelés, ont été dotés d’une toiture et les tourelles ont été abaissées au niveau du corps central au XVIIe siècle.
Les baies à meneaux et les coussièges, ménagés dans les ébrasements de fenêtres du sixième niveau, montrent un certain confort pour ces étages probablement dévolus à la surveillance et à la défense. Le sommet était lui-aussi crénelé. Les niveaux supérieurs étaient destinés à la circulation et également à la surveillance.
Trois arcs brisés sont discernables au niveau bas de la galerie. Anciennement percés, ils permettaient sans doute d'assurer l'accès entre la cour et le jardin.
Une fosse à latrine est conçue tout en bas de la tour de guet et recevait les défections des latrines installées en partie inférieure de la tour.
Situé à l'étage noble, il a conservé ses dispositions anciennes dans la tourelle sud-est du donjon.
Édifié à une période de transition, entre la fin du règne du roi Louis VII (1137-1180) et le début de celui de Philippe II, dit Philippe Auguste (1180- 1223) la construction de l'oratoire n'a pu être datée précisément à ce jour car aucune archive connue ne la mentionne.
Cependant, l'étude de l'architecture et du décor sculpté de l'oratoire constituent un bon indicateur pour la situer à la période de transition entre roman et gothique.
Son architecture s'organise autour d'un double effet de verticalité et d'horizontalité qui marque l'espace et contribue à donner une harmonie propice au recueillement.
Le style Roman se retrouve au travers des chapiteaux tous différents et figurant notamment des feuilles d'acanthe stylisées, seules ou conjuguées d'un rinceau, nervées ou non. Cependant, la finesse du ciseau et le naturalisme qui s'en dégagent évoquent déjà le Gothique et son observation plus directe de la nature.
Le style Gothique naissant se traduit par un élan vertical (on parle d'élan vers Dieu) et l'utilisation d'ogives de huit mètres de haut et comportant sept voûtains autorisant l'entrée abondante de la lumière. La clé est percée de trous d'accroche pour un lustre.
Les trois murs sont décorés de deux niveaux superposés d'arcatures brisées : trois aveugles (c'est-à-dire sans ouvertures) en moitié basse et deux percées de fenêtres hautes diffusant la lumière.
Les ébrasements sont profonds. Les lignes horizontales sont données par les banquettes et par le bandeau mouluré séparant les deux niveaux.
Dans l'axe de la pièce, une niche indique l'emplacement d'un autel disparu, tout comme les vitraux d'origine.
Des traces de polychromie sont conservées sur certains chapiteaux nous rappelant ainsi l'habitude médiévale de peindre tous les ornements de pierre intérieurs comme extérieurs.
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