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écrivain français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Claude Aveline, né Eugène Avtsine dans le 5e arrondissement de Paris le et mort dans le 15e arrondissement de Paris le [1], est un écrivain, poète et résistant français.
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Eugène Avtsine, devenu officiellement Aveline (1951), Claude (1956) |
Surnom |
Louis-Marie Martin dans la Résistance (1943), Denis (Les Cahiers de Libération, 1943) Minervois (Éditions de Minuit clandestines, 1944) |
Nationalité | |
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Activité | |
Période d'activité |
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Genre artistique | |
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Distinction |
Grand prix de littérature de la SGDL, 1952; Prix Italia, 1955; Prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (radio), 1976; Grand prix Poncetton, 1978 |
Dans Moi par un Autre, chronique d'une enfance et d'une adolescence dans les XX premières années de ce siècle, daté de 1981 et publié en 1988, Claude Aveline retrace les premières étapes de son itinéraire[2]. Il naît sous le nom d'Eugène Avtsine le 19 juillet 1901 à Paris au 12 bis de l'avenue des Gobelins. Ses parents sont tous deux juifs russes[3].
Son père Georges (Guerchon), fils d'Isaac Avtsine et de Marie Iavitz, est né en 1865 à Gorki, aujourdhui Nijni Novgorod, ou selon une autre tradition familiale à Ielets, gouvernement d'Orel. Sa mère Cécile (Tcherna) Tchernomordik, qui a huit frères et sœurs, tous chirurgiens, médecins ou pharmaciens, est également née en 1865, au centre de la Russie d'Europe à Vitebsk (actuellement en Biélorussie)[4]. Ils se marient en novembre 1889 à Vitebsk[5]. Georges Avtsine est alors commis de banque à Liepāja, sur les rives de la Mer Baltique (actuellement en Lettonie), que la ségrégation raciale lui interdit d'habiter. En 1891 ils quittent à vingt-et-un ans, avec Albert, cadet de Georges, l'Empire russe dont ils ont horreur pour la France, pays des Droits de l'homme[3].
Installés à Paris d'abord au 103 rue Saint-Antoine, Cécile et Georges Avstine, chétif et bossu, atteint du mal de Pott dans sa jeunesse, sans diplôme mais ayant appris le français[6], ouvrent un modeste restaurant rue François-Miron, puis en 1893 au 5 rue Suger, où ils cuisinent des repas et les servent à des étudiants russes et français. L'un d'eux conduit vers 1895 Georges Avstine chez Arsène d'Arsonval qui lui suggère d'ouvrir un atelier pour y fabriquer des isolants en mica. La famille Avstine qui demeure alors 9 rue Bosio dans le quartier d'Auteuil, s'installe en 1897 12 avenue des Gobelins et ouvre un atelier dans la cour[7]. En avril 1902 elle déménage à Bourg-la-Reine, 12 rue des Blagis, où elle demeure jusqu'en septembre 1904[8] Elle obtient en août 1905 la nationalité française.
En 1907 Eugène Avtsine, enfant unique, entre en 1907 au lycée Henri-IV. L'atelier des Gobelins devenu insuffisant, son père loue un local rue du Départ, ouvre une usine à Porchefontaine dans une ancienne imprimerie et, la famille s’installant en juillet 1908 pour sept ans au Chesnay 19 rue de Béthune (aujourd'hui rue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny) à quelques Kilomètres de Versailles, Eugène Avtsine poursuit ses études au lycée Hoche. Il reçoit une éducation parentale marquée par une farouche libre-pensée[9] et l’amour de la littérature. Son père, abonné des Cahiers de la Quinzaine de Charles Péguy, qui admire Georges Clemenceau pour son action dans l’Affaire Dreyfus, lui donne à lire Jean-Pierre, hebdomadaire pour enfants d'orientation socialiste, fondé à l'instigation de Robert Debré, auquel collaborent notamment Romain Rolland et Jules Renard. En 1913 son oncle, représentant de la maison Avtsine & Cie, lui apprenant lors de vacances en Angleterre qu'il est juif, il est heurté par cette façon de l'enfermer, lui et sa famille, dans une religion qu'ils ne pratiquent pas. Il se déclarera par la suite agnostique et antiraciste absolu[10]. À treize ans il rédige le premier catalogue de sa bibliothèque.
Pendant la Première Guerre mondiale son père, qu'un mal de Pott a laissé infirme depuis son adolescence, poursuit ses activités. Eugène Avtsine est durant l'été 1915 liftier puis aide-infirmier volontaire à l'Hôtel Royal devenu hôpital temporaire n°28 à Dinard, ce qui lui fait désirer d'être médecin, puis, la famille déménageant au 9 rue Benjamin-Godard à Passy, il entre en 3ème au lycée Janson-de-Sailly et fait la connaissance de Maurice Schumann (qui sera le porte-parole de la France libre et dont il reconnaîtra en 1940 la voix sur Radio Londres[11]). En mars 1917 la famille se réjouit de l'abdication du tsar Nicolas II et la fin d'un régime qu'elle avait fui. De 1916 à 1919 Eugène Avtsine lit l'ensemble de l'œuvre jusqu'alors publiée d'Anatole France dont son père lui a offert une vingtaine de livres. Mais sa santé se détériore et il doit abandonner ses études. Les reprenant, il n’ira pas au bout et, souffrant de tuberculose, séjourne en 1918 et 1919 au Cannet près de Cannes avec sa mère[12]. C’est là qu’il commence d’écrire et adopte, à la suggestion d'une jeune fille normande, le pseudonyme de Claude Aveline qui deviendra à l'état civil son nom en 1951 et son prénom en 1956[13].
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1919 voit paraître ses premiers écrits dans deux revues, Vita et Les Feuilles libres. Un ami, le peintre Robert Le Veneur (Robert-Auguste Jaeger), le présente le 1er décembre, à l'âge de dix-huit ans, à Saint-Cloud chez le docteur Paul-Louis Couchoud, au célèbre écrivain Anatole France, alors âgé de soixante-quinze ans[14], qui l'accueille dans son intimité jusqu'à sa mort en 1924. Claude Aveline ne cessera de servir l’œuvre et la mémoire d'Anatole France, notamment par la célébration de son centenaire en 1944 à travers le monde comme un symbole de la Libération, et la réunion de ses articles politiques et sociaux (Trente ans de vie sociale, 4 volumes). En 1920 une rechute conduit durant trois mois durant l'hiver Claude Aveline au sanatorium de Leysin. À son retour à Paris il devient en mai le secrétaire d’un érudit, fondateur de la première collection pour bibliophiles modestes, Adolphe van Bever, faisant ainsi pendant dix-huit mois son apprentissage d'éditeur d’art, ayant décidé de l’être à son tour, et répond à une invitation qui lui est faite d’écrire la Merveilleuse Légende du Bouddha qui à la suite d'un procès pour malversations ne paraîtra qu'en 1928.
Exempté en 1921 de service national, Aveline peut mettre en route, avec l'aide d'Antoine Bourdelle, Georges Duhamel et André Gide, les premiers volumes qui paraissent en 1922 chez « Claude Aveline éditeur » et lui vaudront d'être appelé, à vingt-et-un ans, « le plus jeune éditeur du monde ». En huit ans il édite ainsi une cinquantaine d'ouvrages, notamment dans sa « Collection philosophique » dix volumes de Saint-Évremond, Voltaire, Diderot, Renan, Anatole France, Remy de Gourmont, Maeterlinck, André Gide, Valéry, Georges Duhamel. Vingt Cahiers de Paris proposent des inédits de vingt auteurs français. La collection La Musique moderne comptera six volumes, dont les premiers ouvrage sur Arthur Honegger, le Jazz, Pelléas et Mélisande et des études critiques sur Darius Milhaud d'André Suarès, sur Igor Stravinsky de Boris de Schlœzer. Aveline édite également une traduction de William Blake par André Gide. En 1923 et 1924 il publie parallèlement, ne s'éditant jamais lui-même, ses premiers contes ou apologues (Molène, inspiré de Crainquebille, L'Homme de Phalère, L’Eau ruisselle de toute part), aux éditions Les Humbles de tendance libertaire, qui seront réunis en 1935.
En mars 1923 Claude Aveline épouse Hélène Bernot[15], d'origine charentaise. Ils habitent avenue Bosquet et divorcent en 1925. Après un nouvel accident de santé, une infection généralisée, Aveline retourne la même année à Leysin pour sa convalescence et pour y travailler à un roman inspiré de son premier séjour, Madame Maillart, première partie d'une trilogie, La Vie de Philippe Denis. Il y rencontre une jeune roumaine, Creatza A., immobilisée depuis plusieurs années, et à partir de 1926 s'installe pendant quatre ans avec elle à Font-Romeu où elle réapprend à marcher, puis ils gagnent Bandol. Elle deviendra sa deuxième épouse[16]. À la même clinique de Font-Romeu Aveline remarque un jeune malade, le cinéaste Jean Vigo qui y soigne sa tuberculose et qu'il soutiendra jusqu'à sa mort en 1934 à 29 ans. Après le décès de la femme de celui-ci, Lydu Lozinska, en 1939 il deviendra le tuteur de leur fille Luce Vigo (née en 1931) et fondera en 1951 le prix Jean-Vigo dont il présidera le jury durant vingt-cinq ans. Durant ce séjour à Font-Romeu il écrit Le Point du jour et en 1928 Routes de la Catalogne ou Le Livre de l'amitié, journal de bord d'un voyage en automobile qui paraîtra, illustré par Berthold Mahn, en 1932.
Claude Aveline est très proche à partir de 1922 de l'écrivain et poète Philéas Lebesgue (1869-1958)[17], également publié par Les Humbles. Tous deux rédacteurs au Mercure de France, van Bever et Lebesgue se retrouvent à Paris et entrent en relation avec l'éditeur André Delpeuch. Aveline, en compagnie de sa première épouse, vient voir Lebesgue sur son lieu de travail à La Neuville-Vault dans l'Oise en . Philéas Lebesgue traduit du portugais Le Roman d'Amadis de Gaule (reconstitution du roman portugais du XIIIe siècle par Affonso Lopes Vieira) et c'est Claude Aveline qui édite sa traduction en 1924 (222 p.). Claude Aveline et Philéas Lebesgue échangent une importante correspondance de 1922 à 1938[18]. En 1925 dans le rapide Paris-Bordeaux il doit « un salut des plus aléatoire » à l'intervention de son ami médecin Jean Magne qui, d'une piqûre, relève son cœur d'une brutale chute de tension[19]. La même année il édite Les Ouvrages de Georges Duhamel, essai de bibliographie pour lequel il a chaque matin travaillé avec le romancier[20]. En 1926 André Delpeuch édite Les Muses mêlées d'Aveline qui rassemble des témoignages et des réflexions sur ses proches, Antoine Bourdelle, Jean de Saint-Prix, Steinlen et Anatole France.
L'accueil fait à ses premiers romans, Le Point du jour publié en 1928 et Madame Maillart en 1930 à son retour à Paris, amène en 1932 l'éditeur à fermer boutique au profit de ses propres ouvrages et de son goût pour la critique cinématographique. Alors qu'on attend de lui le tome II de sa Trilogie, La Vie de Philippe Denis, Claude Aveline écrit, passant des journées à la préfecture de police, un roman policier à la préface péremptoire (« Il n'y a pas de mauvais genres, il n'y a que de mauvais écrivains »), La Double Mort de Frédéric Belot, qui donne au genre policier « ses lettres de noblesse » (Boileau-Narcejac). En 1932, après un voyage d'un mois en Égypte, il écrit La Promenade égyptienne, publiée en 1934.
Passionné de cinéma, Claude Aveline devint critique à la Revue hebdomadaire (1932-1933), à la demande de son ami Pierre Bost qui y tient la rubrique des spectacles, puis à la Revue bleue (1934-1937), et à Commune, revue de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (1937-1939).
À partir de 1934, dans des années d'agitations politiques et sociales, Aveline prend part au mouvement antifasciste à travers des conférences, notamment sous l'égide du Mouvement Amsterdam-Pleyel d'Henri Barbusse et Romain Rolland. Il est, sans adhérer à aucun parti mais « compagnon de route » du Parti communiste français, présent en juin 1935, avec Marcel Willard, Éliane Brault et Germaine Picard-Moch, au début du procès des mineurs des Asturies à Oviedo. Expulsés tous les quatre dès la fin du premier jour, Aveline publie une Lettre à M. le Gouverneur des Asturies qui parait dans Commune en juillet[21]. Membre du comité de rédaction du périodique Ciné-Liberté, il présente en avril 1937 à la Maison de la Mutualité le film Espagne 1936, dirigé par Luis Buñuel. Aveline est le présent à la manifestation à Paris du Front populaire aux côtés de Clara et André Malraux, Léo Lagrange et Jean Cassou[22]. Il participe en 1937 à la constitution des Maisons de la Culture et intervient dans de nombreux meetings et réunions, notamment au IIe congrès international de l’Association des Écrivains pour la Défense de la Culture, prononçant des discours à Valence, en pleine guerre civile, le et le à Paris (discours intégrés dans le recueil Les Devoirs de l'esprit, publié en 1945. Membre du comité exécutif des PEN Clubs il assiste notamment au congrès de Dubrovnik en 1934 et à celui de Prague en 1938 dans les mois qui précédèrent les accords de Munich.
Claude Aveline publie en 1936 un nouveau roman Le Prisonnier, paru d'abord dans Vendredi, dont on a pu soutenir qu'Albert Camus s'était inspiré pour son premier roman L'Étranger[23],[24], puis songe à un autre policier : « L'ennui c'est que j'avais tué mon policier du premier coup, et même deux fois, je n'avais pas prévu qu'il aurait à reprendre du service. Heureusement, je ne l'avais pas fait mourir trop jeune. Par la suite, j'ai donc raconté des aventures arrivées avant 1932 ».
En 1939, Claude Aveline, mobilisé sur sa demande comme ambulancier, est affecté durant deux mois au train des équipages à Versailles où il s'attache à Nicolas Grésy, qui deviendra son fils adoptif (disparu en 1977). Réformé définitivement en février 1940 après une congestion pulmonaire, il fonde dès le mois d'août avec Jean Cassou et Marcel Abraham, « déchus » de leurs fonctions publiques par le régime de Vichy, un petit groupe d'une dizaine d'amis qui se réunit chaque semaine chez les frères Émile-Paul, rue de l'Abbaye, sous couvert d’une association littéraire, « Les Amis d’Alain Fournier ». Ils rédigent et distribuent des tracts signés « Les Français libres de France » en écho aux « Français libres de Londres » afin, particulièrement de dénoncer la trahison du maréchal Pétain et et le gouvernement de Vichy. Par l'intermédiaire d'Agnès Humbert le groupe entre bientôt en relations avec le « réseau du musée de l'Homme », organisé par Boris Vildé et Anatole Lewitsky qui rédige un premier bulletin en décembre 1940. Un agent français de la Gestapo va démanteler le réseau : plus de cent arrestations au cours de 1941, dix condamnations à mort et sept exécutions en 1942. Il écrit L'Abonné de la ligne U, deuxième roman de sa suite policière.
En 1941 Aveline quitte Paris pour retrouver à Lyon, en zone libre, Louis Martin-Chauffier. Installés à Collonges-au-Mont-d'Or, leur maison, où se trouve aussi Luce Vigo, deviendra l'un des principaux lieux de rencontre de cette zone. Contacté par François de Menthon, Aveline assiste à Lyon aux réunions hebdomadaires chez Rémy Roure d’où sort le mouvement Combat. Simone Martin-Chauffier évoquera son rôle dans ses mémoires À bientôt quand même (Calman Lévy, 1976). Claude Aveline s'emploie à mettre en contact des mouvements clandestins de plus en plus nombreux. Réfugié à Chalamont dans l'Ain, chez le pharmacien qui le présente comme un cousin malade, il entre en clandestinité sous le nom de Louis-Marie Martin grâce à un livret militaire périmé de Martin-Chauffier. Il écrit alors Le Jet d'eau, troisième roman de sa suite policière, dont le manuscrit, signé Simon Duval et présenté à la censure par les frères Émile-Paul, sera interdit d'édition, et Le Temps mort.
En avril 1944 il échappe par miracle à une arrestation par la Gestapo[25] et rejoint Arras où séjourne son fils, directeur du Comité de gestion laitier du Pas-de-Calais, qui est en liaison avec les Anglais. La même année est publié, sous le pseudonyme de « Minervois », Le Temps mort aux Éditions de minuit fondées clandestinement par son ami le dessinateur Jean Bruller, qui sera connu sous son nom de plume Vercors, l'auteur du Silence de la mer. Aveline avait déjà publié en 1937 un conte, Baba Diène et Morceau-de-Sucre dont Jean Bruller avait réalisé les dessins[26].
Claude Aveline reprend à La Libération ses activités et prononce des conférences dans toute l’Afrique-Occidentale française (AOF) en 1946 pour l’Alliance française à l'occasion de la réouverture de ses centres, puis au Proche-Orient. Président par intérim de la Société Anatole France, dans l’espoir du retour de Jacques Lion, déporté à Auschwitz mais qui ne revint pas, il organise la célébration du centenaire d’Anatole France. Devenu en 1946 président de la Société et participe en 1947 à l'inauguration du quai Anatole-France.
En 1949 est publié par Émile-Paul le premier (250 pages) des quatre tomes de Trente ans de vie sociale dans lequel Aveline a rassemblé, avec une introduction générale de LXXIII pages, les textes épars, articles, conférences, d'Anatole France pour les années 1897-1904. En 1937 le petit-fils d’Anatole France, Lucien Psichari, lui avait demandé d’établir un recueil complémentaire à celui des Temps meilleurs composé de quarante-six discours ou allocutions prononcés par France entre novembre 1899 et février 1906 et publié par Édouard Pelletan en 1906[27]. Claude Aveline pensait reprendre cette édition et la prolonger jusqu’en 1924 mais, découvrant à la Bibliothèque nationale des textes antérieurs à 1898, notamment sur l'affaire Dreyfus, il décide d'en présenter l'intégralité. De 1937 à 1939 il y travaille « 8 à 10 heures par jour », dépouillant des centaines de journaux et périodiques sans parvenir à dépasser l'année 1908. Reprenant l'entreprise après la guerre, il accompagne chacun des textes de France, y compris les pétitions qu'il a signées, de présentations analysant les circonstances politiques et sociales de leur écriture, de commentaires et de renvois aux autres textes auxquels il est lié. Les trois tomes suivants, concernant les années 1905-1908, 1909-1914 et 1915-1924 , seront publiés en 1953, 1964 et 1973.
En 1948, Aveline est l'un des premiers titistes après l'excommunication stalinienne et séjourne deux ans plus tard en Yougoslavie. Membre du Comité national des écrivains dès 1944, il en démissionne en 1953[28]. De graves accidents de santé (énucléation de l’œil droit) il abandonne la présidence active de la société Anatole France dont il est nommé président d'honneur.
Le Parti communiste français, dont il est présenté comme un « compagnon de route », est alors indisposé par la préparation de La Voix libre, cosigné aussi par les résistants Vercors (écrivain), Jean Cassou, et Louis Martin-Chauffier[29], qui ne peut paraître qu’en 1951, car il accuse ce parti de vouloir museler ses « compagnons de route » du monde intellectuel. Claude Aveline venait de prendre la tête de la commission internationale contre le régime concentrationnaire (CICRC), constituée à Bruxelles en octobre 1950 avec également les résistants Germaine Tillion et Louis Martin-Chauffier, autre contributeur au recueil par le chapitre « Le faux dilemme »[30] au moment où cette commission demande à Moscou une enquête sur les camps de dissidents[31]. Ayant adhéré aux « Combattants de la Liberté » en mars 1948, il signe en 1952 l’appel pour la défense des Libertés après l’arrestation de Jacques Duclos à la suite de la manifestation contre le général Ridgway mais démissionne en 1953, après l'affaire du complot des blouses blanches, du Comité national des écrivains auquel il appartenait depuis la Libération. En novembre 1956 Aveline, Jean Cassou et des ex-communistes adresseront une pétition à Tito (Le Monde, 6 novembre) lui demandant d’intervenir auprès des Soviétiques en faveur de l’indépendance d’une Hongrie socialiste.
Claude Aveline reçoit en 1952 le grand prix de littérature de la SGDL pour l’ensemble de son œuvre. Il est membre du Conseil exécutif de la Société européenne de culture, fondée à Venise en 1950 par Umberto Campagnolo, qui, en pleine guerre froide a pour action d'instaurer le dialogue entre les peuples. Les deux derniers tomes de sa Trilogie, Les Amours et les haines et Philippe, paraissent en 1952 et 1955. Il se tourne alors vers l'art radiophonique (Le bestiaire inattendu et C'est vrai, mais il ne faut pas le croire qui lui vaut en 1955 le prix Italia). Pendant les vingt années suivantes, il poursuit ses expériences dans tous les genres que peut proposer le micro. En 1957 il célèbre à la radio le cent-cinquantième anniverdsaire d'Aloysius Bertrand. En 1976 la Société des auteurs et compositeurs dramatiques lui décerne son prix de la Radio. En 1957 il publie Les Mots de la fin, 750 paroles de mourants célèbres, dont 150 ont fait l'objet de chapitres lus d'abord sur les ondes par l'auteur.
À partir de 1956, Claude Aveline demande à ses amis peintres de dessiner ou peindre le Portrait de l'Oiseau-Qui-N'Existe-Pas, poème qu'il a écrit en 1950, traduit par la suite en 55 langues (repris dans De). À travers ses 108 portraits par des artistes aussi différents qu'Henri-Georges Adam, Atlan, Bertholle, Bissière, Chastel, Devoucoux, Gischia, Prassinos, Music, Singier, Vieira da Silva ou Jacques Villon, l'ensemble constitue, sur un seul thème autour duquel se réunissent figuratifs et surréalistes, non figuratifs et abstraits, une anthologie unique de la peinture des années 1950-60. En 1963 Aveline en fait don au Musée national d'Art moderne de Paris où elle est exposée, avant de rejoindre le Centre Pompidou qui la présente à nouveau en 1978 (près de vingt ans plus tard un second ensemble comptera 86 portraits, représentatifs des années 1970-80). En 1964 Claude Aveline se remarie aux Angles avec Jeanne Barusseau.
En 1968 Claude Aveline, qui habite à Paris au 31 rue de Verneuil, acquiert une petite maison, Ty Guennic, à l'Île-aux-Moines où il vient régulièrement depuis trois décennies. L'Œil-de-chat, dernier de ses policiers, apparaît en 1970 le plus « classique » de sa Suite policière. En un long poème Monologue pour un disparu Aveline évoque en 1973 son ami intime Jacques Lion, assassiné à Auschwitz. La même année Le Haut Mal des créateurs se veut une « méditation polémique » sur l'évolution des lettres et des arts dans les années 1960. À partir de 1973 Claude Aveline entreprend des mémoires, Moi par un autre. Au cours d'une tournée en 1960 au Canada la traversée des Rocheuses en train lui procure une vision fantastique qui l'obsédera durant quinze ans avant de devenir Hoffmann Canada, une pièce radiophonique, puis en 1977 son dernier roman.
En 1978, Claude Aveline constitue un fonds à la bibliothèque de Versailles qui rassemblera ses ouvrages, ses manuscrits, ses livres dédicacés, sa correspondance, la dizaine de milliers de volumes de sa bibliothèque et son buste réalisé par Zadkine, dernière œuvre du sculpteur (« Je suis le dernier Zadkine », constatait-il douloureusement dans un hommage écrit après sa disparition en 1967). Il était membre du comité d'honneur de la Maison internationale des poètes et des écrivains à Saint-Malo
Dans les années 1980, alors qu'une trentaine de ses livres sont édités ou réédités, notamment les policiers dans des collections de poche et en 1987 l'ensemble de sa Suite policière en 1987, Claude Aveline termine une « biographie imaginaire », Trésors de la Connivence. La vie et l'œuvre du Pr Lembourg, ajoute aux réflexions d'Avec toi-même et cœtera les remarques De fil en aiguille aux Apprêts de l'Après, publie un ultime hommage à son maître, Anatole France Le Vivant, poursuit ses mémoires et reçoit le prix international de la Société européenne de Culture (1986). Dans Itinéraire avelinien il commente en 1987 les dates et les faits qui ont marqué ses 86 ans.
À partir de 1968, Aveline pratique ce qu'il nomme la « peinture au feutre » (stylo-feutre) et réalise des centaines de dessins qui seront exposés dans des galeries parisiennes, à Paris en 1972, Bruxelles, Ljubljana, Zagreb ou Belgrade. « Je me plais au jeu des lignes comme je me plais au jeu des mots », dit-il, alors qu'il les mêle en faisant dialoguer l'image et le titre, souvent humoristique, qu'il lui donne, véritable « petit poème en soi ». Une rétrospective en est présentée en 1991, à quelques mois de sa disparition, au musée Bourdelle à Paris (préface de Rhodia Dufet-Bourdelle, textes de Jean Cassou, Claude Aveline et Michel-Georges Bernard).
Édités entre 1922 et 1992, et souvent réédités, les ouvrages de Claude Aveline s'inscrivent sur plus d'une centaine de titres dans les genres les plus divers : poèmes, romans, contes et nouvelles, recueils d'aphorismes et essais, témoignages sur la Résistance, écrits autobiographiques et récits de voyage, préfaces et réflexions sur peintres et sculpteurs, théâtre, créations et adaptations pour la radio et la télévision.
Trois sources ont ici été utilisées, Les Ouvrages de Claude Aveline de Florentin Mouret (1961), la bibliographie qui suit la version définitive des poèmes de Io Hymen (1980) et le catalogue des publications de Claude Aveline disponibles à la Bibliothèque nationale de France.
Sont indiquées entre parenthèses les dates d'écriture des œuvres (d'après les indications de l'auteur), puis les dates de leurs premières publications et, éventuellement, des éditions les plus récentes[32].
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