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poète, romancier et auteur dramatique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Auguste-Jules Richepin, dit Jean Richepin, né le à Médéa[1],[2] et mort le dans le 16e arrondissement de Paris[3], est un poète, romancier et dramaturge français.
Maire de Montchauvet | |
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Fauteuil 2 de l'Académie française | |
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Outrage aux bonnes mœurs (d) () |
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Né le en Algérie où son père est chirurgien militaire à la garnison de Médéa[4], Jean Richepin part vivre en Picardie en 1852 à l'âge de trois ans, à Ohis[5] en Thiérache, dans l'Aisne, département dont son père est originaire[note 1]. Dans sa jeunesse, ce poète turbulent a une réputation de « fort en thème[8]. » qui lui permet de faire de brillantes études secondaires d'abord au lycée de Douai, puis au lycée Charlemagne à Paris[5]. En 1866, il découvre le quartier latin, où il se lie d'amitié avec Jules Vallès, et se fait très vite remarquer par ses excentricités. Il fait la connaissance de Léon Bloy, Paul Bourget, Maurice Rollinat et, surtout, de Raoul Ponchon qui deviendra son ami inséparable. Il intègre l'École normale supérieure[2] en 1868, avant d'obtenir une licence ès lettres[2] en 1870.
Avec la guerre de 1870, il prend goût à l'aventure en s'engageant dans un corps de francs-tireurs[2] et, faisant alors l'expérience de la liberté, il mène pendant quatre ans une vie d'errance, gagnant sa vie en s'engageant successivement comme journaliste, professeur, matelot, docker à Naples, Gênes[9]:340, et à Bordeaux[10].
Dans ces années 1871-1872, au cœur de la bohème parisienne, Richepin croise Arthur Rimbaud. Selon son propre récit, il l'aurait séparé du photographe Étienne Carjat lors d'une rixe au cours d'un des dîners des Vilains Bonshommes. Il évoque Rimbaud dans son texte Grisaille (dans Le Pavé). Il semble avoir été par la suite un des – rares – amis de Rimbaud, lequel lui offrira un exemplaire d’Une saison en enfer[11].
Par la suite, en 1875, il fonde avec Raoul Ponchon et Maurice Bouchor le Groupe des Vivants, petit cénacle poétique[12] qui se réunissait au Quartier latin et auquel viendra se rallier, plus tard, le poète Tancrède Martel. Fortement inspiré par les œuvres de Petrus Borel, Baudelaire et Jules Vallès, qu'il considérait comme le réfractaire par excellence, il se décide à rejeter le joug des conventions sociales et culturelles, à célébrer l’instinct[13]. Vantant, non sans humour, sa force physique, sa virilité, sa prétendue hérédité bohémienne, il se crée une biographie imaginaire et riche en couleurs[14].
En 1876, le public découvre Jean Richepin avec La Chanson des gueux, parue fin mai-début juin et qui vaut immédiatement (juillet-août) à son auteur un procès pour outrage aux bonnes mœurs[9] : le recueil poétique est saisi, des passages et des poèmes sont censurés et le poète est condamné à une amende, à la privation de ses droits civils et politiques et même à un mois de prison à Sainte-Pélagie, ce qui va contribuer à sa notoriété[15]. Le recueil est republié en 1881 sous une forme très différente dite "définitive" chez Dreyfous, mais il y aura bien d'autres éditions jusqu'à aujourd'hui, dont une "nouvelle édition" à partir de 1890-1891 à la Bibliothèque-Charpentier et une édition d'art dite « intégrale » en 1910 chez Édouard Pelletan (illustrations de Steinlen)[16].
Jean Richepin abordera sa mésaventure carcérale avec humour en remplaçant dès 1881 deux passages censurés par des vers ironiques : "Ici deux gueux s'aimaient jusqu'à la pâmoison, / Et cela m'a valu trente jours de prison" dans le poème "Idylle de pauvres" ; "Mais faut croir' que ça doit pas s'dire, / Puisque, pour s'êt' fait mon écho, / On l'a fourré dans la tir'lire / Avec les pègres d' Pélago" dans le poème "Voyou".
L'apparition du naturalisme lui fait découvrir, après sa libération, de nouveaux horizons, mais si, dans ses Caresses (1877), il emploie un langage cru, argotique, populaire, l'étalage de sensualité affectée, souvent grotesque ou vulgaire, laisse trop facilement transparaître son désir de scandaliser la bourgeoisie, ce qui vaut au recueil d'être considéré comme manquant de sincérité poétique. Le matérialisme grandiloquent et le nihilisme fanfaron des Blasphèmes (1884) lui valent le surnom de « Lucrèce de foire[17] ».
En 1890 il se rend en Savoie à Aix-les-Bains et au belvédère de la Chambotte.
Dès 1873, il avait fait avec L'Étoile des débuts simultanés d'acteur et de dramaturge. Il paraît encore en 1883 aux côtés de Sarah Bernhardt dans le premier rôle de son drame, Nana-Sahib, qui se heurte à une semi-indifférence du public[18]. Mais, à force de persévérance, il connaît un véritable succès théâtral avec Le Chemineau en 1897. Il collabore de plus activement au Gil Blas et publie plusieurs romans très populaires, tels La Glu (1881) et Miarka, la fille à l'ourse (1883). Voyageur invétéré, on le voit souvent à Londres, ou parcourant des contrées plus ou moins éloignées, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, la Scandinavie, l'Afrique du Nord, où il ne cherche pas plus à rencontrer des personnalités littéraires que des espaces « exotiques », le grand air, le nouveau enfin.
Le , son élection, en remplacement d’André Theuriet, à l'Académie française[2], où il est reçu par Maurice Barrès le , consacre en quelque sorte une carrière de révolté que les honneurs ont rendu inoffensif[19].
Jean Richepin écrit jusqu'à la fin de sa vie. Il collabore à La Bonne Chanson, revue du foyer, littéraire et musicale, dirigée par Théodore Botrel, et on voit paraître en 1922 et 1923 encore deux recueils de vers, Les Glas et Interludes.
Il s'était tout d'abord imposé par une remarquable truculence verbale. Il était d'un caractère violent, exalté et romantique, d'un romantisme dont il ne retint que la « parure », le pittoresque et surtout la recherche de mots nouveaux. C'était là ce que l'on pourrait appeler le « domaine » de Richepin, maître incontestable de son métier poétique et fort de sa culture de normalien lettré. Mais, victime de sa prodigieuse facilité à trouver des mots et des images, ce révolté est surtout considéré de nos jours comme un « très grand rhétoricien[20] ».
Il habita le château des Trois-Fontaines à Montchauvet[21], et fut élu maire de cette commune le , mais ne sera pas réélu le .
Lors des élections législatives de 1914, Richepin est le candidat de l'Alliance démocratique et de la Fédération des gauches[22] dans la première circonscription de Vervins[23]. Au terme d'une campagne très rude[24],[25], il obtient 6 583 voix mais ne parvient pas à mettre en ballotage le député radical-socialiste sortant, Pascal Ceccaldi, réélu au premier tour de scrutin avec 7 718 suffrages[22].
Une plaque commémorative lui rend hommage au 85, rue de la Tour sur la façade de l’immeuble où il est mort[26].
Jean Richepin est enterré à Pléneuf-Val-André, où il venait souvent passer des vacances dites « bretonnes » avec Raoul Ponchon, qui reposera à ses côtés en 1937[27],[28].
Le , il avait épousé en premières noces à Marseille Eugénie Adèle Constant (née le à Manosque), dont il a eu deux fils et une fille :
Divorcé, il a épousé en secondes noces, le à la mairie du Ve arrondissement de Paris, Marianne Emanuele Justine Stempowska (née le à Lamberg, en Autriche et morte en 1953).
De La Chanson des Gueux (première édition de mai 1876 avant la censure de juillet-août) :
« Dans ses couplets chantés, M. Jean Richepin patoise, supprime, en les remplaçant par des apostrophes, les syllabes muettes qui ralentiraient le mouvement ; ainsi faisait M. Scribe en ses vaudevilles. Il fait dire à ses Gueux de Paris des mots d’argot d’une couleur amusante et farouche ; ainsi faisait le bon Villon ; ainsi a fait Eugène Sue en ses romans, après que Victor Hugo l’avait fait déjà dans Le dernier jour d’un condamné, et tout est éternellement nouveau sous le soleil. Enfin le poëte de La Chanson des Gueux a pitié de tout ce qui souffre, de tout ce qui a faim, de tout ce qui a froid ; il est l’ami des mendiants, des déshérités, des gueux sans coiffe et sans semelle, de la fille du peuple qui va à son ouvrage, transie et pâle, de la petite guitariste à la voix grêle, et même du pauvre chien errant ; il n’y a là encore aucune nouveauté, et tout vrai poëte est cela, qu’il le veuille ou non. »
— Théodore de Banville, Le National (29 mai 1876)
« En réalité, vous vous foutez de tout, excepté de deux choses : jouir le plus possible et faire du bruit dans le monde. Vous êtes naturellement un cabotin, comme d'autres sont naturellement des magnanimes et des héros. Vous avez ça dans le sang. Votre rôle est d'épater le bourgeois. L'applaudissement, l'ignoble claque du public imbécile, voilà le pain quotidien qu'il faut à votre âme fière. »
— Léon Bloy, Lettre à Jean Richepin (1877)
Selon la formule du même Léon Bloy, Richepin était la « chrysalide du bourgeois vertueux[30] ».
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