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conflit entre le Second Empire français et les États allemands coalisés sous l’égide de la Prusse de 1870 à 1871 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La guerre franco-allemande de 1870-1871, parfois appelée guerre franco-prussienne, guerre de 1870 ou guerre de septante, est un conflit qui oppose, du au , la France à une coalition d'États allemands dirigée par la Prusse et comprenant les vingt-et-un autres États membres de la confédération de l'Allemagne du Nord, ainsi que le royaume de Bavière, celui de Wurtemberg et le grand-duché de Bade.
Date |
- (6 mois et 10 jours) |
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Lieu | France et Prusse |
Casus belli | Dépêche d'Ems |
Issue |
Victoire allemande
|
Changements territoriaux |
La Confédération de l'Allemagne du Nord absorbe la Bavière, le Bade, le Wurtemberg et annexe l'Alsace-Lorraine. Création de l'Empire allemand. |
230 000 fantassins[1] 25 000 cavaliers[1] 1 600 000 hommes mobilisés 780 canons 144 canons à balles |
462 000 fantassins[2] 56 000 cavaliers[2] 1 400 000 hommes mobilisés 1 580 canons |
139 000 à 151 000 morts[3] 474 414 prisonniers[Note 1] | 45 000 à 51 000 morts[3] 10 000 prisonniers |
Batailles
Cette guerre s'inscrit dans le contexte de différentes questions nationales qui poussent les nombreux États allemands à s'unir. La Prusse souhaite réaliser cette union autour d'elle, aux dépens de l'Autriche (qu'elle bat durant la guerre austro-prussienne de 1866) dans un premier temps, et de la France dans un second temps. Cette guerre est considérée par le chancelier Otto von Bismarck comme une réponse à la défaite prussienne lors de la bataille d'Iéna de 1806 contre l'Empire français. Il dira d'ailleurs, après la proclamation de l'Empire allemand à Versailles en 1871 : « Sans Iéna, pas de Sedan ».
L'élément déclencheur du conflit est un démêlé diplomatique mineur (la candidature, retirée à la demande de la France, d'un prince allemand de la maison de Hohenzollern au trône vacant d'Espagne) que Bismarck déforme en un camouflet insupportable pour les dirigeants français de l'Empire. Des maladresses politiques de l'empereur Napoléon III vis-à-vis d'autres pays européens isolent la France, mais le régime pousse à la confrontation avec la Prusse, soutenu par l'opinion publique, autant pour se défaire d'un rival dangereux que pour agrandir le territoire national.
Le , l’Empire français déclare la guerre au royaume de Prusse. Les troupes françaises sont néanmoins mal préparées, moins nombreuses (300 000 contre 500 000, bien plus qu'auguré dans les états-majors car la Prusse réussit à s'allier avec le grand duché de Bade, le royaume de Wurtemberg et celui de Bavière[4]) et manquent d'une stratégie militaire concertée ; les troupes allemandes ont une expérience récente – et victorieuse – du feu (avec les conflits contre le Danemark en 1864 et l'Autriche deux ans plus tard), une artillerie lourde et une excellente formation. Marqué par les innovations techniques concernant le feu, qui permet un tir plus rapide, et le déclin important de la place de la cavalerie, le conflit tourne rapidement à l'avantage des Allemands. Les Français sont défaits à plusieurs reprises début août sur le front de l'Est. L'armée de Châlons vient renforcer le dernier verrou protégeant Paris : la place de Metz ; Napoléon III, qui dirige l'armée jusqu'au , jour où il est défait sévèrement, cède le commandement au général Mac Mahon. Quand il a quitté Paris avec son fils pour la guerre, il a confié la régence à son épouse Eugénie de Montijo. Encerclé à Sedan, l'empereur capitule le .
Cette capitulation entraîne la chute du régime et la proclamation de la République ; le gouvernement provisoire continue la guerre, mais la masse des volontaires rassemblés par ses représentants manque de matériel et d'encadrement. Le gouvernement évite de peu d'être assiégé à Paris et se replie à Tours puis à Bordeaux ; en l'absence de victoires décisives dans le Nord, l'Est, la Bourgogne ou sur la Loire, un armistice est signé le , suivi de la signature de conventions militaires le suivant. Cet armistice et ces conventions militaires ne concernent toutefois pas les opérations militaires dans l'Est de la France car les négociations sur le futur tracé de la frontière franco-allemande n'ont pas encore abouti. L'armistice général intervient le . L'ordre est alors donné à la place fortifiée de Belfort de se rendre, ce qu'elle fait le , l'ennemi lui rendant les honneurs de la guerre. Le traité de paix, signé le à Francfort-sur-le-Main, entérine définitivement la victoire allemande.
Avant même la signature de l'armistice, les États allemands s'unissent en un Empire allemand, proclamé au château de Versailles, le . La victoire entraîne le rattachement au Reich de l'Alsace (excepté l'arrondissement de Belfort dans le Haut-Rhin resté français sous le nom de Territoire de Belfort) et d'une partie de la Lorraine (Moselle actuelle), qui seront rattachées à la France en 1918 à l'issue de la Première Guerre mondiale. Le nouvel empire affirme sa puissance en Europe au détriment de l'Autriche-Hongrie et de la France. Cette dernière doit également supporter l'occupation d'un bon tiers de son territoire jusqu'en 1873 et le paiement d'une indemnité de 5 milliards de francs-or. Du au , la Commune de Paris, ainsi que celles d'autres grandes villes, se soulèvent contre le gouvernement (à majorité monarchiste) ; celui-ci écrase les communards parisiens durant la Semaine sanglante et réprime les autres insurrections jusqu'au .
La défaite et la perte de l'Alsace-Moselle provoquent en France un sentiment de frustration durable et extrême qui contribue à la montée d'un nationalisme revanchard, mais également à une remise en question de l'enseignement des élites françaises. La constitution d'un vaste empire colonial va permettre au pays de retrouver en partie sa puissance mise à mal. Les conséquences des combats modifient également fortement le droit humanitaire international et marquent les esprits des artistes, qui font dans leurs œuvres l'éloge des vaincus.
La guerre franco-allemande s'inscrit dans le processus de redéfinition des frontières de 1815 et de montée des sentiments nationaux dont le printemps des peuples de 1848 est un des grands marqueurs[5]. Napoléon III, devenu empereur des Français en 1852, soutient lui-même un remaniement de la carte de l'Europe et considère les mouvements nationaux comme un facteur d'instabilité qu'il convient de canaliser pour permettre l'avènement d'une Europe nouvelle, rééquilibrée et pacifiée par le respect du principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et de la souveraineté nationale[6]. Dès 1839, dans ses Idées napoléoniennes, il appelle la France à assumer son rôle d'émancipatrice des peuples[5].
Ces aspirations nationales n'aboutissent pas toujours à la création d'un État-nation : si la Belgique ou encore l'Italie y parviennent, cette dernière grâce à l'appui militaire de la France qui permet aux Piémontais d'expulser les Autrichiens de Lombardie et d'entamer l'unification de la péninsule, d'autres révolutions échouent[5].
Le nationalisme allemand se développe au début du XIXe siècle sous la domination française qui fait émerger l'idée que l'« Allemagne » devait être perçu comme un seul État. Dans ses Discours à la nation allemande en 1807, le philosophe Johann Gottlieb Fichte essaie d'éveiller ce sentiment national[7]. Les revendications libérales qui s'expriment en 1848 dans plusieurs états allemands se doublent « d'un sentiment de méfiance à l'égard d'une Autriche jugée réactionnaire » et revêtent un caractère expansionniste[5]. Auparavant, la mise en place du Zollverein en 1834, qui consiste en une union douanière entre 25 États de la Confédération germanique, permet le décollage économique de l'Allemagne de Nord par le désenclavement de régions industrielles comme la Ruhr ou la Saxe et l'ascension d'une bourgeoisie libérale, initiatrice du mouvement unitaire[7], de sorte que le printemps des peuples y désigne « l'émancipation, via le combat des classes moyennes et de la bourgeoisie économique et intellectuelle, des peuples composant l'espace allemand morcelé »[5],[8].
L'annexion du comté de Nice et de la Savoie à laquelle la France procède en échange de son soutien à l'unité de la péninsule réveille les craintes des appétits expansionnistes français dans la plupart des États allemands qui mobilisent des troupes à proximité du Rhin. Pour apaiser les tensions, une rencontre est organisée en à Baden-Baden entre Napoléon III, le prince-régent Guillaume Ier de Prusse et d'autres princes allemands[9].
Pour le ministre-président de Prusse, Otto von Bismarck, la question de l'unité allemande ne peut être résolue sans l'usage de la violence, comme il l'affirme dans son discours Du Fer et du Sang[10] et, en 1866, pour mettre au fin à l'hégémonie autrichienne au sein de la Confédération germanique, il déclare la guerre à l'Autriche. La victoire de l'armée prussienne à la bataille de Sadowa le modifie l'équilibre des puissances en Europe[11]. En France, ce succès suscite l'inquiétude des journalistes, des intellectuels et des hommes politiques qui redoutent l'émancipation de ce rival capable de disputer à la France son rang de première puissance européenne[11], au point que certains historiens évoquent l'apparition d'un « complexe de Sadowa »[12],[13] qui s'accompagne de la naissance d'un certain sentiment germanophobe dans l'hexagone[11].
Par ailleurs, le conflit austro-prussien témoigne du manque de clairvoyance de Napoléon III en matière de politique extérieure. En premier lieu, l'empereur tente de monnayer sa neutralité et d'obtenir des compensations en réclamant à Bismarck l'annexion par la France d'une partie de la rive gauche du Rhin, ce que le ministre-président prussien rejette fermement[14]. Dans le même temps, l'Italie ayant conclu une alliance avec la Prusse et ouvert un deuxième front dans les Alpes pour récupérer la Vénétie, la France se place en médiatrice entre son allié italien et l'Autriche, mais le règlement du conflit et la cession du territoire aux Italiens n'est pas considéré comme un succès diplomatique et génère de nouvelles tensions dans les deux camps[9].
L'année suivante, la crise luxembourgeoise renforce les tensions franco-allemandes[15]. Prenant acte de la détermination de Bismarck et du caractère non négociable de l'aliénation de territoires allemands, Napoléon III porte ses revendications sur le Grand-duché de Luxembourg dont la citadelle est gardée par une garnison prussienne mais qui demeure en union personnelle avec le Royaume uni des Pays-Bas. Pour l'empereur et son ministre Eugène Rouher, cette résolution n'est qu'une étape vers une extension plus ambitieuse en direction de la Belgique qui toucherait directement les intérêts