De haut en bas, de gauche à droite: vue de Messine, fontana del Nettuno, sacrario di Cristo Re surplombant la ville, palazzo Zanca, fontana Falconieri, piazza Duomo et cathédrale.
Fondée en 757 av. J.-C. par les Sicules sous le nom de Zancle, «faucille, faux», elle est repeuplée de colons grecs qui la rebaptisent Messéné à l'ère de la Grande-Grèce avant de devenir une florissante cité romaine puis byzantine nommée Messana et enfin Messina. Dévastée en 843 par les Arabes, elle entame un profond déclin sous la domination islamique avant de connaître un brillant renouveau à la période normande qui lui permettra d'atteindre un véritable âge d'or entre la fin du Moyen Âge et le milieu du XVIIesiècle, alors qu'elle dispute à Palerme le titre de capitale du royaume de Sicile.
Vient ensuite le temps des calamités: mise à feu et à sang en 1678 à cause d'une vaine révolte anti-espagnole qui aboutit à l'anéantissement de sa classe dirigeante, elle est ravagée par un tremblement de terre en 1783. C'est en 1908 que lui est asséné le coup de grâce, lorsqu'elle subit un nouveau séisme d'une intensité inouïe qui la rase au sol et lui fait perdre la moitié de ses habitants. Reconstruite à partir de 1912 dans le style Liberty caractéristique de cette époque, la ville moderne présente une série ordonnée et régulière de rues larges et rectilignes orientées selon un axe nord-sud[3]. Cible stratégique par son emplacement, la cité du détroit est lourdement bombardée par les Alliés de la Seconde Guerre mondiale en 1943 lors du débarquement en Sicile, recevant près de 6 500 tonnes d'explosifs largués par quelque 2 800 raids aériens et quatre bombardements navals. Cet événement tragique lui a valu la médaille d'or de la valeur militaire.
Son port, d'importance millénaire pour le commerce méditerranéen, est de nos jours surtout fréquenté par les voyageurs qui transitent entre l'île et le continent, ce qui en fait le premier d'Italie en nombre de passagers annuellement. Selon Eurostat, la zone urbaine élargie (ZUA) de l'aire métropolitaine de Messine comptait en 2014 une population de 277 584 habitants. Les principales ressources économiques de la ville sont les activités portuaires (commerciales, maritimes et chantiers navals), le tourisme de croisière et l'agriculture (production et exportation de vin, agrumes et olives). Siège d'un archidiocèsecatholique depuis 1986[4], Messine accueillait tous les ans jusqu'en 2013 une foire internationale instituée au XIIIesiècle. La fondation de l'université de Messine remonte à 1548 sur décision du pape Paul III.
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Géographie
Résumé
Contexte
Localisation
Postée à la pointe nord-est de la Sicile, sur la rive occidentale du détroit de Messine (mer Ionienne) - à 3 m d'altitude en moyenne -, la municipalité s'étend sur 214 km² de superficie. Son littoral, depuis Orto Liuzzo au nord jusqu'à Giampilieri au sud, s'étire sur 56 km, ce qui en fait la ville possédant le front de mer le plus long d'Italie.
Messine, enserrée entre les côtes ionienne et tyrrhénienne, surplombée par les monts Péloritains, se situe à 96 km de Catane et 223 km de Palerme. Elle est dotée d'un port naturel verrouillé par la presqu'île de San Raineri, dont la forme évoque celle d'une faucille, et fait face à Villa San Giovanni, légèrement au nord de Reggio de Calabre. Le cap Peloro, au nord de la ville, se rapproche de Scilla. C'est dans ces eaux tumultueuses que les mythes situent les tanières de Charybde et de Scylla.
Topographie
La ville se développe tout en longueur face aux eaux du détroit, sur la bande côtière ionienne, depuis le cap Peloro jusqu'à Giampilieri Marina sur 32 km. La côte tyrrhénienne, du cap Peloro à Ponte Gallo, se déploie sur 24 km. Quant au centre-ville, historiquement délimité par les ruisseaux de l'Annunziata et San Filippo, désormais recouverts par la chaussée, il mesure environ 12 km de long. À l'ouest, l'urbanisation vers l'intérieur des terres est beaucoup plus parcellaire en raison de la présence des contreforts montagneux des Péloritains, qui entravent l'étalement de la ville dans cette direction. La proximité de ces hauts reliefs confère à Messine un léger dénivelé s'abaissant des terrasses aménagées jusqu'à la mer. Les étroits bassins des cours d'eau sont occupés jusqu'en amont par une multitude de hameaux, au nombre de 48, relevant du territoire de la commune de Messine.
De la sorte, il est possible sans sortir de Messine de grimper du niveau de la mer en passant par les collines jusqu'à 1 127 m d'altitude, au sommet du mont Dinnammare, qui doit son nom au latin bimaris, «des deux mers». De là, la vue embrasse les deux rivages de la cité du détroit, sur les mers Ionienne et Tyrrhénienne. Au large, on y aperçoit la Calabre depuis son extrémité méridionale jusqu'au cap Vaticano, en province de Vibo Valentia, tandis que la silhouette massive de l'Etna s'impose en regardant vers le sud. Enfin, les îles Éoliennes et la côte tyrrhénienne avec les caps Milazzo, Tindari et Cannavà, à Gioiosa Marea, sont visibles au nord-ouest.
Le Messinien, subdivision du Miocène supérieur, première ère du Néogène, tient son nom de la découverte à Messine des évaporites, roches endémiques de cette période caractérisée par la salinisation accrue de la Méditerranée engendrée par la fermeture du détroit de Gibraltar.
Climat
Messine bénéficie d'un climat méditerranéen caractérisé par des étés longs, chauds et généralement secs, ainsi que des hivers plutôt doux et humides, présentant de faibles amplitudes thermiques. Ainsi, même au cœur de la saison hivernale, les températures nocturnes restent bien souvent supérieures à 10 °C. L'autre donnée majeure du climat messinois est sa pluviométrie élevée, nettement supérieure à celle de Reggio de Calabre, de l'autre côté du détroit de Messine, ce qui représente une différence climatique notable pour une distance aussi courte.
L'hiver, malgré sa faible durée, présente quelques rares épisodes de froid intenses pouvant très exceptionnellement apporter de la neige sur l'arrière-pays, jamais à plus basse altitude. Le dernier épisode neigeux survenu à Messine remonte au 7 janvier 2017[5], précédé des événements du 31 décembre 2014[6] et du 30 janvier 1999[7].
L'été est chaud mais pas particulièrement étouffant grâce à l'effet modérateur des brises marines, qui tendent à contenir les valeurs maximales des températures diurnes; ce n'est qu'en présence de vents du sud (pendant les grandes vagues de chaleur) que le mercure peut atteindre le seuil des 40 °C.
Enfin, l'abondance des précipitations fait de Messine l'une des villes côtières les plus arrosées de Sicile :sa pluviométrie moyenne annuelle de 910 mm place même la ville du détroit au-dessus de la moyenne italienne. Les précipitations sont principalement concentrées entre l'automne et l'hiver sans pour autant être absentes lors des sécheresses estivales à cause des violents orages post-méridiens qui peuvent éclater parfois. Les pluies abondantes de Messine s'expliquent par divers facteurs, à commencer par la présence des reliefs relativement élevés qui se dressent à proximité immédiate de la ville - les monts Nébrodes et Péloritains en Sicile, l'Aspromonte en Calabre -, des reliefs qui provoquent des phénomènes fréquents de stau, et la présence des deux mers Ionienne et Tyrrhénienne, qui créent fréquemment des conditions propices à la formation de nuages menaçants.
Davantage d’informations Mois, jan. ...
Tableau climatologique de MESSINA (période 1991-2020).
Messine, troisième ville la plus peuplée de Sicile, compte à proximité immédiate du centre-ville 80 bidonvilles dans lesquelles vivent 2 000 familles[9]. Dans l'agglomération, les maisons de fortune abritent 6 500 habitants[10]. Si les baraccopoli apparaissent après le séisme du 28 décembre 1908, dont quelques-uns survivent de cette époque, et que d'autres naissent sous le régime fasciste dans les années 1930, la majorité sont la réponse à la pénurie de logements depuis l'après-guerre, à l'instar de Fondo Fucile, quartier de 130 baraquements qui émerge dans les années 1970, ainsi que celui de Giostra, Fondo De Pasquale, Annunziata, Camaro, Fondo Saccà ou Taormina, le plus grand de la ville qui regroupe plus de 400 familles. Les maisons passent de générations en générations, ou sont revendus au marché noir dans ce quartier gangrené par la mafia, dont les membres représentaient en 2017 10% de la population de Fondo Saccà[11].
En 1990, une enveloppe de 500 milliards de lires n'avait abouti qu'au relogement de 530 familles en près de trente ans. La création par la municipalité de l'Arisme, agence chargée de la lutte contre cet habitat indigne, a permis 350 relogements et la destruction de six bidonvilles entre 2018 et l'été 2021. En réponse à la pandémie de Covid-19, un plan triennal (2021-2024) de 300 millions d'euros, financé pour deux tiers par la municipalité alors dirigée par Cateno De Luca, et pour un tiers par l'État qui a doté de pouvoirs spéciaux le préfet de Messine, Cosima Di Stani, prévoit le démantèlement total des baraquements sauvages d'ici 2024[12],[13]. En parallèle, la ville de Messine met en œuvre, à partir de 2017, le projet Capacity qui offre aux habitants de Fondo Saccà un accompagnement social, avec des aides pour un logement bon marché ou pour la construction d'une maison individuelle, du microfinancement pour réintégrer l'économie légale, et un renforcement de l'éducation des plus jeunes[14].
Voies de communication et transports
Infrastructures routières
Tramway de Messine.Navire de croisière vu depuis le sanctuaire de Montalto.Vue aérienne du port de Messine.
Le périphérique autoroutier de Messine appartient à l'itinéraire de l'A20 (Messine-Palerme) qui dessert toute la zone urbaine de la ville du nord au sud. Elle est également desservie par l'autoroute A18 (Messine-Catane).
Transports urbains
Le système de bus public de Messine est exploité par ATM Messina(it): à partir du 8 octobre 2018, l'offre de transport public est réorganisée en introduisant une ligne de bus (ligne 1 - Shuttle 100) qui, toutes les 15 minutes, traverse 38 des 50 km du littoral de la ville de Messine. Ainsi, un service en peigne est créé, avec des arrêts d'échange où se terminent les bus à destination et en provenance des villages, et avec le tramway qui atteint une fréquence d'environ 20 minutes[15]. Environ 36 itinéraires différents desservent tous les quartiers de la ville ainsi que le tramway de Messine[16] (à l'arrêt Repubblica, sur la place de la gare), ouvert en 2003. Cette ligne mesure 7,7 kilomètres et relie la gare et le centre-ville au port.
Desserte ferroviaire
La nouvelle gare de Messina-Centrale a été projetée selon les critères modernes de l'architecte futuristeAngiolo Mazzoni et est entourée par une vaste esplanade qui fait office de place centrale. Elle est presque contigüe à la gare de Messina-Marittima, située près du port, par laquelle arrivent et partent les trains en provenance ou à destination de la gare de Villa San Giovanni à travers le détroit de Messine[17].
La gare est électrifiée et desservie par des trains régionaux. Pour le transport longue distance, elle accueille également des trains de nuit InterCity vers Reggio de Calabre, Naples, Rome, Florence, Gênes, Milan, et d'autres villes.
Depuis 2010, un service de train de banlieue est assuré le long de la voie ferrée Messine-Catane-Syracuse avec des itinéraires desservant notamment les gares de Fiumara-Gazzi, Contesse, Tremestieri, Mili-Marina, Galati, Ponte-Santo Stefano, Ponte-Schiavo, San Paolo et Giampilieri[18].
Transport maritime
En 2021, le port de Messine, qui permet de relier la Sicile au reste de l'Italie par ferry ou bateaux spécialement conçus pour transporter automobiles et voitures de chemin de fer, était le plus fréquenté d'Europe avec 8,232 millions de passagers sur toute l'année[19].
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Toponymie
Zancle (Ζάγκλης), mot sicule pour «faux, faucille» en raison de la forme caractéristique du port naturel, depuis la fondation de la ville par les Sicules en 757 av. J.-C. jusqu'à l'avènement d'Anaxilas de Rhêgion, à la période magno-grecque;
Messéné (Μεσσήνη), nom attribué par Anaxilas de Rhêgion à la cité grecque, qui connaît un afflux de nouvelles populations en provenance de Messénie au début du Vesiècleav. J.-C. Les dénominations ultérieures sont des dérivations du présent;
Fondée par des colons grecs au VIIIesiècleav. J.-C., Messine se nomme à l'origine Zancle (en grec ancien: Ζάγκλη), d'un mot sicule («zanclon») désignant la faux (outil agricole) en raison de la forme de son port naturel, bien que les mythes tendent plutôt à rattacher ce nom à celui du roi Zanclos, monarque légendaire à qui la fondation de la cité est attribuée. Une commune de la ville métropolitaine de Messine située à l'entrée sud du détroit porte aujourd'hui encore le nom de «Scaletta Zanclea». Solin rapporte que la cité de Metauria aurait été fondée par des habitants de Zancle[20].
Période classique
Pièce de monnaie romaine en bronze, frappée à Messana en 264 av. J.-C.
Au début du Vesiècleav. J.-C., Anaxilas de Rhêgion la conquiert et la renomme Messéné (Μεσσήνη) en hommage à sa Messénie natale, en Grèce. Micythos, tyran de Rhêgion et de Messéné, fonde la colonie de Pyxous à l'aide des habitants des deux cités[21]. Prise par les Carthaginois en 397 av. J.-C., elle sera reconquise par Denys l'Ancien, tyran de Syracuse.
En 288 av. J.-C., les Mamertins s'emparent de la ville par la ruse en y assassinant la population masculine puis en s'emparant de leurs épouses ainsi que de tous leurs biens. De là, ils ravagent la campagne environnante et se heurtent aux ambitions de la cité de Syracuse, alors en pleine expansion dans la région. Hiéron II, tyran de Syracuse, leur inflige une défaite près de Mylae, sur les rives du Longanus, et les poursuit jusqu'à Messéné. Carthage, qui dispute depuis longtemps l'hégémonie sur la Sicile à Syracuse[22], vole au secours des Mamertins et repousse l'assaut. Lorsque Hiéron attaque une seconde fois la cité en 264 av. J.-C., les Mamertins, à la recherche d'alliés plus fiables, sollicitent l'intervention de la République romaine. Cette dernière, d'abord réticente à venir en aide à une bande de mercenaires qui pourrait inspirer les rebelles sur son propre territoire, se montre d'autant plus soucieuse de limiter l'expansionnisme carthaginois sur l'île et conclue une alliance avec les Mamertins. Cette même année de 264 av. J.-C., les armées romaines sont déployées en Sicile, ce qui représente leur première opération militaire en dehors de la péninsule italienne. À l'issue de la première guerre punique, Messana reçoit le titre de cité alliée du peuple romain[23],[24]. Sous la période romaine, la cité est dotée d'un gigantesque phare et sera choisie comme place forte par Sextus Pompée dans sa guerre contre Octavien[25].
Moyen Âge
Pièce de monnaie du XIIIesiècle, frappée à Messine sous le règne du saint-empereur romain Frédéric II.
Comptant désormais parmi les grandes villes de Sicile, Messine devient l'un des principaux théâtres où se joue la rivalité des dynasties napolitaine de la maison d'Anjou et aragonaise de la maison de Barcelone pour le contrôle de l'île. Initialement bastion sicilien du soutien aux Angevins, Messine se joint à la révolte des Vêpres siciliennes en 1282, ce qui lui vaudra d'être violemment assiégée par Charles Ier d'Anjou[31]. Elle demeure une base navale stratégique tout au long des vingt années de guerre qui s'ensuivent et elle sera une nouvelle fois assiégée en 1301[32]. En 1345, Orlando d'Aragon, fils illégitime de Frédéric II de Sicile, est nommé stratège de Messine en hommage aux racines grecques de la cité du détroit.
Deux ans plus tard, en 1347, Messine est l'un des tout premiers points d'arrivée de la peste noire en Europe occidentale. Ce sont des galères génoises en provenance de la cité pestiférée de Caffa, elle-même infectée lors du siège mené par les armées mongoles de Djanibeg, qui emportent l'épidémie dans le port de la ville[33]. Les marchands italiens présents dans la ville ont alors pris la mer et débarqué en Sicile. Les récits contemporains décrivent l'arrivée des «navires de la mort» venus d'orient qui flottaient jusqu'aux rivages alors que leurs équipages étaient déjà morts de la peste ou mourants; les rats porteurs de la maladie étaient présents dans ces bateaux. L'épidémie de peste noire ravage donc d'abord Messine avant de se propager dans les mois qui suivent au reste de la Sicile puis de l'Italie vers le nord.
Période moderne
Carte de Messine au XVIIesiècle.
Alors que Messine est sous domination espagnole, saint Ignace y favorise en 1548 la fondation du premier collège jésuite au monde, qui donnera plus tard naissance au Studium Generale (l'actuelle université de Messine)[34]. La flotte chrétienne ayant triomphé à la bataille de Lépante en 1571 appareilla de Messine[35]; le romancier espagnolMiguel de Cervantes, qui a pris part à la bataille, s'y remet de ses blessures au grand hôpital pendant quelque temps. La ville atteint l'apogée de sa splendeur au début du XVIIesiècle, figurant à cette époque parmi les villes plus peuplées du continent européen[36],[37].
En 1674, la ville se rebelle contre la garnison étrangère. Elle parvient à maintenir son indépendance grâce au soutien militaire du roi de France Louis XIV jusqu'en 1678, à la signature des traités de Nimègue, lorsqu'elle est reconquise par les Espagnols qui la mettent à sac: l'université, le sénat ainsi que tous les privilèges dont elle jouissait depuis l'Antiquité romaine sont abolis. Une vaste forteresse est édifiée afin de maintenir la ville sous contrôle et la population citadine fond de moitié[38],[39].
En 1783, Messine est dévastée par un séisme et sa reconstruction s'étalera sur plusieurs décennies[40]. En 1847, elle est l'une des premières villes de l'Italie pré-unitaire où éclatent des émeutes en faveur du Risorgimento. L'année suivante, elle se révolte ouvertement contre les Bourbons mais connaît une nouvelle répression féroce[41],[42].
À la suite de la bataille de Milazzo, en 1860, les troupes garibaldiennes pénètrent dans la ville. Giuseppe Mazzini, l'une des principales figures de l'unification italienne, est élu député de Messine aux élections législatives de 1866. Un séisme de moindre intensité frappe la ville le 16 novembre 1894. Le matin du 28 décembre 1908, Messine est presque entièrement détruite par un nouveau séisme suivi d'un tsunami qui font plus de 100 000 victimes et dévastent la quasi totalité des monuments anciens[43],[44],[45],[46]. La reconstruction commence dès l'année qui suit mais des milliers de personnes sont contraintes de vivre dans les bidonvilles qui se sont développés juste à l'extérieur de la ville jusqu'à la fin des années 1930.
Elle est massivement bombardée en 1943, lors de l'invasion alliée de la Sicile[47]. En raison de son emplacement stratégique en tant que point de transit pour les troupes de l'Axe qui s'y font ravitailler depuis l'Italie continentale, Messine est en effet une cible de choix pour les forces aériennes britanniques et américaines qui larguent quelque 6 500 tonnes de bombes en l'espace de quelques mois. Ces raids meurtriers redétruisent un tiers de la ville et provoquent la mort de 854 civils[48]. Au sortir de la guerre, Messine reçoit la médaille d'or de la valeur militaire afin de commémorer les funestes événements qui s'y sont produits et récompenser l'énième effort de reconstruction qu'elle a dû entreprendre[49].
La commune de Messine, vaste et très étendue, englobe les hameaux ou quartiers suivants:
Acqualadrone, Altolia, Bordonaro, Briga Marina, Briga Superiore, Castanea delle Furie, Cumia, Curcuraci, Faro Superiore, Ganzirri, Gesso, Giampilieri Marina, Giampilieri Superiore, Larderia, Massa San Giorgio, Massa San Giovanni, Massa San Nicola, Massa Santa Lucia, Mili San Marco, Mili San Pietro, Molino, Orto Liuzzo, Piano Torre, Rodia, Salice, San Filippo Inferiore, San Filippo Superiore, San Saba, Santa Lucia sopra Contesse, Santo Stefano di Briga, Santo Stefano Medio, Spartà, Tipoldo, Torre Faro, Tremestieri, Zafferia.
Messine abrite une petite minorité hellénophone, originaire du Péloponnèse, arrivée entre 1533 et 1534 pour fuir la domination ottomane. Elle est officiellement reconnue en 2012 en tant que communauté grecque de Messine[53].
Évolution démographique
Habitants recensés
Sports
La ville est représentée au football par le club de l'ACR Messine.
Le coureur cycliste Vincenzo Nibali y est né, ce qui lui a valu le surnom de «Requin de Messine».
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Économie
La felouque, embarcation traditionnelle des pêcheurs de Messine.
Messine est au cœur d'une région très agricole, où sont particulièrement répandues les cultures de la vigne (faro et mamertino) et des agrumes (notamment les mandarines).
Le port de Messine est le siège d'un arsenal militaire ainsi que de chantiers navals civils. Les nombreuses navettes (voitures et trains sur bateaux) reliant Messine à la Calabre (Reggio de Calabre et Villa San Giovanni) contribuent également au tissu économique local.
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Culture et patrimoine
Résumé
Contexte
Architecture et monuments remarquables
Architecture civile
Teatro Vittorio Emanuele-II, via Giuseppe Garibaldi.Le palazzo Zanca(it), hôtel de ville de Messine;
Le teatro Vittorio Emanuele-II(it) (théâtre Victor-Emmanuel-II);
Le palazzo Calapaj-d'Alcontresj, construit au XVIIIesiècle, est l'un des rares édifices ayant survécu au séisme de 1908;
Le pylône de Messine, et son homologue sur l'autre rive du détroit, ont été construits en 1957 pour supporter une ligne électrique aérienne de 220 kV fournissant de l'électricité à l'île. Plus hauts pylônes du monde à l'époque de leur construction, ils ne sont plus fonctionnels depuis leur remplacement par un câble sous-marin et sont désormais accessibles au public;
La cathédrale de Messine et son clocher.La chiesa della Santissima Annunziata dei Catalani.La chiesa del Carmine.Le cimetière monumental de Messine.La cathédrale de Messine (XIIesiècle), à l'origine d'architecture normande, a été reconstruite en 1919-1920 après le tremblement de terre de 1908 puis de nouveau en 1943 après avoir été incendiée par un bombardement des Alliés - la structure normande d'origine est facilement identifiable au niveau de l'abside. La façade de l'édifice comporte trois portails de style gothique tardif dont celui du centre, le plus massif, date probablement du début du XVesiècle et est surmonté d'un tympan ajouté en 1468. L'architrave est ornée d'une sculpture représentant le Christ parmi les évangiles et de divers motifs anthropomorphes, animaux et végétaux, tandis que l'intérieur est ordonné autour d'une nef flanquée de deux bas-côtés de même longueur qui sont séparés du vaisseau central par un alignement de 28 colonnes. Si l'abside est bien d'origine, les mosaïques qui la décorent sont des reproductions modernes. La cathédrale abrite les dépouilles de l'empereur Conrad IV, souverain germanique de Sicile, ainsi que des archevêques Palmer (†1195), Guidotto de Abbiate (XIVesiècle) et Antonio de Lignamine (XVIesiècle). La cappella del Sacramento (chapelle du Sacrement, XVIesiècle), est en grande partie recouverte de mosaïques d'époque médiévale. Le clocher de la cathédrale renferme une horloge astronomique construite en 1933 par l'entreprise alsacienneUngerer[55], qui reste à ce jour l'une des plus grandes au monde. Le mécanisme de la tour contient des statues animées qui illustrent chaque jour, à midi, l'un des événements de l'histoire civile et religieuse de Messine[56];
La chiesa della Santissima Annunziata dei Catalani (église de la Très-Sainte Annonciade des Catalans, fin du XIIesiècle), remontant à la fin de la période normande et remaniée au siècle suivant lors du raccourcissement de sa nef qui a impliqué une refonte totale de sa façade. Elle présente une abside cylindrique ainsi qu'une coupole émergeant d'un haut tambour. La décoration extérieure du transept et de la coupole, avec sa série d'arcs aveugles séparés entre eux par de petites colonnes, reflète les influences arabes dont est profondément imprégnée l'architecture normande en Sicile[57];
La chiesa di Santa Maria degli Alemanni (début du XIIIesiècle), ancienne chapelle du prieuré des chevaliers teutoniques stationnés à Messine, est l'un des rares exemple d'architecture purement gothique en Sicile avec ses fenêtres élancées en arc et ses contreforts galbés[58];
La chiesa del Carmine (église du Carmel, près du palais de justice), construite en 1931, abrite une statue de la Vierge Marie du XVIIesiècle;
La fontana di Orione (fontaine d'Orion), sculpture monumentale sur la place de la cathédrale édifiée en 1547 par Giovanni Angelo Montorsoli, disciple de Michel-Ange, en respectant une scénographie complexe à la fois néoplatonicienne et alchimique. Elle est qualifiée par l'historien de l'art Bernard Berenson de «plus belle fontaine du XVIesiècle»;
La fontana del Nettuno(it) (fontaine de Neptune), face à la préfecture, orientée vers le port, sculptée par Montorsoli dix ans après la précédente (1557);
La fontana Senatoria (fontaine du Sénat), construite en 1619[62];
Les Quattro Fontane, quatre fontaines identiques ornant les quatre angles d'une place formée au croisement de deux anciennes artères urbaines de l'époque précédent le séisme de 1908. Seules deux d'entre elles sont toujours en place depuis l'événement fatidique, tandis que les deux autres sont exposées au musée régional en raison du rebouchage de l'une des deux rues ayant conduit à la suppression de la place lors de la reconstruction urbaine;
LaFenice (le Phénix), sculpture inaugurée en 2011 sur la piazza della Memoria.
La Madonna della Lettera(it) veillant sur le port de Messine, au-dessus du Santissimo Salvatore.Le forte del Santissimo Salvatore(it), fort du XVIesiècle posté à l'entrée du port de Messine. Il porte les mots que la Vierge Marie aurait adressé aux Messinois dans une lettre en 42 apr. J.-C.: Vos et ipsam civitatem benedicimus («Nous vous bénissons, vous et cette ville»);
Le forte Gonzaga(it), fort du XVIesiècle implanté dans les collines surplombant Messine;
La porta Grazia, porte principale de la Real Cittadella(it) (citadelle royale de Messine, dont il ne reste que quelques vestiges éparpillés dans le port) conçue par Domenico Biundo et Antonio Amato.
La cuisine messinoise se distingue par ses mets à base de poissons et de fruits de mer, à commencer par l'espadon, le stockfisch, la moule méditerranéenne et le thon, bien que l'une de ses spécialités les plus renommées soit à base de viande: le falsomagro, un rôti farci. Le dessert le plus typique à Messine est la pignolata glassata, une pâtisserie en forme de petite boule qui, comme son nom l'indique, est recouverte d'un épaisse couche de glaçage. Les spécialités salées de la ville sont la focaccia messinese, garnie d'endives, anchois dessalés, poivre noir et tuma, ainsi que le pane alla disgraziata, copieuse tranche de pain garnie d'ingrédients divers. Les rustici (snacks tels que les arancini, pidoni, mozzarellein carrozza ou sfoglie) et la granita, aux saveurs variées (fraise, citron, café-crème, etc.) et accompagnée de la traditionnelle brioscia, sont des mets proposés à la carte de presque tous les bars et restaurants de la ville[63].
La consommation de certains plats est conditionnée par le calendrier religieux des Messinois, notamment:
Les pidoni, chaussons fourrés aux endives, anchois salés et scamorza, à l'origine préparés spécifiquement pour le jour de l'Annonciation (25 mars);
Le ciusceddu, un ragoût composé de viande hachée, os de veau, ricotta fraîche, œufs, chapelure, fromage maiorchino, tomates, oignon, céleri et persil, traditionnellement cuisiné pour le jour de Pâques;
La pasta 'ncasciata, plat très copieux à base de pâtes aux boulettes de viande, œufs, caciocavallo, aubergines et sauce tomate, préparé pour le jour de l'Assomption (15 août). Cette fête est marquée à Messine par la procession de la Vara(it), une imposante structure votive de forme pyramidale, haute de 14 mètres et pesant environ 8 tonnes.