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Albert Sarraut

homme d'État français De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Albert Sarraut
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Albert Sarraut, né le à Bordeaux (Gironde) et mort le à Paris (Seine), est un homme d'État français[1].

Faits en bref Fonctions, Président du Conseil des ministres français et Ministre de l'Intérieur ...

Fils d'Omer Sarraut, maire de Carcassonne en 1887, diplômé en droit, il devient député radical-socialiste et s'implique particulièrement dans la gestion des colonies françaises. Gouverneur général de l'Indochine à deux reprises, puis ministre des Colonies, il est l'un des principaux inspirateurs de la politique coloniale de l'entre-deux-guerres. Il dirige en outre deux éphémères gouvernements de la IIIe République. Ministre de l'intérieur à plusieurs reprises, il dissout l'Action française, instaure au sein du gouvernement Daladier la politique[2] de « discrimination »[3] des « indésirables »[4] et ouvre les camps d'internement, où mourront plusieurs dizaines de milliers de républicains réfugiés de la guerre d'Espagne et des « Juifs » fuyant l'Allemagne nazie. Il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juillet 1940.

Frère de Maurice Sarraut[5], le directeur de La Dépêche de Toulouse assassiné par la Milice en 1943, il est déporté à son tour au début de l'année 1944 mais survit. Membre de l'Académie des beaux-arts de 1953 à 1962[6], il préside sous la IVe République l'Assemblée de l'Union française de 1951 à 1958[7].

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Biographie

Résumé
Contexte

Député radical socialiste

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Rixe entre Albert Sarraut et Paul Pugliesi-Conti à la Chambre des députés, le 13 juillet 1906.

Sarraut est élu député de l'Aude, le Midi rouge, en sur un programme anticlérical qui permet aux radicaux d'obtenir le soutien des socialistes, « [...] arracher le chiendent clérical et l'ortie césarienne[8]. » Il sera réélu jusqu'en 1924.

En , il devient l'un des douze secrétaires du comité exécutif du Parti républicain, radical et radical-socialiste[9]. Le , il vote la loi de séparation de l'Église et de l'État, qui sera promulguée le .

À la séance du à la Chambre des députés votant le projet de loi réintégrant dans l'armée avec avancement le capitaine Dreyfus et le colonel Picquart, il est question de poursuites judiciaires à l'encontre du général Mercier et ses complices. Le député nationaliste de Paris Paul Pugliesi-Conti hurle au « gouvernement de misérables ». Au cours d'une échauffourée générale, il reçoit du sous secrétaire Sarraut une gifle et demande réparation. Le duel a lieu deux heures plus tard à Ville-d'Avray. Clemenceau est directeur du combat et Sarraut s'enferre d'emblée sur l'épée de son adversaire[10]. Grièvement blessé au poumon, il reste alité six semaines.

L'Indochine

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Albert Sarraut, Gouverneur général de l'Indochine française, en 1914.

Sur le plan international, il est de 1911 à 1914 et de 1917 à 1919 gouverneur général de l'Indochine et travaille à cette occasion avec Albert Lebrun, ministre des Colonies de 1911 à 1913. Ses deux mandats à la tête de l'Indochine française sont marqués par une volonté d'introduire davantage d'éléments de démocratie dans le système colonial, notamment en donnant davantage de place aux élites indigènes. Il réforme l'administration, développe le système éducatif en Indochine et donne davantage de possibilités aux Indochinois d'intégrer la fonction publique[11],[12],[13],[14].

La doctrine Sarraut pour les colonies

Au début des années 1920, Sarraut, alors ministre des Colonies, conçoit un plan de mise en valeur des colonies qui, s'il ne fut pas mis en pratique, marque l'intérêt renouvelé des autorités pour reprendre en main le développement des colonies. Le plan, à proprement parler est déposé à la Chambre en 1921.

Dans son ouvrage La mise en valeur des colonies françaises forment on peut lire sa justification du fait colonial et ce qu'il entend par "mise en valeur". Pour Sarraut, la mise en valeur économique est le prolongement de la mission civilisatrice du colonisateur. Le nouveau discours n'est donc pas si neuf et s'inscrit dans la droite lignée de la bonne conscience républicaine. Sarraut a en effet pour ambition de créer dans chaque colonie des "pôles de développement" et prévoit de large programme d'investissement. Par ailleurs, il préconise en conséquence un programme d'investissement sanitaire et social. Néanmoins, parmi ces deux projets, ni l'un ni l'autre qui ne sera pas mené, faute de budget[15].

Le , jour de Pâques, il inaugure l'Exposition coloniale de Marseille[16],[17].

De 1925 à 1926, il est nommé ambassadeur de France en Turquie[18],[19].

Première guerre mondiale

En 1914, il est ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le cabinet de René Viviani. En octobre 1915, à la chute de celui-ci, il s'engage et il est envoyé au front sur sa demande, comme sous-lieutenant d'infanterie dans le 367e régiment d'infanterie[20]. Il tient, de décembre 1915 à juillet 1916, les tranchées au Bois-le-Prêtre. De son passage dans ce bois, reste un ensemble de photographies[21].

Une longue carrière ministérielle dans l'entre-deux-guerres

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Albert Sarraut devant la salle Wagram, 1931.

Sur le plan national, Sarraut exerce une longue carrière ministérielle, qui l'amène par deux fois à occuper la présidence du Conseil :

L'occupation de la Rhénanie

Le , Hitler dénonce les accords de Locarno et décide, en violation flagrante du traité de Versailles, de faire occuper la Rhénanie par la Wehrmacht, alors que ce territoire devait rester démilitarisé. L'ambassadeur de France à Berlin, André François-Poncet, prévient Paris du coup de force en préparation. Sarraut déclare qu'il n'est pas « disposé à laisser Strasbourg sous les canons allemands » et souhaite répondre par la force à l'agression de Hitler. Toutefois, se heurtant au refus du Royaume-Uni de se joindre à la France et devant l'événement capital du premier tour des élections législatives prévu le 26 avril suivant, Sarraut en reste là. Les conséquences de cet abandon seront désastreuses, aussi bien pour la France que pour la paix du monde.

Ministre de l'Intérieur pendant la Drôle de Guerre (12 avril 1938 – 20 mars 1940)

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Passation des pouvoirs entre Marx Dormoy et Albert Sarraut au ministère de l'Intérieur, 1938.

Ministre de l'Intérieur sous les gouvernements Daladier de 1938 à 1940, Sarraut s'applique après la déclaration de guerre à l'Allemagne, à faire interner les Allemands résidant en France, bien que la plupart aient fui la politique des nazis. Considérés comme des « sujets ennemis » d'un pays avec lequel la France est en guerre, ces internés se retrouvent victimes d’un mélange de xénophobie, d’absurdité et de désordre administratif. En Provence, ils sont internés dans une tuilerie désaffectée aux Milles. Cette usine devient un camp d’internement sous commandement militaire français, le camp des Milles, où les internés, dont nombre de représentants de l’intelligentsia allemande, vivent dans des conditions très précaires, parfois fatales.

Le , il signe comme ministre de l'Intérieur le décret du 4 octobre 1939 qui suspend les maires et les parlementaires communistes, conséquence de la signature du pacte germano-soviétique. Ils sont ensuite déchus à titre définitif de leurs mandats. Il poursuit dans cette voie en signant le 15 mars 1940 une circulaire envoyée aux préfets leur enjoignant de mener la chasse aux noms de rues évoquant le communisme, ce qui est un tournant, car normalement le gouvernement n’intervient pas dans ce domaine qui relève traditionnellement du pouvoir des communes[22]. Les rues Henri-Barbusse et Paul-Vaillant-Couturier sont particulièrement visées. La consigne n’est pas exécutée partout, mais des résistances locales se font jour[23].

Pendant l'Occupation (juillet 1940-1945)

Le , Albert Sarraut est convoqué par le président Albert Lebrun avec les autres députés et sénateurs réunis à Vichy en Assemblée nationale, et vote la loi qui remet les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain[24].

Il se retire alors dans sa famille à Prades dans les Pyrénées-Orientales[25]. Il est très affecté par la mort de son frère Maurice, alors dirigeant du journal La Dépêche à Toulouse, assassiné le par la Milice, mais il accepte à la demande du conseil d'administration du journal, d'en prendre la direction politique et ce malgré l'opposition des Allemands[25]. En juin 1944[25], ceux-ci l'arrêtent et il est déporté dans le camp de Neuengamme avec Jean Baylet dans le nord de l'Allemagne jusqu'à la libération du camp par les Alliés en avril 1945[26],[27],[25].

L'Assemblée de l'Union française

Il poursuit sa carrière pendant la IVe République à un poste clé dans la Chambre parlementaire créée par la Constitution de 1946 élu, en novembre 1947 par le Conseil de la République, conseiller de l'Union française, il accède à la Présidence de l'Assemblée de l'Union française en juin 1951. Il demeure à ce poste jusqu'en mai 1958[28].

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Carrière

Résumé
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Fonctions gouvernementales

Autres mandats

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La tombe d'Albert Sarraut, située au cimetière ancien de Bram dans l'Aude.

Décès

Début novembre 1962, il est victime d'une crise cardiaque puis d'une nouvelle crise trois semaines après et meurt quelques jours plus tard, le 26 novembre, à son domicile parisien situé 15 avenue Victor-Hugo[25]. Après des obsèques à l'église Saint-Honoré-d'Eylau à Paris et à l'église Saints-Julien-et-Basilisse, il est inhumé au cimetière de Bram dans l'Aude. L'éloge funèbre fut prononcé par Maurice Faure[25],[31]. Sa tombe est fleurie à la Toussaint par La Dépêche du Midi en sa qualité d'ancien directeur.

Père d'un fils, Omer[32] et de deux filles, Paule et Lydie, la réalisatrice et metteuse en scène Marion Sarraut était l'une de ses petites-filles.

Ses archives furent confiées aux archives départementales de l'Aude en 1972[33].

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Œuvres

  • La Mise en valeur des colonies françaises, Payot, Paris, 1923, 675 p.
  • Indochine, « Images du monde », Firmin Didot, Paris, 1930.
  • Grandeur et servitude coloniales, Éditions du Sagittaire, Paris, 1931, Prix d’Académie 1932 de l'Académie française.

Nommés d'après lui

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L'ancien lycée Albert Sarraut à Hanoï.

Des avenues portent son nom à Goussainville (Val d'Oise) Igny ( Essonne) et Chelles (Seine-et-Marne) à Dakar au Sénégal, des places à Athis-Mons et Brunoy (Essonne), Villeneuve-le-Roi (Val de Marne) et Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) ainsi que des rues à Versailles (Yvelines), Juvisy-sur-Orge (Essonne), Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), Tremblay-en-France, Drancy (Seine-Saint-Denis), Rivedoux-Plage (Charente-Maritine) Saint-Médard-en-Jalles (Gironde), une cité (lotissement) à Esperaza ainsi qu'à Bram (Aude) où il vécut, au « domaine de Portoï », et est inhumé dans l'ancien cimetière[34],[35].

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Décorations

Résumé
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Il est également dignitaire de plusieurs ordres étrangers, dont[38]:

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Voir aussi

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Bibliographie

  • Patrice Morlat, « Projets coloniaux et mise en pratique : la politique des « fils » de Sarraut en Indochine dans les années vingt », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, no 85 « Le pouvoir colonial », , p. 13-28 (lire en ligne).
  • Patrice Morlat, « L’Indochine à l’époque d’Albert Sarraut », Outre-Mers. Revue d'histoire, t. 99, nos 376-377 « Cent ans d'histoire des outre-mers. SHOM, 1912-2012 », 2e semestre 2012, p. 179-195 (lire en ligne).
  • (en) Clifford Rosenberg, « Albert Sarraut and Republican Racial Thought », French Politics, Culture & Society, Berghahn Books, vol. 20, no 33, , p. 97–114 (JSTOR 42843249).
  • (en) Martin Thomas, « Albert Sarraut, French Colonial Development, and the Communist Threat, 1919–1930 », The Journal of Modern History, University of Chicago Press, vol. 77, no 343, , p. 917–955 (DOI 10.1086/499830, JSTOR 10.1086/499830).
  • Benoît Yvert (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
  • Benoît Yvert (dir), Dictionnaire des ministres (1789-1989), Albert Sarraut p. 605 à 607, Paris, Perrin, 1990, 1028 p. (ISBN 2-262-00710-1)
  • Rémy Pech, Omer, Maurice et Albert Sarraut, « Les Audois, dictionnaire biographique », p. 302 à 305. Édité par l'Association des amis des archives de l'Aude, la Fédération audoise des œuvres laïques et la Société d'études scientifiques de l'Aude. 1990 (ISBN 2-906442-07-0)
  • « Albert Sarraut », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition].
  • Jean-Louis Rizzo, Albert Sarraut : au cœur de la République parlementaire et coloniale, Paris, L'Harmattan, , 253 p. (ISBN 978-2-343-23345-1).

Iconographie

Articles connexes

Liens externes

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Notes et références

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