Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende
cathédrale située en Lozère, en France / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende est le siège épiscopal du diocèse de Mende. Située dans le centre-ville de la préfecture de la Lozère, elle est classée monument historique depuis 1906[1]. Il s'agit du seul édifice pleinement gothique de l'ensemble du département[2].
Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende | |
Présentation | |
---|---|
Culte | Catholique romain |
Dédicataire | Notre Dame et saint Privat |
Type | Cathédrale Basilique mineure |
Rattachement | Diocèse de Mende (siège) |
Début de la construction | XIVe siècle |
Fin des travaux | XIXe siècle |
Style dominant | Gothique |
Protection | Classée MH (1906) |
Site web | Paroisse Saint-Privat de Mende - Le Diocèse de Mende |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Occitanie |
Département | Lozère |
Ville | Mende |
Coordonnées | 44° 31′ 02″ nord, 3° 29′ 55″ est |
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L'église, dont la construction fut décidée dans les années 1360 par le pape Urbain V, a succédé à trois autres sanctuaires, le premier d'époque mérovingienne, le second préroman, l'avant-dernier roman. Richement décorée, elle fut victime des troubles des guerres de Religion et dut être en grande partie reconstruite au début du XVIIe siècle ; elle sera achevée au XIXe siècle par l'adjonction d'un portail néo-gothique.
Élevée au rang de basilique mineure en 1874, la cathédrale offre notamment à la vénération des fidèles une Vierge noire du XIIe siècle. Son mobilier comprend des orgues et des boiseries du XVIIe siècle, des tapisseries d'Aubusson du début du XVIIIe siècle, un maître-autel du XXe siècle ; on y conserve aussi le battant de la « Non-Pareille », la plus grosse cloche de la chrétienté à l'époque de sa mise en place.
Les premières églises
La ville de Mende, capitale de la province du Gévaudan, possède depuis fort longtemps un lieu de culte sur le tombeau de son saint protecteur. Sans doute au IIIe siècle, les Alamans, emmenés par leur chef Chrocus, pénétrèrent en pays gabale, engendrant terreur et destruction. La population se réfugia dans la forteresse de Gredone et résista au siège deux années durant[3]. Quant à l'évêque Privat, il se retira sur le mont Mimat, au-dessus du bourg de Mimate (Mende)[4]. L'armée de Chrocus aurait trouvé l'ermitage de Privat et l'aurait martyrisé en réponse à son refus de livrer son peuple (« Le bon pasteur refusa de livrer ses brebis aux loups, et on voulut le contraindre de sacrifier aux démons »[5]).
S'il succomba à ses blessures, le peuple, lui, fut libéré à ce moment-là, les Alamans partant alors plus au sud. Plus tard élevé au rang de grand saint de Gaule, ainsi que le rapporte Grégoire de Tours, Privat aurait été enterré au pied du mont Mimat.
C'est au-dessus de son tombeau que fut donc fondée l'une des premières églises de la ville, mais pour l'heure, rien ne permet de démontrer que ce soit à l'emplacement de l'actuelle cathédrale. Les fouilles archéologiques réalisées sur la place Urbain V au début du XXe siècle y ont en revanche mis en évidence les vestiges d'une église carolingienne. Au Xe siècle, Étienne Ier, évêque en Gévaudan remplaça cette église par un édifice de style préroman, utilisé jusqu'à sa destruction lors d'un incendie vers 1100. Aldebert II de Peyre, évêque entre 1109 et 1123, construisit le troisième sanctuaire tout en augmentant sa taille.
Du temps de l'épiscopat d'Aldebert III du Tournel, qui fit fortifier la ville, la cathédrale fut entourée de plusieurs résidences des seigneurs du pays. L'actuelle place Urbain-V était occupée par le Castel-Frag, qui était le château des comtes de Barcelone.
À l'est, là où se dresse maintenant le chevet de la cathédrale, se trouvait le château des Canilhac. Celui des Cabrières était édifié là où sera plus tard aménagée la place Chaptal ; celui des Dolan était situé à l'opposé[6]. L'église était proche du centre de l'enceinte urbaine, de plus de 2 000 m de circonférence. Durant l'épiscopat d'Aldebert III, l'édifice reçut un visiteur de marque : en 1163, le pape Alexandre III, se rendant au concile de Tours, aurait fait escale à Mende. L'évêque Aldebert lui-même était convié à participer à ce concile[7].
Le début de la construction
En 1310 naquit à Grizac Guillaume de Grimoard, fils de Guillaume et d'Amphélyse de Montferrand. Après des études en droit, Guillaume entra dans l'ordre bénédictin, puis devint pape sous le nom d'Urbain V (1362). En 1364, une ordonnance du roi Charles V de France enjoignit de faire le dénombrement général des feux en Gévaudan. Chaque feu devait, selon cette ordonnance, verser un florin à Urbain V qui projetait de « rétablir l'église cathédrale »[8]. En août 1366, il place Pierre d'Aigrefeuille dont il est très proche, à la tête de l'évêché. L'une des missions d'Aigrefeuille est d'entamer de grands travaux pour « magnifier » la cathédrale, avec un budget de 20 000 florins[9].
Les travaux touchent à leur fin, lorsqu'un incendie ravage une partie de la cathédrale[9]. Par une bulle papale, Urbain V, depuis Rome, accorde alors un budget plus important au diocèse de Mende. Ainsi il transfère Pierre d'Aigrefeuille à l'évêché d'Avignon et se réserve le siège épiscopal. Il le fait administrer par trois vicaires. Ceci permit d'affecter les revenus, normalement dévolus à l'évêque, à la construction de la cathédrale[10]. Le procès en canonisation d'Urbain lui accorde ceci à propos de l'incendie[9] : « Béni soit Dieu, qui a permis ce désastre et me donne en même temps la possibilité de le réparer. Nous la reconstruirons et nous y ferons plus de bien que le démon n'y a fait de mal».
Ce fut Pierre Morel, de Majorque, l'un des constructeurs de la Chaise-Dieu, qui devint le maître-d'œuvre du chantier[11]. Les travaux débutèrent à l'est de l'église romane, qui fut vraisemblablement démantelée au fur et à mesure de leur avancement. La mort d'Urbain V en 1370 interrompit les travaux. D'autant plus que le royaume, plongé dans la guerre de Cent Ans, subissait une crise politique et économique extrêmement dure[10].
Durant soixante ans la cathédrale resta dans cet état : une nef partiellement dressée au-dessus du tombeau de saint Privat, un chœur inachevé, l'ensemble richement décoré grâce aux cadeaux d'Urbain V, qui avait en outre envoyé une épine de la sainte Couronne et la tête de saint Blaise enchâssée dans un chef d'argent[12]. Parmi ces trésors on trouvait[13] : une statue en vermeil de la Vierge, assise, et couronnée de perles ; deux anges en vermeil portés chacun par six lions de métal ; une châsse elle aussi de vermeil ; deux panneaux incrustés d'or (l'un de la Vierge Marie, l'autre de sainte Véronique).
Outre ce très précieux mobilier offert par le souverain pontife, il faut ajouter bon nombre de petits objets de procession ou d'office, ainsi que quantité de tapis (plus de trente selon l'inventaire de 1380)[13]. En manque d'argent, le chapitre voulut d'ailleurs vendre une partie de ce trésor pour continuer la construction de la cathédrale. Mais le trésor offert par le saint-Siège était inaliénable, et c'est le cardinal Anglic de Grimoard lui-même, le frère d'Urbain V, qui vint à Mende pour empêcher le chapitre de commettre cet acte. En 1392, le roi Charles VI ajouta à la menace d'excommunication papale l'ordre pour la sénéchaussée de Beaucaire de punir les chanoines[14].
L'achèvement du chœur
Les travaux reprirent en 1452, sous l'impulsion des chanoines du chapitre de Mende. Guilhabert de Cénaret, le prévôt, posa la première pierre des chapelles rayonnantes « dans la continuité de l'œuvre du chœur d'Urbain V » [15], le 7 septembre exactement[16]. L'évêque de Mende était alors Guy de La Panouse : il consacra le maître-autel le . Mort l'année suivante, ce fut son neveu et successeur, Antoine de La Panouse, qui fit achever les travaux, avec notamment la pose des vitraux. Guillaume Papillon, verrier à Toulouse, fut chargé de cette tâche en 1468. Un peu avant 1470, la construction du chœur de la cathédrale était entièrement achevée.
Les clochers
En 1508 François de La Rovère occupait le siège épiscopal de Mende ; il avait succédé à son frère, lui-même précédé par leur oncle, qui n'était autre que Julien de La Rovère, devenu pape sous le nom de Jules II, instigateur de la construction de la nouvelle basilique Saint-Pierre de Rome. L'évêque François désirant doter la cathédrale d'un clocher pour remplacer celui en bois et la tour campanaire, décida de l'édifier à « sa hauteur » et à ses propres frais. Les chanoines approuvèrent ce projet et l'imitèrent en bâtissant une seconde tour, néanmoins plus modeste, ce qui explique que la cathédrale n'a pas deux clochers égaux.
Au départ il fut envisagé de les élever au-dessus des deux chapelles pentagonales, au chevet de la cathédrale. Mais les fondations n'étaient pas assez solides à cet endroit[17]. C'est pourquoi on les construisit de l'autre côté, dans les dépendances du palais épiscopal. La première pierre du grand clocher fut posée le par Antoine de La Roquette, prévôt du chapitre, alors que celle du petit clocher le fut le , par le vicaire général de l'évêque[17]. En 1512 les deux édifices étaient terminés, le plus haut culminant à 84 m, celui des chanoines à 65 m.
François de La Rovère fit venir des cloches des fonderies de Clermont-Ferrand et de Lyon. Parmi celles-ci, on compte la « Non-Pareille », connue comme étant la plus grosse cloche de la chrétienté à cette époque. Elle arriva à Mende en 1516, en provenance de Lyon, le battant, lui, venant du Gard[18]. Cette cloche aux dimensions sans précédent pouvait être entendue à 4 lieues à la ronde, soit 16 km.
La destruction de la cathédrale
En 1572, lors du massacre de la Saint-Barthélemy, le baron Astorg de Peyre[19] fut assassiné dans la chambre du roi[20]. Sa veuve engagea un jeune homme, Matthieu Merle, capitaine huguenot, afin de venger la mort de son époux[21]. De 1569 à 1576 il occupa avec ses troupes la forteresse de Grèzes d'où il s'empara peu à peu du nord du Gévaudan. À partir de 1577 il s'installa avec ses troupes à Marvejols avec l'intention de prendre Mende. La nuit de Noël 1579 les soldats de Merle attendirent que les Mendois fussent à la messe de minuit pour entrer dans la cité[22].
Merle occupa avec ses troupes la ville de Mende. Il choisit tout naturellement comme résidence celle des comtes-évêques du Gévaudan, le palais épiscopal. De là, il décida de réduire les dernières places fortes de la région qui lui résistaient encore, comme Balsièges, le Chastel-Nouvel, Ispagnac, Quézac ou Bédouès[23]. Pour cela, il fallait des munitions à son armée. Canons, couleuvrines et boulets furent fabriqués à partir du bronze, récupéré en fondant les cloches et les bénitiers. La « Non-Pareille » disparut ainsi avec les autres cloches.
En 1581, Merle reconquit Mende qu'il avait un temps perdue. Ce fut à ce moment que le parti huguenot lui demanda de trouver 4 000 écus, pour venir en aide au prince de Condé. Merle rançonna les Mendois pour réunir ladite somme, en dépit de quoi il jura de détruire la cathédrale. La population ne pouvant réunir la somme, il mit sa menace à exécution. Pour venir à bout d'un si grand édifice, l'ingéniosité fut de mise : ainsi les piliers furent attaqués par le bas, et à chaque pierre enlevée, celle-ci était remplacée par une poutre en bois.
Une fois la substitution effectuée, des fagots de bois furent entreposés dans la nef, et le feu y fut mis. En se consumant, les poutres cédèrent sous le poids de l'édifice, et la structure s'effondra toute seule[24]. Cependant, désireux de protéger sa résidence, le palais épiscopal mitoyen de la cathédrale, les clochers furent épargnés[25]. La même année, Merle quitta Mende, laissant ainsi les habitants dépourvus de cathédrale pour une vingtaine d'années.
La reconstruction
Sous l'impulsion de l'évêque Adam de Heurtelou, la cathédrale fut reconstruite de 1599 à 1605. Mais elle le fut « sans façon ni ornements », tout en respectant le plan original[26]. En 1605 eut lieu l'inauguration, mais la consécration ne fut célébrée que le par l'évêque Charles de Rousseau[27]. C'est durant cette période que furent installés de nouveaux vitraux, dont une rosace. Tout cela fut détruit en 1793.
En 1605, la cathédrale fut le théâtre d'un règlement de comptes, qui se conclut par le meurtre d'un des seigneurs du pays : lors des États du Gévaudan, le baron de Randon, Armand de Polignac, et celui d'Apchier, Philibert, se disputèrent ; Philibert, ancien chef de la Ligue en Gévaudan, fut poignardé quelques jours après, le 18 janvier alors que l'on célébrait la messe. Son assassin, Annet de Polignac, baron de Villefort, était le frère cadet d'Armand[28].
En 1692, l'évêque François-Placide de Baudry de Piencourt offrit à la cathédrale des tapisseries d'Aubusson représentant le Nouveau Testament. Cet évêque de Piencourt enrichit d'ailleurs grandement la ville de Mende. Outre ces dons à la cathédrale, il prit soin des malades et des nécessiteux en faisant reconstruire l'hôpital général. À sa mort, il légua, de plus, tous ses biens à cet hôpital[29].
En 1732, la foudre démolit une des quatre tourelles du grand clocher. Puis, cinquante-deux ans plus tard, le sommet de la grande flèche fut, à son tour, touché. Dans les deux cas, les réparations furent effectuées peu de temps après[30].
Les apports modernes
Durant la période révolutionnaire, le petit clocher est aménagé afin de pouvoir servir de prison. Cependant, le projet n'aboutit pas[31]. Ce n'est que sous le premier empire, et jusqu'en 1815, que le petit clocher remplit cette fonction de prison[32]. Parmi les prisonniers, ont figuré le sous-préfet de Florac, ainsi que le maréchal Soult[31].
En 1825 un nouvel autel fut consacré, entièrement de marbre blanc. L'édifice figurait sur la liste des monuments historiques de 1840 pour lesquels des secours furent demandés[33] ; cette année-là, les ardoises du toit, tirées de carrières avoisinantes, furent remplacées par des plaques de zinc. Rapidement détérioré, le toit fut à nouveau refait vers 1880. Ce fut à la même époque, sous l'épiscopat de Julien Costes, que fut façonné le portail méridional (sur l'actuelle place Chaptal). Les armes de cet évêque sont visibles au-dessus du tympan[34].
En juin 1874 la cathédrale de Mende fut élevée au rang de basilique mineure par bref pontifical[35],[36],[37]. Ce sanctuaire, lié à deux papes (Urbain V, son instigateur, et Jules II, ancien évêque de Mende) est donc reconnu par le Saint-Siège comme un lieu privilégié de la foi chrétienne. Également en cette année 1874[38], la statue d'Urbain V fut érigée sur le parvis de la cathédrale. Cette place prit à cette date le nom d'Urbain-V. La statue est l'œuvre du sculpteur Dumont[38]. Initialement installée dans l'axe de la porte principale, elle fut depuis déplacée devant le petit clocher.
À cette époque, les chapelles du chœur, qui avaient été rapidement voûtées en berceau après les destructions de Merle, retrouvèrent leurs croisées d'ogives[39].
À la fin du XIXe siècle, l'architecte en charge jusqu'en 1874 : Charles Laisné fit refaire les vitraux de neuf, puis on remonta presque à l'identique la rosace vers 1900, travail du maître peintre-verrier Émile Hirsch.
Le porche, à la place de la maison du sonneur de cloche, donnant sur l'actuelle place Urbain-V, fut construit dans les mêmes années. Le la basilique-cathédrale fut classée Monument historique[1].
En 1985 l'intérieur de l'édifice a été ravalé par la société Thoman-Hanry[7], et en 1989 furent mis en place le maître-autel et l'ambon modernes. La cathédrale est aussi église paroissiale, ce qui en fait le lieu de culte où se tiennent tous les offices catholiques ordinaires à Mende.
En plus de sa destination religieuse, la cathédrale est également, chaque année, le théâtre de plusieurs évènements musicaux, principalement dans le domaine de la musique classique. Il s'agit aussi d'un des lieux touristiques les plus importants de la ville de Mende. Un dispositif de fond sonore pour accompagner la visite libre a été mis en place[40]. Des visites guidées de l'édifice et de ses clochers sont organisés par l'office du tourisme intercommunal de la ville[41],[42].
En 2017 l'artiste québécois Nicolas Reeves réalise dans la cathédrale, et pour la première fois, une installation sonore interactive. Cette expérience consiste à faire déambuler les visiteurs équipés d'un boîtier numérique, la "lanterne harmonique", qui analyse leur position, ainsi que d'un casque d'écoute. Ils entendent alors des sons très riches en harmoniques qui correspondent à la transposition en timbres sonores de l'architecture de la cathédrale, calculée depuis leur position, et qui de ce fait change selon leurs mouvements et leurs déplacements [43].
La cathédrale est située dans le centre historique de la ville de Mende Ce centre est délimité par les boulevards, qui ont remplacé presque exactement les remparts voulus par Aldebert III. Compte tenu de la dimension modeste de la ville, la cathédrale en devient très imposante, et se voit de partout.
La cathédrale, entourée de plusieurs châteaux du temps d'Aldebert III, puis du palais des évêques et de la résidence du chapitre, ainsi que de deux cimetières, est aujourd'hui bordée de places. Ainsi, on trouve au sud la place Chaptal ; sur le parvis, devant le porche, s'ouvre la place Urbain-V ; au nord-est, au-delà de la rue de La Rovère, la place René-Estoup. Cette dernière a aussi porté dans le passé le nom de place de la cathédrale. Avant le XIXe siècle, un porche donnant accès à la cathédrale et au palais des évêques, se dressait à l'emplacement de l'actuelle rue de La Rovère.
Dimensions et composition
La basilique-cathédrale est composée de douze chapelles latérales rectangulaires consacrées pour certaines à Sainte-Jeanne-d'Arc, Saint-Joseph, Notre-Dame-de-Lourdes, Saint-Blaise, ou Sainte-Anne. À cela il faut ajouter les deux chapelles pentagonales Notre-Dame et Saint-Privat ; la sacristie, le porche et les deux portails (nord et sud). L'intérieur est également composé de 9 travées et de 22 piliers ronds.
En termes de dimensions, la cathédrale fait 67 mètres de long pour 30,30 mètres de large. La hauteur des voûtes se monte à 24 mètres. Le point culminant de l'ensemble, le clocher de l'évêque, atteint 84 mètres de haut, tandis que celui du chapitre s'élève à 65 mètres. La nef centrale a une largeur de 12,30 mètres, des bas-côtés de 4,10 mètres la séparant des chapelles rectangulaires. Ces dernières font 4,90 mètres de largeur.
Les cryptes
Il existe plusieurs cryptes (au moins trois) sous la cathédrale[44]. Sous le centre de la nef, on retrouve celle qui porte actuellement le vocable de saint-Privat, où Aldebert III du Tournel aurait ramené le corps du martyr. La croyance populaire en fait le tombeau original de Privat[44], alors que cette crypte portait initialement le vocable de saint Julien et son épouse sainte Basilisse. Il serait donc étonnant que, tombeau originel de saint Privat, ce lieu ait été débaptisé quelques siècles plus tard, pour reprendre finalement son vocable initial. La crypte a été aménagée avec un arcosolium et un chapiteau, dont la construction daterait, au plus tard, du XIIe siècle[45].
Le caveau des évêques est situé sous le chœur ; mais si un certain nombre d'anciens évêques de Mende ont leur sépulture dans cette crypte[N 1], ce n'est pas une généralité. En effet d'autres[N 2] ont été enterrés en l'église de Chanac, dont le château était résidence épiscopale, soit par choix personnel, soit pour des raisons pratiques et éviter le transport du corps jusqu'à Mende. Bompar Virgile et Robert du Bosc, bien qu'enterrés dans la cathédrale ne le sont pas dans le caveau mais respectivement dans la chapelle Notre-Dame[46] et dans la chapelle Saint-Privat[47]. Le caveau a été rénové dans les années 1940 par Mgr François-Louis Auvity.
Enfin sous le parvis, au pied du grand clocher, se situe la crypte de Sainte-Thècle, aménagée au XIIe siècle, mais dont la construction est bien antérieure, et pourrait même être gallo-romaine[44]. À cet endroit fut retrouvé le corps de Privat : alors que l'évêque Aldebert III était en Auvergne, on découvrit l'entrée de la crypte, alors oubliée depuis des années, en creusant un puits dans le jardin de l'évêché[48]. Elle est composée de cinq pièces distinctes : la crypte dans laquelle fut retrouvé le sarcophage de Privat, deux cryptes anciennes dont une comblée, la crypte creusée par Aldebert, et la chapelle de Sainte-Lucie aménagée également par ce dernier.
Architecture intérieure
La nef et le chœur
La nef à la particularité d'être constituée au nord par les vestiges de la construction voulue par Urbain V, tandis que le côté sud a été reconstruit sans ornements. En effet, lorsque Mathieu Merle fit détruire la cathédrale, il voulut cependant protéger le palais épiscopal où il résidait, et l'on ne fit sauter que la partie sud. Le côté nord présente ainsi des colonnes à nervures prismatiques, ce qui n'est pas le cas des colonnes plus récentes.
L'abside est entourée d'un déambulatoire, il n'y a ni transept, ni chapelle absidiale : l'édifice se termine sur les deux chapelles pentagonales, situées sur ses flancs. Dans le chœur, à proximité des stalles, se trouve l'entrée de la crypte des évêques : une mosaïque signale ce tombeau, avec une épitaphe en latin « Sit memoria illorum in benedictione », ce qui donne en français « bénie soit leur mémoire » ; ce texte est tiré du livre de l'Ecclésiaste.
Les chapelles
La cathédrale possède douze chapelles latérales de plan rectangulaire. Une fois le grand porche franchi, s'ouvre sur la droite la première de ces chapelles, vouée aux saint Gervais et saint Protais, vénérés dans tout le Gévaudan. Cette chapelle porte également le nom de Saint-Sauveur. La suivante est celle du Sacré-Cœur, aussi vouée à saint Étienne. Puis l'on passe devant celle de Saint-Blaise-des-Clastres.
Le portail sud, donnant sur la place Chaptal, la sépare de la suivante, celle de Notre-Dame-de-Lourdes et de la Trinité. Vient ensuite la chapelle Saint-Joseph : cette dernière est également celle de la confrérie des menuisiers de Mende. Les deux autres chapelles situées dans la partie sud, sont celle de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur, ou Saints-Anges, et celle de Sainte-Jeanne-d'Arc, qui partage sa dédicace avec saint Étienne et saint Laurent.
On arrive alors dans le déambulatoire : à droite s'ouvre la chapelle de Saint-Privat, patron du diocèse de Mende ; la partie du chevet ne comporte aucune chapelle, et la suivante est celle de Notre-Dame, située au nord. Ces deux chapelles pentagonales qui ont donné leurs noms à la cathédrale sont aussi dédiées, pour la première à la Sainte-Croix, pour la seconde à saint Roch. Ce dernier, originaire de Montpellier fut l'objet d'une grande dévotion en Gévaudan, notamment lors des grandes épidémies de peste, comme la dernière, celle de 1721, qui fit de grands ravages à Mende.
Si l'on revient vers le porche, par le côté nord, on passe d'abord devant la sacristie, qui prit la place de la chapelle de l'Annonciation. Elle donne, à l'extérieur, sur la rue de La Rovère, où se dressait dans le passé un porche donnant un accès à la cathédrale et au palais des évêques ; cette voie fut ouverte après la disparition de ce palais, ravagé par un incendie en 1887[49].
Pour rejoindre la rue de La Rovère depuis la sacristie, il faut passer par la salle capitulaire, et redescendre sur la chapelle de La Rovère, extérieure à la cathédrale elle-même. Après la sacristie, se trouve la chapelle dédiée à sainte Anne, mais également à saint Jacques et saint Martin. Puis vient celle du curé d'Ars, également vouée à sainte Marguerite. On arrive alors au portail nord, qui débouche sur la rue de La Rovère. Trois autres chapelles sont situées le long de ce côté de la nef, dédiées à saint Pierre, saint André et à tous les saints. Cette dernière est également celle des fonts baptismaux. Elle est décorée de très beaux lambris du XVIIe siècle, provenant sans doute de l'ancien jubé.
Il existe une dernière chapelle, situé sous le clocher sud, autrement dit celui de François de La Rovère. Il s'agit de la chapelle dédiée à saint Dominique, mais également à saint François et sainte Thècle. On y trouve un retable du XVIIe siècle, anciennement celui du maître-autel, avec un tableau du Rosaire, et deux séries de panneaux sculptés et dorés, début du XVIIe siècle, d'un art plutôt naïf, et dont l'emplacement d'origine demeure incertain. Ils furent un moment exposés au musée, aujourd'hui fermé, restaurés et replacés dans la cathédrale. A droite (en regardant le fond de la chapelle), la vie de la Vierge, à gauche, une vie d'évêque.
Avant l'incendie du XIXe siècle, il existait, dans le palais des évêques, une galerie longue de 34 mètres permettant d'entrer directement dans la cathédrale, dans une tribune installée sur en haut de la chapelle Saint-Pierre.
Architecture extérieure
Le portail méridional
Le portail méridional, au sud, donne sur la place Chaptal, du nom de Jean-Antoine Chaptal, le chimiste et ministre lozérien. À l'endroit aujourd'hui occupé par cette place, se situait auparavant le cimetière Saint-Michel, mais également la résidence du chapitre. C'est depuis le cloître de cette résidence que l'on pouvait rejoindre la cathédrale. Ce portail a été réaménagé du temps de l'épiscopat de Mgr Julien Costes, entre 1876 et 1889 : ses armes sont visibles au-dessus du tympan. En longeant le collatéral sud de la cathédrale, passant ainsi par la rue Léon Boyer, autre savant lozérien, on peut rejoindre la place Urbain-V et le parvis de la cathédrale. C'est par ce porche qu'entrent les corps des défunts lors des funérailles.
Le portail septentrional
Le portail septentrional (au nord), débouche sur la rue de La Rovère, et l'hôtel de la préfecture, qui a remplacé l'ancien palais épiscopal. Ce bâtiment et son toit « à la Mansart » est également l'actuel hôtel du département, autrement dit le bâtiment principal du conseil général de la Lozère. Il a subi deux graves incendies au cours de son histoire. Ainsi le , l'ancien palais épiscopal disparaît presque entièrement sous les flammes[50]. Reconstruit suivant la mode du moment, le bâtiment brûle une nouvelle fois le . Les dégâts sont cependant moins considérables[50].
Comme pour le portail sud, il a deux vantaux, séparés par un trumeau. Mais, à l'inverse du précédent, aucune statue ne vient agrémenter le trumeau. Sur ce portail, on peut également voir les armes de deux anciens évêques de Mende, à savoir celles de Joseph-Frédéric Saivet, sur la droite, et de Jean-Antoine-Marie Foulquier, son prédécesseur, sur la gauche. Entre les deux, un Borée souffle le vent du nord. Une rosace, moins imposante que celle du porche, complète ce portail.
Le portail occidental ou porche
Le porche a été construit entre 1896 et 1906, dans un style gothique, afin de s'harmoniser au mieux avec l'édifice. Il a remplacé la maison du sonneur de cloche qui était jusque-là accolée à la basilique. Un grand escalier assure la transition entre le porche et le parvis de la cathédrale, la place Urbain-V. C'est d'ailleurs au moment de la construction de cet escalier qu'a été retrouvée l'entrée de la crypte Sainte-Thècle, là où l'évêque Aldebert III du Tournel inventa les reliques présumées de saint Privat. La place, un temps connue sous le nom de Sainte-Marie, a été baptisée Urbain-V à la suite de l'érection d'une statue en l'honneur du pape gévaudanais le , suivant l'initiative d'un autre enfant du pays, Théophile Roussel. Elle a été aménagée sur l'ancien cimetière Saint-Pierre, mais également sur une partie des jardins du palais épiscopal.
À l'instar des autres portails, le porche est composé de deux portes, séparé d'un trumeau. Ce dernier ne dispose cependant pas de statue, ni de niche pour en abriter une. Il est, en revanche, surmonté d'un ange au visage mutilé. Il est dominée par une rosace, œuvre de Pierre de Leneville (XVIIe siècle). Ce verrier, originaire d'Orléans, avait épousé une Mendoise en 1606. Du temps de l'épiscopat de Mgr Foulquier, entre 1849 et 1873, il avait été envisagé de surmonter le tout d'une statue monumentale de la Vierge, mais le projet fut abandonné. Un petit poème a été écrit à propos de la rosace et de son créateur, par le curé de Mialanes :
« Rome épanouie entre ciel et terre
Quel ange est venu te fleurir ?
Quelle main te mit face au sanctuaire ?
Du roc de chez nous, qui t'as fait jaillir ?
Pierre Leneville
Enfant d'Orléans
Qui dans notre ville
Porta son talent »
— Ange Peytavin, date inconnue[51]
Les gargouilles et les ornements
On retrouve des armoiries en plusieurs endroits de l'extérieur de la basilique-cathédrale. Ainsi, sur le grand clocher, sont visibles les armes des La Rovère : « D'azur au rouvre d'or aux rameaux passés en sautoir ». Mais si François de La Rovère rappelle que c'est lui qui a fait bâtir ce clocher, il n'oublie pas pour autant ses prédécesseurs. Ainsi, il arrive parfois que ces armes soient ornées de la mitre et de la crosse épiscopale, rappelant l'évêque François, parfois ornées du chapeau cardinal, pour Clément de La Rovère, ou encore parfois de la mitre papale, pour Jules II.