Maine (États-Unis)
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Le Maine (prononcé en français : /mɛn/[alpha 1] Écouter ; en anglais : /meɪn/[alpha 2] Écouter) est un État des États-Unis situé à l'extrême nord-est du pays. Il est bordé à l'ouest et au nord par la province canadienne du Québec, au nord-est par la province canadienne du Nouveau-Brunswick, au sud-est par l'océan Atlantique, à l'ouest et légèrement au sud par l'État du New Hampshire. Le Maine constitue la partie la plus septentrionale de la Nouvelle-Angleterre et la plus orientale des États-Unis. Il est connu pour ses paysages et notamment pour ses côtes rocheuses et dentelées, ses montagnes basses et vallonnées et ses immenses forêts. Il est également reconnu pour ses spécialités de fruits de mer, notamment les homards et palourdes.
Maine | |
Sceau du Maine. |
Drapeau du Maine. |
Carte des États-Unis avec le Maine en rouge. Surnom The Pine Tree State, Lumber State, Border State En français : « l'État du Pin », « l'État du Bois » et « l'État Frontière ». Devise Dirigo « Je dirige ». | |
Administration | |
---|---|
Pays | États-Unis |
Capitale | Augusta |
Adhésion à l’Union | (204 ans) (23e État) |
Gouverneur | Janet Mills (D) |
Sénateurs | Angus King (I) Susan Collins (R) |
Nombre de représentants | 2 |
ISO 3166-2 | US-ME |
Fuseau horaire | -5 |
Démographie | |
Gentilé | Mainois (en anglais : Mainer) |
Population | 1 395 722 hab. (2023[1]) |
Densité | 16 hab./km2 |
Rang | 42e |
Ville la plus peuplée | Portland |
Géographie | |
Altitude | 180 m Min. 0 m Max. 1 606 m (mont Katahdin) |
Superficie | 86 542 km2 |
Rang | 39e |
– Terre | 74 859 km2 |
– Eau (%) | 11 683 km2 (13,5 %) |
Coordonnées | 43°04' N à 47°28' N 66°57' W à 71°07' W |
Divers | |
Langues officielles | De jure : aucune De facto : anglais (92 %) et français (5,3 %) |
Liens | |
Site web | maine.gov |
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Symboles du Maine | |
Drapeau du Maine. | |
Symboles vivants | |
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Arbre | Pin blanc |
Crustacé | Homard |
Fruit | Bleuet |
Herbe | Gaulthérie couchée |
Insecte | Abeille |
Mammifère | Orignal Maine coon |
Oiseau | Mésange à tête noire |
Poisson | Saumon d'eau douce |
Symboles non vivants | |
Aliment | Tarte aux bleuets Whoopie pie (en) Sirop d'érable du Maine |
Bateau | Bowdoin |
Boisson | Moxie (en) |
Chanson | State of Maine Song (en) |
Fossile | Pertica quadrifaria (en) |
Gemme | Tourmaline |
Pièce de 25 cents de l'État | |
La pièce du Maine émise en 2003. | |
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Les habitants originels du territoire qui est désormais le Maine parlent des langues algonquiennes. Le premier établissement européen a lieu en 1604 sur l'île Sainte-Croix par Pierre Dugua de Mons. Le premier établissement britannique est l'éphémère colonie de Popham, établie par la Compagnie de Plymouth en 1607. Le nord du Maine est ensuite une partie de la possession française de l'Acadie. Le territoire se délimite à la rivière Penobscot. Deux missions jésuites sont établies, une sur la baie de Penobscot en 1609, et l'autre, sur l'île des Monts Déserts en 1613. La même année, Castine est fondée par Claude de La Tour. En 1625, Charles de Saint-Étienne de La Tour construit le Fort Pentagouët pour protéger la population contre les Anglais. À la suite de la perte de l'Acadie péninsulaire par la France en 1713, cette partie nord du Maine est rattachée à la Nova Scotia (ou Nouvelle-Écosse) tandis que la partie sud continue de relever de la province de la baie du Massachusetts. Les forces américaines et britanniques luttent pour le Maine durant la révolution américaine, puis pendant la guerre anglo-américaine de 1812. Le conflit pour la possession du Maine tourne à l'avantage des forces américaines. En 1820, se séparant du Massachusetts dont il constituait une exclave, le Maine devient — lors du compromis du Missouri — le vingt-troisième État américain, de surcroît anti-esclavagiste.
En 2020, sa population s'élève à 1 362 359 habitants, soit une augmentation de 2,6 % par rapport au recensement de 2010.
Avant sa désignation en tant que Maine, cette région correspondait au semi-légendaire Norembergue. Deux hypothèses coexistent quant à l'origine du nom de l’État.
Selon la première, il proviendrait d’un transfert du nom de la province française homonyme. On raconte que le nom de Maine rappelle l'ancienne province du Maine en France, qu'aurait possédée la reine Henriette-Marie, l'épouse du roi d'Angleterre Charles Ier. Mais il n'a jamais existé de transaction officielle enregistrant ce supposé titre de propriété[2].
Selon la seconde, durant l'époque coloniale, les marins se référaient à cette partie du continent comme the Main [Land] pour la distinguer des nombreuses îles qui bordent sa côte[3] ; mais cela n'explique pas l'ajout d'un « e » final.
La première mention écrite du Maine figure dans le brevet du accordant conjointement à Ferdinando Gorges et au capitaine George Mason « la terre entre les rivières Merimac et Sagadahoc » établie sous le nom de province du Maine[4].
En 2001, la législature du Maine adopte une résolution affirmant que la province tirait son nom de la province française et a établi un jour franco-américain[5]. Quoi qu'il en soit, le nom est officiel depuis 1665, date à laquelle les commissaires du roi Charles Ier ont ordonné que la « province du Maine » soit inscrite dans les registres officiels.
Le Maine est le seul État américain dont le nom ne comporte qu'une syllabe, le « e » final étant muet comme en français[6],[7].
Lors de son admission à l'Union, le Maine se dote d'un sceau le , composé comme suit : un écu d'argent avec, en son centre, un pin de sinople sous lequel repose un élan couché ; supporté à dextre par un fermier s'appuyant sur sa faux et à senestre par un marin s'appuyant sur une ancre; en terrasse sur listel le nom de l'État en grandes capitales romaines et en cimier, l'étoile polaire brillante, surmontant la devise de l'État, Dirigo (« je dirige »), sur listel de gueules en petites capitales romaines[4].
Le drapeau, adopté en 1909 et dont le dessin est fixé en 1919, reprend ces armoiries sur fond bleu. Le Maine bat en outre pavillon sur lequel est représenté un pin barré d'une ancre sur fond blanc, avec en bas le nom de l'État et en haut sa devise[8]
Depuis 2012, le Maine a officiellement un hymne : la marche Dirigo, du nom de sa devise . Cette marche, approuvée par la législature de l'État à l'unanimité, a été composée en 1961 par Leo J. Pepin, diplômé du Conservatoire de musique du nord, originaire d'Augusta, capitale du Maine, et qui s'est éteint en 2015.
Par ailleurs, la gouverneure Janet Mills a promulgué en 2019, ballade officielle de l'État, la chanson du groupe folk Ghost of Paul Revere intitulée The Ballad of the 20th Maine qui évoque le rôle crucial joué par ce régiment lors de la bataille de Gettysburg pendant la guerre de Sécession[9].
Première occupation
La première occupation humaine du Maine aurait eu lieu il y a entre 6 000 et 2 000 ans. Descendants des chasseurs de gros gibier de l'ère glaciaire, ces premiers occupants sont nommés Red Paint People par référence à l'ocre rouge qu'ils utilisaient pour leurs rites funéraires. La découverte des sites funéraires de ce peuple remonte à 1840 et leur premier examen scientifique à 1892[10],[11] mais la culture et les raisons de la disparition de ces populations restent mystérieuses[12].
Ère coloniale
Les habitants d'origine furent des peuples algonquiens ; plus précisément, les peuples Wabanaki, Abénaquis, Passamaquoddys et les Pentagouets. Le premier établissement européen est celui de l'île Sainte-Croix en 1604 par Samuel de Champlain. Il nomme le territoire l'Acadie. En 1607, la colonie de Plymouth s'implante à Popham mais cet établissement ne peut survivre aux hivers rigoureux de la région[13]. En 1609, les Jésuites établissent une mission dans la baie de Penobscot, puis, en 1613, une autre sur l'île des Monts Déserts. Aussi en 1613, le village de Castine est établi par Claude de La Tour.
En 1625, Charles de Saint-Étienne de La Tour érige un fort nommé le Fort Pentagouët. Le sud du Maine est devenu la propriété de la colonie de Plymouth en 1622 et une province de la Colonie de la baie du Massachusetts en 1652. Bien que Castine leur préexistât, les deux premières villes véritables fondées sont, successivement, Kittery (en 1647) puis York (en 1652). Au début du XVIIIe siècle, seule une demi-douzaine des premiers établissements humains avait survécu aux rigueurs du climat[13].
Nombre de conflits opposent la partie nord, qui faisait partie de l'Acadie, à la partie sud, britannique. Après la défaite des Français dans les années 1740, l'autorité du nord passe à la Nouvelle-Écosse, tandis que celle du sud reste au Massachusetts qui avait acquis la plupart des terres de ce territoire encore sauvage[13]. En 1741, lors de la déclaration de l'indépendance de la province du New Hampshire, le Maine n'a plus de continuité territoriale avec le Massachussetts dont il constitue désormais une exclave.
Conflits anglo-américains
Les forces britanniques et américaines se disputèrent le territoire du Maine durant la révolution américaine et la guerre anglo-américaine de 1812. Durant celle-ci, les forces britanniques occupèrent le Maine, le Massachusetts se révélant incapable ou peu soucieux d'assurer la protection du district. Ce constat amplifia le mouvement en faveur d'une séparation d'avec cet État.
Séparation d'avec le Massachusetts
À cause de sa distance avec le Massachusetts, et en application du compromis du Missouri, le Maine se sépara donc en 1820, et devint le 23e État des États-Unis.
Une fois la séparation votée, deux comités furent créés, pour doter le nouvel État, respectivement, d'un nom et d'une constitution. Le comité du nom fut long à se départager. Dans un premier temps, il discuta âprement du choix à faire entre state et commonwealth pour désigner le territoire et l'appellation state ne l'emporta finalement que de six voix. Dans un second temps, le comité eut à trancher sur le choix du nom à donner à cet État. Certains, dont le juge Cony qui présidait la convention, considérant qu'elle s'était réunie le , date anniversaire du jour où Christophe Colomb vit pour la première fois l'Amérique, plaidèrent pour que le nom de Columbus fût attribué à l'État. D'autres, plus nombreux, se déclarèrent en faveur du maintien du nom Maine, faisant valoir, d'une part, « que ce nom était déjà connu dans le pays et en Europe » et, d'autre part, que l'objectif de ce nouveau territoire était de devenir « le plus grand État de l'Union » (jeu de mots en anglais : main/Maine) et qu'il convenait en conséquence de ne pas altérer son nom qui le prédestinait en quelque sorte à une telle ambition. Ces deux arguments et ce calembour l'emportèrent[4].
La capitale du Maine était alors Portland, qui est désormais la ville la plus importante de l'État. Puis, en 1832, la capitale fut transférée à Augusta.
Le premier gouverneur du Maine fut William King, ardent défenseur de la séparation d'avec le Massachussetts[14].
Lors de sa création, le Maine comptait un peu moins de 300 000 habitants, pour la plupart installés sur la côte ou le long des cours inférieurs des rivières Kennebec et Penobscot. Les familles vivaient généralement dans de petites fermes, en autarcie. Sur la côte, les habitants vivaient de la pêche et de la construction navale[15].
Guerre d'Aroostook
La question de la ligne de démarcation entre le nouvel État et le Nouveau-Brunswick est restée cependant sujette à conflit durant de nombreuses années et a menacé d'éclater en guerre ouverte en 1839 lorsque l'Assemblée législative du Maine a décidé de lever des troupes afin de protéger sa frontière nord-est et ses revendications territoriales[16]. Mais cette dispute, appelée guerre d'Aroostook, fut réglée par la négociation et sans effusion de sang en 1842, grâce au traité Webster-Ashburton qui détermina les limites frontalières du Maine avec les colonies et futures provinces du Nouveau-Brunswick et du Bas-Canada ou Québec actuel.
Développement industriel
Au XIXe siècle, le Maine a connu un important développement industriel du fait de la richesse de ses ressources naturelles, de la multitude de ses cours d'eau, de son climat et de sa proximité avec des marchés importants. De toutes les activités de ce secteur secondaire, la plus importante a été la production manufacturière. De 1849 à 1900, la population de l'État est passée de 583 169 à 742 371 habitants et parallèlement, le nombre de salariés employés dans les manufactures de 28 020 à 79 955. Ces chiffres montrent la prééminence de la production manufacturière dans l'économie du Maine au cours de ce siècle.
L'activité prédominante concernait la production de papier et de pâte de bois. Vers 1900, le Maine occupait ainsi la troisième place dans l'Union en ce qui concerne l'industrie du papier. Introduite dans l'État à la fin du XVIIe siècle, cette activité s'est développée au début du XIXe siècle avec sa mécanisation grâce à l'invention, due au Français Louis Nicolas Robert, de la machine à papier dite Fourdrinier, à la suite des améliorations portées en 1807 à son modèle initial par les frères Henry et Sealy Fourdrinier. L'essor de cette industrie s'explique en grande partie par le développement de l'alphabétisation qui a fait fortement augmenter la demande en papier au cours de ce siècle. Avec ses ressources en essences d'arbres appropriées, comme l'épinette, et ses grandes capacités en énergie hydraulique, le Maine était à même d'y répondre.
Au second rang figurait la production de cotonnades et de laines. Le tissage du coton débute très tôt dans le Maine, en 1809, avec la création d'un premier établissement à Brunswick (comté de Cumberland), suivi d'un deuxième en 1810 à Wilton (comté de Franklin) puis d'un troisième l'année suivante à Gardiner (comté de Kennebec). Fondée en 1809, la Brunswick Cotton Manufacturing Company devint l'année de la création de l'État la Maine Cotton and Woolen Factory Company : en 1840, la compagnie comptait six manufactures et jusqu'à quinze en 1914. L'industrie de la laine a suivi le même développement. De 24 établissements en 1840, elle en compta 26 en 1859, puis 56 en 1869, plaçant l'État au 7e rang dans l'Union pour la production de laines.
Venait ensuite l'industrie du cuir (bottes et chaussures). Au départ, il s'agissait d'une activité domestique, pratiquée à petite échelle avec le bétail des fermes. En 1829, le collectif Leather, Tanneries, Saddleries, etc. regroupait un certain nombre de ces petites tanneries et jusqu'à 152 établissements en 1859, connaissant un grand essor lors de la Guerre Civile. En 1879, le Maine occupait le 4e rang dans l'Union pour cette filière.
Autre activité d'importance : les conserveries, qui concernent principalement au XIXe siècle le poisson et les fruits et légumes. Avec sa façade côtière, le Maine disposait de ressources halieutiques prodigieuses. La pêche à la morue venait au premier rang jusqu'en 1870 où elle amorça son déclin face à la forte concurrence exercée par les pêcheries canadiennes, soutenues par le Gouvernement du Dominion. La pêche au homard s'est aussi développée tout au long du siècle, au fur et à mesure que s'amenuisaient les ressources en cabillaud, merlu, aiglefin et flétan. Dans la seconde moitié du siècle, le Maine se spécialisa dans la mise en conserve des « sardines », en fait des petits harengs. Prenant modèle sur les conserveries de sardines qui se développèrent en France en 1850 et qu'il avait eu l'occasion de visiter lors d'un voyage sur le vieux continent, George Burnham de Portland eut l'idée de mettre en conserve ces poissons, croissant en myriades dans les eaux du Maine, trop petits de taille pour la saumure ou le fumage. Pendant la Guerre Civile, le secteur de la conserve alimentaire s'intéressa aux légumes et aux fruits : maïs sucré, haricots, courges, citrouilles, tomates, pommes et bleuets. Bien que limitée et localisée dans une petite partie du comté de Washington, la mise en conserve des bleuets mérite une mention, le Maine étant le premier État de l'Union à la développer.
La construction navale représente, dès la colonisation, une des activités les plus conséquentes du Maine. Plusieurs facteurs déterminants l'expliquent : l'abondance des ressources naturelles en bois d’œuvre de qualité supérieure comme le chêne blanc, le pin blanc, le hêtre, le bouleau ou l'érable ; l'importance des zones côtières de l'État ; la diversité des compétences et savoir-faire de sa population active qui s'adonnait indifféremment, selon les saisons, à l'agriculture, à la pêche, au bûcheronnage ou à la construction de bateaux ; la place primordiale occupée par le secteur de la pêche dans l'économie du Maine.
Autre activité remontant à la colonisation : la fabrication de briques, le Maine étant réputé pour ses terres argileuses de qualité. Avec le bois, la brique a longtemps représenté le matériau principal de construction de l'État. À la fin du XIXe siècle, jusqu'à 118 briqueteries se trouvaient en exploitation dans le Maine. Parallèlement, la fabrication de la chaux occupait une place importante dès le XVIIIe siècle.
Moins connu mais caractéristique du Maine, le commerce de la glace, abondante en raison des hivers longs et rigoureux de cet État, a constitué une activité à part entière jusqu'à l'invention de la glace artificielle, fabriquée dès 1866 mais qui ne se développa vraiment qu'à la fin du XIXe siècle[17].
Exploitation forestière
Surnommé « l'État du Pin », le Maine est connu pour la permanence depuis le début du XVIIe siècle de son exploitation forestière qui constitue toujours, en ce début du XXIe siècle, la principale activité économique du Nord de l'État. Dans les premiers temps, une grande partie de la région était inaccessible, sauf par les cours d'eau, de sorte que les activités de coupe étaient concentrées sur la côte et le long des principales rivières. Peu à peu et au fur et à mesure du développement du chemin de fer et des routes forestières, les exploitations se sont agrandies et parallèlement, les réseaux fluviaux sont devenus d’une importance vitale pour le transport du bois hors des forêts vers les marchés de l’État[18].
La première scierie alimentée à l'eau a été construite en 1634 à South Berwick (comté de York) et en 1832, Bangor était considéré comme le plus grand port d'expédition du bois d’œuvre du monde. A la même époque, Patten (comté de Penobscot) était l'un des plus grands centres d'exploitation forestière du Maine[19]. Les historiens distinguent trois phases dans l'organisation et le développement de l'industrie forestière dans cet État : jusqu'à l’accession à l’État en 1820, une exploitation familiale ou partenariale ; à partir de cette date et jusqu’en 1880, une organisation de forme coopérative, menée par les associations de bûcherons ; après 1880, à une époque où la fabrication du papier est en train d’émerger, une industrie capitaliste dominée par les grandes organisations et les grandes entreprises[20].
À l'époque de la colonisation, les bois étaient perçus comme d'immenses étendues à défricher pour implanter fermes et habitations. Les billes de bois étaient alors transportées par voie navigable vers la côte où elles faisaient l'objet d'un commerce vers l'Angleterre qui avait besoin de mâts pour sa flotte de guerre. À partir de 1840, les scieries se densifièrent et en 1858, un natif du Maine, Joseph Peavey inventa un palan qui facilita le travail des débardeurs. Depuis le début du siècle, les exploitants disposaient d'un marché : Boston, qui venait de s'industrialiser[21]. Le siècle suivant sera marqué par la mécanisation de l’exploitation forestière et la surexploitation de certaines espèces d’arbres face à la concurrence des entreprises forestières canadiennes, notamment. Les premières règlementations pour contrer les effets dévastateurs de la déforestation sont adoptées au niveau fédéral en 1891 avec la promulgation du Forest Reserve Act. Cette même année voit la création du Service forestier du Maine (Maine Forest Service) qui veille, depuis cette date, à « protéger et améliorer les ressources forestières du Maine »[22]. L' État s'est doté d'un plan d'action forestier, arrêté le et approuvé fin . Décennal, ce document stratégique aidera à orienter les mesures de gestion forestière du gouvernement de l' État. Il analyse l'état sanitaire des arbres et des forêts du Maine, quel que soit leur propriétaire, et fournit des stratégies et des pistes d'action pour assurer un avenir durable aux forêts de l’État[23].
Pendant la Première Guerre mondiale
Avant même l'entrée en guerre des États-Unis, le Maine s'est préparé à d'éventuels raids aériens provenant de l'étranger en organisant sa défense côtière autour des forts de Cape Elizabeth, South Portland, Cushing Island, Great Diamond Island, House Island et Cow Island. Le Corps d'artillerie côtière et la Garde nationale du Maine ont été mobilisés à Fort Williams (Cape Elizabeth) dont les dispositifs de défense ont été renforcés en 1917. Par ailleurs, pour les communautés côtières, la menace d'une attaque de sous-marins allemands était réelle et les activités de pêche vécues comme périlleuses.
Les habitants du Maine ont soutenu l'effort de guerre depuis chez eux, en formant des organisations de secours et en participant à la défense civile. En plus de cette participation active au Homefront (front intérieur), le Maine a fourni plus de 32 000 combattants, soit environ 5 % de sa population, lorsque les États-Unis sont entrés en guerre. Entre avril 1917 et décembre 1918, 1 032 hommes et femmes du Maine ont donné leur vie pour leur pays[24].
Pendant la Seconde Guerre mondiale
Pendant le second conflit mondial, à l'instar des autres Américains, les Mainers ont participé à l'effort national et notamment à la lutte contre la pénurie alimentaire. Avec l'accord du gouvernement fédéral, les agriculteurs du comté d'Aroostook, qui devaient faire face au manque de bras, ont employé les prisonniers de guerre allemands que le Maine a accueilli dans une dizaine de camps établis à Caribou, Presque Isle, Bangor, Spencer Lake, Princeton et sur la base aérienne de l'Armée à Houlton. Les chantiers navals du Maine ont de leur côté contribué largement à la construction de navires de guerre : à eux seuls, Bath Iron Works et le chantier naval de South Portland, ont fourni près du quart de la flotte de la marine américaine (cargos, destroyers, porte-avions, sous-marins et Liberty ships). Des chantiers plus modestes, comme ceux établis à Camden ou Boothbay Harbor, se sont spécialisés dans la construction de dragueurs de mine en bois et de patrouilleurs. Pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, des femmes ont été recrutées dans ces industries lourdes, qui représentaient environ 18 % des effectifs. Dans le cadre de la défense civile, les pêcheurs du Maine ont été équipés de radios pour signaler toute présence de sous-marins allemands au large des sites portuaires de l'État. L'Armée américaine a par ailleurs construit plusieurs aérodromes dans le Maine, servant de sites d'entrainement à ses soldats.
Près de 80 000 hommes et femmes du Maine ont servi l'Union pendant le second conflit mondial et 2 156 d'entre eux ont été tués[25].
La guerre a stimulé certains secteurs de l'économie du Maine, notamment les industries du textile et de la chaussure, avec les besoins des armées en uniformes et en bottes. L'activité de Portland a connu une forte embellie grâce à la présence de milliers de marins stationnés à la base navale de Casco Bay[15].
Période récente
Polémique du Portsmouth Naval Shipyard
En 2001, déboutant le New Hampshire et mettant un terme à un conflit de près de 200 ans, la Cour suprême attribue au Maine le Portsmouth Naval Shipyard (Chantier Naval de Portsmouth), situé sur l'île de Seavey dans l'estuaire de Portsmouth[26].
Pandémie de Covid-19
Le premier cas de Covid-19 confirmé dans le Maine date du [27] (dans le comté de Hancock). La gouverneure du Maine, Janet Mills, a proclamé, le , l'état d'urgence civile qu'elle a renouvelé[alpha 3] les mois suivants, le puis le [28] et le [29]. Afin d'endiguer la propagation du virus, le gouverneur a pris début une ordonnance de confinement (stay-at-home order) de l'ensemble de la population des seize comtés de l'État, s'appliquant dans un premier temps du 2 au , puis prolongée fin avril jusqu'au .
Le , le gouverneur demandait la reconnaissance de l'état de catastrophe pour le Maine et l'aide fédérale pour, notamment, l'indemnisation du chômage, les aides à la garde d'enfants et aux funérailles. Afin de faire face à l'afflux de non-résidents du Maine, en particulier sur la zone côtière où se situent nombre de résidences secondaires, la gouverneure a par ailleurs préconisé une « auto-quarantaine » de quatorze jours, s'appliquant de même aux Mainers regagnant leur État[30].
Au , 68 232 cas confirmés de Covid-19 (dont 839 morts) étaient officiellement recensés dans le Maine[31]. À la même date, le Maine occupait le 5e rang des États américains où le vaccin a été le plus distribué[32]. Afin d'atteindre les communautés rurales les plus éloignées et les moins bien desservies du Maine, l'administration Mills a déployé une unité mobile de vaccination dont la mission a été prolongée jusqu'à la fin du mois de juillet, compte-tenu de son succès : au , plus de 53 % de la population âgée de plus de 16 ans avaient reçu les deux doses du vaccin[33].
La gouverneure Mills a mis fin à l'état d'urgence dans le Maine le à minuit[34].
Fermée en raison de la pandémie et d'un commun accord depuis le , la frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis, dont sa section entre le Nouveau-Brunswick et le Maine, a été ré-ouverte par les autorités canadiennes aux Américains et aux résidents permanents le , sous réserve de leur vaccination complète depuis au moins 14 jours[35].
comté | cas recensés | décès | comté | cas recensés | décès |
---|---|---|---|---|---|
Androscoggin | 29 050 | 351 | Oxford | 14 885 | 186 |
Aroostook | 18 948 | 214 | Penobscot | 38 705 | 418 |
Cumberland | 68 155 | 530 | Piscataquis | 4 012 | 48 |
Franklin | 7 510 | 72 | Sagadahoc | 7 208 | 49 |
Hancock | 10 487 | 124 | Somerset | 13 236 | 129 |
Kennebec | 30 823 | 321 | Waldo | 8 270 | 88 |
Knox | 8456 | 62 | Washington | 5 968 | 76 |
Lincoln | 7 015 | 49 | York | 53409 | 379 |
Au , le comté du Maine le plus touché par le virus est le comté de Cumberland, avec 714 cas confirmés et 31 morts de recensés. À la même date, le Maine comptabilise 1 462 cas confirmés et 65 morts imputées au virus, ce qui le place, respectivement, au 7e rang des États du pays pour le nombre de contaminés et au 14e rang pour le nombre de décès[37]. Au , le Maine occupe le 10e rang pour le nombre de contaminés et le 12e rang pour le nombre de décès[38]. Les femmes sont plus touchées par le virus que les hommes (51,2 % des cas confirmés) et la tranche d'âge des 50-59 ans la plus concernée (16,9 %), selon les données mises en ligne par le gouvernement du Maine le [39].
Le , la gouverneure Janet Mills a élargi à tous les habitants de plus de douze mois la possibilité de se faire tester pour la Covid-19, sans nécessité d'une ordonnance. À cette date, 400 tests pour 100 000 habitants ont été effectués, un record qui classe l’État du Maine « au premier rang du pays sur le pourcentage de personnes testées selon un niveau cible développé par des chercheurs du Harvard Global Health Institute »[40].
Au , le virus était en recul dans tous les comtés du Maine à l'exception du comté de Washington où le nombre de contaminations restait le même[31].
Début août 2021, et bien que quatre adultes sur cinq aient reçu au moins une dose du vaccin, l'augmentation de la contamination restait constante, en raison de la propagation du variant delta. La grande majorité des nouveaux cas n'était pas vaccinée, ce qui, d'après les analyses locales, reflétait la virulence de ce variant. Au , 13 des 16 comtés de l'État dépassaient le seuil[alpha 4] au-delà duquel le port du masque à l'intérieur était recommandé[41].
Le , la presse signalait que « le taux de cas de Covid-19 dans le Maine (était) passé de plus bas au plus élevé (des états) de la Nouvelle-Angleterre au cours des deux semaines précédant le week-end de la fête du Travail, alors que la flambée de la variante delta continuait de faire des ravages » et ce, malgré un taux de vaccination des plus élevés des États-Unis[42]. Après avoir longuement hésité pendant l'été et malgré la pression de certains parents d'élèves, les districts scolaires du Maine ont décidé de rendre obligatoire le port du masque à la rentrée 2021, plusieurs districts du nord de l’État, où les cours reprenaient plus tôt, ayant été contraints d'adopter l'apprentissage en ligne face à la recrudescence du virus[43].
Le , le gouvernement du Maine annonçait les premiers cas du variant Omicron détectés dans le comté de Penobscot à l'occasion de l'analyse de cinq échantillons prélevés à partir de tests PCR positifs[44].
Afin de soutenir le recrutement de personnels soignants dans les hôpitaux de l’État, la gouverneure Mills a mobilisé son budget supplémentaire d'urgence avec une première subvention de 25 millions de dollars en octobre 2022, reconduite en juin 2023[45].
Au , le Maine compte 326 246 cas de déclarés et déplore 3 096 décés dus au virus[36].
Dans le cadre de la construction par la population d'une histoire locale de l’État, une action culturelle d'envergure a été lancée à l'été 2020 par les bibliothèques du Maine consistant en la collecte et la préservation des témoignages des habitants sur la manière dont l'épidémie et la crise sanitaire ont modifié leur vie quotidienne. Un réseau de bibliothèques s'est ainsi constitué sous l'égide de Greta Schroeder, directrice de la Thompson Free Memorial Library. Ces témoignages s'expriment sous différentes formes : récits, poèmes, photographies, illustrations, fichiers audio, etc. L'objectif est de créer les archives numériques de cette période particulière, d'en permettre le libre-accès sur une plateforme partagée et de les transmettre aux générations futures[46].
Bicentenaire du Maine
L'année 2020, année du Bicentenaire de la création de l’État, aurait dû être ponctuée de nombreux évènements commémoratifs auxquels la pandémie a donné un coup d'arrêt brutal. Dans un communiqué du , le comité du Bicentenaire a annoncé le report de la plus grande partie des festivités en 2021. Ainsi, les temps forts de la commémoration ont été une première fois reprogrammés
- au à Augusta pour la cérémonie de l'accession à l'indépendance du Maine ;
- au dans les villes d'Auburn et de Lewiston pour la Parade ;
- au à Portland pour l'Exposition de l'Innovation Maine 200[47].
La persistance de la crise sanitaire n'a pas permis l'organisation de la Parade au printemps : elle a été reportée pour une seconde fois[48] et s'est finalement tenue le samedi . La gouverneure Mills, en sa qualité de Grand Marshall, se trouvait en tête de défilé, sur le pont du bateau 3 Dirigo de l'Université du Maine, le plus grand des objets imprimés en trois dimensions au monde[49]. Le défilé, qui regroupait plus de 100 chars, a été suivi du festival du bicentenaire[50].
Toujours dans le cadre de cette célébration, les services des archives de l’État ont mis en œuvre dès l'automne 2019 deux outils de découverte de l'histoire du Maine accessibles en ligne :
- des visites virtuelles avec vue immersive à 360° des lieux les plus remarquables de l'État ;
- des « Moments du Maine », courts messages de 30 secondes présentant des moments clés ou des personnalités marquantes de l'histoire du Maine[51].
Tuerie de masse d'octobre 2023 à Lewiston
Le Maine a connu la fusillade la plus meurtrière de son histoire le avec la tuerie de masse perpétrée par un ancien instructeur de tir, Robert Card[52]. Le président Joe Biden, accompagné de la première dame, s'est déplacé à Lewiston sur les lieux de la tuerie le afin d'apporter soutien et réconfort à la population[53]. Selon les données publiées par le U.S. Census Bureau, le Maine, qualifié de rural et paisible, a connu 5 fusillades de masse depuis 2014, ce qui le place loin derrière les états les plus concernés par ce phénomène américain que sont les états de l’Illinois (463), de la Californie (410), du Texas (326), de la Floride (265) et de la Pennsylvanie (223)[54].