Nouveau-Brunswick
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Le Nouveau-Brunswick (/nu.vo.bʁɔn.zwɪk/[2] Écouter ou /nu.vo.bʁœn.zwik/[3], en anglais : New Brunswick /nju.ˈbɹʌnz.wɪk/) est une province du Canada. Elle est une des trois provinces maritimes, et l'une des quatre Provinces de l'Atlantique.
Nouveau-Brunswick New Brunswick (en) | |
Armoiries. |
Drapeau. |
Carte de localisation. | |
Administration | |
---|---|
Pays | Canada |
Capitale | Fredericton |
Plus grande ville | Moncton |
Entrée dans la Confédération | (1er) |
Lieutenante-gouverneure | Brenda Murphy |
Premier ministre | Blaine Higgs (PPC) |
Législature | Assemblée législative du Nouveau-Brunswick |
Sièges à la Chambre des communes | 10 (sur 338) |
Sièges au Sénat | 10 (sur 105) |
Code postal | E |
Abréviation postale | NB |
ISO 3166-2:CA | CA-NB |
Démographie | |
Gentilé | Néo-Brunswickois(e) |
Population | 775 610 hab.[1] (2021) |
Densité | 11 hab./km2 |
Rang | 8e |
Langues officielles | français, anglais |
Géographie | |
Superficie | 72 908 km2 |
Rang | 11e |
Terre | 71 450 km2 |
Eau | 1 458 km2 (2,00 %) |
Fuseau horaire | UTC -4 |
Divers | |
Devise | « Spem reduxit » (Latin : « L'espoir renaît ») |
Domaine Internet | .nb.ca |
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Il s'agit de la seule province bilingue, avec le français et l'anglais comme langues officielles. Elle est bordée par le Québec au nord, la Nouvelle-Écosse à l'est, le golfe du Saint-Laurent au nord-est, la baie de Fundy au sud-est, et elle partage également une frontière avec les États-Unis à l'ouest. La province est boisée à 83 %, et sa moitié nord est occupée par les Appalaches. Son climat est continental, avec des hivers neigeux et des étés tempérés.
Le Nouveau-Brunswick a une superficie de 72 908 km2, et compte 775 610 habitants en 2021. Contrairement aux autres provinces du Canada, seulement la moitié de la population vit dans des zones urbaines. Sa capitale est Fredericton, et ses plus grandes villes sont Moncton et Saint-Jean. Le Nouveau-Brunswick a adopté la Loi sur les langues officielles, en 1969, qui a commencé à reconnaître le français comme langue officielle, aux côtés de l'anglais. Les Néo-Brunswickois ont le droit de recevoir des services du gouvernement provincial dans la langue de leur choix. Environ deux tiers d'entre eux sont anglophones, et un tiers francophone. La province abrite la majeure partie de la région culturelle de l'Acadie et la plupart des francophones du Canada atlantique sont appelés « Acadiens ».
Le territoire du Nouveau-Brunswick a d'abord été habité par des nations amérindiennes, comme les Micmacs et les Malécites, avant d'être colonisé par les Européens, à partir du XVIIe siècle. En 1604, la première colonie de la Nouvelle-France, l'Acadie, a été fondée avec la création de Port-Royal. Pendant 150 ans, l'Acadie changea de main à plusieurs reprises, au gré des conflits entre la France et l'Angleterre (ensuite la Grande-Bretagne). De 1755 à 1764, les Acadiens ont été déportés en masse par les Britanniques. Cet exode forcé, connu sous le nom de « Grand Dérangement », a définitivement établi l'Acadie comme une colonie britannique, parallèlement au traité de Paris de 1763.
À la suite de l'arrivée de nombreux loyalistes fuyant la guerre d'indépendance des États-Unis, la province du Nouveau-Brunswick a été officiellement créée le , comme une colonie distincte de la Nouvelle-Écosse. Au début des années 1800, le Nouveau-Brunswick a prospéré, et la population augmenta rapidement. En 1867, la province s'est fédérée avec la Nouvelle-Écosse et le Canada-Uni (aujourd'hui le Québec et l'Ontario), pour former le Dominion du Canada. Après la Confédération, la construction navale et l'exploitation forestière ont décliné, et le protectionnisme a perturbé le commerce avec la Nouvelle-Angleterre. Au milieu des années 1900, le Nouveau-Brunswick était l'une des régions les plus pauvres du Canada. Cette situation a été atténué par les paiements de transferts (en).
En 2002, le produit intérieur brut provincial est constitué de services (43 %, dont la moitié étant des services gouvernementaux et des administrations publiques), de la construction et de la fabrication (24 %), de la location immobilière (12 %), de la vente en gros et au détail (11 %), de l'agriculture, la foresterie, la pêche, la chasse, l'exploitation minière, l'extraction de pétrole et de gaz (5 %), du transport et de l'entreposage (5 %). La plupart des entreprises et des médias de la province appartiennent à la Société Irving (en). Sa production est de 38,236 milliards de dollars en 2019, soit 1,65 % du produit intérieur brut du Canada. Le tourisme représente 9 % de la population active, et les destinations populaires incluent le parc provincial des rochers d'Hopewell, le parc national de Fundy, la côte magnétique, le parc national de Kouchibouguac, et le parc international Roosevelt de Campobello.
Le Nouveau-Brunswick est nommé ainsi en l'honneur de George III (1738-1820), roi de Grande-Bretagne de 1760 à sa mort et aussi duc de Brunswick[4],[5]. Le duché de Brunswick-Lunebourg correspond en partie à l'actuelle Basse-Saxe, en Allemagne. Il tire son nom de la ville de Brunswick, Braunschweig en allemand standard. Selon la tradition orale, la localité est créée à partir de deux villages, dont l'un est fondé en 861 par le comte Bruno de Saxe[6],[7]. Le toponyme actuel serait une combinaison du nom Bruno et du mot bas allemand wik, signifiant un endroit où les marchands se reposent et entreposent leurs biens ; le nom de la ville signifierait ainsi qu'il s'agit d'un lieu de passage idéal. Une autre explication veut que le nom de la ville provienne du mot Brand, ou brûler, faisant allusion à un endroit s'étant développé sur brûlis[8]. Le toponyme de la ville fut mentionné pour la première fois en 1031, sous la forme Brunesguik[7].
Les Micmacs et les Malécites n'ont pas l'habitude de donner de noms aux vastes étendues de terre[9]. La colonie française d'Acadie, regroupant le territoire actuel des Provinces maritimes, est fondée en 1604. Il se peut que son nom provienne de celui de l'Arcadie, en Grèce, que l'explorateur Giovanni da Verrazzano a donné en 1524 à la péninsule de Delmarva, ou des mots micmacs cadie (« terre fertile ») ou algatig (« lieu de campement ») ou encore du malécite-passamaquoddy quoddy (« endroit fertile »)[10]. La région correspondant au Nouveau-Brunswick était appelée l'Acadie continentale ou l'Acadie occidentale.
William Alexander renomme ce territoire New Alexandria (Nouvelle-Alexandrie) en 1624 mais ce nom n'a pas survécu[11]. La colonie est officiellement renommée Nouvelle-Écosse en 1713, à la suite de la conquête britannique. La partie continentale reçoit le nom de Nouveau-Brunswick en 1784, lorsqu'elle est séparée de la Nouvelle-Écosse. New Ireland (Nouvelle-Irlande) est auparavant proposé en 1778 par le sous-secrétaire d'État William Knox mais refusé parce que « l'Irlande n'était pas dans les bonnes grâces de la royauté »[4]. Pittsylvania (Pittsylvanie) est l'un des autres noms proposés, en l'honneur de William Pitt (1759–1806), Premier ministre du Royaume-Uni de 1783 à 1801 et de 1804 à 1806[4].
La toponymie néo-brunswickoise respecte des règles générales à la francophonie mais dispose de nombreux génériques (noms communs) uniques ou ayant un usage différent, dont aboiteau, barachois, bogan, buttereau, côte, mal baie, mocauque, padou, placer, platin, pointu et rigouèche ; la variété est encore plus grande en anglais, avec des termes comme chockey, cove, guzzle, oxbow, pug hole, rips et stretch. La toponymie est le fruit de plusieurs millénaires d'histoire amérindienne, acadienne et britannique ; son principal spécialiste est Alan Rayburn[12]. La Commission de toponymie du Nouveau-Brunswick, fondée en 2009, étudie les demandes de création et de modification des toponymes ; certains de nature discriminatoires ont été changés depuis lors tandis que des noms anglicisés ont été rétablis en français[13].
Le nom de la province se prononce /nuvobʁɔnzwik/. Le Nouveau-Brunswick est surnommé la « province aux mille panoramas »[14].
Le Nouveau-Brunswick est situé dans l'Est du Canada, à la fois dans les provinces maritimes et dans les provinces de l'Atlantique. La mer est en effet omniprésente, aucun point du territoire n'étant à plus de 180 kilomètres du littoral. Le Nouveau-Brunswick est bordé au nord par la baie des Chaleurs, à l'est par le golfe du Saint-Laurent et le détroit de Northumberland et au sud par la baie de Fundy. La province partage une frontière avec l'État américain du Maine à l'ouest, avec le Québec au nord-ouest et la Nouvelle-Écosse au sud-est, avec laquelle elle est reliée par l'isthme de Chignectou. Il y a également une frontière maritime avec l'Île-du-Prince-Édouard, mais un pont les relie. Il y a seulement des douanes à la frontière américaine.
Elle est la plus grande des trois provinces maritimes canadiennes mais reste petite à l'échelle du pays. D'une superficie de 72 908 km2[15], la province est un peu plus étendue que la Sierra Leone, le 117e pays le plus étendu du monde, et la Belgique pourrait y entrer deux fois. La province s'étend sur plus de 300 km du nord au sud et de l'est à l'ouest.
La province compte plusieurs îles, notamment Miscou, l'île de Lamèque, Campobello et Grand Manan.
Le relief est dominé par les Appalaches. Les principaux sommets sont situés dans le Nord-Ouest et le point culminant, le mont Carleton, est haut de 820 mètres[16]. Le centre et l'Est de la province comptent des collines aux pentes douces alors que le Sud compte des collines aux pentes abruptes, notamment les collines Calédoniennes. L'extrémité sud-est, à la frontière avec la Nouvelle-Écosse, est occupée par une plaine.
Aucun lieu n'est situé à plus de 180 kilomètres de la mer. Les côtes sont longues de 2 269 kilomètres[17]. Le grand nombre de cours d'eau a déterminé l'emplacement de la plupart des localités, en plus de permettre un développement précoce de l'économie. Il y a de nombreux lacs dans le Sud, dont le principal est le Grand Lac, avec ses 30 km de long[16].
Le fleuve Saint-Jean est le principal cours d'eau, autant d'un point de vue géographique qu'historique ou économique. Long de 673 km, il prend sa source dans l'État américain du Maine et traverse ensuite la province du nord-ouest au sud, avant de se jeter dans la baie de Fundy à Saint-Jean. Son bassin hydrographique mesure 55 400 km2, dont 34 400 km2 au Nouveau-Brunswick, et son débit à l'embouchure est de 1 100 m3/s. Le fleuve forme en fait la majeure partie de la frontière avec le Maine. Au Nouveau-Brunswick, ses principaux affluents sont, d'amont en aval, la rivière Madawaska, la rivière Aroostook, la rivière Tobique et la rivière Kennebecasis[18]. Les cinq autres cours d'eau les plus importants sont la rivière Ristigouche, la rivière Népisiguit, la rivière Miramichi, la rivière Petitcodiac et le fleuve Sainte-Croix.
La majeure partie du territoire fut formée durant le Paléozoïque, en tant que portion d'une formation plus grande s'étendant du Sud-Est des États-Unis à Terre-Neuve. Les roches du Nord et de l'Ouest de la province ont été formées en grande partie par des dépôts de sédiments marins durant l'Ordovicien. Ces roches ont ensuite subi des intrusions granitiques avant d'être recouvertes de couches de lave. L'activité volcanique et les tremblements de terre ont atteint leur sommet il y a environ 350 millions d'années, durant l'orogenèse acadienne. Les roches du centre et de l'Est se sont surtout formées à la fin du Carbonifère, il y a environ 300 millions d'années, dans les rivières, les marécages et les lacs peu profonds[16].
Le territoire bénéficie d'un climat continental adouci par la proximité de l'océan Atlantique. Le Madawaska, dans le Nord-Ouest, a le climat le plus rigoureux, où la température est inférieure à la moyenne provinciale de plusieurs degrés et où le tiers des précipitations tombent sous forme de neige. Les régions côtières sont plus chaudes l'hiver et sensiblement plus fraîches l'été tandis qu’elles ne reçoivent que 15 à 20 % de leurs précipitations sous forme de neige. Dans le Nord-Ouest, le nombre moyen de jours sans gel est de 100, alors qu'il est de 125 au bord de la baie de Fundy, dans le Sud[16].
La forêt recouvre près de 83 % du territoire. Les conifères les plus abondants sont la pruche (épinette ou épicéa) et le sapin, suivis du thuya occidental et du pin blanc d'Amérique, avec aussi du pin gris, du pin rouge, de la pruche et du mélèze. Les espèces de feuillus les plus courantes sont, en ordre décroissant, l'érable rouge, l'érable à sucre, le peuplier, le bouleau jaune, le bouleau blanc et le hêtre d'Amérique. Il y a aussi du frêne, de l'orme, de l'ostryer de Virginie et du chêne rouge par endroits[16].
Les milieux naturels sont protégés par un réseau de deux parcs nationaux, de cinq réserves nationales de faune, de trois refuges d'oiseaux migrateurs, d'une zone de protection marine, de 34 parcs provinciaux et de 61 zones naturelles protégées. À ceux-ci s'ajoutent 800 zones hivernales pour les chevreuils représentant 280 000 hectares et 400 000 hectares de zones tampons autour des cours d'eau, protégées de l'exploitation forestière. En fait, le tiers de la terre de la Couronne sont sous une direction spéciale[19].
Les nombreux barrages et ponts-jetées sont reconnus comme étant une menace environnementale. La rivière Petitcodiac, entravée par son pont-jetée depuis 1969, a été rouverte au libre cours de l'eau en 2010 et son écosystème se reformerait selon les premières observations. La rivière à l'Anguille (Eel) bénéficia de la même mesure plus tard dans l'année.
La population de chevreuils dans la province a chuté de 70 % depuis 1985[20].
Depuis 2014, le gouvernement du Nouveau-Brunswick permet aux entreprises forestières d’y récolter 20 % de bois de plus qu’auparavant[20].
Il y a huit cités au Nouveau-Brunswick. Saint-Jean possède la plus grande population à l'intérieur de la ville même : 70 063 habitants contre 69 074 pour Moncton. Cependant le Grand Moncton est la plus grande agglomération de la province avec 138 644 résidents contre 127 761 pour Saint-Jean. (Tout chiffre selon le recensement canadien de 2011). Fredericton est la capitale et la troisième ville en importance de la province.
Nom | Population (2011)[21] |
Population (2006)[21] |
Changement (%)[21] |
Superficie (km²)[21] |
Densité[21] |
---|---|---|---|---|---|
Bathurst | 12 275 | 12 714 | −3,5 | 91,86 | 133,6 |
Campbellton | 7 385 | 7 384 | 0 | 18,66 | 395,7 |
Dieppe | 23 310 | 18 565 | 25,6 | 54,11 | 430,8 |
Edmundston | 16 032 | 16 643 | −3,7 | 107 | 149,8 |
Fredericton | 56 224 | 50 535 | 11,3 | 131,67 | 427 |
Miramichi | 17 811 | 18 129 | −1,8 | 179,93 | 99 |
Moncton | 69 074 | 64 128 | 7,7 | 141,17 | 489,3 |
Saint-Jean | 70 063 | 68 043 | 3 | 315,82 | 221,8 |
Total 8 cités | 272 174 | 256 141 | 6,3 | 1 040,22 | 261,7 |
Cependant au recensement 2016 Moncton atteint une population à l'intérieur de la ville de 71 889, ce qui dépasse Saint-Jean avec 67 575[22].
Le Nouveau-Brunswick contient 5 régions touristiques :
Le territoire est habité depuis au moins dix mille ans, à l'origine par les Paléoaméricains. Les Micmacs, les Malécites et les Passamaquoddys leur ont succédé durant les millénaires, une partie de la préhistoire est en effet inconnue. Les Micmacs habitaient à l'origine l'Est et le Nord du Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et la côte sud de la Gaspésie. Les Malécites occupaient la vallée du fleuve Saint-Jean tandis que les Passamaquoddys résidaient au bord de la rivière Sainte-Croix[24].
Des pêcheurs basques, bretons et normands visitèrent la région à partir du XIIIe siècle. Jacques Cartier mit pied à Miscou et explora le littoral de la baie des Chaleurs, en 1534. Les autochtones font du commerce avec les Européens, ce qui les rend dépendants de leur technologie tout en les exposant aux maladies[24].
L'Acadie est fondée en 1604 par Samuel de Champlain et Pierre Dugua de Mons à l'île Sainte-Croix, dans le Maine actuel, tout près du Nouveau-Brunswick. La colonie est abandonnée l'année suivante en raison des conditions de vie difficiles, et déplacée à Port-Royal dans l'actuelle Nouvelle-Écosse. Les Micmacs aident les Français à survivre et accueillent ceux restant dans la colonie après 1610[24].
Ces derniers explorèrent le reste de la région durant les années suivantes. Le Fort Sainte-Marie, aussi appelé La Tour, fut fondé en 1631 par Charles de Saint-Étienne de La Tour au bord du fleuve Saint-Jean. C'est le premier établissement permanent français. Charles de Menou d'Aulnay attaqua le fort. Après un siège de quatre jours, où Françoise Marie Jacquelin défendit avec bravoure le fort, il tomba aux mains de l'ennemi. D'Aulnay le fit brûler et construisit le fort Saint-Jean, sur la rive opposée du fleuve.
Le gouverneur Isaac de Razilly meurt en 1635, déclenchant une guerre civile entre Charles de Saint-Étienne de La Tour, Charles de Menou d'Aulnay et Nicolas Denys. À la mort de D'Aulnay, en 1650, De La Tour reprend Saint-Jean et Denys reprend Miscou avant de fonder un poste à Nipisiguit (Bathurst). Nicolas Denys prend sa retraite comme marchand et pêcheur en 1668 et publie Description de l'Amérique Septentrionale trois ans plus tard. La vallée du fleuve Saint-Jean reste un territoire malécite, d'où sont lancées les attaques françaises contre la Nouvelle-Angleterre durant les années 1690, ce qui contribue à l'hostilité contre la présence française[24].
Des colons d'origine française, les Acadiens, s'établirent durant le siècle suivant, principalement à Beaubassin et ensuite aux Trois-Rivières. La colonie d'Acadie ou Nouvelle-Écosse (Nova Scotia en anglais) changea plusieurs fois de mains au cours du XVIIIe siècle, mais elle fut cédée définitivement aux Britanniques par les Traités d'Utrecht (1713). Cependant, pendant la première partie du XVIIIe siècle, il y eut peu de tentatives de colonisation de la part des Britanniques ou Anglo-Américains. Le sort à réserver à la population acadienne fit l'objet de nombreux débats, car l'Acadie ou Nouvelle-Écosse était une zone de conflit presque permanent entre les deux empires, français et britannique. À partir de 1755, après la chute du fort Beauséjour, les Acadiens furent déportés. Les historiens débattent encore des causes exactes de la déportation[25]. En Acadie même, une résistance armée s'organisa à certains endroits, tandis que des villages furent complètement rasés. Des centaines d'Acadiens fuirent vers les fleuves Saint-Jean et Miramichi. Poursuivis par les Britanniques, ils se réfugièrent encore plus loin en haut du Saint-Jean, ou sur le littoral de la baie des Chaleurs. La déportation dura jusqu'en 1763, et la plupart des communautés furent touchées.
La plupart des Acadiens furent déportés dans les Treize Colonies nord-américaines, mais ceux envoyés en Virginie furent rejetés par cette colonie et furent envoyés en Grande-Bretagne. De là, ils gagnèrent la France en 1763, à la signature du traité de paix entre la France et l'Angleterre, mettant fin à la guerre de Sept Ans. D'autres Acadiens, déportés de Louisbourg et de l'Île Saint-Jean (actuelle Île-du-Prince-Édouard), furent déportés directement en France à partir de 1758[26]. Environ la moitié des Acadiens déportés en France décidèrent en 1785 de repartir en Louisiane, où ils rejoignirent plusieurs milliers de leurs compatriotes ayant déjà exfiltré des Treize Colonies. Ils sont à l'origine de la communauté cadienne, dont le nom dérive d'Acadiens. D'autres Acadiens réussirent à rentrer dans ce qui était désormais le Nouveau-Brunswick, d'autres s'installèrent à Saint-Pierre-et-Miquelon, seule colonie française restant en Amérique du Nord[27].
Après la proclamation royale de 1764, certains Acadiens revinrent s'établir avec ceux ayant échappé aux raids.
Quelques colons anglophones s'établirent dans la région surtout à partir de 1755. Avant la révolution américaine ils étaient majoritairement des colons venant de la Nouvelle-Angleterre, connus sous le nom de planters ou planteurs[28]. Des colons provenant de la colonie de Rhode Island s'installèrent aux alentours de Sackville, dans le Sud-Est[29]. D'autres fermiers de Yorkshire s'ajoutèrent à ce petit groupe avant 1771, ainsi que des Allemands de Pennsylvanie au comté d'Albert vers 1766[30].
En outre, des colons de la Pennsylvanie, sous l'influence d'un officier suisse dans l'emploi britannique, Georges Frédéric Wallet Desbarres, s'installèrent dans la région de Hopewell et Moncton (alors souvent écrit Monckton)[31].
Pourtant il fallut attendre la révolution américaine avant de voir plus de communautés anglophones se former. En effet, des milliers de loyalistes qui s'étaient opposés à la révolution, dépouillés de leurs terres et la plupart de leurs biens par le gouvernement de la nouvelle république américaine, s'échappèrent après le traité de Paris en 1783 et vinrent s'établir en Nouvelle-Écosse. Ceux qui reçurent des allocations de terres dans la vallée du fleuve Saint-Jean ou le long des côtes de la baie de Fundy ou le détroit de Northumberland devinrent bientôt mécontents d'être gouvernés d'aussi loin qu'Halifax. Alors le gouvernement britannique créa par décret le 18 juin 1784 la province du Nouveau-Brunswick en province séparée[32]. Le 10 septembre 1784, le Conseil privé de Grande-Bretagne approuve le sceau officiel de la province du Nouveau-Brunswick : il représente un bateau remontant le fleuve aux nobles pins sur chaque rive et il porte la devise « Spem Reduxit » (l’espoir renaît)[33].
Parmi les communautés colonisées par les loyalistes après 1783 sont Saint-Andrews, Saint-Jean et Sussex, ainsi que les petites communautés de la vallée du fleuve Saint-Jean. Le premier gouverneur de la province de Nouveau-Brunswick, Thomas Carleton choisit comme capitale de la province le hameau de Ste-Anne, renommé Frederick's Town (ensuite Fredericton) après le troisième fils de George III[34]. En tous, quelque 14 000 à 15 000 réfugiés loyalistes, dont la plupart étaient nés en Amérique sont réputés d'être venus au Nouveau-Brunswick lors de cette migration[35].
Durant le XIXe siècle, l'économie du Nouveau-Brunswick se développa. On construisit plusieurs scieries, des chantiers navals et plus tard des chemins de fer.
Économiquement le Nouveau-Brunswick n'offre qu'un environnement marginal pour l'agriculture; de même que sa pêche, de loin inférieure à celle de la Nouvelle-Écosse. Le secteur minier offre peu de perspectives immédiates. La forêt du Nouveau-Brunswick est riche en bois, mais il s'agit également d'un fret volumineux et de faible valeur, et les marchés accessibles sont sévèrement limités. La province est un coin perdu de l'Empire, périphérique et mal connecté au monde nord-américain. « Ce fut essentiellement des événements géopolitiques survenus en Europe qui changèrent cette situation »[36]. Le blocus continental de 1806 instauré par Napoléon Bonaparte, oblige le Royaume-Uni, qui s'alimente habituellement sur la Baltique, à importer du bois en provenance du Canada, stimulant le commerce du bois d’œuvre au Nouveau-Brunswick, mais aussi au Québec, particulièrement sur la rivière des Outaouais. Entre 1805 et 1812, au Nouveau-Brunswick, la quantité de bois équarri exportée annuellement est multipliée par 20, totalisant près de 100 000 tonnes. Elle dépasse 240 000 tonnes en 1819, et, en 1825, atteint son plus haut niveau, 417 000 tonnes. Le niveau d'exportations se maintint au-dessus de 200 000 tonnes jusqu'en 1840 pour diminuer légèrement par la suite. Pendant cette même période, de 1800 à 1851, la province voit sa population croître de 25 000 à 200 000 habitants[36].
Au cours de ce siècle, le peuple acadien commença à se doter d'institutions et de tenter de se donner plus de place dans la province.
En 1867, le Nouveau-Brunswick fut l'une des quatre provinces fondatrices du Dominion du Canada. La conférence de Charlottetown, en 1864, avait pour but à l'origine de former une Union des Maritimes (Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard et Nouvelle-Écosse). Toutefois, pendant ce temps, la Province du Canada (Québec et Ontario actuels), réagissant à la Guerre de Sécession américaine et aux raids féniens le long de la frontière, forme le projet d'une union plus vaste, d'où la demande d'élargir le cadre la rencontre.
Plusieurs citoyens du Nouveau-Brunswick ne veulent pas de cette confédération élargie, craignant que les besoins de la région soient négligés au profit du reste du pays. Plusieurs politiciens militant pour cette option, tels que Samuel Leonard Tilley, se retrouveront sans siège à l'élection suivante.
La suite de l'histoire donnera raison aux opposants : une fois la Confédération instaurée, les Maritimes éprouvent des problèmes économiques majeurs. De nouvelles politiques nationales et barrières commerciales viennent miner les relations commerciales traditionnelles entre la région et le Royaume-Uni. La situation au Nouveau-Brunswick est aggravée par le grand incendie de Saint-Jean en 1877 et par le déclin de l'industrie de la construction navale. Enfin, la récession provoquée par la Panique de 1893 fera considérablement baisser les exportations. Plusieurs travailleurs expérimentés perdent leur emploi et doivent s'exiler vers l'ouest ou aux États-Unis. L'économie commencera à se redresser au début du XXe siècle, notamment grâce à l'industrie manufacturière (textile). Également, la construction de plusieurs scieries un peu partout dans la province permet d'implanter de plus grandes usines de pâte à papier et papier. Le taux de chômage demeurera tout de même élevé et la Grande Dépression exacerbera la situation.
En 1871, le gouvernement instaure la gratuité scolaire, abolissant dans la foulée le catéchisme, la soutane et le français dans les écoles publiques. Contestée par les Acadiens et les Irlandais, la loi fut jugée constitutionnelle, car l'article 93 de la constitution de 1867 ne s'applique pas aux provinces maritimes. Une émeute à Caraquet le 28 janvier 1875 se solde par le décès d'un militant et d'un policier. L'interdiction sera finalement levée à la suite de pressions politiques en 1877[37].
Plusieurs régions autrefois sauvages furent colonisées pour permettre aux gens touchés d'échapper à la pauvreté. Deux familles acquirent une fortune considérable après la crise: les Irving et les McCain.
Les tensions linguistiques se firent moins fortes vers la fin des années 1990. Toutefois, à la suite de la nouvelle majorité de la population francophone à Bathurst, les problèmes refirent surface. À la suite des pressions anglophones et francophones, le gouvernement provincial modifia la loi pour exiger que toutes les cités et municipalités ayant plus de 20 % de gens parlant l'une des deux langues officielles offrent des services dans cette langue.
Le Canada étant une fédération, la constitution canadienne consiste en l'ensemble des droits fondamentaux et des règles qui définissent les principes politiques, les institutions, les pouvoirs ainsi que les responsabilités du fédéral et des provinces. La constitution canadienne est composée principalement de la Loi constitutionnelle de 1867, de la Loi constitutionnelle de 1982 et de son annexe, comportant une trentaine de lois et décrets[38].
La constitution néobrunswickoise est elle-même composée des dispositions de la constitution canadienne qui concernent les provinces canadiennes en général et le Nouveau-Brunswick en particulier, des lois organiques provinciales relatives à la répartition des pouvoirs de la province et des droits des personnes, la plupart des conventions constitutionnelles touchant les rapports entre la Couronne du Canada, l'Exécutif et le Parlement, les règles de common law sur la prérogative royale exercée par le lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick ainsi que de la jurisprudence des tribunaux du Nouveau-Brunswick et du Canada[réf. nécessaire].
La constitution du Canada peut normalement être modifiée par un vote favorable du Sénat, de la Chambre des communes et d'au moins les deux tiers des législatures provinciales représentant au moins la moitié de la population canadienne, le tout avec l'accord du gouverneur général. Toutefois, une disposition de la constitution canadienne concernant uniquement le Nouveau-Brunswick (il existe plusieurs articles concernant le Nouveau-Brunswick, les droits linguistiques dans la province et l'égalité des communautés de langues officielles, tel que décrit plus bas) peut être modifiée par un vote favorable de la Chambre des communes du Canada, de l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick ainsi qu'avec l'accord du Sénat et du gouverneur général du Canada. De plus, l'Assemblée législative seule peut modifier la constitution du Nouveau-Brunswick. En fait, toutes les tentatives de modification depuis 1982 ont échoué et seulement dix amendements mineurs ont été adoptés, dont un seul touchant la province.
Par la constitution, le parlement du Canada obtient le pouvoir de légiférer sur un certain nombre de compétences exclusives, notamment la défense, les communications et la propriété intellectuelle. Les compétences exclusives du Nouveau-Brunswick incluent l'éducation et la santé. Certaines autres compétences sont partagées, notamment l'agriculture, les transports et l'immigration.
Le pouvoir législatif est détenu par l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick. Elle est formée de 49 députés, élus pour un mandat maximal de cinq ans[39] au suffrage universel au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans les différentes circonscriptions électorales. Le système parlementaire est monocaméral depuis l'abolition du Conseil législatif en 1892.
Le pouvoir exécutif est détenu par le lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, représentant du roi Charles III au Nouveau-Brunswick. Il est nommé par le gouverneur général du Canada sur recommandation du Premier ministre du Nouveau-Brunswick. Le poste est occupé par Brenda Murphy depuis 2019 [40]. Son rôle est surtout honorifique ; le pouvoir exécutif est exercé dans les faits par le Premier ministre du Nouveau-Brunswick, qui est le chef du parti ayant remporté le plus de sièges à l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick.
Lors des élections du 14 septembre 2020, le Parti progressiste-conservateur a remporté 27 des 49 sièges, les libéraux 17, le parti vert 3 sièges et l'Alliance des gens 2. Le Premier ministre préside le Conseil exécutif du Nouveau-Brunswick, généralement formé de députés de l'Assemblée législative et généralement à la tête d'un ministère. Depuis 2018, le poste est occupé par le conservateur Blaine Higgs, qui a gouverné 2 ans avec le soutien de l'Alliance des gens, et ensuite seul avec un gouvernement majoritaire depuis les élections de 2020.
Il y a deux partis politiques dominants au Nouveau-Brunswick, le Parti libéral et le Parti progressiste-conservateur. Le Nouveau Parti démocratique a déjà obtenu des sièges au parlement mais jamais la majorité. De temps à autre, d'autres partis comme le Confederation of Regions Party of Canada, le Parti vert du Nouveau-Brunswick et l'Alliance des gens du Nouveau-Brunswick ont obtenu des sièges au Parlement mais lors de ce qui est souvent vu comme un vote de protestation. Donc, le Nouveau-Brunswick est essentiellement dirigé tour à tour par les deux mêmes partis.
Après les élections générales néo-brunswickoises de 2018 il y a quatre partis représentés à la législature: Libéral, Progressiste-conservateur, Parti vert et Alliance des gens. Le gouvernement précédent libéral essaie de former un gouvernement minoritaire, fort de 21 députés, alors que le parti progressiste-conservateur a 22 députés. Cependant les libéraux perdent un vote de confiance à la législature, et ensuite le chef progressiste-conservateur, Blaine Higgs, est invité à former un gouvernement[41].
Les dynamiques de la politique au Nouveau-Brunswick sont différentes de celles des autres provinces du Canada. Le fait qu'il n'y ait pas de ville dominante dans la province veut dire que le gouvernement doit se préoccuper de sujets affectant toutes les régions de la province. De plus, la présence d'une large minorité francophone fait qu'un consensus politique est nécessaire, même quand il y a une majorité présente au gouvernement. De cette façon, la politique provinciale au Nouveau-Brunswick tend à s'aligner sur la situation de la scène fédérale plus concrètement que les autres provinces[réf. nécessaire].
Au cours des cinquante dernières années, il y a eu une tendance dans la province à élire de jeunes chefs et à leur donner de longs mandats avec une forte majorité. Tous les chefs récents étaient bilingues. Cette combinaison d'attributs tend à rendre les premiers ministres du Nouveau-Brunswick importants sur la scène fédérale. L'ancien premier ministre, Bernard Lord (progressiste-conservateur), est considéré comme un chef potentiel du Parti conservateur du Canada si le premier ministre Stephen Harper se retirait de la politique. L'ancien premier ministre libéral Frank McKenna a été un candidat présumé à la succession de Paul Martin mais a décidé de ne pas tenter sa chance[réf. souhaitée].
Les principales sources de revenu du gouvernement provincial sont l'impôt sur le revenu des particuliers, l'impôt sur le revenu des entreprises, la taxe sur le carburant et la taxe foncière. L'impôt sur le revenu provincial est fixé à un taux de 55,5 % de l'impôt fédéral de base[39]. En 1997, la taxe de vente provinciale et la taxe sur les produits et services (TPS) furent combinées pour former la taxe de vente harmonisée (TVH)[39], d'un taux de 13 % depuis 2008[42]. Les impôts et la TVH sont perçus par le gouvernement fédéral mais redistribués à la province. Le quart des revenus provinciaux proviennent en fait des paiements de péréquation, un programme destiné à permettre aux provinces plus pauvres d'offrir un niveau de services publics standard. Un autre 10 % des revenus provient de divers programmes fédéraux d'infrastructures, de santé et d'éducation[39].
Les dépenses du budget provincial s'élèvent à près de 8 milliards de dollars canadiens en 2010-2011, avec un déficit de près de 750 millions de dollars[43]. Les principales dépenses concernent la santé et les services sociaux, l'éducation, les municipalités et le service de la dette.
Le Nouveau-Brunswick comprend 8 cités, une municipalité régionale, 25 villes, 68 villages, 7 communautés rurales et 245 DSL. Finalement, il y a une vingtaine de réserves indiennes, regroupées au sein de Premières Nations, chacune gouvernées par un conseil de bande présidé par un chef.
Chaque type de municipalité a un fonctionnement semblable, bien que les cités aient certaines obligations supplémentaires et que les villages n'ont pas à offrir autant de services publics que les autres municipalités. Une municipalité est gouvernée par un conseil municipal, présidé par un maire. Les DSL sont quant à eux gérés directement par le gouvernement et ne sont donc pas à proprement parler des municipalités mais leurs citoyens peuvent élire un comité consultatif de cinq membres dont un président. Nombreux sont les DSL ne possédant pas de comité consultatif et plusieurs initiatives sont en cours afin d'améliorer la participation de la population à la gouvernance locale. C'est ainsi qu'est née la Communauté rurale en 1993.
Les gouvernements locaux sont sous la responsabilité du ministère des Gouvernements locaux du Nouveau-Brunswick. Plusieurs services publics de compétence municipale sont régis par des organismes régionaux, par exemple les commissions de gestion des déchets solides et les commissions d'aménagement pour l'urbanisme.
Les gouvernements locaux coexistent avec un système de divisions administratives plus ancien. La subdivision de base en est le comté, qui sont au nombre de quinze. Chaque comté est subdivisé en paroisses, qui sont au nombre de 154. Les gouvernements locaux remplacent les anciennes municipalités de comtés, dissoutes en 1966. La population de chaque paroisse élisait des conseillers au conseil municipal, qui choisissaient à leur tour un préfet. Le conseil siégeait dans un palais de justice situé dans le chef-lieu. Les paroisses avaient certains pouvoirs, qu'ils perdirent graduellement en faveur des municipalités de comté. Certains chefs-lieux ont toujours une importance administrative alors que les comtés continuent d'être utilisés dans les différents découpages administratifs et pour le recensement de la population. De plus, la plupart des paroisses civiles existent toujours en tant que districts de services locaux (DSL).
En 2008, le Rapport sur la gouvernance locale proposait de réformer l'administration locale en modifiant la gestion ainsi que la fiscalité et en regroupant les actuelles municipalités et DSL en 12 « districts de services régionaux », ensuite subdivisés en « entités municipales ».
Le Nouveau-Brunswick compte traditionnellement un ministre au Cabinet et dix sénateurs au Sénat. Dix députés représentent actuellement la province à la Chambre des communes[39].
La Loi constitutionnelle 1982 a été promulguée en 1982 avec plusieurs garanties linguistiques spécifiques pour le Nouveau-Brunswick, par exemple l'article 17 précise le droit d'employer le français ou l'anglais au Parlement fédéral, suivi par une deuxième alinéa soulignant le même droit de choix linguistique dans la législature de Nouveau-Brunswick. En 1993, le gouvernement provincial de Frank McKenna réclama, comme disposition additionnelle, un amendement à la Constitution du Canada reconnaissant non seulement les droits individuels au Nouveau Brunswick (par exemple le droit d'un individu à s'exprimer dans la législature provinciale en français ou en anglais), mais aussi l'égalité des communautés des langues officielles (avec leurs propres institutions sociales et culturelles, comme les commissions scolaires, etc). Une telle résolution a été adoptée par la Chambre de Communes pour modifier l'article 16 avec deux alinéas supplémentaires affirmant les droits égaux des communautés linguistiques officielles Néo-Brunswickoises et l'obligation au gouvernement provincial de les protéger. « Article 16,1 (1993) » « 1. La communauté linguistique française et la communauté linguistique anglaise du Nouveau Brunswick ont un statut et des droits et privilèges égaux, notamment le droit à des institutions d'enseignement distinctes et aux institutions culturelles distinctes nécessaires à leur protection et a leur promotion » « 2. Le rôle de la législature et du gouvernement du Nouveau-Brunswick de protéger et de promouvoir le statut, les droits, et les privilèges visés au paragraphe (1) est confirmé (83.1)[44] » Richard Bedford Bennett (1870-1947), a été le 11e premier ministre du Canada, Roméo LeBlanc (1927-2009) a été le 25e gouverneur général du Canada de 1995 à 1999. D'autres personnalités politiques importantes sont originaires de la province, dont W. A. C. Bennett (1900-1979), premier ministre de la Colombie-Britannique, Andrew Bonar Law (1858-1923), premier ministre du Royaume-Uni, et John Peters Humphrey (1905-1995), l'un des principaux rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
La Province est membre de l'Assemblée parlementaire de la francophonie et de l'Organisation internationale de la francophonie.
La Cour provinciale du Nouveau-Brunswick (en anglais : Provincial Court of New Brunswick) est la cour de première instance jugeant les infractions au code criminel ou à d'autres lois fédérales ou provinciales [45].
La Cour du Banc du Roi du Nouveau-Brunswick (en anglais : Court of King's Bench of New Brunswick) entend tous les litiges en droit de la famille, en plus d'être le tribunal de première instance dans les affaires pénales et civiles de grande envergure. Elle a finalement compétence dans les appels de poursuites sommaires [46].
La Cour des successions du Nouveau-Brunswick (en anglais : Probate Court) a compétence sur les testaments et les biens de personnes décédées. Elle est présidée par un juge de la Cour du Banc du Roi, bien que distincte de cette dernière. De plus, la Cour des successions exerce les mêmes pouvoirs que la Cour du Banc du Roi en ce qui concerne l’exécution des jugements, et elle peut délivrer les mêmes ordonnances et moyens de contrainte [47].
La Cour d'appel du Nouveau-Brunswick (en anglais : Court of Appeal of New Brunswick) est le plus haut tribunal ainsi que la cour de dernier ressort, sauf lorsqu'il est possible d'interjeter appel à la Cour suprême du Canada. La Cour siège généralement à Fredericton. Elle compte cinq juges et un juge en chef, poste occupé depuis 2003 par J. Ernest Drapeau, et depuis 2019 par Marc Richard [48],[49].
La défense du territoire est assurée par les Forces armées canadiennes. La base de soutien de la 5e Division du Canada Gagetown, près de Fredericton, est l'une des plus grandes du Commonwealth et la deuxième en importance au Canada. Elle est le plus grand employeur public de la province, avec 6 500 militaires et 1 000 employés civils[50]. Elle regroupe surtout des unités de la 5e Division du Canada. La souveraineté sur la roche North et l'île Machias Seal, situées au sud-ouest, est disputée avec les États-Unis[51].
La Gendarmerie royale du Canada assure la sécurité publique mais certaines municipalités possèdent leur propre corps de police.
Le Nouveau-Brunswick a un taux d'homicide légèrement sous la moyenne canadienne, à 1,46 pour 100 000 habitants en 2016 pour 11 homicides, un taux stable depuis 2015[52].
L'économie du Nouveau-Brunswick est dominée par l'exploitation forestière depuis le début du XIXe siècle[53]. Les services occupent désormais une place importante, plus précisément les secteurs financiers, de l'assurance et de la santé.
L'industrie lourde est centrée à Saint-Jean, l'économie de Fredericton est dominée par les services gouvernementaux, les universités et l'armée. Moncton est un centre commercial, de transport et de distribution, avec d'importantes infrastructures ferroviaires et aériennes.
La plupart des institutions financières sont des succursales d'entreprises ontariennes ou québécoises[53]. Les coopératives de crédit, les caisses populaires, dont la principale est UNI Coopération financière, basée à Caraquet, et Assomption Vie, de Moncton, sont quelques exceptions notoires.
Les Néobrunswickois s'étant le plus distingués dans le monde des affaires sont James Hamet Dunn (1874-1956), Max Aitken (1879-1964), Kenneth Colin Irving (1899-1992) ainsi que les frères Harrison McCain (1927-2004) et Wallace McCain (1930-2011).
L'influence de la famille Irving (propriétaire de la plus importante raffinerie du Canada, de vastes fermes et domaines forestiers, de journaux, de nombreuses scieries et papeteries, d'une flotte de bateaux et de camions, ou encore d'un réseau ferroviaire) sur le Nouveau-Brunswick est telle que la province est parfois décrite comme étant soumise à une forme de féodalisme économique. En 2016, les quelque 200 entreprises qu'elle contrôle lui confèrent un capital d'environ 10 milliards de dollars[54].
Les activités du groupe sont soutenues par les autorités à travers de nombreuses exonérations fiscales et le versement de subventions, notamment par le biais du Programme d'achat d’énergie renouvelable pour la grande industrie. La province a également progressivement cédé au groupe Irving la gestion du patrimoine forestier relevant du secteur public, en abaissant régulièrement les normes. En 2014, le dernier réduit la taille des zones tampons entre les forêts et les sites habitables, autorise davantage de coupes à blanc, augmente le volume de production prévu et fait passer la proportion des zones protégées de 31 % à 22 %[54].
La famille détient la totalité des journaux anglophones de la province. Elle détient également plusieurs stations de radio et télévision locales. Pour l'universitaire Alain Deneault, « les conflits d’intérêts qui découlent de cette situation semblent caricaturaux : les médias du groupe se font essentiellement l'écho des positions de la famille Irving dans tous les champs de la vie sociale et industrielle où elle se trouve engagée. » Les informations transmises par le groupe et diffusées par la presse sont parfois questionnées (notamment en automne 2018, lors d'une explosion sur la raffinerie de Saint-Jean) mais rares sont les fonctionnaires, professeurs et députés à porter des dénonciations, les contributions financières de la famille aux universités et partis politiques lui procurant des moyens de pression[54].
Des biologistes, des universitaires ou encore Eilish Cleary, l'ancienne responsable de la province sur les questions de santé publique, ont indiqué avoir fait l'objet de fortes pressions (allant dans le cas d'Eilish Cleary jusqu'à un licenciement controversé [55]) alors qu'ils analysaient l'impact des pesticides employés par le groupe et sa gestion opaque des forêts. Depuis les années 1970, tous les Premiers ministres de la province ont été élus avec le soutien d'Irving. Blaine Higgs, Premier ministre depuis novembre 2018, est un ancien cadre du groupe. D'après le journaliste Michel Cormier : « On pouvait peut-être remporter une élection sans l'appui tacite d'Irving, mais on pouvait difficilement aspirer au pouvoir s'il décidait de s'y opposer ouvertement[54]. »
Le Nouveau-Brunswick a connu plusieurs problèmes dans le domaine de l'agriculture, comme partout au Canada, ce qui a causé une baisse de la valeur de la production et l'abandon presque systématique de l'agriculture de subsistance[53]. Alors que la production est restée stable, le nombre de fermes est passé de près de 32 000 en 1941 à 3 000 actuellement[53]. La superficie des terres agricoles a perdu les deux tiers des 350 000 hectares en 1941[53]. Le nombre d'emplois agricoles est passé de 26 834 en 1951 à 6 000 de nos jours[53]. Toutefois, durant la même période, la production est restée stable et le nombre d'emplois dans la transformation et le transport des produits agricoles a augmenté à 18 000[53].
Les produits laitiers et les patates (pommes de terre) représentent 45 % des revenus agricoles alors le bœuf, la volaille et le porc comptent pour 30 %, les grandes cultures de fruits et légumes pour 7,5 %, les œufs pour 6 % et les produits de l'érable pour 2 %[53].
Les pommes de terre, surtout de plants, représentent la principale exportation agricole de la province, qui fournit 20 % de la production canadienne[53]. Les patates sont surtout cultivées dans la vallée du fleuve Saint-Jean, où les comtés de Carleton et de Victoria en produisent 80 % et le comté de Madawaska, 15 %[53]. La production laitière se concentre dans les comtés de Kings, de Westmorland et d'York.
Une douzaine d'offices regroupent les producteurs de lait, de dindon, d'œufs, de porc, de crème, de poulet, de pommes, de plantes d'aménagement extérieur ainsi que certains produits forestiers[53].
La pêche, en déclin jusqu'aux années 1960, connaît ensuite un second souffle grâce à la modernisation des navires et des méthodes. De plus, l'extension des limites de la zone de pêche à 370 km des côtes en 1977 profite à l'industrie. Toutefois, l'industrie souffre actuellement d'une baisse des prises et des stocks de poisson[53].
L'industrie des pêches néobrunswickoise représente 20 % de celle de la côte atlantique canadienne. La moitié de la production est exportée, principalement aux États-Unis, alors que le Japon représente un marché de plus en plus important. En 1995, les prises avaient une valeur de 100 millions $ et l'industrie comptait 8 000 pêcheurs travaillant sur environ 4 000 bateaux. L'industrie de la transformation crée 10 000 emplois dans 130 usines. Les principales zones de pêche sont le golfe du Saint-Laurent, le détroit de Northumberland et la baie de Fundy. Le homard représente la majeure partie de la valeur des produits transformés, suivi du crabe, du hareng et du pétoncle. La salmoniculture du Sud-Ouest de la province est une industrie de 95 millions $. La truite, les huîtres et les moules sont aussi cultivées dans différentes régions[53].
Le Nouveau-Brunswick compte de nombreux ports de pêche, dont le plus lucratif et l'un des plus grands est le port de Shippagan, pouvant accueillir 90 bateaux[56]. Le seul chantier naval, celui de Bas-Caraquet, a déjà été le principal chantier de réparation au Canada mais nécessite des investissements importants[57]. L'École des pêches du Nouveau-Brunswick, à Caraquet, offre des cours collégiaux dans les différents domaines de l'industrie.
Les règles en vigueur concernant les droits de pêche sur la section de Nouveau-Brunswick ont relativement évolué depuis la loi de 1988 qui est à ce jour une des lois les plus connues dans le monde juridique canadien [réf. nécessaire].
L'industrie forestière au Nouveau-Brunswick génère des revenus de 2,1 milliards de dollars[58], soit 11 % du PIB provincial. Les produits forestiers représentent 40 % de la valeur des exportations de la province. L'industrie crée environ 14 000 emplois directs et 13 000 emplois indirects[19]. Les emplois directs à eux seuls représentent une masse salariale de 480 millions de dollars[19].
La province a une superficie de 7,2 millions d'hectares. 6,1 millions d'hectares sont couverts de forêt et de ce nombre, 5,9 millions d'hectares représentent un potentiel économique. Il y a deux types de terres à bois au Nouveau-Brunswick : la terre de la Couronne et les terres privées. Les terres de la couronne sont divisées en 10 zones (licences), qui sont louées à 6 grandes compagnies forestières (licenciés) et environ 50 sous-licenciés[réf. souhaitée].
Les terres de la couronne représentent 51 % des terres à bois, les terres fédérales 2 %, les terres privées des particuliers 29 % et les terres privées des compagnies forestières 18 %[réf. souhaitée].
Moins de 2 % (60 000 hectares) des terres publiques sont coupées à chaque année, et deux tiers repousseront naturellement[19].
La gestion des forêts de la province est particulièrement opaque. Spécialiste international de la corruption politique, Donald Bowser se dit « estomaqué de découvrir qu'il y a moins de transparence au Nouveau-Brunswick qu'au Kurdistan, au Guatemala ou en Sierra Leone, en dépit des fonds publics colossaux engagés dans l'exploitation des ressources naturelles »[54].
Type de bois | Volume coupé (mètres cubes) | Volume permis (mètres cubes) |
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Bois mou | 3 290 000 | 3 494 000 |
Bois franc | 1 530 000 | 1 870 000 |
Total | 4 820 000 | 5 364 000 |
L'industrie minière est des plus développées au Nouveau-Brunswick, sa valeur s'élevant à près de 1,5 milliard $ en 2006[59] mais elle est de plus en plus en difficulté. L'industrie emploie 4 200 personnes[53]. Il y a trois mines produisant du zinc, du plomb et du cuivre, une mine souterraine de potasse et de sel ainsi que 10 grandes carrières[59]. La mine Brunswick est la plus importante mine souterraine de zinc au monde[60]. La province produit moins de 2 % du cuivre canadien mais 25 % de l'argent, 30 % de l'antimoine, 31 % du zinc, 39 % du plomb et 91 % du bismuth[53]. Il y a 24 exploitants