République démocratique allemande
État qui a existé de 1949 jusqu'à la réunification de l'Allemagne en 1990 / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Allemagne de l'Est
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(40 ans, 11 mois et 26 jours)
Drapeau de la République démocratique allemande à partir de 1959. |
Emblème officiel de la République démocratique allemande à partir de 1955. |
Devise | en allemand : Proletarier aller Länder, vereinigt euch! (« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ») |
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Hymne | Auferstanden aus Ruinen |
Statut | République, État communiste à coalition unique. |
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Capitale | Berlin-Est |
Langue(s) | Allemand |
Religion | Athéisme d'État |
Monnaie | Mark est-allemand |
Fuseau horaire | UTC+1 |
Domaine internet | .dd |
Indicatif téléphonique | +37 |
Population |
18 388 000 hab. (1950) 17 079 000 hab. (1961) 16 740 000 hab. (1980) 16 028 000 hab. (1990) |
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Gentilé | Est-allemand(e) |
Superficie | 108 333 km2 |
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Proclamation de la République. | |
Insurrection. | |
1958 – 1963 | Crise de Berlin. |
Construction du mur de Berlin. | |
Admission de la RDA à l'ONU. | |
Chute du mur de Berlin. | |
Signature du traité de Moscou. | |
Réunification avec l'Allemagne de l'Ouest. |
1949 – 1950 | Wilhelm Pieck et Otto Grotewohl |
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1950 – 1971 | Walter Ulbricht |
1971 – 1989 | Erich Honecker |
1989 | Egon Krenz |
1949 – 1960 | Wilhelm Pieck |
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(1er) 1960 – 1973 | Walter Ulbricht |
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(Der) 1989 – 1990 | Manfred Gerlach |
(1er) 1949 – 1964 | Otto Grotewohl |
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(Der) 1990 | Lothar de Maizière |
Parlement monocaméral | Chambre du peuple |
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Entités précédentes :
Entités suivantes :
La République démocratique allemande (RDA) ; en allemand : Deutsche Demokratische Republik ou DDR, parfois traduit par République démocratique d'Allemagne), communément appelée Allemagne de l'Est, est un ancien État communiste européen créé le par le Parti socialiste unifié d'Allemagne, allié de l’URSS. Le territoire de la RDA correspond à la zone occupée par l'Armée rouge.
Cet événement intervient après la fondation de la République fédérale d’Allemagne précédée par la trizone des puissances occupantes occidentales. Berlin-Est, le secteur soviétique de la ville, était la capitale de la RDA.
La RDA faisait partie des dictatures qui se revendiquaient comme des « démocraties populaires », politiquement affiliées à l'URSS au sein du bloc de l'Est.
À partir du , l'enclave occidentale de Berlin-Ouest est séparée de Berlin-Est et du reste de la RDA par le mur de Berlin, qui devient l'un des symboles du « rideau de fer ». Le but étant d'empêcher la fuite vers l'ouest des citoyens est-allemands voulant échapper à la dictature.
L'effondrement du bloc de l'Est entraîne la disparition de la RDA, qui est absorbée par la RFA le , près de 41 ans après sa fondation. Cela scelle le processus de réunification, formant ainsi l'Allemagne unifiée actuelle.
L’idéologie officielle de l’État était le marxisme-léninisme. Dans la recherche historique contemporaine, le système de gouvernement en RDA est parfois décrit soit comme relevant du « socialisme réel », soit comme communiste. Les dirigeants du pays le considéraient comme un « État socialiste des ouvriers et des paysans » et un État de paix, affirmant que la RDA prenait racine dans la guerre et la lutte contre le fascisme. L'antifascisme était devenu une doctrine d’État en RDA.
Le territoire de la RDA comprenait les lands allemands actuels de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Brandebourg, Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe, ainsi que l’Amt Neuhaus et Bleckede-Wendischthun en Basse-Saxe ; l’inclusion de Berlin-Est était controversée. En termes d’espace naturel, la RDA s’étendait en moyenne sur environ 450 kilomètres dans une direction nord-sud, l’extension moyen-est-ouest était d’environ 250 kilomètres. Le point le plus septentrional de la RDA était marqué par Gellort sur l’île de Rügen, au nord-ouest du cap Arkona, le point le plus méridional Schönberg sur le Kapellenberg (Vogtland). Le point le plus à l’ouest était près du village de Reinhards dans le Rhön, le plus à l’est près de Zentendorf, entre Rothenburg et Görlitz.
Après la Seconde Guerre mondiale, le territoire allemand retrouvait ses frontières de 1937, moins les territoires situés à l'est de la ligne Oder-Neisse. Le territoire allemand en lui-même étant administré par chacun des quatre vainqueurs occidentaux (France, Royaume-Uni, États-Unis, URSS), chaque vainqueur disposant de sa propre zone d'occupation et de son quartier de la capitale. À la suite de désaccord entre les membres du bloc de l'Ouest (France, Royaume-Uni, États-Unis) et l'URSS, les zones d'occupation devinrent deux États distincts, la RDA étant fondée sur le territoire de la zone d'occupation soviétique.
Le territoire de la RDA était donc bordé à l’est par la Pologne, au sud par la Tchécoslovaquie, à l'ouest par la République fédérale d'Allemagne et au nord par les côtes de la mer Baltique.
Au centre du territoire se trouvait l’enclave ouest-allemande de Berlin-Ouest, cernée à partir de 1961 par les 155 km du mur de Berlin, dont 43,1 km à l'intérieur de la ville, la séparant de Berlin-Est, capitale de la RDA.
La plus grande partie du territoire de la RDA était constituée par une plaine formée de dépôts glaciaires coupé de collines basses et arrondies, et tributaire du bassin de l'Elbe comprenant notamment des affluents comme la Havel (dont la Spree est elle-même un affluent), la Saale et la Mulde.
Le point culminant de la RDA se trouvait alors dans les monts Métallifères, à la frontière tchécoslovaque, au Fichtelberg (1 214 mètres d'altitude).
Le sud de la RDA était composé de massifs et de bassins hercyniens découpés et drainés par les affluents de l'Elbe. Les massifs sont des chaînes de moyenne montagne (Harz, forêt de Thuringe, Rhön, monts Métallifères, massif gréseux de l'Elbe, Suisse saxonne, hautes terres de Lusace, monts de Zittau), dans lesquelles des paysages de bassin prononcés dépassent du nord (bassin lipsien, bassin de Thuringe). Les plus hautes altitudes de la RDA étaient le Fichtelberg avec 1 214,79 mètres, suivi par le Brocken (1 141,2 m) et l’Auersberg (1 019 m).
Au nord, la mer Baltique formait une frontière naturelle, les eaux territoriales de la RDA bordant en partie celles de la RFA, du Danemark et de la République populaire de Pologne.
Le nord et le centre de la RDA faisaient partie de la plaine d'Allemagne du Nord datant de l’ère glaciaire et occupaient les trois cinquièmes de la superficie totale du pays. Les paysages étaient constitués de terrains vallonnés et de moraines alternant avec des zones de sable plat et des vallée proglaciaire (plateau des lacs mecklembourgeois, Märkische Seen). La plupart des lacs de la RDA se trouvent dans cette plaine, notamment le lac Müritz ainsi que le lac de Schwerin et le Plauer See, également les plus grandes eaux intérieures. Rügen, Usedom, Poel et Hiddensee ainsi que la péninsule de Fischland-Darß-Zingst appartenaient à la RDA ; il s'agit des plus grandes îles en termes de superficie.
Frontière inter-allemande
Les 1 393 km de frontière avec l’Allemagne de l’Ouest constituaient une des parties les plus surveillées du « Rideau de fer ». La limite administrative séparant les Länder de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, de Saxe-Anhalt, de Thuringe et de Saxe, de ceux de Schleswig-Holstein, de Basse-Saxe, de Hesse et de Bavière suivent toujours le même tracé.
Ses installations de sécurité, qui n'occupaient pas moins de 344 km2 en territoire est-allemand, étaient équipées de 80 500 km de barbelés et 2 230 000 mines. Les 14 000 soldats qui étaient affectés en permanence à la surveillance de la frontière pouvaient tirer sans sommation contre toute personne qui tentait de franchir cette frontière. Ces militaires étaient secondés par 600 chiens.
Les 155 km du mur de Berlin (dont 43,1 km sur sa longueur intra-berlinoise) qui entourait Berlin-ouest, venait compléter l'ensemble du dispositif.
Cours d'eau
L'Elbe et l’Oder, reliés par divers canaux navigables (canal Oder-Havel, canal Oder-Spree), étaient les deux plus grands bassins versant du territoire de la RDA. L’Elbe avec ses nombreux affluents directs et indirects de la Saale, de la Havel, de la Mulde et de la Spree drainait la majeure partie du territoire de la RDA dans la mer du Nord.
Divisions administratives
À la fondation de la RDA, le territoire était divisé en cinq Länder : Brandebourg, Mecklembourg, Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe.
Thuringe
L'ancien Land de Thuringe était divisé en trois districts : Erfurt, Suhl, Gera.
La forêt de Thuringe présente un relief orienté N.-O.-S.-E. Le terrain est composé de grès, dominé par des sommets arrondis.
Saxe
L'ancien land de Saxe s'étendait sur le versant nord-ouest de l'Erzgebirge (monts Métallifères), découpé en collines et en plateaux de grès par les réseaux de l'Elster, de la Mulde et de l'Elbe.
Saxe-Anhalt
Brandebourg
Mecklembourg
Réforme de 1952
La réforme territoriale de 1952 met un terme à la forme fédérale de l’État et ces Länder sont supprimés. Le territoire est-allemand est alors divisé en 15 Bezirke (districts) :
- District de Berlin
- District de Dresde
- District de Karl-Marx-Stadt
- District de Leipzig
- District de Gera
- District de Erfurt
- District de Suhl
- District de Halle
- District de Magdebourg
- District de Cottbus
- District de Potsdam
- District de Frankfort
- District de Neubrandenbourg
- District de Schwerin
- District de Rostock
À la réunification
Lors de la réunification allemande (Wiedervereinigung), le , les cinq anciens Länder sont reconstitués, avec toutefois quelques modifications de frontières et des changements de dénomination (ainsi le « Mecklembourg » devient « Mecklembourg-Poméranie-Occidentale »). Ces Länder furent désignés sous le terme de « nouveaux États fédéraux » (Neue Bundesländer).
Capitale : Berlin-Est
Berlin-Est, en allemand Ost-Berlin ou Berlin (Ost), est le nom de la partie du Grand Berlin qui a formé le secteur soviétique après l'occupation de la ville en 1945 par les puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale jusqu'en 1990.
Après que l'Armée rouge de l'Union soviétique eut conquis toute la région après la bataille de Berlin, elle se retira des secteurs occidentaux constitués par les décisions de la conférence de Yalta à l'été 1945.
Géographiquement, Berlin-Est s'étendait aux zones des quartiers actuels de Treptow-Köpenick, Marzahn-Hellersdorf, Lichtenberg, Pankow et les quartiers de Mitte et Friedrichshain.
Le terme « Berlin-Est » était également utilisé dans le langage occidental pour faire la distinction entre les secteurs soviétique et américain, français et britannique, qui étaient dénommés Berlin-Ouest. Berlin-Est était donc le centre administratif de la zone d'occupation soviétique (SBZ) et plus tard, après la fondation de la RDA, la capitale de la République démocratique allemande. Cependant, le terme « Berlin-Est » ne faisait partie de la langue officielle ni dans l'ancienne République fédérale ni en RDA.
La désignation officielle est modifiée à la suite de la division de la ville en 1948 en secteur démocratique (de Berlin), ou Berlin démocratique, puis après la construction du mur de Berlin en Berlin, capitale de la RDA ou Berlin. L'usage officiel en RDA jusqu'aux années 1970 consiste à donner un nom distinct à la seule partie ouest de la ville (Berlin-Ouest), tandis que la partie orientale est brièvement appelée Berlin.
En vertu du droit international, le secteur soviétique de Berlin était un des quatre secteurs sous la souveraineté des quatre puissances : États-Unis, Union soviétique, Royaume-Uni et France ; dans la vision occidentale, la partie orientale de Berlin n'a jamais appartenu à la SBZ ou à la RDA.
La ville de Berlin fut également réunifiée et forme aujourd’hui un Land à part entière[1].
Démographie
En 1950, la RDA compte 18 388 000 habitants (Berlin-Est compris). La population a par la suite décru[2] :
Nombre d'habitants | Année |
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17 079 000 | 1961 |
16 740 000 | 1980 |
16 640 000 | 1985 |
16 028 000 | 1990 |
Cette baisse de la population peut s'expliquer par plusieurs facteurs :
- une partie de la population, attirée par le niveau de vie à l'Ouest, quittait le territoire. Il s'agissait majoritairement de personnes jeunes ainsi que de personnes ayant un niveau de formation universitaire, deux profils de citoyens qui représentaient l'avenir et la force du pays[réf. nécessaire].
- des Allemands originaires des anciens territoires de l'Est de l'Allemagne, expulsés, ne reçoivent pas d'indemnisations de la part de la RDA. Seule la RFA proposant des indemnisations (de)[3] ;
- la réduction du taux de natalité, notamment par l’introduction de la pilule contraceptive et à la suite de la légalisation de l’avortement. L’historien social et sociétal Hans-Ulrich Wehler voit le faible taux de natalité comme étant dû à la « réticence de beaucoup à élever des enfants dans cet État »[3] ;
- l’augmentation du taux de mortalité, provoqué notamment par un taux de suicide en RDA qui était le deuxième plus élevé d’Europe[3].
La baisse du nombre d'habitants est particulièrement importante jusqu'en 1961, année pendant laquelle le mur de Berlin a été érigé pour justement arrêter cet exode vers l'Ouest[4],
La baisse plus importante (que dans les 15 années précédentes) de la population entre 1985 et 1990 s'explique d'une part par le fait que les autorisations de sortie du territoire ont été plus facilement délivrées à partir du milieu des années 1980 et d'autre part par le fait que de nombreuses personnes ont profité, dès , de l'ouverture de la frontière austro-hongroise, sans oublier les « trains plombés », qui ont emmené en RFA les citoyens est-allemands qui avaient trouvé refuge dans les ambassades ouest-allemandes d'autres pays du bloc communiste[réf. nécessaire].
Langues
La zone où se trouvait la RDA appartient à la zone germanophone. Dans certains arrondissements des districts de Dresde et de Cottbus, les langues slaves occidentales haut sorabe et bas sorabe étaient officiellement reconnues en vertu du droits des minorités.
La ligne de Benrath divise le pays d'ouest en est au niveau des districts de Magdebourg, Potsdam et Francfort-sur-l'Oder ou sur une ligne située entre Nordhausen et Francfort. Au nord, on trouve les dialectes plattdeutsch du bas allemand oriental de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale et du Brandebourgeois (en). Les dialectes de Westphalie orientale et de Brunswick-Lüneburg tels que l'« Elbostfälisch » et le « Heideplatt » sont également représentés à la frontière avec l'état de Basse-Saxe. L'un des dialectes allemands du centre-est est parlé au sud de la ligne de Benrath, où vivaient environ 60 % de la population de la RDA. Ce groupe comprend le dialecte Südmark (en) et le groupe dialectal Thuringien-haut-saxon (de). La zone au sud du Rennsteig dans le district de Suhl appartient à la zone linguistique de la Franconie orientale. Dans le sud du Vogtland (districts d'Oelsnitz et de Kreis Klingenthal), on parle le dialecte haut-allemand du nord de la Bavière ainsi que les dialectes haut-allemands du Vogtland et, plus à l'est, le dialecte de l'Erzgebirge. Dans la région de Görlitz, qui appartenait à la province de Basse-Silésie jusqu'en 1945, le dialecte silésien reste employé.
Religions
Culte d'État
Dans les années 1950, le parti au pouvoir SED entame une guerre culturelle contre les Églises chrétiennes[5] afin de « former des personnalités socialistes » dans les générations à venir et de les éloigner des Églises, et introduit à partir de 1954 le « rituel d'initiation des jeunes socialistes ». À partir des années 1970, près de 99 % des jeunes de 14 ans participent à cette activité de substitution quasi religieuse, qui vient contrecarrer la confirmation et la communion, conjuguée au vœu de servir la RDA[6]. En outre, des cérémonies individuelles telles que la « consécration socialiste nominale » (en remplacement du baptême), les mariages et les enterrements socialistes apparaissent comme un substitut de la religion, similaires aux rites chrétiens correspondants[7]. En 1957, Ulbricht donne à l'initiation des jeunes un caractère étatique et, en employant divers moyens de pression, en fait un événement obligatoire de facto[8]. Alors que plusieurs tentatives d'introduire une consécration socialiste des travailleurs échouent, un « culte d'État » distinct se développe, avec des fêtes socialistes, des formes de culte de la personnalité et une ritualisation de l'armée. En 1958, la religion d'État socialiste créée par Walter Ulbricht comme substitut de l'éthique énonce les Dix commandements de la morale socialiste. En 1988, le SED fonde l'Association des libres penseurs, contrôlée par la Stasi, en remplacement de l'offre pastorale des églises[9].
Religions
Le projet de république démocratique allemande est développé dans un texte, le Friedensmanifest, publié en [10][source insuffisante].
Immédiat après-guerre (1945-1949)
Après la chute du IIIe Reich, le territoire allemand est administré par les quatre puissances alliées. Selon les termes de la conférence de Potsdam, l’occupation doit être temporaire, le rétablissement de la souveraineté de l’Allemagne devant se faire rapidement.
Rapidement cependant des tensions apparaissent entre les trois puissances occidentales (les États-Unis, le Royaume-Uni et la France) d'une part et l’URSS d'autre part.
Pour mettre en œuvre leur politique, les Soviétiques décidèrent de faire appel au Nationalkomitee Freies Deutschland (« Comité national pour une Allemagne libre » ou NKFD), une organisation de résistance anti-nazi fondée à Moscou en 1943 par les membres du comité central du Parti communiste d'Allemagne (KPD) exilés en URSS. Elle était dirigée par le poète Erich Weinert et entouré de membres influents du parti, tels que Wilhelm Pieck et Walter Ulbricht, qui seront par la suite dirigeants de la RDA.
En , la réforme agraire exproprie les grands propriétaires terriens. Des mesures d’épuration d'anciens nazis de la population sont mises en place[11]. En , les antennes locales du Parti communiste d'Allemagne (KPD) et le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) fusionnent pour donner le Parti socialiste unifié d'Allemagne (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands – SED).
La dégradation des relations entre les quatre puissances occupantes de l’Allemagne, qui occupent également chacune un des quatre secteurs de Berlin, ainsi que les divergences sur le statut à adopter pour Berlin-Ouest conduisent au blocus de Berlin entre et , matérialisé par la fermeture des voies d’accès terrestres à Berlin-Ouest à partir de l’Allemagne de l’Ouest à travers la zone soviétique.
Les Occidentaux mettent alors en place un pont aérien massif jusqu'à la levée du blocus en .
Fondation de la RDA et construction du socialisme (1949-1961)
La République fédérale d'Allemagne est fondée le dans la Trizone occidentale.
En réponse, les Soviétiques instituent la République démocratique allemande le dont le premier président est Wilhelm Pieck (1876–1960), le premier ministre-président Otto Grotewohl (1894–1964). Berlin-Est, le secteur soviétique de la ville, en devient la capitale.
Cependant, l’homme fort de la RDA est Walter Ulbricht (1893–1973), secrétaire général du comité central du SED.
Le contrôle du régime sur la population est exercé à partir de 1950 par la Stasi, qui surveille la vie des habitants (7 millions de personnes fichées) et élimine les contestataires repérés par son réseau d’informateurs et d’agents (175 000 à 194 000 collaborateurs non officiels)[12],[13].
Le secteur industriel, qui emploie 40 % de la population active en 1950, est soumis à la nouvelle politique de nationalisation qui aboutit à la formation d’« entreprises populaires » (« Volkseigener Betrieb » (VEB)) qui représenteront 75 % du secteur industriel. Le premier plan quinquennal (1951-55) présenté par l'État prévoit de hauts quotas de production pour l'industrie lourde et l'augmentation de la productivité du travail ; les pressions du plan renforcent l’exode de citoyens est-allemands.
Le , à la suite d’une augmentation de 10 % des quotas de production des travailleurs construisant le boulevard Staline[N 2], les émeutes de juin 1953 éclatent à Berlin-Est. Au cours de ces émeutes, 60 000 manifestants s'en prennent aux symboles du pouvoir[14]. L'agitation gagne le reste du pays dès le lendemain. Walter Ulbricht fait appel aux troupes soviétiques qui rétablissent l’ordre en provoquant la mort de 55 personnes et une vague d’arrestations et de condamnations à la prison de plus de 10 000 personnes[15]. Les désordres s’arrêtent à partir du 23 juin.
Les autorités décident alors de renforcer la répression : 1 500 condamnations seront prononcés et 600 000 membres du SED exclus[réf. nécessaire].
En 1955, le pacte de Varsovie est créé et la Nationale Volksarmee intègre ce dispositif militaire[réf. nécessaire].
La stabilisation (1961-1970)
Entre 1949 et 1961, la différence entre la situation économique, sociale et politique de la RDA et de la RFA se creuse. En effet, la RFA est alors en pleine expansion économique, ses salaires sont plus élevés[16],[17]. À la prospérité économique s'ajoute son respect des libertés individuelles.
Cela pousse plus de trois millions de personnes, en particulier les travailleurs qualifiés (fuite des cerveaux) à émigrer en Allemagne de l'Ouest.
La population était estimée en 1960 à 16 203 600 habitants en RDA, pour 53 372 600 pour la RFA. Cet exode fera dire à Willy Brandt, alors maire de Berlin-ouest, qu'en fuyant, les Allemands de l’Est « votaient avec leurs pieds »[18]. L'ambassadeur d'URSS en RDA Mikhail Pervukhin (en) affirma lui-même que les Soviétiques étaient conscients que l’existence d’une frontière ouverte entre les mondes socialiste et capitaliste amènerait la population à comparer le niveau de vie dans les deux parties de la ville, et que cette comparaison « ne tournait pas à l’avantage du Berlin démocratique » (c'est-à-dire Berlin-Est)[19],[20]. Dans le jargon est-allemand, cette émigration était appelée Republikflucht.[réf. nécessaire] (ou « la fuite de la République »).
La pérennité de la RDA étant menacée (les personnes fuyant la RDA étant souvent des personnes qualifiées), Staline propose en 1952, dans une note, la réunification allemande et la neutralité du futur pays[21]. Cette démarche est refusée par les puissances du bloc de l’Ouest qui la juge peu sincère, estimant que c’est un moyen pour l’URSS de prendre à terme le contrôle du futur ensemble qui sera trop faible pour se défendre. Finalement, la fermeture des frontières (mise en place d’un « rideau de fer ») fut décidée et le mur de Berlin construit à partir du pour « protéger le socialisme[22] ».
La construction du mur de Berlin (ainsi que le renforcement des contrôles sur le rideau de fer dans sa section interallemande) commence dans la nuit du 12 au avec la pose de grillages et de barbelés autour de Berlin-Ouest, dispositif progressivement remplacé par un mur de briques, puis de béton[23]. L'objectif est d'empêcher l'émigration des citoyens est-allemands vers l'Ouest via le secteur occidental de la ville.
Les soldats est-allemands reçoivent l'ordre d'ouvrir le feu sur toute personne qui tenterait de franchir la frontière[24].
Paradoxalement, la fermeture de la frontière fait entrer la RDA dans une période de desserrement idéologique, correspondant à la fin de la période Khrouchtchev en URSS. Dans la première moitié des années 1960, les artistes est-allemands adoptent progressivement une liberté de ton, qui est finalement sanctionnée lors du XIe plénum du SED en 1966.[réf. nécessaire]
Au début des années 1960, le fonctionnement de l'agriculture est modifié avec la collectivisation des terres et du bétail[25].
La stabilité et la crise (1971-1980)
En 1971, Erich Honecker remplace Walter Ulbricht, d'une part sous pression de l'URSS, de l'autre en raison des mauvais résultats économiques : l’écart se creuse au profit de la RFA et une demande criante en biens de consommation et de logements se fait entendre à la base[26].
L'arrivée du nouveau président du Conseil d'État, considéré comme un modéré, marque une certaine ouverture sur le plan culturel (tolérance vestimentaire et vis-à-vis du rock, fin du brouillage des télévisions ouest-allemandes) et un nouvel essor économique. Les performances économiques font que Honecker qualifia en 1971 la RDA de « socialisme réellement existant » (« real existierender Sozialismus ») — expression qui inspirera Léonid Brejnev pour le « socialisme développé » soviétique —, qui fut souvent interprétée comme une orthodoxie qui ne nécessite plus de réformes[27],[28]. Un programme de logements neufs est également lancé.[réf. nécessaire] Toutefois, cette période d'ouverture voit ses limites dans l'affaire Wolf Biermann en 1976[réf. nécessaire].
Le est signé à Berlin-Est le Traité fondamental (Grundlagenvertrag), qui régularise les relations entre les deux États allemands qui reconnaissent ainsi leur existence mutuelle. Cet accord est le résultat d'une initiative qui s'inscrit dans l'Ostpolitik du chancelier ouest-allemand Willy Brandt. Malgré ce rapprochement, la RDA restera allié de l'Union soviétique jusqu'au début des années 1980[réf. nécessaire]. Calquant sa politique extérieure sur celle du « grand frère » soviétique, le régime est-allemand apportera son soutien technique, logistique et financier aux divers mouvements, régimes, guérillas (Angola et Mozambique, par exemple[29]) et organisations « terroristes » (généralement d'obédience marxiste comme la Fraction armée rouge[30]) qui agissent alors à travers le monde (voir article sur la Stasi).
Le pays connaît de graves difficultés économiques, illustrées par la « crise du café » entre 1976 et 1978[réf. nécessaire]. La nouvelle politique économique mise en œuvre par l'équipe au pouvoir est réalisée au prix d’un endettement auprès des pays occidentaux, qui passe de deux milliards de Valuta marks (la monnaie de la RDA) en 1970, à 27,9 milliards en 1980, dette qui ne peut être résorbée car la RDA possède de moins en moins de biens à exporter vers les pays « capitalistes »[26].
La crise et la fin (1981-1990)
La situation économique continue de s'aggraver au point que l'existence même du bloc de l'Est est en péril à la fin des années 1980[réf. nécessaire].
À partir de 1985, Mikhaïl Gorbatchev met en place en URSS une politique de glasnost (transparence) et de perestroïka (reconstruction), destinée à résoudre les graves problèmes socio-économiques que connaît l'ensemble du bloc de l'Est[réf. nécessaire].
En raison de la crise politique et économique, l’émigration devient très importante en 1989 ; les émigrants passent à l'Ouest par l'intermédiaire de pays « frères » moins regardant en matière d'émigration, tels que la Tchécoslovaquie et surtout la Hongrie (à la suite de l'ouverture de la frontière avec l'Autriche)[réf. nécessaire]. Les départs de l’élite intellectuelle de la RDA (scientifiques, techniciens, ingénieurs, médecins, cadres, ouvriers spécialisés, etc.) renforcent la crise, ce qui accroît le mécontentement populaire[réf. nécessaire].
Mikhaïl Gorbatchev indique le 6 juillet que l'Union soviétique n'interviendra pas pour réprimer les mouvements qui agitent la RDA. Entre et ont lieu les « manifestations du lundi » (Montagsdemonstrationen), particulièrement à Leipzig, au cours desquelles les Allemands de l'Est réclament des réformes et notamment la liberté de circulation vers l'Ouest (cette liberté de circulation vers l'Ouest sera effective dès le , date de la « chute du mur »)[réf. nécessaire]. Ces manifestations gagnent progressivement en ampleur. Le conseil des ministres de la RDA démissionne le , suivi par le Politbüro le . Dans la soirée du , Günter Schabowski, membre du comité central du SED, annonce, lors d'une conférence de presse, la levée de toutes les restrictions de voyage et l'ouverture des frontières, provoquant un afflux de personnes aux postes de passage le long du mur de Berlin, puis l’ouverture du mur. Le 18 novembre, le cabinet Modrow est constitué.
Continuellement en crise économique, le pays est en proie à des tensions internes majeures qui culminent lors de la chute du mur de Berlin le . À partir de cette date — qui marque une véritable rupture —, le pays se démocratise et des élections libres tenues le 18 mars 1990 conduisent à ce que le Parti socialiste unifié d'Allemagne perde le contrôle majoritaire de la Chambre du peuple (le Parlement est-allemand)[réf. nécessaire]. Le 23 août, la nouvelle assemblée vote l’extension de la Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne aux territoires de la RDA à effet du , ce qui provoque la disparition de la République démocratique allemande à cette date[réf. nécessaire].
La réunification et ses conséquences
Plutôt que de faire voter une nouvelle Constitution, comme le prévoyait la Loi fondamentale de la RFA, le gouvernement choisit d'étendre la Loi fondamentale ouest-allemande à l'ex-RDA[31].
Des élections libres qui se tiennent le , consacrent la victoire de la coalition conservatrice (cabinet de Maizière) de l'« Alliance pour l'Allemagne » (Allianz für Deutschland), menée par la CDU est-allemande, l'Union sociale allemande (DSU) et le Demokratischer Aufbruch (DA). La nouvelle Volkskammer élue opte pour une réunification rapide en utilisant l'article 23 de la loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne qui permettait une adhésion unilatérale d’un Land à la RFA. Pour cela, les cinq Länder supprimés en 1952 sont reconstitués. Les modalités de la réunification furent fixées par le traité d'unification (Einigungsvertrag) signé à Berlin le et ratifié le 20 septembre par la Chambre du peuple avec 299 voix contre 80. Lors de la réunification le à minuit, l’Allemagne réunifiée recouvre sa pleine souveraineté, en vertu du traité de Moscou. À cette date, les principales structures institutionnelles de la RDA cessent de fonctionner en tant que telles et sont soit dissoutes soit intégrées aux structures de la RFA.
Selon Le Monde diplomatique, pour certains observateurs et une partie des Est-allemands, il ne s'agit pas à proprement parler d'une réunification mais plutôt d'une « annexion ». Wolfgang Schäuble, ministre de l'Intérieur de la RFA chargé des négociations du traité d'unification, affirme devant les membres de la délégation est-allemande : « Il s'agit d'une entrée de la RDA dans la République fédérale, et pas du contraire. (…) Ce qui se déroule ici n'est pas l'unification de deux États égaux[31]. »[32]
La Treuhand, organisme chargé de la privatisation du « patrimoine du peuple » (nom donné aux entreprises publiques en RDA), se trouve à la tête de 8 000 combinats et sociétés et de leurs 32 000 établissements et d'un empire immobilier. En quelques années, quelque 13 000 entreprises sont vendues, pour la très grande majorité à des investisseurs et entreprises ouest-allemandes. En , la production industrielle chute de 43,7 % par rapport à l'année précédente, de 51,9 % en aout et de près de 70 % à la fin de l'année. Le nombre officiel de chômeurs grimpe d’à peine 7 500 en janvier 1990 à 1,4 million en , et plus du double en comptant les travailleurs au chômage technique, en reconversion ou en préretraite. Dans les cinq ans qui suivent la chute du mur de Berlin, le chômage aurait touché 80 % des actifs[31].
Les femmes ont été confrontées à des difficultés supplémentaires. « Pour augmenter leurs chances de retrouver un travail, elles furent nombreuses à se faire stériliser. Alors que le centre hospitalier de Magdebourg avait pratiqué 8 stérilisations en 1989, celles-ci passèrent à 1 200 en 1991 », relèvent les sociologues Fritz Vilmar et Gislaine Guittard[33].
De 1989 à 1992, le nombre de salariés de la recherche, de l'enseignement supérieur, y compris industriel, chute de plus de 140 000 à moins de 38 000. Nombre de centres de recherches et d'académies des sciences sont fermés. Quelque 72 % des scientifiques de l'ex-RDA sont démis de leurs fonctions en trois ans. Le personnel résiduel fut soumis à des tests évaluant ses convictions politiques. Cette élimination de la plupart des scientifiques se trouve justifiée par des impératifs idéologiques : « Il faut éradiquer l'idéologie marxiste en procédant à des changements de structures et de personnels ». indique un document de l'Académie des sciences en [33].
La nostalgie éprouvée par une partie des Allemands de l'Est pour leur ancien État est appelée l’« Ostalgie » (mot-valise constitué de Ost (Est) et de Nostalgie). L’ex-Allemagne de l’Est connaît après la réunification un chômage important (19,4 % en Saxe, par exemple). De nombreux logements sont vétustes (comme les grandes barres d'immeubles) et un exode des populations vers les Länder de l'Ouest a lieu (la population est tombée à 13,8 millions d'habitants en 2002). Bien qu'il existe un rattrapage des conditions économiques, sociales et culturelles entre les deux anciens États, celui-ci n’est pas encore achevé trente ans après[34].