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forme autocratique de gouvernement qui est exercée par une seule ou plusieurs personnes De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limitent[1] ; il faut préciser que même un régime autoritaire peut avoir des lois, des institutions, voire un parlement avec des députés élus, mais pas librement et ne représentant donc pas des contre-pouvoirs. Ce régime politique a fréquemment été violemment critiqué ; ainsi, Hannah Arendt affirme que les lois qu'il promulgue sont éthiquement illégitimes, et que les institutions y sont factices[2].
L'origine du terme remonte à la Rome antique, où la dictature était un état de la République romaine où un magistrat (le dictateur) se voyait confier de manière temporaire et légale les pleins pouvoirs en cas de troubles graves.
Les termes de « dictature » et de « dictateur » ont plusieurs acceptions. Elles varient selon les époques et les auteurs.
Le terme apparaît de manière obscure, pour la première fois chez Cicéron dans De Republica[d 1],[d 2],[d 3] puis dans Pour Milon[d 1], sous le terme latin de dictator, dérivé du verbe dictare[d 2], c'est-à-dire « dire en répétant souvent, ordonner, commander » avec le suffixe d’agent -tor[d 4], probablement pour désigner un magistrat par un mot au sens non-défini pour les formes spéciales de gouvernance de certaines villes du Latium[d 1], par exemple celles d'Alba, du Lanuvium[3], de Cora, de Tusculum, et de Nomentum[4], Tusculum[5],[6],[7]. À Rome, ce magistrat était appelé Magister populi[d 1].
Dans son sens d'origine, le terme désigne un magistrat[d 5] sous la République romaine, nommé par le Sénat[d 6],[d 7] et investi par les Consuls pour les remplacer[8] pour gouverner en cas de proclamation du Justitium[d 8], une situation de crise. Il était muni des pleins pouvoirs[d 7], l'Imperium qui regroupe tous les aspects de la vie publique excepté le pouvoir financier qui demeurait sous la coupe du Sénat[8], y compris dans le pomerium[b 1],[b 2], pendant un mandat, qui ne peut, à l'origine excéder six mois[d 7], mais évoluera sous les différents dirigeants.
Le terme désigne également un fonctionnaire après les réformes augustéennes dans les États latins tardifs[9].
Cette forme d'État est d'abord décrite, aussi bien chez les historiens antiques notamment chez Tite-Live[10] que chez les savants modernes comme une mesure exceptionnelle, une « magistrature républicaine extraordinaire »[10].
Dans la culture étrusque et latine, le terme ne désigne pas un statut péjoratif comme aujourd'hui[11], au contraire, il semble être valorisé par Tite-Live[10] et Cicéron[réf. souhaitée]. Il ne désigne pas, contrairement au statut de tyran, un jugement de valeur porté sur l'exercice du pouvoir mais désigne une institution[12]. Toutefois, la distinction entre tyrannie et dictature, et de ce fait tyran et dictateur, n'est pas toujours très nette, et ces questions sont ouvertes à controverses et débats chez les historiens[13]. Par exemple, l'historien Frédéric Hurlet tente notamment de qualifier le pouvoir exercé par Sylla dans son livre La dictature de Sylla : monarchie ou magistrature républicaine? Essai d'histoire constitutionnelle. Mais la question reste encore ouverte : en 2021, l'historien Alban Dignat emploie l'expression « dictature de caractère monarchique » dans la revue Hérodote[14].
Le mot dictateur désigne actuellement ce que l'on appelait plutôt tyran[15] dans l'Antiquité ou despote dans l'Ancien Régime. Cette acception qui s'est développée pendant la Révolution française[16] sert surtout pour la période contemporaine.
Dans le Dictionnaire encyclopédique Brockhaus et Efron, publié entre 1890 et 1907 à Saint-Pétersbourg sous l'Empire russe, une dictature est définie comme « un pouvoir totalement ou presque illimité, non fondé sur le droit existant »[c 1].
Dans la Gran Enciclopèdia Catalana, publiée à partir de 1968, un dictateur est défini comme « celui qui reçoit ou s'arroge le droit de concentrer en lui tous les pouvoirs »[c 2].
Autres définitions :
Selon Hannah Arendt la différence entre une dictature et un régime totalitaire ne se situe pas dans l'ampleur de l'arbitraire, de la répression et des crimes, mais dans le degré de contrôle du pouvoir sur la société : une dictature devient « totalitaire » quand et si elle investit la totalité des sphères sociales, s'immisçant jusqu'au cœur des sphères privée et intime (familles, mentalités, psyché individuelle)[17].
Selon Michel Hastings (CEPEN-IEP de Lille) en 2007, le sociologue Juan Linz a voulu casser l'idée d'opposition binaire démocratie/totalitarisme sous-jacente à la guerre froide, opposition « érigée en vérité scientifique et politique » dans les années 1960 et 1970, sans nuances[18]. Linz le fait en ouvrant une troisième voie pour mieux décrire des régimes qu'il qualifie de « régime autoritaire » ; ni tout à fait démocratiques, ni tout à fait totalitaires. Il propose de réserver l'usage du qualificatif autoritaire aux « gouvernements de crise intérimaires qui ne se sont pas institutionnalisés et qui introduisent une coupure provisoire avec les règles du régime précédent en matière d'accession au pouvoir et d'exercice de celui-ci ; et cela, quelle que soit la nature des contextes politiques — démocratique, traditionnelle ou autoritaire — dans lesquels ils constituent une parenthèse ». Une suspension temporaire des règles du régime antérieur serait, selon lui « le propre des gouvernements justifiant l'appellation de dictatures constitutionnelles »[réf. nécessaire][19].
La typologie des régimes politiques est une démarche méthodique des sciences politiques qui consiste à définir et classer l'ensemble des régimes politiques. Une des premières typologies des régimes est celle d'Aristote dans sa Politique[20], elle se divise en trois principaux groupes en fonction du nombre de gouvernants[21] et de la finalité de la constitution. Il décrit les formes politiques gouvernées par une seule personne (royauté, tyrannie), d'un petit nombre (aristocratie, oligarchie) et par plusieurs individus (gouvernement constitutionnel, démocratie)[21]. Aristote fait de la tyrannie une forme corrompue de gouvernement par un seul, la monarchie. Dans De l'esprit des lois, Montesquieu propose une typologie différente de celle d'Aristote[22], bien qu'elle reste une classification par le nombre de gouvernants, celle-ci est fondée sur la relation entre la société et le régime[23], lui-même caractérisé par la taille de son territoire ainsi que d'autres facteurs[n 1]. Cette typologie est divisée en trois formes de gouvernement : la république, la monarchie et, la pire forme de gouvernement[24], le despotisme.
En 2006, Brian Lai et Dan Slater proposent une nouvelle typologie des régimes autoritaires qui comprend quatre catégories : « machine » (parti oligarchique), « bossisme (en) » (autocratie avec partis), « homme fort » (autocratie particulière) et les juntes (oligarchie)[b 3]. Aucune catégorie ne comprend la dictature, bien que certaines aient des formes dictatoriales[b 3].
D'après Gustav Lidén, les typologies sur les dictatures ont augmenté ces dernières années et les récentes recherches révèlent que les « liens établis avec les dictatures sont vagues ou presque des alternatives arbitraires »[c 3]. Il rappelle que les dictatures sont en général classifiées à partir de caractéristiques telles que l'accès au pouvoir, la gouvernance par une seule personne, la forme militarisée du pouvoir et le fait qu'il y ait parti unique[b 4]. Il soutient l'idée que classifier une dictature seulement à partir de sa forme de gouvernance par un seul individu n'est pas pertinente car la royauté traditionnelle, elle aussi, est une forme de gouvernance par un seul individu[b 5] ; de fait, la classification sur ce seul critère « réflète les idées stéréotypées [que l'on se fait] d'un dictateur »[c 4].
Caractéristique | Geddes (1999) | Hadenius & Teorell (2007) | Wahman et al. (2013) | Kailitz (2013) | Cheibub et al. (2010) |
---|---|---|---|---|---|
Monarchie | Non | Oui | Oui | Oui | Oui |
Gouvernance d'un seul individu | Oui | Non | Non | Non | Non |
Militaire | Oui | Oui | Oui | Oui | Oui |
Parti unique | Oui | Non | Non | Non | Non |
Système électoral | Non | Oui | Oui | Oui | Non |
Absence de parti | Non | Oui | Oui | Non | Non |
Parti unique | Non | Oui | Oui | Non | Non |
Plusieurs partis limités | Non | Oui | Oui | Non | Non |
Parti unique autocratique | Non | Non | Non | Oui | Non |
Communisme | Non | Non | Non | Oui | Non |
Dictature civile (en) | Non | Oui | Oui | Non | Non |
Les dictatures militaires sont des régimes dans lesquels les officiers militaires détiennent le pouvoir, déterminent qui dirigera le pays et exercent une influence sur la politique[25],[26]. Elles sont plus courantes dans les pays en développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Elles sont souvent instables et chacune n'a une durée moyenne que de cinq ans, mais elles sont souvent suivies de nouveaux coups d’État militaires et dictatures militaires. Bien que courante au XXe siècle, l’importance des dictatures militaires a décliné dans les années 1970 et 1980[27].
Les dictatures militaires sont généralement formées par un coup d’État militaire au cours duquel des officiers supérieurs utilisent l’armée pour renverser le gouvernement. Dans les démocraties, la menace d'un coup d'État militaire est associée à la période qui suit immédiatement la création d'une démocratie mais qui précède des réformes militaires à grande échelle. Dans les oligarchies, la menace d'un coup d'État militaire vient de la force de l'armée mise en balance avec les concessions qui lui sont faites. Parmi les autres facteurs associés aux coups d’État militaires figurent l’étendue des ressources naturelles, le recours limité à l’armée au niveau international et le recours à l’armée comme force d’oppression au niveau national[28]. Les coups d’État militaires n’aboutissent pas nécessairement à des dictatures militaires, car le pouvoir peut alors être transmis à un individu ou l’armée peut permettre la tenue d’élections démocratiques.
Les dictatures militaires ont souvent des traits communs en raison du passé commun des dictateurs militaires. Ces dictateurs peuvent se considérer comme impartiaux dans leur surveillance d'un pays en raison de leur statut non partisan, et ils peuvent se considérer comme des « gardiens de l'État ». La prédominance de la force violente dans la formation militaire se manifeste par l’acceptation de la violence comme outil politique et par la capacité d’organiser la violence à grande échelle. Les dictateurs militaires peuvent également se montrer moins confiants ou moins diplomates et sous-estimer le recours au marchandage et au compromis en politique.
Les dictatures à parti unique sont des gouvernements dans lesquels un seul parti politique domine la politique. Les dictatures à parti unique sont des États à parti unique dans lesquels seul le parti au pouvoir est légalisé et tous les partis d'opposition sont interdits. Les dictatures à parti dominant ou les dictatures autoritaires électorales sont des dictatures à parti unique dans lesquelles les partis d'opposition sont théoriquement légaux mais ne peuvent pas influencer de manière significative le gouvernement[29]. Les dictatures à parti unique étaient plus courantes pendant la guerre froide, les dictatures à parti dominant étant devenues plus courantes après la chute de l'Union soviétique.
Les dictatures à parti unique sont plus stables que les autres formes de régime autoritaire, car elles sont moins sujettes à l’insurrection et connaissent une croissance économique plus élevée. Les partis au pouvoir permettent à une dictature d’influencer plus largement la population et de faciliter un accord politique entre les élites des partis. Entre 1950 et 2016, les dictatures à parti unique représentaient 57 % des régimes autoritaires dans le monde et les dictatures à parti unique ont continué à se développer plus rapidement que les autres formes de dictature dans la seconde moitié du XXe siècle. En raison de la structure de leur leadership, les dictatures à parti unique sont nettement moins susceptibles d'être confrontées à un conflit civil, à une insurrection ou au terrorisme que d'autres formes de dictature.
Une monarchie absolue est une monarchie dans laquelle le monarque règne sans limitations légales. Cela la distingue de la monarchie constitutionnelle et de la monarchie cérémonielle[30]. Dans une monarchie absolue, le pouvoir est limité à la famille royale et la légitimité est établie par des facteurs historiques. Les monarchies peuvent être dynastiques, dans lesquelles la famille royale sert d'institution dirigeante semblable à un parti politique dans un État à parti unique, ou elles peuvent être non dynastiques, dans lesquelles le monarque règne indépendamment de la famille royale en tant que dictateur personnaliste[31]. Les monarchies autorisent des règles de succession strictes qui produisent un transfert pacifique du pouvoir à la mort du monarque, mais cela peut également entraîner des conflits de succession si plusieurs membres de la famille royale revendiquent le droit de régner[32].
À l’ère moderne, les monarchies absolues sont plus courantes au Moyen-Orient[33].
Un triumvirat (latin : triumvirātus) ou une triarchie est une institution politique dirigée ou dominée par trois individus, appelés triumvirs (latin : triumviri). L'arrangement peut être formel ou informel. Bien que les trois dirigeants d’un triumvirat soient théoriquement égaux, la répartition réelle du pouvoir peut varier. Le terme peut également être utilisé pour décrire un État avec trois chefs militaires différents qui prétendent tous être le seul chef.
Certains triumvirats ont fonctionné dans une démocratie fragile, dans d'autres cas, il s'agissait de dictatures de trois personnes, notamment sous la Rome antique ou plus récemment dans l'Empire ottoman sous les Trois Pachas.
Il reste encore aujourd'hui des régimes autoritaires ou dictatoriaux, la plupart situés sur les continents africain et asiatique. En Europe ou entre l'Europe et l'Asie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie et la Russie sont considérées comme des dictatures, tandis que la Turquie est vue comme un régime hybride, où la démocratie se dégrade, à la limite un régime autoritaire.
Les dictatures sont fréquemment des régimes à parti unique, quelquefois fermés au reste du monde (Corée du Nord ou Birmanie avant 2011[34]). Mais la règle n'est pas absolue car l'histoire admet certaines dictatures pluralistes[C'est-à-dire ?] (exemple : la France de Vichy, le Maroc sous le règne d'Hassan II), auquel cas il est plus approprié d'employer l'expression "régime autoritaire" que celle de "dictature".
La montée en puissance des politiques anti-terroristes et de surveillance ou sécurité limitant les libertés civiles dans les démocraties occidentales a par ailleurs remis au goût du jour la théorie de la dictature constitutionnelle, pensée initialement par des juristes allemands sous la République de Weimar[35] et illustrée par exemple, en France, par les pouvoirs exceptionnels que tient le Président de la République de l'article 16 de la Constitution.
Démocraties pleines
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Démocraties imparfaites
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Régimes hybrides
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Régimes autoritaires
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Le groupe de presse britannique The Economist Group a créé l'indice de démocratie. Il a publié son premier rapport en 2006 et publie depuis une version annuelle. Celui-ci classe les pays en quatre catégories en fonction de leur régime politique : démocratie à part entière, démocratie imparfaite, régime hybride et régime autoritaire. Cette dernière catégorie ne regroupe pas stricto sensu les dictatures, mais les rapports annuels, à l'instar de celui de 2020, précisent[37] que « dans cette catégorie de nombreux pays sont incontestablement des dictatures »[c 5].
L'Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, fondé en 1997, publie son premier rapport en 2017 sur l'état des régimes politiques dans le monde, en créant les indices Global State of Democracy à partir d'indices, notamment de l' indice de démocratie : « Democracy Barometer, the World Governance Indicators, the Economist Intelligence Unit (EIU) Democracy Index, and the World Justice Project (WJP) Rule of Law Index »[38]. Elle héberge une carte de 1975 à 2021 qui catégorise les pays en fonction de ces indices[39].
L'indice Démocratie-Dictature (Democracy-Dictatorship Index, abrégé DD) est un indice binaire qui classe chaque pays en fonction de son régime politique en deux types : démocratie ou dictature et en trois sous-types chacun : civil, militaire et royal. La seule catégorie inexistante en pratique est la démocratie militaire. Si les monarchies occidentales notamment sont parfois des pays démocratiques parmi les mieux classés, ce qui décorrèle ou dément la confusion courante là où le rôle présidentiel est plus ou moins fort et démocratique entre les notions de république (notamment présidentielle ou semi-présidentielle) et de démocratie[40], le rôle du souverain y est symbolique et l'indice DD classe surtout les démocraties en parlementaire, présidentielle et semi-présidentielle, le Parlement jouant un rôle favorable à la démocratie dans des monarchies libérales. L'indice a initialement été proposé par Adam Przeworski et al. en 2010 et utilisé par Cheibub et al.