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lieu listé par l'UNESCO De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le patrimoine mondial ou patrimoine mondial de l'UNESCO est un ensemble de biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l'héritage commun de l'humanité. Ce patrimoine fait l'objet d'un traité international intitulé « Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel », adopté le lors de la XVIIe conférence générale de l’Unesco. Depuis 1978, le Comité du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) est chargé de tenir à jour la liste du patrimoine mondial, c'est lui qui décide de l'inscription ou non des sites proposés par les États partis.
L'objectif de la liste du patrimoine mondial est de cataloguer, nommer, et conserver (grâce au fonds du patrimoine mondial) des biens culturels, naturels ou « mixtes » d’importance pour l’héritage commun de l’humanité. En 2023, 1 157 biens sont inscrits au patrimoine mondial dont 900 biens culturels, 218 naturels et 39 mixtes. En comptant les sites répartis sur plusieurs pays, l'Italie est celui qui en possède le plus grand nombre (60), suivie par la Chine (59), l'Allemagne (54), et la France (53). Cordoue en Espagne est la ville qui compte le plus grand nombre de sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, avec quatre inscriptions[2]. Une grande diversité de « biens » sont inscrits, aussi bien des monuments religieux, des villes historiques préservées, des sites mégalithiques, des paysages culturels ou naturels, des lieux de mémoire ou des aires naturelles protégées. L'architecture monumentale européenne y prédomine, cependant.
Pour les États-partis, l'inscription de sites au patrimoine mondial est une fierté nationale et une reconnaissance internationale. De plus, les sites inscrits au patrimoine mondial font généralement l'objet d'une exploitation touristique mettant en avant cette reconnaissance. L'inscription peut également être une occasion pour obtenir une assistance internationale, notamment financière, pour la conservation de son patrimoine national.
L'UNESCO a inscrit des biens culturels, naturels et mixte sur cinq continents. La liste s’enrichit d'année en année.
En 2023, avant la 45e session du Comité du patrimoine mondial, 1 157 biens sont répertoriés, répartis en 167 États parties : 900 sont culturels, 218 naturels, et 39 mixtes (culturels et naturels)[3]. Ces biens sont aussi répertoriés suivant cinq régions[4] selon une définition propre à l'Unesco qui ne se fonde pas que sur des critères géographiques, mais cherche également une cohérence culturelle :
Une étude globale effectuée par l'ICOMOS entre 1987 et 1993, « révélait que l'Europe, les villes historiques et les monuments religieux, le christianisme, les époques historiques et l'architecture « élitiste » (par opposition à l'architecture vernaculaire) étaient surreprésentés sur la Liste du patrimoine mondial, alors que les cultures vivantes, et en particulier les « cultures traditionnelles », étaient sous représentées[5]. »
L'Afrique subsaharienne en particulier est sous-représentée dans la liste du patrimoine mondial. Les biens inscrits y sont plus souvent « en péril » notamment à cause du réchauffement climatique, du développement incontrôlé de l'urbanisation ou de l'agriculture, et des conflits armés[6]. Cette sous-représentation découle de l'importance prépondérante accordée au patrimoine architectural et historique, elle reflète également une moindre capacité des états africains à constituer des dossiers de candidatures, par rapport aux pays développés. Pour tenter de contrer ce déséquilibre, l'UNESCO a mis en place une stratégie globale en 1994 et célèbre tous les depuis 2016, une journée du patrimoine mondial africain.
Le déséquilibre de la liste du patrimoine mondial est également le miroir de l'organisation et de la répartition des 21 sièges au sein du comité du patrimoine mondial, en effet les membres viennent bien plus souvent des pays développés et en retour ils ont tendance à favoriser leur pays d'origine, dans un contexte de politisation croissante du patrimoine mondial et d'enjeux financiers liés au tourisme[7].
Le continent européen compte plus de biens inscrits que les autres, que ce soit en nombre de site par pays, par unité de surface (dans une grille virtuelle), ou par habitats. La prédominance de l'Europe est d'autant plus marquée si on considère uniquement les biens culturels.
Malgré la mise en place de la stratégie globale en 1994, la répartition des sites du patrimoine mondial n'a pas été rééquilibrée en faveurs des pays en voie de développement et on observe, en 2011, une nette corrélation entre produit national brut et nombre de biens inscrits[8].
Liste des quinze États parties à la Convention de 1972 possédant les plus grands nombres de sites en 2024[3]:
À l'opposé, en 2024, 28 États parties n'ont aucun site inscrit sur la liste du patrimoine mondial[3].
Dans l'antiquité, les anciens grecs, établissent une liste de Sept Merveilles du monde. La seule de ces merveilles encore debout est l'ensemble des pyramides de Gizeh.
Trois proposition de textes internationaux concernant la protection du patrimoine commun de l'humanité ont été rédigés entre 1968 et 1970, l'une émanant de l'UICN centrée sur le patrimoine naturel, mais comprenant quelque sites culturels, une de l'UNESCO, centrée sur les biens culturels, et à laquelle Michel Batisse, déjà instigateur du programme sur l'homme et la biosphère, a tenu à associer le patrimoine naturel et enfin une proposition de « Trust » émanant des États-Unis, pour lesquels l'association Nature-Culture allait de soit[11].
En juin 1972, à la suite de l'important travail mené par l'UNESCO, l'UICN et la FAO, les Nations unies réunies à Stockholm prennent une recommandation n°99 prévoyant l'adoption par la conférence générale de l'UNESCO du projet de convention pour « la protection du patrimoine mondial naturel et culturel ».
« Le patrimoine est l'héritage du passé dont nous profitons aujourd'hui et que nous transmettons aux générations à venir. Nos patrimoines culturel et naturel sont deux sources irremplaçables de vie et d'inspiration. »
— Extrait de la convention de 1972.
L'objectif principal de la liste du patrimoine mondial est de faire connaître et de protéger les sites que l’organisation considère comme exceptionnels. Pour ce faire, et dans un souci d’objectivité, ont été mis en place des critères, la rédaction de ceux-ci a évoluée au fil du temps. À l'origine, la sélection des sites s'est faite sur la base de six critères pour les biens culturels et quatre critères pour les biens naturels. En 2005, tous les critères ont été fondus en 10 critères uniques applicables à tous les sites[14]. En 2024, les critères sont rédigés de la façon suivante :
Les biens sont généralement inscrits sur la base de plusieurs critères. Les sites culturels sont largement plus nombreux que les sites naturels et mixtes.
Les critères de sélection à adopter avant l'inscription des premiers biens sur la liste du patrimoine mondial, ont été discutés. Les membres du groupe de travail se sont inspirés des exigences des États-Unis pour les sites historiques nationaux en adoptant le critère d'« intégrité ». Pour les biens culturels, le critère d'intégrité est remplacé par un test d'authenticité, sur une proposition de Raymond M. Lemaire pionnier de l'ICOMOS. Le terme « authenticité » était, en effet, déjà présent dans la charte de Venise. À partir de 2005, les biens culturels sont également soumis au critère d'intégrité, il faut cependant noter que l'ICOMOS n'a pas développé de guide pour l'application de ce critère pour les biens culturels, comme l'a fait l'UICN pour les biens naturels[16].
L'« autenticité » est définie, de façon approfondie, dans le Document de Nara sur l'authenticité, rédigé en 1994[17].
L'« intégrité » s'évalue grâce à trois paramètres : la complétude du bien candidat, son caractère intact et l'absence de menaces[18].
Dès les orientations de 1980, la convention exige des garanties, de la part des États partis, que les biens inscrits soient préservés, en effet le dossier devait donner des « détails concernant les mesures de protection d’ordre juridique et administratif prises ou envisagées en vue de la conservation du bien ». A partir de 2005, les orientations précisent que tous les biens doivent faire l'objet d'une protection (législative, juridique ou traditionnelle) et que les États partis doivent joindre les pièces nécessaires pour le démontrer dans les dossiers de candidature[19].
Depuis 2005, la convention exige l'existence d'un plan de gestion (ou d'un document similaire) des biens candidats à l'inscription au patrimoine mondial[19].
La conservation, la gestion et la transmission aux générations futures des biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial incombent en premier chef à l’État partie signataire de la convention, mais l’inscription sur la liste postule que ces biens appartiennent aussi à l’« Humanité » et sont ainsi placés sous une sorte de sauvegarde internationale. Il y a donc un système de coopération et d’assistance pour aider l’État partie, notamment d'un point de vue financier et matériel. La communauté n’entre pas directement dans la gestion des biens concernés, mais il y a un suivi qui est réalisé par des organismes internationaux indépendants de l’État partie (exemple : centre mondial de surveillance continue de la conservation de la nature). Cette protection est toute relative par rapport à la souveraineté de l’État partie sur son territoire.
Les États partis peuvent demander une assistance internationale à la convention du patrimoine mondial, pour une assistance d'urgence, une aide à la gestion/ conservation des biens ou pour une assistance préparatoire pour les sites des listes indicatives nationales[20].
Le processus d'inscription d'un site est une démarche longue, qui démarre avec la rédaction d'un dossier au niveau local, puis l'inscription sur la liste indicative nationale et enfin l'examen du dossier par l'UNESCO et ses experts avant l'inscription officielle sur la liste. L'ensemble de la démarche prend en moyenne huit ans et les critères d'admission se sont durcis avec le temps[21].
L'inscription sur la liste indicative nationale de l'État partie porteur de la candidature (en anglais : Tentative list) constitue le préalable incontournable à une demande de reconnaissance mondiale par le Comité du patrimoine mondial. Le Centre du patrimoine mondial, qui s'assure de l'éligibilité des candidatures, vérifie en effet que la proposition de bien a fait l'objet d'une première évaluation nationale qui a justifié son inscription sur la liste indicative de l'État partie concerné. Cette évaluation nationale consiste en l'analyse de la valeur universelle exceptionnelle potentielle du bien proposé, qui se fait à partir des critères définis par les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial[15], dans sa dernière version[d]. En France, cette analyse est réalisée par les services de l’État (ministère chargé de la culture et ministère chargé de l'écologie).
Chaque pays signataire de la Convention dresse donc une liste indicative nationale qui regroupe les sites pour lesquels l'État partie a l'intention de déposer un dossier de candidature à l'Unesco[22].
L'inscription d'un site sur la liste indicative se fait au moyen d'un formulaire spécifique appelé « format pour la soumission d'une liste indicative »[23].
La préparation du dossier de candidature est une opération complexe qui peut prendre plusieurs années. La présentation du dossier est encadrée par les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial[24]. Tout dossier doit comporter la justification de la valeur universelle exceptionnelle du bien proposé, sa description et la démonstration de son authenticité[25] et de son intégrité[26], un plan de gestion détaillé[27] ayant pour objectif de préserver sa valeur universelle exceptionnelle. Une cartographie très précise du bien et, le cas échéant, de sa zone tampon[28] doit être produite à l'appui du dossier de candidature.
La proposition d'inscription, qui doit être signée, est déposée par l’État partie au Centre du patrimoine mondial de l'Unesco qui a son siège à Paris. Le dossier doit être rédigé en français ou en anglais[29]. La candidature doit être déposée au plus tard au de l'année précédant la session du Comité du patrimoine mondial au cours de laquelle elle sera examinée. Il s'écoule en effet un délai de 18 mois entre le dépôt du dossier et la décision finale prise par le Comité.
En 1994, le Comité du patrimoine mondial lance la Stratégie globale pour une Liste du patrimoine mondial « équilibrée, représentative et crédible » pour assurer une représentation plus équilibrée à l'échelle mondiale. La procédure de candidature longue, coûteuse et complexe, favorise en effet les grands pays développés qui mobilisent leurs hauts fonctionnaires impliqués dans les ministères de référence, leurs chargés de mission des dossiers de candidature qui ont une bonne maîtrise des critères d'éligibilité, leurs experts du patrimoine, leurs diplomates et les soutiens institutionnels et associatifs à différentes échelles (État, collectivités locales)[30]. L'adoption de quotas (dépôt d'un dossier de candidature tous les deux ans pour chaque pays, limites sur les nominations annuelles) ne parvient cependant pas à combler le déséquilibre de la Liste relatif aux pays et catégories de biens sous-représentés, qui continue à s'accentuer entre 1994 et 2011[8].
Le dossier fait l'objet d'un premier examen formel par le Centre du patrimoine mondial qui s'assure de sa complétude et de sa conformité au format Unesco. Au 1er mars de l'année 1, le secrétaire général du Centre du patrimoine mondial informe l’État partie de cette complétude puis transmet le dossier aux organes consultatifs de la Convention : l'ICOMOS pour les biens culturels, l'UICN pour les biens naturels, ou les deux pour les biens mixtes. Pour le cas particulier des paysages culturels, l'ICOMOS consulte l'UICN[31]. Ces experts sont en effet chargés d'assurer l'évaluation scientifique et technique de la candidature et d'établir un rapport pour l'information du Comité du patrimoine mondial, assorti d'une proposition de décision. Ils disposent d'un an pour mener à bien cette évaluation et une mission d'expertise a en principe lieu sur site entre août et décembre de l'année 1.
Six semaines avant la session du Comité du patrimoine mondial, le rapport d'expertise est adressé à l’État partie. Cette disposition permet à l’État partie de retirer la candidature avant la session du Comité, si d’aventure les conclusions des experts étaient défavorables et lui ouvre ainsi la possibilité de présenter à nouveau un dossier réorienté qui sera reçu comme une proposition nouvelle[32].
Les avis des experts sont de moins en moins suivis par les membres du comité, ainsi un nombre croissant de sites sont inscrits malgré des avis défavorables de l'ICOMOS ou de l'UICN[7],[33].
« Le Comité du patrimoine mondial décide si un bien doit être inscrit ou non sur la Liste du patrimoine mondial, ou si son examen doit être différé, ou son dossier renvoyé »[34].
S'il décide l'inscription, le Comité adopte alors une déclaration de valeur universelle exceptionnelle du bien, qu'il peut assortir de recommandations. S'il rejette l'inscription, la décision est alors définitive et le bien ne peut être de nouveau présenté. S'il renvoie le dossier, il demande alors des informations complémentaires qui doivent lui être soumises avant le 1er février de l'année durant laquelle l’État partie souhaite que la candidature soit examinée. Le Comité peut enfin différer l'examen de la proposition pour faire procéder à une évaluation plus approfondie ou demander une révision substantielle du dossier à l’État partie[35].
Le Comité du patrimoine mondial étudie les rapports sur l’état de conservation des biens naturels et culturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril. Il établit, met à jour et diffuse, chaque fois que les circonstances l'exigent, sous le nom de « liste du patrimoine mondial en péril », une liste des biens figurant sur la liste du patrimoine mondial pour la sauvegarde desquels de grands travaux sont nécessaires et pour lesquels une assistance a été demandée aux termes de la convention. Cette liste contient une estimation du coût des opérations. Ne peuvent figurer sur cette liste que des biens du patrimoine culturel et naturel qui sont menacés de dangers graves et précis, tels que menace de disparition due à une dégradation accélérée, projets de grands travaux publics ou privés, rapide développement urbain et touristique, destruction due à des changements d'utilisation ou de propriété de la terre, altérations profondes dues à une cause inconnue, abandon pour des raisons quelconques, conflit armé venant ou menaçant d'éclater, calamités et cataclysmes, grands incendies, séismes, glissements de terrain, éruptions volcaniques, modification du niveau des eaux, inondations, raz-de-marée[36].
Quatre biens ont été retirés de la liste depuis sa création[37], le sanctuaire de l'oryx arabe, la vallée de l'Elbe à Dresde et le port marchand de Liverpool, ainsi qu'une partie de l'ancien site géorgien « cathédrale de Bagrati et monastère de Ghélati », le périmètre classé ne comprenant désormais plus que le monastère[38].
La procédure pour délister un bien n'est pas décrite dans la convention, elle peut résulter d'une demande l'État parti dans lequel est situé le bien, comme dans le cas du Sanctuaire de l'oryx arabe, ou se faire sans le consentement de celui-ci, comme dans le cas de la vallée de l'Elbe.
Selon un recensement mené par l'UNESCO et l'UICN, les sites du patrimoine mondial abritent plus de 25 % de la biodiversité mondiale, comprenant entre autres, plus de 75 000 espèces de plantes et plus de 20 000 espèces de vertébrés[39].
Les biens naturels du patrimoine mondial peuvent également être des sites Ramsar ou des réserves de biosphère.
En dehors de la convention du concernant le patrimoine mondial culturel et naturel, il existe d'autres conventions et programmes de l'Unesco liés au patrimoine[40].
Depuis 1992, le programme Mémoire du monde vise à sensibiliser la communauté internationale à la richesse du patrimoine documentaire, à la nécessité d’assurer sa conservation pour les générations futures et à le rendre accessible à un large public.
En 1997, le concept de patrimoine oral et immatériel de l'humanité a été défini. Une proclamation des chefs-d’œuvre culturels immatériels, dont la première a eu lieu en 2001, établit une liste qui vient compléter celle du patrimoine matériel mais dont la « Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » de 2003 et le « Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » sont différents de ceux du « patrimoine mondial »[41].
En 2001 a été adoptée la convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique pour lutter contre le pillage, la destruction et l'exploitation commerciale de ce patrimoine spécifique.
The World Heritage Volunteer (WHV), créé par l’Unesco, cherche à surmonter les frontières et les territoires pour rassembler de jeunes bénévoles du monde autour d'un projet de protection du patrimoine mondial. Le World Heritage Volunteer sensibilise les jeunes au patrimoine mondial via des projets de volontariat afin qu’ils soient en mesure d'en prendre soin et qu’ils puissent transmettre cet héritage. C’est pourquoi le Comité de Coordination du Service Volontaire International (CCSVI) et le Centre du patrimoine mondial ont lancé conjointement ce projet en 2008. En 2012, WHV propose des projets de volontariat dans plus de 25 pays sur tous les continents. Le projet comprend 33 associations de jeunesse et quelque 700 bénévoles venant de part et d’autre du globe afin de partager leur culture, préserver les sites naturels, restaurer les découvertes archéologiques et sensibiliser les communautés locales. Les partenaires agissent sur divers sites du patrimoine mondial : de l’antique Chan Chan zone archéologique au Pérou aux sites naturels tels que l’énorme chute Victoria en Zambie, les projets proposés sont aussi nombreux que diversifiés. Le WHV espère, de cette façon, favoriser la paix et les échanges entre les cultures et sensibiliser les jeunes sur l’importance de préserver le patrimoine mondial. Derrière ces projets, différentes associations, notamment Vive Mexico, Nataté volontariado internacional A.C.[42], SJ Vietnam[43] ou encore le Service Volontaire International[44] qui entretiennent les partenariats nécessaires en vue de permettre aux jeunes dans leurs pays de se préparer pour participer ensuite à ces multiples chantiers à l'étranger.
Il existe une littérature critique des politiques de l'UNESCO et du rôle des États dans les classements. L'inscription de sites du patrimoine mondial peut avoir des effets sur leurs communautés locales soumises aux processus de surfréquentation touristique qui provoquent des nuisances sociales (trafics, bruit, incivisme) et environnementales. Facteur de touristification ou pire de disneylandisation, la labellisation peut avoir aussi d'autres conséquences négatives en lien avec la surexploitation des richesses de ces sites : effets de banalisation liés à une « mise en marque » généralisée de ces territoires ou au contraire de folklorisation du patrimoine et des cultures locales présentées comme traditionnelles pour répondre aux besoins des touristes et de marchandisation (le journaliste Marco d'Eramo parle à ce sujet d'UNESCO-cide)[45] ; muséification ou transformation du site en « musée à ciel ouvert » alors que les populations locales ne désirent pas continuer à vivre dans des mondes révolus ; dépossession et gentrification commerciale et résidentielle des lieux visités, en rupture avec l'idéal de mixité sociale et culturelle que poursuit l'UNESCO ; tertiarisation des activités[e] au détriment de l'économie locale traditionnelle[46],[47].
L'augmentation des sites labellisés fait naître entre eux des rivalités d'ordre économique (financement de leur préservation et de leur mise en valeur) et géopolitique[48].
Les candidats à l'inscription au patrimoine mondial ont parfois pour objectif d'augmenter leur prestige pour attirer plus de touristes et augmenter leur revenus économiques, des considérations bien éloignés du but initial de la convention[21].
Le tourisme apporte de fait des dividendes nécessaires pour la préservation du patrimoine. Cependant, il pose également des problèmes pour la conservation ou pour l'environnement.
Selon Olivier Lazzarotti, professeur des universités à l'UFR d'histoire et de géographie de l'université d'Amiens, l’invention du « patrimoine culturel immatériel » en octobre 2003, montre que « le tourisme a une place essentielle dans le mouvement de patrimonialisation » et que loin de « détruire » la culture, le tourisme devient ainsi ce « qui la fait vivre, si ce n’est revivre »[49].
Contrairement à ce que pourrait laisser penser les statistiques avantageuses présentées par les lauréats ou les candidats à l'inscription sur la liste du patrimoine mondial, celle-ci n'est pas une condition suffisante pour garantir des retombées touristiques et financière. La labellisation n'est d'ailleurs pas nécessairement à l'origine de l'afflu touristique sur les sites, Venise, l'acropole d’Athènes ou Versailles étaient déjà très fréquentés, voir trop, avant le classement[50].
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