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Volontaires de la révolution belge de 1830

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Volontaires de la révolution belge de 1830
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Les volontaires de la révolution belge de 1830 désignent les personnes, citoyens ou combattants, ayant pris une part à la révolution belge qui débute lors des émeutes d’août 1830 à Bruxelles, et entraine l'insurrection de 1830 dans les Pays-Bas méridionaux puis l'indépendance de la Belgique du Royaume uni des Pays-Bas ainsi que la guerre belgo-néerlandaise.

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Le départ des volontaires liégeois pour Bruxelles, par Charles Soubre, toile de 1878.

Si la majorité est belge, des volontaires viennent également de l'étranger avec, parmi ceux-ci, une proportion considérable de Français ainsi que de combattants luxembourgeois, mais aussi des anglais, des prussiens et d'autres résidents étrangers en Belgique comme des portugais ou des italiens[1].

D'un point de vue des classes sociales, on distingue deux grandes tendances : d'une part la masse populaire, composée essentiellement d'ouvriers, de paysans, d'artisans, d'anciens militaires déserteurs ou vétérans, qui se réunissent notamment en corps francs et, d'autre part, les gardes bourgeoises qui, comme leur nom l'indiquent, sont essentiellement composées de bourgeois ayant pour but d'assister les autorités dans le maintien de l'ordre public et de défendre les intérêts des marchands, ainsi que de protéger leurs biens des émeutes et des pillages du peuple affamé et révolté. Certains combats opposent d'ailleurs le peuple aux bourgeois, comme c'est le cas avec la garde bourgeoise d'Anvers qui tire sur la foule et fait plusieurs morts le .

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Le prince Guillaume, l'un des deux fils du roi, pris à partie par la foule lors de son entrée dans Bruxelles, le .

Après la chute de Napoléon Bonaparte et du Premier Empire français, les puissances européennes victorieuses se réunissent lors du congrès de Vienne pour redessiner les frontières des états européens. Elles décident de créer de toutes pièces un état-tampon entre la France et la Prusse, souhaitant disposer d'un rempart contre les éventuelles nouvelles ambitions expansionnistes françaises[2]. C'est ainsi que, le , le royaume uni des Pays-Bas voit le jour avec, comme souverain, Guillaume Ier de la maison d'Orange-Nassau. Le nouveau royaume marie une nouvelle fois deux populations séparées depuis la fin du XVIe siècle, lorsque la république des Provinces-Unies (les futurs Pays-Bas, majoritairement protestants) s'émancipe de la monarchie des Habsbourg, alors que les Pays-Bas méridionaux (la future Belgique, peuplée essentiellement de catholiques) se divisent entre les Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège. Les « Belges » représentent alors la majeure partie de la population avec 3 921 082 habitants, contre 2 314 087 « hollandais » en 1829[3]. Ils sont cependant sous-représentés dans les fonctions principales, tant politiques que militaires, avec une écrasante majorité d'officiers néerlandais dans les forces armées du Royaume uni des Pays-Bas, tandis que la troupe est essentiellement composée de « locaux » engagés dans la population environnante. C'est ainsi que, lors de la révolution belge, de nombreuses garnisons du Sud se révoltent et prennent la cause de l'insurrection. Les désertions massives des soldats « belges » laissent les citadelles et leurs officiers à la merci des révolutionnaires, comme dans la majorité des places fortes de la barrière de Wellington. La prise de ces dernières tout au long de la révolte puis de la guerre belgo-néerlandaise, permet non seulement aux volontaires de se débarrasser de la présence militaire néerlandaise, mais aussi de s'armer en vue des combats.

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Une patrouille de volontaires belges dans les rues de Bruxelles en 1830.

L'insurrection belge débute à Bruxelles le soir du , un mois après la deuxième Révolution française. Elle se caractérise d'abord par les émeutes déclenchées à la suite de la représentation de la pièce de théâtre la Muette de Portici au théâtre de la Monnaie, mais fait rapidement tache d'huile dans la majorité des provinces méridionales puis dans le Grand-duché de Luxembourg, alors en union personnelle avec le Royaume uni des Pays-Bas. Des émeutes éclatent un peu partout et les villes constituent des gardes bourgeoises pour maintenir l'ordre public. C'est lorsque le roi Guillaume envoie ses fils, Guillaume et Frédéric d'Orange-Nassau, avec une armée de 6 000 hommes aux portes de Bruxelles dans le but de faire revenir l'ordre, que la révolte s'organise militairement[4]. Dès le la garnison néerlandaise est chassée de Louvain et, le même jour, le premier corps francs liégeois part vers la capitale, mené par Charles Rogier. Ce n'est véritablement que lors de la victoire surprise des Journées de Septembre contre l'armée néerlandaise que le conflit va se militariser et devenir la guerre belgo-néerlandaise.

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Les gardes bourgeoises et urbaines

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Chapeau d'un membre de la garde bourgeoise de Bruxelles pendant la révolution belge de 1830.

Dans le royaume uni des Pays-Bas, le maintien de l'ordre était assuré par la Schutterij dans les villes et par la Maréchaussée royale dans les campagnes. On peut comparer ces deux services à l’ancienne police communale ainsi qu'à l'ancienne gendarmerie belge. À la suite de l'insurrection, les premières gardes bourgeoises se constituent dans les principales villes de Belgique. Elles fusionnent ensuite pour devenir la garde civique qui perdure jusqu'un peu après la Première Guerre mondiale.

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Les corps francs

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Lors de l'insurrection de 1830 dans les Pays-Bas méridionaux, de nombreux volontaires des huit provinces du sud du Royaume uni des Pays-Bas ainsi que de France et du Grand-duché de Luxembourg s'organisent en corps francs (parfois appelées compagnies franches) afin de se joindre à la révolution belge contre Guillaume Ier. Les premières unités gagnent alors Bruxelles, accompagnées de volontaires isolés, répondant à l'appel des bruxellois et des autorités, comme la Réunion centrale, honorant par la même occasion la promesse faite par de nombreuses communes de venir au secours de la capitale brabançonne en cas d'attaque. Ceci se précise en effet depuis l'arrivée des troupes du prince Frédéric d'Orange-Nassau qui campent à Vilvorde, dès le . Trois longues semaines d'attente se dessinent alors, si bien que le , une proclamation invite les « étrangers à retourner chez eux où ils seront plus utiles »[5], ce qui entraine l'indignation des patriotes[6]. Le , le baron Philippe Fellner reçoit la tâche d'organiser les volontaires et les corps francs encore présent dans la capitale[7].

Si l'histoire retient souvent les corps francs venus « défendre Bruxelles » lors de l'épisode des Quatre Journées (et tout particulièrement la reprise par le mouvement wallon, sur fond de querelle linguistique, de la participation non-négligeable des volontaires « wallons » à la victoire du parc de Bruxelles le , date que la communauté française de Belgique retient pour en faire l'actuelle fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles), de nombreux autres corps francs se créent partout ailleurs en Belgique pour défendre ou prendre d'autres villes, comme Anvers, Liège, Louvain, Namur, ou encore Venloo, mais aussi pour participer aux différentes campagnes menées par les volontaires dans le but de chasser les « Hollandais » du territoire belge après avoir battu l'armée orangiste lors des Journées de Septembre. Le conflit se militarise en effet après cet évènement majeur et devient la guerre belgo-néerlandaise, marquée entre autres par l'indépendance de la Belgique dès le . Avec la création des forces armées belges dès la fin octobre 1830, les différents corps de volontaires y sont progressivement intégrés ou tout simplement dissous. Toutefois, de nouveaux corps viennent encore gonfler les rangs des « patriotes belges » lors des différents affrontements jusqu'à la fin de la guerre le par la signature de la convention de Zonhoven, tout particulièrement lors de la campagne des Dix-Jours, quand l'armée néerlandaise tente de reprendre le contrôle de la Belgique.

Liste

La liste suivante est présentée par ordre alphabétique des localités d'origine des différents corps-francs de volontaires ayant participé à l'insurrection de 1830 dans les Pays-Bas méridionaux, aux Journées de Septembre puis de la guerre belgo-néerlandaise. Elle recense uniquement les groupes formés en corps « officiels » et ne mentionne donc pas l'origine géographique des innombrables volontaires isolés, venus par leurs propres moyens, souvent à pied ou par la diligence tout au long de la révolution belge.

Davantage d’informations Commune d'origine, Province ou autre pays actuel ...

Emblèmes

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Drapeau du corps des volontaires montois de 1830.

Armement

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Le canon du Mont Sarah, représenté lors de la ducasse d'Ath.

L'armement des corps de volontaires était varié et provenait le plus souvent de mécènes ou de prises aux forces néerlandaises de la schutterij, de la maréchaussée royale et de l'armée du Royaume uni des Pays-Bas. Par exemple, le corps franc liégeois va chercher ses armes en pillant les magasins du fabricant d’armes Devillers dès le [177]. On pille également les dépôts de la garde communale, comme la caserne des Annonciades lors des émeutes d'août 1830 à Bruxelles. La maréchaussée royale (devenue la Gendarmerie), se joint également à la cause à certains endroits comme à Bastogne ou à Mons. Plusieurs canons sont d'anciennes pièces d'artillerie retrouvées sur les nombreux champs de batailles d'autrefois, comme les trois canons de Genappe, ramenés à l'hôtel de ville après la bataille de Waterloo du [178].

La désertion massive des soldats « belges » de l'armée et leur ralliement à la cause révolutionnaire permet de s'emparer de l'armement des différentes places fortes des provinces du sud, majoritairement celles de la barrière de Wellington. D'autres citadelles seront prises lors de la guerre belgo-néerlandaise et contribueront à l'armement de la nouvelle armée belge, comme par exemple après le Siège de Venlo (1830) (nl). Des convois militaires sont également interceptés et pillés, comme lors des combats de Sainte-Walburge lorsque la garde urbaine liégeoise arrête la colonne de renforts néerlandais se rendant vers la citadelle de Liège le [179].

A défaut d'armement valable, les citoyens ont parfois recours à des subterfuges, comme à Tirlemont le où les habitants rassemblent des pots à beurre sur les remparts de la ville car ils ressemblent à des canons et, ce faisant, effraient l'armée qui n'ose pas assiéger la ville.

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Origines

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Les « canons de Tirlemont » : les habitants rassemblent sur leurs remparts une grande quantité de pots à beurre, qui ressemblent à des canons et effraient les Hollandais qui n'osent pas assiéger la ville le 23 septembre.

Classe sociale

Les combattants volontaires de la révolution belge sont essentiellement issus de la classe populaire ouvrière réunis en corps francs. On y trouve aussi des bourgeois, réunis depuis le début du mouvement insurrectionnel en gardes bourgeoises, créées précisément dans le but de contrôler les masses populaires et de protéger les intérêts des classes plus élevées en empêchant les pillages et les incendies comme ceux qui s’étaient produit lors des émeutes d'août 1830 à Bruxelles, mais aussi à Bruges ou à Verviers. Des altercations ont dès lors lieu entre le peuple et les bourgeois, comme avec la garde bourgeoise d'Anvers ou la garde bourgeoise de Bruxelles. Lors des combats contre les « hollandais », ce sont essentiellement les masses populaires qui fournissent la troupe, bien que certains bourgeois se distinguent. On note par exemple les faits d'armes de la garde urbaine liégeoise dans la prise du fort de la Chartreuse le , puis celle de la citadelle de Liège le .

Belges

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Tract publié par le gouvernement provisoire de Belgique dès le début des Journées de Septembre.

Un grand nombre de volontaires sont des belges qui désertent de l'armée du Royaume uni des Pays-Bas au fur et à mesure de l'évolution de la révolte. Par exemple, en réponse aux émeutes d'août 1830 à Bruxelles le roi Guillaume signe l'arrêté royal n° 54 du , qui rappelle les miliciens primitivement exemptés. Toutefois, en date du , seulement 29 131 d'entre eux sont rentrés sur un total de 38 200[180]. Sur les 9 069 absents, 5 701 sont Belges, essentiellement originaires des provinces du Brabant-Méridional, de Liège et de Namur.

On trouve également bon nombre d'anciens soldats de la Grande Armée de Napoléon Bonaparte, comme le célèbre Jean-Joseph Charlier dit « Jambe de Bois ». De nombreux citoyens n'ayant pas d'expérience militaire se joignent aux combattants et l'on voit d’abord arriver certains volontaires « isolés » ou en petit groupes rejoignant de leur propre initiative les centres d’agitation, à pied, par la diligence ou la malle-poste[181]. C’est ainsi que lors des Quatre Jours de Bruxelles, on trouvera bon nombre de combattants flamands venus de villes n’ayant pas formé ni envoyé de corps francs, comme Alost, Anvers, Courtrai, Gand ou Ninove[182]. Certains corps francs seront toutefois organisés par des villes flamandes, tant pour défendre Bruxelles (avec la venue du célèbre corps des Volontaires de Louvain d'Adolphe Roussel, celui d'Aarschot ou celui de Roulers de Pierre Rodenbach) que pour défendre d'autres villes, comme ceux venus de Diest ou d’Heverlee pour défendre Louvain en septembre[183], mais aussi pour se soulever d'eux-mêmes comme à Tirlemont, Lierre, ou à Anvers lorsque les insurgés s'emparent de la ville fin octobre.

Du côté de la « Wallonie » (terme encore très vague à l’époque), les volontaires ralliant Bruxelles avant ou pendant les Journées de Septembre sont principalement venus grâce à l'aide de recruteurs. Les premiers seront Pierre Emmanuel Félix Chazal, Édouard Ducpétiaux et Charles Pletinckx qui arrivent à Liège dès le pour y demander le secours des Liégeois[184]. Ils trouvent échos chez Charles Rogier qui organise le départ du corps franc liégeois en trois vagues et arrive le dans la capitale. Quelques jours plus tard, les choses s'organisent avec la création la Réunion centrale : Henri Rosart et Joseph Nique arpentent l'est de la province de Hainaut[185], permettant de mettre sur pied de nombreux corps francs dans la région de Charleroi comme à Fleurus, Gilly, ou Gosselies. L'actuel brabant wallon, qui n'existe pas encore, est parcouru par Charles Plétinckx et Godefroid Nique où ils recrutent notamment dans la région de Nivelles. Philippe Lesbroussart et Isidore Plaisant se redent quant à eux dans le Borinage, d'où ils reviennent avec des troupes de Fayt-lez-Manage, La Hestre, Morlanwelz ou encore Seneffe. On note toutefois également d'importants détachements spontanés comme ceux venus de Tournai ou de Wavre ainsi que de nombreux plus modestes venant gonfler les rangs belges après la libération des villes sous garnison « hollandaise » comme Ath, Mons ou Philippeville. D'autres corps de volontaires viendront à la défense de villes de province comme les andennais, dinantais et les huttois qui rallient Liège et participent entre autres aux combats de Sainte-Walburge.

Controverse linguistique et régionaliste

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Affiche de 1912 de la ligue wallonne tentant de démontrer un déséquilibre entre le pourcentage de volontaires wallons et flamands en 1830 dans le cadre de la question communautaire en Belgique.

Un débat existe quant à l'origine des différents corps de volontaires ayant participé à la révolution belge de 1830. En effet, après la naissance de la question communautaire en Belgique, le mouvement wallon est accusé d'avoir repris à son compte une partie de l’insurrection en prétendant que les combattants de 1830 étaient essentiellement originaires de l'actuelle région wallonne et donc majoritairement francophones[186]. C'est ainsi que la fête de la Communauté française de Belgique se tient le , date de la fin de l'épisode des Quatre Jours de Bruxelles, lorsque l'armée néerlandaise est chassée de la capitale par les volontaires belges. Cette théorie est notamment étayée dans l’ouvrage L'Insurrection prolétarienne de 1830 en Belgique de Maurice Bologne, paru en 1929 qui fut longuement critiquée par ses pairs. Citons également l’œuvre d'Arnoldus Smits (nl) 1830, Scheuring in de Nederlanden, dont la première partie (Deel 1. Holland stoot Vlaanderen af) est parue en 1950 et dans laquelle il soutient que les Flamands sont restés relativement passifs lors de la révolution belge car ils n'avaient que peu de griefs envers les « Hollandais » dont ils se sentaient proches et que les combattants étaient majoritairement issus de Wallonie et des milieux francophones[187].

Ces ouvrages entraînent de vives controverses, notamment avec les professeurs Pieter Geyl et Carel Gerretson, qui conduisent à une véritable bagarre lors de la cérémonie de promotion de Smits. En 1951, la polémique fait à nouveau surface dans la revue De Vlaamse Gids où le professeur gantois Jan Dhondt contredit à nouveau la thèse d'Arnoldus Smits. Au début des années 1980, l’américain John W. Rooney s'intéresse au sujet et dessine un profil du combattant de 1830 qui mène à penser qu'il s’agirait avant tout d’une révolution d’ouvriers et de journaliers à majorité bruxelloise et dont les langues maternelles étaient leurs patois locaux, essentiellement assimilés au flamand, comme le brusseleir. En effet, si le français est bien choisi comme seule langue officielle de la Belgique après son indépendance du , ce dernier est essentiellement parlé par la bourgeoisie, qu'elle soit flamande ou wallonne, et que le peuple wallon ne parle généralement que les différentes langues vernaculaires de sa région, comme les patois wallons en eux-mêmes, mais aussi le picard, le gaumais, l'ardennais, le luxembourgeois, le limbourgeois ou encore le francique ripuaire. De nombreux journaux sont en effet édités en français, mais ceci est également le cas en Flandre, comme le Courrier des Pays-Bas ou encore l’hebdomadaire orangiste le Courrier de Gand, par exemple. On retrouve le même principe dans le Grand-duché de Luxembourg avec le Journal de la ville et du Grand-Duché de Luxembourg[188]. La législation sur l'usage des langues en Belgique évoluera par la suite avec l'apparition des tensions communautaires au fur et à mesure de l'histoire du pays.

La thèse d'une révolution faite ou fortement influencée par des francophones demeure dès lors particulièrement controversée[189]. Il est aussi important de souligner que, si les combattants venaient initialement plutôt du sud du pays, les combats de la guerre belgo-néerlandaise, se sont, eux, déroulés essentiellement dans le nord (à quelques exceptions près et hormis la prise des citadelles et des forts de la barrière Wellington). Au début de l'insurrection de 1830 dans les Pays-Bas méridionaux, outre les émeutes de Bruxelles, le sang belge coule par exemple, à Anvers et à Bruges dès le , et à Louvain le . Différentes personnalités « hollandaises » ou orangistes haut placées empêchent le développement de la révolution en Flandre, comme le gouverneur de la province de Flandre-Orientale, Hendrik Jacob van Doorn van Westcapelle (nl) qui règne sur celle-ci avec une main de fer. Il démet par exemple le bourgmestre de Termonde, François van den Broucke de Terbecq dès lors que celui-ci et le conseil de Régence de la ville se déclarent en faveur de la séparation de la Belgique et du Royaume uni des Pays-Bas[190]. Van Doorn fait également considérablement renforcer la garnison d'Alost dès le après que Liévin Van der Looy (nl)ait tenté de soulever la ville[11]. À Audenarde Camille de Smet (nl) essaye de faire arborer le drapeau belge début septembre, mais en est est empêché et poursuivi en justice. À Grammont, René Spitaels, meneur de l'opposition et officier de la garde bourgeoise, est arrêté et emprisonné. La bourgeoisie industrielle et commerçante flamande est également généralement frileuse, si pas hostile à la révolution en raison de la peur de l'instabilité qui pourrait en naitre mais aussi de la perte du marché néerlandais et de son empire colonial[182].

On note également qu'il y eut plus de « Flamands » tués lors des Journées de Septembre à Bruxelles que de « Wallons » : sur les 466 volontaires inhumés dans la crypte du monument aux martyrs de la révolution de 1830, on dénombre en effet[191] 183 Bruxellois, 132 Flamands, 123 Wallons et 28 étrangers. Bon nombre d'habitants flamands (francophones comme néerlandophones) des villes « libérées » lors de la campagne de Flandre et celle du Limbourg se joignent alors à la nouvelle armée belge ou aux corps de volontaires. De plus, si le terme de « Flandre » était déjà largement répandu et utilisé depuis des siècles, ce n'était pas le cas de la Wallonie qui demeurait un concept et un territoire assez flou au sortir des Temps modernes, particulièrement dans les différences entre la principauté de Liège et les autres anciens comtés et duchés. Toutefois, l'influence de la participation française à la révolution belge de 1830 demeure, quant à elle, notoire et non-négligeable.

Français

Parmi les étrangers, la participation française à la révolution belge de 1830 fournit un grand nombre de citoyens et combattants de la Monarchie de Juillet et plusieurs corps francs. Parmi les combattants français célèbres, on trouve Pierre Emmanuel Félix Chazal, Ernest Grégoire, Jenneval (compositeur des paroles de La Brabançonne), Anne François Mellinet, Charles Niellon ou encore Louis Adolphe Le Doulcet de Pontécoulant.

Luxembourgeois

Il en va de même lorsque le mouvement atteint le Grand-duché de Luxembourg dont la particpation massive entrainera son annexion à la Belgique dès le pour en former la neuvième province : la province de Luxembourg. Arrivés au compte-goutte, majoritairement après les Journées de Septembre, les Luxembourgeois se regroupent dans le corps franc luxembourgeois sous la houlette de Dominique Claisse et participent à la guerre belgo-néerlandaise, essentiellement lors de la campagne d’Anvers.

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Uniforme

L'armée belge n'existant pas encore, les volontaires de la révolution belge portaient le plus souvent un sarrau bleu[192]. Il s’agit d’une blouse de travail en lin, ornée de boutons en nacre et descendant jusqu’au genou. Il est porté depuis plusieurs années par la classe ouvrière et fut repris lors de la révolution par la grande majorité des combattants, montrant l'aspect populaire de celle-ci.

Hommages

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Dans la culture populaire

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Le cannonier, l'un des géants de l'entité d'Ath.

Monuments

De nombreux monuments aux morts des combattants de 1830 ont été érigés dans les communes belges, par exemple :

Crypte des Martyrs

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Fosse creusée juste après les Journées de Septembre sur la place des Martyrs de Bruxelles.

La crypte des Martyrs se situe au centre de la place des Martyrs et accueille les corps des 466 premiers Volontaires tués lors de l'épisode des Journées de Septembre. Les inhumations commencent le soir du , dernier jour des combats à Bruxelles, après une consécration donnée par les curés de la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles et de l'Église Notre-Dame du Finistère. Les corps furent déposés dans une fosse creusée par des ouvriers de la Ville dans la terrasse sud de la place.

La construction du monument débute en 1831, il est inauguré en 1838. Félix de Mérode, dont le frère Frédéric de Merode fut tué peu après la bataille de Berchem, fit don des premiers fonds nécessaires en faisant don des 16 000 florins néerlandais qu’il recut en remerciement à sa participation au Gouvernement provisoire de Belgique.

Récompenses

Plusieurs récompenses furent octroyées aux citoyens et militaires ayant participé à la révolution belge :

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Combattants célèbres

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« Les trois derniers combattants de 1830 » sur un tableau d'Emile Vermeersch exposé au Musée royal de l'Armée et d'Histoire militaire de Bruxelles. De gauche à droite : Philippe Demoulin (1809-1912), Antoine Lemoine (1807-1911) et Jean-Philippe Lavallé (1808-1913).

Voici une liste non-exhaustive de combattants volontaires notoires ayant pris part à la révolution belge de 1830 :

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Les femmes et la révolution belge

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Tableau d'Emile Vermeersch de 1926 intitulé Marie Abts confectionne le premier drapeau belge.

Si la majorité des combattants de la révolution belge sont des hommes, les femmes jouent également un rôle mais le plus souvent de deuxième plan, comme de concevoir des drapeaux ou des vêtements ou encore pour soigner les blessés[202]. Lors des Quatre Jours de Bruxelles, les bruxelloises s'attèlent aussi à confectionner des cartouches de munition avec la poudre trouvée en ville[203]. Certaines femmes de cette époque sont restées célèbres, parmi elles :

  • Marie Abts, qui confectionne le premier drapeau de la Belgique le à Bruxelles.
  • Adèle Kindt, peintre bruxelloise, célèbre pour son tableau Épisode des journées de septembre 1830.
  • Anne-Marie Leroy, une dentellière athoise de 53 ans qui aurait déclenché une émeute avec Catherine Seghin en haranguant la foule le , contribuant ainsi au renversement des dernières unités « hollandaises » d'Ath. Elle est, depuis, célébrée dans le cortège de la ducasse d'Ath[204]
  • Marie Lombars, cantinière à la 12e afdeeling des forces armées du royaume uni des Pays-Bas, elle se déguisa en homme pour combattre parmi les volontaires, notamment lors de la campagne d'Anvers. Elle s'illustra tout particulièrement lors de la bataille de Berchem pendant laquelle elle pénétra la première dans une maison de campagne vivement défendue par les soldats « hollandais »[205]. Cela lui valut d'être décorée de la Croix de Fer, elle est d'ailleurs la seule femme récipiendaire de cette récompense sur 1631 médailles octroyées.
  • Dieudonnée Morel, née à Namur le , participe aux combats de Namur avec son père et son frère[82]. Elle fut décorée de la croix commémorative des volontaires de 1830[206] où il est mentionné qu'« à l'âge de 15 ans, elle brisa des palissades sur le glacis de la citadelle de Namur, armée d'un fusil, puis pénétra dans le chemin ouvert »[207].

Un livre de Soraya Belghazi, intitulé Les femmes et la révolution belge de 1830 et paru en 2016[208], retrace l'histoire de la révolution belge au travers de récits épistolaires de quatre femmes contemporaines, à savoir Eulalie De Bois (jeune fille de Verviers ayant tenu une correspondance avec son fiancé engagé dans la révolution à Huy[209]), Justine Guillery (dont les célèbres Mémoires sont l'un des rares témoignages d'une femme dans la Révolution française, puis belge[210]), Cécile Quételet (l'épouse d'Adolphe Quetelet, ayant laissé plusieurs lettres parlant de la révolution de 1830[211]) et la comtesse Angélique de Rouillé de la région d'Ath, plutôt rangée du côté orangiste.

Une autre correspondance intéressante est celle entre Charles Antoine de Bieberstein Rogalla Zawadsky, capitaine « belge » du Garderegiment Grenadiers en Jagers (nl) resté fidèle aux Pays-Bas, avec sa femme, Henriette Bosch de Drakenstein, sa sœur Eléonore de Crooy et une amie de la famille Grégorine Chapuis (femme de Joseph de Kerckhove), publiée par Charles Terlinden en 1952[212].

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Souvenir

Diverses associations patriotiques et de souvenir rendent hommage aux volontaires de 1830. On trouve parmi elles :

  • Bruxelles :
    • L'asbl Pro Belgica[213]
    • L'asbl Volontaires de Bruxelles 1830 / Vrijwilligers van Brussel 1830[214].
    • La Société Royale des enfants et descendants des combattants de 1830, une asbl fondée en 1905, ayant obtenu son brevet « royal » le [215].
  • Thuin : la compagnie des Volontaires Belges de 1830[216]

Notes et références

Bibliographie

Voir aussi

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