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science de l'allocation des ressources De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'économie, ou science économique, provenant du grec ancien οἰκονομία / oikonomía, contraction de οἶκος / oikos (« maison ») et de νόμος / nomós (« loi »), ce qui signifie « administration d'un foyer », est une discipline des sciences sociales qui étudie l'économie en tant qu'activité humaine, qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services.
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Si dans l'Antiquité Xénophon et Aristote ont chacun écrit un traité sur l'économie, c'est à partir du XVIe siècle que se développe la pensée économique moderne, avec le mercantilisme, puis au XVIIIe siècle avec les physiocrates. L'économie politique débute à la fin du XVIIIe siècle avec Adam Smith, puis David Ricardo ou encore Jean-Baptiste Say (les classiques) au début XIXe siècle. C'est avec la révolution marginaliste à la fin du XIXe siècle que l'économie se constitue comme une discipline scientifique et s'institutionnalise.
Au sein de la discipline, on distingue deux grandes approches : la macroéconomie, qui étudie les grands agrégats économiques (épargne, investissement, consommation, croissance économique), et la microéconomie, qui étudie le comportement des agents économiques (individus, ménages, entreprises) et leurs interactions, notamment sur les marchés.
Comme dans d'autres disciplines, l'économie se décline selon un spectre depuis la théorie économique, qui vise à construire un corpus de résultats fondamentaux et abstraits sur le fonctionnement de l'économie, jusqu'à l'économie appliquée, qui utilise les outils de la théorie économique et des disciplines connexes pour étudier des domaines importants comme l'environnement, le travail, la santé, l'immobilier, l'organisation industrielle ou encore l'éducation.
L'économie en tant que discipline a reçu des définitions différentes au cours du temps[1]. En 1776, Adam Smith conçoit, dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, l'économie comme d'emblée politique, en ce qu'elle serait une branche de la science du législateur[2]. En 1815, Jean-Baptiste Say écrit que l'économie « nous enseigne comment les richesses sont produites, distribuées, consommées dans une société »[3],[4].
Certaines définitions de l'économie insistent sur la relation entre l'économie et la rareté, et fait de la discipline celle de l'étude de la gestion de la rareté. Lionel Robbins, dans son Essai sur la nature et la signification de la science économique (1932), écrit que « l'économie est la science qui étudie le comportement humain comme une relation entre des fins et des moyens rares à usages alternatifs »[5]. Raymond Barre, dans son Économie politique (1976), écrit que « l'économie politique est la science de l'administration des ressources rares dans une société humaine. Elle étudie les formes que prend le comportement humain dans l'aménagement onéreux du monde extérieur, en raison de la tension qui existe entre des désirs illimités et les moyens limités des agents économiques »[5].
Les origines de la pensée économique remontent aux civilisations mésopotamienne, grecque, indienne, chinoise, perse et arabe.
À partir de la fin du VIe millénaire av. J.-C. les cités-États de Sumer ont développé leurs commerces et leurs économies à partir des marchés de matières premières.
Les premiers codes de loi de Sumer pourraient être considérés comme les premiers écrits économiques, dont de nombreux attributs sont encore en usage dans la valorisation des prix d'aujourd'hui tels les montants codifiés d'échange d'argent lors des échanges commerciaux (taux d'intérêt), amendes, règles d'héritage, lois concernant la façon dont la propriété privée doit être imposée ou divisée, etc.[6].
Dans la Grèce antique, le terme économique apparaît comme le titre d'un traité de Xénophon (Économique) et d'un ensemble de traités attribués à Aristote (Économiques), dont l'objet est la connaissance et la formulation des lois (« nomos ») permettant d'optimiser l'utilisation des biens d'une maison (« oikos »), considérée comme unité collective de production d'une famille élargie ou d'un clan.
Chez Aristote, la richesse est considérée du point de vue de l'abondance des biens produits et de leur utilité, non de l'accumulation de monnaie par l'usure ou le négoce dont les procédés font l'objet d'une autre discipline qu'Aristote appelle chrématistique (de khréma (la richesse) et -atos (degré superlatif)) et qu'il considère comme des activités stériles, voire déshonorantes dans l'Éthique à Nicomaque).
L'Économique est explicitement distingué du terme Politique, laquelle fait l'objet d'un autre traité d'Aristote et vise à établir l'harmonie et la justice entre les différentes classes de personnes et de familles qui constituent la cité.
Le philosophe indien Vishnugupta Chânakya (340-293 av. J.-C.), conseiller auprès du trône de l'Empire maurya de l'ancienne Inde, développe de nombreux concepts économiques, notamment dans son œuvre principale Arthashastra (La Science des richesses et du bien-être)[7],[8],[9].
Au Moyen Âge les penseurs économiques sont avant tout des théologiens comme Thomas d'Aquin ou Ibn Khaldoun.
Dans sa Somme théologique, Thomas d'Aquin examine de nombreuses questions de nature économique, dont la justification de la propriété privée, du commerce et du profit.
Raisonnant dans le cadre du droit naturel, les penseurs scolastiques, ils préfigurent l'économie moderne dans le domaine de la politique monétaire, de l'intérêt, et la théorie de la valeur dans le cadre du droit naturel[12].
Leur apport majeur est la critique de l'usure, critique largement contestée par l'économie moderne, particulièrement par Eugen von Böhm-Bawerk[13].
À partir de la seconde moitié du XVe siècle et jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, la pensée économique se structure autour de la doctrine du mercantilisme[14]. Ce courant correspond à l'émergence de la notion d'État face au pouvoir papal et au système féodal[15]. Le rôle de l'économiste est alors de permettre l'enrichissement de son souverain.
Les penseurs mercantilistes prônent le développement économique par l'enrichissement des nations au moyen du commerce extérieur qui permet de dégager un excédent de la balance commerciale grâce à l'investissement dans des activités économiques à rendement croissant. Ils accordent un rôle primordial à l'État et prône des politiques protectionnistes établissant des barrières tarifaires et encourageant les exportations tout en visant à l'unification du marché national. Cette doctrine économique connaît son apogée du XVIe au XVIIIe siècle. Elle estime que la richesse d'une nation dépend de l'importance de sa population et de l'accumulation d'or et d'argent. Les nations qui n'ont pas accès aux mines peuvent obtenir l'or et l'argent en favorisant leur outil productif et en stimulant leurs exportations[16],[17].
C'est au XVIIe siècle qu'apparaît la notion d'économie politique avec la publication d'Antoine de Montchrestien Traité d'économie politique (1615).
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la doctrine mercantiliste est remise en cause par les physiocrates d'une part et par la naissance de l'économie classique avec Adam Smith d'autre part.
Inspirés en particulier par des ouvrages comme celui de Richard Cantillon[18], Essai sur la nature du commerce en général (1755) les physiocrates considèrent que la seule activité réellement productive est l'agriculture. La terre multiplie les biens : une graine semée produit plusieurs graines. Au bout du compte, la terre laisse un produit net ou surplus. L'industrie et le commerce sont considérés comme des activités stériles car elles se contentent de transformer les matières premières produites par l'agriculture[19].
Les physiocrates s'attachent à la recherche des lois naturelles qui régissent les activités des hommes[20]. Ils ont notamment schématisé l'économie comme un flux de revenus et de dépenses améliorant le modèle de Boisguilbert[21],[22].
En 1776, Adam Smith publie Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, considéré comme l'ouvrage fondateur de l'économie classique[23]. Cette publication propose une synthèse cohérente des connaissances économiques de cette époque. Si Adam Smith est aujourd’hui surtout connu en tant qu’économiste, il se considérait avant tout comme professeur de philosophie morale (qu’il avait enseignée à Glasgow). Ainsi, la Richesse des nations ne traite pas seulement d’économie (au sens moderne), mais aussi d’économie politique, de droit, de morale, de psychologie, de politique, d’histoire, ainsi que de l’interaction et de l’interdépendance entre toutes ces disciplines. L’ouvrage, centré sur la notion d'intérêt personnel, forme un ensemble avec la Théorie des sentiments moraux, où il avait exposé la sympathie inhérente à la nature humaine[notes 1].
Pour Adam Smith, l'augmentation de la population est synonyme d'augmentation de la richesse. Thomas Malthus, pasteur chargé de l'aide aux pauvres dans sa commune, est frappé par la misère engendrée par les mauvaises récoltes de 1794 à 1800. Il s'intéresse alors aux problématiques du progrès, de la croissance de la population et de la richesse. Son ouvrage principal, Essai sur le principe de population (1798), connait une grande popularité et conduit à un des premiers recensements de la Grande-Bretagne.
Avec la publication Des principes de l'économie politique et de l'impôt (1817), l'économiste et philosophe britannique David Ricardo développe et enrichit les thèses de la valeur, du libre-échange popularisées par Adam Smith.
Pour Daniel Villey, « les bases essentielles du système ricardien — la loi de la population, la loi des rendements décroissants, la théorie de la rente — viennent de Malthus »[24]. Pour Malthus[25], la population a tendance à augmenter géométriquement alors que la production de denrées alimentaires ne s'accroît que de manière arithmétique. Pour rétablir l'équilibre, la Nature dresse des obstacles efficaces (famines, épidémies, etc.) mais inhumains[26]. Pour Malthus, un pasteur, il conviendrait plutôt de limiter la reproduction par des moyens artificiels[26]. Il y a chez lui un certain pessimisme sur les capacités d'augmenter la production du fait de la loi des rendements décroissants, de la limitation des ressources naturelles et de la propension des humains à proliférer, qui devraient conduire à des famines. Les travaux de Malthus conduisent Thomas Carlyle à qualifier l'économie de « science lugubre »[27]. Malthus conteste également qu'une économie de marché conduise automatiquement au plein emploi comme le fera également Keynes plus tard.
Alors qu'Adam Smith s'intéressait à la production de revenus, David Ricardo[28] axe ses recherches sur la distribution des revenus entre les propriétaires fonciers qui perçoivent des rentes, les travailleurs qui reçoivent des salaires (qui sont liés au minimum nécessaire pour subsister et donc au prix du blé) et les capitalistes dont les revenus sont constitués par les profits[29]. Au centre de la problématique ricardienne se trouve le problème de la rente foncière (pour lui, la croissance de la population et des capitaux se heurte à une offre inchangée de terre qui pousse la rente foncière vers le haut et entraîne une baisse des salaires et des profits[30]. L'œuvre de Ricardo se situe dans le contexte de l'abolition des corn laws qui favorisent les propriétaires terriens et de la conversion de l'Angleterre au libre-échange dont Ricardo avec la loi des avantages comparatifs est l'un des grands théoriciens.
À la fin de la tradition classique, John Stuart Mill (1806-1873) se distingue des économistes antérieurs de cette école sur la question de la redistribution des revenus produits par le marché. Il attribue deux rôles au marché : une capacité à répartir des ressources et une capacité à répartir les revenus. Si le marché est efficace dans l'allocation des ressources, il l'est moins dans la distribution des revenus, ce qui oblige la société à intervenir[31].
La théorie de la valeur est un concept important dans la théorie classique. Adam Smith écrit que le prix réel de chaque chose est le labeur ou le travail et la peine de l'acquérir sous influence de sa rareté. Il soutient que, avec les rentes et les profits, les frais autres que les salaires entrent aussi dans le prix d'un produit[32]. David Ricardo a systématisé et simplifié cet aspect de la pensée smithienne en élaborant ce qui a été appelé la « théorie de la valeur travail » qui a été plus tard reprise par Karl Marx alors que les néo-classiques lui ont substitué la théorie de l'utilité marginale.
Harriet Martineau entame un projet de vulgarisation des concepts de la science économique naissante. À travers des anecdotes et des dialogues, elle fait découvrir à ses lecteurs les principes de l'économie de marché et la pensée d'Adam Smith, David Ricardo, Thomas Malthus et Jeremy Bentham. Elle publie d'abord Illustrations of Political Economy (1832-1834), puis Poor Laws and Paupers Illustrated (1833-1834) et Illustrations of Taxation (1834)[33].
La révolution marginaliste survient vers 1870-1871 quand Léon Walras, William Stanley Jevons et Carl Menger introduisent le concept d'utilité marginale centré sur la valeur pour le consommateur et récusent la valeur travail[34]. Toutefois, entre les trois fondateurs du marginalisme, il est possible de relever de fortes différences.
Léon Walras adopte une approche hypothético-déductive et propose un système d'équilibre général très abstrait.
Stanley Jevons, tout comme Léon Walras, veut également mathématiser l'économie mais il est plus inductif, il veut partir de l'étude des faits, des réalités, en raisonnant dans un cadre qui reste utilitariste (raisonnement sur le plan du plaisir et de la peine ou des avantages et inconvénients). Cette démarche aura une forte influence sur l'économie notamment aux débuts du vingtième siècle et marque toute l'économie appliquée actuelle.
Carl Menger rejette l’usage des mathématiques et considère l’utilisation d’équations simultanées « à la Walras » comme incapable de mettre en lumière les relations causales ainsi que de rendre compte de la fugacité des échanges. Il trouve qu'il y a quelque chose de collectiviste chez le fondateur de l'école de Lausanne[35] ; ce que cherche Menger, c’est une science capable de rendre compte du comportement des agents, de saisir l’essence des phénomènes économiques[35].
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les sciences économiques se structurent comme une discipline académique avec la création de départements d'économie dans les universités, de revues académiques spécialisées et d'associations professionnelles.
Par exemple aux États-Unis, le département d'économie de l'université Harvard est créé en 1897 et le département d'économie de l'université de Californie à Berkeley est créé en 1903[36],[37]. L'American Economic Association est créée en 1885, le Quarterly Journal of Economics en 1886, le Journal of Political Economy en 1892 et l'American Economic Review en 1911.
Au Royaume-Uni, la British Economic Association, ancêtre de la Royal Economic Society est fondée en 1890, la revue The Economic Journal en 1891 et la London School of Economics en 1895[notes 2].
Charlotte Perkins Gilman publie en 1898 le premier ouvrage théorique sur les femmes et l'économie intitulé Women and Economics[38].
Dans les années 1930, la science économique connaît deux grandes révolutions avec l'apparition de la macroéconomie et de l'économétrie.
Avec la publication de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936), John Maynard Keynes crée le champ de la macroéconomie.
Les années 1930 sont aussi marquées par le développement de l'économétrie. Ragnar Frisch crée la société d'économétrie en 1930 et la revue Econometrica en 1933. Le développement de l'économétrie conduit à un usage de plus en plus important des statistiques dans la science économique. Les modèles économétriques peuvent aussi bien être utilisés pour calibrer un modèle économique existant que pour tester sa validité empirique.
Dans les années 1940 et 1950, les sciences économiques sont marquées par le développement des théories de la croissance économique avec le modèle de Harrod-Domar et surtout le modèle de Solow (Solow 1956), le développement des fondements de la théorie des jeux avec l'ouvrage fondateur de John von Neumann et Oskar Morgenstern (von Neumann et Morgenstern 1944) et les travaux de John Nash, et l'accomplissement des recherches sur l'équilibre général en concurrence parfaite avec les travaux de Kenneth Arrow et Gérard Debreu qui montrent les conditions d'existence et d'unicité de l'équilibre général imaginé par Léon Walras.
Dans les années 1960, les sciences économiques explorent de nouveaux sujets comme l'éducation, la criminalité ou encore la famille. Les travaux de Gary Becker sont emblématiques de cette tendance à utiliser la théorie économique pour analyser des sujets hors du domaine traditionnel de l'économie. En macroéconomie, les années 1960 sont marquées par les débats sur l'arbitrage inflation-chômage mis en évidence par la courbe de Phillips (Phillips 1958). La remise en cause de cette courbe avec le phénomène de stagflation conduit à formuler différentes hypothèses sur les anticipations des agents (anticipations adaptatives puis anticipations rationnelles).
Dans les années 1970 se développent les modèles économiques en information imparfaite comme le modèle de George Akerlof sur les asymétries d'information dans un marché (Akerlof 1970).
En macroéconomie, la fin des années 1980 et le début des années 1990 est marqué par un renouvellement des travaux sur la croissance économique autour de la notion de croissance endogène.
Les années 1990 et 2000 sont caractérisées par une part de plus en plus importante de travaux empiriques dans la recherche en économie. Cette évolution est particulièrement vraie en économie du travail, en économie de l'éducation ou encore en économie du développement[39],[40]. Le développement de l'économétrie appliquée dans ces années là est notamment lié au développement d'un champ de recherche autour de l'inférence causale (voir notamment le modèle causal de Neymann-Rubin) et la diffusion de protocoles de recherche comme la méthode des variables instrumentales, la méthode des doubles différences ou encore la régression sur discontinuité. Les travaux de David Card sur l'effet de l'immigration sur le marché du travail (Card 1990) ou de David Card et Alan Krueger sur l'effet du salaire minimum sur l'emploi (Card et Krueger 1994) sont représentatifs de ce champ de recherche.
L'économie compte de nombreux courants et écoles de pensées. Certains courants comme l'économie scolastique, le mercantilisme, la physiocratie et l'école classique ont été importants dans l'histoire de la pensée économique mais ne sont plus vraiment représentés aujourd'hui.
Les quatre paradigmes en économie sont : le libéralisme, le marxisme, le keynésianisme et le schumpeterianisme.
Parmi les écoles de pensées, certaines se définissent comme hétérodoxes. Ce sont certains membres de institutionnalisme américain comme Hale Walton Hamilton qui ont été les premiers à revendiquer cette étiquette[notes 3].
Parmi les autres écoles hétérodoxes, les plus souvent citées sont l'école autrichienne, le marxisme, le post-keynésianisme, mais aussi l'économie féministe[41], l'économie évolutionniste, la théorie de la dépendance, l'économie structuraliste, la théorie des systèmes mondiaux[42], ou encore l'école de la régulation et l'économie des conventions.
Les courants ou écoles de pensée qui ne se revendiquent pas de l'hétérodoxie sont qualifiés d'orthodoxes. Parmi ces courants, on compte l'école classique, l'école néoclassique, le keynésianisme, l'école de la synthèse, le monétarisme, la nouvelle économie classique ou encore la nouvelle économie keynésienne.
La scolastique est historiquement le tout premier courant de pensée économique, dont les fondations datent d'Aristote. Ses membres les plus importants sont Aristote, Augustin d'Hippone, Gilles de Rome et Christine de Pizan.
L'école scolastique est un courant qui se fonde sur le respect de l'ordre social et de la hiérarchie, le rejet de l'usure et le devoir d'aider les démunis. Ce courant de pensée base particulièrement sa pensée sur la morale et sur les écrits aristotéliciens et bibliques[43].
L’école classique regroupe des économistes du XVIIIe siècle et du XIXe siècle. Ses membres les plus importants sont, en Grande-Bretagne, Adam Smith (1723-1790), David Ricardo (1772-1823), Thomas Malthus (1766-1834), John Stuart Mill (1806-1873), et en France, Étienne Bonnot de Condillac (1715-1780), Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781), Jean-Baptiste Say (1767-1832) et Frédéric Bastiat (1801-1850).
Le terme a été employé pour la première fois par Karl Marx dans Le Capital[44].
Les auteurs postérieurs ont donné des définitions différentes de l'école classique. Par exemple, Karl Marx définit l’école classique par l’adhésion au concept de la valeur travail, il nomme les économistes ne faisant pas partie de cette école des économistes "vulgaires".
Carl Menger caractérise lui aussi l’école classique par la notion de valeur travail.
John Maynard Keynes définit l’école classique par l’adhésion à la « loi des débouchés » ou loi de Say dans la version popularisée par James Mill.
L'école autrichienne d’économie est une école de pensée économique hétérodoxe qui prend comme point de départ l'individualisme méthodologique, rejette l’application à l’économie des méthodes employées par les sciences naturelles telles que sa mathématisation (voir l'économétrie), s’intéresse aux relations causales entre les événements, dont l’origine est l’action des individus et développe également une conception subjective de la valeur fondée sur la théorie de la valeur-utilité, et l'importance du marché comme révélateur des préférences individuelles et régulateur de la société.
On la fait généralement débuter en 1871 avec la publication par Carl Menger de ses Principes d'économie. Ses principaux représentants sont Carl Menger, Eugen von Böhm-Bawerk, Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, Murray Rothbard et Jesús Huerta de Soto. L'expression « école autrichienne » a été utilisée pour la première fois vers 1870 par les économistes allemands de l'école historique, comme expression de mépris envers les thèses de Carl Menger, opposées aux leurs.
Les partisans de l'école autrichienne défendent généralement des idées très libérales en matière économique et plus généralement d’organisation de la société. L'autrichianisme met en avant l'idée que les crises que subit le capitalisme sont exogènes : elles seraient le produit d'une intervention des pouvoirs publics, il faut donc que chaque domaine économique puisse être le plus possible régulé par le marché : cela peut s'agir de la finance sous tous ses aspects (pour Böhm-Bawerk), de l'émission de monnaie (pour Hayek), de la drogue (pour Rothbard), etc. Cependant, la majorité des autrichiens reconnait un rôle à jouer pour l’État, l'école autrichienne est loin d'être un courant l'anarcho-capitalisme, bien qu'il en soit l'inspiration majeure.
L'école néoclassique représente le « mainstream » c'est-à-dire le corpus enseigné dans les grandes universités américaines et d'autres comme la London School of Economics.
Si le premier à utiliser le mot néo-classique fut Thorstein Veblen en 1900 pour désigner l'économie marshallienne, son usage s'est imposé à travers la redécouverte de Walras par Hicks, un article de George Stigler de 1941 et surtout par l'emploi de ce terme par Samuelson dans son manuel d'économie qui était alors le plus répandu au monde[45].
L'économie néoclassique a recours de manière systématique au mécanisme d'offre et de demande pour déterminer les quantités et les prix à l'équilibre et pour étudier comment cela affecte la répartition de la production et la redistribution des revenus. Les marginalistes refusent la théorie de la valeur-travail héritée de l'économie classique et lui substituent l'utilité marginale[46](l'utilité de la dernière unité consommée).
Par la microéconomie, l'économie néoclassique présente les incitations et les coûts comme jouant un rôle omniprésent dans l'élaboration de la prise de décision. Par exemple, la théorie du consommateur et la demande individuelle isolent la façon dont les prix (les coûts) et le revenu touchent la quantité demandée. En macroéconomie, ceci se traduit par une rapide et durable synthèse néoclassique[47],[48].
Bien que la plupart des néoclassiques admettent l'existence de défaillances de marché, le rôle des pouvoirs publics doit toujours être secondaire à celui du Marché. Milton Friedman notamment affirme que les banques centrales peuvent être bénéfiques pour l'économie si et seulement si ces institutions laissent le Marché s'autoréguler.
L'économie vue par les marxistes résulte des travaux de Karl Marx (notamment des trois livres constituant Das Kapital, publiés en 1867, 1885 et 1894) et de Friedrich Engels. Sur un plan général, l'économie n'est pas dans cette optique une science complètement séparée de la sociologie, de l'histoire, ou de l'anthropologie[49]. Au contraire le matérialisme historique vise à unifier toutes les sciences sociales dans une science de la société[49]. Par ailleurs, trois points essentiels caractérisent ainsi l'économie du point de vue marxiste[50] : le travail salarié, l'exploitation du prolétariat et les crises liées à l'accumulation de capital.
Si Marx reprend la théorie de la valeur travail de Ricardo, il reproche à cet auteur de ne pas avoir analysé comment le système capitaliste avait émergé et comment cela avait donné aux capitalistes le pouvoir et la capacité d'exploiter les travailleurs qui n'ont que leur force de travail à vendre[50]. Les crises s'inscrivent dans le cadre des lois de l'évolution du mode de production capitaliste.
Au niveau global, selon l'approche marxiste de l'économie, il y aurait des lois de l'évolution du capitalisme[51] telles que : la propension des capitalistes à accumuler, la tendance à des révolutions technologiques constantes, la soif inextinguible des capitalistes pour la plus-value, la tendance à la concentration, la tendance du capital à devenir de plus en plus « organique » (c'est-à-dire à moins recourir au capital variable qu'est la force de travail), la tendance au déclin du taux de profit, la lutte des classes, la tendance à une polarisation sociale croissante, la tendance à ce que les salariés soient employés dans des entreprises de plus en plus grandes et soient de plus en plus exploités et enfin, l'inéluctabilité des crises dans le système capitaliste[52]. Les crises sont dans ce cadre toujours des crises de surproduction alors que les crises précapitalistes étaient des crises de sous-production (crises frumentaires). Les crises sont vues par les marxistes comme un moyen pour le capitalisme de se renouveler[53].
Cette économie part d'une analyse critique du système capitaliste. Selon elle, le capitalisme correspond à des rapports sociaux de domination du facteur travail par le facteur capital. Ses concepts sont : le mode de production – la théorie de la valeur (la valeur d'un bien et d'un service dépend de la quantité de travail socialement nécessaire pour la production de ce bien ou de ce service mais le salaire ne représente pas en réalité la valeur du bien ou du service puisqu'il y a vol par le capitaliste) – la superstructure (toutes les caractéristiques de la société capitaliste existent pour légitimer et défendre le mode de production capitaliste, que ce soit par l’État, par la religion, par l'armée, par la justice, par l'idéologie libérale...) – la formation de la plus-value puis du profit – la théorie de l'exploitation – la baisse tendancielle du taux de profit.
Les détenteurs de capitaux détiennent un pouvoir sur la production et donc sur les salariés. Ces économistes contestent la propriété privée lucrative des moyens de production et pensent que la maîtrise de la production devrait revenir directement aux salariés eux-mêmes ou en propriété d'état de manière transitoire selon les courants[54],[55].
Rosa Luxemburg se penche sur le problème de L'Accumulation du capital pour exposer une théorie de l'internationalisation sur la base du tome 2 du Capital de Marx : puisque les pays occidentaux ont des entreprises plus capitalistiques que ceux des pays de la périphérie, bien que les échanges se font à valeur monétaire égale, l'incorporation du travail dans la valeur de la marchandise du pays occidental sera moindre, les pays occidentaux exploitent les pays périphériques[56]. Pour Samir Amin, il est absolument nécessaire que les pays de la périphérie réalise une "déconnexion"[57].
Contrairement au marxisme orthodoxe, le courant marxien conteste l'inéluctabilité de l'effondrement du système capitaliste, dans cette école se trouvent notamment l'école de la régulation et Pierre Bourdieu. Les marxiens ne remettent cependant pas en question les autres caractéristiques de l'analyse marxiste.
Parmi les branches contemporaine marxistes on trouve en France les économistes de l'école de la régulation avec des chercheurs et théoriciens comme Michel Aglietta, Robert Boyer, et Gérard Destanne de Bernis.
Une autre approche néomarxiste centrée sur la notion de valeur travail dénommée critique de la valeur fait son apparition en Allemagne dans les années 1980 basée sur la critique de la fétichisation de la marchandise[58],[59].
Roswitha Scholz inspirée par la théorie sociale de Theodor W. Adorno en propose un développement en introduisant un théorème de la « valeur-dissociation », qui constitue une critique féministe du patriarcat capitaliste dans son article de 1992 intitulé « La valeur, c'est le mâle. Thèses sur la socialisation par la valeur et la relation entre les sexes ». ce nouveau courant prend le nom de critique de la valeur-dissociation (Wert-Abspaltungskritik)[60],[61].
Pour John Maynard Keynes (1883-1946), une économie de marché ne possède pas de mécanismes qui la conduisent de façon automatique vers le plein emploi de ses ressources, d'où la possibilité d'un chômage involontaire qui rend nécessaire une intervention extérieure au marché. Keynes raisonne d'emblée sous l'angle macroéconomique d'offre globale et de demande globale. Dans son cadre macroéconomique, la production, et donc l'emploi, dépend des dépenses. Si la demande n'est pas suffisante, les entreprises ne produiront pas assez et n'emploieront pas tous les salariés (demande effective) d'où la nécessité pour le gouvernement de conduire des politiques de soutien à la demande, c'est-à-dire de soutien à la consommation et/ou à l'investissement. Keynes insiste particulièrement sur l'investissement. En effet, ce dernier est la source du multiplicateur keynésien.
Au cœur de la révolution keynésienne se trouve la réfutation de la « loi dite des débouché » de Jean-Baptiste Say qui énonce que l'offre crée sa propre demande. Cette loi fonde ou plutôt exprime l'optimisme et aussi le naturalisme de l'économie classique qui veut qu'il ne puisse y avoir de crise de surproduction durable.
Le keynésianisme de Keynes a eu trois successeurs. Les post-keynésiens, souvent associés à l'université de Cambridge et à Joan Robinson, mettent l'accent sur les rigidités macroéconomiques et d'ajustement[62]. Les keynésiens de la synthèse néoclassique ont dominé la période des Trente Glorieuses et de nos jours la nouvelle économie keynésienne met davantage l'accent sur les comportements humains et les imperfections des marchés. Au niveau des théories de la croissance, ils utilisent des modèles de croissance endogènes.
Parmi les économistes keynésiens, il faut noter l'Américain Howard Bowen, qui a joué un rôle fondateur dans l'émergence de la notion de responsabilité sociétale des entreprises (corporate social responsibility en anglais), à travers son ouvrage Social Responsibilities of the Businessman (1953)[63],[64].
Thorstein Veblen publie en 1899 « Why is Economics not an Evolutionary Science? », le document fondateur de l'école institutionnaliste.
Il rejette de nombreux postulats de l'école néoclassique, comme l'hédonisme individuel justifiant la notion d'utilité marginale, ou l'existence d'un équilibre stable vers lequel l'économie converge naturellement.
L'École institutionnaliste comprend des héritages de l'école historique allemande. elle se développe principalement aux États-Unis, où ses représentants sont : John Roger Commons, Arthur R. Burns, Simon Kuznets, Robert Heilbroner, Gunnar Myrdal, John Kenneth Galbraith.
Né dans les années 1980, ce courant de pensée économique est une réponse à la nouvelle économie classique. Il cherche à fournir des fondements microéconomiques solides à la macroéconomie de la synthèse néoclassique.
L'un des fondateurs et des représentants les plus connus de ce courant est Joseph Stiglitz, qui acquiert sa notoriété à la suite de ses violentes critiques envers le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale, émises peu après son départ de la Banque mondiale en 2000, alors qu’il y est économiste en chef. En 2008, le président de la République française, Nicolas Sarkozy, lui confie une mission de réflexion (Commission Stiglitz) sur le changement des instruments de mesure de la croissance économique française[65].
Parmi les branches de l'économie, certaines, comme la microéconomie, la macroéconomie, l'économétrie ou l'économie de l'environnement (qui joue un rôle particulier dans une approche de développement durable), constituent des approches transverses de l'économie. D'autres branches de l'économie comme l'économie du travail, l'organisation industrielle, l'économie internationale ou l'économie de l'éducation, sont centrées sur une thématique ou un sujet particulier.
Pour Paul Krugman et Robin Wells, « l'un des thèmes majeurs de la microéconomie est la recherche de la validité de l'intuition d'Adam Smith, à savoir que des individus cherchant à satisfaire leurs intérêts propres contribuent souvent à promouvoir les intérêts de la société dans son ensemble[66]. » En effet, ce qui intéresse la microéconomie, c'est tout d'abord l'étude des choix des agents économiques, c’est-à-dire de la manière dont ils procèdent à des « arbitrages » entre différentes options possibles, en comparant leurs avantages et leurs inconvénients pour la poursuite de leurs objectifs ou la satisfaction de leurs intérêts, postulat utilitariste.
La microéconomie examine les interactions existant sur les marchés en fonction de la rareté de l'information et la réglementation gouvernementale. On distingue le marché d'un produit ou service, par exemple celui du maïs frais, des marchés des facteurs de production, capital et travail. La théorie compare les agrégats de la quantité globale demandée par les acheteurs et la quantité fournie par les vendeurs et détermine ainsi le prix. Elle bâtit des modèles pour décrire comment le marché peut atteindre l'équilibre en matière de prix et de quantité ou comment réagir aux changements du marché au fil du temps, c'est ce qu'on appelle le mécanisme de l'offre et de la demande. Les structures de marché, telles que la concurrence parfaite, le monopole ou l'oligopole, sont analysées en fonction des conséquences sur le plan du comportement et de l'efficacité économique. L'analyse d'un marché unique se fait à partir d'hypothèses simplificatrices : rationalité des agents, équilibre partiel (c'est-à-dire qu'on suppose les autres marchés ne sont pas affectés). Un raisonnement en équilibre général permet d'analyser les conséquences sur les autres marchés, et peut permettre de comprendre les interactions et les mécanismes qui peuvent ramener à l'équilibre[67].
La théorie microéconomique standard suppose que les agents économiques, ménages ou entreprises, sont « rationnels[68] » c’est-à-dire qu'ils sont censés disposer de capacités cognitives et d'informations suffisantes pour pouvoir, d'une part, construire des critères de choix entre différentes actions possibles et identifier les contraintes pesant sur ces choix, contraintes tant « internes » (leurs capacités technologiques s'il s'agit d'entreprises, par exemple), qu'« externes » (c’est-à-dire résultant de leur environnement économique), et, d'autre part, maximiser leur satisfaction sous contraintes. C'est le paradigme de l'Homo œconomicus[69] qui n'implique pas a priori que les critères de choix des individus soient purement égoïstes, ces derniers pouvant parfaitement être « rationnellement » altruistes.
Cette théorie doit son existence à la synthèse opérée par l'économie mathématique néoclassique des années 1940 et 1950 entre les apports du courant marginaliste du XIXe siècle et la théorie de l'équilibre général de Walras[70] et de Pareto[71]. John Hicks et Paul Samuelson sont considérés comme « les pères » de la microéconomie traditionnelle actuelle[72]. Celle-ci s'organise autour de quatre volets :
La théorie traditionnelle s'inscrit dans la perspective de l'équilibre général walrassien et a tendance « à assimiler le fonctionnement réel de la société à celui du modèle abstrait d'équilibre général »[73].
La poursuite de l'intérêt particulier conduit souvent à l'intérêt général mais pas toujours.
Dès le début du XXe siècle et les travaux de Arthur Cecil Pigou, le concept de défaillance du marché s’est imposé dans la théorie économique orthodoxe. C’est un cas dans lequel le marché échoue dans l'allocation optimale des ressources économiques et des biens et services[74]. Si la théorie économique décrivait déjà des situations de monopole (ou d'un cartel), ce concept décrit également d’autres situations, comme celle où coexistent chômage et pénurie de main d'œuvre (logements vides et personnes sans logements, etc.), ou encore la présence de pollution.
Une défaillance de marché, qui concerne l'allocation économique, est une notion différente de celle plus financière d'anomalie de marché, au sens de non efficience du marché. Cette dernière concerne plutôt une anomalie du rendement financier (et une anomalie de prix[notes 4], puisque le rendement a pour dénominateur le prix) due à des phénomènes comportementaux. Les deux phénomènes peuvent toutefois être les causes ou la conséquence l'un de l'autre, ou résulter de causes communes.
La notion de défaillance est éminemment politique et donc matière à controverse, dans la mesure où elle sert à justifier des interventions politiques visant à « corriger », voire à supprimer, le marché. Toutefois, la plupart des économistes l'utilisent, mais plutôt par rapport à des cas où le fonctionnement réel d'un marché donné s'éloigne significativement du marché idéal, sous l'effet de trois principales séries de causes :
À partir des années 1970, le paradigme dominant de la microéconomie connaît une forte inflexion[77] de façon à mieux intégrer toutes les défaillances et imperfections du marché. Pour Pierre Cahuc « la nouvelle microéconomie s'est constituée progressivement, à partir de critiques éparses, souvent initialement isolées, du modèle walrasien »[73]. Plus généralement, pour l'économiste Anne Perrot, l'édifice théorique de la microéconomie traditionnelle laissait « désarmé l'économiste à la recherche d'une représentation positive du fonctionnement du marché »[78].
Le cadre général de la nouvelle microéconomie est davantage réduit à l'analyse d'un seul marché et sa démarche scientifique est plus axée sur la recherche de constat jugé représentatif du fonctionnement de l'économie (constats appelés « faits stylisés »[78]). « Ces approches relèvent […] certains des défis que l'économie hétérodoxe, « institutionnaliste », a longtemps adressés à la théorie néoclassique »[78].
La nouvelle microéconomie met l'accent sur les problèmes d'incitations, d'information et sur la théorie des jeux. Par « incitation », on entend toute action d'un agent économique (qui peut être l'État) conduisant certains agents économiques à adopter tel ou tel type de comportement. Cette notion prend tout son sens si l'on considère que l'information disponible est inévitablement limitée pour un agent économique soucieux d'inciter d'autres agents à se comporter dans le sens de ses intérêts (lui donner les « bonnes » incitations de son point de vue).
La théorie des jeux, quant-à-elle, est une branche des mathématiques appliquées qui étudie les interactions stratégiques entre agents. Dans cette théorie les agents choisissent les stratégies qui maximiseront leurs bénéfices étant donné les stratégies que les autres agents choisiront. Elle fournit une modélisation formelle des situations dans lesquelles ceux qui prennent des décisions interagissent avec d'autres agents[79]. La théorie des jeux généralise l'approche maximisatrice développée d'abord pour l'analyse des marchés, elle a été développée à partir du livre de 1944 Theory of Games and Economic Behavior, de John von Neumann et Oskar Morgenstern.
L'extension de l'approche microéconomique a également conduit au développement de la « théorie des contrats ». Cette théorie conçoit les organisations, les institutions, les familles ou les entreprises, comme des ensembles de contrats (des « nœuds de contrats » dans le jargon économique)[80],[77]. Une entreprise est, par exemple, un nœud composé de contrats de travail, liant l'entreprise à ses salariés, de contrats la liant à ses clients et à ses fournisseurs, de contrats d'engagements bancaires et financiers, de contrats légaux la liant à son État ou ville de résidence en matières fiscale et règlementaire. Les marchés sont un autre cas particulier de tels nœuds de contrats, ici des contrats d'échange. Les États, au sens des organisations politiques gérant des espaces géographiques déterminés, sont un autre exemple de nœud contractuel, les Constitutions (ou les Chartes) se présentant comme des contrats généraux liant ces organisations aux peuples qu'ils gouvernent.
Un aspect important de ces contrats est d'être généralement « incomplets », c'est-à-dire incapables de spécifier entièrement les engagements des parties dans tous les cas possibles[81]. Le développement de cette théorie a naturellement entraîné un approfondissement des théori