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Maria Casarès

actrice et tragédienne française De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Maria Casarès
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Maria Casarès est une actrice espagnole, naturalisée française, née le à La Corogne (Galice, Espagne) et morte le à Alloue (Charente, France).

Faits en bref Naissance, Décès ...

Elle est une des grandes tragédiennes du théâtre français de 1942 à 1996, également actrice pour le cinéma et la télévision : elle est apparue dans de nombreux classiques du cinéma — dont Les Enfants du paradis et Les Dames du bois de Boulogne —, notamment dans les années 1940 et 1950.

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Biographie

Résumé
Contexte

Enfance et études

María Victoria Casares Pérez Lopéz (Maria Victoria en orthographe francisée) naît le à La Corogne à la pointe nord-ouest de l'Espagne. Son père est Santiago Casares Quiroga, né à La Coruña en 1884 et mort à Paris en 1950, avocat de profession mais littéraire dans l'âme, Président du Conseil de la Seconde République espagnole, contraint de démissionner le lorsque éclate l'insurrection militaire. Sa mère est Gloria Pérez Casarès, morte à Paris en 1946.

Casares n'est pas une enfant désirée et déclare bien plus tard avec humour : « Quand mes parents m'ont eue, ce fut par distraction ou par maladresse[2]. » Elle a une demi-sœur, Esther Casares, née d'une première union de son père. Elle étudie au collège de La Coruña.

En 1931, la famille s'installe à Madrid. Dans sa nouvelle école, l'Instituto-Escuela[3], connue pour être l'une des plus modernes d'Europe[4], elle commence à chanter dans le théâtre[5].

Au début de la guerre civile espagnole, la famille fuit l'Espagne pour Paris le , la veille de l'anniversaire de Maria. Le père de Maria est francophone. Ils vivent à l'hôtel Paris–New York (aujourd'hui disparu), rue de Vaugirard. María Casares étudie au lycée Victor-Duruy, où elle apprend le français. Elle rencontre l'acteur espagnol Pierre Alcover et son épouse Colonna Romano, membre de la Comédie-Française. Il aide la famille Casares et pousse Maria à faire du théâtre.

Casares échoue une première fois au concours d'entrée au Conservatoire national de musique et d'art dramatique en raison de son accent trop prononcé.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, son père part pour l'Angleterre ; Casares et sa mère se rendent dans les Landes avant de revenir à Paris dans un appartement au coin de l'impasse de l'Enfant-Jésus et de la rue de Vaugirard. À force de travail, elle se présente à nouveau au concours d'entrée au Conservatoire et intègre le prestigieux établissement en interprétant les rôles de Hermione et d'Eriphile, après avoir fréquenté le cours Simon, mais elle échoue aux épreuves du deuxième baccalauréat. Elle a pour professeur Béatrix Dussane et se lie avec Alice Sapritch. Elle sort de Conservatoire avec un premier accessit de tragédie et un second prix de comédie.

Casares est remarquée par Jean Marchat et Marcel Herrand, qui montent pour elle de 1942 à 1944 Deirdre des douleurs de John M. Synge, Le Voyage de Thésée de Georges Neveux, Solness le constructeur d'Henrik Ibsen et Le Malentendu d’Albert Camus.

Carrière théâtrale et cinématographique

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Maria Casarès en 1947 (studio Harcourt).

Maria Casarès obtient son premier rôle en 1942 et au cours des cinq décennies suivantes, jusqu'à l'année de sa mort, joue dans plus de 120 pièces, aussi bien des classiques que des œuvres contemporaines[6]. André Barsacq lui fait jouer Roméo et Jeannette de Jean Anouilh avec, pour la première fois, Jean Vilar au théâtre de l'Atelier en 1946. De 1952 à 1954, elle est engagée comme pensionnaire de la Comédie-Française, où elle joue notamment dans des mises en scène de Julien Bertheau, Jean Meyer (créations) ou encore Jacques Copeau (reprise). Elle intègre ensuite le TNP de Jean Vilar (1954-1959), et devient ainsi l'une des premières comédiennes à donner au Festival d'Avignon ses lettres de noblesse. Elle participe à certaines créations du théâtre contemporain comme Les Paravents de Jean Genet, en 1966, ou Quai Ouest, de Koltès, en 1986[7].

Elle reste très proche de l'Espagne républicaine, en compagnie de Juliette Gréco et d'Albert Camus; et demeure très active au sein du Casal de Catalunya de Paris[8].

La quasi-totalité de sa filmographie est constituée de films français. Certains vont jusqu'à la qualifier de « monstre sacré », expression habituellement réservée à des acteurs ayant une plus grande notoriété que la sienne. Plus objectivement, les cinéphiles s'accordent en général à retenir en priorité les quatre rôles marquants tenus dans les années 1940 : Les Enfants du paradis, Les Dames du bois de Boulogne, La Chartreuse de Parme et Orphée. Elle déclare pourtant préférer le théâtre au cinéma :

« Spectatrice pourtant passionnée et émerveillée devant les acteurs de cinéma qui ont su créer à travers leurs films des figures presque mythiques, peut-être parce que je porte en moi une autre forme de narcissisme, je n'ai jamais pu de l'autre côté de la caméra m'attacher à une telle quête[2]. »

Vie privée

Maria Casarès rencontre Albert Camus le chez Michel Leiris. Ils nouent une relation amoureuse pendant les répétitions du Malentendu, en 1944, où elle joue Martha. L'écrivain, qui met Maria au contact de la Résistance et des exilés espagnols, est pour la comédienne « père, frère, ami, amant, et fils parfois ». La fin de la guerre, le retour d'Algérie de Francine Faure, l'épouse de Camus depuis le , la naissance des jumeaux Catherine et Jean, les séparent : ils rompent. Elle entretient ensuite une relation avec l'acteur belge Jean Servais puis un certain Jean Bleynie, un homme issu d'une famille de viticulteurs bordelais[9]. Maria Casarès et Albert Camus se retrouvent par hasard en 1948 et entretiennent une liaison secrète passionnée qui ne prend fin qu'avec la mort accidentelle de l'écrivain, en 1960.

Pour Albert Camus, Maria Casarès sera « l’Unique » ; et il restera, par-delà la mort, le seul homme qu’elle ait véritablement aimé[10]. Elle fut peut-être le grand amour de sa vie[11],[12],[13],[14],[15].

Leur relation, marquée par l’éloignement et la clandestinité, donne lieu à une correspondance passionnée de plus de 800 lettres échangées entre 1944 et 1959. Ces lettres, conservées par Maria Casarès, ont été publiées en 2017 sous le titre Correspondance 1944-1959, et témoignent de la profondeur et de la constance de leur lien[16].

« Mon amour chéri, La maison est chaude et solitaire, tout le monde est à la plage, et je n'ai pas envie de travailler encore. A vrai dire, je n'ai pas d'autre pensée ni désir que toi, ton rire, ton beau visage de soleil, ton corps qui plie. Alors, je viens ici, près de toi, tromper un peu ma faim. »

 Albert Camus à Maria Casarès, Correspondances (1944-1959)

Après la mort d'Albert Camus, pour tenter de la détourner de son profond chagrin, les amis proches de Maria Casarès  parmi lesquels figure André Schlesser  l'incitent à s'acheter une maison (elle ne possédait rien en France).

Le , Maria Casarès et André Schlesser achètent  une partie chacun  le manoir, les dépendances et les terres de la Vergne, situés sur la commune d'Alloue en Charente[17].

Elle épouse le cet ami de longue date, André Schlesser, qui meurt à Saint-Paul-de-Vence en 1985.

Le couple a vécu au 6 de la rue Asseline, dans le 14e arrondissement de Paris.

Mort

Après la mort d'André Schlesser, ses enfants Anne et Gilles Schlesser lèguent à Maria Casarès la partie du domaine de La Vergne qu'elle ne possédait pas[18].

Elle succombe à un cancer le à Alloue en Charente. Elle repose à côté de son mari dans le cimetière de cette commune.

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Notoriété

Maria Casarès est considérée comme l'une des plus grandes tragédiennes françaises de la seconde moitié du XXe siècle. Ses prestations au Festival d'Avignon, pour le rôle de Lady Macbeth notamment, restent une référence. Galicienne de naissance et espagnole de nationalité, elle est une des comédiennes de théâtre les plus marquantes des années 1950 et 1960, passant du drame shakespearien à la primesauterie de Marivaux, et d'Albert Camus à Tchekhov.

Claude Jade raconte :

« En 1980, je jouais Junie dans Britannicus. Maria était Agrippine. Elle fut étonnante. D'un bout de la pièce à l'autre, elle était habitée, frémissante. Sa manière de dire les alexandrins tenait de l'incantation. Elle cassait les vers avec une violence contenue qui éclatait comme une coulée de lave brûlante. Elle était en larmes, les yeux étincelants, la bouche tremblante. Elle se donnait corps et âme. Quelle actrice unique[19] ! »

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Postérité

Don à la commune d'Alloue

Pour remercier la France d'avoir été une terre d'asile, Maria Casarès, sans descendance, fait don à la commune d'Alloue du domaine et du logis de La Vergne  qui, désormais, lui appartiennent donc en entier  situés sur la rive droite de la Charente, en amont du village.

En 1999, l'association La Maison du Comédien–Maria-Casarès est créée sous l'impulsion de Lucien Simonneau, alors maire de la commune d'Alloue, pour faire du domaine un centre culturel consacré au théâtre. Jusqu'en 2017, elle est présidée par le comédien François Marthouret. En 2017, l'association change de nom et devient La Maison Maria-Casarès aujourd'hui centre culturel de rencontre et Maison des Illustres[20].

Filmographie

Cinéma

Actrice

Narratrice

Télévision

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Théâtre

Radio

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Distinctions et hommages

Résumé
Contexte

Décorations

Récompenses

Dénomination de lieux

Plusieurs établissements portent son nom en France :

Elle a donné son nom à la division Europe de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides[26].

À Paris, sur le canal Saint-Martin, le pont Maria-Casarès porte son nom depuis 2022 (date anniversaire de sa naissance).

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Publications

  • Résidente privilégiée, Paris, Fayard, 1980 (ISBN 2-213-00779-9)
  • Albert Camus, Maria Casarès. Correspondance inédite (1944-1959) (préf. Catherine Camus), Paris, Gallimard, coll. « Blanche », , 1312 p. (ISBN 978-2-07-274616-1)

Notes et références

Voir aussi

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